Verseau

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Verseau
Image illustrative de l'article Verseau
Vue de la constellation.
Designation
Nom latin Aquarius
Genitif Aquarii
Abreviation Aqr
Observation
(Epoque J2000.0 )
Ascension droite Entre 308° et 357,5°
Declinaison Entre -25,5° et 2,75°
Taille observable 980 deg 2 ( 10 e )
Visibilite Entre 65° N et 90° S
Meridien 10 octobre , 21h00
Etoiles
Brillantes  ( m ≤3,0) 2 ( β , α )
A l’œil nu 179
Bayer / Flamsteed 90
Proches  ( d ≤16  al ) 2
La plus brillante β Aqr (2,90)
La plus proche EZ Aquarii (11,3 al )
Objets
Objets de Messier 3 ( M2 , M72 , M73 )
Essaims meteoritiques Aquarides de mars
Eta aquarides
Delta aquarides
Iota aquarides
Constellations limitrophes Aigle
Baleine
Capricorne
Dauphin
Pegase
Petit Cheval
Poisson austral
Poissons
Sculpteur

Le Verseau , ou Porteur d’eau , est une constellation du zodiaque traversee par le Soleil du 16 fevrier au 11 mars . Dans l'ordre du zodiaque, la constellation se situe entre le Capricorne a l'ouest et les Poissons a l'est. Verseau etait l’une des 48 constellations identifiees par Ptolemee .

Elle est parmi les constellations les plus vieilles du ciel et se trouve dans une zone souvent appelee la ≪  Mer  ≫, a cause de son abondance de constellations aquatiques telles la Baleine , les Poissons , Eridan , etc. Parfois, le fleuve Eridan est dessine provenant du pot du Verseau.

En astrologie , le Verseau est egalement un signe du zodiaque correspondant au secteur de 30° de l' ecliptique traverse par le Soleil du 21 janvier au 19 fevrier . C'est dans ce sens qu'il y sert au reperage des deplacements planetaires.

Nomenclature, histoire & mythologie [ modifier | modifier le code ]

En Mesopotamie [ modifier | modifier le code ]

Nous avons, au depart, mul.GU.LA = Rabu , soit l’etoile du ≪ Grand personnage ≫ pour Alpha Aquarii / α Aqr dans les Listes de Nippur , datees de 2112-2004 av. e. c [ 1 ] . On lit dans la Serie MUL.APIN , qui est le premier traite d'astronomie mesopotamienne, decouvert a Ninive dans la bibliotheque d'Assurbanipal et datant au plus tard de 627 av. e. c. : DI? mul.GULA d.e-a mul.NUN.ki d.e-a, ce qui signifie que ≪ l’etoile GULA est celle du dieu Ea≫, sachant qu’ENKI = Ea est le seigneur de la Sagesse et des Eaux. Mais nous possedons deja, sur un sceau cylindrique date vers 2300 av. e. c., l’image de ce dieu tenant deux urnes versant chacune un courant d’eau [ 2 ] .

ENKI = Ea sur un sceau-cylindre date vers 2300 av. e. c.

Par la suite, c’est-a-dire au debut du 1 er millenaire e.c., le ciel est organise en constellations, c’est-a-dire que les etoiles sont desormais nommees par leur situation dans les figures celestes, les ephemerides, qui couvrent les evenements astronomiques pratiquement sur le millenaire avant notre ere, ne retiennent aucune etoile-repere dans cette constellation, mais l'image traditionnelle du dieu ENKI = Ea s'impose comme figure de l'ancetre d' Aquarius [ 3 ] .

En Grece et a Rome [ modifier | modifier le code ]

La figure d' Aquarius dans l’edition de 1482 du Poeticon astronomicon d’ Hyginus , Venise.

Les Grecs font de cette constellation ?δροχ?ο? , litteralement le ≪ Verseur d’eau ≫, atteste chez Eudoxe [ 4 ] , mais ils ne manquent pas de l’adapter a leur propre gout mythologique. Ainsi, pour Eratosthene , certains soutiennent qu’il s’agit de Ganymede , l’echanson de Zeus , le flot qu’il deverse ressemblant au nectar dont il abreuve l'Olympe [ 5 ] .

Les Latins ont le plus souvent rendu le nom grec de la constellation par Aquarius , et ce a partir de Ciceron dans ses Aratea , c’est-a-dire sa version latine des Φαιν?μενα d’ Aratos . Mais ils ont aussi, plus rarement, employe Hydrochoos , soit sa transcription, et diverses autre appellations, parmi lesquelles Urna et Amphora [ 6 ] , qui se ressentent d’une influence orientale, sachant la constellation se dit en arameen ???? Dawla , ≪ le Vase ≫, influence probablement venue par ce qu’a cote de la Sphaera graecana , le philosophe Nigidius Figulus , ami de Ciceron , nommait la Spheara barbarica , et dont les riches materiaux furent constamment renouveles par des apports reguliers de sources syriennes et mesopotamiennes [ 7 ] .

Chez les Arabes [ modifier | modifier le code ]

Chez les Arabes, il faut distinguer le ciel traditionnel qui comprend les man?zil al-qamar ou ≪ stations lunaires ≫, et ciel greco-arabe, c’est-a-dire celui que les astronomes classiques ont repris des Grecs au IX e  siecle de notre ere.

Le ciel arabe traditionnel compte sur l’espace correspondant au Verseau quatre des dix asterismes de la serie nommee ?????? al-Su??d , ≪ les Propices ≫, dont les levers heliaques s’etalaient de la mi-janvier au debut mars, soit la periode des pluies [ 8 ] . Or trois de ces quatre asterismes correspondent a des man?zil al-qamar ou ≪ stations lunaires ≫ : ce sont, dans l’ordre des levers heliaques : ??? ????? Sa?d Bula?, ≪ la Propice de Bula? ≫, pour le groupe εμν Aqr (23 e station), ??? ?????? Sa?d al-Su??d , ≪ la Propice des Propices ≫, pour le couple βξ Aqr (24 e station), ??? ??????? Sa?d al-A?biyya , ≪ la Propice des Caches ≫, pour le groupe γζηπ Aqr (25 e station). Seul l’asterisme ??? ????? Sa?d al-Malik , ≪ la Propice du Roi ≫, pour le couple αο Aqr , ne correspond pas a une station. Il faut noter que toutes ces etoiles ont fourni des noms empruntes aux Arabes dans les catalogues contemporains.

La figure de ????? al-Dalw , ≪ le Dalou, le Seau du puits ≫, dans une copie du traite de ?Abd al-Ra?m?n al-??f? , 1606, Saint-Petersbourg.
Le milieu de la serie ?????? al-Su??d , ≪ les Propices ≫ dans le ciel arabe (Dessin de Roland Laffitte, 2012).

Quand les Arabes reprirent les constellations grecques, ils rendirent ?δροχ?ο? par ???? ????? S?kib al-M?’, ≪ le Verseur d’eau ≫. Mais ils utilisaient deja pour 11 e signe du zodiaque, atteste dans l’horoscope de fondation de la ville de Baghdad en 762, ainsi que nous rapporte l’erudit persan al-B?r?n? [ 9 ] , le nom arabe ????? al-Dalw , ≪ le Dalou ≫, qui est, chez les Arabes, le seau de cuir qui sert a puiser l’eau du puits, nom venu de Babylone par l’arameen Dawla , qui est le meme mot que l’akkadien d?lu , de semblable signification, bien que le nom n’apparaisse pas dans des documents astronomiques ou astrologiques. Si bien que nous rencontrons ces deux noms concurremment dans le ciel des astronomes arabes herite des Grecs.

Les catalogues contemporains fournissent aussi des noms d’etoiles empruntes aux Arabes dans le cadre du ciel greco-arabe.

En Europe [ modifier | modifier le code ]

Au Moyen Age, les clercs latins connaissaient le nom Aquarius par les encyclopedies et les quelques manuscrits des Aratea , c’est-a-dire les versions latines des Φαιν?μενα d’ Aratos , a leur disposition, mais ils connurent des l’an mil le nom arabe de cette figure. Nous lisons ainsi, chez Gerard de Cremone ( ca. 1175) : Stallatio Idrudurus… & est Aquarius' [ 10 ] , qui reprend Is??q b. ?unayn , lequel ecrit : ???? ????????? ??? ????? kawkab I?r???r?s … wa huwwa al-Dalw [ 11 ] . A son epoque, on ne lit pas encore le nom grec dans le texte, ce qui n’adviendra qu’a la Renaissance. Et l’on trouve par exemple, dans l’ Uranometria de Johann Bayer (1603), une liste de noms connus dans les differentes langues, selon l’usage de l’epoque : non seulement ?δροχ?ο? , mais encore en particulier Arabibus Edeleu , soit la transcription de l’arabe ????? al-Dalw , soit le nom de cette figure dans le ciel arabe traditionnel [ 12 ] . Ces noms figurent encore dans plusieurs catalogues jusqu’a ce que la nomenclature approuvee en 1930 par l’Union astronomique internationale (UAI) ne chasse definitivement les appellations autres que Libra , a l’exception du grec ?δροχ?ο? .

La figure d’ Aquarius d'apres l’ Uranographia de Johan Elert Bode, Berlin, 1801.
La figure d’ Aquarius dans l’ Urania's Mirror , Londres, 1824.

Bibliographie / Nomenclature [ modifier | modifier le code ]

  • Hermann Hunger, Astral science in Mesopotamia , Leiden / Boston (Mass.) / Koln : Brill, 1999, , 303  p. ( ISBN   90-04-10127-6 ) .
  • Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber , Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961 p., , 125.
  • Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe , Geuthner, , 296  p. ( ISBN   978-2-7053-3865-7 ) .
  • Andre Le Bœuffle, Les Noms latins d'astres et de constellations , Paris: Les Belles lettres, , 292+cartes ( ISBN   978-2-251-32882-9 , ISSN   1151-826X ) .
  • Otto Neugebauer & Richard A. Parker, Egyptian astronomical texts... 3. Decans, planets, constellations and zodiacs , 2 vol., Providence, R. I. : Brown university press / London : L. Humphries, 1969.
  • Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker =, The Chinese Sky During the Han , Leiden Koln : Brill, , 240  p. .

≪ Ere du Verseau ≫ [ modifier | modifier le code ]

La constellation a ete immortalisee dans l’ ere du Verseau ( Age of Aquarius dans la comedie musicale Hair des annees 1960 ). Cependant, il semble qu’il n’y ait aucune definition standard pour les ≪  eres astrologiques  ≫, censees correspondre a l'entree du point vernal dans la constellation correspondante. L’ere du Verseau pourrait commencer soit en 2150 , soit en 2660 , en fonction de la definition preferee.

Presentation [ modifier | modifier le code ]

Constellation du Verseau.
Visibilite nocturne de la constellation.

Reperage de la constellation [ modifier | modifier le code ]

L'axe principal du Verseau se situe dans la diagonale Nord-Est / Sud-Ouest du grand carre de Pegase , cote Sud. La constellation s'etend sur cet axe depuis les pieds de Pegase jusqu'a la tete du Capricorne , marquee par une paire d'etoiles assez brillantes (les cornes du Capricorne, α 2 et β Cap ).

Le Verseau peut egalement se reperer dans l'axe des ailes du Cygne , axe qui passe par les pieds de Pegase et aboutit cote Sud sur Fomalhaut du Poisson austral .

Le reste de la constellation s'etend dans l'axe marque par le cote Ouest du grand carre de Pegase et qui se prolonge vers le Sud jusqu'a Fomalhaut , du Poisson austral . On y rencontre successivement λ , τ (plus faible) et δ Aqr (plus brillante).

Description de la constellation [ modifier | modifier le code ]

Le Verseau est une constellation assez grande (il s’agit de la 10 e du ciel), mais ne presentant finalement que des etoiles moyennement lumineuses. On y decouvre cependant deux nebuleuses planetaires assez remarquables.

Sa partie la plus visible est la ≪ diagonale ≫ marquee par ses etoiles les plus brillantes, α Arq (Sadalmeilk) et β Aqr (Sadalsuud). C'est cette diagonale qui prolonge le grand carre de Pegase et pointe sur les deux cornes du Capricorne . L'essentiel de la constellation s'etend au Sud-Est de cet axe.

Si les conditions de visibilite sont suffisantes ( mag 5), on peut identifier devant la tete du Verseau ( α Aqr) un asterisme appele l’≪  Urne  ≫, qui serait la jarre d’ou la constellation verse ses eaux. Cet asterisme a sensiblement la forme d'un triangle equilateral forme par les etoiles γ Aqr (Sadalachbiah, a l'Ouest, la plus brillante du groupe), η Aqr (a l'Est), et π Aqr (au Nord, la plus faible), le triangle etant ponctue par ζ Aqr au centre.

Dans l'axe Pegase - Fomalhaut , quelques petits groupes epars et peu visibles marquent les ≪ gouttes d'eau ≫ repandues par le Verseau.

Grands alignements [ modifier | modifier le code ]

Malgre son peu d'eclat, le Verseau est au carrefour de deux alignements majeurs :

Etoiles principales [ modifier | modifier le code ]

β Aquarii (Sadalsuud) [ modifier | modifier le code ]

L’etoile la plus brillante de la constellation du Verseau est β Aquarii (Sadalsuud), avec seulement une magnitude apparente de 2,9. C’est une supergeante rouge et sa faible brillance relative provient de son eloignement, 612  annees-lumiere .

Son nom provient d’une expression arabe Al Sa'd al Su'ud, signifiant litteralement ≪ la plus chanceuse parmi les chanceuses ≫. Cette designation d’etoiles ≪ chanceuses ≫ est partagee par deux autres etoiles de la constellation, Sadalmelik et Sadalachbiah .

Autres etoiles [ modifier | modifier le code ]

Voici quelques autres etoiles principales du Verseau :

R Aquarii est une etoile variable de type Mira , evoluant sur 385 jours entre les magnitudes 5,4 et 9,59. C’est egalement une etoile symbiotique , son compagnon est une naine blanche qui arrache peu a peu des pans entiers de son enveloppe.

Objets celestes [ modifier | modifier le code ]

La nebuleuse planetaire NGC 7293, dite de l'Helice, par le telescope spatial Hubble .

La constellation du Verseau abrite divers objets du ciel profond notables, a commencer par 3 objets du catalogue Messier : M2, M72 et M73.

M2 et M72 sont tous deux des amas globulaires , le plus brillant etant M2 d'une magnitude apparente de 6,5, distinguable avec une paire de jumelles comme une etoile floue. La magnitude apparente de M72 depasse 9 et il peut etre observe dans un petit telescope. Le troisieme objet Messier, M73 , est en fait un asterisme constitue d'etoiles n'ayant aucun lien physique. Il fut pendant longtemps considere a tort comme un amas ouvert .

Deux autres objets celestes notables se trouvent dans la constellation: les nebuleuses planetaires NGC 7009, dite la nebuleuse Saturne , et NGC 7293, dite la nebuleuse de l'Helice ou de l'œil de Dieu. La nebuleuse Saturne doit son nom a son apparence particuliere qui rappelle celle de la planete du meme nom . La nebuleuse de l'Helice, elle, est l'une des nebuleuses planetaires les plus proches de nous. Leurs magnitudes apparentes sont respectivement de 8 et 7,6 et sont donc aisement distinguables dans un petit telescope.

Le Verseau abrite egalement de nombreuses galaxies lointaines. Parmi les plus brillantes, on peut citer NGC 7727 et NGC 7606 (magnitudes respectives de 10,6 et 10,8). La premiere est issue d'une fusion de galaxies , tout comme NGC 7252 (surnommee les Atomes pour la paix) situee dans la meme constellation. Notons egalement la presence de deux galaxies naines du groupe local : la galaxie naine du Verseau et la galaxie naine du Verseau 2 .

Essaims meteoritiques [ modifier | modifier le code ]

Plusieurs essaims meteoritiques possedent un radiant situe de la region du Verseau :

References [ modifier | modifier le code ]

  1. Roland Laffitte, ≪  Les listes de Nippur, IIIe dynastie d’Ur, 2112-2004 av. J.-C. ≫, sur URANOS, le site astronomique de la Selefa.  ≫ .
  2. British Museum, sceau-cylindre BM 89115, voir image ci-dessous.
  3. Roland Laffitte, ≪  Precisions sur l’origine des noms des signes du zodiaque ≫, in Bulletin de la SELEFA n° 7, 1er sem. 2006, pp. 8-9.  ≫
  4. Roland Laffitte,, ≪  L’heritage mesopotamien des Grecs en matiere de noms astraux (planetes, etoiles et constellations, signes du zodiaque) ≫, in Lettre SELEFA n° 10 (decembre 2021), pp. 24-25.  ≫
  5. Eratosthene, Le Ciel, mythes et histoires des constellations , Pascal Charvet (dir.), Paris : Nil Editions, 1998, p. 125.
  6. Andre Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations , ed. Paris : Les Belles Lettres, 1977, pp. 178-180.
  7. Roland Laffitte, ≪ Les Noms semitiques des signes du zodiaque, de Babylone a Baghdad ≫, Comptes Rendus du GLECS (Groupe Linguistique d’Etudes Chamito-Semitiques), t. XXXIV, 2003, pp. 114-117.
  8. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe , Paris : Geuthner, 2012, p. 104.
  9. Roland Laffitte, Heritages arabes. Des noms arabes pour les etoiles , Paris : Geuthner, 2005, p. 46.
  10. Gerard de Cremone, Almagestum Cl. Ptolemei Pheludiensis Alexandrini astronomorum principis… , Venise : ex. Officina Petri Liechtenstein, 1515, fol. 84v.
  11. Claudius Ptolemaus, Der Sternkatalog des Almagest. I. Die arabischen Ubersetzungen, ed. par Paul Kunitzsch, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1986, p. 241.
  12. (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata… , Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 32r.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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