La
parente
est la relation sociale privilegiee qui unit les membres d'une meme
famille
. Elle est fondee sur l'existence supposee d'une
filiation
commune ou d'une
alliance
. Dans le cas de la filiation, elle peut etre biologique (filiation
legitime
ou
naturelle
) ou decouler d'une
adoption
(
filiation adoptive
). Selon les societes, elle est le fondement de droits et d'obligations particulieres, dans la branche du
droit de la famille
. Il existe un systeme de
notation de la parente
.
Tous les individus d'une societe donnee entretiennent avec d'autres individus des relations de parente. Cependant, le role des parents sera different selon les societes : dans les societes dites industrialisees, a cote des parents, un grand nombre de relations s'etablissent en dehors de la parentele (et ce des le plus jeune age, a la creche et ensuite a l'ecole et au travail, dans un club de sport, etc.), ainsi la parente a moins d'importance que dans des societes claniques ou la parente regle pratiquement toutes les relations.
La parente articule des fonctions integrantes et discriminantes qui vont au-dela des proches parents ou de la
famille
, que l'on donne a ce terme un sens etroit ou etendu. La
filiation
, par exemple, peut definir l'appartenance a des groupes perennes qui s'etendent sur un reseau genealogique qui va bien au-dela des parents proches qu'un individu est amene a connaitre ou a frequenter au cours de sa propre existence, ses geniteurs, les oncles, ou les neveux, etc. A ce titre, un lignage, un
clan
, voire une
caste
, sont des extensions generalisatrices du principe de filiation. Dans une societe donnee, on dira ainsi que les X sont les descendants du castor mythique ; dans telle autre, qu'ils sont les descendants de tel heros. Enfin, dans des societes stratifiees, la perennite dans le temps des echelons qui la composent repose aussi sur la filiation. L'
aristocratie
de l'ancien regime affirmait, entre autres, se distinguer de la
roture
par le ≪ sang bleu ≫ qui l'unissait de facon exclusive, et l'appartenance a l'aristocratie se transmettait par filiation. Ces exemples divers montrent que l'etude de la parente, entendue d'une facon generale, permet de s'interroger sur des questions aussi centrales que ≪ qui sommes-nous ? ≫ et ≪ qui sont les autres ? ≫.
La parente a ete analysee par les
anthropologues
de bien des manieres, et selon des optiques parfois contradictoires. A defaut d'aborder l'histoire de cette sous-discipline de l'anthropologie, nous examinerons quelques concepts cles des etudes de parente, en nous fondant sur les sources indiquees en bibliographie.
La parente humaine connait des similarites avec celle des collectifs de primates superieurs.
La genese evolutive de la parente humaine reste a ce jour un domaine hautement conjectural.
Christian Ghasarian
evoque l'hypothese d'une naissance conjointe de la parente et du langage, et en tire une serie de consequences de type
psychanalytique
[
1
]
. La constitution d'une representation de la filiation aurait ainsi donne plus d'importance au pere qui, des lors, aurait pu ≪ s'interposer ≫ dans la relation entre la mere et ses enfants, une nouveaute a son tour non depourvue de consequences sur le developpement psychique de ces derniers. Toutefois, si la parente humaine apparait en meme temps que le langage, on ne saurait montrer trop de prudence au moment d'en tirer des consequences.
Levi-Strauss
se refuse a produire une genese conjecturale de la parente, mais admet pour sa part que pour qu'une parente humaine puisse exister, trois conditions
a priori
sont necessaires :
- l'existence de la regle comme regle ;
- la reciprocite comme forme d'integration de soi et autrui ;
- le caractere synthetique du don.
Cette reunion d'elements permet l'avenement d'une prohibition de l'
inceste
≪ humain ≫ qui est au fondement du ≪
contrat social
≫ original et originel que constitue pour lui la parente. Levi-Strauss l'a parfois exprime dans les termes classiques du passage de la nature a la culture. L'alienation minimale de la prohibition ? je ne peux pas epouser qui je veux ? permet l'etablissement d'un ordre collectif minimal ? je peux epouser la femme que tu ne peux pas epouser. Il reste que le statut des trois conditions
a priori
de la parente, pose probleme d'un point de vue evolutif, et dans son rapport avec le developpement du langage articule, puisque l'on ne saurait les aborder autrement que comme des ≪ proprietes invariantes ≫ d'un ≪ esprit humain ≫ dont la conception est par definition soustraite a tout processus evolutif. S'il y a pour Levi-Strauss un ≪ esprit humain ≫ il ne semble pas y avoir un ≪ esprit animal ≫, et par consequent le probleme de leur continuite ne peut meme pas etre pose. Resoudre la question de la parente humaine, et sa continuite ou sa rupture avec l'organisation d'une ≪ pre-parente ≫ chez les
hominides
anciens, necessite de repondre a la question epineuse de l'origine du langage.
Parmi la parente en general, on peut distinguer trois types de liens :
Les liens de parente, bien qu'on ait tendance a les considerer comme ≪ naturels ≫ ou biologiques, ne le sont que dans la tradition occidentale : c'est ainsi que la ≪
consanguinite
≫ est consideree comme biologique. Mais dans cette tradition aussi, des liens de parente peuvent etre crees par un processus juridique, comme dans le cas de l'
adoption
ou de la fraternite symbolique (
amitie
par exemple). La parente ne peut pas reposer exclusivement sur des liens consanguins, car ces liens impliqueraient la parente de tous, surtout dans les petites societes. L'organisation sociale sur cette base serait impossible. Des liens de parente sont donc generalement selectionnes dans la genealogie, les autres n'etant pas pris en compte. Il apparait donc que la consanguinite est surtout definie culturellement. La filiation definit ces liens.
Denominations en francais
- demi-sœur
= celle qui, par rapport a l'autre personne, a un de ses deux parents en commun
- demi-frere
= celui qui, par rapport a l'autre personne, a un de ses deux parents en commun
- sœur
= celle qui, par rapport a l'autre personne, a les deux parents en commun
- frere
= celui qui, par rapport a l'autre personne, a les deux parents en commun
- mere
= femme qui a mis au monde un ou plusieurs enfants
- pere
= homme qui a engendre, donne naissance a un ou plusieurs enfants
- fille
= personne du sexe feminin, consideree par rapport a son pere, a sa mere
- fils
= personne du sexe masculin, consideree par rapport a son pere, a sa mere
- grand-mere
ou
aieule
= mere du pere ou de la mere
- grand-pere
ou
aieul
= pere du pere ou de la mere
- petite-fille
= fille du fils ou de la fille
- petit-fils
= fils du fils ou de la fille
- tante
= sœur du pere ou de la mere
- oncle
= frere du pere ou de la mere
- niece
= fille du frere ou de la sœur
- neveu
= fils du frere ou de la sœur
- demi-tante
= demi-sœur du pere ou de la mere
- demi-oncle
= demi-frere du pere ou de la mere
- demi-niece
= fille du demi-frere ou de la demi-sœur
- demi-neveu
= fils du demi-frere ou de la demi-sœur
- demi-cousine
= fille du demi-oncle ou de la demi-tante, c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et un grand-parent
- demi-cousin
= fils du demi-oncle ou de la demi-tante, c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et un grand-parent
- cousine
= fille de l'oncle ou de la tante, c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et deux grands-parents
- cousin
= fils de l'oncle ou de la tante, c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et deux grands-parents
- double-cousine
= fille de la tante maternelle (sœur de la mere) avec l'oncle paternel (frere du pere) ou fille de l'oncle maternel (frere de la mere) avec la tante paternelle (sœur du pere), c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et quatre grands-parents
- double-cousin
= fils de la tante maternelle (sœur de la mere) avec l'oncle paternel (frere du pere) ou fils de l'oncle maternel (frere de la mere) avec la tante paternelle (sœur du pere), c'est-a-dire, par rapport aux autres, ils ont en commun, zero parents et quatre grands-parents
- arriere-grand-mere
ou
bisaieule
= mere du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-grand-pere
ou
bisaieul
= pere du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-petite-fille
= fille du petit-fils ou de la petite-fille
- arriere-petit-fils
= fils du petit-fils ou de la petite-fille
- grand-tante
= sœur du grand-pere ou de la grand-mere
- grand-oncle
= frere du grand-pere ou de la grand-mere
- petite-niece
= petite-fille du frere ou de la sœur
- petit-neveu
= petit-fils du frere ou de la sœur
- grand-cousine
= cousine du pere ou de la mere
- grand-cousin
= cousin du pere ou de la mere
- petite-cousine
= fille du cousin ou de la cousine
- petit-cousin
= fils du cousin ou de la cousine
- cousine au deuxieme degre
= petite-fille du grand-oncle ou de la grand-tante
- cousin au deuxieme degre
= petit-fils du grand-oncle ou de la grand-tante
- arriere-arriere-grand-mere
ou
trisaieule
= mere de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-arriere-grand-pere
ou
trisaieul
= pere de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-arriere-petite-fille
= fille de l'arriere-petit-fils ou de l'arriere-petite-fille
- arriere-arriere-petit-fils
= fils de l'arriere-petit-fils ou de l'arriere-petite-fille
- arriere-grand-tante
= sœur de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-grand-oncle
= frere de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-petite-niece
= arriere-petite-fille du frere ou de la sœur
- arriere-petit-neveu
= arriere-petit-fils du frere ou de la sœur
- arriere-grand-cousine
= cousine du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-grand-cousin
= cousin du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-petite-cousine
= petite-fille du cousin ou de la cousine
- arriere-petit-cousin
= petit-fils du cousin ou de la cousine
- grand-cousine au deuxieme degre
= cousine au deuxieme degre du pere ou de la mere
- grand-cousin au deuxieme degre
= cousin au deuxieme degre du pere ou de la mere
- petite-cousine au deuxieme degre
= arriere-petite-fille du grand-oncle ou de la grand-tante
- petit-cousin au deuxieme degre
= arriere-petit-fils du grand-oncle ou de la grand-tante
- cousine au troisieme degre
= arriere-petite-fille de l'arriere-grand-oncle ou de l'arriere-grand-tante
- cousin au troisieme degre
= arriere-petit-fils de l'arriere-grand-oncle ou de l'arriere-grand-tante
- arriere-arriere-arriere-grand-mere
ou
quadrisaieule
= mere de l'arriere-arriere-grand-pere ou de l'arriere-arriere-grand-mere
- arriere-arriere-arriere-grand-pere
ou
quadrisaieul
= pere de l'arriere-arriere-grand-pere ou de l'arriere-arriere-grand-mere
- arriere-arriere-arriere-petite-fille
= fille de l'arriere-arriere-petit-fils ou de l'arriere-arriere-petite-fille
- arriere-arriere-arriere-petit-fils
= fils de l'arriere-arriere-petit-fils ou de l'arriere-arriere-petite-fille
- arriere-arriere-grand-tante
= sœur de l'arriere-arriere-grand-pere ou de l'arriere-arriere-grand-mere
- arriere-arriere-grand-oncle
= frere de l'arriere-arriere-grand-pere ou de l'arriere-arriere-grand-mere
- arriere-arriere-petite-niece
= arriere-arriere-petite-fille du frere ou de la sœur
- arriere-arriere-petit-neveu
= arriere-arriere-petit-fils du frere ou de la sœur
- arriere-arriere-grand-cousine
= cousine de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-arriere-grand-cousin
= cousin de l'arriere-grand-pere ou de l'arriere-grand-mere
- arriere-arriere-petite-cousine
= arriere-petite-fille du cousin ou de la cousine
- arriere-arriere-petit-cousin
= arriere-petit-fils du cousin ou de la cousine
- arriere-grand-cousine au deuxieme degre
= cousine au deuxieme degre du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-grand-cousin au deuxieme degre
= cousin au deuxieme degre du grand-pere ou de la grand-mere
- arriere-petite-cousine au deuxieme degre
= arriere-arriere-petite-fille du grand-oncle ou de la grand-tante
- arriere-petit-cousin au deuxieme degre
= arriere-arriere-petit-fils du grand-oncle ou de la grand-tante
- grand-cousine au troisieme degre
= cousine au troisieme degre du pere ou de la mere
- grand-cousin au troisieme degre
= cousin au troisieme degre du pere ou de la mere
- petit-cousine au troisieme degre
= arriere-arriere-petite-fille de l'arriere-grand-oncle ou de l'arriere-grand-tante
- petit-cousin au troisieme degre
= arriere-arriere-petit-fils de l'arriere-grand-oncle ou de l'arriere-grand-tante
- cousine au quatrieme degre
= arriere-arriere-petite-fille de l'arriere-arriere-grand-oncle ou de l'arriere-arriere-grand-tante
- cousin au quatrieme degre
= arriere-arriere-petit-fils de l'arriere-arriere-grand-oncle ou de l'arriere-arriere-grand-tante
- conjoint
= mari ou epoux
- femme
= femme uni par le mariage
- mari
= homme uni par le mariage
- belle-mere
= mere du conjoint / la femme du pere qui n'est pas la mere
- beau-pere
= pere du conjoint / mari de la mere qui n'est pas le pere
- belle-fille
ou
bru
= femme du fils / fille de l'autre conjoint, pour un conjoint
- beau-fils
ou
gendre
= mari de la fille
- beau-fils
= fils de l'autre conjoint, pour un conjoint
- belle-grand-mere ou belle-aieule
= grand-mere du conjoint / femme du grand-pere qui n'est pas la grand-mere / mere du beau-pere ou de la belle-mere
- beau-grand-pere ou beau-aieul
= grand-pere du conjoint / mari de la grand-mere qui n'est pas le grand-pere / pere du beau-pere ou de la belle-mere
- belle-petite-fille
= femme du petit-fils / petite-fille de l'autre conjoint, pour un conjoint / belle-fille du fils ou de la fille
- beau-petit-fils
= mari de la petite-fille / petit-fils de l'autre conjoint, pour un conjoint / beau-fils du fils ou de la fille
- belle-sœur
= sœur du conjoint / femme du frere / fille du conjoint de l'un des parents qui n'est pas la demi-sœur
- beau-frere
= frere du conjoint / mari de la sœur / fils du conjoint de l'un des parents qui n'est pas la demi-sœur
- belle-tante
= tante du conjoint / femme de l'oncle / sœur du beau-pere ou de la belle-mere
- beau-oncle
= oncle du conjoint / mari de la tante / frere du beau-pere ou de la belle-mere
- belle-niece
= femme du neveu / niece du conjoint / belle-fille du frere ou de la sœur
- beau-neveu
= mari de la niece / neveu du conjoint / beau-fils du frere ou de la sœur
- belle-cousine
= femme du cousin / cousine du conjoint / belle-fille de l'oncle ou de la tante / fille du beau-oncle ou de la belle-tante
- beau-cousin
= mari de la cousine / cousin du conjoint / beau-fils de l'oncle ou de la tante / fils du beau-oncle ou de la belle-tante
- sans parente = les ascendants des conjoints des collateraux / les collateraux des conjoints des descendants / les ascendants des conjoints des collateraux / les collateraux des conjoints des descendants / personne par rapport a une autre personne qui n'a pas de consanguinite, pas d'ancetre commun, pas de parente par affinite, pas de parente par adoption, pas de parente par classification indefinie et aucun autre type de parente
Le
droit civil francais
definit le degre de parente dans le titre relatif aux
successions
. Depuis le debut du
XIX
e
siecle, le degre de parente y est defini comme le nombre total de generations qui separent deux individus
[
2
]
. Autrement dit, c'est la longueur du chemin qui va, dans leur
arbre genealogique
, de l'un a l'autre en passant par leur ascendant commun (qui peut etre l'un d'eux)
[
3
]
. Un enfant et son pere sont parents au premier degre. Deux sœurs sont parentes au deuxieme degre : une ≪ generation ≫ de l'une des sœurs a leurs parents, plus une ≪ generation ≫ des parents a l'autre sœur ; un individu et son grand-pere sont egalement parents au deuxieme degre : une generation de l'individu a ses parents, plus une generation des parents au grand-pere ; dans les deux cas, il y a un intermediaire : le couple des parents (ou le parent commun). Un oncle et sa niece sont parents au troisieme degre. Des cousins germains sont parents au quatrieme degre.
Le droit
belge
des successions, comme le
droit civil francais
, definit le degre de parente comme le nombre total de generations qui separent deux individus
[
4
]
.
Le droit civil suisse apprehende la parente selon sa ligne et sa proximite
[
5
]
. La ligne est directe entre les personnes physiques qui descendent l'une de l'autre (p.ex. une mere et son fils, ou un grand-pere et sa petite-fille); elle est collaterale pour les personnes qui descendent d'un auteur commun sans descendre l'un de l'autre (freres et sœurs, cousins, neveux, etc.). La proximite est, comme en droit francais et en droit belge, definie selon le mode romain (par opposition au mode canonique ou allemand). Plus precisement, cela signifie que le degre de parente est defini par le nombre de generations qui separe les deux personnes?: en remontant de la premiere jusqu’au parent commun, puis en redescendant vers la seconde. Ainsi, en ligne directe, le premier degre de parente est le lien entre parents et enfants; le deuxieme degre entre grands-parents et petits-enfants, etc. En ligne collaterale, le deuxieme degre unit les freres et sœurs, le troisieme degre les oncles et neveux, le quatrieme les cousins (ou les grands-oncles et petits-neveux), etc. Il n'existe pas de premier degre en ligne collaterale.
Le
droit canon
de l'
Eglise catholique
definit, dans le texte relatif a la consanguinite
[
6
]
, le degre de parente entre deux individus comme etant, en ligne directe, le nombre de generations entre eux
[
7
]
et, en ligne collaterale comme le plus grand des degres dans les deux lignes directes
[
8
]
.
Un frere et sa sœur sont ainsi ≪ parents au premier degre ≫. Des
cousins germains
sont donc parents au deuxieme degre car il faut remonter a la generation du grand-pere ou de la grand-mere pour trouver un ancetre commun. Ce mode de calcul vaut pour les individus d'une meme generation. Lorsque les generations des deux individus consideres sont differentes, on mentionne les degres de chacune des deux branches : un oncle et sa niece sont dits ≪ parents
du premier au deuxieme
degre ≫. L'ancetre commun est en effet le pere ou la mere de l'oncle (premier degre) qui est aussi le grand-pere ou la grand-mere de la niece (deuxieme degre).
[ref. necessaire]
La
filiation
est, selon Ghasarian, ≪ le principe gouvernant la transmission de la parente. ≫ La filiation permet de donner un
statut social
a un individu et de classer les hommes, ce qui est particulierement important, par exemple pour les regles du
mariage
. La filiation ne repose generalement pas sur des criteres biologiques et depend plutot de la conception recue du lien de parente.
Les anthropologues distinguent trois grands types de filiation (cf. Ghasarian,
p.
58) :
- filiation unilineaire patrilineaire ou matrilineaire ;
- filiation bilineaire ;
- filiation indifferenciee.
Note : ces organisations sont particulierement complexes, et un expose detaille demanderait un grand nombre de schemas pour etre intelligible. Nous nous en tiendrons donc a des generalites.
C'est l'organisation la plus repandue. La filiation est imposee a chacun, du cote du pere ou de la mere. Generalement, dans ces systemes, on estime l'importance du role physique de l'homme ou de la femme dans la procreation d'apres cette appartenance au pere ou a la mere.
Dans la plupart des filiations unilineaires les femmes sont dominees par les hommes. D'apres Laburthe-Tolra, ce systeme est fonde par la force physique, plus grande chez l'homme, et donc aussi par la violence, malgre la rebellion des femmes dans beaucoup de societes traditionnelles.
- Patrilineaire (dite
agnatique
) : Dans cette filiation, l'individu appartient au groupe parental consanguin de son pere. Les relations sociales a l'interieur du groupe et le droit dependent des hommes. La femme reside alors chez son mari et doit se soumettre a son autorite. Exemples :
Birmanie
,
Chine
ancienne,
Grece
,
Rome
.
- Matrilineaire
(dite
uterine
) : L'individu est cette fois inclus dans le groupe consanguin de sa mere : les droits se transmettent par les femmes. Dans ce cas, le mari n'a que peu d'importance, et c'est le frere de la mere (oncle) qui possede des droits sur les enfants. On trouve aussi des societes ou la parente est patrilineaire alors que le droit de propriete (y compris l'etat d'homme libre) est matrilineaire. Dans ce systeme, les femmes n'ont souvent pas plus de pouvoir politique que dans le systeme patrilineaire, bien que leurs roles economiques et religieux soient plus importants. On doit donc distinguer parente matrilineaire et
matriarcat
: la parente matrilineaire est la plupart du temps patriarcale.
Filiation bilineaire (dite aussi
double filiation
)
[
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Cette filiation rare combine les deux systemes de filiation precedents. L'individu obtient des aspects sociaux precis de chaque cote : nom de famille, droits, devoirs, statuts, biens, culte des ancetres, etc. Exemples : chez les
Juifs
, la parente est patrilineaire, mais la judeite se transmet par les femmes ;
Touareg
;
Hereros
.
Filiation bilaterale ou indifferenciee (dite
cognatique
)
[
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]
L'individu fait dans ce cas partie d'au moins deux groupes de parente, du cote de sa mere et de son pere a partir des grands-parents. Cette organisation structure des societes plus complexes que dans les cas precedents. Selon Ghasarian, ce systeme de parente concerne cinquante pour cent des societes humaines.
L'individu peut choisir sa filiation : en Occident, le choix n'est pas obligatoire pour avoir un statut, mais il l'est dans les societes traditionnelles, ce qui fait distinguer entre droits effectifs et droits potentiels. Par ce choix, l'individu doit s'etablir en residence dans l'une ou l'autre parente, ou se partager entre les deux, et ses droits varient en consequence. Ce choix laisse une grande liberte individuelle, puisque c'est l'individu qui est cense rendre ses droits effectifs ; l'individu peut en outre parfois modifier son choix de residence.
Des ethnologues ont fait remarquer que ces divisions sont trop rigides pour decrire les parentes reellement a l'œuvre dans les societes : c'est une certaine proportion de patrilinearite et de matrilinearite qu'on y trouverait en fait. Pour Rodney Needham (dans ≪ La Parente en question ≫, citee par Ghasarian), il n'y a ≪ aucun principe de filiation unique ≫. La conformite d'une societe a un modele uniforme est ainsi selon lui improbable. En consequence, le classement des societes selon ces criteres n'a rien d'evident.
Le
lignage
est un ensemble de personnes (y compris les morts) qui descendent d'un meme ancetre (homme ou femme). Le lignage renvoie a l'ancien droit coutumier d'origine germanique (le lien du sang). Au Moyen Age, le lignage structure la hierarchie feodale, au sein de la noblesse (dite de sang). Ainsi, la
vassalite
qui unit au travers des obligations reciproques d'homme libre a homme libre etait le plus souvent jointe au lignage et a la parente (c'est-a-dire a l'alliance par le mariage de deux lignages, par exemple, les mariages d'
Anne de Bretagne
avec Charles VIII puis avec Louis XII qui firent entrer la Bretagne dans le royaume de France).
Le lignage comprend de tres nombreux aspects :
- organisation (
economie
,
travail
, etc.) ; y compris dans les societes traditionnelles le
don
et le contre don ;
- droit (
heritage
/ succession, autorite des Anciens, gestion et usage des biens, etc.) ;
- fiscalite
(
droits de succession
, definition fiscale du menage, etc.) ;
- religion
(cultes des ancetres) ;
- service (chasse, gestion du betail, etc.) ;
- etc.
Cet ensemble forme une personne morale (encore que juridiquement ce terme s'applique plutot aux societes et associations), dont les membres sont les representants.
- Le respect
- La familiarite
- Les
interdits
(notamment l'
inceste
)
- L'evitement : cette relation, qui s'apparente au respect, comporte de nombreux aspects lies a la personne evitee. Evitement des regards, des contacts physiques, de la presence, de la realisation de certains actes (nutrition par exemple) en presence de la personne, etc. Ce comportement concerne plusieurs types de relation et se produit suivant le lieu, le moment de la journee, etc. : mari et femme, gendre et beaux-parents, etc. Par exemple, dans certaines societes, le gendre est cense se cacher s'il apercoit sa belle-mere : c'est un comportement de crainte qui doit permettre d'eviter les conflits et conserver le respect mutuel.
- Les relations a plaisanteries
Le
mariage
est l'union de deux personnes (traditionnellement : une femme et un homme ; et plus recemment : deux femmes ou deux hommes), formant ainsi une
famille
, qu'ils aient des enfants ou non. C'est en effet la fonction sociale du mariage qui est prise en compte.
Le nombre d'epoux et d'epoux determine une des classifications possibles des mariages :
- monogamie
: dans un mariage monogame, l'epoux a une seule epouse et reciproquement ;
- polygamie
. c'est le mariage d'un individu (homme ou femme) avec plusieurs personnes (hommes ou femmes) ; on distingue deux types de mariage polygame :
- mariage polygynique
, ou l'homme a plusieurs epouses legitimes. Cette pratique est generalement associee au statut social de l'homme, le nombre de femmes temoignant de son importance et de sa puissance. Le statut des femmes y est variable : les femmes peuvent etre enfermees comme des biens (signe de richesse), ou au contraire disposer d'une grande liberte dans leurs activites par une repartition des taches entre les epouses ;
- mariage polygynique sororal : l'homme se marie a une femme, puis par la suite a sa sœur, voire a plusieurs d'entre elles ;
- mariage polyandrique
: la femme a plusieurs hommes legitimes ;
- mariage polyandrique fraternel : la femme se marie avec des freres.
Il existe de nombreuses formes de mariage particulieres, parmi lesquelles :
- le
levirat
. Dans ce type de mariage, une femme doit epouser le frere de son mari defunt. Le nouveau mari a alors le devoir de poursuivre la lignee de son frere ; les enfants issus de cette union seront socialement consideres comme ceux de l'ancien mari. Exemples :
Grece antique
,
Rome
;
- le
sororat
. Dans ce type de mariage, c'est cette fois la sœur d'une epouse defunte qui assure la continuite de la lignee.
- le
mariage morganatique
: pour les souverains, mariages ou l'un des epoux, et les enfants du couple, renoncent a une partie des prerogatives d'heritage.
Pour exemple, un homme sterile peut se marier dans la quasi-totalite des pays du monde. Une femme sterile peut par exemple tenir le ≪ role d'un homme ≫ tel qu'il est defini chez les
Nuer
[
9
]
.
L'epouse est generalement consideree par l'homme et se voit elle-meme comme un bien, comme dans le cas de la polygynie
[ref. necessaire]
. A ce titre, c'est souvent la
virginite
de la future mariee qui fait sa valeur
[ref. necessaire]
. Les rapports sexuels avant le mariage sont pour une femme une cause de deshonneur et d'impurete dans de nombreuses societes traditionnelles. Quant a l'homme, il est souvent tenu d'epouser la femme avec qui il a eu des rapports sexuels
[ref. necessaire]
.
L'adultere est soit interdit aux deux epoux, soit accepte pour les deux, soit interdit a l'un des deux seulement. Ce point, comme la virginite, est lie a l'honneur et peut entrainer des vengeances. Dans certaines societes, les femmes sont echangees entre epoux
[ref. necessaire]
.
Le partage d'un des deux conjoints peut egalement faire l'objet d'un accord plus ou moins temporaire avec des proches en raison du manque de partenaires potentiels
[
10
]
, de vigueur sexuelle
[
11
]
ou bien en echange de services particuliers, systeme particulierement repandu en Amazonie Indigene.
La parente offre un
statut social
qui a souvent joue un role determinant dans l'organisation du pouvoir. L'
anthropologie politique
etudie ces elements. Meme en l'absence de definition
juridique
, on reconnait souvent dans les familles :
- ↑
Ghasarian, Christian
Introduction a l'etude de la parente
. Le Seuil, Collection "Points Essais", 276 p.
- ↑
Livre III
Des differentes manieres dont on acquiert la propriete
, Titre
I
er
:
Des successions
, Chapitre III :
Des heritiers
, Section 1 :
Des droits des parents en l'absence de conjoint successible
, Paragraphe 2:
Des degres
Article 741 : La proximite de parente s'etablit par le nombre de generations ; chaque generation s'appelle un degre.
Article 742 : La suite des degres forme la ligne ; on appelle ligne directe la suite des degres entre personnes qui descendent l'une de l'autre ; ligne collaterale, la suite des degres entre personnes qui ne descendent pas les unes des autres, mais qui descendent d'un auteur commun…
- ↑
Article 743 : En ligne directe, on compte autant de degres qu'il y a de generations entre les personnes… En ligne collaterale, les degres se comptent par generation, depuis l'un des parents jusques et non compris l'auteur commun, et depuis celui-ci jusqu'a l'autre parent.
- ↑
Source:
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- ↑
Antoine Eigenmann,
CR Code civil I
,
vol.
I, Bale,
Helbing Lichtenhahn
,
coll.
≪
Commentaire romand
≫,
,
2
e
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(
ISBN
978-3-7190-3900-4
,
lire en ligne
)
, Art. 20, N 4
- ↑
Code de droit canonique, Livre I : Normes generales, Titre VI : Les personnes physiques et juridiques, Chapitre I : La condition canonique des personnes physiques
Can. 108 - § 1. La consanguinite se compte par lignes et par degres.
- ↑
Can. 108, § 2 : En ligne directe, il y autant de degres que de generations, c'est-a-dire de personnes, la souche n'etant pas comptee.
- ↑
Can. 108, § 3 : En ligne collaterale, il y a autant de degres que de personnes dans les deux lignes additionnees, la souche n'etant pas comptee.
- ↑
E. E.
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,
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, Payot,
(
ISBN
2-228-11330-1
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978-2-228-11330-4
,
OCLC
8397254
,
lire en ligne
)
- ↑
Philippe Erikson,
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, Revue "Terrain"
- ↑
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Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
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