L'
insurrection viennoise d'
est le dernier soulevement de la
Revolution autrichienne de 1848
.
Les premiers troubles revolutionnaires eclatent a
Vienne
le
. L'agitation commence de maniere assez bon enfant par une manifestation d'etudiants et de bourgeois liberaux devant la Diete en solidarite avec les demandes hongroises. Les troubles s'etendent rapidement. La troupe se montre incapable de ramener le calme et fait feu sur les manifestants : on compte une cinquantaine de morts. Vienne connait alors la premiere insurrection armee de son histoire
[
1
]
. L'agitation prend un tour plus social : destruction d'usines et d'entreprises accusees de favoriser le
chomage
. Le pouvoir est oblige de lacher du lest. Le prince
Klemens Wenzel von Metternich
doit abandonner la direction des affaires sans delai
[
2
]
. L'Empire entreprend des reformes liberales.
Le
, le gouvernement proclame une ≪ constitution provisoire ≫ (un peu sur le modele de la Constitution accordee aux Belges en 1831), qui etablit le
bicameralisme
et le
suffrage censitaire
. Les emeutes du
, puis celles du
amenent la cour imperiale a s'installer provisoirement a
Innsbruck
. Au mois de juillet, un nouveau parlement est elu
[
3
]
. Durant l'ete, l'autorite du gouvernement continue de faiblir
[
4
]
.
Le
, alors que les troupes imperiales s'appretent a quitter Vienne pour reprimer la
Revolution hongroise
, une foule de sympathisants de la cause hongroise composee d'ouvriers, d'etudiants et de soldats mutines tente d'empecher leur depart. Alors que les emeutes de mars avaient ete le fait de bourgeois liberaux, les evenements d'octobre sont plutot le fait d'ouvriers. Cet incident degenere en combats de rue d'une grande violence : l'Arsenal est pille ; le sang est verse jusque dans la
cathedrale Saint-Etienne
et le ministre de la Guerre, le comte
Theodor Baillet von Latour
, est lynche par la populace. Son cadavre mutile reste plusieurs heures pendu a un reverbere
[
5
]
.
Le
, l'empereur
Ferdinand
I
er
et sa cour, rentres d'Innsbruck au mois d'aout, se replient a
Olmutz
sous la protection du prince
Alfred de Windisch-Graetz
et d'une troupe de 7 000 soldats
[
6
]
. La Cour s'installe a Olmutz le
. Deux semaines plus tard, le Parlement est deplace a
Kremsier
en
Moravie
. La ville de Kremsier ? et non Olmutz ? a ete choisie par securite et afin de mieux pouvoir surveiller les parlementaires
[
7
]
. Une partie de la bourgeoise viennoise deserte la ville et se met en securite dans les environs de Vienne ou suit l'empereur a Olmutz, qui devient le centre de l'empire pour plusieurs mois
[
6
]
. La violence du
effraie une bonne partie de la population
[
8
]
.
Sous le commandement des generaux Windisch-Gratz et
Josip Jela?i?
, les troupes autrichiennes et croates contre-attaquent en encerclant Vienne le
, puis en bombardant la ville a partir du
, puis en prenant d'assaut la
Innere Stadt
le
. Pres de deux mille personnes sont tuees lors des combats. A l'exception du general polonais
Jozef Bem
, qui reussit a prendre la fuite, les hommes qui ont organise la resistance, Wenzel Messenhauser, le journaliste Alfred Julius Becher, Hermann Jellinek et le depute radical allemand
Robert Blum
[
9
]
, sont juges puis executes au mois de novembre.
La defaite de l'insurrection viennoise marque la fin de la Revolution de 1848 en Autriche, mais la revolution hongroise n'est finalement battue qu'en ete 1849.
Cet evenement provoque la perte des acquis de la Revolution du mois de mars et fait entrer l'
empire d'Autriche
, sous la conduite du prince
Felix zu Schwarzenberg
, dans une phase de reaction autoritaire : le ≪
neo-absolutisme
≫
[
10
]
, qui dure jusqu'en
1859
[
11
]
.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
59.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
60.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
63.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
71.
- ↑
Jean-Paul Bled 2011
,
p.
115.
- ↑
a
et
b
Jean-Paul Bled 2011
,
p.
116
- ↑
Jean-Paul Bled 2011
,
p.
117.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
72.
- ↑
Jean-Paul Bled 2011
,
p.
118.
- ↑
Jean-Paul Bled 2011
,
p.
179.
- ↑
Jean Berenger 2011
,
p.
80.
: document utilise comme source pour la redaction de cet article.
- Jean-Paul
Bled
,
Francois-Joseph
, Paris,
Editions Perrin
,
coll.
≪ Tempus ≫ (
n
o
403),
(
1
re
ed.
1987), 853
p.
(
ISBN
978-2-262-03583-9
)
,
chap.
III (≪ La montee sur le trone : ≪ adieu, ma jeunesse ! ≫ ≫)
- Jean
Berenger
,
L'Empire austro-hongrois : 1815-1918
, Paris,
Armand Colin
,
coll.
≪ Collection U / Histoire ≫,
,
2
e
ed.
(
1
re
ed.
1994), 239
p.
(
ISBN
978-2-200-24888-8
)
,
chap.
3 (≪ La revolution de 1848 ≫)