Geopolitique des annees 1990
Les chefs d'Etat reunis a la CSCE a Paris le 21 novembre 1990.
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La
geopolitique
des
annees 1990
decrit les relations internationales dans le monde durant la derniere decennie du
XX
e
siecle
. Cette description prend en consideration les principaux evenements politiques, militaires et economiques qui les caracterisent et presente les grandes tendances observees durant ces annees et comment elles annoncent le debut du
XXI
e
siecle
.
La
guerre froide
prend fin par etapes entre 1989 et 1991 en consequence de l'explosion du
bloc de l'Est
et de la
dislocation de l'Union sovietique
. Elle signifie la fin du monde bipolaire qui a domine les
relations internationales
depuis 1945 et son remplacement pour la derniere decennie du
XX
e
siecle
par un monde unipolaire tres largement domine par les Etats-Unis, seule
superpuissance
[
1
]
,
[
2
]
.
Le denouement de la guerre froide bouleverse le paysage geopolitique de l'Europe, etablit le modele politique et economique occidental comme une reference incontestee dans la plus grande partie du monde, et laisse aux Occidentaux la maitrise de l'architecture de securite et de defense en Europe. Dans le meme temps, la
Russie
succede a l'Union sovietique au plan du droit international et de la possession de ses armes nucleaires.
L'espoir qu'un
nouvel ordre mondial
stable et pacifique succede a la guerre froide est vite decu. Le
XXI
e
siecle s'ouvre au contraire dans un desordre grandissant lie a la multiplication d'acteurs nouveaux etatiques ou non-etatiques, generateurs de nombreux conflits.
Fin de la guerre froide et du monde bipolaire
[
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]
La
guerre froide
prend fin par etapes entre 1989 et 1991 en consequence de l'explosion du
bloc de l'Est
et de la
dislocation de l'Union sovietique
. La fin de la guerre froide ne se resume pas a une date mais est un processus qui a dure plusieurs annees
[
3
]
, jalonne par quelques evenements qui servent frequemment de reference pour la dater, parmi lesquels certains en sont plus particulierement symboliques :
- La
chute du mur de Berlin
, le
, tant l'Allemagne et Berlin ont ete pendant les cinquante annees precedentes au cœur de la guerre froide en Europe et le sujet des deux crises les plus serieuses sur ce continent, le
blocus de 1948
et la
crise de 1958
qui aboutit a la construction du
mur de Berlin
en 1961. La
reunification de l'Allemagne
est chose faite le
;
- La signature de la
Charte de Paris pour une nouvelle Europe
et du
traite INF
de demantelement des missiles nucleaires en Europe, a Paris en
dans le contexte du sommet de la CSCE, qui rassemble tous les pays d'Europe, les Etats-Unis et le Canada ;
- La
dislocation de l'URSS
, le
, evenement majeur de l'histoire du
XX
e
siecle
puisque disparait l'un des deux protagonistes de la guerre froide, precede pendant trois ans d'une cascade d'evenements traduisant l'acceleration de son affaiblissement et l'emergence de son etat successeur, la
federation de Russie
.
Les Etats-Unis sont desormais la seule grande puissance dans le monde. La Russie n'en possede plus comme attribut que son
arsenal nucleaire
herite de l'URSS. L'Europe n'est plus coupee en deux et s'engage dans la construction d'une
Union europeenne
ambitieuse et ouverte aux
pays du centre et de l'Est
du continent. En Asie, en Afrique, en Amerique centrale, des conflits peripheriques de la guerre froide s'achevent. La fin de la guerre froide s'accompagne dans les premieres annees de la
decennie 1990
d'une certaine euphorie, qu'illustrent
les theses
tres mediatisees de
Fukuyama
qui y voit la victoire definitive de la
democratie liberale
sur les autres
ideologies
politiques
[
4
]
.
Bouleversement du paysage geopolitique de l'Europe
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]
Quand l'Europe de l'Est communiste se desagrege, la principale question politique a traiter est celle de la
reunification de l'Allemagne
que le chancelier
Kohl
veut mener tres rapidement mais qui suscite des reticences au Royaume-Uni et en France
[
5
]
,
[
6
]
. Elle suppose aussi l'accord des Sovietiques en particulier sur la question de la participation de l'Allemagne a l'
OTAN
et le devenir des 380 000 militaires sovietiques stationnes sur le territoire de la
RDA
.
Le
, a peine trois semaines apres l’ouverture du mur, le chancelier ouest-allemand
Helmut Kohl
presente, sans concertation prealable avec ses partenaires Europeens, son plan en dix points en vue d'une reunification rapide de l'Allemagne, qu'il est decide a mener a bien le plus vite possible
[
7
]
. Le president du soviet supreme,
Mikhail Gorbatchev
, accepte rapidement l'idee de la reunification allemande : le
, il declare a
Modrow
, ephemere dirigeant de la
RDA
, qu’il ne s’opposera pas a une reunification allemande, position qu'il confirme lors de sa rencontre avec Kohl les 10 et
[
8
]
.
Les Etats-Unis adoptent debut 1990 une triple ligne politique face aux bouleversements europeens : appui a l'unification rapide de l'Allemagne mais son appartenance a l'OTAN en est une condition sine qua non, presence forte des Etats-Unis en Europe via la perennisation de l'OTAN et le maintien de troupes americaines sur le sol europeen, et conclusion d'un
traite de reduction des forces conventionnelles
en Europe entre les membres de l'OTAN et du
pacte de Varsovie
. Il s'agit d'assurer la perennite du systeme de defense atlantique et la solidite de l’ancrage occidental de la future Allemagne. Pour rendre ce ≪paquet ≫ acceptable par les Sovietiques, les Americains sont prets a des concessions sur le statut militaire du territoire de la RDA, a soutenir Gorbatchev dans sa politique de reforme et a ouvrir des ≪
negociations 2+4
≫ sur les aspects exterieurs de la reunification. La diplomatie americaine parvient a mettre en œuvre ce schema qui conditionne largement le paysage geopolitique de l'Europe des annees 1990 et du debut du
XXI
e
siecle
[
9
]
.
La rencontre de
Bush
et de Kohl a Camp David les 24 et
scelle l'entente germano-americaine sur les termes de l'unification allemande
[
9
]
,
[
10
]
. Lors de la rencontre entre Gorbatchev et Kohl en
, le Sovietique accepte l’appartenance de l’Allemagne reunifiee a l’OTAN en echange d'une aide financiere.
Le
demarrent a Ottawa les ≪
negociations 2+4
≫ entre les deux Etats allemands et les quatre Allies vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale
. Malgre sa souverainete presque entierement retrouvee en 1955 par les
accords de Paris
, les quatre Allies conservent des droits sur l’Allemagne. Leurs positions different : les Etats-Unis soutiennent totalement la reunification, tandis que la Grande-Bretagne y est initialement hostile ; l’Union sovietique se montre tres changeante et la France, apres avoir emis des reticences, se rallie assez vite a l’idee de reunification. La dynamique imposee par Kohl et l'affaiblissement de Gorbatchev ouvrent rapidement la voie a un accord : le
traite ≪ 2+4 ≫ de Moscou
est signe le
[
11
]
,
[
12
]
.
La
reunification de l'Allemagne
selon les modalites definies par les deux Allemagne dans le
Einigungsvertrag
est effective le
. En complement, l'Allemagne reconnait le caractere definitif de la
frontiere Oder-Neisse
en signant avec la Pologne le
traite sur la frontiere germano-polonaise
le
[
13
]
. L'Allemagne retrouve la plenitude de sa souverainete lorsque les dernieres troupes russes quittent Berlin le
[
14
]
,
[
15
]
.
La Russie, Etat successeur de l'Union sovietique
[
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]
Initialement sceptiques sur la realite de la volonte de changement de Gorbatchev, les Occidentaux ne lui apportent leur soutien qu'a partir de 1989, en partie aussi par crainte que des elements conservateurs ne reprennent le pouvoir et reviennent a une ligne dure d'affrontement avec l'Ouest.
Les
accords d'Alma-Ata
signes par les onze ex-republiques sovietiques creent la
CEI
et etablissent la Russie en tant qu'Etat successeur de l'Union sovietique aux plans du droit international et de la possession des armes nucleaires
[
16
]
. Elle herite donc du siege permanent au
Conseil de securite
de l'ONU. Elle n'est cependant que partiellement associee par les Occidentaux a la definition du nouvel ordre mondial stable et pacifique que
George H. W. Bush
appelle de ses vœux.
Transformation des democraties populaires d'Europe centrale et orientale
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]
Transformation politique et economique acceleree
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]
Les regimes communistes s'effondrent dans tous les
pays de l'Europe centrale et orientale
(PECO) en 1989 ou 1990. Les causes en sont multiples : l'usure de dirigeants souvent au pouvoir depuis des decennies, la fin annoncee par Gorbatchev de l'interventionnisme sovietique pour maintenir par la force les regimes en place et son soutien aux reformateurs a l'image de la politique qu'il mene, les difficultes economiques ou encore la pression populaire. Les partis communistes sont partout dissous, parfois reformes sous un autre nom. Ces bouleversements se produisent partout sans effusion de sang sauf en Roumanie. Les nouveaux dirigeants sont soit issus des ailes reformatrices du PC, soit des figures emblematiques comme
Vaclav Havel
ou
Lech Wał?sa
. Partout, le multipartisme renait, des elections legislatives sont organisees et de nouvelles institutions mises en place sur le modele democratique occidental.
Les PECO manquent des ressources et des competences que requiert leur bascule rapide vers un modele economique radicalement different. L'effondrement du systeme communiste s'accompagne d'une chute du pouvoir d'achat du plus grand nombre, de l'accroissement des inegalites et d'augmentation de la pauvrete. L'aide apportee par les Occidentaux est distribuee suivant plusieurs canaux et prend de multiples formes. Les aides multilaterales emanent de la CEE puis de l'UE, des institutions financieres europeennes, la
BEI
et la
BERD
, ou mondiales, le
FMI
et la
Banque mondiale
. Les aides bilaterales sont le fait des Etats ou d'organisations privees, ONG et banques nationales
[
19
]
,
[
20
]
,
[
21
]
. Dans le but de les coordonner, les 24 principaux pays donateurs, dits G-24, mettent en place un processus de coordination des aides
[
note 1
]
.
La CEE aide financierement les PECO a se transformer a condition qu'ils s'engagent sur la voie de la democratie et de l'economie de marche. En
, la CEE lance le
programme Pologne-Hongrie Assistance a la Restructuration des Economies
(PHARE), qui est etendu en 1990 a l'ensemble des PECO. Puis en
, la CEE etablit la
Banque europeenne pour la reconstruction et le developpement
(BERD) pour financer des investissements productifs
[
22
]
. En dix ans, de 1990 a 1999, le programme PHARE alloue 10,89 milliards d'euros aux PECO
[
19
]
.
La multiplicite des aides rend difficile d'en evaluer precisement l'importance et l'impact. Sur la decennie 1990, elle serait au total d'un montant proche de 90 milliards d'euros dont un tiers de dons et deux tiers de credits a taux preferentiel. Plus de la moitie proviendrait de l'UE ou de ses Etats membres. Le bilan de ces aides fait debat : son ampleur limitee eu egard aux besoins, sa dispersion liee au grand nombre de canaux, la qualite souvent mediocre des assistances techniques fournies n'ont pas suffi a faciliter la transformation des PECO et a en adoucir les effets sur les populations. Cependant, la mobilisation reelle et rapide de l'Europe de l'Ouest et l'approfondissement de l'Union europeenne ont entretenu leur volonte des PECO d'operer le plus rapidement possible les mutations requises pour la rejoindre
[
19
]
,
[
21
]
.
Etablissement de liens institutionnels entre les PECO et l'Union europeenne
[
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]
En parallele de l'aide materielle apportee aux PECO, la CEE etablit entre 1991 et 1993 des liens institutionnels bilateraux avec chacun des PECO sous la forme d'un ≪ accord d'association ≫, aussi appele ≪ accord europeen ≫, qui comporte un volet commercial et un volet politique
[
23
]
,
[
24
]
,
[
25
]
,
[
26
]
.
Puis l'Union europeenne dont un des piliers fondateurs est la ≪
politique etrangere et de securite commune
≫ (PESC), concoit de nouveaux types d'accords, les ≪
accords de partenariat et de cooperation
≫ (APC) dans lesquels les volets commerciaux et economiques sont completes par un volet politique par lequel les Etats signataires souscrivent a certains engagements politiques en matiere de droits de l’homme, d'application des principes relatifs a l'Etat de droit et a la democratie
[
27
]
. L'UE conclut un APC en 1998 avec l'Ukraine et la Moldavie, et en 1999 avec six Etats du Caucase et d'Asie centrale nes de la disparition de l'URSS
[
28
]
,
[
29
]
.
Au debut de la decennie suivante, l’UE lance la
Politique europeenne de voisinage
(PEV) ≪ afin d’eviter l’emergence de nouvelles lignes de division entre l’UE elargie et nos voisins et de renforcer la prosperite, la stabilite, la securite de tous ≫.
La disparition de
Tito
en 1980 entraine un affaiblissement du pouvoir central en
Yougoslavie
et la montee des nationalismes tout au long de la decennie suivante. Le parti au pouvoir, la
Ligue des communistes de Yougoslavie
, structure en branches regionales, est emporte en 1990 par la vague de contestation qui affecte toute l'Europe centrale et de l'Est. Les elections libres organisees au printemps 1990 dans les six republiques
[
note 2
]
portent au pouvoir des partis nationalistes et independantistes en
Croatie
et en
Slovenie
qui proclament leur independance le
[
30
]
,
[
31
]
.
Les affrontements meurtriers qui eclatent alors entre la Serbie et ces deux Etats sont les premiers en Europe depuis 1945 entre des Etats s'affirmant souverains. D'autres conflits suivent dans l'ex-Yougoslavie qui ne connait pas la paix de toute la decennie 1990. Ils placent la communaute internationale face a des questions complexes de formation de nouveaux Etats, de droit a l'auto-determination et de droit des minorites
[
32
]
. Le souvenir de 1914 et l'horreur des massacres montres par les medias conduisent la CEE et l'ONU a intervenir, initialement sans grand effet, conduisant les Etats-Unis a s'impliquer. Ces conflits contribuent a modeler le monde de l'apres guerre froide : les Etats-Unis se lancent sous la presidence de
Bill Clinton
dans une politique exterieure tres interventionniste et l'
OTAN
se transforme pour etre capable de conduire des operations exterieures. L'OTAN intervient sous mandat de l'ONU en
Bosnie-Herzegovine
a partir de 1993. Puis l'OTAN intervient dans la
guerre du Kosovo
en bombardant la Serbie sans mandat de l'ONU puis en deployant sur le terrain la
KFOR
, force multinationale sous mandat de l'ONU.
Approfondissement et elargissement de l'Europe des Douze
[
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]
En 1990, la
CEE
compte douze Etats membres, tous geographiquement localises dans la partie occidentale de l'Europe. Elle a montre dans les annees 1980 sa capacite a evoluer. Elle a accueilli
trois nouveaux membres
dans la foulee de leur bascule d'un
regime dictatorial
a un
regime democratique
, l'instaurant de facto comme une condition a la possibilite d'adherer a la CEE
[
note 3
]
,
[
note 4
]
. L'
Acte unique europeen
de 1986 a aussi montre la capacite de la CEE a faire evoluer ses institutions communautaires, a organiser l'achevement du marche interieur, a aborder de nouveaux champs de competences et initier une politique etrangere europeenne. Enfin, la CEE lance a partir de 1987 le processus qui aboutira a l'
Union economique et monetaire
. Ce bilan positif des annees 1980 et l'impulsion donnee par Mitterrand, Kohl et
Delors
expliquent pour une part l'attractivite de la CEE sur les PECO, en transition vers la democratie et l'economie de marche
[
33
]
,
[
34
]
.
Lien etroit entre approfondissement de l'Europe et reunification de l'Allemagne
[
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|
modifier le code
]
L’approfondissement de l’Europe est lie etroitement a la fin de la guerre froide en ce qu’il est vu par la France en accord avec l’Allemagne comme le moyen clef pour renforcer la
nouvelle detente
resultant de la politique de Gorbatchev et faire de l’Europe occidentale le noyau de reference d’une Europe reunifiee. Le
Conseil europeen des 8 et 9 decembre 1989
a Strasbourg survient quelques semaines apres la chute du
mur de Berlin
. Le sommet s'ouvre dans une certaine tension entre les trois ≪grands≫ d'Europe, mais s'acheve par un double accord decisif pour l'avenir de l'Europe, portant a la fois sur la realisation de l’
Union Economique et Monetaire
et le reglement de la question allemande. La declaration finale adoptee sur l'Europe centrale et orientale appuie en termes prudents toutefois l'unification de l'Allemagne :
≪ Nous recherchons le renforcement de l'etat de paix en Europe, dans lequel le peuple allemand retrouvera son unite a travers une libre autodetermination. Ce processus doit se realiser pacifiquement et democratiquement, dans le respect des accords et traites et de tous les principes definis par l'acte final d'Helsinki, dans un contexte de dialogue et de cooperation Est-Ouest. Il doit egalement se situer dans la perspective de l'integration europeenne ≫
[
35
]
,
[
36
]
.
Quelques mois plus tard, le
Conseil europeen du 28 avril 1990
a Dublin adopte une position nettement plus claire sur la reunification de l'Allemagne dont il se
≪ felicite vivement ≫
[
37
]
. Dans le meme temps, la France et l'Allemagne s'accordent pour avancer en parallele vers l'union economique et monetaire et sur l'union politique, en contrepartie de l'unification de l'Allemagne et dans la perspective de l'elargissement a terme de l'Europe des Douze : leurs propositions aboutissent debut 1992 au
traite de Maastricht
qui instaure l'
Union europeenne
, dont l'un des piliers est la
politique etrangere et de securite commune
(PESC)
[
38
]
.
Dans son rapport ≪
L'Europe et le defi de son elargissement≫ de
, la Commission trace les perspectives d'une UE a vingt ou trente membres qu'elle voit comme une chance historique et dont elle definit les conditions essentielles de respect de l'identite europeenne, du statut democratique et des droits de l'homme
[
39
]
.
Le principe de l'adhesion des PECO associes a l'Union europeenne
[
note 5
]
est reconnu par le
Conseil europeen de Copenhague en juin 1993
, assorti de la definition des
criteres
relatifs a leurs institutions politiques et a leur economie que ces pays doivent respecter pour etre admis
[
40
]
. La Hongrie introduit sa demande d'adhesion a l'UE le
[
41
]
, suivie par les autres PECO, initiant un processus qui aboutira dix ans plus tard.
La disparition de l'Union sovietique le
et la naissance de l'Union europeenne par le
traite de Maastricht
du
fondent un cadre geopolitique radicalement nouveau en Europe au debut des annees 1990
[
42
]
,
[
43
]
,
[
44
]
.
La negociation de l'APC entre la Russie et l'Union europeenne debute des le printemps 1992 et s’ouvre officiellement a Bruxelles le
. Les deux parties peinent a s'entendre sur le volet politique relatif aux valeurs democratiques, un compromis est finalement trouve en
. Le declenchement en
de la
premiere guerre
menee par les Russes dans leur province secessionniste de Tchetchenie entraine la suspension du processus de ratification de l'accord. L'
accord de partenariat et de cooperation entre la Russie et l'Union europeenne
entre finalement en vigueur le
[
45
]
,
[
27
]
.
Sans attendre la signature des APC, devant l'urgence de la situation, Bruxelles lance TACIS I (
Technical Assistance to the Commonwealth of Independent States
) le
, quelques jours apres la creation de la CEI
[
46
]
. TACIS II est lance le
.
La prochaine etape importante est l'adoption d'une strategie commune de l'UE sur la Russie au cours du sommet de Cologne du
[
47
]
. Lui faisant echo, lors du sommet UE - Russie, qui a lieu le
a Helsinki, le Premier ministre russe
Vladimir Poutine
presente la nouvelle strategie russe sur le developpement des relations avec l’UE au cours de la periode 2000-2010
[
48
]
. Le point de depart de ce document en est la vision de la place de la Russie en Europe,
≪ puissance mondiale s'etendant sur deux continents, [qui veut] garder sa liberte afin de definir et de mener sa propre politique interieure et exterieure [et preserver] les avantages que lui confere le fait d'etre un Etat eurasiatique et le pays le plus important de la CEI ≫
[
49
]
. Il en decoule logiquement que la Russie n'a pas pour objectif d'adherer a l'Union europeenne mais souhaite developper toutes les cooperations possibles
[
49
]
,
[
50
]
,
[
51
]
,
[
52
]
,
[
53
]
,
[
54
]
,
[
55
]
,
Propagation du modele politique et economique occidental
[
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|
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]
Democratie et liberalisme, modele de reference dominant
[
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]
La
Charte des Nations Unies
ne definit pas de modele politique de reference. Les Etats-Unis et leurs principaux allies europeens ont en commun d'etre les plus anciennes democraties du monde contemporain. Largement un heritage de
Wilson
, la promotion de la democratie a toujours ete un des axes de la politique americaine
[
56
]
. Dans le contexte de la guerre froide, les
Occidentaux
se presentent comme le ≪
monde libre
≫ et affirment la superiorite de leur modele politique
democratique
et
economique liberal
. Autant qu'un affrontement classique entre puissances, la
guerre froide
fut une guerre ideologique : sous cet angle, sa fin marque avant tout l'echec du systeme communiste dans sa forme instauree par
Staline
et l'impuissance de Gorbatchev a le reformer.
Forts de leur position dominante dans le monde, les Occidentaux promeuvent partout des la fin des annees 1980 leur modele politique et economique qu'ils voient comme le seul a meme d'assurer la paix et la prosperite.
Devenue la seule super puissance, les Etats-Unis promeuvent l'instauration du modele occidental democratique et liberal dans tout l'ancien
bloc de l'Est
et lui conditionnent leur aide. Lors de sa premiere rencontre formelle avec
Boris Eltsine
en
,
Clinton
apporte le soutien financier des Etats-Unis a l'evolution de la Russie vers la democratie et l'economie de marche portee par Eltsine, dont ils souhaitent le succes afin d'ecarter la menace d'un retour au pouvoir de nationalistes ardents qui compromettrait le desarmement nucleaire, la gestion en commun de certains conflits regionaux, au Proche-Orient ou dans l'ex-Yougoslavie, ainsi qu'une approche conjointe des questions de securite en Europe
[
57
]
,
[
58
]
.
L'Europe des Douze promeut explicitement
≪ l'etablissement d'une democratie pluraliste, fondee sur la primaute du droit, le plein respect des droits de l'homme et les principes de I'economie orientee vers le marche ≫
selon les termes des conclusions du
Conseil europeen de Dublin des 25 et 26 juin 1990
[
59
]
.
Les
criteres de Copenhague
formules par le
Conseil europeen en juin 1993
[
60
]
definissent les conditions d'accession a l'
Union europeenne
, nee avec le
traite de Maastricht
signe le
7
fevrier
1992
et entre en vigueur le
1
er
novembre
1993
. Ces criteres precisent que l'adhesion requiert de la part du pays candidat qu'il ait des institutions stables garantissant la democratie, la primaute du droit, les droits de l'homme, le respect des minorites et leur protection, l'existence d'une economie de marche viable ainsi que la capacite de faire face a la pression concurrentielle et aux forces du marche a l'interieur de l'Union. Pour que le
Conseil europeen
decide de l'ouverture des negociations, le critere politique doit etre rempli
[
61
]
.
Propagation du modele democratique dans le monde
[
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|
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]
Etats democratiques
[
note 6
]
Region
|
1988
|
2000
|
Ameriques
|
15
|
23
|
Europe
|
18
|
36
|
Afrique
|
4
|
11
|
Proche et Moyen-Orient
|
3
|
2
|
Asie
|
9
|
13
|
En quelques annees, le nombre de pays dote d'institutions democratiques croit partout dans le monde, sauf au
Proche
et
Moyen-Orient
. L'evolution est la plus spectaculaire en Europe ou chutent tous les regimes communistes et naissent ou renaissent de nouveaux pays independants dans l'ex-URSS et l'ex-Yougoslavie : selon les donnees du projet
Polity IV
, l'Europe qui comptait dix-huit regimes
democratiques
et huit
regimes politiques
autoritaires en 1988, en compte respectivement trente-six et deux en 2000. A cette date, seuls l'
Azerbaidjan
et la
Bielorussie
ne sont pas des democraties.
En Amerique centrale et du Sud, les Etats-Unis mettent fin a leur politique de soutien systematique a des dictatures qu'ils justifiaient par la necessite d'
endiguer le communisme
: huit pays basculent entre 1988 et 2000 vers la democratie et Cuba reste le seul pays encore sous le regime du
parti unique
. L'Afrique connait une evolution similaire a une echelle moindre toutefois : onze pays d'Afrique sur quarante-cinq sont gouvernes democratiquement en 2000, ils n'etaient que quatre en 1988 ; beaucoup de regimes ont cependant evolue d'une pure autocratie vers un regime partiellement democratique : les donnees Polity IV n'en recensent plus que cinq en 2000 contre trente-sept en 1988. En Asie, les evolutions sont plus contrastees : les cinq anciennes
republiques sovietiques
d'
Asie centrale
devenues independantes sont toutes soumises a des regimes autoritaires. Six pays ont adopte un regime plus democratique, parmi lesquels l'
Indonesie
et la
Thailande
, mais deux ont connu une evolution inverse, le
Pakistan
et le
Myanmar
. En revanche, cette vague democratique n'atteint pas le Proche et le Moyen-Orient.
La mondialisation n'est pas un phenomene nouveau, l'essor industriel et les colonisations au
XIX
e
siecle
en ont ete une premiere forme. La globalisation de la fin du
XX
e
siecle
repose sur la vague de fond de l'
ideologie neoliberale
qui se repand depuis le debut des annees 1980
[
62
]
. Elle se fonde sur la croyance que les principes du marche libre et competitif conduisent a l’ordre economique le plus efficient et rationnel. Elle implique l'amenuisement du role de l’Etat dans le pilotage economique et financier, et si ce n'est la disparition de l'≪ Etat-providence ≫ du moins sa moindre prehension de redistribution sociale des richesses
[
63
]
. La mainmise des Etats-Unis et dans une moindre mesure des Europeens sur le systeme financier mondial qui s'est internationalise depuis les annees 1970 et l'imposition du neoliberalisme conduisent les nouveaux Etats d'Europe de l'Est mais aussi beaucoup d'Etats en Asie ou en Amerique latine a adopter ce modele et a entrer dans le mouvement de globalisation.
Evolution comparee du PIB et du commerce mondial (en volume)
[
64
]
Annees
|
Croissance du
PIB
|
Croissance du
commerce
|
Ratio
|
1980-1985
|
3,2 %
|
2,9 %
|
0,9
|
1985-1990
|
3,8 %
|
5,7 %
|
1,6
|
1990-1995
|
2,6 %
|
6,1 %
|
2,3
|
1995-2000
|
3,6 %
|
7,0 %
|
1,9
|
2000-2005
|
2,9 %
|
5,0 %
|
1,7
|
La fin de la guerre froide elargit le perimetre geographique de developpement du commerce mondial que la revolution continue des transports et des communications ainsi que la delocalisation des productions dans des pays a bas couts de main d'œuvre vont aussi accelerer
[
64
]
. Durant la decennie 1990, les obstacles lies a la politique commerciale, droits de douane et mesures non tarifaires, diminuent significativement. Les negociations du ≪
Cycle d'Uruguay
≫ aboutissent au remplacement du
GATT
par l'
Organisation mondiale du commerce
(OMC) le
et a de nombreux accords qui favorisent le libre-echange. Le commerce mondial croit environ deux fois plus vite que la production.
La decennie 1990 est aussi caracterisee par la montee de la puissance economique de pays emergents, en Asie notamment. La Chine representait 1,1 % des exportations de marchandises en 1980, part qu'elle porte a 2 % en 1990 et 4 % en 2000
[
65
]
. Dans le meme temps, la part des Etats-Unis reste stable superieure a 12 % tandis que celle de l'UE passe de 45 % a 39 %
[
65
]
.
Pareillement, la part du
PIB
de la Chine dans le monde passe de 2,2 % a 4,5 % entre 1990 et 2000
[
66
]
. Cette croissance est le resultat des
reformes economiques
entreprises par
Deng Xiaoping
dans les annees 1980 et poursuivies par
Jiang Zemin
au pouvoir durant les annees 1990. Elle prepare son avenement comme une puissance regionale majeure du debut du
XXI
e
siecle
.
Transition difficile de l'economie planifiee a l'economie liberale
[
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|
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]
En Europe de l'Est et en Russie, le passage rapide d'une economie planifiee sur le modele sovietique a une economie de marche totale, sans une longue periode de transition, est beaucoup plus difficile que ce que les nouveaux dirigeants et leurs conseillers occidentaux avaient promis. Le PIB baisse initialement dans tous ces pays. Certains retrouvent la croissance rapidement, comme la Pologne des 1992 ou la Hongrie et quelques autres en 1994. La Russie s'enfonce dans la crise et ne connait un rebond qu'a partir de 1999 qui lui permet de retrouver en 2006 seulement le niveau de 1989
[
67
]
,
[
68
]
.
Nouvelle architecture de securite et de defense en Europe
[
modifier
|
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]
L'architecture de securite de l'Europe est durant la
guerre froide
dominee par l'
OTAN
et le
pacte de Varsovie
. Sa fin etablit une nouvelle architecture de securite europeenne autour de trois dimensions principales, la dimension transatlantique via l'
OTAN
, la dimension ouest-europeenne avec la
CEE
sur le chemin de sa transformation en l'
Union europeenne
, et la dimension paneuropeenne avec la
CSCE
[
69
]
.
La desagregation du
bloc de l'Est
entraine logiquement la dissolution du
pacte de Varsovie
le
. La RDA s'en etait retiree des le
dans le cadre du processus de reunification de l'Allemagne.
La question du devenir de l'
Alliance atlantique
et de l'
OTAN
se pose egalement
[
70
]
,
[
71
]
. Les Etats-Unis et les Europeens s'accordent sur le fait que l'
OTAN
demeure le pilier de la securite en Europe dans une vision transatlantique.
George H. W. Bush
rencontre
Francois Mitterrand
par deux fois pour en tracer les modalites
[
note 7
]
,
[
72
]
,
[
73
]
. Le
sommet de l'OTAN a Londres
en
arrete les grandes lignes de la transformation de l'OTAN et invite les Etats membres du
pacte de Varsovie
a etablir avec l'
OTAN
des liaisons diplomatiques regulieres.
Le
sommet de l'OTAN Rome en novembre 1991
se conclut par une
Declaration sur la Paix et la Cooperation
[
74
]
, l'adoption du nouveau concept strategique de l'OTAN et la creation du
Conseil de cooperation nord-atlantique
[
75
]
,
[
76
]
: organe de concertation entre l'OTAN et l'Est, il accueille dans un premier temps l'URSS, les PECO et les trois Etats baltes
[
75
]
, puis en
les anciennes
republiques sovietiques
membres de la
CEI
[
77
]
. La reunion inaugurale du CCNA se tient le
, alors meme que l'Union sovietique disparait. Lors du
sommet de Bruxelles en janvier 1994
, l'OTAN lance le ≪ Partenariat pour la Paix ≫. Ce programme, ouvert aux Etats membres du CCNA et de la CSCE, propose une cooperation bilaterale plus approfondie dans les domaines politiques et militaires. Il peut constituer une etape vers l'adhesion a part entiere a l'OTAN, qui entend mener a bien son elargissement aux Etats democratiques a l'Est
[
78
]
.
La Russie est opposee a cet elargissement
[
79
]
. En contrepartie, l'OTAN met en place une relation bilaterale specifique avec la Russie : le
, est signe a Paris l'
Acte fondateur sur les relations, la cooperation et la securite mutuelles entre l'OTAN et la Federation de Russie
[
80
]
. Le texte precise que
≪ l'OTAN et la Russie ne se considerent pas comme des adversaires ≫
, donc pas tout a fait comme des allies
[
81
]
.
Emergence de l'Europe politique et d'une ≪ identite europeenne de defense ≫
[
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|
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]
L'un des
trois piliers constitutifs de l'Union europeenne
qui voit le jour par le
traite de Maastricht
est une
politique etrangere et de securite commune
(PESC) qui
≪ inclut l'ensemble des questions relatives a la securite de l'Union europeenne, y compris la definition a terme d'une politique de defense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, a une defense commune ≫
[
69
]
.
L'OTAN prend acte de
≪ l'evolution de [la] Communaute europeenne vers l'union politique, et notamment vers l'affirmation d'une identite europeenne dans le domaine de la securite, [qui] contribuera aussi a renforcer la solidarite atlantique et a etablir un ordre pacifique juste et durable dans l'Europe toute entiere ≫
[
82
]
.
Les
Douze
definissent lors des reunions du
Conseil europeen
leur vision du devenir de l'Europe et des conditions de sa securite future. Ils appuient le developpement du role de la CSCE dont ils attendent qu'elle joue un
≪ role decisif […] dans I'architecture future de !'Europe et dans l'elaboration d'un nouvel ensemble de relations entre les Etats participants, fondees sur les principes de l'acte final d'Helsinki ≫
[
59
]
. Les Douze jouent un role important dans la preparation du sommet de la CSCE a Paris et lui assignent pour objectif qu'il
≪ apporte une contribution decisive au renforcement de la stabilite et de la cooperation en Europe ainsi qu'au desarmement ≫
[
59
]
. Ils affirment aussi leur volonte de renforcer
≪ leur coordination en vue de definir et d'exprimer une position commune ≫
lors de ce sommet.
La
CSCE
constitue depuis 1973 un pole majeur d'activite diplomatique sur les questions de securite et de defense en Europe
[
83
]
,
[
84
]
. L'Europe des Douze appuie le developpement du role de la CSCE dont elle attend qu'elle joue un
≪ role decisif […] dans I'architecture future de !'Europe et dans l'elaboration d'un nouvel ensemble de relations entre les Etats participants, fondees sur les principes de l'acte final d'Helsinki ≫
[
59
]
. Deuxieme sommet, apres celui d'
Helsinki en 1975
, le sommet de Paris se tient du 19 au
. Seule institution rassemblant a sa fondation des Etats de l'Ouest et de l'Est, la CSCE est naturellement le forum legitime pour tenter d'instaurer une nouvelle architecture de securite stable dans une Europe en pleine recomposition. Dans cet objectif, ce sommet adopte la
Charte de Paris pour une nouvelle Europe
et cree une serie d’institutions permanentes de la CSCE
[
84
]
.
Les evenements de 1991, disparition de l'URSS et conflits dans l'ex-Yougoslavie, conduisent a decider lors d'un troisieme sommet a Helsinki les 9 et
, a renforcer l'action de la CSCE en matiere de prevention et de gestion des conflits, et d’aide a la transition democratique dans les regimes post-communistes
[
85
]
.
Le
traite START
est signe en
par l'URSS qui disparait peu apres : fin 1991, quatre Etats de l'ex-URSS ont sur leur sol des armes nucleaires strategiques : la
Bielorussie
, le
Kazakhstan
, la
Russie
et l'
Ukraine
[
86
]
,
[
87
]
. Ainsi, le Kazakhstan detient sur son sol 104 missiles intercontinentaux
SS-18
, 370 missiles de croisiere, et 1 410 tetes nucleaires.
Apres l'etablissement d'un cadre commun posant les fondements juridiques de la denuclearisation de l'ex-Union sovietique (
accords d'Alma-Ata
du
et accord de Minsk du
), un accord, dit
protocole de Lisbonne
, est conclu le
entre ces nouvelles republiques et les trois depositaires du
traite de non-proliferation nucleaire
, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. Cet accord stipule que la Russie est le seul Etat detenteur d’armes nucleaires strategiques sur le territoire de l’ancienne URSS. Le
un accord fixe les modalites detaillees du processus de denuclearisation, qui prevoit que les armes strategiques soient transferees en Russie et les silos detruits. Le Kazakhstan devient ainsi le
le premier Etat denuclearise au monde. Un accord complementaire, dit
Memorandum de Budapest
, est signe avec l'Ukraine le
. En echange, les trois Etats qui renoncent a l'arme nucleaire recoivent des garanties de securite concernant leur territoire et une importante aide economique chiffree a plus de 900 millions de dollars. L’Ukraine manifeste plus de reticence a appliquer ces accords : le processus de transfert des armes strategiques sur le territoire russe n'est completement acheve qu’en 1996
[
88
]
,
[
89
]
,
[
90
]
,
[
91
]
,
[
92
]
.
Maitrise relative de la proliferation nucleaire et des budgets militaires
[
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|
modifier le code
]
Depenses de defense dans le monde
[
note 8
]
En milliards de US$ constants
Region
|
1989
|
1999
|
Variation
|
Total monde
|
1 394
|
1 016
|
- 27 %
|
Etats-Unis
|
589
|
405
|
- 31 %
|
Europe
|
539
|
272
|
- 50 %
|
Proche et Moyen-Orient
|
64
|
87
|
+ 36 %
|
Asie
|
138
|
183
|
+ 33 %
|
Au debut des annees 1990, les seules
puissances nucleaires
demeurent les cinq Etats qui le sont devenus durant la guerre froide, la seule evolution etant que la Russie ses substitue fin 1990 a l'URSS. Ces cinq Etats qui sont aussi les cinq membres permanents du Conseil de securite se sont engages par le
traite sur la non-proliferation des armes nucleaires
a ne pas aider un autre pays a acquerir des armes nucleaires. Au cours de la premiere moitie des annees 1990, la non-proliferation enregistre des succes avec les decisions de l'Afrique du Sud en 1991, de l'Argentine et du Bresil en 1994 et 1995 d'abandonner et de demanteler leur programme ; de plus, la France et la Chine ratifient le TNP en 1992, renforcant ainsi son universalite et sa legitimite. En revanche, au cours de la seconde moitie des annees 1990 deux Etats, l'Inde et le Pakistan, deviennent a leur tour des puissances nucleaires en 1998 de facon officielle. Par ailleurs, Israel sans qu'il le reconnaisse officiellement, dispose tres certainement de capacites nucleaires operationnelles depuis probablement le courant des annees 1980
[
93
]
. A la fin des annees 1990, le monde compte donc huit puissances nucleaires.
Durant toute la decennie 1990, les budgets consacres aux depenses de defense dans le monde baissent de 27 % entre 1989 et 1999 selon les statistiques publiees par le SIPRI
[
94
]
. Ce mouvement de baisse concerne essentiellement les Etats-Unis et l'Europe dont les depenses de defense diminuent respectivement de 31 % et de 50 %. En revanche, la hausse des depenses militaires se poursuit au Proche et Moyen-Orient et en Asie avec des hausses respectives de 36 % et 33 % en dix ans.
Activite du Conseil de securite
(en nombre)
[
95
]
,
[
96
]
Decennie
|
Resolutions
votees
|
Vetos
|
Annees 1990
|
638
|
9
|
Annees 1980
|
185
|
46
|
L'
ONU
est dans les annees 1980 une organisation largement paralysee et discreditee, et en butte a l'antagonisme des Etats-Unis. La fin de la guerre froide va permettre un retour au premier plan de l'ONU, dans l'esprit de ses fondateurs qui avait espere que le
Conseil de securite
soit le gendarme du monde. Il redevient tres actif : le nombre de resolutions redigees en moyenne par an passe de quatorze entre 1945 et 1988 a soixante-quatre dans les annees 1990. Ses interventions se multiplient : moins de 10 000 troupes etaient deployees dans des missions de l'ONU en 1987, elles sont 80 000 en 1995. Tres peu d'interventions armees sont menees sans la caution d'une resolution du Conseil de securite l'autorisant. De facon generale, les cinq membres permanents collaborent activement et utilisent rarement leur droit de veto. Les operations conduites par l'ONU deviennent plus ambitieuses et multi-dimensionnelles : il ne s'agit pas seulement de maintien de la paix ou d'interposition pour mettre fin a une crise, mais plus largement de participer a la ≪ construction de la paix ≫. L'operation ≪
Autorite provisoire des Nations unies au Cambodge
≫ menee en 1992 et 1993 en est un exemple
[
97
]
.
En depit de l'arret
de plusieurs conflits peripheriques lies a la guerre froide
, parmi lesquels la
guerre d'Afghanistan
, la
guerre entre l'Iran et l'Irak
, ou encore la
guerre civile d'Angola
, le nombre de foyers de conflits demeure eleve durant toute la decennie
[
98
]
.
Nombre de conflits par type entre 1989 et 1999
[
98
]
Type de conflit
|
1989
|
1991
|
1993
|
1995
|
1997
|
1999
|
Interetatique
|
2
|
2
|
-
|
1
|
1
|
2
|
Interne
|
27
|
34
|
29
|
28
|
27
|
23
|
Internationalise
|
5
|
2
|
5
|
2
|
4
|
6
|
Les conflits interetatiques
[
note 9
]
demeurent tres peu nombreux et toujours brefs a l'exception de la
guerre intermittente larvee qui oppose l'Inde et le Pakistan
pour le controle du Cachemire. L'
invasion du Koweit
par l'Irak en 1990, suivie par la
guerre du Golfe
, et la
guerre entre l'Erythree et l'Ethiopie
a la fin de la decennie sont les deux seuls conflits entre Etats.
De nouveaux conflits internes internationalises naissent dans des Etats nouveaux en Asie centrale issus du demembrement de l'URSS, la
guerre du Haut-Karabagh
en Azerbaidjan et la
guerre civile du Tadjikistan
. De meme, l'eclatement de la Yougoslavie en six Etats est a l'origine de plusieurs
guerres entre 1991 et 2001
. Ces guerres ethniques font beaucoup de victimes civiles et surtout engendrent d'importants deplacements de populations.
Nombre de victimes par type de conflit entre 1989 et 1999
[
98
]
Type de conflit
|
1989
|
1991
|
1993
|
1995
|
1997
|
1999
|
Interetatique
|
868
|
21 884
|
-
|
99
|
55
|
48 078
|
Interne
|
42 775
|
47 765
|
28 307
|
26 491
|
24 393
|
21 867
|
Internationalise
|
10 662
|
587
|
8 488
|
1 840
|
15 227
|
10 633
|
Total
|
54 305
|
70 236
|
36 795
|
28 430
|
39 675
|
80 578
|
L'Afrique connait aussi plusieurs conflits internationalises : la
guerre civile sierra-leonaise
dure pendant toute la decennie, la
republique democratique du Congo
est en guerre a partir de 1996 pendant six ans. Les affrontements armes reprennent en
Angola
a partir de 1998 jusqu'en 2002.
Les
guerres civiles
demeurent les plus nombreuses et les plus meurtrieres, meme si leur nombre et leur intensite diminuent progressivement durant la decennie : le pic est atteint en nombre en 1991, annee ou l'
UCDP
(en)
en recense trente-quatre. Leur nombre decroit jusqu'a vingt-trois en 1999. Une quinzaine de ces conflits durent huit ans ou plus, illustrant la difficulte de trouver des solutions aux questions ethniques a l'origine de la plupart d'entre eux : l'
Afghanistan
, le
Sri Lanka
, le
Soudan
, sont notamment dans ce cas. A l'oppose, le
genocide des Tutsi au Rwanda
en 1994 ne dure que cent jours mais cause la mort de 800 000 rwandais selon l'ONU, ce qui en fait de loin le plus terrible massacre de population civile de cette decennie.
Celebrant la victoire de la coalition dans la premiere guerre d'Irak le
devant le Congres, George H. W. Bush proclame sa confiance dans l'avenement d'un
≪ nouvel ordre mondial ≫
stable et pacifique
[
note 10
]
,
[
99
]
,
[
100
]
. Le bouleversement du paysage geopolitique de l'Europe s'opere de maniere pacifique, des accords de reduction des armements nucleaires (traites
INF
et
START
) et conventionnels (traite
CFE
) sont signes, de nombreux Etats adoptent des institutions democratiques. Mais avant meme la fin des annees 1990, l'espoir d'un nouvel ordre mondial fonde sur la cooperation, sur des valeurs partagees, sur le desarmement nucleaire et conventionnel et sur la prosperite s'est tres largement evanoui
[
101
]
.
A la fin de chacune des deux guerres mondiales du
XX
e
siecle
, les presidents des Etats-Unis, largement soutenus par les Europeens, tentent d'etablir un nouvel ordre mondial, garant de la paix pour tous.
Woodrow Wilson
veut remodeler la societe internationale selon les principes enonces en 1918 dans son
programme en quatorze points
, qui inspire en partie la
Conference de paix de Paris
et la fondation de la
Societe des Nations
.
Franklin Roosevelt
tente de reussir la ou Wilson a echoue, par la
Charte de San Francisco
et la fondation de l'
Organisation des Nations unies
en 1945. Mais la
guerre froide
coupe le monde en deux et domine les relations internationales pendant quarante-cinq ans. Sa fin pacifique offre une fois encore une fenetre d'opportunite pour etablir un nouvel ordre mondial
[
102
]
.
Francois Mitterrand
,
Helmut Kohl
ou encore
Mikhail Gorbatchev
veulent reunifier l'Europe avec l'obsession partagee que la nouvelle Europe a batir ne ressemble pas a celle de 1914 dont le morcellement et l'agitation des minorites conduisirent a la guerre. Le premier propose de batir une ≪
Confederation europeenne
≫, le second considere que l'elargissement de l'UE est un devoir moral des Allemands vis-a-vis de leurs voisins de l'Est, le troisieme met en avant la ≪ Maison commune europeenne ≫
[
102
]
. Lance par le president de la Republique francaise fin 1989, le projet de
Confederation europeenne
se heurte finalement a l'opposition des pays d'Europe de l'Est auxquels il etait prioritairement destine, qui redoutent que la participation de l'Union sovietique et a contrario l'absence des Etats-Unis ne leur donne pas toutes les garanties de securite auxquelles ils aspirent et qui y voient aussi un moyen de retarder leur adhesion a l'UE
[
103
]
,
[
104
]
. Gorbatchev plaide pour instaurer une ≪ Maison commune europeenne ≫ des 1985, mais son dessein se brise avec la disparition de l'Union sovietique
[
105
]
,
[
106
]
.
En revanche, l'avenement de l'
Union europeenne
, porte conjointement par la France et l'Allemagne, fonde en Europe de l'Ouest une organisation institutionnelle forte qui repond dans les domaines economiques et societaux aux aspirations de tous les Etats d'Europe de l'Est qui vont solliciter leur adhesion des sa constitution a partir de 1993.
La
guerre du Golfe
de 1991 constitue aussi un test reussi de la capacite de l'ONU a retrouver sa vocation de gardien de la paix du monde, et de la communaute internationale a cooperer. L'Union sovietique n'oppose pas son
veto
a une intervention militaire contre l'Irak, meme si elle ne participe pas a la coalition.
Limites du ≪ partenariat ≫ avec la Russie
[
modifier
|
modifier le code
]
La plupart des dirigeants politiques americains estiment que les Etats-Unis ont gagne la guerre froide
[
note 11
]
, considerant que la chute du regime communiste est avant tout la consequence de la superiorite economique et technologique des Etats-Unis et de la politique ferme menee par l'administration republicaine de
Ronald Reagan
a partir de 1981 qui ont entraine l'URSS dans une competition qu'elle ne put soutenir
[
note 12
]
,
[
107
]
,
[
108
]
. Durant deux ans, de fin 1989 a fin 1991, les Americains et les Europeens pensent pouvoir mettre en place un nouvel ordre mondial avec l'Union sovietique dirigee par Gorbatchev qui s'y montre tout dispose. Mais l'Etat sovietique se disloque laissant en face des Occidentaux une Russie dirigee par
Eltsine
qui en meme temps a besoin de cooperer avec eux mais aspire a retrouver sa pleine souverainete et revendique le statut de grande puissance par heritage de l'
empire russe
et de l'URSS.
L'idee de batir un nouvel ordre si ce n'est mondial du moins atlantique et europeen doit pour se concretiser reposer sur des institutions supranationales fortes dont les Etats-Unis, les Europeens et la Russie seraient membres de plein droit. La seule avancee est l'institutionnalisation de la CSCE et l'adoption de la Charte de Paris pour regir les rapports entre ses membres mais sans que soient mises en place des structures qui permettraient d'en garantir l'application
[
102
]
,
[
109
]
.
La domination sans partage des Etats-Unis dans les annees 1990 se traduit a l'egard de la Russie par une politique de cooperation afin de favoriser la reussite des reformes liberales entreprises par
Eltsine
, mais pas par une politique de partenariat d'egal a egal qui aurait donne a la Russie une place dans la geopolitique mondiale a la mesure de son role dans l'histoire. Au sortir de la guerre froide durant la decennie 1990, la Russie dirigee par Eltsine est si faible qu'elle ne peut s'opposer a la politique exterieure des Etats-Unis qui imposent le maintien du systeme politique et de securite occidental base avant tout sur l'OTAN, dont l'extension vers l'Est sera decidee quelques annees plus tard. Les echanges sont cependant nombreux avec Boris Eltsine qui rencontre Bush puis Clinton a de nombreuses reprises. Boris Eltsine rencontre Bush a Camp David le
[
110
]
puis a Washington les 16 et
[
111
]
,
[
112
]
et a Moscou en
[
113
]
. Succedant a Bush en
,
Bill Clinton
rencontre Eltsine a Vancouver en
et a Moscou en
en vue de s'accorder sur les sujets de securite et de defense qui restent a regler pour solder la guerre froide et batir de nouvelles relations entre les Etats-Unis et la Russie, dans une perspective globale integrant les anciennes
republiques sovietiques
devenues independantes et les Etats d'Europe centrale et de l'Est
[
114
]
,
[
115
]
,
[
note 13
]
,
[
note 14
]
.
Mais la Russie n'est membre ni de l'OTAN, ni de l'Union europeenne et n'obtient pas la mise en place d'une organisation pan-europeenne forte ou elle aurait un role aussi important que la France ou l'Allemagne. Ce choix strategique des Etats-Unis, cautionne par les Europeens en son temps, favorisera au debut du
XXI
e
siecle
l'emergence de la politique russe nationaliste et de reconquete d'une influence internationale menee par
Vladimir Poutine
.
PIB du monde et des Etats-Unis
[
116
]
PIB
|
PIB 1990
|
PIB 1999
|
Variation
1999 / 1990
|
Monde
|
37,9
|
47,9
|
26 %
|
Etats-Unis
|
9,1
|
12,2
|
35 %
|
% E-U / Monde
|
24 %
|
25,5 %
|
|
La conviction tres largement partagee dans les milieux politiques et intellectuels aux Etats-Unis de ≪ l'
exceptionnalisme americain
≫ se traduit par deux tendances opposees, l'
isolationnisme
et l'
interventionnisme
, auxquelles la politique etrangere americaine emprunte toujours, mais a des degres variables selon les
Presidents
[
117
]
.
La diplomatie americaine joue un role determinant dans le denouement de la guerre froide. Alors que certains en Europe pensaient que les Etats-Unis en saisiraient l'occasion pour se desengager des affaires du monde,
George H. W. Bush
choisit au contraire de reaffirmer la presence americaine en Europe et de jouer un role determinant dans la restructuration politique du continent. Au Moyen-Orient, la
guerre du Golfe
menee par une coalition internationale ou les Etats-Unis ont une place preponderante demontre leur superiorite technologique et militaire ecrasante du moins dans un conflit classique. Les Americains comptent capitaliser sur ce succes pour arriver a un reglement definitif des conflits dans cette region selon un plan d'ensemble articule par le president americain en
[
98
]
, qui n'aboutira cependant pas.
En fonction de
jusqu'au-dela de la fin de la decennie 1990,
Bill Clinton
a pour principal objectif le developpement economique du pays et des echanges internationaux. Son Administration est convaincue qu'il existe un lien fort entre la revolution democratique et la revolution technologique qui permet d'acceder a l'information partout dans le monde. Face aux crises dans l'ex-Yougoslavie et dans d'autres parties du monde, les Etats-Unis adoptent une politique etrangere clairement interventionniste et une politique economique de mondialisation, les deux se nourrissant l'une de l'autre et s'appuyant sur la puissance du pays qui represente un quart de la richesse mondiale
[
118
]
,
[
117
]
. Les Etats-Unis justifient le plus souvent l'usage de la force par la legitimite morale de leur action au regard des principes democratiques ou des droits de l'homme
[
117
]
. La doctrine de politique etrangere de Clinton est formulee synthetiquement par la formule suivante :
≪ Pour succeder a une doctrine d'endiguement, il faut une strategie d'elargissement de la communaute mondiale libre des democraties et des economies de marche. ≫
[
note 15
]
.
Sur le plan diplomatique, Bill Clinton negocie avec succes les accords de paix de
Dayton
en 1995 qui mettent fin au conflit en Bosnie-Herzegovine, et les
accords d'Oslo
entre les palestiniens et les israeliens en 1993 dont les extremistes des deux camps ne permettront pas qu'ils soient mis en œuvre.
Sur le plan militaire, les depenses des Etats-Unis decroissent durant la decennie, mais representent environ 40 % du total mondial ce qui conforte leur superiorite technologique et militaire ecrasante. Selon un rapport du
Congres des Etats-Unis
, des moyens militaires sont deployes hors du territoire americain dans plus de soixante operations entre 1990 et 1999, dont la plupart sont toutefois d'ampleur et de duree limitees. En dehors de la
guerre du Golfe
, des operations importantes sont menees en
Somalie
, dans l'
ex-Yougoslavie
et a
Haiti
avec des resultats inegaux
[
119
]
. Les interventions successives en Somalie entre 1992 et 1995, sous mandat de l'ONU, se soldent par un echec qui pour une part est a l'origine du refus d'intervenir des Etats-Unis, et d'autres Etats, dans le
genocide des Tutsi au Rwanda
en 1994.
Sur le sol meme de l'Europe, qui vit de 1989 a 1991 dans une sorte d'etat de grace, les
conflits qui se succedent de 1991 a 2001 dans l'ex-Yougoslavie
sont symptomatiques des fragilites qui la menacent. Les
nationalismes
et l'
oppression des minorites
demeurent des facteurs d'instabilite de l'Europe. Ces conflits mettent aussi en evidence les lacunes du systeme international en place au milieu de la decennie 1990 : la Russie reprend son autonomie et recommence a s'affirmer au niveau international en opposition aux Occidentaux, l'Union europeenne n'a pas les moyens de faire prevaloir la paix des lors que la diplomatie a echoue et que ses valeurs ne sont pas respectees par les autres parties, les Etats-Unis hesitent entre une politique exterieure strictement dictee par ses interets et une politique plus interventionniste de gendarme du monde, l'ONU montre a nouveau ses limites et les contradictions entre les principes de base du droit international, l'autodetermination des peuples et le respect des frontieres, apparaissent en pleine lumiere
[
102
]
.
- ↑
Pays membres du G-24 : les douze Etats de la CEE, l'Autriche, la Finlande et la Suede qui rejoignent l'UE en 1994, l'Islande, la Suisse, la Norvege et la Turquie en Europe, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis, le Japon et la Nouvelle-Zelande dans le reste du monde.
- ↑
La
republique federative socialiste de Yougoslavie
etait un Etat federal compose de six republiques :
Bosnie-Herzegovine
(capitale
Sarajevo
),
Croatie
(capitale
Zagreb
),
Macedoine
(capitale
Skopje
),
Montenegro
(capitale
Podgorica
),
Serbie
(capitale
Belgrade
) et
Slovenie
(capitale
Ljubljana
).
- ↑
La
Grece depose sa candidature en 1975
, quelques mois apres la fin de la junte militaire et la tenue d'elections libres. La
candidature de l'Espagne
, rejetee une premiere fois en 1962 lorsque Franco est au pouvoir, est acceptee lorsque le pays adopte apres sa mort en 1975 un regime democratique. De la meme maniere, la
revolution des œillets
de 1974 et l'adoption d'une nouvelle constitution democratique en 1976 ouvrent la voie pour que le
Portugal entame le processus d'adhesion a la CEE
.
- ↑
La notion de democratie, absente du
traite de 1957 instituant la CEE (traite de Rome)
, figure dans le preambule de l'
Acte unique europeen
de 1986 dont les signataires affirment etre
≪ decides a promouvoir ensemble la democratie ≫
.
- ↑
Pays concernes : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Republique tcheque, Roumanie, Slovaquie, Slovenie.
- ↑
Les donnees figurant dans ce tableau sont issues de la base de donnees
Polity IV
du Center for Systemic Peace. Les pays democratiques sont dans ce tableau ceux dont l'indice de democratie est superieur a 5 sur une echelle de 0 a 10.
- ↑
Les deux presidents se rencontrent a Saint-Martin le
puis a Key Largo le
.
- ↑
Les donnees figurant dans ce tableau sont issues de la base de donnees du SIPRI.
- ↑
Dans la base de donnees UCDP, les conflits sont classes selon quatre natures : (1) conquete coloniale ou imperiale ("extrasystemic"), (2) interetatique i.e. entre deux ou plusieurs Etats ("interstate"), (3) interne i.e. entre le gouvernement d'un Etat et un ou plusieurs groupes d'opposition sans intervention d'un autre Etat ("internal"), (4) interne internationalise i.e. lorsqu'un ou plusieurs Etats tiers interviennent dans un conflit interne en soutien de l'un ou l'autre camp.
- ↑
Extrait du discours du 6 mars 1991 - Bush precise dans ces termes sa vision d'un nouvel ordre mondial :
≪ Un monde ou l’Organisation des Nations Unies, liberee de l’impasse de la guerre froide, est prete a realiser la vision historique de ses fondateurs. Un monde dans lequel la liberte et le respect des droits de l'homme trouvent leur place parmi toutes les nations. La guerre du Golfe a mis ce nouveau monde a l'epreuve. Et mes compatriotes americains, nous avons passe ce test ≫
.
- ↑
Dans son
discours sur l'etat de l'Union
du
, il declare :
≪ Grace a Dieu, les Etats-Unis ont gagne la guerre froide ; un monde jadis divise en deux camps armes reconnait aujourd’hui la superiorite d’une seule puissance : les Etats-Unis ; cette constatation n’inspire aucune peur car le monde a confiance en notre nation et il a raison. ≫
.
- ↑
Du cote russe, cette analyse sera contestee plus tard par
Vladimir Poutine
pour qui l'effondrement de l'ideologie et du systeme sovietique ne signifie pas que la Russie a ete vaincue, et pour qui le fait qu'il n'a pas ete mis en place un nouvel ordre mondial de facon cooperative entre toutes les puissances entretient une instabilite et une competition entre les puissances mondiales et regionales.
- ↑
Ulterieurement, entre septembre 1994 et avril 1996, Clinton et Eltsine se rencontrent quatre autres fois.
- ↑
Eltsine rencontre Bush a Camp David le
puis a Washington les 16 et
et a Moscou en janvier 1993. Succedant a Bush en janvier 1993,
Bill Clinton
rencontre Eltsine a Vancouver en avril 1993 et a Moscou en janvier 1994 en vue de s'accorder sur les sujets de securite et de defense qui restent a regler pour solder la guerre froide et batir de nouvelles relations entre les Etats-Unis et la Russie. Ulterieurement, entre septembre 1994 et avril 1996, Clinton et Eltsine se rencontrent quatre autres fois.
- ↑
Formule prononcee par Anthony Lake, conseiller a la securite nationale, en septembre 1993, citee dans un article du New York Times "U.S. Vision of Foreign Policy Reversed" du 22 septembre 1993.
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