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Troisieme Reich

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(Redirige depuis Regime nazi )

Reich allemand [ a ]
(de) Deutsches Reich

[ 1 ]  ? 
( 12 ans et 2 mois )

Drapeau
Seul drapeau du Reich allemand a partir de 1935 .
Blason
Embleme du Reich allemand a partir de 1935 .
Devise en allemand  : Ein Volk, ein Reich, ein Fuhrer (≪  Un peuple, un empire, un guide  ≫)
Hymne

en allemand  : Das Lied der Deutschen (≪  Le Chant des Allemands  ≫)

en allemand  : Horst-Wessel-Lied (≪  Le Chant de Horst Wessel  ≫)
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du controle territorial de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale (ete 1942) :
Informations generales
Statut Dictature [ b ] totalitaire nationale-socialiste a parti unique
Capitale Berlin
Langue(s) Allemand
Religion Protestantisme et catholicisme
Monnaie Reichsmark
Histoire et evenements
30 janvier 1933 Adolf Hitler devient chancelier du Reich
27 fevrier 1933 Incendie du Reichstag
24 mars 1933 Pleins pouvoirs
15 septembre 1935 Lois de Nuremberg  : Juifs ecartes de la Societe allemande
13 mars 1938 Anschluss  : annexion de l' Autriche
9 au 10 novembre 1938 Nuit de Cristal
1 er septembre 1939 Invasion de la Pologne  : debut de la Seconde Guerre mondiale
20 janvier 1942 Conference de Wannsee sur l'extermination des Juifs d'Europe
16 avril ? 2 mai 1945 Bataille de Berlin
30 avril 1945 Suicide d' Adolf Hitler
8 mai 1945 Capitulation
Chef de l'Etat
1933 ? 1934 Paul von Hindenburg (President du Reich)
1934 ? 1945 Adolf Hitler ( Fuhrer )
1945 Karl Donitz (President du Reich)
Chancelier du Reich
1933 ? 1945 Adolf Hitler
1945 Joseph Goebbels
Lutz Schwerin von Krosigk
Parlement
Parlement monocameral Reichstag

Le Troisieme Reich est l'Etat allemand nazi dirige par Adolf Hitler de 1933 a 1945. Ce terme est souvent utilise en alternance avec celui d'≪  Allemagne nazie  ≫.

La republique de Weimar n'etant pas abrogee en droit durant l'annee 1933, le terme ≪  Reich allemand  ≫ (Deutsches Reich) continue d'etre le nom officiel donne a l’Etat allemand, dans l'ensemble des documents administratifs et politiques produits par l'Allemagne jusqu'en 1945. Toutefois, a partir de l'automne 1943, le terme ≪  Reich grand-allemand  ≫ ( Großdeutsches Reich ) lui est prefere par certains representants du regime.

Adolf Hitler, le chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (abrege en ≪ NSDAP ≫, pour l' allemand Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei ) est nomme chancelier par le president de la republique de Weimar Paul von Hindenburg le . Apres son arrivee au pouvoir, le parti commence a aneantir toute opposition politique dans le pays et a consolider son pouvoir ; l'Allemagne devient un Etat totalitaire . Apres le deces de Hindenburg le , Hitler etablit un pouvoir absolu en fusionnant les fonctions de chancelier et de president. Le , il se fait appeler ≪  Fuhrer  ≫.

A partir de la fin des annees 1930 , l'Allemagne nazie emet des revendications territoriales et menace d'une guerre. L' Autriche est annexee en 1938 et la Tchecoslovaquie en 1939 . Une alliance est signee avec l' URSS et la Pologne est envahie en . L'alliance est rompue par l'Allemagne nazie deux ans plus tard avec l' operation Barbarossa . Une autre alliance est signee avec l' Italie fasciste et les pays de l' Axe . L'Allemagne nazie occupe la majeure partie de l'Europe , jusqu'a etre defaite le 8 mai 1945 . Le , le dernier gouvernement nazi de Karl Donitz est arrete. La propagande nazie destinait le Troisieme Reich a durer ≪ mille ans ≫, il en dura douze, la republique de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais ete formellement abrogee par les nazis.

Etat policier de type totalitaire , reposant avant tout sur le pouvoir absolu exerce par Adolf Hitler, le Troisieme Reich est responsable du declenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il laisse l'Allemagne et l'Europe en ruines.

L'ideologie du Troisieme Reich repose sur la croyance en l'existence d'une ≪  race aryenne  ≫, la promotion du Lebensraum , le racisme et l' antisemitisme . Des son arrivee au pouvoir et particulierement au cours de la Seconde Guerre mondiale, le regime met en place un systeme de repression s'attaquant a toute personne qui ne lui est pas totalement favorable ou soumis ou qu'il considere comme une ≪race ≫ inferieure. Il met en place des mesures genocidaires , compose de camps d'extermination , de camps de concentration , de ghettos et de massacres par des unites mobiles .

L'Allemagne nazie commet ainsi la Shoah (genocide des Juifs), la Porajmos (genocide des Roms d'Europe), la mise a mort systematique des handicapes , ainsi que la deportation des personnes homosexuelles , des opposants politiques au regime, de l'aristocratie polonaise, du clerge catholique, des pasteurs et des membres de l' Eglise confessante . Tous ces massacres ayant conduit a la mort de plus de dizaines de millions de personnes.

Nom [ modifier | modifier le code ]

Formellement, la republique, dite republique de Weimar , n'a jamais ete abolie. Le nom officiel reste donc le meme, a savoir Deutsches Reich ( Reich allemand ), nom que portait deja auparavant l' Empire de 1871 . A partir de 1943, le nom de Großdeutsches Reich (Grand Reich allemand ou Reich grand-allemand) est aussi utilise. Le nom Deutsches Reich est habituellement traduit en francais par ≪ Empire allemand ≫ ou ≪ Reich allemand ≫ selon le contexte : le premier (≪ Empire ≫) est generalement utilise pour la periode 1871-1918 , ou le pays est dirige par un empereur ( Kaiser en allemand ; le pays est donc un Kaiserreich , ≪ empire ≫ au sens monarchique du terme), tandis que le second (≪ Reich ≫, non traduit) est utilise pour la periode 1918-1945, c'est-a-dire le regime designe informellement sous le nom de republique de Weimar et le regime hitlerien.

En francais, les expressions ≪ Allemagne nazie ≫ et ≪ Troisieme Reich ≫ sont communement utilisees pour designer le regime d' Adolf Hitler . Quand le contexte n'est pas ambigu, le simple mot ≪ Reich ≫ peut egalement faire reference au regime nazi. Le nom de ≪ Troisieme Reich ≫, adopte par les nazis, fut utilise pour la premiere fois dans un ouvrage de 1923 d' Arthur Moeller van den Bruck , pour lequel le Saint-Empire romain germanique (962?1806) est le premier Reich et l' Empire allemand (1871?1918) le deuxieme [ 2 ] . Dans le vocabulaire allemand contemporain , la periode nazie est designee sous les expressions Zeit des Nationalsozialismus (≪ periode nationale-socialiste ≫), Nationalsozialistische Gewaltherrschaft (≪ tyrannie nationale-socialiste ≫) ou simplement das dritte Reich (≪ le Troisieme Reich ≫) ou die Hitlerzeit (≪ la periode hitlerienne ≫).

Termes propagandistes [ modifier | modifier le code ]

Meme avant 1933, le terme ≪ Reich ≫ etait devenu le terme de combat de la droite et des monarchistes contre la republique democratique . Das dritte Reich ( Le Troisieme Reich ), comme s'intitulait un livre publie en 1923 par Arthur Moeller van den Bruck , faisait reference a la tradition du premier, le Saint-Empire romain germanique , et le deuxieme, l' Empire allemand issu de la solution petite-allemande . Van den Bruck entendait alors par ≪ Troisieme Reich ≫ un grand Reich/Empire allemand ( großdeutsches Reich ).

L'idee d'un ≪ Troisieme Reich ≫ remonte au XII e  siecle . Le theologien italien Joachim von Fiore avait prophetise un troisieme age millenaire du Saint-Esprit , qui suivrait les deux ages de Dieu et de Jesus-Christ . Les nationaux-socialistes ont repris ce slogan parce qu'il semblait concentrer leurs efforts. Hitler a souvent tente de s'approprier le mythe des ≪ mille ans ≫ pour son regne. Plus tard, il s'est inquiete du terme ≪ Troisieme Reich ≫. On aurait pu speculer sur un autre, un Quatrieme Reich , et s'interroger sur la continuite du Reich allemand . Le , le ministre de la Propagande Joseph Goebbels interdit l'utilisation du terme ≪ Troisieme Reich ≫ [ 3 ] , [ 4 ] .

La destruction de la democratie et l'instauration du regime [ modifier | modifier le code ]

Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux elections libres de , et bien qu' Adolf Hitler ait ete battu a la presidentielle par Paul von Hindenburg , le NSDAP arrive au pouvoir quand son ≪  Fuhrer  ≫ est appele a la chancellerie le .

Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, reunis autour de Franz von Papen et d' Alfred Hugenberg , pensaient ainsi ≪ lever l'hypotheque ≫ nazie et se servir d'Adolf Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en separer des qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Adolf Hitler ne comporte que trois nazis : Adolf Hitler chancelier du Reich, Hermann Goring , charge en particulier de la Prusse , et Wilhelm Frick a l'Interieur.

Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Adolf Hitler parvient en quelques mois a mettre l'Allemagne au pas ( Gleichschaltung ). Le demantelement de la republique de Weimar au profit de la dictature nazie permet l'avenement et la proclamation du Troisieme Reich des le , lors d'une grandiose ceremonie de propagande tenue a Potsdam , sur le tombeau de Frederic II de Prusse .

≪ Mise au pas ≫ et repression [ modifier | modifier le code ]

Des le 1 er fevrier 1933, Adolf Hitler fait dissoudre le Reichstag par Hindenburg. Pendant la campagne electorale, la SA et les SS , milices du parti nazi, recoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les reunions du Parti communiste (KPD), du Parti social-democrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquees par de nombreux deces. Des opposants sont deja brutalises ou tortures.

Dans la nuit du 27 au survient l'enigmatique incendie du Reichstag . Saisissant l'occasion, Adolf Hitler fait adopter par Hindenburg un ≪ decret pour la protection du peuple allemand ≫ qui suspend toutes les libertes garanties par la Constitution de Weimar . Un autre decret institue la Schutzhaft ou ≪ detention de protection ≫ preventive, qui permet d'arreter et d'emprisonner sans aucun controle ni limite de temps.

La terreur s'accelere. En deux semaines, Goring fait ainsi arreter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD, Ernst Thalmann , le . En avril, pres de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. A l'ete, la Baviere compte 4 000 internes, la Saxe 4 500. Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 a 200 000 personnes sont internees, et entre 7 000 et 9 000 sont tuees par la violence d’Etat. Des centaines de milliers d'autres doivent fuir l'Allemagne [ 5 ] .

De nombreuses figures de la gauche litteraire et scientifiques s'exilent, comme Thomas Mann , Bertolt Brecht et Albert Einstein des le . D'autres sont jetees en prison comme le pacifiste Carl von Ossietzky . Les nazis condamnent l'≪  art degenere  ≫ et les ≪ sciences juives ≫, et detruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques.

Les premiers camps de concentration nazis provisoires apparaissent, ou sont emprisonnes militants communistes, socialistes et sociaux-democrates. Des le , Heinrich Himmler ouvre le camp de concentration de Dachau a proximite de Munich . Il est suivi en 1937 de Buchenwald et en 1939 de Ravensbruck pour les femmes.

Le , les nazis obtiennent 43,9 % des voix aux elections legislatives . Dans tous les Lander d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le , Adolf Hitler obtient des deux tiers des deputes le vote des pleins pouvoirs pour quatre ans . Le , les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enroles dans l'organisation corporatiste du Deutsche Arbeitsfront (DAF). Le , le ministre de la Propagande Joseph Goebbels preside a Berlin a une nuit d' autodafe pendant laquelle des milliers de ≪ mauvais livres ≫ d'auteurs juifs , marxistes , democrates ou psychanalystes sont brules pele-mele en public par des etudiants nazis ; la meme scene se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin [ 6 ] . Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le , la loi contre la formation de nouveaux partis fait du NSDAP le parti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigades dans les Jeunesses hitleriennes (≪ Hitlerjugend ≫), seul mouvement de jeunesse autorise a partir du .

Les SA de Ernst Rohm exigent que la ≪ revolution nationale-socialiste ≫ prenne un tour plus anticapitaliste et revent de prendre le controle de l'armee. Mais Adolf Hitler, qui a besoin des grands industriels pour sa future armee, fait massacrer une centaine de chefs SA le au cours de la nuit des Longs Couteaux . Le III e  Reich s'oriente des lors vers un ≪ Etat SS ≫ (Eugen Kogon).

Les nazis liquident aussi a cette occasion plusieurs dizaines de personnalites diverses, ainsi que le docteur Klausener , dirigeant de l' Action catholique .

Apres la mort de Paul von Hindenburg le , Adolf Hitler est a la fois chancelier et president de l'Etat. Il est entoure d'un culte de la personnalite intense qui le celebre comme le sauveur messianique de l'Allemagne, et fait preter un serment de fidelite a sa propre personne, notamment par les militaires. Le Fuhrerprinzip devient le fondement de toute autorite.

Affiche de propagande americaine soulignant, une fois la guerre declaree entre l'Allemagne et les Etats-Unis, la politique qu'a adoptee le Troisieme Reich a l'egard de la religion chretienne .

Mouvement antichretien, le nazisme tente de soumettre les Eglises , et certains de ses dirigeants tels Martin Bormann revent meme d'eradiquer le christianisme a long terme [ 7 ] . Le pouvoir provoque ainsi une scission au sein des protestants allemands, par la mise sur pied de l'Eglise dite des ≪  chretiens allemands  ≫, qui professe sans reserve le racisme et le culte du Fuhrer. Il combat aussi l' Eglise confessante des pasteurs resistants Martin Niemoller et Dietrich Bonhoeffer , deportes.

En 1933, le puissant parti catholique, le Zentrum , s'etait saborde en echange de la signature d'un concordat entre l'ADO (en allemand, ≪ Ausland Deutsches Organisation ≫) et le Vatican . Mais en 1937, le pape Pie XI denonce dans l'encyclique Mit brennender Sorge les violations repetees du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Eglise, le racisme d'Etat et l'idolatrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation detruits par la Gestapo . Cependant, dans l'ensemble, ≪ les Eglises allemandes n'ont pas active tout leur potentiel de resistance ≫ ( Jacques Semelin ) et le successeur de Pie XI, Pie XII , ancien nonce en Allemagne, evite pendant la guerre de denoncer les atrocites nazies, notamment par peur d'attirer des represailles sur l'Eglise allemande qu'il connait bien.

Au printemps 1938, Adolf Hitler accentue la predominance nazie dans le regime. Il evince les chefs d'etat-major Werner von Fritsch et Werner von Blomberg et soumet la Wehrmacht en placant a sa tete Alfred Jodl et Wilhelm Keitel . Le conservateur Konstantin von Neurath est remplace par le nazi Joachim von Ribbentrop aux Affaires etrangeres, et Goring prend en main l'economie autarcique aux depens du D r Hjalmar Schacht .

La franc-maconnerie est mise hors la loi et ses membres, pourchasses par une section speciale de l'appareil policier.

Les Temoins de Jehovah , objecteurs de conscience , refusent par principe le service militaire et le travail dans l'industrie de guerre, tout comme le salut nazi et tout signe d'allegeance a l'idolatrie entourant le Fuhrer . Pres de 6 000 d'entre eux sont enfermes en camp de concentration .

Eugenisme et politiques racistes [ modifier | modifier le code ]

Des , la persecution contre les juifs se dechaine. Une loi permet a Adolf Hitler de faire revoquer 2 000 hauts fonctionnaires et 700 universitaires juifs. Le boycott des magasins juifs est lance le 1 er avril par les SA . Des Juifs sont humilies en public, des couples mixtes promenes dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive a la culture allemande est niee : la musique de Felix Mendelssohn ou de Giacomo Meyerbeer est interdite, et le celebre poeme de Heinrich Heine , la Lorelei , n'a officiellement plus d'auteur. Les lois de Nuremberg , en 1935, retirent la citoyennete allemande aux Juifs et interdisent tout mariage mixte . La liste des metiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent a rester malgre les brimades, pensant qu'Adolf Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner tous leurs biens pour quitter le pays [ 8 ] . Le pogrom de la nuit de Cristal , le , annonce leur elimination physique ainsi que leur spoliation systematique ( aryanisation ). A partir de 1941, ils doivent porter une etoile jaune , puis sont deportes dans les ghettos de Pologne et les camps de la mort .

Seuls sont provisoirement epargnes les Mischlinge , ou les Juifs maries a des Allemandes ≪ aryennes ≫, tels Victor Klemperer . Les Mischlinge sont des personnes dont un des parents n'est pas de religion juive. Cette qualification etait codifiee par les lois de Nuremberg. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifestent dans la Rosenstrasse pour empecher la deportation de leurs epoux.

En , le regime adopte une loi sur la sterilisation forcee , conforme a son objectif de ≪ purifier la race aryenne ≫. Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout les malades mentaux , mais aussi des Tziganes (preconisee par Robert Ritter [ 9 ] ), ou encore des Noirs (planifiee par Eugen Fischer [ 10 ]  ; la sterilisation touche la moitie des metis, ≪  batards de Rhenanie  ≫ enfants de la ≪  Honte noire  ≫) : en 1937, Adolf Hitler ordonne de steriliser les 400 enfants nes dans les annees 1920 de soldats noirs francais et de femmes allemandes [ 11 ] . Des milliers de femmes tziganes ne survivent pas a la sterilisation.

Durant la Seconde Guerre mondiale , l'Allemagne nazie s'en prend egalement aux Slaves , peuple d' Europe de l'Est que le regime considerait comme une ≪ race inferieure ≫.

Les homosexuels sont condamnes a la sterilisation ou a la deportation en camp en vertu du paragraphe 175 du code penal ; 25 000 condamnes sont denombres en deux ans (J.M. Argeles).

Opinion et nazisme : adhesions et reticences [ modifier | modifier le code ]

Alors que la Gestapo n’a que 6 000 hommes en 1938, et 32 000 en 1944 [ 12 ] , toute opposition organisee au nazisme a pratiquement disparu apres 1934. La police politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacite sans l'aide de nombreux delateurs , mouchardant pour regler des comptes personnels, par peur ou par adhesion ideologique. Il n'est pas rare non plus que des enfants, soumis a l'embrigadement intense des Jeunesses hitleriennes , finissent par denoncer leurs parents.

Population de la region des Sudetes saluant Hitler lorsque celui-ci traversa la frontiere tchecoslovaque en 1938.

Les rares groupes constitues de la resistance allemande au nazisme emergent a nouveau a partir de 1938. Tres isoles, surtout apres l'entree en guerre, les resistants a Adolf Hitler sont assimiles par l'opinion a des traitres a leur pays. Ce qui amene les historiens allemands au concept d'une ≪ resistance sans le peuple ≫.

Dans l'ensemble, la societe allemande s'est vite accommodee du regime national-socialiste du moment qu'il mettait fin a l'instabilite politique et economique, et entreprenait de dechirer le diktat du traite de Versailles . Les realisations sociales du regime, les ceremonies grandioses de propagande comme lors des Congres du NSDAP a Nuremberg, la peur, l'indifference ou le conformisme ont entraine de nombreux Allemands a ceder a la ≪ fascination du nazisme  ≫ (Peter Reichel).

Environ onze millions de citoyens allemands ont adhere au NSDAP, dont beaucoup de carrieristes et d'opportunistes, soit une part considerable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selon Annette Wieviorka , ont pris part activement au genocide des Juifs . L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov ( L'Armee de Hitler , 1999) a montre qu'une bonne part des combattants allemands avaient integre le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs generaux, a peine moins compromis que les SS dans les tueries a l'Est, en depit de l'opinion contraire qu' ils ont cherche a propager , y compris a l'etranger, dans les annees 1960.

L'historien britannique Paul Johnson ( Une Histoire des Juifs , 1986) souligne que les Autrichiens , integres au Grand Reich en 1938, sont surrepresentes dans les instances superieures du regime (outre Adolf Hitler lui-meme, il peut etre cite Adolf Eichmann , Ernst Kaltenbrunner , Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rauter ) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participe a la Shoah que les Allemands (voir aussi : Shoah en Autriche ). Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen etaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et pres de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recenses par la Yougoslavie en 1945, 2 499 Autrichiens sont denombres.

L'historiographie allemande distingue depuis Martin Broszat la resistance organisee au nazisme ( Widerstand ) et des formes de dissidence civiles ( Resistenz ), sans ambition de contestation politique, mais demontrant une certaine reticence envers l'embrigadement et l'ideologie officiels.

Par exemple, des groupes de jeunes gens, les Edelweiss ou la Swingjugend , se reunissaient en pleine guerre pour ecouter la musique swing proscrite par le regime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui defiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes braverent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs etrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent executes pour avoir ecoute la BBC , ou profere des paroles meprisantes ou sceptiques contre le regime et sur l'issue de la guerre. Certains tenterent discretement de venir en aide a des Juifs, ou eurent du moins le courage de gestes et de paroles de sympathie. D'autres s'arrangerent pour ne jamais faire le salut nazi. En Baviere catholique, un mouvement d'opinion empecha le regime neo-paien de retirer les crucifix des classes [ 13 ] .

Clemens August von Galen , eveque de Munster , relaya une vague d'indignation contre la pretendue ≪  euthanasie  ≫ des handicapes mentaux, protesta en chaire contre celle-ci, et obtint ainsi l'arret officiel theorique de l' Aktion T4 ( ).

Dans les annees 1930 , les Eglises ont egalement souvent resiste aux ingerences du regime et aux tracasseries de ses agents mais leurs hierarchies n'ont fait porter leurs refus que sur des points materiels et confessionnels et, comme au temps de l'empire wilhelminien, se defendaient toujours de ≪ faire de la politique ≫. Excepte Konrad von Preysing , eveque catholique d' Eichstatt , les Eglises en tant que telles n'ont condamne ni les guerres d'agression , ni la politique raciale, ni les crimes contre l'humanite dans les pays occupes, dont des echos parvenaient pourtant en Allemagne.

Nature du pouvoir [ modifier | modifier le code ]

La loi sur les pleins pouvoirs, votes a la suite de l' incendie du Reichstag , suspend la Constitution, mais ne l'abroge pas [ 14 ] , donc ≪ le Reich allemand est une republique ≫ , selon l'article 1 er de la Constitution de 1919, mais le gouvernement dispose des pleins pouvoirs en matiere de police et de justice.

Totalitarisme [ modifier | modifier le code ]

Carte des Gaue du Troisieme Reich en 1944.

A partir de 1933 , tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non nazis ont ete dissous ou absorbes, les opposants exiles ou envoyes dans des camps de concentration , les Eglises exposees a des tracasseries, les autonomies regionales supprimees au profit du premier Etat centralise qu'ait connu l'Allemagne, la population soumise a la surveillance etroite de la Gestapo , certes relayee par une multitude de delateurs . La justice a pareillement ete soumise au regime, le sinistrement celebre Tribunal du Peuple ( Volksgerichtshof ) preside notamment par Roland Freisler ayant prononce des milliers de condamnations a mort au cours de parodies de justice n'essayant meme pas de respecter les apparences elementaires. Plus de 30 000 condamnes a mort furent guillotines , pendus , voire decapites a la hache [ 15 ] sous le III e  Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilite ou de mecontentement. Il n'etait pas rare que la Gestapo arrete des gens acquittes ou ayant fini leur peine, puis les deporte a sa guise.

A la difference de l' Italie fasciste , les roles ne sont pas aussi repartis entre le parti et les institutions traditionnelles [ 16 ] . En effet, les institutions heritees des periodes precedentes continuent d'exister, mais certaines sont progressivement noyautees par des structures du parti, ou plus simplement, elles ne sont plus operantes, a l'image des Landers , par exemple, redecoupes en Gaue , circonscription territoriale du NSDAP [ref. necessaire] . Ce maintien des classes dirigeantes traditionnelles, donc la mise en place d'un condominium sur le pays, gere par le NSDAP et les anciennes classes dirigeantes amende nettement la vision totalitaire [ref. necessaire] . Cette alliance est appelee a se fissurer a la periode des echecs militaires (il suffit de faire une biographie des principaux conjures du complot du 20 juillet 1944 pour s'en convaincre : des militaires, decores et honores par le regime ( Rommel ), un chef de corps d'armee durant la campagne de France , fait marechal par Adolf Hitler (Witzleben), des generaux anciennement proches d'Adolf Hitler ( Hoeppner ), un homme qui a vote les pleins pouvoirs en 1933 ( Goerdeler )…).

En outre, a cote de cette alliance entre les conservateurs et les nazis, se met en place ce que Broszat appelle ≪ anarchie totalitaire ≫, par l'installation de structures ayant les memes competences dans un domaine donne, et qui finissent par avoir des actions antagonistes : Warlimont, dans ses memoires [ 17 ] , evoque une anecdote au sujet de camions de la marine, mais dont l'armee a un besoin vital. Le representant de la marine refuse de les mettre a disposition de l'Armee de terre, sous pretexte que beaucoup de camions ont deja ete donnes a l'Armee de terre. A l'issue de plusieurs heures de debat, Adolf Hitler ne tranche pas, renvoyant le probleme a plus tard, trop tard.

Au vu de ces considerations, l'historiographie allemande caracterise donc traditionnellement le III e  Reich comme un ≪ Etat de non-droit ≫ ( Unrechtsstaat ). En , le celebre juriste Carl Schmitt , penseur de ≪ l'etat d'exception ≫, approuve le massacre des SA lors de la nuit des Longs Couteaux et theorise publiquement que la simple parole du Fuhrer a force de loi , et qu'elle prime sur le droit .

Interpretations intentionnaliste et fonctionnaliste [ modifier | modifier le code ]

L'ecole historique allemande dite des ≪  intentionnalistes  ≫ insiste sur la primaute d' Adolf Hitler dans le fonctionnement du regime. La forme extreme de pouvoir personnel et de culte de la personnalite autour du Fuhrer ne serait pas comprehensible sans son ≪ pouvoir charismatique  ≫. Cette notion importante est empruntee au sociologue Max Weber  : Adolf Hitler se considere et est considere sincerement comme investi d'une mission providentielle.

Sans l'ideologie ( Weltanschauung , ou vision du monde) redoutablement efficace qui animait Adolf Hitler et ses fideles, le regime nazi ne se serait pas engage dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des regles juridiques et administratives elementaires regissant les Etats modernes. Par exemple, sans son pouvoir charismatique d'un genre inedit, Adolf Hitler n'aurait pas pu autoriser l' ≪ euthanasie ≫ massive des handicapes par quelques simples mots sur papier a en-tete de la chancellerie (operation T4, ), et encore moins declencher la Shoah sans rediger un seul ordre ecrit. Aucun executant du genocide des Juifs ne demanda jamais, justement, a voir un ordre ecrit : le simple mot de Fuhrerbefehl (ordre du Fuhrer) etait suffisant pour faire taire toute question.

Comme l'a demontre l'ecole rivale des ≪  fonctionnalistes  ≫ (conduite par Martin Broszat ), le III e  Reich n'a jamais tranche entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'Etat, d'ou des rivalites de competence incessantes entre les hierarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'Etat nazi apparait comme un singulier enchevetrement de pouvoirs concurrents aux legitimites comparables. C'est le principe de la ≪  polycratie  ≫ [ 18 ] .

Adolf Hitler a Bonn en 1938.

Or, entre ces groupes rivaux, Adolf Hitler tranche rarement et decide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de facon irreguliere (sauf dans la conduite des operations militaires), le Fuhrer , ≪ dictateur faible ≫ ou ≪ paresseux ≫ selon M. Broszat, laisse chacun libre de se reclamer de lui, et attend seulement que les individus marchent dans le sens de sa volonte.

Des lors, a demontre son biographe Ian Kershaw , dont les travaux font la synthese des acquis des ecoles intentionnalistes et fonctionnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchere et essaye d'etre le premier a realiser les projets nazis fixes dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de la persecution antisemite , qui s'emballe et passe ainsi graduellement de la simple persecution au massacre, puis au genocide industriel. Ce qui explique que le III e  Reich obeisse structurellement a la loi de la ≪ radicalisation cumulative ≫, et que le systeme ne puisse en aucun cas se stabiliser.

Ce ≪ pouvoir charismatique ≫ explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanement alles au-devant du Fuhrer. Ainsi, en 1933 , les organisations d'etudiants organisent d'elles-memes les autodafes de livres honnis par le regime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-memes apres avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Fuhrer dans lequel elle reconnait ses reves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Fuhrer est l'homme qui rend possible les plans caresses de longue date a la ≪ base ≫ : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres precis, sa simple presence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisemites d'Allemagne a declencher boycotts et pogroms , ou des medecins a pratiquer les experiences pseudo-medicales et les operations de mise a mort dont l'idee preexistait a 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du regime a l'≪ autodestruction ≫ ( Selbstzerstorung ). Le III e  Reich, retour a l'≪ anarchie feodale  ≫ ( Kershaw ) se decompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux. C'est ainsi qu'en 1943 , alors que l'existence du Reich est en danger apres la bataille de Stalingrad , tous les appareils dirigeants du III e  Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire les courses de chevaux , sans trancher [ref. necessaire] . Le regime substitue aux institutions rationnelles modernes le lien d'allegeance personnelle , d'homme a homme, avec le Fuhrer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Adolf Hitler. Le culte de ce dernier existe des les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement, puis au regime. Chacun ne tire sa legitimite que de son degre de proximite avec le Fuhrer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (≪ En toute modestie, je suis irremplacable ≫ [ 19 ] [ref. incomplete] ), la dictature d'Adolf Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre [ 20 ] . La mort du III e  Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.

Arts, culture et sport sous le Reich hitlerien [ modifier | modifier le code ]

L'arrivee d'Adolf Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de la diversite culturelle qu'avait apportee la republique de Weimar pour l'Allemagne. De nombreux autodafes ont meme lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Tous les livres de Marx , de Sigmund Freud , d' Einstein et d'auteurs celebres a cette epoque finissent brules en place publique. La culture est prise en main : Adolf Hitler met en place un controle total de la presse ecrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinema… La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation des jeux olympiques d'ete de 1936 est instrumentalisee pour consolider l’image de marque du regime hitlerien sur la scene internationale.

Les ouvrages scolaires sont egalement expurges. Pour ne pas renoncer aux poemes d' Heinrich Heine , quelques-uns les attribuent a un ≪ auteur inconnu de langue allemande ≫.

Proscriptions, exils, ralliements [ modifier | modifier le code ]

De nombreux artistes, ecrivains et savants doivent fuir d'emblee l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art.

Parmi eux les ecrivains Erich Maria Remarque , Adrienne Thomas , Thomas Mann et son frere Heinrich Mann , ainsi que Bertolt Brecht , Alfred Doblin , Kurt Tucholsky , ou encore Lion Feuchtwanger , Walter Benjamin , Arthur Koestler . Il en va de meme pour les metteurs en scene berlinois Max Reinhardt et Erwin Piscator . Sont aussi notamment proscrits les philosophes Husserl , Hannah Arendt ou Wilhelm Reich , la theologienne Edith Stein (juive convertie et religieuse carmelite, gazee en 1942 a Auschwitz ), le peintre d'avant-garde Paul Klee , l'architecte Walter Gropius , le physicien Albert Einstein . En 1938, l' annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de la psychanalyse , Sigmund Freud , a partir pour Londres. L'ecrivain viennois Felix Salten rejoint la Suisse et s'installe a Zurich. Stefan Zweig , qui a du fuir les nazis autrichiens des 1934, se suicide en 1942.

Les nazis brulent en public les livres proscrits, 10 mai 1933.

Quelques artistes pourtant sondes par Goebbels font le choix de partir par acte de resistance au regime, ainsi le cineaste Fritz Lang ou l'actrice Marlene Dietrich .

Un certain nombre d'artistes et d'ecrivains restes en Allemagne, comme Emil Nolde (qui adhere au parti nazi en 1935), se voient interdire de peindre ou d'ecrire et sont places sous surveillance policiere.

Les Juifs sont exclus de la presse, du cinema, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs (comme celles de Heinrich Heine ou Moses Mendelssohn ) ne peuvent plus etre jouees ou interpretees, et Goebbels doit intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdire Mozart parce que franc-macon .

L'autodafe spectaculaire des livres interdits, le , permit a beaucoup de commentateurs de rappeler la celebre phrase de Heinrich Heine  : ≪ la ou on brulera des livres, on brulera des hommes ≫. En 1937, une ≪ exposition d' art degenere  ≫ tres visitee sillonne l'Allemagne pour tourner en derision les œuvres de plusieurs artistes d'avant-garde (parmi lesquels Emil Nolde ), taxees de ≪  bolchevisme culturel  ≫ ou de ≪ gribouillages juifs et cosmopolites ≫ par Adolf Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersees ou detruites par les nazis.

Un nombre non negligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au regime hitlerien. Le philosophe Martin Heidegger prend sa carte au NSDAP et d'apres Victor Farias ( Heidegger et le nazisme ) il paie ses cotisations jusqu'en 1945. Il accepte quelques mois les fonctions de recteur a Fribourg  ; avant de s'opposer fondamentalement au national socialisme en declarant : ≪ le national socialisme est un principe barbare ≫ . Le theoricien du droit Carl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interpretes entretiennent des relations tres cordiales avec le regime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles : ainsi les compositeurs Carl Orff et Richard Strauss , la cantatrice Elisabeth Schwarzkopf , ou les chefs d'orchestre Wilhelm Furtwangler [ 21 ] et Herbert von Karajan . Dans le domaine de l'art populaire, les internationalement reputes Comedian Harmonists sont obliges de se dissoudre.

Art officiel nazi [ modifier | modifier le code ]

Des 1933, Goebbels impose la creation des Reichskulturkammer , organisation corporatiste des metiers de la culture. Nul ne peut publier ou composer s'il n'en est membre.

Les ceremonies nazies recuperent particulierement la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner , favorites du Fuhrer. Un ≪ art nazi ≫ conforme aux canons esthetiques et ideologiques du pouvoir se manifeste au travers des œuvres d' Arno Breker en sculpture, de Leni Riefenstahl au cinema ou d' Albert Speer , confident d'Adolf Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade olympique de Berlin destine aux Jeux de 1936, ces œuvres au style tres neo-classique developpent aussi souvent l'exaltation de corps ≪ sains ≫, virils et ≪ aryens ≫. Le Fuhrer confia a Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitale Berlin . Celle-ci aurait du prendre le nom de Germania et se couvrir de monuments neoclassiques au gigantisme demesure : la coupole du nouveau Reichstag aurait ete 13 fois plus grande que celle de St-Pierre de Rome , l'avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Elysees et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l' Arc de triomphe parisien (40  m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest , decele a travers ces projets megalomanes une ≪ architecture de mort ≫ [ 22 ] . En pleine guerre, Adolf Hitler se rejouit que les ravages des bombardements allies facilitent pour l'apres-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg ou Linz .

L'instrumentalisation du sport [ modifier | modifier le code ]

Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 a Garmisch-Partenkirchen puis les jeux olympiques d'ete de 1936 a Berlin furent des jalons non negligeables dans la consolidation de l’image de marque du regime hitlerien sur la scene internationale, cela en depit de son caractere notoirement raciste et ouvertement belliqueux. Les attitudes des gouvernements occidentaux qui, en faisant confiance a Adolf Hitler et a ses promesses en faveur des Juifs et de la non-discrimination raciale en general, entamaient une serie de capitulations dont les accords de Munich sont l’apotheose. Le Comite international olympique lui-meme a ete accuse d'avoir une part de responsabilite dans l’edification de l'image positive de l’hitlerisme [ 23 ] .

Economie [ modifier | modifier le code ]

Situation economique et sociale a l'arrivee d'Adolf Hitler au pouvoir [ modifier | modifier le code ]

La Grande Depression de 1929 s'etait traduite par une montee importante du chomage dans les pays developpes. En Allemagne , il y avait environ 3 500 000 chomeurs en 1930 . Les historiens et economistes ( Maury Klein   (en) , Daniel Cohen , Joseph Stiglitz entre autres) reconnaissent que la crise de 1929 a eu un impact majeur sur la montee du nazisme, consequence directe du retrait des capitaux americains d’Allemagne [ 24 ] .

Robert Ley , adherent du parti nazi des 1923 et elu depute au Reichstag en 1932 , fut charge de l'elimination des syndicats , qui furent remplaces par le Deutsche Arbeitsfront en 1933 , organisation de type corporatiste . Liee au DAF, la ≪  Kraft durch Freude  ≫ (Force par la joie) fut chargee d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse etroitement encadres. Elle offrit par exemple a des milliers d'ouvriers des croisieres en mer Baltique sur ses deux paquebots.

A la fois anticapitaliste et antimarxiste , et soucieux de se rallier la classe ouvriere , le regime nazi voulut comme tout fascisme experimenter une troisieme voie entre liberalisme et collectivisme . L'Etat nazi intervint ainsi largement dans l' economie . Il mena une politique de grands travaux (essor du reseau autoroutier), lanca un programme ambitieux de logements sociaux , de refection des cantines ouvrieres, ou de loisirs de masse. En 1936 , Adolf Hitler fit concevoir par Ferdinand Porsche les premieres Volkswagen ou ≪ voiture du peuple ≫, censees etre accessibles aux Allemands les plus modestes ? en realite, peu sont construites sous le III e  Reich, leurs usines de montage etant vite affectees a la construction de chars. Mais aussi, le regime imposa la planification et une stricte autarcie , obligeant les industriels et les particuliers a remplacer par des ersatz de moindre qualite les produits interdits d'importation.

Des l'origine, l'economie du Troisieme Reich s'est orientee vers la remilitarisation de l'Allemagne , puis la preparation de la guerre . Cette politique s'est appuyee des 1933- 1934 sur une serie de lois economiques qui favoriserent la reorganisation complete de l' industrie , puis fut accentuee a partir de 1936 avec le lancement du plan de Quatre Ans confie a Hermann Goring . Celui-ci constitua le tout-puissant cartel des Reichswerke Hermann Goring , devenu tres vite l'une des plus grosses entreprises d'Allemagne puis, apres la mise sous tutelle des industries des pays conquis, une des plus grosses du monde.

Le developpement de l'industrie de l'armement fut grandement facilite par la technologie de la mecanographie et de la carte perforee Hollerith , fournie par la Dehomag . Les methodes de comptabilisation, qui permettaient de connaitre avec precision la nature du travail effectue par les ouvriers, orienterent l' industrialisation dans ce sens.

A partir de 1941 , l'etat-major SS a enterine le programme d'exploitation de travailleurs forces et de prisonniers de guerre , dans des conditions extremes pour les dits ≪ travailleurs ≫. Tres frequemment, ces travaux etaient d'ailleurs simplement une maniere ≪ economiquement efficace ≫ de liquider les ennemis du regime en maximisant leur utilite economique. Litteralement, on les tuait a la tache. Le camp Auschwitz-Birkenau n'est qu'un exemple parmi d'autres.

Les entreprises IG Farben , Krupp AG , BMW , Mercedes-Benz , Volkswagen ont toutes participe a ce systeme, mais egalement des entreprises etrangeres, telles Fordwerke , filiale allemande du groupe Ford, et Opel , filiale du groupe General Motors . Henry Ford notamment participa activement a la constitution de l'arsenal de la Wehrmacht avant l'entree en guerre de l'Allemagne, et accepta en 1939 , la meme annee que Benito Mussolini , la plus grande decoration qu'Adolf Hitler pouvait decerner a un etranger, la grand-croix de l’ ordre de l'Aigle allemand .

Evolution du chomage [ modifier | modifier le code ]

Le drapeau de guerre, utilise notamment par la Kriegsmarine .

En comparaison avec les Etats-Unis ou l' Angleterre , ces chiffres sont tres flatteurs, sur le papier. Mais, outre le surendettement de l'Etat qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que :

≪ Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertes. Ainsi, le , une ordonnance ouvrit le droit pour les autorites de requisitionner la main-d'œuvre pour une tache precise. Le , c'est la fin de toute liberte en matiere de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvriere s'etait esquissee des avant la guerre. La ligne Siegfried ( Westwall ou ≪ mur de l'Ouest ≫) fut construite au moyen de la requisition de 400 000 ouvriers ( ). ≫

? (Source : Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 a 1945 , p.  136)

Les rapports sociaux dans la societe totalitaire nazie [ modifier | modifier le code ]

A partir de 1933, la societe allemande est profondement remodelee sous l'action d'une vision totalitaire. Brisant un certain nombre de cadres herites de la periode precedente, le nouveau pouvoir rebat les cartes des rapports sociaux, definissant, au sein de la societe allemande, des groupes sociaux qui subissent le regime et des categories sociales qui beneficient du regime. Cependant, malgre l'emploi d'une rhetorique misant sur l'harmonie des rapports sociaux redefinis dans la communaute du peuple, les conflits inherents a une societe industrielle n'ont pas disparu et, a partir de 1936, des revendications salariales, consequence du plein emploi , reapparaissent [ 25 ] .

Categories sociales perdantes [ modifier | modifier le code ]

En effet, des les premiers mois d'installation du gouvernement de coalition entre les nazis et les conservateurs, se dessinent les contours des groupes qui perdent, par rapport a la periode precedente, ce qui avait ete conquis ou octroye : les salaries, en depit de nombreuses proclamations, ainsi que les femmes et les Juifs.

Dans un contexte de chomage de masse, la destruction des syndicats entraine le durcissement des conditions de vie des salaries, touchant aussi bien les remunerations que les conditions de travail [ 26 ]  : la loi du autorise le licenciement de tout employe communiste, de representant social-democrate ou de tout militant syndical sans preavis : tout salarie mal vu peut, a partir de la mise en application de cette loi, etre licencie de facon arbitraire sans aucun moyen de defense [ 27 ] . Par dela la rhetorique mise en avant (chaque entreprise serait une communaute au sein de laquelle chacun aurait des droits et des devoirs), les dirigeants d'entreprise voient leurs pouvoirs renforces [ 27 ] .

Les salaries, apres la dissolution des syndicats, doivent etre inscrits au Front du Travail . Cette institution regroupe a la fois les salaries et leurs employeurs, regit les relations au travail, et se trouve placee sous la tutelle du ministere du Travail du Reich [ 28 ] . Confiees a des commissaires aux competences territoriales elargies, les relations sociales sont dorenavant regies par le Fuhrerprinzip , dans une rhetorique neo feodale , insistant sur la relation de dependance du salarie envers son employeur [ 29 ] .

A cela, s'ajoute le fait que l' indice des salaires (100 en 1932 ) etait retombe a 97 en 1938 . En 1937 , le niveau des salaires etait a peu pres celui de 1929 . Le pouvoir d'achat de la classe ouvriere est inferieur en 1939 a celui de 1933. A partir de juin 1938, les salaires sont fixes d'autorite.

Cependant, des sources indiquent le contraire : l’historien britannique Niall Ferguson nota que les prix a la consommation entre 1933 et 1939 avaient augmente au taux annuel moyen de seulement 1,2 %. Cela signifiait en realite que les travailleurs allemands s’en sortaient mieux, aussi bien en valeur reelle que nominale : entre 1933 et 1938, le revenu hebdomadaire net (apres deduction des impots) augmenta de 22 %, tandis que le cout de la vie avait augmente de seulement 7 %. Le revenu des travailleurs continua d’augmenter, meme apres le declenchement de la guerre en . La remuneration horaire moyenne des travailleurs allemands augmenta de 25 %, et le salaire hebdomadaire de 41 % jusqu’en 1943 [ 30 ] .

Fin 1935, J.K Galbraith ecrivait egalement : ≪ le chomage touchait a sa fin en Allemagne. En 1936, les revenus eleves tiraient a la hausse les prix ou bien permettaient de les augmenter […] a la fin des annees trente l’Allemagne avait atteint le plein emploi et des prix stables. C’etait un exploit absolument unique dans le monde industriel ≫ [ 31 ] Le qualificatif de classe perdante serait donc a nuancer.

Les paysans , nombreux a avoir vote pour les nazis, ne voient pas l' exode rural s'arreter (il a meme tendance a s'accelerer) ni leur situation s'ameliorer reellement. Les petits commercants et artisans menaces par la modernisation economique, et qui avaient fourni de gros bataillons aux SA , sont aussi floues : au nom de l'efficacite economique et par souci de preparer la guerre, le gouvernement encourage legalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparaissent entre 1933 et 1939 [ 32 ] .

Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme [ 33 ] , celles-ci furent peu a peu cantonnees a leur role traditionnel [ 34 ] . Des 1933, les femmes sont poussees hors de la fonction publique , ne peuvent plus etre directrices dans l'enseignement, n'ont plus le droit d'etre avocates, ni juges. Les ouvrieres sont poussees vers l'agriculture. Les ouvrieres celibataires de moins de 25 ans furent ainsi contraintes a faire une annee dans les champs. 1,3 million de femmes supplementaires furent employees dans l'agriculture entre 1933 et 1939. La politique vis-a-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie a l'approche de la guerre [ 35 ] .

Categories beneficiaires du regime [ modifier | modifier le code ]

Si des groupes sociaux ont ete floues ou mates en 1933-1934, d'autres, par contre, ont su tirer parti du nouveau cadre politique et institutionnel. En effet, apres quelques incertitudes, notamment en raison d'actions violentes de la SA [ 36 ] , le decret du [ 36 ] , prepare lors d'une rencontre entre Adolf Hitler et des representants des industriels allemands [ 37 ] , leve toute ambiguite sur la place devolue aux representants de l'industrie et des services dans la reorganisation nationale-socialiste. De plus, des le , les interets prives, representes par Hugenberg , sont fortement presents dans le gouvernement du Reich ; ils se voient renforces par la nomination du D r  Schmitt, directeur general des assurances Allianz , et non d'un cadre du parti, au gouvernement [ 37 ] .

Dans le meme temps, les representants de l'industrie lourde jouent un role accru au sein du NSDAP et de l’Etat, a l'image de Fritz Thyssen, nomme par Goering conseiller d'Etat a vie en Prusse, jouant de ce fait un role important de conseiller economique dans les Gaue de Rhenanie [ 38 ] . Ainsi, la loi sur les cartels du , qui donne aux ministeres de l'economie et de l'agriculture un pouvoir sur la constitution de cartels et de controle de ces derniers, renforce les interets des cartels deja existants, en rendant theorique le controle etatique sur ces institutions [ 39 ] .

De plus, la lutte contre la corruption est considerablement allegee a partir de [ 37 ] .

Dans le meme temps, la direction du NSDAP, Adolf Hitler en tete, ecarte tous les militants susceptibles de remettre en cause ces nouveaux choix economiques, illustres par la nomination de membres eminents du patronat allemand a des postes cles de la direction de l'economie [ 37 ]  : ainsi, les decrets du printemps 1933 annulent les plaintes deposees par le parti a l'encontre des industriels pour corruption [ 37 ] .

Expansionnisme nazi [ modifier | modifier le code ]

Carte des agressions nazies avant le declenchement de la Seconde Guerre mondiale : l'Allemagne procede a des annexions de terres ou vivent des germanophones, au mepris de la SDN  ; le regime confortant ainsi sa popularite aupres de l'opinion publique allemande (l'utopie nationaliste de la Grande Allemagne remonte au XIX e ).

Les fondements ideologiques [ modifier | modifier le code ]

La justification de l’expansionnisme nazi se trouve deja dans Mein Kampf (1926). Le regime nazi se reclame du fascisme , defini par Benito Mussolini comme un regime militariste et anti- pacifiste . Il nourrit le culte de la virilite et de la violence guerriere, et vit dans le souvenir permanent de l'experience de la Grande Guerre . Enfin, Adolf Hitler viole constamment le traite de Versailles , impose a l’ Allemagne en 1919 . Meprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite les traites internationaux conclus de ≪ chiffons de papier ≫. D'emblee Adolf Hitler se met a bafouer ouvertement le traite de Versailles, dont il ne reste plus grand-chose des 1938-1939. Le , l'Allemagne quitte la Societe des Nations tout en proposant des discussions bilaterales sur la securite [ 40 ] . En , les Sarrois votent massivement leur rattachement a l'Allemagne. Cette victoire ameliore l'image des nazis a l'etranger [ 41 ] . La conscription est reintroduite le , en violation ouverte du traite de Versailles. Les effectifs de la Wehrmacht sont portes a 550 000 hommes [ 42 ] . En meme temps, Adolf Hitler negocie avec les Britanniques . Le , un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne a se doter d'une flotte equivalente a 35 % de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent a dessiner un nouveau partage du monde qui leur reserverait l'Est de l'Europe [ 41 ] .

Le projet nazi reprend en partie les vieux themes du pangermanisme . Selon Adolf Hitler , la reunification du ≪  sang allemand  ≫ est un imperatif moral, meme si cette communaute se revelait nuisible sur le plan economique. Il revendique donc des territoires qui etaient allemands avant la Premiere Guerre mondiale et invoque la communaute de sang et de culture pour annexer d'abord l’ Autriche , puis la region des Sudetes en 1938 . A partir de 1939, Adolf Eichmann est aussi charge de ≪ rapatrier ≫ les minorites allemandes dispersees depuis des siecles a travers toute l' Europe centrale et orientale .

Mais au desir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idee que les Aryens , ≪  race des Seigneurs  ≫ ( Herrenvolk ) auraient besoin d’un espace vital ( Lebensraum ) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimite, doit etre conquis par la force a l’Est ( Drang nach Osten ). Considerant les Slaves comme une race inferieure (des ≪ sous-hommes ≫, Untermenschen ), le projet nazi ambitionne donc de conquerir l’Europe orientale et de reduire ses populations en esclavage , voire de les eliminer [ 43 ] . La Tchecoslovaquie , jeune democratie abritant une population allemande, est le premier pays demantele par les Allemands. La Pologne , qui abrite une large population juive, est particulierement visee par le Troisieme Reich.

Vers la guerre [ modifier | modifier le code ]

Les frontieres du ≪  Grand Reich germanique  ≫ telles que planifiees selon le Generalplan Ost (conquete d'un espace vital pour l'Allemagne en Europe de l'Est ).

Le Fuhrer prepare la societe allemande a la guerre. Dans les Jeunesses hitleriennes , organisations obligatoires (a partir de 1936) pour les adolescents, l’entrainement physique et moral doit former des hommes nouveaux, courageux jusqu’a l’extreme et capables de tuer sans eprouver la moindre pitie. Habilles en uniformes, les jeunes allemands apprennent a etre fideles a Adolf Hitler. L’ economie est militarisee et tournee vers la production d’armes . Adolf Hitler prend lui-meme le commandement de l’armee en 1938. Le , la Wehrmacht entre en Rhenanie , demilitarisee depuis le traite de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas [ 42 ] alors qu'Adolf Hitler avait prevu de reculer s'il rencontrait une resistance. L'inaction des democraties conforte la volonte d'Adolf Hitler de realiser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Adolf Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichien Schuschnigg pour qu'il cede le pouvoir au nazi Arthur Seyss-Inquart . Sans soutien exterieur, le chancelier cede et le , Adolf Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens au plebiscite d'avril [ 44 ] . L’ Anschluss ne rencontre aucune opposition internationale. Apres les accords de Munich , le Royaume-Uni et la France laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudetes .

Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque la Boheme-Moravie , Memel et la ville libre de Dantzig sont annexes en 1939.

Reactions des democraties [ modifier | modifier le code ]

A la fin des annees 1930 , les democraties europeennes sont dans une situation difficile. La Grande Crise de 1929 n'est pas entierement resolue. Le pacifisme est extremement puissant dans les opinions publiques . La specificite du nazisme est rarement percue et beaucoup persistent longtemps a voir en Adolf Hitler un nationaliste allemand comme les autres. La SDN n’a pas de reel pouvoir et les Etats-Unis sont isolationnistes .

Chamberlain , Daladier , Hitler et Mussolini sur le point de signer les accords de Munich , 1938.

Une grande partie de l’Europe est aux mains de dictatures autoritaires ( Espagne , Portugal , Autriche …) fascistes ( Italie ) ou communistes ( URSS ). L’Allemagne a conclu une serie d’alliances qui la renforce : Axe Rome-Berlin puis Pacte d'acier avec l’ Italie , enfin, en aout 1939, pacte germano-sovietique avec l’URSS de Joseph Staline . Francisco Franco , qu'Adolf Hitler a aide activement a arriver au pouvoir pendant la guerre civile espagnole par l'envoi de la legion Condor , est l'allie moral du Reich. Les Etats des Balkans , qui ont conclu des accords commerciaux de clearing avec le Reich, sont sous l'influence economique voire diplomatique de Berlin. La Belgique et les Pays-Bas se replient dans des neutralites frileuses. La France et le Royaume-Uni sont isolees et vivent dans le spectre de la Grande Guerre .

Malgre l’alliance qui les unit a la Tchecoslovaquie, la France et le Royaume-Uni se gardent bien d’intervenir lorsqu'Adolf Hitler declare son intention de rattacher les Sudetes . Les accords de Munich de 1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des democraties devant les pretentions territoriales nazies : elles laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudetes en octobre 1938.

A cette epoque, beaucoup de partisans de l’≪ apaisement ≫ avec l'Allemagne nazie croient qu'Adolf Hitler s'en tiendra a demolir les dispositions les plus humiliantes du traite de Versailles et aux traditionnels projets pangermanistes . Pour le Premier ministre britannique Neville Chamberlain , l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu’≪ une affaire entre Allemands ≫, et la Tchecoslovaquie ≪ un petit pays dont nous ne savons presque rien ≫ . Mais le , le Reich s'empare de Prague et detruit l'Etat tchecoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que le III e  Reich nourrit des ambitions hegemoniques illimitees.

Lorsque les armees allemandes penetrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent declarer la guerre . Toutefois, les democraties n'entrent pas en Allemagne , alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armee allemande pendant la campagne de Pologne .

Le Reich en guerre [ modifier | modifier le code ]

Hitler, Adolf Heusinger , Fedor von Bock , Friedrich Paulus , en 1942 au quartier general du groupe d'armees Sud .

Le a h  45 du matin, le Reich envahit la Pologne sans declaration de guerre , declenchant la Seconde Guerre mondiale en Europe [ 45 ] . L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent europeen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire controle par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'a l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, le III e  Reich trouve des forces de collaboration pour l'assister, mais sa domination est combattue par les mouvements de resistance . La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre meme apres la defaite de la France et l' armistice du 22 juin 1940 . Elle est le seul adversaire du Reich entre et , quand Adolf Hitler envahit brusquement l'Union sovietique, violant le pacte de non-agression et s'ouvrant un autre front de bataille . Celui-ci signe par ailleurs un pacte d'amitie avec la Turquie le .

Or, a partir de la defaite devant Moscou ( ), dont il a sous-estime la puissance, Adolf Hitler perd l'espoir d'une guerre courte . Trois gigantesques potentiels humains et industriels sont desormais allies contre lui : l'URSS, l'Empire britannique et les Etats-Unis, auxquels, apres l' agression japonaise sur Pearl Harbor , il a declare la guerre le , sans aucun benefice pour l'Allemagne.

Se resignant a proclamer la mobilisation totale voulue par Goebbels et Speer , Adolf Hitler accentue le pillage des pays occupes et met en œuvre la guerre totale . A partir de debut 1942, la production d'armements s'accroit et elle est encore superieure en a ce qu'elle etait en 1942, malgre des attaques aeriennes massives des Allies contre les cibles civiles et industrielles.

Evolution du regime pendant la guerre [ modifier | modifier le code ]

Le totalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction de Heinrich Himmler (1900-1945), l'appareil policier developpe des pouvoirs illimites. Se radicalisant sans fin, le III e  Reich perpetre sur son territoire et a travers les pays occupes, surtout a l'Est, des crimes contre l'humanite  : le lancement du genocide industriel des Juifs est enterine par la conference de Wannsee le  ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapes mentaux allemands, les Tziganes , les Polonais et les Slaves, sujets au Generalplan Ost  ; d'innombrables resistants de toute l'Europe affluent dans les camps de concentration en territoire allemand, tandis que la Wehrmacht et les SS perpetrent a l'exterieur massacres et tortures . En , au cours d'une ceremonie au Reichstag, Adolf Hitler se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur tout citoyen allemand. Le complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler , mene par des resistants allemands, est reprime dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciees apres des proces aux verdicts connus d'avance , leurs familles deportees en vertu du principe totalitaire de la responsabilite collective ( Sippenhaft ).

Les derniers mois [ modifier | modifier le code ]

A partir de novembre 1944 , tous les Allemands sont appeles a servir dans la Volkssturm , une milice sous-equipee : les derniers defenseurs du III e  Reich seront souvent des vieillards et des preadolescents armes de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l' Armee rouge , les SS pendent encore en public tous ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.

Au printemps 1945 , le Troisieme Reich, bombarde quotidiennement, sillonne de millions de refugies fuyant l' avancee sovietique , et assailli de toutes parts, se trouve en ruines.

Declarant que le peuple allemand ne merite pas de lui survivre puisqu'il ne s'est pas montre le plus fort, Adolf Hitler donne l'ordre en mars 1945 d'une politique de la terre brulee d'une radicalite jamais egalee : il s'agit de detruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et electriques, les stations d'epuration et tout ce qui est indispensable a la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliques sur le terrain [ 46 ] .

L'alimentation sous le IIIe Reich [ modifier | modifier le code ]

L'alimentation sous le Troisieme Reich est un sujet peu evoque par les pairs. Au depart, le Parti d'Hitler promouvait l'acces a la nourriture dans sa strategie d'election. En fait, une affiche electorale de l'epoque aujourd'hui conservee ou Hitler est illustre comme la solution a l'incertitude et la faim, de meme que plusieurs autres affiches du genre [ 47 ] . Meme apres que les Nazis s'emparent du pouvoir en 1933, la faim demeure un theme central dans la propagande du Parti [ 48 ] . En l'occurrence, le regime totalitaire allemand opte pour un strict controle des libertes culinaires populaires durant la Seconde Guerre mondiale , notamment au niveau des proportions et de la qualite de la nourriture disponible sur le marche. Pourquoi? Le but du regime etait en fait de supporter l'idee que les Allemands ne vivraient pu une situation de faim extreme comme ce fut le cas lors du blocus de 1914-1918 , source d'insecurite et d'un profond traumatisme pour la societe allemande. Cependant, ce controle total des denrees n'empeche pas les penuries alimentaires et oblige les Allemands a etre hyperminimalistes en cuisine. Par exemple, des mets rudimentaires comme la soupe de Spatzle sont favorises : il s'agit d'une soupe a base de farine, d'œuf et d'eau, avec un peu de sel [ 49 ] .

Une desintegration toujours plus poussee des pouvoirs au sein d'un Reich aux abois [ modifier | modifier le code ]

A partir de l'hiver 1944-1945, le Reich connait un processus de desintegration de plus en plus accentue au fil des semaines. Ce processus de desintegration se materialise par la decentralisation de la repression et par ce que Bormann appelle ≪ la calamite des communications ≫ [ 50 ] .

En effet, en , Heinrich Himmler confie par decret aux responsables de la police et des SS de chaque Gau le pouvoir de mener des actions dirigees contre les travailleurs etrangers [ 51 ] , percus comme une cinquieme colonne particulierement bien organisee [ 52 ] , et a partir de , Kaltenbrunner autorise ces memes responsables a pratiquer des executions arbitraires a l'encontre de ces populations, ciblant particulierement les travailleurs de l'Est [ 53 ]  ; ces consignes sont appliquees avec zele par la Gestapo, zele annonciateur des massacres des dernieres semaines du conflit [ 54 ] .

Mais la violence est egalement dirigee contre les populations allemandes. En effet, le decret promulgue le par le ministre de la Justice, renforce par un decret d'Adolf Hitler du cree les conditions de l'exercice d'une justice toujours plus decentralisee, sans procedures d'appel : les modalites d'application prevues par Bormann contribuent a accentuer ce processus de decentralisation-desintegration de la justice [ 55 ] .

Toutefois la decentralisation de la repression ne constitue pas le seul facteur de la desintegration du Reich dans les premiers mois de l'annee 1945. En effet, les contraintes liees aux attaques des nœuds de communication accentue le chaos dans un Reich de plus en plus decentralise de fait.

Dans les semaines qui precedent la disparition du Reich, les Gauleiter , representant le NSDAP et l'Etat en province, sont livres a eux-memes, ne recevant plus de consignes applicables de Berlin [ 56 ] , ou alors des directives inapplicables emanant de la chancellerie de Bormann, qu'ils ne prennent meme plus la peine de lire [ 50 ] .

En effet, la ≪ calamite des communications ≫, en realite l'incapacite pour le pouvoir central a communiquer efficacement avec ses representants installes dans les regions eloignees du centre, notamment le Sud du Reich, accelere la desintegration totale de l'Etat central et la fragmentation de ses pouvoirs, le pouvoir central se trouvant davantage chaque jour en incapacite de transmettre ses ordres a ses representants locaux ou regionaux, selon le constat de Goebbels au debut du mois [ 57 ] , tandis qu'une repression feroce, menee par les Gauleiter , la SS et la police, s'abat sur la population [ 56 ] . Au mois d' avril , les autorites centrales de Berlin ne peuvent plus communiquer de facon efficace avec le Sud du Reich, un service de courriers a moto est alors mis en place et transmet le flot des directives de Bormann, une ≪ paperasse inutile ≫ [ 58 ] que plus personne ne prend alors le temps de lire [ 50 ] . Cette deliquescence est visible dans la politique personnelle menee par chaque Gauleiter dans son Gau  : dans le sud du Reich, tous les Gauleiter refusent d'accueillir les refugies des regions envahies par les Sovietiques , malgre les consignes strictes de la chancellerie du Parti [ 59 ] .

Un refuge pour les responsables : la routine [ modifier | modifier le code ]

Face a ce processus de desintegration, les plus hauts responsables du Reich se refugient dans la routine et l'accomplissement de leurs taches et du role de representation qui leur est devolu. Heinrich Himmler fait ainsi etablir une liste d'ouvrages a offrir aux hauts dignitaires de la SS a l'occasion de la fete de Yule ou encore repond au pere de l'un de ses filleuls que le ≪ chandelier de vie ≫ destine au nouveau-ne lui sera adresse des que possible [ 60 ] . Dans les premieres semaines de 1945, le ministre des finances, Lutz Schwerin von Krosigk , adresse une abondante correspondance a Adolf Hitler ou aux autres ministeres leur demandant de considerer la situation financiere et monetaire du Reich, allant jusqu'a suggerer un relevement des tarifs d'un certain nombre de services publics, arguant de leur cout en hausse constante du fait de la prolongation du conflit, ou encore une reforme fiscale, a laquelle Goebbels reproche, fin , de peser sur la consommation [ 61 ] .

Mais Schwerin n'est pas le seul a se focaliser sur son activite principale : dans l'entourage meme d'Adolf Hitler, le maintien des apparences et la perpetuation des habitudes acquises demeurent la regle. En effet, dans la semaine qui precede l'anniversaire d'Adolf Hitler, une exposition de prototypes de nouvelles armes mobilise l'attention du personnel de la chancellerie du Reich, cette derniere devant etre visitee par Adolf Hitler a l'occasion de son anniversaire le [ 62 ] . Bormann, lui, continue d'inonder les cadres superieurs du parti de directives vaines et inapplicables, au grand agacement de Goebbels [ 50 ] . La recherche de cette routine se fait aussi aux echelons inferieurs du NSDAP : le , le Kreisleiter de Freiberg , en Saxe , fait publier une circulaire a destination des militants, contenant un eventail de taches partisanes a accomplir [ 50 ] .

La disparition du Reich [ modifier | modifier le code ]

Adolf Hitler se suicide , avec sa femme, le quand l' Armee rouge arrive a quelques centaines de metres du bunker berlinois du dictateur . Certains de ses collaborateurs se suicident a leur tour les jours suivants, comme Joseph Goebbels . Son successeur, l' amiral Karl Donitz , sachant que rien ne peut sauver le regime, capitule sans conditions le 8 mai 1945 . Il est arrete avec le gouvernement de Flensbourg , dernier vestige de gouvernement allemand qu'il dirige, le , a Flensbourg . Le 20 septembre , plusieurs mois apres la defaite militaire totale de l'Allemagne nazie, la loi n o  1 du Conseil de controle allie , issue d'un accord entre les gouvernements des Allies , abroge l'ensemble des lois d'exceptions constituant la base legislative du regime hitlerien. L'Allemagne est ensuite soumise au processus dit de denazification , destine a effacer toute trace du regime hitlerien et a garantir le retablissement de la democratie .

Bilan des pillages, crimes de masse et destructions [ modifier | modifier le code ]

Camp ≪ Lager Nordhausen  ≫.
Le seul camp de concentration et d'extermination d' Auschwitz-Birkenau vit perir un million de Juifs entre 1942 et fin 1944. Les autres centres de mise a mort furent Chełmno , Sobibor , Treblinka , Belzec , Maidanek , ou des centaines de milliers de Juifs et des tziganes [ 68 ] , [ 69 ] , etaient gazes des leur arrivee. Des fours crematoires faisaient ensuite disparaitre toute trace des victimes. Les nazis recuperaient leurs bagages et leurs vetements, mais aussi les chevelures et les dents en or des cadavres, et faisaient du savon a partir des cendres. [ref. necessaire]
  • Consequences de la guerre voulue par le III e  Reich, les bombardements et les batailles de rue dans les villes du III e  Reich amenerent la destruction de nombreuses villes allemandes a plus de 50, 75 ou 90 %. Ainsi de Berlin, Dresde , Hambourg , Cologne ou Breslau . Une part considerable du patrimoine artistique fut perdue [ 70 ] .

≪ Legs politique ≫ et memoire [ modifier | modifier le code ]

La defaite finale du III e  Reich laisse l'Allemagne en ruines et soumise a un regime d'administration militaire par les Allies . Elle disparait en tant qu'Etat independant jusqu'en 1949 , date a laquelle sont proclamees, a quelques mois d'intervalle et dans le cadre de la Guerre froide , la RFA a l'ouest sur les zones d'occupation americaine, britannique et francaise et la RDA a l'est sur la zone d'occupation sovietique. L'Allemagne, divisee en deux Etats politiquement rivaux, cesse d'exister en tant que pays unifie jusqu'a sa reunification en 1990 . Cinq millions de soldats allemands sont morts au front et trois millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands presents depuis des siecles sont chasses des pays d'Europe centrale et orientale en represailles aux exactions du III e  Reich. L'actuel territoire de la Republique federale d'Allemagne est inferieur d'un tiers a celui du Reich de 1914.

Kurt Georg Kiesinger , politicien allemand, membre du parti nazi puis chancelier allemand.

Apres leur capture, les 16 plus hauts dirigeants du III e  Reich encore vivants sont juges aux proces de Nuremberg en 1946 , lequel declare egalement organisation criminelle plusieurs piliers du regime : le NSDAP , la SS , la Gestapo et le cabinet du Reich. Plusieurs chefs nazis se sont suicides , tels Adolf Hitler , Heinrich Himmler , Joseph Goebbels . D'autres, en fuite, seront traques et retrouves, tels Adolf Eichmann , juge et pendu a Jerusalem en 1962 . D'autres sont morts libres apres s'etre refugies en Amerique du Sud ( Josef Mengele ) ou dans le monde arabe. La denazification imposee a l'Allemagne apres 1945, ainsi qu'une serie de proces et de revocations, n'a pas empeche de tres nombreux serviteurs du III e  Reich de faire de bonnes carrieres administratives, economiques ou politiques apres la guerre, sans etre jamais inquietes, meme lorsque tres compromis. Tout comme les Russes, les Americains recyclerent des agents gestapistes, qui sont ensuite entres entre au service de la CIA , ou des scientifiques compromis tels Wernher von Braun .

Adolf Hitler et Joseph Staline ont brise la continuite historique de leur pays [ 71 ]  ; de surcroit, la ≪ catastrophe allemande ≫ [ 72 ] [ref. incomplete] ne s'est pas produite dans un pays arriere aux mœurs traditionnellement brutales. Les nazis accedent au pouvoir legalement, dans l'un des pays les plus developpes et les plus cultives du monde, celebre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Des lors, la question de la ≪ culpabilite ≫ du peuple allemand dans l'avenement du III e  Reich et de son degre d'adhesion a ses actes ( Schuldfrage ) n'a cesse de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pese lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands a l'etranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant la guerre froide , RFA et RDA se renvoyerent l'accusation d'etre les continuateurs du III e  Reich. Des personnalites comme le philosophe Martin Heidegger ou le chef d'orchestre Herbert von Karajan ont traine toute leur vie comme un boulet le fait d'avoir adhere au parti nazi et de s'etre montres incapables de s'expliquer clairement sur cette adhesion.

Camp de Buchenwald , pres de Weimar, le 24 avril 1945 .

En depit de ce passe, quelques nostalgiques, ainsi que les neo-nazis ou les negationnistes , vantent encore aujourd'hui la grandeur du III e  Reich, pretendant par exemple que ≪ le proces de Nuremberg c'est celui de l'homme blanc, que les chambres a gaz n'ont jamais existe, elles sont tout droit sorties du neant ≫ [ 73 ] . Ces individus, parfois apparentes au mouvement skinhead nazi , sont ultra-minoritaires et guere mediatises, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumiere, comme en Angleterre avec le paki bashing .

Du fait de l'ampleur inedite de ses crimes, le III e  Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des episodes les plus noirs et les plus traumatisants de l' histoire de l'Allemagne et de celle de l'humanite. Ses emblemes et son apologie sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Certains ont aussi adopte des lois contre les negateurs de ses crimes contre l'humanite , comme en France, en Autriche ou en Allemagne meme. Sans equivalents meme dans l' URSS stalinienne , sa ≪ violence congenitale ≫ [ 74 ] [ref. incomplete] , son ideologie raciste et ses volontes expansionnistes et genocidaires, et surtout la specificite radicale amplement etablie de la Shoah, singularisent communement le III e  Reich comme un regime intrinsequement criminel. Il pose de ce fait a l'historiographie, mais aussi a la conscience universelle, des angoisses et des interrogations jamais totalement resolues.

Dans les pays europeens, la reconnaissance du genocide des tziganes , le porajmos , reconnu par le chancelier allemand Helmut Schmidt en 1982, est tardive [ 75 ] , [ 76 ] . Par exemple, en France, il faut attendre 2019 pour qu'il soit aborde au programme scolaire de terminale [ 77 ] . Depuis les annees 2010, de nombreuses archives des massacres ont ete redecouvertes [ 78 ] , [ 79 ] , [ 80 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

Notes [ modifier | modifier le code ]

  1. Nom utilise de 1943 a 1945 : ≪ Reich grand-allemand  ≫ ou ≪ Grand Reich allemand ≫ ( Großdeutsches Reich ).
  2. Democratie de jure car la Constitution de Weimar n'est pas abrogee, bien qu'elle devienne caduque de facto et qu'Adolf Hitler utilise le titre de Fuhrer en fusionnant les fonctions de chancelier du Reich et de president du Reich , qui est cependant repris par son successeur Karl Donitz , lors des dernieres semaines du regime.
  1. Incluant les territoires annexes et incorpores de facto .

References [ modifier | modifier le code ]

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  33. les 3 K : Kirche, Kinder, Kuche en francais ≪ eglise, enfants, cuisine ≫.
  34. Du moins si leurs caracteristiques raciales le leur permettaient : jusqu'en 1945 , 200 000 femmes sont sterilisees .
  35. Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 a 1945 .
  36. a et b Martin Broszat L'Etat hitlerien , p.  263.
  37. a b c d et e Martin Broszat L'Etat hitlerien , p.  264.
  38. Martin Broszat L'Etat hitlerien , p.  265.
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  40. Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 a 1945 , p.  118-119.
  41. a et b Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 a 1945 , p.  144.
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  43. Cette formulation decoule du Generalplan Ost .
  44. Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 a 1945 , p.  147.
  45. L'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie a entraine l'Europe en guerre. Neanmoins d'autres pays comme le Nepal ont declare la guerre des 1939. Neanmoins, c'est l'invasion par l'empire du Japon de pays asiatiques ainsi que l'attaque sur Pearl Harbor qui ont entraine la guerre mondiale.
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Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]