Sivas
(anciennement
Sebaste
ou
Sebastee
; en
kurde
Sewas
; en
grec
Σεβ?στεια ; en
armenien
????????) est une ville de
Turquie
, appartenant a la province de Kayseri. La ville comptait 296 402 habitants au recensement de
2007
.
Ville du nord-est de la
Cappadoce
et autrefois situee en
Armenie occidentale
, construite dans la vallee du
Kızılırmak
(l'ancien Halys), Sivas est situee sur la route ouest-est entre
Charsianon
et
Colonee
, a la jonction avec une route nord-sud menant a
Malatya
(l'ancienne Melitene). Le berger d'Anatolie (
berger Kangal
) est une race de chiens originaires de Sivas.
Integree dans l'empire hittite depuis au moins 1700 avant Jesus-Christ, la ville fut appelee "Tilgarimmu" par les Neo-Hittites (ce qui correspond plus precisement au district de Gurun)
[
1
]
. Le lac de Supitassu mentionne dans les textes hittites comme etant un lac sacre etait utilise pour celebrer l'arrivee du printemps par un rituel. Ainsi, le roi Thudaliya IV devait se rendre de Hattusa (la capitale) a Sarussa pour presider la ceremonie du culte du Dieu l'orage et de la Deesse Anzili. Il se purifiait puis purifiait les deux idoles. Il s'inclinait devant les idoles et faisait des offrandes de pain a la source d'eau Supitassu et aux deux idoles. Le roi se rend ensuite au palais de Sarissa pour participer a un evenement ou l'on boit, joue de la Lyre et ou les Hattis chantent. Le roi doit boire en l'honneur de diverses divinites dont la principale est le Dieu de l'orage. Ces rituels se deroulaient dans l'actuel Pa?akoy (sud de Sivas), qui etait une importante cite du nom de Sarissa et qui se trouvait pres du lac sacre (Supitassu). On y trouve actuellement les ruines du palais et du sanctuaire
[
2
]
.
En
, Sivas fut envahie par les Cimmeriens et les Scythes. Elle fut ensuite sous la souverainete des Medes au debut du
VI
e
siecle
av. J.-C.
et sous celle des Perses au milieu du meme siecle (-600). En 400 avant J.-C., la ville fut conquise par Alexandre le Grand.
Dans la tradition
hagiographique
byzantine, Sebastee est le lieu de supplice des
Quarante Martyrs
: soldats de la
Legio XII Fulminata
, sous
Licinius
en
324
, ils furent condamnes pour leur foi chretienne a rester nus la nuit dans un lac gele ou ils moururent de froid. L’episode rapporte par
Basile le Grand
(PG 31, 508-40), et localise par
Ephrem le Syrien
a Sebastee, acquit une grande popularite, et influenca les legendes hagiographiques similaires des Cinq Martyrs de Sebastee et des Quarante-Deux Martyrs d’Amorion. Le
theme
connut egalement une riche tradition iconographique (ivoires, mosaiques, fresques).
Sebastee est la capitale de la province d'
Armenie
et de sa metropole ecclesiastique vers
400
. Fortifiee par
Justinien
, elle est detruite par
Chosroes
I
er
en
575
, rebatie et attaquee par les Arabes au
VII
e
siecle
.
D’abord ville du
theme des Armeniaques
, elle est elevee au rang de
cleisourie
par
Leon VI le Sage
avant
908
, puis a celui de
theme
avant
911
, avec un territoire s’etendant vers la frontiere orientale jusqu’a Tephrike et
Melitene
, mais qui est reduit par la suite au
X
e
siecle. Une importante immigration
armenienne
transforme progressivement Sebastee, qui devient un
eveche
de l’Eglise armenienne en
986
.
Basile II
la concede en
1019
au prince armenien Senacherim Arcruni, ancien archonte du
Vaspourakan
, dont les successeurs continuent d’administrer la ville pour le compte de l’Empire.
En
1059
, la ville est prise une premiere fois par les Turcs qui la trouvent depourvue de remparts. Les princes
armeniens
en retrouvent rapidement le controle, et beneficient de l’aide de l'
empereur
byzantin
Romain IV
en deux occasions pour repousser les Turcs en
1068
et
1069
. Manuel Comnene, fils du
curopalate
Jean Comnene, y subit en revanche, dans les environs, une tres lourde defaite en
1070
.
Les relations entre Grecs et Armeniens dans la ville sont tres mauvaises lorsque Romain IV y passe lors de la
campagne de Mantzikert
. L’episode rapporte par
Mathieu d’Edesse
selon lequel l’empereur aurait fait massacrer par ses troupes les Armeniens de la ville pour les punir d’avoir collabore avec les Turcs parait peu credible. Malgre la defaite de 1071, la ville reste sous controle armenien jusqu’en
1078
au moins (jusqu’en
1074
sous domination nominale byzantine), mais elle est conquise par les
Danichmendides
entre
1085
et
1092
, et echappe definitivement au controle byzantin.
En
1174
, la ville est conquise par le sultan
seldjouke
Kılıc Arslan II
et devient la capitale du
sultanat de Roum
. La ville est alors un centre de commerce et de culture. Elle possede plusieurs
medresas
qui servent de lieu de transmission du savoir aussi bien religieux que scientifique.
L'hopital de Sivas, cree en 1217 comme fondation pieuse (
waqf
) par le sultan
Izz ad-Din Kay Kawus
, est considere comme un chef-d'œuvre de l'architecture seldjoukide. Le mausolee du fondateur est dresse a l'aile sud. Le batiment est transforme en medresa vers 1755-1768, puis en depot militaire en 1916
[
3
]
.
Le sultan ottoman
Bayezid
I
er
s'empare de la ville en
1398
. Elle est conquise ensuite par
Tamerlan
en
1400
: les quatre mille soldats chretiens de la garnison auraient ete enterres vivants apres leur capitulation. La ville redevint ottomane en
1408
. Jusqu'au
XIX
e
siecle
, elle est la capitale de la
province de Roum
qui devient en 1867 le
vilayet de Sivas
.
Durant le
genocide armenien
de
1915
-
1916
qui fut le theatre de massacres et de deportations au sein de l'
Empire ottoman
, de nombreux convois de deportes partent de Sivas en direction du sud vers les
camps de concentration
de
Kangal
,
Malatya
ou les
deserts
de
Syrie
et de
Mesopotamie
[
4
]
,
[
5
]
.
Le
congres de Sivas
(en)
, qui jette les fondations de la Republique turque, s’y tient du
4
au
[
6
]
.
En 1920, les tribus kurdes du Kocgiri a l’est de Sivas se revoltent contre le pouvoir central dans le but d’etablir un Etat kurde dans la region. Le soulevement est vaincu debut
. Il s'agit de la premiere grande
revolte kurde
du XXe siecle
[
7
]
.
Le
, l’hotel
Madımak
qui accueille les artistes participants au Festival Pir Sultan Abdal, un evenement culturel
alevie
, est incendie lors d'une emeute
[
8
]
menee par des fondamentalistes
sunnites
. La fureur de la foule avait ete declenchee par la presence de l’ecrivain
Aziz Nesin
, traducteur en turc des
Versets sataniques
de
Salman Rushdie
et connu pour son
atheisme
et ses propos anti-islamiques. L’incendie fait 36 victimes, principalement des intellectuels, des musiciens et des artistes
alevis
, dont l’
a?ık
Muhlis Akarsu
, un
anthropologue
neerlandais
et
Hasret Gultekin
[
9
]
.
La culture de Sivas est tres riche, du fait de sa geographie humaine, ethnique et linguistique complexe : on y parle le turc, le
kurmandji
et le
zaza
, on y trouve des sunnites, des alevites et des chretiens (en petite minorite), des Turcs, des
Kurdes
et des Turkmenes
[
7
]
.
La province de Sivas se trouve entre l'Anatolie centrale et la region de la mer noire. Elle a egalement accueilli quelques immigres originaires du Caucase et des Balkans, ce qui fait qu'elle a une culture tres riche. Quelques districts du Nord de Sivas tels que Su?ehri, Akıncılar, Golova et Koyulhisar possedent une culture typique de la mer noire. Ils ont donc un accent de la mer noire, dansent le Horon, jouent des instruments tels que le
zurna
, le
Davul
, le kemence et le
tulum
. Tandis que dans le reste de la province, c'est la culture typique d'Anatolie qui est pratiquee. On y joue du
Saz
, chantent des chansons d'amour. Et dans quelques villages caucasiens on y pratique des danses et joue de l'instrument typique de
Circassie
.
La province de Sivas est habitee par une grande majorite de turcs qui representent 90% de la population, 5% sont des circassiens et les autres 5% restants sont des Zazas et Kurdes. Une forte communaute alevie (courant religieux islamique voir :
alevisme
) est presente.
- ↑
(tr)
≪
Guruntarihi
≫
- ↑
≪
archiveslecultedespierresepoquehittite
≫
- ↑
De?er Mebrure, "La pharmacie de l'hopital de Sivas" in:
Revue d'histoire de la pharmacie
,
84
e
annee,
n
o
312, 1996. Actes du
XXXI
e
Congres international d'Histoire de la Pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995) pp. 203-205.
- ↑
Jean-Marie Carzou,
Un Genocide exemplaire, Armenie 1915
, Flammarion, 1975
(
ISBN
2-08-060814-2
)
, troisieme partie : ≪ 1915 : la solution finale ≫, chapitre 2 : ≪ ≪ De regrettables abus ≫ ≫, section ≪ Sivas ≫
[
lire en ligne sur imprescriptible.fr
]
.
- ↑
Raymond Haroutioun Kevorkian
,
Le Genocide des Armeniens
, Odile Jacob, Paris, 2006
(
ISBN
2-7381-1830-5
)
,
p.
540-575
- ↑
Le Petit Fute Turquie
, edition 2007-2008, p.51
(
ISBN
978-2-7469-1806-1
)
- ↑
a
et
b
Elise Massicard, ≪ Sivas, une province turque entre local et global ≫,
Les Etudes du CERI
, no 79, octobre 2001, p. 2-51
- ↑
Les (...) affaires opposant liberte de creation et Islam
sur
le site du journal belge La Libre
- ↑
(tr)
≪
Sivas 1993: Madımak Oteli'nde ne oldu?
≫,
BBC News Turkce
,
(
lire en ligne
, consulte le
)
- (en)
Alexander
Kazhdan
(
dir.
),
Oxford Dictionary of Byzantium
,
t.
3, New York et Oxford,
Oxford University Press
,
,
1
re
ed.
, 3 tom.
(
ISBN
978-0-19-504652-6
et
0-19-504652-8
,
LCCN
90023208
)
,
p.
799-800 et 1861-1862
, s. v. ≪ Sebasteia ≫ ;
- Tabula Imperii Byzantini
, vol. 2, 274-276.
|
Districts
|
|
|
|