Ke Pauk
(
1934
-
2002
) etait un militaire
cambodgien
, responsable
khmer rouge
particulierement sanguinaire. Son ralliement au gouvernement de
Hun Sen
et sa mort lui ont evite d'avoir a rendre compte de ses crimes.
De son vrai nom Ke Vin, il est ne en
1934
a Baray, dans la
province de Kompong Thom
, au nord du
Cambodge
[
1
]
.
En
1949
, a 15 ans, apres avoir vu son village rase par les troupes francaises, il rejoint les forces independantistes des
khmers issarak
[
2
]
.
En
1954
, apres le depart des Francais, il sort de sa foret mais est arrete par la police de
Norodom Sihanouk
et condamne a 6 ans de prison
[
3
]
.
Relache en
1957
, il se marie avec Sou Sœun qui lui donnera six enfants. C’est a ce moment qu’il aurait ete contacte par un secretaire du
Parti revolutionnaire du peuple khmer
(PRPK), ancetre du Parti communiste du Kampuchea, pour rejoindre leur mouvement. Un voisin se souvient de Vin comme ≪ vendant de l’alcool, achetant des poulets et se livrant a des activites politiques ≫ a Baray
[
3
]
.
En
1964
, apres avoir ete victime de violences policieres, il reprend le maquis. Un temoin assista a ces debuts de l’insurrection
khmere rouge
locale.
≪ 54 hommes et femmes ≫
munis de 2 carabines et reunis en secret dans la foret de Bos Pauk. Vin prit le pseudonyme de Pauk, en reference a ce premier repaire
[
3
]
.
Une nuit d’avril
1968
, les rebelles frapperent et tuerent 7 personnes dans trois villages. Pauk venait de debuter dans une carriere qui allait l’amener au sommet de la hierarchie d’un des regimes les plus sanguinaires du
XX
e
siecle
[
3
]
.
Quand, en
1970
, la guerre du Viet Nam s’etend au Cambodge,
Koy Thuon
[Qui ?]
dirigeait les maquis khmers rouges de la zone nord. Pauk devint son commandant militaire
[
1
]
. Il s’en prenait aux troupes de
Lon Nol
soutenues par les Etats-Unis, mais aussi aux communistes vietnamiens
[
3
]
.
Les bombardements des B52 americains qui tuerent plus de 150 000 paysans cambodgiens connurent leur apogee en
1973
. Pauk sut profiter de ces bombardements pour assoir son pouvoir et en arriva meme a faire de l’ombre a Thuon
[
3
]
.
Un de ses soldats a decrit les regles fixees alors par Pauk :
≪
Dans la region de
Kompong Thom
, l’organisation etait dirigee par des hommes tres rigoureux … Leur discipline etait tres dure ; il y avait de nombreuses executions … Les statues de Bouddha avait ete detruites et les pagodes laicisees … il y avait des camps pour les femmes, d’autres pour les enfants, pour les jeunes filles, les jeunes hommes ; les repas etaient pris en commun et les rations ne contenaient que du potage de riz, sans viande … Il etait interdit aux enfants de respecter leurs parents, aux moines de prier, aux maris de vivre avec leurs femmes.
≫
[
3
]
Ces regles rappellent celles qui seront mises plus tard en place dans l’ensemble du Kampuchea democratique de Pol Pot.
En
1973
, les forces du nord investirent
Kompong Cham
et deporterent les 15 000 habitants vers la campagne. Au debut de l’annee suivante, les unites de Pauk furent redeployees vers
Phnom Penh
et
Oudong
, l’ancienne capitale royale. Des milliers de paysans en profiterent pour fuir vers
Kompong Thom
, alors aux mains des troupes de
Lon Nol
. ≪ Nous etions obliges de travailler tres dur et ne recevions rien ≫ expliquaient-ils. Les habits noirs etaient obligatoires et les executions courantes. Les minorites ethniques devaient etre ≪ dispersees ≫
[
3
]
. Un ordre specifique a la zone nord interdisait de laisser les Chams musulmans ≪ concentres a un seul endroit ≫
[
2
]
.
En
1974
, les forces commandees par Pauk et celle du Sud Ouest sous les ordres de
Mok
occuperent
Oudong
. Un paysan se rappelle : ≪ 40 000 personnes furent envoyes dans toutes les directions. Les khmers rouges brulerent toutes les maisons
[
4
]
. ≫
La victoire khmere rouge fut parachevee le
avec la prise de
Phnom Penh
. Les forces de Pauk participerent alors a l’evacuation des 2 millions d’habitants
[
2
]
.
Quand, en
1976
, Thuon accede au ministere du commerce, Pauk devient secretaire du parti pour la zone nord
[
4
]
.
Le vent tourne pour Thuon, qui est arrete en
1977
et execute. Ses partisans sont alors elimines dans la zone nord par Pauk, qui en profite pour installer une dizaine de membres de sa famille aux postes cles
[
2
]
.
De l’autre cote du
Mekong
, a l’est, des musulmans chams s’etaient revoltes depuis
1975
. Un dirigeant de cette zone se plaignit a Pol Pot de l’impossibilite d’executer ≪
la strategie de dispersion telle que decidee par vous, frere, et discutee avec nous
≫.
Pol Pot
aurait ordonne de disseminer 150 000 Chams de l’est dans les zones du nord et du nord ouest. Mais les fonctionnaires de Pauk repousserent les 50 000 Chams qu’on leur avait envoyes. Ils ≪ refuserent categoriquement de prendre en charge des musulmans ≫, acceptant ≪ uniquement de purs Khmers ≫. Dans un message a Pol Pot, Pauk se justifia en les denoncant comme des ennemis de l’Angkar
[
3
]
.
Il fut nomme chef adjoint d’etat major, sous les ordres de
Ta Mok
[
3
]
.
En
1977
, Pauk transfera ses forces a l’est, en vue d’envahir le Sud-Viet Nam
[
3
]
. C’est a cette occasion que Pol Pot le rejoint pour adresser a la troupe sa harangue ≪ Chaque Cambodgien se doit de tuer 30 Vietnamiens
[
4
]
… ≫
Mais des rivalites internes empecherent de mettre le plan a execution. En
, de concert avec les forces de Mok et celles du centre aux ordres de Pol Pot, ses hommes massacrent les suspects de l’administration et de la population de la zone est. Lors de ce qui reste le plus grand crime de masse de l’histoire du Cambodge, ils assassinent pres de 100 000 personnes
[
4
]
. C’est aussi a cette epoque qu’il accede au
comite central
du
parti
, puis, en
novembre
, au comite permanent
[
5
]
.
L’invasion vietnamienne de janvier
1979
met un terme a ce regime de terreur ; ce qu’il reste des derniers khmers rouges s’enfuient dans les forets proches de la frontiere
thailandaise
. Ke Pauk est rendu responsable de la deroute et on lui retire tous ses pouvoirs
[
2
]
.
En
1985
, on lui demande meme de quitter les rangs de l’armee khmere rouge
[
2
]
.
En
1996
,
Ieng Sary
, ancien adjoint de
Pol Pot
rejoint les rangs du
Premier ministre
Hun Sen
en echange d’un ≪ pardon ≫. Soupconnant d’autres defections a venir,
Pol Pot
fait assassiner
Son Sen
, son chef de la securite. Craignant de subir le meme sort,
Ta Mok
fait arreter Pol Pot
[
3
]
.
A son tour, en
, Ke Pauk se rallie aux forces gouvernementales et devient conseiller du ministre de la defense avant, en
de se voir octroyer le grade de
general de brigade
des
forces armees royales khmeres
[
6
]
. Alors que les dernieres factions se delitent, Pol Pot meurt le
a l’age de soixante-neuf ans, officiellement d'une
crise cardiaque
[
7
]
.
Un an plus tard, les forces gouvernementales, en capturant Ta Mok, sonnent le glas du mouvement khmer rouge.
Le
, Ke Pauk s’eteint a son domicile d’Anlong Veng, manifestement de mort naturelle
[
8
]
.
- ↑
a
et
b
(en)
Documentation Center of Cambodia -
≪
Ke Pauk
≫
(
Archive.org
?
Wikiwix
?
Archive.is
?
Google
?
Que faire ?
)
, accede en aout 2009.
- ↑
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b
c
d
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et
f
(en)
Documentation Center of Cambodia ?
Autobiography of Ke Pauk
, Accede en Septembre 2009
- ↑
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f
g
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i
j
k
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(en)
Ben Kiernan - Guardian -
Ke Pauk, One of Pol Pot's leading military commanders, he was responsible for the murders of many thousands of Cambodians, but escaped justice
21 fevrier 2002
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Solomon Kane (
trad.
de l'anglais par Francois Gerles,
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, 460
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(
ISBN
9782916063270
)
, ≪ KE (Vin) ≫,
p.
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- ↑
Henri Locard,
Pourquoi les Khmers rouges
, Paris, Editions Vendemiaire,
coll.
≪ Revolutions ≫,
, 352
p.
(
ISBN
9782363580528
,
presentation en ligne
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- ↑
Henri Locard,
Pourquoi les Khmers rouges
, Paris, Editions Vendemiaire,
coll.
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, 352
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ISBN
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, ≪ L'Angkar ≫,
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- ↑
(fr)
Alain Lebas, ≪
Les Khmers rouges montrent Pol Pot mort : L'initiateur du genocide cambodgien serait decede d'une crise cardiaque
≫,
Liberation
,
(
lire en ligne
)
- ↑
(en)
BBC News Online, 17 fevrier 2002,
Khmer Rouge commander buried