En
geometrie
, la
longueur
est la mesure d'une courbe dans un espace sur lequel est definie une notion de distance. La longueur est une mesure lineaire sur une seule dimension, par opposition a la
surface
qui est une mesure sur deux dimensions, et au
volume
dont la mesure porte sur trois dimensions. La longueur d'une courbe ne doit pas etre confondue avec la
distance
entre deux points, qui correspond au minimum des longueurs des chemins reliant ces points.
La
longueur
est une
grandeur physique
et une
dimension
de base. C'est aussi la dimension fondamentale unique du
systeme d'unites geometriques
, qui presente la singularite de ne pas utiliser d'autres dimensions.
Le symbole de la longueur est ≪
L
≫ (
lettre
≪ L ≫
majuscule
). Notons qu'a la difference, le symbole de la largeur est ≪
l
≫ (
lettre
≪ l ≫
minuscule
).
La mesure des longueurs remonte probablement aux premiers temps du
Neolithique
et de la
sedentarisation
associee : si une civilisation de
chasseurs-cueilleurs
peut se contenter d'estimer ses trajets en journee de marche (donc, par une unite de temps), la mesure de longueur devient necessaire des qu'il s'agit d'estimer geometriquement des droits sur des champs, ou de discuter le prix de vente d'une etoffe
[
1
]
.
Les premieres mesures de longueur dont on trouve des traces historiques sont liees a l'homme, ≪ mesure de toute chose ≫
[
2
]
: la
coudee
pour des mesures de longueur (notamment des etoffes), la
perche
de dix
pieds
pour les mesures d'
arpentage
, le millier de double pas (
mille romain
) pour les mesures de distance
[
1
]
. Ces unites de base varient evidemment d'une personne a l'autre, ou d'une population a l'autre, et etaient eminemment variables dans le temps et dans l'espace, quoique representant
en gros
les memes quantites : le double pas d'un individu etant a peu pres la valeur de sa taille, le mille romain de 1 479
m
suppose que le soldat romain mesure a peine 1,50
m
...
Par ailleurs, ces unites de base pouvaient admettre des multiples ou sous-multiples suivant des valeurs plus ou moins conventionnelles : un
pouce
est le douzieme d'un
pied
et est le quart d'un
palme
de main, etc.
La notion fondamentale est celle de distance entre deux points, qui peut etre mesuree directement par une
regle graduee
ou une
chaine d'arpenteur
. L'etape suivante dans l'abstraction consiste a estimer la longueur d'une ligne courbe, ce qui se fait en imposant a une corde flexible mais inextensible les tours et detours de cette courbe, puis en mesurant la longueur de cette corde une fois tendue en un segment droit : c'est ainsi que l'on mesure un tour de tete.
Pour l'arpenteur
geometre
, la longueur d'un chemin prend la forme d'une somme de longueurs elementaires, chaque troncon de chemin etant suffisamment peu courbe pour pouvoir etre assimile a un petit segment de droite. Si la courbure du chemin devient trop importante, il suffit de prendre des segments plus petits pour retrouver une approximation satisfaisante.
C'est cette pratique qui est a la base de la
rectification
des courbes theoriques (cercles, ellipses, etc.), visant non plus a mesurer mais cette fois a
calculer
la
longueur d'un arc
, d'une courbe dite en consequence
courbe rectifiable
, sous forme d'une limite de la somme d'une infinite de segments infiniment petits. Des l'epoque d'
Archimede
, les grecs savent calculer avec une bonne approximation le perimetre d'un cercle, par la methode des polygones inscrits ou exinscrits. Le developpement de la
geometrie analytique
a permis d'etendre cette approche a des courbes de plus en plus complexes.
En geometrie et physique classique, la notion de longueur est comprise comme quelque chose d'intrinseque a l'espace, et independant de l'observateur. Meme si les
geometries non euclidiennes
etaient connues depuis le debut du
XIX
e
siecle
, personne n'etait alle s'imaginer que l'espace physique pouvait etre autre chose que l'espace euclidien avant la fin du
XIX
e
siecle
.
C'est avec la
relativite restreinte
que la physique decouvrit que la mesure d'une distance entre deux points ou de la longueur d'un objet dependait en realite de l'observateur, et n'etait donc pas une mesure intrinseque. Cependant, meme en
relativite generale
, on considere que l'espace entourant un observateur lui apparait comme
localement
euclidien. Mais meme ce cadre familier est remis en cause par la
mecanique quantique
, ou l'on voit que pour des distances de l'ordre de la
longueur de Planck
, la mesure d'une distance cesse d'avoir un sens physique, et les dimensions de temps et d'espace ne peuvent meme plus etre facilement distinguees dans ce qui apparait alors comme une espece de
mousse quantique
indifferenciee.
Par abus de langage, on qualifie egalement de ≪ longueur ≫ la
grandeur physique
qui traduit d'une maniere generale l'extension spatiale de quelque chose, la grandeur suivant une dimension d'espace. L'extension spatiale peut cependant recouvrir des cas assez differents, qui ne sont pas tous designes par le terme de ≪ longueur ≫ :
- L'extension spatiale entre deux points s'appelle specifiquement la
distance
. C'est la longueur du segment de droite reliant ces deux points.
- Geometriquement, la longueur d'un objet est un scalaire mesurant generalement son extension spatiale suivant la plus grande de ses dimensions. C'est generalement son
diametre
maximal, qui peut se presenter dans une orientation quelconque ; mais si l'objet presente des axes naturels, la ≪ longueur ≫ sera mesuree sur la projection d'un de ces axes, et si l'objet presente un sens d'avancement naturel, la ≪ longueur ≫ sera prise par rapport a cet axe. C'est ainsi que la ≪ longueur ≫ d'un
planeur
est souvent plus petite que son
envergure
.
- En physique du point materiel, l'extension spatiale d'un deplacement entre deux situations se traduit par le
vecteur deplacement
d'un point dans l'espace, qui se repere a travers une direction (sans dimension) et une distance (qui a la dimension d'une longueur). De meme, la
position
d'un point correspond au deplacement qu'il faut subir pour se rendre d'un point origine au point considere.
- En mecanique des corps deformables, chaque point est caracterise par son propre deplacement par rapport a une situation de reference.
Sur ces deux derniers points, la derivee par rapport au temps sera qualifiee de
vitesse
. Sur les deux premiers, on parlera plutot de
croissance
.
Le terme de ≪ longueur ≫ est plutot reserve a la mesure geometrique d'un objet, d'une distance ou d'un chemin. Une telle longueur est alors un scalaire extensif (la longueur hors tout d'un train est la somme des longueurs de ses composants). Par definition, une longueur est une grandeur additive : la longueur d'un chemin est la somme des longueurs de ses parties. C'est de plus une grandeur toujours positive.
Un ≪
deplacement
≫ est en revanche une grandeur vectorielle (caracterisee par une direction et une norme) et intensive (elle est definie en chaque point, et ne peut pas etre additionnee d'un point sur l'autre).
Le long d'une courbe, le deplacement elementaire
est une grandeur intensive dont l'integrale sur l'ensemble du segment peut conduire :
- a la longueur de la courbe :
- au deplacement entre ses deux extremites :
Dans les deux cas, l'integrale est donc une grandeur extensive (scalaire ou vectorielle). Mais il est clair que par exemple, sur une courbe fermee, la ≪ longueur ≫ peut mesurer le perimetre d'un corps, alors meme que le ≪ deplacement ≫ sera necessairement nul entre le point de depart et le point d'arrivee.
En
geometrie analytique
, certaines courbes peuvent etre definie par une
equation
. On peut alors calculer la longueur d'un
arc
par le calcul d'une
integrale
.
La longueur est la
mesure physique
d'une distance. Dans le cas general, la longueur d'une trajectoire entre un point
O
et un point
T
est l'
integrale curviligne
du
vecteur deplacement
elementaire d'un point cheminant le long de cette trajectoire entre les deux points. Si le point
P
a pour coordonnees
dans un
repere orthonorme
, la longueur de sa trajectoire sera :
Il est possible de reparametrer la courbe parcourue par le point
P
en fonction de la longueur
parcourue :
- et
Avec ce parametrage, la derivee partielle de la position du point par rapport a son
abscisse curviligne
est un vecteur norme, tangent a la courbe, et la longueur de la trajectoire est directement donnee par l'
integrale curviligne
:
- et
L'
unite internationale
pour la mesure de la longueur est le
metre
(en abrege : m). Dans le Systeme international d'unites, on peut aussi l'exprimer :
Il existe des unites de longueur en dehors du Systeme international, en particulier le
pouce
, le
pied
et le
mille
.
En geometrie, on cherche frequemment a calculer la longueur de
courbes
. Cela permet par exemple de determiner les dimensions d'un objet a partir du plan, pour permettre sa construction. Par exemple, pour construire un reservoir cylindrique, il faut connaitre la longueur de
tole
que l'on va
rouler
pour former la
virole
(le corps central).
La longueur d’un objet est la distance entre ses deux extremites les plus eloignees. Lorsque l’objet est filiforme ou en forme de lacet, sa longueur est celle de l’objet completement developpe.
La longueur d'un objet est
perpendiculaire
a sa
largeur
. Pour memoire, le symbole de la
largeur
est ≪ l ≫ (
lettre
≪ l ≫
minuscule
) ; mais cette notion n'a pas de realite mathematique distincte.
La longueur d'un objet permet d’apprecier sa taille. La longueur est une
dimension spatiale
, qui peut etre
mesuree
a l'aide d'
unites
, telles que celles identifiees par le
Systeme international d'unites
: le
metre
et ses multiples ou sous-multiples.
La longueur d’un objet physique n’est pas une propriete intrinseque ; celle-ci peut dependre de la temperature, de la pression, de la vitesse, etc.
Mesurons une page de papier avec une regle formee de 3 decimetres gradues en millimetres (mm) ; la page a pour largeur 21 centimetres et pour longueur 29,7 centimetres.
On note en resume :
largeur = 21
cm
= 21 × 1
cm
= 21 × 0,01 × 1
m
= 0,21
m
et
longueur = 29,7
cm
= 29,7 × 1
cm
= 29,7 × 0,01 × 1
m
= 0,297
m
.
Il est impossible de mesurer l'epaisseur de la feuille avec la meme regle. Par contre, on peut mesurer l'epaisseur d'une pile de 500 feuilles (une
rame
) et constater que 500 × l'epaisseur = 5
cm
. On peut en deduire que l'epaisseur d'une feuille est un dixieme de millimetre.
Pour les petites longueur ? entre 1
dm
et 1
μm
?, on utilise des instruments tels que le
pied a coulisse
ou le
micrometre ≪ Palmer ≫
.
En deca du micrometre ?
nanometre
(nm),
picometre
(pm),
femtometre
(fm) ?, on ne peut plus utiliser la
vue
pour mesurer un objet (probleme de
diffraction
, la
longueur d'onde
de la
lumiere visible
etant de l'ordre de 500
nm
). Il faut alors utiliser d'autres rayonnements, comme un
faisceau d'electrons
.
On parle plutot de ≪ distance ≫ entre deux points, pour designer la mesure de la longueur du segment de droite separant ces deux points.
La ≪ distance ≫ entre deux points pas trop proches ni trop eloignes ? entre 1
mm
et quelques m ? se mesure avec une regle droite (une
toise
) qui peut etre graduee. Pour mesurer un objet, on fait correspondre les deux extremites de l'objet avec des points de la regle. Bien sur il faut que l'objet et la regle soient rigides, indeformables. On peut egalement utiliser une corde ou un ruban gradue (
metre ruban
), ce qui permet d'avoir un instrument facile a ranger et a transporter ; il faut alors s'assurer que le ruban est bien tendu pour la mesure, et son
elasticite
ne doit pas etre trop importante.
Pour les grandes distances ? entre 1
m
et quelques km ?, on utilise des phenomenes optiques, comme la difference de
parallaxe
ou bien l'
echelle
creee par l'eloignement pour un
telemetre stadimetrique
, ou bien encore la
trigonometrie
, avec la technique de
triangulation
. On utilise egalement des phenomenes
ondulatoires
, typiquement la duree d'aller-retour d'une onde :
onde sonore
pour un
sonar
,
onde lumineuse
pour un
telemetre laser
,
onde radio
pour un
radar
. En
sismologie
, on utilise la difference de vitesse de propagation des onde P et S pour determiner la distance de l'
hypocentre
d'un
seisme
.
La
mesure des distances en astronomie
se fait par la
mesure du temps
que met la
lumiere
ou plus generalement les
ondes electromagnetiques
pour parcourir la ligne droite qui separe deux objets, ou bien le phenomene du
decalage vers le rouge
. On utilise des unites telles que :
- l'
unite astronomique
(ua, au), egale a la distance de la
Terre
au
Soleil
est d'environ 8 minutes-lumiere, soit, compte tenu de la
vitesse de la lumiere
, environ 150 millions de km ;
- l'
annee-lumiere
(al), la distance parcourue par la lumiere durant une annee, soit environ 10 000 milliards de kilometres ;
- le
parsec
(pc), qui est la distance de laquelle la distance Soleil-Terre apparait comme un arc d'une
seconde
; un parsec vaut environ 3,26
al
.
La longueur peut dans certaines situations, representer une duree, comme dans la longueur des jours, ou dans l’expression ≪ a longueur de journee ≫ qui signifie pendant toute la journee ou encore dans ≪ trainer en longueur ≫ qui veut dire durer trop longtemps.
En
informatique
, la longueur d’un mot ecrit dans un alphabet quelconque correspond au nombre de lettres qui composent le mot. De meme, la longueur d’une chaine de caracteres correspond au nombre de caracteres qui constituent la chaine.
Sur les autres projets Wikimedia :
- Le Systeme international d'unites
- Le systeme imperial
britannique
- Les unites de longueur anciennes
- Les autres unites de longueur