De facon generale, la
liberte
est un terme qui designe la possibilite d'action ou de mouvement.
Pour le sens commun, la liberte s'applique principalement aux individus et s'oppose a la notion d'enfermement ou de sequestration. Une personne qui vient de sortir de
prison
est dite libre. Le sens original du mot liberte est d'ailleurs assez proche : l'homme libre est celui qui n'a pas le statut d'
esclave
.
La liberte est un sujet difficile. Bien que tous aspirent a etre libres, il y a presque autant de definitions de la liberte qu’il y a d’individus. Ainsi, chaque societe a du etablir certains principes de base pour s’entendre sur ce que devrait etre la liberte.
Pour commencer, on peut definir la liberte comme la possibilite qu’a une personne de penser, de s’exprimer et d’agir selon ses valeurs, ses croyances, ses besoins et ses desirs. La liberte permet, par exemple, a une personne de faire des choix. Ces choix peuvent etre tres simples, comme selectionner une chanson que l’on a envie d’ecouter. Il arrive aussi que ces choix soient plus complexes parce qu’ils impliquent des obligations.
En
philosophie
, en
sociologie
, en
droit
et en
politique
, la liberte est une notion majeure : elle marque l'aptitude des individus a exercer leur
volonte
avec ? selon l'orientation politique des discours tenus ? la mise en avant de nuances dont aucune n'epuise le sens integral :
- formulation negative : ou l'on pointe l'absence de soumission, de servitude, de contrainte, d'
alienation
… que celles-ci soient exercees par d'autres individus (exemple : l'
esclavage
) ou - non plus physiquement mais operant sur les
mentalites
- par la
societe
(exemples : la
propagande
, le
controle social
ou la
loi
, des lors que certaines dispositions sont vecues comme
liberticides
, comme la
videosurveillance
, le
confinement
ou encore la
prohibition
) ;
- formulation positive : ou l'on affirme l'
autonomie
et la spontaneite du sujet
rationnel
; les comportements humains
volontaires
se fondent sur la liberte et sont qualifies de libres ;
- formulation relative : differents adages font ressortir l'equilibre a trouver dans une alternative, visant notamment a rendre la liberte compatible avec des principes de philosophie politique tels que l'
egalite
et la
justice
. Ainsi : La ≪ liberte consiste a pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas a autrui ≫ (art. 4 de la
Declaration des droits de l'homme
), ce qui implique la possibilite de ≪ faire tout ce qui n'est point interdit, comme ne pas faire ce qui n'est point obligatoire ≫ (art. 5), la ≪ liberte de dire ou de faire ce qui n'est pas contraire a l'ordre public ou a la morale publique ≫ (droit administratif) ou encore ≪ La liberte des uns s'arrete la ou commence celle des autres ≫ (peut-etre inspire par
John Stuart Mill
)
[
1
]
. Dans une telle formulation, la liberte est etroitement liee au concept de
droit
, allant jusqu'a confondre les deux notions.
Cette notion renvoie a une double reflexion :
- d'une part sur la liberte en tant que questionnement sur la capacite de choisir et de faire ;
- d'autre part comme questionnement sur l'exercice concret de ce pouvoir de choisir et de faire.
Dans la mesure ou ces deux perspectives se recoupent de diverses manieres, leur chevauchement peut provoquer des erreurs d'interpretation dans les analyses et la confusion dans les debats. Il faut donc prendre soin de distinguer les differents sens de ce mot.
D'un point de vue
semantique
, le
TLFi
definit la liberte comme un etat ou le sujet n'est pas l'objet de contrainte
[
2
]
.
L'existence d'un degre de liberte suppose que le sujet soit confronte au moins a une alternative. Le propre de cette situation implique qu'un libre choix est possible, qui ne peut s'exprimer que par un renoncement aux autres possibilites. Il en resulte que necessairement, l'attribution d'une possibilite d'agir, rend impossible une ou plusieurs autres possibilites d'agir et modifie donc d'autant le champ de libertes d'un individu.
D'autre part, l'interpretation des contraintes contenues dans l'alternative rencontree n'est pas neutre dans la determination du choix tant cette analyse conditionne l'evaluation du champ des possibilites. Il existe evidemment une infinite de tels ensembles : Pour une meme situation, des operateurs distincts voient donc sous le mot ≪ liberte ≫ des notions parfois fort differentes. A fortiori lorsque cette meme situation se reporte dans un contexte different.
La
theorie des jeux
enseigne que le choix est egalement affecte par la perception d'enjeux partages avec d'autres.
- Dans une situation d'≪ enjeu ferme ≫, le choix opere determine des effets qui produisent des consequences qui ne peuvent se realiser objectivement et necessairement qu'au detriment ou a l'avantage d'une des parties. Ce qui est gagne par l'un est forcement perdu par l'autre. Le choix s'operant ? qu'on le veuille ou non ? dans un contexte de rivalite.
- Dans une situation d'≪ enjeu ouvert ≫, le choix opere produit des consequences qui peuvent etre reportees non pas sur les parties immediatement presentes au choix, mais sur des tiers qui ne sont pas forcement presents au debat et peuvent a la limite jouer le role de ≪
bouc emissaire
≫
La liberte peut donc constituer un attribut de l'
etre humain
, de sa
volonte
, et etre la condition de
droits
naturels ou positifs, mais aussi de
devoirs
et obligations.
Comme le dit
saint Augustin
≪ Aime, et fais ce que tu veux ≫
: en ce sens, la liberte est l'expression d'une dynamique comprise comme etant aussi une
responsabilite
.
La
Declaration universelle des droits de l'homme
(1948) pointe la distinction entre ≪ liberte negative ≫ (le fait d'etre delivre de l'ingerence d'autrui dans l'exercice d'activites que l'on peut faire par soi-meme) et la ≪ liberte positive ≫ (le fait d'etre delivre des facteurs restrictifs comme la faim, la maladie, l'insecurite, l'indigence, etc.). De ce fait, le texte distingue :
- les droits-libertes ou droits fondamentaux (liberte d'expression, de mouvement, de conscience…) qui garantissent la sphere d'autonomie de l'individu face aux pouvoirs externes et notamment ceux de l'Etat. Ces droits sont necessaires mais pour
Karl Marx
demeurent des droits formels, des droits ≪ bourgeois ≫ : ≪ ce sont les droits de l'homme egoiste, de l'homme separe de l'homme et de la communaute ≫
[
3
]
. Dans cette perspective, la defense des Libertes est assuree par un
Etat minimal
;
- les droits-creances ou droits reels (droit au travail, assistance sociale, sante, logement, culture). Ainsi la liberte de poursuivre des etudes superieures peut demeurer pour certains citoyens une liberte formelle si les droits d'inscription ou les conditions economiques constituent une entrave a l'exercice de ce droit. Dans cette perspective, un
droit
est considere comme un
du
, c'est-a-dire une
creance
de l'Etat envers ses citoyens. Un
Etat providence
est alors requis pour garantir l'acces effectif de chacun aux ≪libertes≫ censees etre accessibles a tous.
L'exercice de la liberte doit comporter une dimension vecue que l'on ne saurait reduire au seul choix volontaire. D'une certaine maniere ≪ la liberte s'use si l'on ne s'en sert pas ≫. Ces deux aspects de l'existence humaine se distinguent, pour se rejoindre et se renforcer l'un l'autre ou au contraire s'amenuiser ou aller jusqu'a se detruire reciproquement. Ainsi, dans une societe, l'existence des libertes juridiques peut etre objectivement reconnue, alors que dans la pratique effective, la
realite
(son existence dans nos actes) et l'
essence
(la conception que nous nous en faisons) de la liberte peuvent poser probleme.
Liberte principe philosophique ou liberte pratique socio-politique
[
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]
L'enquete socio-politique sur la pratique de la liberte est au moins aussi fondamentale que le questionnement concernant le probleme philosophique de son existence et de son eventuelle essence. Il faut cependant garder a l'esprit que les deux aspects se recoupent.
On
[Qui ?]
distingue au niveau de l'individu plusieurs ≪ types ≫ de libertes :
La liberte naturelle : selon laquelle la nature autorise l'homme a employer l'ensemble de ses facultes comme il l'entend.
La
liberte civile
: elle s'inscrit dans le cadre d'un homme citoyen etant libre de ses actes, tant que ceux-ci ne nuisent pas a autrui et ne sont contraires a aucune Loi. Cette liberte est tres delicate d'application, en particulier en ce qui concerne le droit de la
concurrence
, puisque toute creation de commerce nuit
par principe
aux commerces anterieurs existant dans le voisinage. On y associe souvent la maxime suivante : ≪ La liberte des uns s'arrete la ou commence celle des autres ≫.
La
liberte de circulation
: dans la meme optique que la precedente, elle reconnait a l'homme le droit d'aller et venir librement sur le territoire national, ce qui inclut la possibilite d'y entrer ou d'en sortir. Cette liberte a ete etendue en Europe grace aux
accords de Schengen
, permettant la libre circulation des personnes dans l'espace de la
Communaute europeenne
.
La
liberte de culte
ainsi que la
liberte de conscience
: la liberte de culte permet a chaque individu de pratiquer la religion de son choix, la liberte de conscience permet de ne pas avoir de croyance religieuse. La declaration des droits de l'homme et du citoyen en fixe pour limite : l’absence de trouble a l'ordre public.
La
liberte d'opinion
consiste en la
liberte de pensee
associee a la
liberte d'expression
: elle permet a chacun de penser et d'exprimer ses pensees sans censure
prealable
, mais non sans sanctions, si cette liberte porte prejudice a quelqu'un. Elle va de pair avec la
liberte de la presse
, qui est celle d'un proprietaire de journal de dire ce qu'il veut dans son journal.
La
liberte economique
: elle permet a chacun de percevoir des revenus de son
travail
et de pouvoir affecter ces derniers librement : liberte de travailler et de consommer. Nul ne peut se voir refuser
par principe
un emploi pour des considerations autres que de qualification professionnelle (par exemple sexe, origine ethnique, age ou religion).
La
liberte contractuelle
: les individus doivent etre libres de definir eux-memes les termes des contrats qu'ils passent entre eux.
La liberte n'est pas qu'individuelle, elle existe aussi a un niveau global, plus collectif, avec par exemple la liberte de la presse, qui permet une libre publication, sans subir de censure.
Les differentes libertes collectives :
la
liberte d'association
:
la
liberte de la presse
: elle permet a chacun de publier librement ses pensees ou ses opinions, sans etre sujet a la
censure
ou a tout autre mesure arbitraire ou autoritaire ;
la
liberte de reunion
: elle permet aux individus de se reunir librement pour debattre de leurs opinions ;
la
liberte syndicale
: elle permet aux salaries de former et d'adherer ou non a des
organisations syndicales
pour les representer et faire valoir leurs droits et revendications.
En matiere d'exercice des libertes collectives, la mise en œuvre concrete de la notion de liberte peut parfois conduire a des situations paradoxales comme dans le cas de la
liberte de la presse
, par exemple. Ainsi la concentration des moyens techniques et financiers importants, le soutien des
annonceurs publicitaires
necessaires aujourd'hui aux organes d'information, en particulier
radiophoniques
ou
audiovisuels
, tend a restreindre le nombre des operateurs disposant des moyens necessaires et suffisants pour agir. La consequence etant la formation de
cartels
qui, pour proteger leur situation, pratiquent de facon ≪ spontanee ≫ et ≪ plus ou moins consentie ≫ l'
autocensure
en raison :
des
groupes de pression
qui exercent leur influence sur leur actionnariat
de leurs liens avec les annonceurs publicitaires qui ne souhaitent pas associer certaines prises de position avec leur image de marque,
de la pression de l'
audimat
.
La detention des moyens d'expression peut ainsi conduire a relativiser le pouvoir de controle et de critique de l'individu sur ces vecteurs… L'abolition de la
censure
n'est donc plus un gage suffisant de liberte: S'il est vrai que les publications ne sont plus soumises a des decisions arbitraires, les vecteurs de l'information jouissent d'une marge de manœuvre conditionnee essentiellement par leur actionnariat, leurs annonceurs et leur audience . Dans ce difficile equilibre, il n'est pas certain que la richesse et la diversite des individus puisse librement s'exprimer. La legitimite de l'information et des medias (presentes comme le quatrieme pouvoir, a l'instar des pouvoirs executif, legislatif et judiciaire) est de ce point de vue en question.
Le developpement d'
internet
a grandement facilite et decuple les echanges d'information, ce qui pose de nombreuses questions ethiques relatives aux libertes.
Il n'est pas souhaitable, notamment pour une entreprise qui souhaite proteger son
capital intellectuel
, de divulguer des informations sur le reseau internet mondial. Il est parfois necessaire d'etablir des regles, et differents niveaux d'acces et de confidentialite pour les
parties prenantes
[
4
]
.
Le logiciel libre cherche a donner la liberte a ses utilisateurs d'utiliser leurs
programmes
comme ils le veulent, sans restrictions artificielles et sans donner au programmeur le pouvoir absolu sur le fonctionnement du programme
[
5
]
. L'utilisateur a egalement la liberte d'etudier le fonctionnement du programme, de le modifier et de le partager librement
[
6
]
. Cette liberte n'est pas
anticapitaliste
et est compatible avec la
commercialisation
du logiciel
[
7
]
. Un des exemples les plus notables de logiciel libre est le
systeme d'exploitation
GNU
, a la base du mouvement, mais le
noyau Linux
,
LibreOffice
,
Mozilla Firefox
[
8
]
, le moteur wiki de
Wikipedia
[
9
]
, et
beaucoup d'autres
en sont egalement.
Le
mouvement du logiciel libre
vise a favoriser l'acces a la
connaissance
et aux techniques de maniere universelle, ce qui, a l'heure de la
mondialisation
, represente un element pour la defense des
libertes individuelles
dans les pays emergents, les rendant techniquement independants des pays ≪ deja developpes ≫.
D'apres leurs detracteurs, les
brevets logiciels
entraineraient la formation de
trusts
surpuissants juridiquement qui seraient peu compatibles avec les libertes individuelles car ils pourraient avoir des droits exclusifs sur les idees de base necessaire a la creation de logiciel
[
10
]
.
La culture libre est un courant de pensee defendant et agissant pour l'egalite en droits des Hommes face a la connaissance et aux œuvres de l'esprit qui en decoulent.
Les licences libres sont une forme de concretisation de la culture libre. Une œuvre sous licence libre possede quatre caracteristiques fondamentales :
- la liberte d'utiliser l'œuvre pour tous les usages ;
- la liberte de la copier et de diffuser des copies ;
- la liberte de l'etudier ;
- la liberte de la modifier et de diffuser des copies de l'œuvre resultante.
A la base liee aux
logiciels libres
, la culture libre s'etend a tout media, a toute la culture, a toute information : aux encyclopedies (ex :
Wikipedia
), aux livres (ex:
wikisource
), a l'education (
wikiversite
,
Ressources educatives libres
), aux videos, aux films (
Fondation Blender
), aux jeux ; mais egalement a la science, la recherche, les brevets, et l'economie.
La liberte telle que nous l'entendons (comme propriete metaphysique ou comme condition transcendantale de la
volonte
) etait assez largement ignoree dans l'
Antiquite
. Cela tient d'abord au fait que la volonte n'est pas pour les hommes antiques une
faculte
a part du psychisme, et que le psychisme n'est pas separable de l'organisme (cf.
Aristote
,
De l'ame
).
L'ame, chez les
Grecs
, est un principe d'animation du vivant : le
pneuma
(du grec ancien
πνε?μα
/
pneuma
, ≪ energie vitale ≫), (par exemple, le cheval a une
pneuma
, que l'on a traduit improprement
ame
dans les traductions du grec au francais), alors que la comparaison pour nous de l'ame et d'un etre vivant concret est bien difficile. (Du point de vue moderne, l'ame est plutot l'esprit, la pensee ou la conscience, ou quelque chose d'interieur qui peut se distinguer de la vie animale. L'ame est en general quelque chose qui ne peut proprement s'attribuer a l'animal, bien que l'
ethologie
contemporaine etudie et ne nie pas l'existence d'une
sensibilite animale
et de
comportements animaux
.)
Une consequence importante de cette conception ancienne de l'ame, c'est que l'action, ou du moins un certain type d'actions, a pour les Grecs une dignite moindre (par exemple l'esclavage et l'artisanat). Par nature, un etre qui
travaille
n'est pas ≪ libre ≫ (
Aristote
,
Politiques
) car son activite deforme son corps et altere en consequence les qualites de son ame. Ce qui a de la valeur, la finalite par excellence de l'activite humaine, c'est la
pensee
, l'activite de l'intellect, concue comme la finalite et le vrai bien de l'ame : la liberte de l'homme serait donc dans la contemplation qui necessite d'ailleurs des conditions de vie d'hommes libres. (
Το ε?δαιμον το ελε?θερον, το δ’ ελε?θερον το ε?ψυχον ie.
heureux sont les libres et libres sont les courageux.) Cette liberte n'est pas contraire a la nature et a sa necessite, puisqu'elle est la realisation parfaite de l'essence de l'homme (il ne faut donc pas confondre l'emploi qui est fait ici du mot liberte avec d'autres emplois qui sont faits ailleurs dans l'article).
L'
ecole cynique
(
Diogene de Sinope
) definit la liberte comme un individualisme qui permet a l'individu de se realiser en remettant en question tous les tabous sociaux.
La liberte dans le droit n'est apparue qu'a la fin de l'Antiquite, lorsque la
liberte religieuse
a ete octroyee aux chretiens par
Galere
avec l'
edit de Sardique dit ≪ de Galere ≫
(
311
), puis par
Constantin
I
er
avec l'
edit de Milan
(
313
)
[
11
]
.
Le
christianisme
vient ensuite modifier cette conception, avec l'idee d'un
dieu
qui est volonte et qui cree, l'idee d'un dieu artisan (cf.
Paul de Tarse
). Cette idee de l'artisan se rencontre deja chez
Platon
, mais sous une forme qui n'est pas
creationniste
: la
theologie
antique fait plutot de Dieu un intellect non implique dans la creation de la matiere, meme s'il peut y etre engage, par exemple pour y mettre de l'ordre. L'action va donc prendre de la valeur, ou changer de valeur, dans la mesure ou le libre arbitre est maintenant metaphysiquement valorise : cette valorisation a une origine
morale
, en particulier pour l'explication du
peche
. Le prix a payer de la
theodicee
(pour conserver la
volonte
juste de Dieu), c'est la malediction de la liberte humaine, qui fait de l'homme un coupable par
nature
.
Le
libre arbitre
(
liberum arbitrium
) chretien apparait nettement dans un ecrit de jeunesse d'
Augustin d'Hippone
(
De Libero arbitrio
). Sa finalite etait de fonder une
theodicee
; ce concept permet en effet de disculper Dieu de la responsabilite du mal, qui est une creation humaine ou diabolique (c'est la l'invention de l'interiorisation du peche denoncee par
Friedrich Nietzsche
)
[
12
]
. La motivation est donc theologique et non anthropologique. Plus tard, Augustin d'Hippone est amene a critiquer le moine breton
Pelage
qui a repris son
De Libero arbitrio
, en affirmant que, dans le
Livre de la Genese
, l'homme a abuse de sa liberte en mangeant le fruit de l'
arbre de la connaissance du bien et du mal
(Genese, chapitre 3). C'est l'origine de la doctrine dite du
peche originel
. Augustin d'Hippone a ecrit de nombreux livres anti-pelagiens qui decrivent cette doctrine, reaffirmee au
XVI
e
siecle
lors du
concile de Trente
.
Par la suite, le libre arbitre deviendra un trait fondamental de l'anthropologie de
Thomas d'Aquin
.
L'Eglise catholique affirme que l'homme a ete cree libre, mais qu'il a abuse de cette liberte en mangeant du fruit de l'
arbre de la connaissance du bien et du mal
. L'expression ≪ peche originel ≫ ne figure pas dans la Bible, mais est employee dans le catechisme de l'Eglise catholique (§ 1707)
[
13
]
:
≪ Seduit par le Malin, des le debut de l’histoire, l’homme a abuse de sa liberte (GS 13, § 1). Il a succombe a la tentation et commis le mal. Il conserve le desir du bien, mais sa nature porte la blessure du peche originel. Il est devenu enclin au mal et sujet a l’erreur. ≫
Concernant plus particulierement la
liberte de religion
, a la demande du pape
Jean XXIII
, le
concile Vatican II
a adopte la declaration
Dignitatis humanae
(1965) qui reconnait la liberte religieuse pour tous.
Dans l'
exhortation apostolique
Reconciliatio et paenitentia
(
),
Jean-Paul II
affirme que, ≪ en partant de quelques-unes des affirmations de la psychologie, la preoccupation de ne pas culpabiliser ou de ne pas mettre un frein a la liberte porte a ne jamais reconnaitre aucun manquement ≫. Selon lui, cette conception de la liberte, qui est un resultat des sciences sociales dans la societe contemporaine, est responsable de la perte du sens du
peche
[
14
]
.
Dans l'instruction
Libertatis conscientia
sur la liberte chretienne et la liberation (
), le
cardinal Joseph Ratzinger
, prefet de la
Congregation pour la doctrine de la foi
, affirme : ≪ Dans la volonte de liberte de l'homme se cache la tentation de renier sa propre nature. En tant qu'il veut tout vouloir et tout pouvoir et par la oublier qu'il est fini et qu'il est cree, il pretend etre un dieu. ≪ Vous serez comme Dieu ≫ (Gen 3, 5). Cette parole du serpent manifeste l'essence de la tentation de l'homme ; elle implique la perversion du sens de sa propre liberte ≫. Selon lui, ce genre de tentation fait perdre le sens du
peche
, de sorte que la volonte d'etre libre aboutit presque toujours a l'esclavage et a l'oppression
[
15
]
.
On voit, par ce bref historique, que le probleme de la liberte en
Occident
n'est pas separable de l'
histoire
de l'ontologie de Dieu. Ceci est encore valable meme au
XX
e
siecle
, chez
Sartre
par exemple (voir plus bas), lorsqu'il renverse le rapport de l'
essence
et de l'
existence
.
La realisation de la liberte, sa pratique politique, cree de nombreuses tensions : sommes-nous plus libres sans les autres ? Comment penser la liberte par rapport aux libertes ? La liberte pour tous est-elle une veritable liberte ?
L'autonomie politique est incarnee par la figure du
citoyen
, qui abandonne son independance naturelle pour se soumettre volontairement a des lois qui sont, au moins idealement, les memes pour tous (
Hobbes
,
Rousseau
[
16
]
). C'est a cette condition que, selon cette theorie, les hommes peuvent etre libres ensemble. Mais les lois peuvent etre ressenties comme une alienation de leur liberte par les individus.
Il existe cependant un point de vue oppose a cette vision de l'education comme moyen de la liberte qui peut etre regroupee sous le nom de ≪ paradigme du bon sauvage ≫. Ainsi au
XVIII
e
siecle
,
Jean-Jacques Rousseau
defendait un
paradigme
du
bon sauvage
, considerant l'
education
comme une domestication de l'homme, et la
societe
comme un
carcan
. Ce point de vue, qui sera developpe par
Sigmund Freud
dans son essai
Malaise dans la civilisation
(1929), a ete discute des la
Revolution francaise
. Un ouvrage comme
Sa Majeste des mouches
de
William Golding
suggere au contraire que l'homme prive des contraintes sociales n'en devient pas necessairement meilleur.
S'il n'y a pas de chapitre specifiquement consacre a la ≪ Question de la Liberte ≫ dans
Etre et Temps
, l'on a cependant pu dire que ≪ la pensee du philosophe
Martin Heidegger
demeure jusqu’a la fin une pensee de la liberte tout comme elle est une pensee du temps ≫, comme le souligne le philosophe allemand
Gunter Figal
dans son
Martin Heidegger. Phanomenologie der Freiheit
, qui voit toute l'analyse du
Dasein
constituer une introduction a la comprehension de ce que veut dire pour lui la liberte, cite par Hans Ruin
[
17
]
.
- ↑
John Stuart Mill,
De la liberte
,
p.
100
: ≪ La liberte de l'individu doit etre ainsi bornee : il ne doit pas se rendre nuisible aux autres. ≫
- ↑
Informations
lexicographiques
et
etymologiques
de ≪ liberte ≫ dans le
Tresor de la langue francaise informatise
, sur le site du
Centre national de ressources textuelles et lexicales
I.
- ↑
K. Marx,
La question juive
.
- ↑
Conference du 30 avril
1998
sur l'internet.
- ↑
≪
Logiciel privateur - Projet GNU - Free Software Foundation
≫, sur
gnu.org
(consulte le
)
.
- ↑
≪
Qu'est-ce que le logiciel libre ? - Projet GNU - Free Software Foundation
≫, sur
gnu.org
(consulte le
)
.
- ↑
≪
Vendre des logiciels libres - Projet GNU - Free Software Foundation
≫, sur
gnu.org
(consulte le
)
.
- ↑
A noter que Firefox propose des modules non libres pour etendre ses possibilites, ce qui est sujet a controverse dans la communaute du logiciel libre. Un derive de Firefox entierement libre
GNU IceCat
, n'incite pas a l'installation de modules non libres.
- ↑
(en)
≪
What is MediaWiki?
≫, sur
mediawiki.org
.
- ↑
≪
Brevets logiciels et brevets litteraires - Projet GNU - Free Software Foundation
≫, sur
gnu.org
(consulte le
)
.
- ↑
L'edit de tolerance de Milan (13 juin 313), L'histoire pour tous, 19 mars 2013
.
- ↑
A noter que la disculpation de Dieu est relative, puisqu'on peut toujours lui reprocher d'avoir cree l'homme avec cette deficience, ou d'avoir cree le diable pour le corrompre.
- ↑
Catechisme de l'Eglise catholique
.
- ↑
Jean-Paul II, exhortation apostolique
Reconciliatio et paenitentia
.
- ↑
Joseph Ratzinger, instruction
Libertatis conscientia
.
- ↑
Theorie explicitee dans
Du contrat social
,
texte disponible
sur
Wikisource
.
- ↑
Hans Ruin - Le sort de la liberte chez Heidegger-KLESIS ? Revue philosophique page 60: Melanges phenomenologiques / avril 2008
http://www.revue-klesis.org/pdf/Hans-Ruin-Klesis.pdf
.
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