La
ressource hydrique
, ou
ressource en eau
, comprend, au sens large, toutes les eaux accessibles comme
ressources
, c'est-a-dire utiles et disponibles pour l'etre humain, les vegetaux qu'il cultive, le betail qu'il eleve et les
ecosystemes
, a differents points du
cycle de l'eau
.
Cette ressource est limitee en quantite et en qualite (surtout en
zone seche
). Elle est indispensable a la
vie
et a la plupart des activites humaines, telles que l'
agriculture
, l'
industrie
et aux usages domestiques (alimentation en
eau potable
). Elle est vitale pour le fonctionnement des ecosystemes terrestres.
Elle est localement menacee ou tres degradee par la
pollution
et l'
eutrophisation
. Il existe dans un nombre croissant de regions une
surexploitation
de la ressource ; les detournements ou prelevements d'eau par
pompage
et pour l'
irrigation
sont tels qu'ils depassent les seuils autorisant le renouvellement et l'
autoepuration
des
masses d'eau
superficielles ou des
nappes phreatiques
.
Les
nappes phreatiques
,
zones humides
,
lacs
et
cours d'eau
sont tres inegalement repartis sur la
Terre
, ce qui est source d'inegalites ecologiques et de sante. L'acces a l'eau est parfois tres contraint par sa profondeur ou l'indisponibilite de moyens de pompage, epuration,
etc.
pour les populations locales. Sa gestion necessite donc une cooperation inter-regionale et internationale, car pouvant entrainer des tensions entre regions ou Etats voisins dans de nombreuses parties du monde. Les effets cumules du
dereglement climatique
et ceux de la surexploitation et des pollutions (qui ne s'arretent pas aux frontieres) - selon les
prospectivistes
- affecteront aussi la ressource en eau et les difficultes de sa gestion durable.
Parmi les
objectifs du millenaire pour le developpement
en 2000 de l'
ONU
, l'un est de
≪ reduire de moitie d'ici 2015 la proportion des personnes qui n'ont pas acces a l'eau potable ou qui n'ont pas les moyens de s'en procurer ≫
[
1
]
.
depuis 1997, de nombreux ministres, scientifiques et militants ecologistes participent au
Forum mondial de l'eau
pour etudier les moyens de prevenir une
crise de l'eau
qui, selon l’ONU et le
Conseil mondial de l'eau
, affectera pres de la moitie de la population mondiale d’ici
2030
.
L'eau est le theme central du
sommet mondial de Johannesbourg de 2002
Stocks d'eau terrestres
[
2
]
|
1,4 milliard de km
3
|
oceans, mers
|
1,35 milliard de km
3
|
97,3
%
|
glaces
|
27,5 millions de km
3
|
2,15
%
|
eaux souterraines
|
8,2 millions de km
3
|
0,63
%
|
lacs, rivieres
|
170 000
km
3
|
0,01
%
|
humidite du sol
|
70 000
km
3
|
0,005
%
|
humidite de l'air
|
13 000
km
3
|
0,001
%
|
eau des cellules vivantes
|
1 100
km
3
|
0,000 1
%
|
Sur la Terre, il y a l'eau visible : l'
eau de mer
, l'eau contenue dans les
calottes polaires
, les
lacs
, les
rivieres
, les
nuages
et la
pluie
; et l'eau invisible : les eaux souterraines.
Si l'eau est tres presente sur la Terre, 97 % de la
ressource
est de l'eau salee et 2 % est bloquee sous forme de
glace
. Il ne reste environ que 1 % d'eau sous forme d'
eau douce
liquide.
Les eaux douces exploitees ont une origine continentale :
Elles representent 0,6 % de la ressource totale en eau.
L'eau dans l’
atmosphere
est renouvelee tous les neuf jours, au cours de ce cycle hydrologique -
evaporation
-
condensation
-
pluie
-
ruissellement
- et retour a l'ocean. En moyenne il tombe un
metre cube d'eau
par
metre carre
, soit 814
mm
[
3
]
, sur lesquels 56 % sont evapores par les forets et les paysages naturels. C'est dans les 44 % restants que l'humanite va puiser pour ses besoins, on parle d'
eau agricole
(dont 5 % par l'agriculture pluviale), d'
eau industrielle
et d'
eau domestique
. (Voir plus loin,
Le cycle de l'eau
)
Si l'eau est abondante, elle n'est pas repartie uniformement sur la Terre. Neuf pays se partagent ainsi 45 % du debit annuel mondial. L'eau est, en outre, irregulierement repartie d'une annee sur l'autre ou d'une saison sur l'autre (plus de 60 % du debit annuel mondial etant genere lors d'
inondations
suivies de
secheresses
, parfois pluriannuelles).
Outre ces variations saisonnieres, les ressources mondiales se caracterisent par une importante variation geographique, par exemple :
- En
Amerique du Sud
, il existe un tres fort contraste entre la zone geographique couverte par l'
Amazone
, qui draine 15 % de la ressource mondiale en eau douce, et le nord-est du
Bresil
qui souffre de
secheresse
;
- En
Inde
, il existe de tres fortes differences entre les plaines de l'
Himalaya
(traversees par de grands fleuves), les zones desertiques, et les
moussons
du sud du continent indien ;
- En
Chine
, l'eau est gelee plusieurs mois par an au nord, l'ouest est caracterise par la
desertification
et le sud par un climat tropical ;
- Dans la
region mediterraneenne
, l'eau douce est rare et irregulierement repartie. Les pays les plus riches en eau (
France
,
Turquie
,
Italie
, ex-
Yougoslavie
) cumulent les deux tiers des ressources (825 sur 1 189
km
3
par an), mais la France n'a pas su preserver sa ressource qui est largement polluee
[
4
]
.
D'autres pays, tels que
Malte
,
Gaza
, la
Jordanie
, la
Libye
, sont en dessous du seuil de penurie (500
m
3
par an et par habitant
[
5
]
).
Il n'y a pas un probleme de l'
eau
relatif a la globalite de la planete, mais plutot une grande diversite de scenarios de disponibilite localises. Les deux derniers exemples rappellent en particulier que les situations critiques ne se definissent pas par rapport a des frontieres politiques, mais par rapport a des regions ecologiques.
L'etablissement d'index de montant d'eau disponible par habitant pour chaque pays est important car, mis en parallele avec les besoins de cette population, il pourra servir de support aux discussions de gestion de la ressource hydrique mondiale. Il est cependant important de ne pas ≪ gommer ≫ les differences de disponibilite existant a l'interieur d'un meme pays, differences qui pourraient ne pas etre prises en compte dans les ecarts internationaux. Par exemple, l'
Islande
dispose de 666 000
m
3
par personne alors que
Djibouti
dispose de 19
m
3
/personne (
1990
). En moyenne, les disponibilites par habitant sont de
6 000
a
8 000
m
3
/an (selon les sources) mais elles diminuent au fur et a mesure que la
population mondiale
augmente.
L'index le plus utilise est le
Falkenmark indicator
[
6
]
ou
water stress index
. Cet indice de
stress hydrique
developpe par Falkenmark et col (
Water Ressource Per Capita
, WRPC) est base sur une estimation de la quantite de ressources en eau renouvelables (de surface et souterraines) moyenne par habitant et par an, comparee au besoin en eau individuel calcule en prenant un pays developpe, sous un climat semi-aride comme reference
[
7
]
. En dessous de 500
m
3
/habitant/an, on parle de penurie absolue, les disponibilites en eau etant des contraintes majeures au developpement d'un Etat. En dessous de 1 000
m
3
/habitant/an, on parle de
penurie
relative en eau qui affecte le developpement economique d’un Etat, de la sante et du bien-etre de sa population. En dessous de 1 700
m
3
/habitant/an, on parle de stress hydrique, les penuries etant seulement locales et temporaires. Au-dela de 1 700
m
3
/habitant/an, les pays ne connaissent aucun stress hydrique. Cependant cet indice employe dans les grands instituts internationaux (
FAO
,
Organisation mondiale de l'environnement
jusque dans les annees 1990 est remis en cause car il tient compte uniquement des usages domestiques (et pas les usages agricoles qui sont les plus gros consommateurs d’eau) et omet la capacite a mobiliser les ressources en eau, facteur bien plus important que les ressources en elles-memes, grace a l'expertise technique, les capacites financieres et la
politique sur les ressources en eau
(en)
qui permettent de maitriser cette capacite de mobilisation
[
8
]
.
En 2019, selon le
World Resources Institute
, 17 pays, dont l'Inde, la plupart des pays du Moyen-Orient et le Mexique, ont une probabilite de stress hydrique ≪ extremement elevee ≫, car plus de 80 % de la ressource disponible chaque annee en surface et dans les nappes phreatiques y est pompee pour etre consommee ; ils regroupent pres du quart de la population mondiale, soit 1,7 milliard de personnes sur 7,6 milliards. 27 autres pays, dont plusieurs pays d'Amerique latine et la plupart des pays mediterraneens (Italie, Espagne, Grece,
etc.
), ont une probabilite de stress hydrique ≪ elevee ≫, car
40 a 80 %
de la ressource en eau disponible y est prelevee
[
9
]
.
L'eau disponible n'est pas toujours potable ni utilisable
[
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|
modifier le code
]
Le
Falkenmark indicator
(indice de
stress hydrique
) est remplace depuis les annees 2000 par des indicateurs qui prennent en compte la capacite a mobiliser les ressources en eau, tels que le
Water Poverty Index
(index de pauvrete en eau decompose en sous-indicateurs : ressources et qualite de l'eau, disponibilite des ressources, types de gestion et d'utilisation de ces ressources, pourcentage des ressources faisant l'objet de
protection de l'environnement
) elabore par le
Centre for Ecology and Hydrology
(en)
britannique
[
10
]
ou le
Water Resources Vulnerability Index
(indice de la vulnerabilite des ressources en eau) qui est un ratio entre les prelevements d'eau (au niveau des cours d'eau et des nappes phreatiques) pour des usages domestiques, industriels et agricoles, et les ressources en eau disponibles et renouvelables
[
11
]
.
La disponibilite en eau utilisable depend de la source, du
climat
et de l'utilisation de techniques visant a depolluer, traiter, reguler et proteger l'eau.
Les
ecosystemes
naturels captent l'eau, stabilisent les phenomenes saisonniers, participent a l'amelioration de la qualite. Neanmoins, le developpement des activites industrielles, l'accroissement de la
population mondiale
, les rejets d'eau domestiques non traites, les pollutions d'origine agricoles (
nitrates
, phytosanitaires),
salinisation
relative a l'
irrigation
, ont entraine une degradation progressive de la qualite des eaux, soit liee a la
pollution de l'eau
elle-meme, soit a la degradation des contenants a travers lesquels circule l'eau (atmosphere, cours d'eau, sols, aquiferes). Les
eaux pluviales
peuvent egalement etre stockees et reutilisees mais l'utilisation de cette eau n'est souvent pas possible du fait de la
pollution atmospherique
.
Pour l'utilisateur, l'eau est polluee lorsque sa qualite ne convient plus a son usage (tel qu'eau potable, eau pour l'agriculture, eau pour l'industrie). Environ 880 millions de personnes n'ont pas acces a de l'
eau potable
.
A cette vision statique de l'eau, il est necessaire d'ajouter une vision dynamique, celle constituant le ≪
cycle de l'eau
≫.
Flux annuels planetaire
|
Evaporation
|
Sur les continents
|
71 000
km
3
/an
|
Sur les oceans
|
425 000
km
3
/an
|
Precipitations
|
Sur les continents
|
111 000
km
3
/an
|
sur les oceans
|
385 000
km
3
/an
|
Depuis le
XVIII
e
siecle, on sait que le cycle de l'eau fonctionne par
ascensum
, c'est-a-dire par
evapotranspiration
a la surface des oceans et de la
Terre
, circulation dans l'
atmosphere
(via les nuages) puis retombee a la surface (pluie). D'un point de vue global, il est faux de dire que l'evaporation sur les oceans alimente les
precipitations
sur les continents : en realite, l'evaporation se produit a la fois au-dessus des oceans et sur les continents (par le biais notamment des vegetaux).
La difference de flux (entre precipitations et evaporation) represente 40 000
km
3
/an. Il correspond a :
- l'ecoulement par les rivieres (27 000
km
3
/an) ;
- l'ecoulement des nappes vers les rivieres (10 500
km
3
/an) ;
- les apports d'eau par fusion des glaces polaires (2 500
km
3
/an).
Il est generalement admis que la quantite d'eau contenue dans l'atmosphere est de 13 000
km
3
et que la duree de sejour de la vapeur d'eau dans l'atmosphere est generalement d'environ huit jours.
Les
utilisations de l'eau
sont traditionnellement reparties entre secteurs domestique ? l'
eau domestique
? agricole ? l'
eau agricole
et industriel ? l'
eau industrielle
?, en pourcentage de l’utilisation totale de l’
eau
:
- L'
agriculture
- utilise environ 70 % de toute la consommation d'eau douce sur la planete.
Cette consommation est essentiellement le fait de l'agriculture irriguee, qui occupe environ 17 % des terres cultivees mais assure 40 % de la production agricole mondiale (le reste etant assuree par l'agriculture dite pluviale). Les surfaces irriguees ont environ double dans le monde depuis
1960
.
- L'
industrie
- est responsable d'environ 20 % de la consommation mondiale d'eau douce, et cette consommation industrielle augmente beaucoup depuis les
annees 1950
. L'eau est en effet essentielle pour beaucoup de processus industriels : elle sert a refroidir, laver, lubrifier…
Il faut
80
L
d'eau pour produire 1
kg
d'acier,
1 250
L
pour 1
kg
d'aluminium et
8 600
L
pour produire une carte memoire de six pouces.
- La consommation domestique
- pour la boisson, la cuisine, l'hygiene personnelle represente 8 a 10
%
de la consommation totale sur la planete.
Les modes d'utilisation de l'eau n'ont pas tous les memes consequences. On considere ainsi que l'utilisation est moins destructrice de ressources naturelles lorsque l'eau, apres utilisation, est a nouveau disponible (on parle d'
eau prelevee
) : c'est le cas des eaux domestiques retraitees et reversees dans les cours d'eau. Par contre, l'evaporation ou l'infiltration soustraient l'eau a une reutilisation immediate, on parle d'
eau consommee
.
Des inegalites marquees et croissantes entre Nord et Sud
[
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|
modifier le code
]
Secteur
[
12
]
|
Eau prelevee
en % du total
(France, 2002)
|
Production d'energie
|
55 %
|
Eau potable
|
19 %
|
Irrigation
|
14 %
|
Industrie
|
12 %
|
Dans les
pays en developpement
, la part de l'agriculture dans la consommation totale d'eau douce est tres superieure a ce qu'elle est dans les pays industrialises developpes : en
Afrique
et en
Asie
, elle depasse bien souvent 85 %. Elle excede meme 90 % dans des pays comme le
Mali
(et sa forte agriculture
cotonniere
), le
Ghana
, la
Mauritanie
et le
Soudan
, mais aussi en
Inde
, en
Indonesie
, en
Asie centrale
…
Dans les pays industrialises, de facon assez logique, les activites industrielles sont responsables de bien plus du tiers de la consommation totale d'eau douce : 45 % aux
Etats-Unis
, plus de 50 % en
Europe
du nord-ouest (et meme jusqu'a 80 % en Allemagne), 62 % en
Russie
[ref. necessaire]
(eau consommee)
En France metropolitaine, l'
agriculture
est le plus gros consommateur d'eau et compte pour la moitie des volumes consommes
[
13
]
. L'
Institut francais de l'environnement
estime a 33,1 milliards de m
3
le volume des prelevements en eau en
2002
[
12
]
. Le secteur de l'energie preleve plus de la moitie de cette eau pour refroidir ses
centrales
mais la restitue, partiellement, aussitot aux eaux de surface (eau prelevee). 3,4 milliards de m
3
vont a l'agriculture (eau consommee)
[
14
]
.
Les differences de consommation domestique sont egalement marquees. Dans les pays riches, elle englobe le
rincage des toilettes
(30 a 40
%
de la consommation des menages) l'arrosage des jardins, voire l'alimentation des piscines privees, peut depasser les 5
m
3
par personne et par jour. Un Americain consomme environ 2 000
m
3
d'eau par an, alors qu'un Jordanien n'en consomme que 100
m
3
et un Haitien que 7
m
3
.
Environ 1,1 milliard de personnes ne sont pas raccordees a un reseau d'eau courante et en Afrique subsaharienne, seuls 58,5 % de la population y a acces.
Il faut
3 000
litres d'eau pour produire la ration alimentaire quotidienne d'un etre humain
[
15
]
. Les recherches portant sur l'
eau virtuelle
, c’est-a-dire l'eau consommee lors du processus de production, indiquent que la consommation d'eau varie considerablement selon le type de nourriture produite : un vegetarien consommera indirectement
1 500
litres d'eau par jour, contre 4 000 pour un amateur de viande, surtout s'il consomme du bœuf
[
16
]
.
L'
irrigation
, qui utilise 10 % de cette eau, constitue la principale utilisation d'
eau douce
dans le monde. La methode utilisee pour l'irrigation a des consequences significatives sur le gaspillage de l'eau. Les rampes d'arrosage, moins couteuses en argent, perdent de l'eau par evaporation ou ecoulement. Un systeme de
goutte a goutte
au niveau des racines utilise l'eau de maniere plus efficace pour des frais d'installation et de maintenance plus eleves. Par ailleurs le drainage accelere le flux et certains transferts de pollution (
nitrates
notamment).
15 % des utilisations de l'eau concerneraient l'industrie (eau consommee).
Les
centrales electriques
prelevent beaucoup d'eau pour le refroidissement, qu'elles rejettent aussitot dans les eaux de surface (eau prelevee).
L'energie
hydraulique
produit 19 % de l'electricite mondiale
[
15
]
et peut constituer une source de developpement pour des pays qui, comme en
Afrique
, n'utilisent qu'une faible partie de leurs possibilites. La construction de nouveaux barrages pose toutefois des problemes environnementaux complexes.
Certains rejets industriels non, ou mal epures, contribuent fortement a la
pollution des eaux
.
L'
utilisation domestique de l'eau
recouvre principalement la consommation d'
eau potable
, l'hygiene corporelle, la cuisine, les usages sanitaires et le
jardinage
. Elle represente environ 15 % de l'utilisation d'eau douce dans le monde avec de tres grandes variations d'un pays a l'autre : de
100
a
600
litres
par jour et par habitant au
Japon
, en
Amerique du Nord
et en
Europe
a
10
a
40
litres
en
Afrique
[
19
]
,
[
20
]
, tandis que la quantite minimale necessaire d'eau propre serait de
50
litres par jour et par personne
[
21
]
.
Toutefois, dans les pays industriels, une partie de l'eau utilisee dans la maison et partant a l'egout est traitee
[ref. necessaire]
et renvoyee dans les cours d'eau la ou c'est possible.
Les tres grandes
agglomerations
se sont developpees au cours des dernieres decennies, consommant des quantites d'eau considerables, souvent sans reflexion sur l'approvisionnement qui est loin d'etre assure dans tous les pays. Les autorites sont parfois confrontees a des problemes insurmontables. Deja les
Romains
avaient du faire face a de tels problemes, avec des systemes d'
adduction d'eau
perfectionnes, dont canalisations de bois et
aqueducs
gravitaires (une legere pente donnee aux conduites suffisait a faire couler l'eau vers sa destination, avec pour inconvenient qu'il fallait creuser des
tunnels
ou contourner les reliefs et construire des
ponts
ou
siphons
pour franchir les depressions.
Les aqueducs modernes s'apparentent a des
pipelines
, sur le meme modele que les
oleoducs
ou que les
gazoducs
: l'eau y est mise en surpression par des
pompes
qui la propulsent dans la conduite de section circulaire, permettant d'envoyer l'eau a une altitude superieure a celle ou elle est captee.
Mais ces systemes ne parent pas a tous les manques ou deficits en eau disponible a proximite des grandes agglomerations. Au
Perou
, c'est un tout petit fleuve de 160
km
de longueur, le
rio Rimac
, qui prend sa source a plus de 5 000 metres d'
altitude
, dans le versant occidental de la
cordillere des Andes
, qui approvisionne en
eau
et
electricite
la
metropole
de
Lima
, ou se concentre plus de 30 % de la population du pays. Il est donc, pour cette raison, considere comme l'un des fleuves les plus importants du Perou, alors que ni son debit ? relativement faible ? ni la taille de son bassin ne justifieraient une telle attention. L'approvisionnement en eau de la capitale peruvienne est un des problemes critiques que les autorites ne sont pas parvenues a resoudre au cours des dernieres decennies, et chaque jour il devient - avec l'explosion demographique - plus aigu, necessitant de frequentes coupures dans la
distribution de l'eau
. Des etudes sont menees pour tenter, par un amenagement approprie du rio Rimac, de resoudre le probleme, mais celui-ci semble insoluble.
Depuis le debut du
XX
e
siecle, la consommation d'eau douce a ete a peu pres multipliee par sept sur la planete, et d'ici a
2025
, les besoins en eau de l'agriculture devraient encore augmenter de 20 % avec des surfaces irriguees passant de 260 millions d'hectares a environ 330 millions.
Selon l'
Organisation des Nations unies
, la consommation industrielle d'eau devrait doubler d'ici a 2025, en raison des delocalisations et du developpement des industries dans les pays en voie de developpement.
Du reste l'accroissement de la population mondiale dans les prochaines decennies ne peut qu'augmenter les besoins en eau (l'ONU prevoit de
8
a
8,5
milliards
d'habitants sur la planete en 2025).
Les quantites d'eau douce disponibles sont passees d'une moyenne de 12 900
m
3
par habitant et par an en
1970
a 6 800
m
3
en
2004
. Au rythme actuel de la croissance demographique et de l'evolution de la consommation, la quantite disponible par tete ne serait alors que de 5 000
m
3
en 2025.
La population vivant sous le seuil de rarete absolue (soit 500
m
3
par habitant et par an) approcherait alors 1,8 milliard.
La situation devrait etre critique vers
2031
quand la Terre portera environ 10 milliards d'habitants. Les problemes d'approvisionnement risquent de priver la moitie d'entre eux de ressources convenables en eau et de provoquer des
stress hydriques
dans de nombreuses regions. Une reponse technique est de reduire la consommation d'eau via de bonnes pratiques et des techniques economes en eau. Mais le principal probleme est la repartition inegale de l'eau potable et les consequences de son absence dans certaines zones. De plus continuer a surexploiter les
nappes phreatiques
posera d'inevitables problemes ecologiques a l'echelle de la planete, comme le montre une etude de 2012 sur les eaux souterraines dans le monde
[
23
]
.
Dans maints Etats, les besoins en eau excedent les ressources disponibles en surface (eaux de pluie, rivieres et lacs) ; cela pousse souvent a prelever l'eau dans les
nappes souterraines
, dont le niveau baisse du fait que les prelevements annuels excedent la
recharge des aquiferes
:
- Dans la
grande plaine du nord de la Chine
, les ponctions operees aux depens du
fleuve Jaune
, qui draine un immense bassin cerealier, induisent l'assechement de son cours inferieur pendant environ 200 jours par an
[
24
]
, ce qui pousse les autorites a pomper l'eau dans la nappe phreatique, dont le niveau baisse inexorablement
[
25
]
.
- Aux Etats-Unis, la nappe d'Ogallala, qui s'etend du
Dakota du Sud
jusqu'au
Texas
sur une superficie equivalente a la France et qui constitue l'une des plus grandes reserves d'eau souterraine du monde, se vide 8 fois plus vite qu'elle ne se remplit en raison des 200 000 puits qui la ponctionnent pour irriguer 3 millions d'hectares de cultures.
- A
Mexico
, l'eau pompee pour alimenter la ville depasse de plus de 50 % les capacites de renouvellement de la nappe phreatique.
- Les ponctions operees par l'
URSS
pour developper la culture du coton en Asie centrale (notamment en
Ouzbekistan
) ont fait perdre a la
mer d'Aral
60 % de sa superficie depuis les
annees 1960
(on la considerait alors comme la
4
e
masse d'eau salee fermee au monde).
- Depuis le debut des
annees 2000
, le niveau de la
mer Morte
baisse d'un metre par an en raison des prelevements dans le fleuve
Jourdain
.
- En Afrique, le
lac Tchad
a perdu 80 % de sa superficie.
- L'
eau souterraine
, source de 40 % des besoins en eau de l'
Inde
, s'epuise rapidement selon un rapport publie en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt-et-une villes indiennes - dont
Delhi
,
Bengaluru
,
Chennai
et
Hyderabad
- devraient manquer d'eau souterraine des 2020, et 40 % de la population indienne n'aura pas acces a l'eau potable en 2030
[
26
]
.
Des ressources a menager et a mieux utiliser
[
modifier
|
modifier le code
]
De nombreux facteurs engendrent a l'heure actuelle des gaspillages importants, ce qui peut engendrer des penuries d'eau locales si la ressource n'est pas abondante.
L'irrigation la plus pratiquee (environ 80 % en 2009
[
27
]
) est encore l'irrigation gravitaire, appelee aussi
irrigation de surface
(en)
, la plus rudimentaire et gaspilleuse : 60 % a 65 % de l'eau ainsi employee s'evapore ou s'infiltre sans nourrir les plantes.
En outre, mal pratiquee, elle peut eroder,
saliniser
les sols (Quand les eaux d'irrigation s'infiltrent et depassent les capacites d'absorption des nappes sous-jacentes, il se produit des remontees d'eau par capillarite et cette eau s'evapore, mais en laissant en surface les sels qu'elle a dissous, au point de steriliser certains sols). Selon la
FAO
, le phenomene affecte au moins 20 % des terres irriguees dans le monde, et contribue a freiner la hausse des rendements.
Toujours en ce qui concerne l'agriculture, l'irrigation par aspersion permet, sans aucun amenagement du terroir cultive, d'economiser de
30
a
50
%
d'eau par rapport a l'irrigation gravitaire. La
micro-irrigation
est encore plus sobre en eau. Inventee par les Britanniques dans les annees 1940, elle a ete amelioree et popularisee par les Israeliens, qui l'ont systematiquement employee dans le desert du
Neguev
. Des procedes de recuperation de la
rosee
ont meme ete developpes dans les annees 1990 en
Israel
et au
Chili
.
Au niveau industriel, les procedes de fabrication pourraient etre plus efficaces et la
reutilisation d'eaux usees
traitees peut etre envisagee.
Le mauvais entretien des canalisations et adductions d'eau entrainent des deperditions massives. On estime qu'elles sont de l'ordre de 40 % dans les villes latino-americaines. Les pertes seraient de
40
a
60
%
a
Riyad
(alors que la capitale saoudienne consomme une eau produite a grand frais par ses usines de dessalement). Mais de tels gaspillages ne sont pas propres aux pays du sud. Au
Royaume-Uni
, les compagnies des eaux privees perdent environ 30 % de l'eau transportee.
Les villes riches peuvent reagir : ainsi la ville de
Quebec
dont le reseau fuyait abondamment a pu reduire d'un tiers entre
1975
et
1998
les quantites d'eau potable qu'elle avait a produire grace a un dispositif de surveillance systematique des canalisations.
New York
, guettee au debut des
annees 1990
par la penurie, a fait de meme pour eviter d'avoir a investir dans une nouvelle station de pompage. Dans les pays developpes, la consommation domestique pourrait etre limitee par l'utilisation de chasses d'eau a consommation reduite, ou par des
toilettes sans eau
, par la recuperation des eaux de pluie pour differents usages, par des normes plus strictes sur les machines a laver… En Belgique, certaines communes n'octroient des permis de construire que pour des projets comprenant une citerne de recuperation des eaux pluviales (sachant qu'en zone aride, l'interception de grandes quantites de pluies peut aussi contribuer au deficit d'alimentation des nappes).
Parfois, les ressources hydriques les plus accessibles sont deja largement surexploitees et/ou polluees, au moins localement.
Ailleurs, les ressources sont frequemment sous-utilisees ou au contraire gaspillees (plantations de cultures tres
evapotranspirantes
telles que le mais en zone
aride
, ou
piscines
de luxes et golfs irrigues construits dans le
desert
), alors meme qu'une partie de la population manque d'eau.
Au total, les pays qui prelevent plus de 75 % de toutes leurs ressources en eau douce sont tres minoritaires. La tres grande majorite des pays n'utilisent pas plus de 20 % de celles-ci. Dans beaucoup de pays en voie de developpement, cela est du a un manque de moyens
[
28
]
. On estime ainsi qu'en moyenne, sur le continent africain, on ne preleve chaque annee que 5 % de toutes les ressources en eau renouvelables qui pourraient etre theoriquement prelevees. En effet, alors que le nombre de barrages sur les fleuves a ete multiplie par sept dans le monde depuis 1950 et que l'on en compte aujourd'hui 20 000, l'Afrique ne possede au total que 2 % de ces equipements, mais en 2014, souhaitait se doter du plus grand barrage hydroelectrique du Monde
[
29
]
.
Cependant si beaucoup de nappes phreatiques sont aujourd'hui peu exploitees ou pourraient l'etre davantage (sur les quelque 8 millions de kilometres cubes d'eaux souterraines, environ 12 000
km
3
s'ecoulent chaque annee vers les oceans), ce qui a incite la
FAO
a recommander de plus systematiquement developper les pompages, de nombreuses zones sont concernees par de graves pollution d'origine anthropique des nappes superficielles (ce qui limite les perspectives d'utilisation ou rend necessaire de couteux systemes d'epuration de l'eau). Le pompage des nappes peut aussi tarir les sources utilisees par la faune sauvage, le betail et les populations locales, voire localement contribuer a des phenomenes de desertification ou de salinisation. En outre, dans les pays les plus pauvres, les moyens techniques et financiers font defaut pour exploitation les nappes et identifier celles qui pourraient l'etre sans risque.
En utilisant la technique du
dessalement
de l'eau de mer, les ressources paraissent illimitees, cependant cette technique est gourmande en energie et il faut se debarrasser de la
saumure
residuelle
[
30
]
. C'est pourquoi ce sont surtout les pays riches en ressources energetiques qui l'ont developpee. l'
Arabie saoudite
est ainsi le premier producteur mondial d'eau dessalee, avec environ un tiers de la production mondiale, cependant :
- En 2004 le dessalement de l'eau de mer revient a environ 1 €/m
3
mais ce prix semble s'orienter a la hausse ;
- l'utilisation d'
energies fossiles
(entre autres petrole ou gaz) dans le processus accroit l'
effet de serre
.
La
reforestation
des zones semi-arides est aussi un moyen de restaurer des
ecosystemes
capables de mieux capter, stocker et infiltrer l'eau. Des techniques de
renaturation
et
genie ecologique
sont testees depuis quelques decennies pour faciliter la
resilience ecologique
des milieux et leur capacite a conserver l'eau, dont une partie peut alors etre utilisee par les populations locales, mais de nombreux projets n'ont pas abouti, le betail ayant mange les plantations, ou le sable du desert les ayant envahies.
La logique liberale a conduit a promouvoir la marchandisation de l'eau. Les Etats de l'ouest et du sud des
Etats-Unis
, confrontes a un
climat aride
et a l'epuisement de leurs reserves d'eau, lorgnent ainsi sur ≪ l'or bleu ≫ du
Canada
, qui possede 9 % des reserves d'eau douce de la planete. Deja, dans les annees 1980, la
Colombie-Britannique
, province canadienne, avait accorde des licences pour l'exportation d'eau vers les Etats-Unis.
De fortes oppositions sont apparues au Canada, surtout des lors qu'est entre en vigueur, en
1989
, l'
Accord de libre-echange nord-americain
(ALENA). En
1991
, le gouvernement de la Colombie-Britannique decreta d'ailleurs un moratoire sur les exportations d'eau. Et
Ottawa
a decide un moratoire similaire au niveau federal, en
1999
. Certes, un
etat membre
de l'ALENA n'a pas le droit, en principe, de restreindre la vente hors de ses frontieres d'un produit dont le commerce serait autorise sur son propre marche. Mais les organisations hostiles au commerce de l'eau font valoir que l'ALENA concerne les produits de l'activite economique, alors que l'eau est une ressource epuisable. Par ailleurs les regles de l'
Organisation mondiale du commerce
(OMC) autorisent les Etats a refuser d'exporter leur eau. Le debat sur la commercialisation de l'eau par le Canada a ete ravive en 2009 par un projet de derivation partielle de cours d'eau nordiques via la
riviere des Outaouais
pour satisfaire la demande aux Etats-Unis
[
31
]
.
Le
Fonds monetaire international
et la
Banque mondiale
estiment que la fourniture d'eau aux populations, dans le monde, devrait etre realisee par des entreprises privees en situation de concurrence. Car, si en
France
, la distribution d'eau est essentiellement deleguee a des operateurs prives, elle est, dans le monde, assuree a 95 % par des operateurs publics (Etats ou municipalites), or, ces operateurs publics, selon le Fonds monetaire international et la Banque mondiale, ne vont pouvoir realiser seuls les enormes investissements indispensables dans les decennies qui viennent. Inversement, le
politologue
et
economiste
Italien
Ricardo Petrella
montre que les entreprises privees privilegient les investissements rentables, au risque de renforcer les inegalites.
Il y a en tous cas consensus que, quels que soient les fournisseurs, l'eau potable sera plus chere et rare a l'avenir.
Alors que la Convention de Barcelone de 1921
[
32
]
definit les regles de navigation sur les cours d'eau internationaux, seuls des textes d'application locale traitaient au cas par cas des regles d'utilisation des ressources en eaux entre deux ou plusieurs pays, en particulier dans le cas des amenagements hydroelectriques.
Les Etats situes en amont sont tentes de recourir a la ≪ doctrine Harmon ≫, qui reconnait a l'Etat l'entiere souverainete sur les ressources hydriques situees sur son territoire. Cette doctrine est due a un juge americain qui, en 1896, reconnut aux
Etats-Unis
le droit de reduire le debit d'un fleuve coulant vers le
Mexique
.
L'Assemblee generale des
Nations unies
a charge en 1970 la
Commission du droit international
de preparer une codification des regles d'utilisation des voies d'eau internationales a des fins autres que la navigation. Ces travaux ont abouti a la redaction d'une convention internationale adoptee par l'Assemblee generale des Nations unies le
[
33
]
. Cette convention definit la notion de bassin de drainage international en incluant les eaux de surface et les eaux souterraines. Elle reserve a chaque Etat d'un bassin hydrographique une part ≪ raisonnable et equitable ≫ dans l'utilisation des eaux du bassin de drainage international. Le calcul de cette part depend des conditions naturelles et des besoins economiques de chaque Etat, ainsi que du cout des mesures d'amenagement. Un Etat ne peut causer des dommages a ses voisins par son utilisation d'un cours d'eau.
Cette convention n'entrera toutefois en vigueur que lorsque 35 pays l'auront ratifiee
[
34
]
. Dans le meme temps, avec par exemple la ≪
gestion integree des ressources en eau
≫ des approches plus internationales de la gestion des eaux douces pourraient emerger.
La
declaration de Dublin
adoptee lors de la Conference internationale sur l'eau et l'environnement de 1992 met l'accent dans son principe
n
o
4 sur la valeur economique de l'eau plutot et sur le droit fondamental de l’homme a une eau salubre et une hygiene adequate pour un prix abordable, principe conteste par les
ONG
et les militants des droits de l'homme qui souhaitent que le droit universel de l'acces a l'eau potable et a l'assainissement soit reconnu (ce qui sera officiellement fait par l'ONU en
), et que cet ≪ or bleu ≫ soit reconnu comme un droit fondamental et un bien gratuit, les negociations internationales achoppant sur ce point
[
35
]
.
165 nations connaissent au moins localement et periodiquement des problemes. Les pays risquant le plus de manquer d'eau sont en Afrique et Asie. En croisant plusieurs facteurs critiques tels que changement climatique, demographie, besoin et demande par habitant, ressources et acces a la ressource, dependance a des lacs ou rivieres transfrontieres,
etc.
, il apparait qu'en 2010, la
Somalie
(ou seuls 30 % des gens ont acces a l’eau potable), la
Mauritanie
et le
Soudan
ont les ressources hydriques les plus precaires du monde, devant le
Niger
, l'
Irak
, l'
Ouzbekistan
, le
Pakistan
, l'
Egypte
, le
Turkmenistan
et la
Syrie
[
36
]
, tres loin derriere l'
Islande
, la
Norvege
et la
Nouvelle-Zelande
qui sont les moins a risques.
Le dereglement climatique affectera le regime des moussons et la fonte des glaciers. De nouveaux conflits
aval-amont
pourraient naitre de la construction de barrages hydroelectriques ou de l'irrigation (qui utilise deja 70 % de l’eau disponible dans le monde, devant l'industrie qui en consomme 22 %).
Des pays riches (
Etats-Unis
,
Australie
,
Espagne
,
Grece
connaissent aussi de serieux problemes). Une partie de la
Bulgarie
, de la
Belgique
et de l’
Espagne
manque periodiquement d'eau ou sont en limite de ressource
[
b
]
. Selon un
think tank
anglais (Policy exchange), les compagnies anglaises chargees de l'eau contribuent a l'assechement et a la pollution des rivieres les plus sensibles, mauvaise gestion qui a terme pourra conduire a augmenter le prix de l'eau
[
37
]
.
Aaron Wolf, expert international et fondateur de la base de donnees des conflits sur l’eau douce, a pu recenser, a travers l’
Histoire
, plus de 3 600 traites de cooperation signes et une seule veritable guerre liee a l’eau qui remonte a plus de 4 500 ans, entre deux cites de Mesopotamie :
Lagash
et
Umma
, dans l’actuelle partie sud de l’Irak
[
38
]
. Mais les historiens specialistes de la Mesopotamie sont plus reserves sur la qualification de ce conflit en ≪ guerre de l'eau ≫ car il semble plutot reveler des enjeux territoriaux
[
39
]
.
En 1995, le vice-president de la
Banque mondiale
Ismail Serageldin declare : ≪ Les guerres du
XXI
e
siecle auront l'eau pour enjeu ≫. Il est vrai que les deux tiers des principaux fleuves du monde traversent plusieurs etats et on compte 263 bassins fluviaux transfrontaliers.
Les
tensions internationales
relatives a la gestion de l'eau concernent la plupart des continents, notamment les regions confrontees au
pic de l'eau
(en)
[
40
]
.
Des les
annees 1980
, la
CIA
identifiait une dizaine de zones de ≪ conflit hydrique potentiel ≫, du bassin du
Jourdain
a celui du
Syr-Daria
en passant par ceux du
Nil
, du
Tigre
et de l'
Euphrate
.
Israel avait realise en
1964
un grand aqueduc puisant dans les eaux du
lac de Tiberiade
. Mais les trois rivieres alimentant ce lac prenaient leur source en
Syrie
et au
Liban
. En
1967
, Israel detruisit le barrage qu'avait construit la Syrie sur l'une de ces rivieres. Et la
guerre des Six Jours
permit entre autres a Israel de prendre le controle des nappes phreatiques de
Cisjordanie
et du chateau d'eau naturel que constitue le
Golan
. Des l'ouverture des negociations israelo-palestiniennes dans le cadre du
processus d'Oslo
, la question de l'eau est apparue comme l'un des dossiers les plus delicats.
Plus au nord, ce sont les bassins du
Tigre
et de l'
Euphrate
qui sont disputes. Situee en amont, la
Turquie
controle en effet 90 % des eaux de l'Euphrate et 50 % de celle du Tigre. Son
Grand projet anatolien
, lance en
1970
, vise a realiser un total de 22 barrages pour promouvoir l'irrigation et la production d'hydroelectricite. L'element cle du systeme, le barrage Ataturk sur l'Euphrate, est en service depuis
1992
. Au terme de l'achevement du projet, il ne restera a la disposition de la
Syrie
et de l'
Irak
, en aval, que les deux tiers et le quart du debit actuel de L'Euphrate.
On peut aussi citer d'autres zones de tension sur le globe, mettant le plus souvent en cause des puissances hydro-hegemoniques
[
41
]
a l'origine de risques hydropolitiques (partage des
bassins versants
, opposition entre puissances hydro-hegemoniques et Etats ≪ chateaux d'eau ≫ plus faibles)
[
42
]
:
- entre l'
Ethiopie
, le
Soudan
et l'
Egypte
pour le controle des ressources du
Nil
: le Nil est une ressource vitale pour l'Egypte et dans une moindre mesure pour le Soudan, alors que l'Ethiopie, ou la plus grande partie du bassin prend sa source, envisage de construire plusieurs dizaines de barrages, dont le
barrage de la Renaissance
. Une ≪ Initiative du bassin du Nil ≫ tente de promouvoir le dialogue entre les dix pays riverains du fleuve ;
- entre l'
Ouganda
, le
Kenya
et la
Tanzanie
autour du fleuve
Congo
et du
Lac Victoria
;
- entre la
Chine
et la
Russie
a propos du fleuve
Amour
;
- entre le
Chili
et la
Bolivie
a propos du rio
Silala
;
- entre le
Perou
et la
Bolivie
a propos du detournement du
Rio Mauri
;
- entre les
Etats-Unis
et le
Mexique
: les Etats-Unis exploiteraient le fleuve
Colorado
de maniere abusive, tandis que le Mexique polluerait le
Rio Grande
dont ont besoin les agriculteurs texans.
Cependant, certains chercheurs remettent en cause la notion de ≪ guerres de l'eau ≫ a venir : ainsi pour
Wendy Barnaby
, auteur du livre
Do nations go to war over water?
, l’idee de futurs conflits concernant les ressources d’eau serait un ≪ mythe. ≫
[
43
]
Les conflits qui opposeraient l'
Egypte
,
Israel
et la
Jordanie
ne seraient pas en rapport avec l’eau. Wendy Barnaby estime que ≪ bien que la
gestion de l'eau
doive s'adapter au
changement climatique
, les mecanismes de base d'accords commerciaux, internationaux et le developpement economique, qui font diminuer les penuries d’eau, persisteront. ≫
Des enjeux environnementaux et sanitaires majeurs
[
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|
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]
En (Belgique), d'un grand interet egalement pour la protection de la ressource en eau, et en tant qu'element d'un
corridor ecologique alluvial
.
Les
changements climatiques
dus a l'
effet de serre
, meme hors dessalement a grande echelle, sont difficiles a predire. Globalement, les precipitations pourraient ne pas beaucoup changer (l'energie recue du Soleil restant la meme), mais leur localisation, leur frequence et leur distribution dans l'espace seront modifiees. Il est generalement admis que la situation des pays souffrant d'un deficit en eau verront leurs ressources diminuer. D'autres specialistes prevoient au contraire une reprise de
moussons
dans le
Sahara
si la temperature de la planete augmente
[
44
]
,
[
45
]
.
Les pressions importantes qui s'exercent sur les reserves d'eau douce dans diverses regions du monde contribuent a une deterioration preoccupante de leur qualite.
Environ 16 000
km
de rivieres de l'Ouest americain ont ete contamines par des produits toxiques et les acides de l'industrie miniere. Plus de 50 millions d'Americains boivent une eau du robinet contaminee par le plomb, des bacteries fecales, et d'autres polluants.
En Europe, avant que des efforts soient accomplis en vue de sa depollution, le
Rhin
charriait quelque 4 000 tonnes de metaux lourds et environ 7 000 tonnes d'hydrocarbures chaque annee.
En
Russie
, les trois quarts des lacs et des rivieres ont une eau
impropre a la consommation
, car les systemes de traitement des eaux usees sont defectueux.
Mais les pollutions qui rendent l'eau impropre a la consommation sont pires encore dans les pays en developpement. Environ 90 % des eaux usees urbaines y sont rejetees dans les rivieres, les lacs et les mers sans le moindre traitement.
L'eau est indispensable a la vie, notre organisme en est compose a 60 %, les ecosystemes aquatiques abritent des formes de vie multiples, et la vie elle-meme de la planete est intimement liee au cycle de l'eau.
Le probleme de l'acces a l'eau est au cœur de la plupart des problemes de sante publique que connaissent les pays en developpement.
Louis Pasteur
avait coutume de dire que ≪ nous buvons 90 % de nos maladies ≫. Aujourd'hui, selon l'
Organisation mondiale de la sante
, entre 3 et 5 millions de personnes meurent chaque annee dans le monde, de maladies dues a l'eau.
Dans les ≪ objectifs du millenaire ≫, fixes par l'
ONU
pour 2015, il etait prevu non seulement de diminuer de moitie le nombre de personnes souffrant de
sous-alimentation
sur la planete, mais egalement de diviser par deux le nombre de personnes n'ayant pas acces a l'eau potable. Et lors du
2
e
sommet de la Terre
, a
Johannesburg
, on a ajoute a cet objectif celui de reduire de moitie le nombre de personnes qui ne disposent pas de systemes d'assainissement des eaux usees.
Mais pour creer, etendre ou rehabiliter les reseaux d'adduction et les infrastructures necessaires dans les pays en developpement, il faudrait, estiment les experts, quelque 300 milliards de dollars. En outre, le developpement de l'irrigation et de l'usage des
engrais
, motive par la necessite d'accroitre les productions vivrieres, contribue a mettre en danger les ressources en eau.
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