Informations generales
Date
|
-
|
Lieu
|
Tyrol
|
Issue
|
Victoire francaise
|
Forces en presence
3 000 hommes
(mars)
25 000 hommes
(mai)
20 000 hommes
(juillet-aout)
42 000 hommes
(octobre-novembre)
|
20 000 hommes
(effectif maximum)
80 000 hommes
(effectif total)
|
5 000 a 10 000 morts au total
[
1
]
Cinquieme Coalition
Batailles
modifier
La
rebellion tyrolienne
est un soulevement
contre-revolutionnaire
[
3
]
de paysans de la province du
Tyrol
contre le
royaume de Baviere
, vassal de l'
Empire francais
. Vaincu en 1805, l'
empire d'Autriche
cede le Tyrol a la Baviere ; cependant, la politique
anticlericale
et
centralisatrice
du nouveau regime provoque l'hostilite de la majeure partie de la population tyrolienne. En 1809, soutenus par Vienne, les paysans se rebellent. Menes par
Andreas Hofer
ils remportent plusieurs victoires et repoussent plusieurs offensives francaises et bavaroises avant d'etre finalement vaincus au bout de plusieurs mois.
Le
Comte de Tyrol
est une possession des
Habsbourg
depuis 1363
[
4
]
, il dispose d'une
Diete
, (ou sont representes quatre ordres ; la noblesse, le clerge, la bourgeoisie et la paysannerie) qui administre le pays et d'un capitaine de province, charge du pouvoir judiciaire, de la defense du pays, de la religion
catholique
et des libertes de la province. L'autorite autrichienne est representee par le gouverneur, nomme par l'empereur
[
5
]
.
A la fin du
XVIII
e
siecle
, le Tyrol compte 600 000 habitants, dont 4 % appartiennent a la
noblesse
et au
clerge
, 17 % a la
bourgeoisie
et 78 % a la
paysannerie
. Le niveau de vie de la province est plutot aise, le
servage
y est aboli depuis plusieurs siecles, 40 % des paysans sont proprietaires de leurs terres. La region de
Landeck
avec la vallee de l'
Inn
est la plus pauvre, les vallees de l'
Adige
et de l'
Eisack
en revanche sont prosperes. La population est essentiellement
germanophone
mais compte un quart de locuteurs
italiens
ainsi qu'une minorite de
Ladins
[
6
]
.
La population tyrolienne demeure tres attachee au
catholicisme
, marquee par la presence des
jesuites
pendant le
XVIII
e
siecle ainsi que par la secularisation de la
principaute episcopale de Trente
et de
Bressanone
annexees par le comte en
1803
. Elle s'oppose aux reformes
liberales
,
anticlericales
et
centralisatrices
du
Josephisme
, politique initiee par l'empereur
Joseph II du Saint-Empire
, qui pousse le pays au bord de la revolte. Cette politique prend fin sous les regnes de
Leopold II
et
Francois II
[
7
]
.
Depuis un edit date de 1511, les
Tyroliens
sont autorises a porter des armes a feu, mais tous les hommes ages de 18 a 60 ans sont tenus de former une milice en cas d'invasion etrangere. Celle-ci est levee pour la premiere fois en 1703 ou elle repousse les troupes francaises et bavaroises a Pontlatzer Brucke pres de
Landeck
, pendant la
guerre de Succession d'Espagne
. A la suite de ce succes, ce systeme de milice se developpe au Tyrol, les hommes ages de 18 a 40 sont mobilisables dans les compagnies de tirailleurs (
Schutzen
), et ceux de 40 a 60 ans en reserve, dans la milice territoriale (
Landsturm
). Ils sont tenus de s'entrainer au tir tous les dimanches, elisent leurs capitaines et ne peuvent etre deployes en dehors du Tyrol
[
8
]
.
Les milices sont levees de nouveau a partir de 1796, a la suite de la
campagne d'Italie
. En 1797, les Tyroliens affrontent les Francais commandes par le general
Joubert
et les battent a
Cembra
. A partir de 1799, Ils adoptent une sorte d'uniforme apres que certains de leurs miliciens aient ete captures et fusilles par les Francais. D'abord disparates, ils se generalisent par la suite, avec un col vert, un brassard et une cocarde verte et blanche. En 1799, lors de la
seconde campagne d'Italie
, les milices sont a nouveau engagees sur la
frontiere suisse
[
9
]
.
En 1805, pendant la guerre de la
troisieme coalition
, des troupes autrichiennes sont deployees au Tyrol, sous les ordres de l'archiduc
Jean
, le plus jeune frere de l'empereur d'Autriche
Francois
I
er
. Mais apres la victoire de
Napoleon
a
Ulm
, les troupes francaises menees par le marechal
Ney
entrent au Tyrol en novembre. Sur ordre de l'empereur, l'archiduc Jean doit abandonner le pays. Les Francais ecrasent les miliciens tyroliens a
Scharnitz
mais sont durement malmenes au col de Strub, neanmoins tout le territoire est occupe en novembre. Dans une proclamation l'archiduc Jean promet a la population que l'Autriche reviendra liberer le Tyrol
[
10
]
.
Des la fin du mois les troupes francaises sont relevees par les troupes bavaroises. Le
, l'Autriche vaincue a
Austerlitz
signe le
traite de Presbourg
. Le Tyrol est rattache au
royaume de Baviere
, vassal de
Empire francais
. Le roi
Maximilien
I
er
de Baviere
promet que la constitution du Tyrol sera respectee, cependant le nouveau regime devient rapidement impopulaire. D'une part les impots augmentent de 20 % et l'application du
blocus continental
appauvrit le pays. En
, le Tyrol est officiellement supprime et divise en trois departements. La Diete, les charges de capitaine de province et de gouverneur sont supprimees. Le pouvoir civil est tenu par le commissaire de la Cour Arco, cependant ce dernier juge trop modere, est remplace par trois autres commissaires ; Maximilien Lodron, Georg von Aretin et Johann von Welspeg, chacun a la tete d'un departement. Des fonctionnaires venus de Baviere sont envoyes au Tyrol afin d'en faire un pays bavarois
[
11
]
.
Cependant la premiere cause de mecontentement est la politique religieuse
anticlericale
de la Baviere. Plusieurs fetes religieuses sont interdites, ainsi que les
pelerinages
et les
processions
, le but etant d'ameliorer le niveau de vie des paysans en augmentant le nombre des journees de travail. A partir de 1807, de nombreux couvents sont fermes et leurs biens saisis. Le clerge proteste, de nombreux pretres refusent d'obeir, plusieurs sont arretes par la police et exiles. L'annee 1807 voit la formation des premiers groupes de conjures
[
12
]
.
La meme annee, la Baviere lance une campagne de recrutement afin d'augmenter ses effectifs militaires. Un bataillon de volontaires est d'abord forme, cependant 300 hommes sur 900 desertent lorsqu'ils sont envoyes en Baviere. En
, le gouvernement bavarois decide de lever au Tyrol 1 000 hommes pour un service de six ans, les appeles sont tires au sort par les des, mais presque tous les jeunes conscrits prennent la fuite et partent se cacher dans les montagnes
[
13
]
.
Le
, la Baviere adopte une nouvelle constitution, les trois departements tyroliens perdent leur lois particulieres et sont traites comme tout departement bavarois
[
13
]
.
Consciente de l’impopularite de l’occupation bavaroise dans le Tyrol, l’Autriche multiplie les contacts avec la province a partir de l’annee 1808. Tres attache au Tyrol ou il est tres populaire, l’archiduc Jean defend le projet d’une insurrection du pays appuyee par une entree des troupes autrichiennes
[
14
]
.
Trois conjures, Franz Nessing, Peter Huber et
Andreas Hofer
se rendent a
Vienne
en
afin d’exposer la situation de la province, ils reclament des troupes, des munitions, une bonne intendance et le retablissement de la constitution tyrolienne. Le
, ils repartent pour le Tyrol avec des fonds pour organiser les compagnies
[
14
]
.
Le plan de l’archiduc
Jean
est approuve par l’empereur
Francois
I
er
malgre l’opposition de l’archiduc
Charles
et de l’imperatrice
Marie-Louise
a un soulevement populaire. L'insurrection est fixee pour le
avant d’etre reportee en avril. Les conjures, des aubergistes majoritairement, s’attachent alors a organiser les groupes d’insurges, a choisir des chefs dans tout le
Tyrol
. Seul le
Trentin
, au sud, semble moins dispose a l’insurrection. Des tracts sur la
guerre d’Espagne
et la
guerre de Vendee
sont distribues par le clerge afin de servir d’exemple
[
14
]
.
La police bavaroise a de forts soupcons, certains conjures, dont Hofer, sont identifies, mais elle sera prise de court par les evenements. Seulement 3 000 soldats bavarois commandes par le general Kinkel forment alors la garnison du Tyrol
[
14
]
.
L’insurrection tyrolienne et l’offensive autrichienne
[
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|
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]
En
, la guerre de la
cinquieme coalition
commence. Dans la nuit du 8 au
, a minuit, une armee autrichienne de 7 000 hommes et 17 canons entre au Tyrol. Cette force, divisee en neuf bataillons, est sous les ordres du lieutenant-general
Jean-Gabriel du Chasteler
, qui est seconde par les generaux
Fenner
(de)
, Marshall et Buol. Au matin, les Autrichiens entrent dans la ville de
Lienz
ou ils sont accueillis en liberateurs par la population. Une autre colonne forte d'un regiment et deux bataillons commandes par le
lieutenant-colonel
Taxis attaque depuis
Salzbourg
. Harceles par les premiers groupes d’insurges, les Bavarois evacuent
Bruneck
sans parvenir a detruire le pont derriere eux. Le
,
Brixen
est assaillie par les tirailleurs tyroliens mais les Bavarois sont secourus par les 2 500 hommes d’une colonne francaise commandes par le general
Bisson
. Les Franco-Bavarois evacuent ensuite Brixen et se replient sur
Innsbruck
, au nord. Mais en chemin, ils sont attaques par les paysans qui capturent 200 Bavarois de l’
arriere-garde
. Une deuxieme colonne francaise commandee par le general
Lemoine
, qui devait suivre celle du general Bisson, prefere alors se replier vers le sud, sur
Trente
[
15
]
.
Le
,
Hofer
bat les Bavarois a
Sterzing
et s'empare de la ville. Les Tyroliens l'evacuent quelques heures plus tard, a l'annonce de l'arrivee de la colonne
Bisson
. Mais les Franco-Bavarois ne s'attardent pas et poursuivent leur route sur Innsbruck. Le
, les hommes de Hofer peuvent reprendre possession de Sterzing sans difficulte
[
16
]
. Pendant ce temps, les campagnes des environs d’
Innsbruck
se soulevent et le
6 000 paysans prennent d’assaut la capitale du Tyrol. Les Bavarois se rendent, mais certains sont executes sommairement. Le
, a l'aube, les 2 500 Francais et 1 300 Bavarois du general Bisson arrivent aux portes d’Innsbruck et trouvent la ville aux mains des insurges. Encercle et constatant que ses hommes sont epuises apres avoir ete continuellement harceles en chemin par les embuscades et les eboulements provoques par les Tyroliens, le general Bisson se rend. Ainsi en seulement quatre jours de combats, 6 000 soldats francais et bavarois ont ete faits prisonniers par les Tyroliens. Le
, Martin Teimer prend la tete des insurges d'Innsbruck. Le meme jour,
Hall en Tyrol
est prise par Speckbacher et sa garnison capturee
[
17
]
,
[
18
]
.
De son cote, l’armee imperiale autrichienne poursuit sa progression depuis l'est du Tyrol. Le
, elle entre dans
Brixen
et
Sterzing
.
Chasteler
envoie egalement trois bataillons au sud. Le
, les Autrichiens atteignent
Innsbruck
ou la population leur fait un accueil triomphal. Presque tout le Tyrol est alors repris par l'Autriche.
Josef von Hormayr
et Anton von Reschmann prennent la direction de la province, les fonctionnaires bavarois sont arretes ou expulses et des compagnies de tirailleurs sont organisees. Quelques jours apres, le lieutenant-colonel Taxis lance les premieres incursions en Baviere, ou des requisitions a la limite du pillage sont effectuees
[
19
]
.
Au sud, le general francais
Baraguey d'Hilliers
occupe
Trente
a la tete de 10 000 hommes mais il doit regagner l’Italie apres la defaite du general
Beauharnais
a la
bataille de Sacile
. Les Autrichiens marchent alors sur le Tyrol italien ou l’insurrection a ete plus faible. Le
, ils rattrapent les Francais de Baraguey d'Hilliers a
Volano
, ou une bataille indecise a lieu. Les Francais poursuivent ensuite leur retraite vers l'Italie et les Autrichiens prennent
Rovereto
, achevant ainsi la reconquete du sud du Tyrol
[
20
]
. Fin avril, les Bavarois ne controlent plus au Tyrol que la forteresse de
Kufstein
, assiegee. L’empereur d’Autriche fait alors publier le manifeste de Scharding ou il annonce son intention de rattacher le Tyrol a l’Autriche
[
21
]
.
Cependant si l'offensive autrichienne au Tyrol est un succes, il n'en est pas de meme de celle lancee contre la Baviere. Le
, le corps principal autrichien, commande par l’archiduc
Charles
, est battu par Napoleon a la
bataille de Ratisbonne
et doit repasser la frontiere. En consequence de cette defaite, en Italie l'archiduc
Jean
doit a son tour se replier malgre sa victoire a Sacile. 4 000 soldats francais commandes par les general
Rusca
entrent alors au Tyrol par le sud et prennent
Trente
le
. Mais un regiment autrichien et 4 000 tirailleurs tyroliens contre-attaquent aussitot et Rusca prefere battre en retraite pour regagner l'Italie
[
22
]
.
Apres avoir repousse les Autrichiens en Baviere, les Francais entrent en Autriche. Le
, ils occupent
Salzbourg
. Le
,
Vienne
, la capitale autrichienne, est occupee par Napoleon.
Le
, 25 000 Bavarois commandes par le marechal alsacien
Francois Joseph Lefebvre
entrent au Tyrol. La premiere colonne commandee par Lefebvre et
von Wrede
passe le col de Strub ou elle prend d’assaut les tranchees tyroliennes. La deuxieme colonne, commandees par
von Deroy
brise le siege de
Kufstein
. La troisieme commandee par le
prince Louis
, fils du roi de Baviere, reste en reserve
[
23
]
.
Les embuscades des tirailleurs tyroliens ne peuvent empecher la progression des Bavarois. Le
Lofer
est prise aux tirailleurs, le 12 Franz Fenner est battu a
Waidring
. Le general autrichien
Chasteler
gagne
Worgl
avec 5 000 hommes mais il est attaque le
par les forces bavaroises. Trop inferieurs en nombre, les Autrichiens sont ecrases et se replient sur
Innsbruck
laissant derriere eux 600 morts et 2 000 prisonniers. Conspue par la population qui lui reproche sa defaite, Chasteler doit s’enfuit vers le
col du Brenner
. Les Bavarois marchent alors sur Innsbruck, reprimant au passage l’insurrection et commettant des exactions. A
Waidring
,
Kirchdorf in Tirol
,
Strass im Zillertal
,
Schlitters
, des fermes sont incendiees et des civils, hommes, femmes et enfants, massacres, fusilles ou pendus. Le lendemain de la
bataille de Worgl
, Speckbacher est vaincu a
Strass im Zillertal
. Le
, la ville de
Schwaz
, defendue par Taxis, est prise d’assaut par la division
von Wrede
. Malgre les ordres du general bavarois, la ville est incendiee, des exactions sont commises et des dizaines de civils massacres
[
24
]
,
[
25
]
.
Craignant une attaque au sud,
Chasteler
abandonne
Innsbruck
et rassemble ses troupes a
Steinach am Brenner
.
Lefebvre
engage des pourparlers au Tyrol ou l'occupation de
Vienne
par les Francais est bientot connue. Dans le camp austro-tyrolien, regne la division et l'indecision. Le
, les Bavarois entrent a Innsbruck sans se voir opposer de resistance. Chasteler se replie ensuite sur l’Autriche. Pour Lefebvre, le Tyrol est pacifie
[
26
]
.
Des le
, sur ordre de Napoleon,
Lefebvre
et
von Wrede
quittent
Innsbruck
pour
Salzbourg
afin de poursuivre l’armee du general autrichien Jellachich. Seule reste la division du general von Deroy, forte de 8 000 hommes. Au sud du Tyrol,
Andreas Hofer
lance un appel aux compagnies tyroliennes qu’il invite a se reunir a
Sterzing
. Hofer rattrape
Chasteler
a
Bruneck
et tente de le convaincre de rester au Tyrol. Chasteler a des ordres et hesite. Dans un premier mouvement il cede et rebrousse chemin avec ses 8 000 hommes, mais deux jours plus tard il change a nouveau d’avis et repart pour l’Autriche. Il envoie un ordre de repli au general Buol, le chef de son arriere-garde, mais le message est intercepte par les Tyroliens et n’est pas transmis
[
27
]
.
Le
,
Hofer
, a la tete de plusieurs milliers de paysans gagne le Brenner. Apprenant que
Lefebvre
a quitte
Innsbruck
avec le gros de ses troupes, les Tyroliens decident d’attaquer la ville. Le
, 6 000 Tyroliens rencontrent les Bavarois au
Bergisel
, une colline au sud d'Innsbruck. La bataille est indecise et les deux camps restent sur leurs positions. Mais les insurges recoivent ensuite des renforts et quatre jours plus tard 14 000 tirailleurs tyroliens et les 900 soldats autrichiens du general Buol lancent une nouvelle attaque au Bergisel. Cette fois les Bavarois sont vaincus et Deroy donne l’ordre d’evacuer Innsbruck. Le
, les insurges sont maitres de la ville, puis bientot de tout le Tyrol. Le
, les Bavarois repassent la frontiere
[
28
]
,
[
29
]
.
Apres sa victoire,
Andreas Hofer
se contente de regagner son auberge.
Josef von Hormayr
retourne au Tyrol et reprend en main le pouvoir civil. Des compagnies de tirailleurs sont chargees de surveiller les frontieres et pres de 1 000 soldats imperiaux autrichiens commandes par le general Buol sont toujours presents dans le pays. Debut juin, les Francais parviennent a occuper
Trente
mais ils en sont rapidement chasses. Les Tyroliens mettent a nouveau le siege devant
Kufstein
le
mais sans parvenir a prendre la place, la seule au Tyrol encore aux mains des Bavarois
[
30
]
.
Le
, l'
archiduc Charles
bat Napoleon a la
Bataille d'Essling
. Dans une proclamation datee du
, l’empereur
Francois
I
er
promet aux Tyroliens de ne jamais accepter leur separation de la couronne autrichienne. Mais le
, Napoleon remporte une victoire decisive a
Wagram
. Le
l’
armistice de Znaim
est signee par l’archiduc
Charles
sans avoir consulte son frere l'empereur. Le quatrieme article stipule le rattachement du Tyrol et du
Vorarlberg
au royaume de Baviere. Le
, sur ordre, Buol evacue le Tyrol avec les dernieres troupes imperiales
[
31
]
.
Mi-juillet,
Lefebvre
est de retour au Tyrol pour lancer une seconde offensive. L’armee principale se rassemble a
Salzbourg
. Elle compte deux divisions bavaroises commandees par le
prince Louis
et
Bernhard von Deroy
et une division saxonne commandee par
Rouyer
. Le general
Pelletier de Montmarie
se deploie a la frontiere bavaroise et
Beaumont
est charge d’occuper le
Vorarlberg
. A l’est,
Rusca
et
Baraguey d’Hilliers
doivent attaquer depuis la
Carinthie
et au sud le general Peyri doit marcher depuis
Verone
sur la
vallee de l’Adige
a la tete d’une division italienne. En tout 20 000 soldats enserrent le Tyrol
[
32
]
.
Le
, l’armee de Lefebvre entre au Tyrol. Demoralises, les Tyroliens se debandent et n’opposent qu’une faible resistance. Des le
,
Innsbruck
est occupee par
Lefebvre
. Napoleon donne l’ordre a son marechal d’exercer la plus grande rigueur contre les rebelles tyroliens, il exige 150 otages, le pillage et l’incendie de six gros villages, le desarmement du pays et donne l'ordre de faire fusiller tout Tyrolien pris les armes a la main
[
33
]
.
Mais au Passeiertal,
Hofer
reprend les armes et organise une nouvelle levee des compagnies de tirailleurs. Le
1
er
aout, Lefebvre envoie
Rouyer
et ses Saxons occuper
Brixen
. La division traverse le pays sans rencontrer de resistance mais le
elle tombe dans une embuscade a
Franzensfeste
. Pris aux piege dans une gorge, ecrases par des troncs et des rochers, 1 000 Saxons sont tues, blesses, ou faits prisonniers. Lefebvre accourt avec 7 000 Bavarois, renvoie Rouyer sur Innsbruck et marche sur Brixen. Mais le terrain devenu impraticable l’oblige a rebrousser chemin. De retour a
Sterzing
, il trouve la ville aux mains des tirailleurs menes par
Andreas Hofer
. Lefebvre contourne par le
col du Brenner
et parvient a s’echapper mais ses soldats doivent abandonner leurs canons et leurs chevaux pour pouvoir gravir le terrain montagneux. Harceles par les Tyroliens embusques, les Bavarois regagnent Innsbruck en deroute. Le
, un regiment bavarois est egalement ecrase a Pontlatzer Brucke, pres de
Prutz
[
34
]
. Le
, 18 000 Tyroliens menes par Hofer engagent une nouvelle bataille au
Bergisel
. Apres plusieurs heures de combats, Lefebvre ordonne la retraite. A court de vivres et de munitions les Bavarois et les Saxons evacuent Innsbruck le
et se replient sur la Baviere
[
35
]
. Les pertes sont tres lourdes pour Lefebvre, qui en trois semaines de campagne a perdu la moitie de ses hommes, soit 4 000 tues ou blesses et 6 000 prisonniers
[
36
]
,
[
37
]
.
Maitre d’Innsbruck, ou il est accueilli triomphalement,
Andreas Hofer
s’autoproclame ≪ regent du Tyrol ≫ et etablit un gouvernement provisoire dans l’attente de la restitution du
Tyrol
a l’Autriche et le retablissement de la
Diete
. Le
, il lance un appel a l’empereur. Un conseil d’une douzaine de personnes, tous paysans ou aubergistes, est forme. Conscient de son manque de competence dans le domaine administratif, Hofer rappelle les fonctionnaires. En septembre il se rend au Sud, fait arreter au passage deux capitaines de tirailleurs qui avec leurs bandes se livraient au brigandage puis gagne
Bozen
ou a sa demande Josef von Giovanelli devient son conseiller. Cependant le gouvernement connait une grande penurie d’argent, ce qui provoque la disette
[
38
]
.
Militairement, le Tyrol peut compter sur 36 000 tirailleurs et 40 000 miliciens et meme une cinquantaine de soldats imperiaux autrichiens ayant deserte l’armee de Buol pour combattre avec Hofer. Les territoires les plus favorables a l’insurrection se situent dans les environs de
Brixen
,
Bozen
et
Meran
[
39
]
. Les paysans, le bas-clerge et la noblesse sont les plus devoues a l’insurrection, la bourgeoisie, le haut-clerge et les populations de villes, bien qu'egalement en partie favorable aux
Habsbourg
, se montrent en revanche plus tiedes et suscitent parfois la mefiance.
En septembre, le pere capucin Haspinger et Josef Speckbacher lancent une expedition dans le
pays de Salzbourg
afin d’etendre la rebellion. Les Tyroliens battent les Bavarois au col de Lueg, prennent
Hallein
mais peu de Salzbourgeois les rejoignent et une contre-attaque menee par Lefebvre les obligent a rebrousser chemin
[
40
]
,
[
41
]
.
Mais
Napoleon
occupe toujours
Vienne
et des rumeurs contradictoires circulent au Tyrol sur les negociations entre la France et l’Autriche.
Francois
I
er
envoie cependant 3 000
ducats
a Hofer. Le
, le general Peyri a la tete de 4 000 Italiens reprend
Trente
. Eisenstecken contre-attaque avec 20 000 hommes, stoppe la progression italienne et campe devant Trente. Mais le
, les Italiens font une sortie qui provoque la panique chez les Tyroliens et les met en deroute
[
42
]
.
Le
, l'
Autriche
et la
France
signent la
paix de Schonbrunn
. Napoleon a categoriquement refuse a ce que le
Tyrol
, position strategique reliant la
Baviere
a l’
Italie
, soit restitue a l’
Autriche
. Si Francois
I
er
et surtout l’archiduc Jean en ont reclame la restitution, le ministre autrichien des Affaires etrangeres,
Klemens Wenzel von Metternich
, s’y est montre indifferent. A l’issue des negociations, les
Habsbourg
perdent de nombreux territoires dont le
Tyrol
et le
Vorarlberg
qui sont une nouvelle fois rattaches a la Baviere. Napoleon promet cependant son pardon a tous les insurges qui mettront bas les armes
[
43
]
.
Offensive du prince Eugene de Beauharnais
[
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|
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]
Le jour meme de la signature du traite, Napoleon charge le general et vice-roi d'Italie
Eugene de Beauharnais
de soumettre le Tyrol. Au total, 42 000 hommes sont places sous ses ordres. Le general francais
Drouet d’Erlon
attaque au nord a la tete de trois divisions bavaroises, le general
Baraguey d'Hilliers
se deploie au sud-est avec l’
armee d'Italie
, elle aussi forte de trois divisions. Au sud, Peyri est remplace par
Vial
. L'attaque principale se fait cette-fois ci par le sud, dans la vallee de l’
Adige
, moins facilement defendable
[
44
]
.
Les Bavarois franchissent la frontiere les premiers, le
. Le lendemain, ils ecrasent les tirailleurs de Speckbacher a Melleck. Dans le camp tyrolien, le moral des troupes decline, les hommes ne touchent que difficilement leurs soldes, beaucoup commencent a deserter.
Hofer
abandonne
Innsbruck
le
et se retranche au
Bergisel
avec 8 000 hommes. Le 22, il envoie a l’empereur
Francois
I
er
d'Autriche
un appel a l’aide
[
45
]
,
[
46
]
.
Les Bavarois prennent Innsbruck sans combattre le
. Le 27, Hofer apprend la signature du traite de Schonbrunn. Bouleverse, il engage des negociations avec les Bavarois mais le pere Haspinger le fait changer d’avis. La bataille s’engage le
1
er
novembre, mais en une heure les Bavarois mettent les Tyroliens en deroute et s'emparent du Bergisel. Les vaincus se replient sur le
col du Brenner
. Le meme jour, les troupes de Baraguey d’Hillier entrent au Tyrol. Sur les conseils du pere Daney et de Jakob Sieberer, Hofer decide de deposer les armes et redige une soumission a l'adresse d'Eugene de Beauharnais
[
47
]
,
[
48
]
.
Le pere Daney et Jakob Sieberer rencontrent
Eugene de Beauharnais
le
. Celui-ci accepte la soumission et promet la clemence. Cependant quelques chefs tyroliens refusent la capitulation, notamment Peter Mayr qui vient trouver
Hofer
et l’accuse de felonie. Influencable, Hofer fait volte-face et se resout a ordonner la reprise des hostilites. Le
, Daney et Sieberer rejoignent a leur tour Hofer et parviennent a lui faire signer une nouvelle declaration de soumission. Le 9, Hofer regagne son auberge, les compagnies sont demobilisees et les prisonniers relaches. Seuls Peter Mayr et Johann von Kolb poursuivent le combat, mais ils sont ecrases le
au Pustertal par les troupes du general
Rusca
[
49
]
.
Le Tyrol tout entier est occupe. Mais les derniers irreductibles viennent trouver Hofer a son auberge et lui demandent de se mettre a leur tete. Le
, il reprend de nouveau les armes. Aveugle et influence par le pere Haspinger, Hofer refuse desormais qu’on lui parle de paix et va jusqu’a menacer de mort le pere Daney et Sieberer. Neanmoins de nombreux Tyroliens refusent de le suivre et de poursuivre le combat. Le
, a
Meran
, les insurges attaquent et battent les Italiens de
Rusca
qui se replient sur
Bozen
. Deux jours plus tard, une colonne francaise est attaquee a
Sankt Leonhard in Passeier
, les Francais se retranchent dans le village mais encercles, ils se rendent apres quatre jours de combats
[
50
]
.
Mais ces victoires restent sans lendemain, le general
Louis Baraguey d'Hilliers
arrive avec des renforts et les tirailleurs se dispersent. Le
, une ultime attaque contre
Bruneck
est repoussee. Le
,
Eugene de Beauharnais
promulgue un decret, il laisse cinq jours aux Tyroliens pour mettre bas les armes, passe ce delai, tous ceux pris les armes a la main seront fusilles. Speckbacher, Straub, Haspinger et von Kolb s’enfuient a l’etranger. La repression se met en place et est surtout severe a
Bozen
et
Brixen
, ou plusieurs Tyroliens sont executes sur la place de la cathedrale. Dans l'Est, le general
Broussier
preside un tribunal militaire qui fait fusiller plusieurs prisonniers. Peter Mayr est execute le
[
51
]
.
Andreas Hofer
refuse de se rendre au general
Baraguey d'Hilliers
malgre la promesse d’avoir la vie sauve, il refuse egalement de quitter le Tyrol et se cache. Sa tete est alors mise a prix 1 500
florins
.
Hofer, accompagne de sa famille et de son secretaire Kajetan Sweth, se refugie dans une cabane dans les montagnes a la Plandlerhutte. Mais au bout de huit semaines, il est denonce par Franz Ralff, un ancien tirailleur. Le
, Andreas Hofer est arrete par des soldats francais et italiens, puis enferme dans la forteresse de
Mantoue
. Informe, Napoleon ordonne qu’il soit execute dans les 24 heures. Juge, Andreas Hofer est condamne a mort et fusille le
[
52
]
.
La mort d’
Andreas Hofer
marque la fin de la rebellion. Le
, le
Tyrol
est partage entre la Baviere et l’Italie. La conscription est retablie et 4 000 Tyroliens sont incorpores dans l’armee bavaroise, ils participent notamment a la
campagne de Russie
. En
, a la suite de la
Sixieme Coalition
, l’Autriche rompt son alliance avec la France et reprend une partie du Tyrol. En octobre, la Baviere elle-meme se retourne contre la France et rejoint la coalition. Des milliers de paysans menes par Speckbacher, Haspinger, Eisenstecken et Sieberer se rassemblent pour reclamer la restitution du Tyrol a l’Autriche. Le
, lors du
Congres de Vienne
, la Baviere retrocede officiellement le Tyrol aux
Habsbourg
[
53
]
.
En
1991
,
Jean Sevillia
indique que la guerre a fait 2 500 morts dans le camp tyrolien et 5 000 chez les Franco-Bavarois et leurs allies
[
2
]
En
2023
, dans
L'Infographie de l'Empire napoleonien
, les historiens
Vincent Haegele
et
Frederic Bey
evaluent le bilan de revolte de 5 000 a 10 000 morts au total
[
1
]
- ↑
De gauche a droite : Kajetan Sweth, le secretaire de Hofer, Josef Speckbacher, le Sandwirt Andreas Hofer et le capucin Joachim Haspinger.
- ↑
Peter Sigmair, capitaine insoumi de tirailleurs decida de se cacher pour echapper aux recherches. Le general
Broussier
prend alors son pere en otage et fait savoir qu'il sera execute si son fils ne se rend pas. Peter Sigmair se livre, il est fusille devant sa ferme et son corps est pendu a un arbre pendant deux jours.
- ↑
a
et
b
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: document utilise comme source pour la redaction de cet article.
- Yves-Marie Berce
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(
ISBN
978-2262008246
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978-2262017286
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.
- Digby Smith
,
The Napoleonic Wars Data Book
, London: Greenhill,
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(
ISBN
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)
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- Vincent Haegele
,
Frederic Bey
, et Nicollas Guillerat,
Infographie de l'Empire napoleonien
,
Perrin
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, 157
p.
(
ISBN
978-2379330865
)
.
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