Le calendrier liturgique de Jerusalem comprend 72 ou 73 lieux de station (sur ce terme, voir l'article ≪
Mercredis et vendredis, jours de station
≫), au premier rang desquels se trouvent l'
Anastasis
et l'eglise du Martyrium qui lui est attachee. La description qui suit reprend le classement opere dans un article de la revue
Proche-Orient chretien
[
1
]
, toutefois en renumerotant les lieux a partir de 1 dans chacune des trois sections et en commencant par la troisieme (lieux saints). Dans chaque section les lieux sont indiques en fonction de leur introduction chronologique dans le calendrier liturgique (ce principe vient egalement de l'article cite, ou la numerotation est continue de 1 a 64), sauf pour les lieux A.19 et C.9-15 qu'aucun critere chronologique ne permet de dater (si ce n'est avant 614, annee de la conquete perse de Jerusalem, comme pour tous les lieux des principaux manuscrits du lectionnaire georgien). Les references sont faites en general au lectionnaire georgien, sachant que les stations les plus anciennes sont aussi indiquees dans le vieux lectionnaire armenien (une bonne quinzaine de lieux) et
Egerie
(une bonne dizaine, en s'appuyant sur
Pierre le Diacre
, qui est un lecteur medieval du manuscrit, a une epoque ou il etait plus complet que lors de sa decouverte en 1884
[
2
]
).
Par ≪ lieux saints ≫, on entend les lieux se rapportant a des evenements racontes dans la Bible ou un
apocryphe
. Trois lieux au moins relevent de ce dernier cas - 13, 22, 29 -, identifies a partir d'une lecture litteraliste du
Protevangile de Jacques
, (bien que, pour les deux premiers, l'identification ne remonte pas a l'origine de leur introduction dans le calendrier liturgique), ainsi que le lieu 26 qui donnera naissance a une vaste litterature mariale ≪ apocryphe ≫.
C'est la station du
, fete de
saint Etienne
. Le protodiacre a fait l'objet d'une
invention de reliques
en 415, et d'une translation a cet endroit peu apres. L'endroit se trouve dans un angle de l'eglise de la Sainte-Sion (7) ou il a servi de
diakonikon
, de sacristie, et ses restes subsistent a ce jour. Ils datent de maniere quasi-certaine du
III
e
siecle et sont en tous cas conformes, du point de vue architectonique, a une synagogue de cette epoque. L'existence d'une telle
synagogue
judeo-chretienne a Sion est, de fait, attestee par les sources textuelles (le
Pelerin de Bordeaux
et Epiphane). L'Eglise de Jerusalem ≪ mere de toutes les Eglises ≫, comme dit la
Liturgie de saint Jacques
, a son origine ici.
L'eglise, appelee aussi
eglise du Pater Noster
est l'une des trois basiliques baties par Constantin le Grand en Palestine sur des grottes : Bethleem, le Golgotha et celle-ci (Eusebe,
Vie de Constantin
, III 43). Elle est aussi appelee ≪
Eleona
≫, du mot grec
elaia
signifiant ≪ olivier ≫, puisqu'elle se trouve sur le
mont des Oliviers
ou elle etait probablement la plus vaste eglise de Jerusalem jusqu'a la construction de la
Nea
. C'est un endroit de station habituel dans les grandes processions annuelles, ainsi que pour des commemorations d'eveques de Jerusalem.
Le mot
Apostoleion
(
Vie de Melanie
, ch. 49, cite ci-dessous C.26), qui est traduit en georgien, fait allusion aux apotres, non pas parce qu'il s'y trouvait des reliques d'apotres (encore que des noms d'apotres se soient introduits tardivement dans certaines rubriques) mais parce que c'est la que Jesus enseigna aux apotres ses
ultimes paroles
(d'ou le nom
didaskaleion
, lieu d'enseignement, qui est parfois aussi utilise), et aussi parce qu'on enterrait les eveques de Jerusalem, successeurs des apotres, a cet endroit
[
3
]
(ou plus precisement sans doute ou les coffrets funeraires contenant leurs ossements etaient deposes).
Le site a ete fouille par les
Peres blancs
avant la premiere guerre mondiale, mais n'a pas fait l'objet d'une publication directe. On reconnait du moins sur place les restes de la basilique, qui avait fait l'objet d'une tentative de restauration, qui a finalement abouti en la construction d'un
carmel
. On y a mis des mosaiques avec le Notre-Pere dans de nombreuses langues, en reference a l'enseignement donne par Jesus sur le mont des Oliviers juste avant la passion.
La
basilique de Bethleem
est evidemment la station du
, mais aussi de trois autres memoires durant l'annee.
L'
Anastasis
est le lieu de station habituel, celui qui est aussi le plus souvent mentionne dans le lectionnaire. Il y a donc une evolution par rapport a Egerie, pour qui la plupart des stations, comme les petites heures, se faisaient dans le Martyrium (5), en presence de la foule. L'Anastasis devait etre reservee a un public surtout monastique.
Le
Martyrium
est mentionne une douzaine de fois dans le lectionnaire, ou il est aussi appele ≪ Katholikon ≫ (on dirait aujourd'hui cathedrale, siege de l'eveque de l'Eglise ≪ catholique ≫).
On compte une dizaine de stations dans l'
Atrium
ou juste
devant
le
Golgotha
, dont la vigile du vendredi saint (une station de la procession) et le vendredi saint lui-meme (office de l'adoration de la Croix). Le
et le lendemain on y commemore les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, avec des lectures de Mt. 22 et Lc 20, ou se trouvent rapproches le titre ≪ Dieu d'Abraham ≫ et la notion de resurrection des morts.
C'est le troisieme lieu saint par le nombre des stations liturgiques. La basilique a ete construite au
IV
e
siecle, vraisemblablement entre 379 (debut du regne de
Theodose Ier
a qui remonte sa fondation d'apres des sources georgiennes) et 383 (quand Egerie la visite), mais la dedicace semble un peu plus tardive puisque c'est a Jean II (386-417) qu'un manuscrit du lectionnaire georgien attribue cette fondation (n°565). En fait elle pourrait avoir fait, a cette epoque, l'objet d'une reconstruction ou d'un agrandissement, car un sondage realise dans le
diakonikon
(= 1) a revele un premier pavement de mosaiques 10
cm
. plus bas que le pavement ulterieur. Cette premiere eglise aurait donc succede immediatement a la construction judeo-chretienne dont il est question ci-dessus (1)
[
4
]
.
On y commemore deux evenements fondamentaux : la Pentecote du recit des Actes des apotres (des 350 d'apres une allusion de
Cyrille de Jerusalem
, XVI 4), mais aussi la Derniere Cene (apres avoir assimile, vers la fin du siecle, la ≪ chambre haute ≫ du recit de Ac. 1, 13 au ≪ cenacle ≫ des Evangiles synoptiques, mais cette assimilation n'a pas supprime une tradition plus ancienne, encore relatee au
VI
e
siecle, d'une derniere cene de Jesus, sans doute celle de Jn 12, sur le mont des Oliviers ; voir ci-apres 10). L'endroit a ete tres mal fouille au moment de la construction (au
XIX
e
siecle) de l'
abbaye benedictine de la Dormition
[
5
]
. Une chose est sure, l'eglise a fonctionne encore apres la
devastation de Jerusalem par les Perses en 614
. Le
stavrou
43 mentionne, vers le
X
e
siecle, une ≪ chambre haute ≫ ou l'on procede au rite du lavement des pieds. Il y avait donc a cette epoque, un etage, comme on peut le voir encore aujourd'hui dans le lieu saint qui se trouvait, au Moyen Age, dans l'enceinte d'un couvent
franciscain
(les fenetres a l'etage sur les deux photos ci-joint donnent sur cette piece). A l'epoque ottomane celui-ci dut ceder la place a une mosquee, qui abrite le
cenotaphe
du roi David.
L'idee de situer a cet endroit le cenotaphe du roi David provient d'une tradition chretienne qui est a la source de la confusion entre la colline biblique de Sion (le
Mont du Temple
) et le lieu le plus haut de la ville de Jerusalem a l'epoque romaine (le recit des Actes fait allusion a David qui est ≪ parmi nous ≫), l'actuel
Mont Sion
. Bref on peut visiter aujourd'hui une ≪ chambre haute ≫ au-dessus d'une mosquee, devenue synagogue (!), comportant le cenotaphe du roi David. Les pelerins chretiens ont identifie pas mal de choses dans cette eglise (notamment divers souvenirs relatifs a saint
Etienne
[Lequel ?]
, voir ci-dessus 1), mais n'ont jamais rapporte cette tradition. Le vieux
lectionnaire
armenien situe cependant dans cette eglise la fete de ≪ Jacob (Jacques) et David ≫ du 25 (plus tard 26) decembre. C'est peut-etre la tradition a l'origine de ce cenotaphe. Quoi qu'il en soit, le lien entre Jacob / Jacques (en grec c'est le meme mot) et Etienne est interessant. Divers elements qu'il est difficile de passer en revue ici, suggerent que le culte d'Etienne s'est developpe a Sion parce que l'on a cherche a transposer les traditions judeo-chretiennes relatives a Jacques sur le protomartyr, les judeo-chretiens de Jerusalem ayant precisement leur lieu de rassemblement, au
III
e
siecle, a cet endroit (voir ci-dessus 1).
L'eglise de
Bethanie
est l'un des trois lieux saints que l'on montrait aux pelerins a la fin du IV
e
s. a ≪ Bethanie ≫ :
- le
tombeau de Lazare
frere de Marthe et Marie (selon le recit de Jn 11), appele
Lazarion
(d'ou le nom du village actuel),
- une ≪ eglise a cinq pas ≫ de ce tombeau commemorant l'endroit ou Marthe rencontra Jesus en chemin vers Bethanie, selon Jn 11, 20 et 30,
- la maison de Marthe et Marie elle-meme (= 25 ci-apres).
L'≪ eglise a cinq pas ≫ n'est plus mentionnee sur le chemin de Jerusalem au Lazarion apres Egerie (ch. 29). La localisation conviendrait assez bien a l'actuelle ≪ chapelle de Bethphage ≫, construite par les Franciscains en 1883 a la suite de la decouverte d'une chapelle d'epoque croisee commemorant l'episode de Jesus a Bethphage, au depart de la procession des Rameaux. Les Grecs, de leur cote, ont bati une eglise un peu a l'est du Lazarion, une eglise qui possede ≪ une pierre sur laquelle Jesus rencontra Marthe et Marie ≫ attestee deja au
XIII
e
siecle. On peut se demander si cette eglise, qui semble avoir une origine byzantine, ne correspond pas plutot a la Fondation de Zebina (C.24 ci-dessous) ; ce changement de localisation date d'une epoque ou le chemin de Jericho a Jerusalem passait par la route actuelle, mais a l'epoque romaine puis byzantine le chemin passait plus au nord et il fallait normalement faire un crochet par le mont des Oliviers et Bethphage, sur son flanc oriental, pour rejoindre Bethanie.
L'eglise de Bethanie est le lieu de station du samedi de Lazare pour la commemoraison du recit de Jn 11, mais le lectionnaire n'a pas retenu la procession depuis Jerusalem indiquee par Egerie pour ce jour. Le
est egalement une station au Lazarion, pour une memoire de Lazare.
Bethphage
est le village qui se situait sur le versant oriental du mont des Oliviers, en direction de Bethanie.
(L'eglise de) Bethphage est mentionnee trois fois explicitement dans le lectionnaire, et deux fois implicitement :
- le 23 (ou 24) aout pour une fete de Thomas apotre, station deja presente dans le vieux lectionnaire armenien ;
- le
pour une fete de Philippe (un disciple de Jesus mentionne avec Thomas dans Jn 14) ;
- le
pour une fete de Zacharie, l'auteur de la prophetie sur l'anon (Za. 9, 9) ;
- La commemoration de ce prophete etait bien comprehensible a Bethphage, puisque c'est la, d'apres les evangiles du jour des Rameaux, que la prophetie s'est realisee. Mais Zacharie faisait deja l'objet d'une memoire, et meme d'une deposition de reliques, dans le lectionnaire armenien, a une autre date, le
, sans precision de lieu. Dans le lectionnaire georgien on trouve a cette date un lieu appele ≪ nouveau Saint-Zacharie au deuxieme mille ≫. On y trouve par ailleurs, le mercredi avant l'Ascension, un lieu appele ≪ Saint-Zacharie ≫. Commencons par celui-ci.
On lit ce jour-la Jn 14, 1-13, la pericope qui traite de Thomas et Philippe, qui sont les deux saints du Nouveau Testament commemores a Bethphage. Il est donc assez vraisemblable que cette eglise Saint-Zacharie n'etait rien d'autre que le nom habituel de l'eglise de Bethphage au
V
e
s., et que c'est la qu'avaient ete deposees les reliques de ce saint. Peut-on savoir d'ou elles venaient ?
Il existait une tombe de Zacharie a Jerusalem, la meme ou sera construite la fondation de Paul (C.24). Mais les ossements qui se trouvaient a cet endroit (ou plus exactement a cote, dans la grotte qui a servi de tombe aux
bene Hezir
) n'ont pas ete ≪ identifies ≫, puis veneres, avant la fin du
V
e
s., d'apres une allusion a
Simeon Stylite
dans le recit d'apparition cite plus loin (C.24). Il existait par contre un autre gisement de reliques de Zacharie, si l'on peut dire, dans le sud du pays, pres d'
Eleutheropolis
, selon un recit rapporte par l'historien
Sozomene
(
Histoire ecclesiastique
, IX 17) relatif au Zacharie pretre de II Chr. 24, qui s'est fait reconnaitre aux environs de 412. C'est donc plutot de la que venaient les reliques deposees le
dans l'(ancien) Saint-Zacharie, alias Bethphage, meme s'il ne s'agissait pas du meme personnage que celui de la prophetie sur l'anon - les confusions de cet ordre sont frequentes dans nos sources.
Quand, dans le recit discute
plus loin
, un autre lot de reliques de ≪ Zacharie ≫ est apparu, en provenance cette fois de Jerusalem meme (la tombe des
bene Hezir
), on aurait cherche a mieux distinguer les differents Zacharie bibliques :
- d'une part en deplacant les anciens ossements de Bethphage dans un ≪ Nouveau Saint-Zacharie au deuxieme mille ≫ (ce serait le Zacharie d'
Eleutheropolis
, meme si la rubrique prescrivant la lecture de Za. 3-6 n'a pas bouge),
- en reservant la memoire du prophete post-exilique a Bethphage, pour lequel on institua une nouvelle fete le
, sans reliques cette fois,
- et en localisant la derniere demeure d'un troisieme Zacharie, le pere de Jean-Baptiste, dans le monolithe pyramidal de la
vallee du Cedron
(voir les images ci-dessous A.11 et C.24), la Tombe de Zacharie de l'epoque romaine. Le
Protevangile de Jacques
, qui a influence sur ce point le recit d'apparition, en fait un autre pretre et martyr dans le temple, comme son homonyme desormais deloge (au Nouveau Saint-Zacharie).
On pourrait identifier le Nouveau Saint-Zacharie dans le village de Bethanie, qui se trouve effectivement au deuxieme mille de Jerusalem et ou il existe au moins un candidat possible (l'eglise a l'est du Lazarion, voir ci-dessus 8).
Gethsemani
est une station sur le chemin de l'Anastasis dans deux processions de la Grande Semaine, celles des
Rameaux
et de la vigile du
vendredi saint
. Apres la destruction de l'eglise en 614, le nom Gethsemani est passe a l'eglise du
saint sepulcre de la
Theotokos
non loin de la (26) ; c'est probablement la que se faisait, quand c'etait possible, la station de la procession des Rameaux. Le
on commemore a ≪ Gethsemani, au-dessus ≫ (la chapelle dont les restes se trouvent aujourd'hui dans la propriete franciscaine du
Dominus flevit
) des martyrs datant de la devastation de la ville par les Perses en 614. C'est la que devait se tenir a l'epoque arabe la station de l'autre procession. Ce lieu est appele ≪ Sainte-
Proskynese
≫ (du mot grec signifiant prosternation) dans le
stavrou
43.
Le
mont des Oliviers
est compose de trois collines. Sur la colline sud, en face du Mont du Temple, se trouvent l'
Eleona
(A.2) et non loin de la, vers le nord, au somment de cette colline, le lieu de l'Ascension, ou une certaine Poemenia fit batir l'
eglise de l'Ascension
peu avant 392 (
Vie de
Pierre l'Ibere
) ; les stations mentionnees par Egerie se faisaient encore a ciel ouvert.
Outre la station du sixieme jeudi de Pentecote, jour de l'Ascension, c'est une des stations des processions qui ont lieu durant la vigile du vendredi saint, ainsi qu'aux jours de Paques et de Pentecote. On s'y rend egalement pour la fete de la Transfiguration le
et pour le jour de la dedicace de l'eglise le
.
Le nom du martyr commemore le
au ≪ Champ exterieur ≫ est trop deforme pour permettre une identification, mais la localisation convient assez bien a l'eglise des Bergers, en dehors de Bethleem. Dans cette eglise, attestee des le vieux lectionnaire armenien au debut du
V
e
s., on se rend l'apres-midi du
(du
dans le lectionnaire armenien) pour commemorer l'apparition des anges aux bergers d'apres le recit de Matthieu de la naissance de Jesus. Les ruines de l'eglise, qui est encore visitee par les pelerins au X
e
s., ont ete degagees par les Grecs a Beit Cahur. Il ne faut pas la confondre avec l'eglise monastique de
Siyar el-Ghanam
, non loin de la dans une propriete franciscaine, qui correspondrait plutot a l'eglise du monastere de Markianos.
Le vieux lectionnaire armenien situe le
15 aout
une station au Troisieme mille de la route de Jerusalem a Bethleem. Dans le lectionnaire georgien la station est deplacee a Jerusalem dans le Tombeau de Marie (A.26 ci-dessous), et il y a deux autres stations au ≪ Troisieme mille ≫, appele aussi ≪ Kathisme ≫ (du
grec ancien
:
κ?θισμα
≪ lieu ou s'asseoir ≫) : le 2 (ou 3) decembre pour la dedicace d'une eglise et le
pour la dedicace d'une autre eglise situee plus specialement ≪ dans le village de
Betebre
≫. Ces eglises apparaissent apres le
concile d'Ephese
qui proclame le dogme de la
Theotokos
en 431 et suscite une nouvelle veneration de la
Vierge Marie
[
6
]
.
On connaissait le ≪ Kathisme ≫ d'abord par une courte notice de la
Vie de
Theodose le Cenobiarque
(les deux versions) disant que Hikelia, ≪ epouse du gouverneur, devenue ensuite diaconesse du Christ ≫, fonda, vers 455, une eglise au ≪ Vieux Kathisme ≫ ; ensuite par la toponymie arabe locale, ou le
Bir el-Qadismu
(≪ puits du repos ≫) designait un endroit correspondant effectivement, a peu pres, au troisieme mille de la route de Jerusalem a Bethleem (non loin du monastere de Mar-Elias). Cependant il ne restait rien d'une eglise et, lorsque, en 1934, on decouvrit les ruines d'une eglise non loin de la, a Ramat Rachel, on conclut a la decouverte de l'eglise du Kathisme.
Mais les choses ne sont pas si simples. Le ≪ troisieme mille ≫ de Jerusalem a Bethleem est en effet connu des le
Protevangile de Jacques
, au plus tard au
III
e
siecle. C'est un endroit ou Marie enceinte descend de l'ane pour se reposer. Elle n'a pas le temps d'atteindre Bethleem et se rend dans une grotte ou Jesus apparait miraculeusement. Les lectures du lectionnaire concernent precisement la naissance de Jesus (en concurrence avec la fete du
, voir
Fetes d'epiphanie
). D'autre part, le
Bir el-Qadismu
est reste un lieu de pelerinage pratiquement jusqu'a l'epoque contemporaine, meme si l'on ne connaissait plus vraiment la raison de cette halte traditionnelle pres d'une citerne sur la route de Bethleem. Et c'est bien a cet endroit que l'
Autorite des antiquites d'Israel
met au jour les ruines en 1992 d'une eglise
octogonale
, comme plusieurs eglises de pelerinage de l'epoque byzantine (
Capharnaum
, Bethleem,
Samarie
…). Il y a tout lieu de l'identifier au ≪ Vieux Kathisme ≫ fonde par Hikelia, l'eglise de
Ramat Rachel
correspondant des lors plutot a la station du
, dans un village. La fete principale, le
, est deplacee dans le lectionnaire georgien au Tombeau de Marie (ci-apres) a la suite du developpement des traditions mariales relatives a sa
dormition
. La dedicace du
correspond des lors a la fondation d'Hikelia.
Cela dit, on n'a pas retrouve de citerne (de
bir
), mais la route ou il se trouvait a ete agrandie a l'epoque du Mandat britannique. Elle semble donc se trouver sous la route actuelle. Il est plus delicat de soutenir (mais possible en attendant une fouille archeologique) que cette citerne corresponde a la grotte (transformee ensuite en citerne) dont parle le Protevangile. Quoi qu'il en soit, l'eglise d'Hikelia commemore un tout autre souvenir qu'une grotte. On parle, jusqu'aujourd'hui dans les interpretations habituelles du ≪ kathisme ≫, d'un ≪ repos de Marie ≫. Et il est vrai qu'au centre de l'eglise se trouve un rocher, ce qui confirme manifestement l'interpretation habituelle. Mais cette interpretation est plus que douteuse au vu du recit du Protevangile, ou il est bien question de l'
epiphanie
de Jesus (et non du repos de Marie). On aurait donc proprement transforme la grotte primitive en un rocher, pour mieux cadrer avec la nouvelle version de la nativite de Jesus, dans une grotte a Bethleem meme (et non a trois ou quatre km. de la), puisque c'est la que se trouvait desormais la basilique fondee par Constantin.
Les sources georgiennes apportent un autre argument en faveur de cette interpretation primitive de la station au Kathisme. Elles conservent une homelie pour le
, la fete du (nouveau) Kathisme, qui mentionne une grotte, ignorant aussi bien la tradition primitive relative a l'epiphanie de Jesus que l'interpretation consecutive a la fondation de l'eglise par Hikelia. Le recit explique comment Jeremie cacha dans une grotte les objets contenus dans l'Arche d'alliance du Temple de Jerusalem, peu avant de partir en exil. Ce qui est remarquable, ce n'est pas tant l'histoire elle-meme, qui a manifestement des paralleles dans le judaisme (comme II Mac. 2, 5) et le judeo-christianisme (comme l'apocryphe
Vitae prophetarum
, recension B), que sa localisation au Kathisme, cela d'apres la date ou le texte est insere
[
7
]
. On aurait donc la une tradition intermediaire entre le sens primitif du Kathisme (une grotte pour l'epiphanie de Jesus) et le sens final (un rocher pour le repos de Marie).
D'autre part il y a de curieuses coincidences entre ce rocher et celui d'
Eleusis
, ou Demeter pleura la descente aux enfers de sa fille Persephone. Marie n'est-elle pas la mere de celui qui est descendu aux enfers avant de ressusciter ? N'y a-t-il pas une procession vers Jerusalem (le Tombeau de Marie) le
, comme il y en a une, en septembre, vers Athenes ? N'y a-t-il pas, dans la tradition monastique jusqu'aujourd'hui, un jeune avant le
comme il y en avait un avant l'initiation des mystes a Eleusis ? Le mot ≪ kathisme ≫ lui-meme pourrait avoir ete utilise dans ce contexte paien (d'apres le lexique d'
Hesychius
, ou le mot a le sens de ≪ sanctuaire ≫).
Nous sommes donc en presence d'un meme lieu qui a connu une evolution remarquable d'un sens judeo-chretien initial a une interpretation finale influencee par la mythologie paienne, a l'epoque (et peut-etre sous l'influence) d'
Eudocie
.
La fete du
1
er
mai, memoire du prophete Jeremie (originaire de cette cite biblique), se tient dans l'eglise du village (aujourd'hui '
Anata
), dont les restes ont ete identifies. Le site n'est plus visite par les pelerins apres 614.
La station du
apparait deja dans le vieux lectionnaire armenien. Une source arabe medievale (Eutyches d'Alexandrie, X
e
s.) identifie le lieu biblique
Qiriat Yearim
(
Kariathiarim
en grec) au village
Qiriat el 'Inab
(peut-etre le
Qiriat 'Anabim
biblique), aujourd'hui Abu Ghosh, ou se trouve une belle
eglise croisee
. Les fouilles sur la colline pres du village musulman actuel ont mis au jour une eglise byzantine qui peut remonter au debut du
V
e
siecle. Elle a fait l'objet d'une reconstruction, sur un terrain appartenant aux sœurs de Saint-Joseph.
C'est l'un des endroits ou fut deposee l'arche de l'alliance a l'epoque des Juges (I Sm. 7, 1), avant d'etre placee dans le temple de Jerusalem. Cette fete fait partie d'un veritable ≪ cycle de l'arche ≫, avec le Kathisme le
(voir A.13), Masephtha (A.23), Jeremie lui-meme (A.14).
Deux textes sont a citer :
- ≪ Et lorsque (
Cyrille d'Alexandrie
) fut venu avec une foule d’eveques de toute l’Egypte et eut excellemment fait la deposition de saints ossements du protomartyr le 15 du mois de mai (dans un beau temple qu’elle avait construit hors de la porte nord de la Ville sainte), aussitot apres, le 16 du meme mois, prie par sainte
Melanie
, il fit egalement la deposition des saints martyrs persans et des quarante martyrs avec eux, sur le mont des Oliviers, dans le petit temple qui avait egalement ete splendidement edifie par la meme imperatrice
Eudocie
, comme le mentionne aussi une inscription gravee la sur le mur. ≫ (
Vie de
Pierre l'Ibere
, p. 32-33, traduction de P. DEVOS,
L’annee de la dedicace de Saint-Etienne a Jerusalem : 439
,
Analecta Bollandiana
, 105 (1987), 265-279,
p.
266-267
). Ce dernier lieu correspond a la Stoa de saint Etienne (ci-apres C.19). Le patriarche
Juvenal
etait vraisemblablement present egalement a cette ceremonie bien que le biographe monophysite de Pierre ait omis de le mentionner.
- ≪ (
Eudocie
en 460) fit consacrer, bien qu’inachevee, l’eglise de Saint-Etienne protomartyr le quinzieme jour du mois de juin […]. Puis elle fit le tour de toutes les eglises fondees par elle, les faisant consacrer et assignant a chacune un revenu suffisant. Quatre mois s’etant acheves apres la dedicace, dans des dispositions pieuses et agreables a Dieu, elle remit son esprit entre les mains de Dieu le
de la quatorzieme indiction. ≫ (
Cyrille de Scythopolis
,
Vie de saint Euthyme
, ch. 35).
Le
est donc la date de la translation des reliques d’Etienne, depuis le
diakonikon
de la Sainte-Sion
, tandis que le
, qui est mentionne dans le lectionnaire georgien comme jour de la deposition des reliques (n°1031), represente en fait la date de la dedicace, en 460. Le
a sans doute ete prefere au
en raison de l'existence d'une fete plus ancienne a cette date, mentionnee aussi dans des sources syriaques. Les autres stations sont
- dans l'octave de l'Epiphanie (
, n°130), signe de l'importance de l'eglise dans le systeme stationnal sous Juvenal,
- une fete de saint Etienne le
(n°142),
- une fete de tous les martyrs le
(n°163),
- le deuxieme mercredi de Paques (lecture du jour : Ac. VI 1-6, election des sept diacres dont faisait partie Etienne, n°773),
- une memoire d'Eudocie le
(n°1228),
- et la memoire de son deces le
(n°1312).
Le texte de la lapidation du protomartyr (
Ac.
VII 55-60) fait partie d'une pericope transcrite dans le lectionnaire pour l'ancienne fete de saint Etienne du 27 (autrefois 26) decembre (
Ac.
VI 8 - VIII 2). En particulier le
, on trouve un renvoi aux lectures du
, ce qui suggere que le lieu etait considere comme celui de la lapidation du protomartyr.
On notera egalement la localisation ≪ hors de la porte nord de la Ville sainte ≫ dans le premier texte cite, ce qui rend caduque la localisation de l'episode d'
Ac.
VII 55-60 dans un monastere grec, d'ailleurs assez tardif, de la vallee du Cedron, qui a donne son nom a la ≪ Porte de Saint Etienne ≫ dans les sources croisees et ulterieures (aujourd'hui appelee plutot
Porte des Lions
, a l'est de la ville). Cette circonstance avait valu a l'epoque aux Dominicains acquereurs du terrain, en 1882 (aux depens des Russes qui s'etaient egalement portes candidats), une querelle epique aussi bien que derisoire avec les Grecs et meme les Franciscains.
C'est l'une des stations de la procession de la vigile du vendredi saint, la dedicace de l'eglise etant commemoree le 17 ou
. Le lectionnaire designe aussi l'eglise par l'expression ≪ Metanie (= repentir) de Pierre ≫.
A l'epoque byzantine, on compte un seul lieu pour la cour du grand-pretre
Caiphe
, ou Jesus est emmene apres son arrestation a Gethsemani, et l'endroit ou Pierre pleura sa trahison dans cette meme cour au troisieme chant du coq. Les recits de la Passion se contentent de dire que Pierre ≪ sortit dehors ≫ (Mt. 26, 75). La ≪ maison de Caiphe ≫ est visitee par le
pelerin de Bordeaux
(333), mais l'eglise, dont il faut sans doute attribuer la fondation a
Eudocie
, n'est pas mentionnee dans les recits de pelerinage avant la fin du
V
e
siecle (
Breviarius
de Jerusalem et Theodose).
A partir du IX
e
s. on commence a distinguer les deux endroits et c'est ainsi que l'on situait au moins jusqu'au XIX
e
s. la ≪ maison de Caiphe ≫ au sommet de la colline entre la Sainte-Sion et le mur (ottoman) de la ville, dans une propriete armenienne. Mais le lieu du repentir de Pierre s'est toujours maintenu sur le flanc de la colline, la ou les
Assomptionnistes
ont acquis un terrain, ≪
Saint-Pierre en Gallicante
≫, ou ont ete retrouves des restes interessants. Il s'agit d'une part de mosaiques qui ont pu appartenir a l'eglise, bien qu'on n'ait pas reussi a identifier son plan
[
8
]
, et d'autre part d'une grotte qui pourrait bien etre la ≪ prison du Christ ≫, avant que celle-ci ne migre dans le Saint-Sepulcre, avec d'autres souvenirs de la Passion (comme la colonne de la flagellation, dont le Pelerin de Bordeaux disait deja qu'elle avait ete deplacee dans la Sainte-Sion, vraisemblablement en provenance de la Maison de Caiphe). Des fouilles plus recentes ont mis au jour des restes d'une riche maison d'epoque romaine.
Sainte-Sophie, maison de Pilate ; Saint-Cyr
[
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]
La station suivante dans la procession de la vigile du vendredi saint est le pretoire ou siegeait le procurateur romain
Ponce Pilate
. La liturgie commemore egalement la dedicace de cette eglise (
).
Le
Pelerin de Plaisance
, a la fin du VI
e
s. situe le ≪ palais de Pilate ≫, le pretoire ou Jesus fut condamne,
≪ ante ruinas templi Salomonis sub platea, quae discurrit ad Siloam… ≫
, c'est-a-dire a l'ouest du Mont du Temple, dans la vallee du
Tyropœon
. Ce n’etait pas l’endroit historique du pretoire (le
lithostroton
de Jn 19, 13, v. Mt. 27, 11-31 et paralleles), qui etait en toute probabilite dans le palais superieur, l’ancien palais d’
Herode
et l’actuelle Tour de David, mais sans doute une riche maison de l’epoque romaine, dont les ruines etaient encore visibles au debut du IV
e
s., quand l'endroit est pour la premiere mentionne par un pelerin (le
Pelerin de Bordeaux
)
[
9
]
.
Pierre l'Ibere
, vers 475, est le premier a mentionner une eglise, appelee ≪ Sainte-Sophie ≫ dans le lectionnaire georgien et le recit de la destruction de Jerusalem par les Perses (de
Strategios
). Peut-etre a cause du titre ≪
Sainte-Sophie
≫, le
Lithostroton
semble avoir ete considere comme une eglise mariale (d’apres une subscription du synode de Constantinople de 536, mentionnant ≪ Joseph de la Sainte-Theotokos au Lithostroton ≫).
La station a change d'endroit, sans doute apres sa destruction en 614, et on note une nouvelle date de dedicace le
. La station du vendredi saint est appelee ≪ Ambacum ≫ dans un des manuscrits edites (S) et ce nom, qui se trouve aussi dans le manuscrit
sinai
34 (Garitte), est en realite Cyr (abba cyr), dont le nom est quelquefois confondu en georgien avec celui du prophete
Habacuc
(abba quq). Garitte a d'ailleurs retrouve le nom ≪ Saint-Cyr ≫ (
Amba Qirs
) pour cette station dans un evangiliaire arabe, et c'est aussi le nom le plus frequent des stations indiquees dans les evangeliaires en syro-palestinien
[
10
]
. Comme l'a note
Joseph Milik
, l'eglise du
Lithostroton
est precisement connue, dans une
Vie de Constantin
medievale, comme ≪ eglise Saints-Cyr-et-Jean ≫. On sait par ailleurs que le patriarche
Sophrone
a compose un panegyrique de ces deux saints, dont le lieu de culte etait pres d'Alexandrie (l'actuelle
Aboukir
, ≪ Abu-Kir ≫), ce qui peut expliquer pourquoi on construisit une eglise en leur honneur, qui finit par passer pour le
Lithostroton
apres que l'ancienne Sainte-Sophie a ete detruite. En tous cas les pelerins, dont le plus ancien est Epiphane au
IX
e
siecle, situent clairement le
Lithostroton
sur le chemin entre la
Tour de David
et la Sainte-Sion, dans un endroit qui n'a, cependant, pas ete identifie a l'heure actuelle.
Les manuscrits indiquent ici ≪ Bethleem ≫, mais l'objet de la fete du
(la memoire de Jacob) et les lectures du jour (Gn. 27-28) conviennent mieux a ≪ Bethel ≫, deux mots facilement confondus quand les mots sont abreges, ce qui arrive souvent dans les manuscrits georgiens medievaux. Il est possible que ce village corresponde a
el-Bire
, pres de
Ramallah
, ou se trouvent les ruines (non fouillees) d'une eglise croisee. Comme la Bible mentionne non loin de Bethel un autre village, '
Ai
, il pourrait s'agir d'un site au sud-est,
Kh. Nisya
, egalement non fouille
[
11
]
.
La fete d'Abraham et Loth, avec deposition de reliques de l'apotre Andre, le
, convient assez bien a la station ≪ pres de Bethleem ≫ (lire Bethel comme ci-dessus 19), ou on lit des textes de Gn. 12 et 13. Il pourrait s'agir de
Kh. Nisya
(cf. A.19).
Le
, la memoire d'Aaron et Eleazar, avec des lectures de Nb. 20 et 25, se tient a Thamnachar, le Timnat Serah de Jos. 19, 50 ; 24, 29, aujourd'hui
Khirbet Tibne
. Ce devrait etre la tombe de Josue, mais celui-ci est commemore la veille,
, a la Probatique (ci-apres 22), avec des lectures de Jos. 10 et 24. Il s'agit probablement d'une erreur, et il faudrait donc reculer la station du
d'un jour. Selon une remarque de Milik, la rubrique du
contient d'ailleurs un nom, Antheme, qui peut etre une deformation de Thamnachar. Le site est visite par Egerie (d'apres Pierre Diacre) et Paula (dans le recit de son pelerinage fait par
Jerome
,
Lettre
108).
La
Probatique
, pres des ruines de laquelle les croises ont bati l'eglise
Sainte-Anne
mere de Marie, a ete batie vers le debut du
V
e
s. pour commemorer le miracle de Jn 5 (meme s'il y a de fortes chances que le miracle ait eu lieu en fait a Siloe, ci-apres 27)
[
12
]
. A la fin du siecle, sous l'influence du
Protevangile
, le lieu evolua dans le sens d'une eglise mariale commemorant la naissance de Marie, non loin de la Porte des Brebis (dite aussi Porte Saint-Etienne, a cause du sanctuaire grec de ce nom, d'epoque medievale, plus bas dans la vallee), c'est-a-dire la ≪ Probatique ≫ de Jn 5, 2 (
probaton
= brebis). Le Protevangile raconte que, apres qu'Anne recut d'un ange la promesse d'enfanter, alors que Joachim etait lui-meme en train d'attendre dans le desert une reponse de Dieu a sa demande d'avoir une descendance,
≪ Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne l'attendait, aux portes de la ville. Des qu'elle le vit paraitre avec ses betes, elle courut vers lui, se suspendit a son cou… Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui a se reposer. ≫
(IV, §4)
Le lieu est indique six ou sept fois comme station liturgique :
- Dedicace le
(entre 430, car elle n'est pas encore dans le vieux lectionnaire armenien, et 450, car l'eglise est attestee sous
Juvenal
) ;
- Station de la procession des Rameaux en provenance de l'
Eleona
et de
Gethsemani
, et en direction de l'
Anastasis
; les deux nouvelles stations entre l'Eleona et l'Anastasis (nouvelles par rapport a Egerie et au vieux lectionnaire armenien) permettaient de lire ce jour-la les quatre recits de l'entree de Jesus a Jerusalem dans les Evangiles ;
- Station de la fete du debut de l'an le premier septembre, debut de l'annee civile byzantine sans doute depuis
Leon
I
er
[
13
]
. Il est interessant que les lectures fassent allusions au Jour des Expiations (
yom kippur
). Le Jour des Expiations est en effet, dans un vieux calendrier hebraique atteste notamment dans les
Jubiles
et a
Qumran
(le
calendrier essenien
), le debut d'une
annee jubilaire
. Il y a d'autres traces d'influence essenienne sur l'Eglise de Jerusalem (notamment
ci-dessous 5
) ;
- L'octave de ce jour, le
8 septembre
, a ete choisie comme fete de la
nativite de Marie
, une fete qui a penetre dans toutes les traditions liturgiques chretiennes et dont depend par contre-coup (neuf mois avant) la fete de la conception de Marie le
8 decembre
(dans le
calendrier romain
,
9 decembre
dans le
rite byzantin
actuel), c'est-a-dire l'
Immaculee Conception
, qui est un
jour ferie
dans certains pays ou
cantons suisses
;
- Chronologiquement, la premiere station dans la Probatique etait peut-etre celle du deuxieme samedi de Pentecote pour la lecture de Jn 5, car le cycle de lecture de cet Evangile durant le temps de Pentecote est tres ancien (voir
5
) bien qu'il ne soit pas detaille dans le vieux lectionnaire armenien ;
- La fete de l'
Annonciation
le
a ete introduite au VI
e
s. a Jerusalem, avec station a la Probatique d'apres l'un des manuscrits du lectionnaire ;
- Reste une station non-expliquee le
, peut-etre la nouvelle dedicace de l'eglise apres sa restauration au
VII
e
siecle.
La station du
a
Ein Kerem
commemore une deposition de reliques de divers saints de l'entourage de saint Jerome, dont le plus recent n'est autre que
Jerome
lui-meme, mort en 419 (en contradiction avec le
martyrologe hieronymien
pour lequel ses reliques se trouvent a
Bethleem
).
Une autre tradition s'est developpee a Ein Kerem, celle de la maison de
Zacharie
, que l'on montre encore aujourd'hui a
Ein Kerem
au sud-ouest de Jerusalem, c'est-a-dire l'endroit de la naissance de
Jean-Baptiste
(on montre egalement un peu en dehors du village le lieu de la rencontre entre
Marie
et
Elisabeth
, trois mois plus tot, selon le recit de l'
evangile selon saint Luc
chapitre 1). Cette tradition ne semble pas tres ancienne (fin
V
e
s., en meme temps que la localisation des souvenirs du
Protevangile
, A.22, A.29, C.24 ?), mais il est vrai que le lectionnaire y fait lui-meme allusion par la lecture de l'evangile selon saint Luc chapitre 1, versets 57-66 (naissance de Jean-Baptiste).
Non loin d'
el Bire
(= A.19) se trouve le site de
Tell en-Nacbe
qui est parfois identifie au
Micpa
de la Bible,
Masephtha
en grec, en concurrence avec
Nebi Samwil
ou, a l'epoque byzantine, ne se trouve guere plus qu'un monastere. Une eglise a ete identifiee sur ce site (releve de Bagatti). La station le
commemore le prophete Samuel, qui convoqua Israel dans ce village, apres l'episode de Qiriat Yearim (= A.15), selon une des lectures du jour (I Sm. 7, 3-13). Samuel, dans la Bible, est aussi actif a Bethel (= A.19).
La station du
commemore une dedicace dans un endroit a Bethanie en haut de la colline. Un seul lieu convient a cette localisation, c'est une grotte, une ancienne citerne, ou des traces de culte chretien ont ete retrouvees. La lecture du jour, Lc 10, 38-42, suggere qu'on se trouve dans la ≪ maison ≫ de Marthe et Marie, les sœurs de
Lazare
, qui etait visitee par les pelerins a la fin du IV
e
s. (Jerome,
Lettre
108, 12)
[
14
]
.
Gethsemani, tombeau de la Theotokos ; fondation du roi Maurice
[
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]
La dedicace primitive eut lieu un
(d'apres le
sinai
34), peu apres le
concile d'Ephese
qui a donne essor au
culte marial
. L'eglise se trouve batie autour d'une ancienne tombe. Il est donc certain qu'elle etait consideree des cette epoque comme le lieu de la sepulture de Marie. Cependant c'est a la fin du
V
e
siecle seulement que se developpent les traditions sur la disparition de son corps du tombeau (elements dans les articles
assomption
,
dormition
,
La Dormition (15 aout)
et ci-dessus
Kathisme
), qui amenera le deplacement de la station du
du
Kathisme
a cette eglise de Gethsemani.
L'empereur byzantin
Maurice
(582-602), a qui le lectionnaire attribue la fondation, est sans doute responsable d'une restauration (peu avant la destruction de l'eglise en 614, de nouveau restauree ensuite), qui est commemoree le 22, 23 ou
.
Le
est indiquee une station dans cette eglise pour la commemoration de deux martyrs (Mamas et Taraise).
Station du
commemorant la ≪ deposition de l'autel ≫ (la dedicace de l'eglise ou l'installation d'un autel dans un batiment preexistant ?). L'eglise date vraisemblablement de la periode
eudocienne
a cause du martyr Phokas qui est mentionne pour cette fete dans le
sinai
34, un martyr qui est souvent commemore dans les eglises fondees par Eudocie.
Le
Tombeau de Rachel
fait l'objet de deux stations : le
pour la memoire d'une ≪ deposition ≫ (de reliques de Rachel a la suite d'une
inventio
qui n'a pas ete relatee par ecrit ?!) et le
pour une autre deposition, ou l'on trouve une liste assez longue de saints dont la circulation des reliques est attestee a Jerusalem a l'epoque d'
Eudocie
.
Comme le Kathisme (ci-dessus 13) et la Probatique (ci-dessus 22), ce lieu a ete rattache au cycle d'evenements racontes dans le
Protevangile de Jacques
(voir aussi ci-dessus 23 et ci-dessous
C.24
). Le monastere, comme le racontent les
Miracles de la bienheureuse Vierge Marie a Choziba
(edites dans
Analecta bollandiana
, 7, 1888) etait au depart, vers 470, une simple cellule transformee en chapelle. Il est possible que la proximite de la dedicace de cette eglise le
(selon le lectionnaire), dans les annees 480, avec une ancienne fete mariale du
, encore conservee dans la
tradition syriaque
, et egalement mentionnee dans le lectionnaire, ait conduit au rapprochement avec le recit du Protevangile qui situe ≪ dans le desert ≫ le lieu ou
Joachim
demanda a Dieu de lui accorder une descendance (I, §4), Marie.
Ce monastere, restaure au debut du XX
e
s., est situe dans un endroit idyllique du
desert de Juda
(le
wadi Qelt
) et est un lieu de visite habituel pour les touristes et pelerins de
Terre sainte
(voir par exemple les images de
http://www.geocities.com/m_yericho/kelt.htm
).
Stations dans la ≪ Fondation d'Innocent ≫ le
, fete de saint
Jean-Baptiste
, et a ≪ Saint-Jean l'Ancien ≫ le
, fete d'
Elisee
prophete, c'est vraisemblablement le meme endroit ≪ sur le Mont ≫ comme dit la rubrique du
, c'est-a-dire le mont des Oliviers. Abel rapprochait la Fondation d'Innocent de celle du ≪ martyrium de saint Jean-Baptiste ≫ par un moine Innocent, vers 385, mentionne par
Pallade
.
Le rapprochement entre Jean-Baptiste et Elisee vient du fait que leurs reliques ont ete decouvertes au meme endroit a
Sebaste
en Samarie, ensemble avec celles du prophete
Abdias
, comme le disent Jerome (
Lettre
108, 13) et Jean Rufus dans ses
Plerophories
(
PO
8, p. 70-71), bien que
Rufin d'Aquilee
rapporte que ces reliques avaient ete reduites en cendres sous
Julien
. Mais il precise qu'une partie des reliques avaient ete soustraites aux ≪ paiens ≫ (probablement les Samaritains) et amenees a Jerusalem, avant d'etre transferees a
Alexandrie
ou celles de Jean-Baptiste serviront a la fondation d'une eglise (aux depens du
Serapeum
de la ville). Il y a donc des raisons de penser que quelques reliques ou bien objets ayant touche ces reliques se trouvaient dans le monastere d'Innocent (le nom d'Abdias est d'ailleurs mentionne le
22 juin
).
Lieu de station du
, l'endroit est situe sur le mont des Oliviers d'apres la
Vie
de
Pierre l'Ibere
. On y conservait le culte et peut-etre des reliques du prophete
Isaie
. Il s'agit du lieu ou
Melanie la Jeune
est venue se retirer en partie du monde pour vivre des annees d'
ascese
.
La station du
30 decembre
, veille de la mort de la sainte fondatrice, sur le ≪ mont des Oliviers ≫, se faisait sans doute a l'endroit de son monastere.
Situe a l'est de la ville, devant les portes de la ville, endroit ou l'on offrait a manger aux pauvres et aux pelerins. Station du
avec memoire du fondateur.
Jean Rufus
parle d'un monastere ou
Juvenal
etait moine avant de devenir patriarche, qu'il localise dans la vallee du Cedron, et on peut supposer qu'il s'agit de la fondation qui porte son nom dans le lectionnaire, pour une station le
.
Deux stations se tiennent dans cette fondation ≪ pres de Gethsemani ≫, le
pour une ≪ deposition de l'autel ≫ et le
pour une deposition de reliques de Jean-Baptiste et Elisee, avec memoire d'un martyr (Leonce) et des archanges Michael et Gabriel.
Lieu d'une peripetie du drame raconte par Gregoire Arzruni.
L'eglise servait de station pour la fete de nombreux saints, le
, sans doute en raison de la presence d'une
lipsanotheque
contenant certaines reliques.
Pierre pretre ; Saint-Paul ; Quatrieme mille
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]
L'histoire de cette eglise est assez complexe, car elle semble avoir ete connue sous diverses appellations.
Une eglise du ≪ Quatrieme mille ≫ est mentionnee le
dans le lectionnaire, ou le calendrier
sinai
34 (Garitte) situe une deposition de reliques d'un groupe de saints comprenant aussi Paul, ainsi que les XL martyrs. Cette eglise, comme l'a demontre Joseph Milik, se trouvait sur la route de Jerusalem a Jericho, et correspond a des ruines non loin d'une source qui a conserve en arabe le nom de ≪ quatre ≫ ('
Ein Rawabe
: puits des Quatre).
Cyrille de Scythopolis
attribue a l'imperatrice
Eudocie
dans sa
Vie d'Euthyme
(ch. 35), la fondation d'une eglise ≪ Saint-Pierre ≫ qui, d'apres sa position ≪ a vingt stades en face du ≫ monastere d'Euthyme, semble bien correspondre a cet endroit. Il faudrait la rapprocher de la dedicace de l'eglise ≪ Saint-Paul ≫ ou ≪ Saint-Pierre ≫ selon les manuscrits indiquee en date du
dans le lectionnaire. Finalement, le
, une station se fait dans ≪ la fondation du pretre Pierre ≫, avec memoire d'une deposition de reliques des XL martyrs, comme le
. On aurait donc confondu le pretre Pierre a saint Pierre (l'apotre), et aussi, comme l'eglise contenait des reliques d'un certain Paul
[
15
]
, a saint Paul (apotre), et cela donne l'eglise ≪ Saints-Pierre-et-Paul ≫ mentionnee dans ces environs par un recit de pelerinage du
IX
e
siecle.
Il y a peu de choses a voir sur place. Le plus impressionnant est encore l'ancienne route romaine par endroits tres bien reconnaissable, et ou le Christ a du poser le pied. Eudocie a pu financer dans la Fondation de Pierre, son monastere, la construction d'une citerne, qui est la structure la mieux conservee du site actuel (ceci d'apres une suggestion de l'archeologue israelien
Yizhar Hirschfeld
).
Deux stations ont lieu dans cette fondation qui parait assez ancienne, consacrees aux martyrs Phocas d'une part, Babylas d'autre part. La rubrique de l'une d'elles la situe ≪ sur le Saint-Mont ≫, dans les alentours immediats de l'Eleona.
La date de dedicace est commemoree le
(d'apres le calendrier de
Jean Zosime
[
16
]
) et une deposition de reliques (?) de divers personnages bibliques est commemoree le
. La rubrique du manuscrit L mentionne Jean-Baptiste, Isaie, Ezechiel, et Misael (l'un des trois jeunes mentionnes dans le livre de Daniel) ; le manuscrit P ajoute Daniel, le patriarche Joseph, les deux autres jeunes Ananias, Azarias. Deux autres stations sont prevues, le
et le
.
Cyrille de Scythopolis
ecrit dans la
Vie de saint Theognios
(debut) :
≪ Arrive a Jerusalem en la cinquieme annee du regne de Marcien (aout 454 - aout 455), comme (Theognios) avait trouve les Aposchistes (les opposants au
concile de Chalcedoine
) maitres des monasteres de la ville sainte […], il s’attacha a une femme vertueuse nommee Flavia, qui, sous la garde du Saint-Esprit, fondait alors au mont des Oliviers un monastere et une eglise en l’honneur du saint martyr Julien ≫
. Julien est inscrit dans les rubriques des
et
.
Le
, on commemore en outre Pamphile, ce qui suggere son identification aux martyrs dont parle
Eusebe
dans les
Martyrs de Palestine
, XI 25-26, dont Flavia avait peut-etre obtenu des reliques.
Il n'y a pas moins de six stations a cet endroit (
,
,
, 30 ou
, 12 nov. et 6 dec.), qui pourrait etre identifie a l'endroit ou se trouve aujourd'hui une chapelle dediee a saint Menas, dans la cathedrale armenienne de
Jerusalem
pres de la porte de Jaffa, cote nord
[
17
]
. Les rubriques indiquent en effet a cet endroit le nom du martyr egyptien
Menas
[
18
]
, dont parle egalement un passage de la
Vie de saint Euthyme
de
Cyrille de Scythopolis
relatif a Bassa :
≪ De son cote la bienheureuse Bassa, etablit (Andre, frere d’Etienne, l’eveque de Iamnia) higoumene du martyrion de saint Menas qu’elle avait fonde ≫
(ch. 30), peu avant 460. Comme chez Melanie (2) et Flavia (12), des reliques d'Isaie y ont ete deposees (
).
Le
est la date de la dedicace de cette chapelle dediee a
saint Georges
, a laquelle fait allusion la
Vie de saint Jean l'Hesychaste
(ch. 4) et dont on a sans doute retrouve l'emplacement exact lors de la decouverte d'une inscription sur mosaique a
Sheikh Bader
, non loin de l'actuelle
Knesset
.
Deux stations commemorant
sainte Thecle
sont signalees a cet endroit, le
et le
. Une deposition de Conon et Thecle est en outre mentionnee le
sans precision de lieu, mais l'existence d'une inscription mentionnant
Eudocie
, avec les noms de Thecle et d'autres martyrs dont sans doute Conon, ainsi que l'attestation a Bethphage d'une ≪ eglise Sainte-Thecle ≫ (par le pelerin
Theodose
), suggere de situer cette eglise a Bethphage.
Station de la fete du
, deposition de Thalelee, dans une chapelle correspondant probablement a celle du monastere qui porte le nom du martyr Thalelee, martyr en
Cilicie
.
Quatre dates sont celebrees dans cette Fondation : le
pour une ≪
invention
du
calice
≫, le
pour une deposition de
saint Theodore
[Lequel ?]
martyr, le
pour une deposition de
Thyrse
martyr et des martyrs
Serge et Bacchus
et le
pour une deposition de sainte
Euphemie
.
Cyrille de Scythopolis
(
Vie de saint Sabas
, ch. 78) raconte comment l’orfevre Romylos de Damas, diacre de Gethsemani, apres s'etre fait voler, s'etait rendu a
Saint-Theodore
ou il retrouva son argent a la suite d'une vision du saint (sans doute peu apres la mort de saint Sabas en 532).
Les textes bibliques du
ne renvoient aucunement au calice de la Cene conserve, selon des Pelerins, a Jerusalem
[
19
]
, mais parlent simplement d’un serviteur qui comprend le vrai sens de l’argent. On pourrait se demander si le calice de la fete du
est vraiment le calice de la Cene. Peut-etre Romylos s'etait-il simplement fait voler un calice…
La rubrique du
dit de cette Fondation qu'elle se trouvait ≪ dans l'eglise de la Theotokos ≫, celle-ci correspondant a la Fondation du patriarche Elie (494-516) pres de l'Anastasis, dont parle la
Vie de saint Sabas
(§ 31), qui etait bien une eglise mariale (d'apres le
stavrou
43). La rubrique indique en outre ≪ pres de Saint-Michael ≫, ce qui permet de localiser celle-ci egalement pres de l'Anastasis.
La rubrique du
22 juin
parle a la fois d'une dedicace et d'une deposition d'
Elisee
&
Abdias
(sans doute d'objets ayant touche leurs reliques, voir ci-dessus C.1). Il est aussi question d'une memoire d'
Elie
. Tout cela dans un lieu de culte consacre a l'archange
Michael
, qui semble situe pres ou meme dans l'Anastasis (peut-etre l'actuelle chapelle armenienne surplombant le Tombeau vide), d'apres la rubrique du
.
On peut identifier quatre stations a cet endroit ≪ en bordure de la ville ≫, toutes consacrees a la memoire du
Precurseur
:
(sa nativite),
(
decollation
, et memoire d'
Elisee
),
(
invention
des reliques de sa tete) et la dedicace
. Le fondateur semble etre le patriarche troisieme du nom (
Jean III
), au debut du VI
e
s., mais on pourrait aussi argumenter en faveur de
Jean II
, un siecle plus tot.
Un moine de la region de Jerusalem raconte, dans une lettre adressee a Epiphane et Pierre, lettre conservee en georgien, comment, vers la fin du
V
e
s., le ≪ pretre Zacharie ≫ lui est apparu pour lui reveler l'authenticite des reliques qui viennent d'etre decouvertes, ainsi que de celles des deux autres grands pretres de Jerusalem : Simeon et Jacob (Jacques). Ils etaient consideres, dans l'imaginaire des chretiens de l'epoque (qui s'est developpe a partir du
Protevangile de Jacques
) comme les trois derniers grands pretres de Jerusalem. Les reliques proviennent vraisemblablement de la grotte adjacente, ou un recit conserve en latin cette fois situe la demeure d'un ermite, Epiphane (le destinataire du recit georgien ?), qui donne un autre point de vue sur cette invention de reliques (c'est, ici, Jacques qui apparait). Il est sur en tous cas qu'il a existe a cet endroit une Fondation, une chapelle, pour contenir lesdites reliques. Elle est connue comme ≪ Fondation de Paul ≫ (le nom pourrait etre une confusion avec le Pierre du recit georgien, lui-meme peut-etre le patriarche qui a siege de 524 a 552). C'est le lieu de station de plusieurs dates liturgiques : les 18 et
pour l'
invention des reliques
, le
1
er
decembre pour la deposition sous le monolithe pyramidal
[
20
]
.
La station de la fete du
est discutee plus haut (
A.9
) ; sur Zebina, voir ci-apres.
S'il s'agit du meme fondateur qu'au lieu precedent, on peut le dater de l'epoque de l'
invention des reliques
de Zacharie (ci-dessus C.24), vers la fin du
V
e
siecle. Les reliques deposees le
(Andre apotre, seulement d'apres le
sinai
34) et au moins celles deposees le
(Euphemie martyre) n'ont pas pu l'etre avant le concile de Chalcedoine (451), Chalcedoine etant le lieu originaire des reliques d'Euphemie
[
21
]
. Deux autres stations sont indiquees dans cette fondation pour la memoire de l'apotre Andre : le
et le
.
D'autres reliques d'apotres (Paul, Philippe, Pierre, Thomas) sont mentionnees ≪ dans l'Apostoleion ≫, qui etait le lieu de sepulture des eveques de Jerusalem (voir
A.2
). Mais l'origine de ces reliques est douteuse (voir le cas de Pierre et Paul discute ci-dessus C.8) et ces mentions ne paraissent pas tres anciennes (pour les
commemoraisons
de Philipe et Thomas, voir cependant
A.9
). Elles cherchent simplement a appuyer l'affirmation (de foi) de la continuite entre apotres et eveques (et ne sont pas a prendre dans un sens litteral !).
La localisation ≪ dans l'Apostoleion ≫ est interessante. On possede un texte mentionnant une autre fondation dans cette eglise, une sorte de chapelle sans doute :
≪ … une fois son frere (
Pinien
, son mari) endormi dans le Seigneur (en 431), elle resta dans l’
Apostoleion
qu'elle avait elle-meme fait construire peu de temps auparavant, et ou elle deposa les restes du bienheureux (Pinien). La, elle demeura environ quatre ans, se macerant jusqu'a l'exces dans les jeunes, les veilles et le deuil perseverant. ≫
(Gerontios,
Vie de sainte Melanie
, ch. 49, trad. D. Gorce,
Sources chretiennes
, vol. 90). Sainte
Melanie la Jeune
est connue dans le lectionnaire par une autre fondation, son monastere (ci-dessus C.2 ; voir aussi son role dans la fondation de la
Stoa
de saint Etienne, ci-dessus C.19). Quant a sa fondation de l'
Apostoleion
lui-meme, d'apres la citation qui vient d'etre faite, elle est a mettre au compte de son biographe Gerontios, qui lui avait succede dans la charge de ses fondations (et qui etait un
monophysite
, alors que l'eglise etait aux mains des Chalcedoniens).
Au moins six stations ont lieu dans cette eglise, appelee aussi
Sainte-Marie-la-Neuve
, et commencee vers 500 (
Vie de saint Sabas
, 72) mais achevee et consacree seulement sous Justinien, le
(
Vie de saint Euthyme
, 49).
Les absides de cette eglise, la plus grande de Jerusalem apres l'
Eleona
, ont ete degagees et se visitent, dans le quartier juif pres du rempart sud de la ville.
Une deposition de reliques du martyr romain
Laurent
a lieu a Constantinople vers 450
[
22
]
; la deposition celebree dans cette chapelle le
est peut-etre contemporaine.
- Pierre Maraval,
Egerie. Journal de voyage (Itineraire) - Valerius du Bierzo. Lettre sur la Bse Egerie
(par M. C. Diaz y Diaz), (
Sources chretiennes
, 296), Paris, 1982 (reimpr. 1997)
- Charles Renoux
, [
Le codex armenien Jerusalem 121
, t. II].
Edition comparee du texte et de deux autres manuscripts, introduction, textes, traduction et notes
,
Patrologia Orientalis
, 36 (1971), 141-390
- Michael Tarchni?vili,
Le grand lectionnaire de l'Eglise de Jerusalem (
V
e
???
VIII
e
siecle)
, t.I (
CSCO
vol. 188,
Scriptores iberici
t. 9, texte ; vol. 189,
Scriptores iberici
t.10, version) & t.II, (
CSCO
vol. 204,
Scriptores iberici
t.13 texte ; vol. 205,
Scritores iberici
t. 14, version), Louvain, 1959 & 1960
- Gerard Garitte,
Le calendrier palestino-georgien du
sinaiticus
34
(
X
e
siecle
), (
Subsidia hagiographica
, 30), Bruxelles, 1958
- ↑
S.
Verhelst
, ≪
Les lieux de station du lectionnaire de Jerusalem
≫,
Proche-Orient chretien
,
vol.
54,
,
p.
13-70, 247-289
- ↑
Voir sur ce point l'introduction de Maraval.
- ↑
On en trouvera la liste, avec d'autres references, dans l'article de S. Verhelst,
La place des prophetes dans le sanctoral de Jerusalem
,
Questions liturgiques
, 84 (2003), 182-203,
p.
191-193
.
- ↑
Argument emprunte a J.E. Taylor,
Christians and the Holy Places. The Myth of the Jewish-Christian Origins
, Oxford, 1993 (cf. p. 216-220) revue et corrigee par M. Van Esbrœk,
Jean II a Jerusalem et les cultes de saint Etienne, de la Sainte-Sion et de la Croix
,
Analecta bollandiana
, 102 (1984), 99-134.
- ↑
sur laquelle voir par exemple
http://www.biblelieux.com/mt_sion.htm
- ↑
(en)
Bargil Pixner,
Paths of the Messiah and Sites of the Early Church from Galilee to Jerusalem: Jesus and Jewish Christianity in Light of Archaeological Discoveries
, Ignatius Press,
,
p.
41
- ↑
Voir ce texte et sa traduction latine annotee chez M. van Esbroeck,
Nouveaux apocryphes sur la Dormition
,
Analecta Bollandiana
, 90 (1972), 363-369, p. 366-368.
- ↑
J. Germer-Durand,
La maison de Caiphe et l'eglise Saint-Pierre de Jerusalem
,
Revue biblique
, 11 (1914), 71-94
- ↑
P. Benoit,
Le pretoire de Pilate a l’epoque byzantine
,
Revue biblique
, 91 (1984), 161-177
- ↑
References dans l'article de la note 1, p. 285 et 287.
- ↑
D. Livingstone,
Further Considerations on the Location of Bethel at el-Bireh
,
Pal. Exploration Quaterly
, 126 (1994), 154-159.
- ↑
Voir L. Devillers & M.E. Boismard,
Une piscine peut en cacher une autre. A propos de Jn 5, 1-9a
,
Revue biblique
, 106 (1999), 175-218
- ↑
V. Grumel,
Indiction byzantine" et neon etos, Rev. Et. byz. 12 (1954), 128-143.
- ↑
J.E. Taylor,
The Bethany Cave: a Jewish-Christian Cult Site?
,
Revue biblique
, 97 (1990), 453-465
- ↑
Eusebe mentionne au moins deux martyrs du nom de Paul dans son ouvrage sur les Martyrs de Palestine (VIII 5-12 et XI 1-28).
- ↑
Garitte, 1958, p. 206
- ↑
Plutot qu'a l'endroit ou Tsafrir a mis au jour, pres de la porte de Sion, une inscription fragmentaire sur mosaique avec les deux premieres lettres de Bassa.
- ↑
Son lieu de sepulture pres d'
Alexandrie
, datant du debut du
V
e
s., est demeure un lieu de pelerinage,
Amba Mina
.
- ↑
Contre Garitte, 1958, p. 268-269 a la suite d’Abel
- ↑
Traduction et commentaire detaille du recit georgien : S. Verhelst,
L’Apocalypse de Zacharie, Simeon et Jacques
,
Revue biblique
, 105 (1998), 81-104.
- ↑
P. Maraval,
Lieux saints et pelerinages d'Orient. Histoire et geographie. Des origines a la conquete arabe
, Paris, 1985, p. 364-365
- ↑
R. Janin,
La geographie ecclesiastique de l’empire byzantin.
1
re
partie. Le siege de Constantinople et le patriarcat œcumenique. III. Les eglises et les monasteres
(1
e
ed. 1953), Paris, 1969,
p.
301-304