Nadejda Allilouieva-Staline

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Nadejda Allilouieva-Staline
Biographie
Naissance
Deces
Sepulture
Nom dans la langue maternelle
Надежда Аллилуева Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalite
Formation
Academie de l'industrie ( en ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Activite
Pere
Sergei Alliluyev ( d ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Mere
Olga Evgen'evna Fedorenko ( d ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Fyodor Alliluyev ( d ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Joseph Staline (de a ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Autres informations
Parti politique
Vue de la sepulture.

Nadejda Sergueievna Allilouieva (en russe  : Надежда Сергеевна Аллилуева ), nee le a Tiflis et morte le a Moscou , fut la deuxieme epouse de Joseph Staline .

Biographie [ modifier | modifier le code ]

Nadejda Allilouieva en 1917.

Nadejda est la plus jeune enfant du revolutionnaire russe Serguei Allilouiev, electricien [ 1 ] employe des chemins de fer, et de sa femme Olga Fedorenko, une Allemande. La famille vit dans le Caucase .

En 1911, Nadejda n'a qu'une dizaine d'annees quand elle voit Joseph Staline pour la premiere fois [Information douteuse] . Il s'est echappe de Siberie et a trouve refuge chez son pere Serguei ; vers cette epoque, Staline sauva sa future epouse de la noyade [ 1 ] . En 1917 , Staline vient vivre quelque temps aupres de la famille Allilouiev.

Apres la revolution , Nadejda travaille comme dactylo dans le bureau de Vladimir Ilitch Lenine , ainsi qu’au commissariat du peuple aux nationalites de Staline [ 1 ] .

En 1919 , de retour de Tsaritsine ou elle avait accompagne Staline dans la bataille , leurs noces furent celebrees. Staline a alors 41 ans. Il s'est marie une premiere fois en 1906 a Ekaterina Svanidze , qui est morte de la tuberculose ou du typhus en 1907 et avec qui il a eu un fils, Iakov Djougachvili .

Nadejda et Staline ont deux enfants :

Pendant que Staline dirige l' URSS , Nadejda vit au Kremlin , d'ou elle ne sort presque jamais, sauf pour assister aux cours de l’Academie d’industrie. Lors de la dekoulakisation , elle commence a contester les decisions de son mari, incitee a la fois par les conflits que le probleme rural declenche a l’Academie, et par les confidences de Nikolai Boukharine et Avel Enoukidze , opposes a Staline sur ce point [ 2 ] . Elle s’oppose egalement a Staline lorsque ce dernier commence a s’attacher a Beria , qu’elle voit immediatement comme un ≪ salaud ≫ qu’elle ne veut pas revoir mettre les pieds chez elle [ 3 ] .

Circonstances de sa mort [ modifier | modifier le code ]

Elle se suicide le soir de la celebration du quinzieme anniversaire de la revolution d'Octobre . Durant le grand diner donne a cette occasion, Staline flirte avec une jeune convive, ce qui rend Nadejda folle de jalousie [ 4 ] . Elle fait tout pour provoquer son mari, comme danser avec son parrain Avel Enoukidze , seducteur notoire de ballerines mineures [ 5 ] , et ainsi attirer son attention sur elle mais rien ne se passe et Staline reste indifferent, ce qui exaspere Nadejda. Plus tard durant ce meme repas, Staline aurait propose de porter un toast pour feter l'aneantissement des ≪ ennemis de l'Etat ≫ , mais Nadedja refuse par provocation de lever son verre ; son mari la bombarde de cigarettes et de pelures d’orange pour obtenir une reaction, sans succes. ≪ Eh toi ! Bois un coup ! ≫ lui aurait lance Staline par colere. ≪ Mon nom n'est pas Eh toi ! ≫ aurait repondu Nadejda [ 4 ] . Sur ce, elle se retire, suivie de Polina Molotova . Apres avoir discute avec son amie des flirts insupportables de Staline et s’etre vu faire la morale sur son manque d’ esprit de parti [ 1 ] ? en l’espece de solidarite avec son epoux ?, elle finit par se calmer et rentre finalement dans sa chambre [ 4 ] . Elle ecrit ensuite une lettre a Staline, ≪ une terrible lettre ≫ selon sa fille Svetlana, puis va s'etendre sur son lit.

Sa femme de chambre rentre la premiere dans la piece le lendemain et decouvre sa maitresse dans une mare de sang, un pistolet Mauser offert par son frere Pavel aupres d’elle [ 5 ] . Effrayee, elle ne reveille pas Staline dormant a quelques metres de la, mais contacte les proches presents a la celebration de la nuit precedente [ 4 ] , mais ces derniers ne savent pas comment annoncer cela au Vojd . Finalement, Staline entre lui-meme dans la chambre et un de ses camarades, surement Grigory Ordjonikidze lui dit ≪ Iossif, Nadejda Sergueievna nous a quittes. Iossif, Iossif, Nadia est morte ! ≫ . Staline, decouvrant la lettre laissee par sa femme, en est blesse et choque. Selon le neveu de Staline, cet episode ≪ changea le cours de l'histoire, il rendit la Terreur inevitable ≫ [ 1 ] .

Le suicide de la deuxieme femme de Staline fut cache a la population russe pendant environ soixante ans. Afin d’eviter que son suicide puisse etre vu comme une protestation politique envers son mari [ 6 ] , on annonca au peuple qu'elle avait succombe a une appendicite [ 7 ] . Elle eut droit a des obseques nationales (chose rare), mais fut enterree dans la plus stricte intimite au cimetiere de Novodevitchi , selon sa volonte. Incapable de parler, son epoux confia son oraison funebre a Lazare Kaganovitch [ 8 ] .

Une piece de theatre de Jean Reinert , jouee en France en 2012 , reprend le fil de la fin de sa vie : Nadiejda , L’œil du souffleur, 2012.

Beata de Robien consacre plusieurs chapitres a la femme de Staline dans sa biographie La malediction de Svetlana [ 9 ]  basee sur les documents d’archives russes et le temoignage de Svetlana Allilouieva.

Vie privee et familiale [ modifier | modifier le code ]

De visage ovale, belle mais pas selon les criteres communs, ≪ Tatka ≫ etait sans humour et egocentrique, souvent froide, hysterique ou deprimee, et notoirement jalouse ; sa propre famille la qualifia de ≪ parfois derangee et trop sensible, tous les Allilouiev ayant du sang tsigane instable ≫ . Sa propre mere la qualifiait d’idiote pour les scenes de jalousie publiques, accompagnees de grands cris, qu’elle faisait a Staline. Elle considerait pourtant parfois l’effet des charmes de son mari avec indulgence [ 10 ] , et savait se montrer affectueuse avec lui et leurs enfants, dont elle se souciait de l’avenir. Staline voyait ≪ Tatka ≫ comme une baba [ 11 ] et elle remplissait souvent ce role. Elle nuancait toutefois cette affection d’une severite marquee : elle ne complimenta jamais sa fille Svetlana , contestait l’habitude de Staline de gater leurs enfants, et, selon leur nounou, se desinteressait de ces derniers ? au profit de ses etudes selon Svetlana. Elle etait egalement une bolchevique pure et dure, ≪ capable d’etre l’indic de son mari et de lui denoncer ses ennemis ≫ , et etait une des rares personnes proches de Staline capable de l’influencer [ 12 ] . Elle essayait de ne pas se contenter de l’ombre de son mari mais d’avoir un travail separe : apres avoir fait de l’ agitprop , elle reprit des etudes a l’Academie d’industrie, qu’elle ne put mener a terme du fait de son suicide [ 1 ] .

D’apres son dossier medical, conserve par Staline apres sa mort, elle etait atteinte d’une maladie psychiatrique, une schizophrenie d’apres sa fille, de problemes gynecologiques depuis un avortement en 1926, et d’une malformation cardiaque. A cela venaient s’ajouter fatigue chronique, angines a repetition et arthrite . Peu avant son suicide, elle affirma ≪ en avoir plus qu’assez de tout […], meme des enfants ≫ , signe d’une forte depression que les tensions liees a la collectivisation n’arrangeait certainement pas [ 13 ] . Elle se vit prescrire de la cafeine , que Staline soupconna, a juste titre , d’aggraver son etat mental [ 13 ] .

Son mariage avec Staline etait fait de hauts et de bas : ils etaient tous deux de caractere difficile et, bien que ce dernier l’aimat sincerement et tendrement, et fut aneanti par sa mort, il etait souvent accapare par le travail et son caractere instable n’arrangeait rien. De plus, il ne parvenait pas a gerer les troubles psychologiques de sa femme, et le harcelement dont il faisait parfois l’objet de sa part. Cette situation mena a une relation en dents de scie, tantot brutale, tantot chaleureuse. De fait, leur correspondance ecrite fait etat d’une relation qui pouvait egalement etre passionnee : Staline recevait souvent de sa ≪ Tatochka ≫ des livres et des photos et en recut un jour un pardessus, cette derniere craignant qu’apres ses vacances au sud, il puisse attraper froid ? ils s’enqueraient d’ailleurs regulierement de leur sante mutuelle. De son cote, Staline lui envoyait des photographies de vacances et des citrons, qu’il prenait plaisir a cultiver [ 1 ] . Vers la fin, les tensions augmentaient. Meme si leurs difficultes conjugales existaient deja avant, la connaissance que Nadia avait de l’ etat du pays jetait de l’huile sur le feu : en une occasion, Nadia jeta a la figure de son mari ≪ Tu es un bourreau, voila ce que tu es ! Tu tourmentes ton propre fils, ta femme, le peuple russe tout entier. ≫ [ 14 ] . Staline confia a Khrouchtchev qu’il lui arrivait de s’enfermer dans une piece pendant que Nadia hurlait et tambourinait a la porte : ≪ Tu es un homme impossible. Il est impossible de vivre avec toi ! ≫ [ 14 ] .

Une partie de la famille de Nadia fit partie un temps des proches de Staline, avant d’etre decimee au fil des ans. Il s’agit de :

References [ modifier | modifier le code ]

  1. a b c d e f g et h Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I .
  2. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  103.
  3. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  139.
  4. a b c et d Claude-Catherine Kiejman, Svetlana, la fille de Staline , Tallandier 2018 pp.  37-48 .
  5. a et b Simon Sebag Montefiore ( trad.  de l'anglais par Florence La Bruyere et Antonina Roubichou-Stretz), Staline : La cour du tsar rouge , vol.  I. 1929-1941, Paris, Perrin , , 723  p. ( ISBN   978-2-262-03434-4 ) .
  6. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  182.
  7. Jean-Christophe Brisard et Claude Quetel , Enfants de dictateurs , Paris, First, , 371  p. ( ISBN   978-2-7540-6061-5 , OCLC   902783831 ) .
  8. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  184.
  9. Beata de Robien , La malediction de Svetlana : L'histoire de la fille de Staline , Paris, Albin Michel , , 552  p. ( ISBN   978-2-226-32860-1 , OCLC   957633691 , lire en ligne ) .
  10. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  110.
  11. Terme russe designant une femme paysanne, couvant sa famille.
  12. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  80.
  13. a et b Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  157.
  14. a et b Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I , p.  156.

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Simon Sebag Montefiore ( trad.  de l'anglais par Florence La Bruyere et Antonina Roubichou-Stretz ), Staline : La cour du tsar rouge , vol.  I. 1929-1941, Paris, Perrin , , 723  p. ( ISBN   978-2-262-03434-4 ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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Source [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]