Le
coup d'Etat du
voit le
Premier ministre
tunisien
,
Zine el-Abidine Ben Ali
, renverser le
president de la Republique
,
Habib Bourguiba
, pour raisons de sante et acceder au pouvoir.
Par la suite, Ben Ali reprend en main le
Parti socialiste destourien
qu'il transforme en
Rassemblement constitutionnel democratique
. Il organise des elections anticipees au printemps
1989
, que lui et son parti remportent largement. Des lors, il poursuit la politique de Bourguiba dont il se positionne comme le fils spirituel, comblant ainsi les vœux de celui qui desirait
≪ gouverner apres sa mort ≫
. Il se maintient au pouvoir durant 23 ans, avant d'etre renverse lors de la
revolution de 2011
.
Dans la nuit du
, un groupe de sept medecins tunisiens signent un rapport medical qui certifie l'incapacite mentale du president, Habib Bourguiba, d'assumer ses fonctions.
≪ Un acte de salubrite publique ≫
que
Mezri Haddad
resume ainsi :
≪ Officiellement age de 84 ans, Bourguiba s'endort quand il recoit un hote etranger ; sous l'influence de ceux qui guignent la presidence, il chasse le lendemain le ministre qu'il a nomme la veille, il admet le remaniement ministeriel propose par son Premier ministre pour se retracter quelques heures apres… Pire que tout, il exige la revision du proces de l'integriste Rached Ghannouchi (et la condamnation a mort de ce dernier) : ≪ Je veux cinquante tetes […] Je veux trente tetes […] Je veux Ghannouchi ≫
[
1
]
. ≫
Ben Ali fait jouer l'
article 57
[
2
]
de la
Constitution
et prend en main le pays
[
3
]
. Il devient, en tant que successeur constitutionnel, president et chef supreme des forces armees. Dans leur livre
Notre ami Ben Ali
[
4
]
, les journalistes
Nicolas Beau
et Jean-Pierre Tuquoi donnent une description des evenements :
≪ Sept medecins dont deux militaires sont convoques en pleine nuit, non pas au chevet du malade Bourguiba, mais au ministere de l'Interieur. Parmi eux se trouve l'actuel medecin du president, le cardiologue et general
Mohamed Gueddiche
. Ben Ali somme les representants de la faculte d'etablir un avis medical d'incapacite du president.
≪ Je n'ai pas vu Bourguiba depuis deux ans ≫
proteste un des medecins.
≪ Cela ne fait rien ! Signe ! ≫
tranche le general Ben Ali. ≫
Dans une declaration faite a la radio nationale le lendemain matin, il rend hommage aux
≪ enormes sacrifices ≫
consentis par Bourguiba, en compagnie d'hommes valeureux, au service de la liberation de la Tunisie et de son developpement. Il annonce dans le meme temps que
≪ l'epoque que nous vivons ne peut plus souffrir ni presidence a vie ni succession automatique a la tete de l'Etat desquels le peuple se trouve exclu. Notre peuple est digne d'une vie politique evoluee et institutionnalisee, fondee reellement sur le multipartisme et la pluralite des organisations de masse ≫
[
5
]
. L'action est par la suite justifiee par le fait que des mouvements integristes preparaient un coup d'Etat et detenaient une liste de personnalites a assassiner
[
6
]
.
Dans un entretien a
La Repubblica
du
[
7
]
, l'
amiral
Fulvio Martini du
SISMI
declare que les
services secrets
italiens ont joue un role important dans la chute de Bourguiba :
≪ Tout a commence avec la visite en
1984
en
Algerie
du
president du Conseil italien
Bettino Craxi
≫
explique-t-il.
≪ Les Algeriens, inquiets de la destabilisation croissante en Tunisie, etaient alors prets a intervenir ≫
dans ce pays en raison des menaces portees sur leurs interets strategiques. Ainsi, l'
armee algerienne
aurait ete prete a envahir la partie du territoire tunisien ou transite le
pipeline
qui conduit le
gaz naturel
algerien jusqu'en
Sicile
.
≪ En
1985
, M. Craxi m'a demande de me rendre en Algerie pour y rencontrer les services secrets [...] l'objectif etait d'eviter un coup de tete ≫
algerien selon Martini.
≪ A partir de ce moment a commence une longue operation de politique etrangere dans laquelle les services secrets ont eu un role extremement important. A la fin, nous avons estime que le general Ben Ali etait l'homme capable de garantir, mieux que Bourguiba, la stabilite en Tunisie ≫
ajoute-t-il.
≪ Nous avons propose cette solution aux Algeriens qui en ont parle aux Libyens. Je suis alle en parler aux Francais [...] Le chef des
services secrets
de l'epoque, le general
Rene Imbot
, m'a traite avec arrogance et m'a dit que nous autres Italiens, nous ne devions pas nous meler de la Tunisie, qu'il s'agissait de l'empire francais ≫
affirme Martini
[
8
]
.
Il s'agissait donc d'organiser un
coup d'Etat
, le plus invisible possible, et c'est ainsi que l'idee d'un
≪ putsch medical ≫
aurait pris forme. L'Italie aurait garanti le ralliement du Premier ministre Ben Ali et ce choix aurait rencontre l'approbation des Algeriens ainsi que des Libyens.
≪ C'est vrai, l'Italie a remplace Bourguiba par Ben Ali ≫
, conclut Martini alors que
La Repubblica
avait cite, le
, un rapport expose le
6 octobre
precedent par Martini devant une commission parlementaire italienne. Pour sa part, Craxi dement, ce meme
, une participation des services secrets italiens a l'accession au pouvoir de Ben Ali.
≪ Il n'y a aucune manœuvre ni interference italienne dans les evenements qui ont porte le president Ben Ali au pouvoir en 1987 ≫
affirme-t-il au bureau de l'
AFP
a Tunis. Selon
Le Monde
, ces revelations de Martini n'auraient toutefois pas convaincu les specialistes car Craxi etait un ami de Bourguiba
[
9
]
.
Le chiffre 7 est un symbole de la presidence de Ben Ali, presentee comme un nouveau cycle politique qui debute le
[
10
]
. Selon
Vincent Geisser
, il est devenu
≪ l'embleme chiffre du coup d'Etat, que la rhetorique benalienne nomme ≪ le Changement ≫ ≫
[
10
]
. Le
devient un
jour ferie
, cet evenement etant inscrit dans le programme
philatelique
de la
Poste tunisienne
a travers une serie de
timbres
[
10
]
dont l'element visuel principal est un chiffre 7 stylise.
Aux cotes de l'image omnipresente du president Ben Ali, le chiffre 7 est en effet visible dans la quasi-totalite des lieux publics
[
10
]
: administrations, cafes, magasins, avenues, etablissements scolaires, moyens de transport ? compagnie aerienne Tuninter renommee
Sevenair
le
(soit le
7
e
jour du
7
e
mois de l'annee 2007) ou nom d'un
avion de ligne
de la compagnie
Tunisair
?, stades (comme celui de
Rades
), infrastructures (comme l'
aeroport international de Tabarka
), etc. Le chiffre est egalement utilise par le regime dans le domaine des medias qu'il controle et notamment de la
television
: la premiere chaine nationale est renommee TV7 puis
Tunisie 7
.
Il est par ailleurs utilise comme indicatif des numeros de
telephone
? les numeros de la region de Tunis commencent par 71, ceux de la region du
Sahel
par 73, etc. ? et dans les numeros de
SMS
utilises lors des jeux televises (87 y est toujours accompagne d'un autre 7). Enfin, sur les
cartes d'identites
, sept
drapeaux tunisiens
sont presents cote recto et sept
colombes
cote verso
[
10
]
. D'apres Geisser, ≪ le regime a trouve avec ce chiffre un substitut plus ou moins subtil aux statues erigees par le despote (
Bourguiba
) ≫. Apres le depart de Ben Ali, les references au chiffre 7 sont progressivement supprimees
[
10
]
. Par exemple, l'une des avenues les plus importantes de
Tunis
, l'avenue du 7-Novembre, prend le nom de
Mohamed Bouazizi
en hommage au jeune homme dont la tentative de suicide a conduit a la
revolution tunisienne
[
11
]
; la chaine de television nationale change de nom en
Wataniya 1
.
- ↑
Mezri Haddad
,
Non Delenda Carthago
, Carthage ne sera pas detruite : autopsie de la campagne antitunisienne
, Paris, Editions du Rocher,
, 430
p.
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et Jean-Pierre Tuquoi,
Notre ami Ben Ali : l'envers du miracle tunisien
, Paris, La Decouverte,
, 252
p.
(
ISBN
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)
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Fulvio Martini confirme que Rome a choisi Ben Ali pour remplacer Bourguiba
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