Septembre noir (1970-1971)

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Septembre noir
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De la fumee s'elevant au-dessus d'Amman lors des affrontements entre militaires jordaniens et fedayins palestiniens, 1er octobre 1970.
Informations generales
Date 1970-1971
Lieu Jordanie
Issue Victoire militaire jordanienne, Accords du Caire , OLP repoussee au Liban
Belligerants
Drapeau de la Palestine Organisation de liberation de la Palestine
Drapeau de la Syrie Syrie
Soutenus par :
Organisation des guerillas des fedayin du peuple iranien
Organisation des moudjahiddines du peuple iranien
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Commandants
Drapeau de la Palestine Yasser Arafat
Drapeau de la Palestine Khalil al-Wazir
Drapeau de la Palestine Abu Ali Iyad   (en)
Drapeau de la Palestine Georges Habache
Drapeau de la Palestine Nayef Hawatmeh
Drapeau de la Syrie Salah Jadid
Drapeau de la Jordanie Hussein de Jordanie
Drapeau de la Jordanie Habes al-Majali
Drapeau de la Jordanie Zaid ibn Shaker
Drapeau du Pakistan Muhammad Zia-ul-Haq
Forces en presence
OLP : 30 000 a 40 000 fedayins [ 1 ]
Syrie : 10 000 soldats [ 2 ]
74 000 soldats
Pertes
Drapeau de la Palestine 3 400 a 10 000 tues [ 3 ]
Drapeau de la Syrie 600 tues ou blesses
537 tues

Guerre froide arabe

Septembre noir (en arabe  : ????? ?????? ) est un conflit qui debuta le , lorsque le royaume hachemite du roi Hussein de Jordanie declencha des operations militaires contre les fedayins de l' Organisation de liberation de la Palestine (OLP), dirigee par Yasser Arafat , pour restaurer l'autorite de la monarchie dans le pays a la suite de plusieurs tentatives palestiniennes de renverser Hussein, avec l'aide dans une certaine mesure de l'armee syrienne [precision necessaire] .

La violence des combats fit plusieurs milliers de morts de part et d'autre, en majorite des civils palestiniens.

Le conflit entre l'armee jordanienne et l'OLP s'envenime et se poursuit jusqu'en , date a laquelle Arafat et ses combattants sont expulses de Jordanie manu militari et trouvent refuge au Liban , sous la protection syrienne [ 4 ] . Le Premier ministre tunisien Bahi Ladgham est nomme mediateur et conciliateur entre les Jordaniens et les Palestiniens au cours de cette crise.

Contexte historique [ modifier | modifier le code ]

A la fin des annees 1960 , le Fatah , faction de l'OLP, installe en Jordanie un veritable ≪ Etat dans l'Etat ≫ : nombre sans cesse croissant de postes de controle tenus par les fedayins , des impots percus, le refus des Palestiniens de voyager avec des plaques jordaniennes sur leurs vehicules, etc. Les regions de Jordanie ou les Palestiniens rejettent en masse l'autorite du roi Hussein se multiplient. De ces zones palestiniennes, l'OLP effectue des raids et des attaques contre Israel .

C'est l'epoque ou Yasser Arafat appelle ouvertement au renversement de la monarchie hachemite en s’appuyant sur le fait que la majorite des habitants de la Jordanie sont Palestiniens . Le roi Hussein cherche desesperement un compromis avec l'OLP pour calmer le jeu. Allie des Etats-Unis et emargeant meme a la CIA , le roi entretient des canaux de communication avec les dirigeants israeliens, accentuant les tensions avec l'OLP [ 5 ] .

Absorbe par sa lutte de palais avec Arafat, le roi Hussein cherche egalement un compromis et la paix avec Israel. C'est le ≪  plan Rogers   (en)  ≫ qui prevoit la fin des operations militaires jordaniennes contre l'Etat hebreu, et la paix egalement entre l' Egypte et Israel. Le Fatah et le Front populaire de liberation de la Palestine (FPLP) de Georges Habache considerent ce plan comme une trahison de la cause palestinienne . Au debut de l'annee 1970, le roi Hussein decide de reduire l'influence d'Arafat et des fedayins en Jordanie. Les relations s'enveniment alors et les evenements s'accelerent.

Le congres de l’ Union generale des etudiants palestiniens (GUPS) accueille en des centaines de militants d’extreme gauche etrangers, dont certains sont juifs, entres parfois clandestinement en Jordanie. Pour certains observateurs, le pays se trouve dans une situation de ≪ double pouvoir ≫ conduisant a l'effacement progressif de la monarchie devant l'insurrection palestinienne [ 5 ] . Georges Habache declare : ≪ Tout ce que nous voulons, c'est combattre Israel et rien d'autre. Mais le regime jordanien considere que notre seule presence dans le pays represente pour lui un danger […] Pour nous, le roi Hussein est un dirigeant reactionnaire, chef d'un Etat reactionnaire et donc un obstacle. Et pour reussir notre revolution, nous devons supprimer cet obstacle. ≫

Chronologie des evenements [ modifier | modifier le code ]

Le , le roi Hussein echappe une nouvelle fois a un attentat palestinien [ 6 ] . Le 6 septembre , le FPLP detourne en meme temps quatre avions de ligne  : une tentative echoue (le detournement du vol d' El Al Amsterdam - New York par un groupe mene par Leila Khaled ), mais les trois autres avions se posent sur l'ancienne base aerienne Dawson a Zarka . Cette operation est connue sous le nom de detournements de Dawson's Field . Le , sur Dawson Field, ou sont retenus des otages juifs et israeliens, les pirates de l'air du FPLP font exploser les trois avions vides devant la presse internationale. Bien que ces detournements n'aient fait aucune victime et se soient conclus par la liberation des otages, ils procurent au roi Hussein le pretexte d'une offensive destinee a retablir l'ordre. Le , assure du soutien des Etats-Unis et d’Israel, il decrete la loi martiale et ordonne le debut de l'offensive [ 5 ] .

Le , l'armee jordanienne intervient massivement contre les fedayins , et l'artillerie commence a bombarder les camps de refugies et les batiments qui abritent les organisations palestiniennes. Au bout de dix jours de pilonnages, les camps sont rases et les organisations palestiniennes doivent trouver refuge au Liban et meme en Israel, certains des fedayins de Yasser Arafat preferant traverser la frontiere israelienne pour ne pas se faire massacrer par les soldats jordaniens.

La Syrie envoie alors des blindes a la frontiere afin de venir en aide aux Palestiniens, mais Hussein sollicite l'aide des Etats-Unis et de quiconque pret a empecher la Syrie d'intervenir. Le ministre de la Defense, Hafez el-Assad , alors en train de manœuvrer pour s'emparer du pouvoir du president syrien, Noureddine al-Atassi , interdit a l'aviation syrienne de decoller [ 4 ] . Israel repond a la demande d'aide des Jordaniens en envoyant des avions simuler des attaques contre les chars syriens. L'armee syrienne fait demi-tour, abandonnant les troupes d'Arafat a leur sort.

L'armee jordanienne, composee en partie de soldats palestiniens, ne connait que peu de defections, contrairement aux espoirs des fedayins . L'envoye special du Monde , le journaliste Eric Rouleau , raconte : ≪ Le roi avait confie la plupart des postes a des Transjordaniens de souche. Il avait organise une campagne d'information destinee a discrediter les commandos, accuses d’etre des athees, des ennemis de Dieu, des allies des Juifs d’extreme gauche. [..] De jeunes Israeliens, des Juifs europeens et americains n'avaient-ils pas participe au congres de l'Union des etudiants palestiniens ? ≫ [ 5 ]

Le , le president egyptien Nasser parvient a faire cesser les hostilites entre la Jordanie et l'OLP. Par la suite, le roi Hussein reprendra le ≪ nettoyage ≫ de la Jordanie durant l'ete 1971 [ 5 ] .

Bilan et consequences [ modifier | modifier le code ]

Le nombre de victimes palestiniennes de ce mois de ≪ Septembre noir ≫ n'est pas connu avec exactitude. Les estimations oscillent entre 3 500 (sources jordaniennes) et 10 000 morts et plus de 110 000 blesses (sources palestiniennes). Hamit Bozarslan indique : ≪ (...) la repression massive fait, selon les estimations basses, 3 500 morts, dont beaucoup de civils, et 10 000 blesses [ 7 ] . ≫

L'implantation en masse de combattants palestiniens au Liban, pays politiquement fragile, a ete l'un des facteurs declenchant de la guerre du Liban [ref. necessaire] .

L'organisation Septembre noir a assassine le Premier ministre jordanien Wasfi Tall en et effectue la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich en 1972 [ 8 ] .

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) Samuel M. Katz, Arab Armies of the Middle East Wars 2 . New York: Osprey Publishing, 1995. p. 10. ( ISBN   0-85045-800-5 ) .
  2. (en) Simon Dunstan, The Yom Kippur War 1973: Golan Heights Pt.1 Elsm Court, Chapel Way, Botley, Oxford OX2 9LP, United Kingdom: Osprey Publishing Ltd, 2003. p. 18 ( ISBN   1-84176-220-2 ) .
  3. (en) Joseph Andoni Massad, Colonial Effects: The Making of National Identity in Jordan . New York: Columbia University Press, 2001. p. 342. ( ISBN   0-231-12323-X ) .
  4. a et b Jean-Pierre Filiu, Generaux, gangsters et jihadistes. histoire de la contre-revolution arabe , La decouverte, , 311  p. ( ISBN   978-2-7071-9707-8 ) , p.  79
  5. a b c d et e ≪  Memoire d’un septembre noir  ≫, sur Le Monde diplomatique ,
  6. Lisa Romeo, ≪  Septembre noir  ≫, sur lesclesdumoyenorient.com , (consulte le )
  7. Hamit Bozarslan, Une histoire de la violence au Moyen-Orient : de la fin de l'empire ottoman a al-Qaida , Paris, la Decouverte, , 318  p. ( ISBN   978-2-7071-4958-9 ) , p 81
  8. ≪ Black September ≫, International Encyclopedia of the Social Sciences , 2008, Encyclopedia.com, 2 juin 2011, http://www.encyclopedia.com .