Bataille de Marignan

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Bataille de Marignan
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Detail d'une enluminure attribuee au Maitre a la Ratiere .
Informations generales
Date et
Lieu Marignan , a 16  km au sud-est de Milan en Italie
Issue Victoire franco - venitienne decisive
Belligerants
Royaume de France
Republique de Venise
Confederation suisse
Duche de Milan
Commandants
Francois  I er
Jacques de Trivulce
Bartolomeo d'Alviano
Louis II de la Tremoille
Charles III de Bourbon
Charles Ier de Vendome
Charles IV d'Alencon
Matthieu Schiner
Maximilien Sforza
Marx Roist   (en) Marx Roist   (de)
Forces en presence
2 500 cavaliers
30 000 fantassins
200 cavaliers
22 000 a 30 000 fantassins
Pertes
5 000 tues [ 1 ]
Nombre de blesses inconnu
10 000 tues [ 2 ]
Nombre de blesses inconnu

Guerres d'Italie

Batailles

  • Genes (mai 1515)
  • Marignan (13 - 14 septembre 1515)
Coordonnees 45° 22′ nord, 9° 19′ est

La bataille de Marignan ( Marignano en Italie , aujourd’hui Melegnano , ville a 16  km au sud-est de Milan ) eut lieu les et et opposa le roi de France Francois  I er et ses allies venitiens aux mercenaires suisses qui defendaient le duche de Milan .

La bataille de Marignan est l’un des episodes des guerres d'Italie commencees par Charles VIII en 1494 afin de controler le duche de Milan.

Premiere victoire du jeune roi Francois I er , acquise des la premiere annee de son regne, elle fit environ 16 000 morts en seize heures de combat [ 3 ] .

Les guerres d’Italie [ modifier | modifier le code ]

Les guerres d’Italie furent une suite de conflits menes par les souverains francais en Italie au cours du XVI e  siecle pour faire valoir leurs droits hereditaires sur le royaume de Naples , puis sur le duche de Milan . En effet, le royaume de Naples jusqu’en 1442 etait aux mains de la maison d’Anjou , maison cadette des Capetiens . A cette date, l’ Aragon avec le roi Alphonse V en prit le controle. La maison d’Anjou essaya alors sans relache d’en reprendre possession. Son dernier representant, Rene d’Anjou , mourut en 1480  : ses droits sur le royaume de Naples passerent alors au royaume de France , sur lequel regnait Louis XI , puis, a partir de 1483 , Charles VIII . En 1486 , certains barons du royaume de Naples, restes fideles aux Angevins, se revolterent. Vaincus, ils se refugierent en France. Les monarques francais essayerent alors de faire valoir leurs droits pendant pres de soixante ans.

Ludovic le More .
Miniature de Giovanni Ambrogio de Predis .

Au tournant du XVI e  siecle , les Suisses [ 4 ] opererent militairement pour leur propre compte ou dans le service mercenaire dans une Italie du Nord affaiblie et morcelee. En 1495, ils permirent au roi Charles VIII de triompher des Milanais et des Venitiens a Fornoue . En 1499 , les Suisses passerent une alliance de dix ans avec le roi de France en vertu de laquelle celui-ci pourrait prendre 5 000 mercenaires a son service. Grace a ces mercenaires, Louis XII conquit le duche de Milan et en expulsa son maitre, Lodovico Sforza , dit le More.

Portrait de Louis II de la Tremoille attribue a Benedetto Ghirlandaio ( v.  1486 ? 1487).
Le cardinal Matthieu Schiner, dessin d' Albert Anker (1831 ? 1910) d’apres une gravure ancienne.

Toutefois, comme le Roi de France ne s’acquittait pas de la solde promise, les Suisses mecontents changerent de camp et les Francais s’en allerent, sans meme livrer bataille, permettant le retour de Sforza. Louis XII revint avec 15 000  mercenaires suisses engages au prix fort contre la volonte de la Diete de Zurich . Ainsi, des mercenaires suisses firent face a d’autres mercenaires suisses. A la suite d'une intervention de la Diete et des tractations entre les camps, le combat fratricide fut empeche, et Louis XII recupera les territoires perdus.

A la suite d'un nouveau differend entre Louis XII et les cantons d’ Uri , Schwyz et Unterwald portant sur Bellinzone que ces derniers revendiquaient, 14 000 Suisses marcherent sur Arona ou le roi de France renonca formellement a ses exigences par le traite de 1503 .

Les territoires du Milanais aux mains du roi de France continuaient a susciter les convoitises. Lorsque l'alliance de dix ans entre le roi de France et les Suisses arriva a son terme ( 1509 ) et que celui-la montra son desinteret vis-a-vis de ses anciens allies, le pape Jules II par l'intermediaire de l’ eveque de Sion , Matthieu Schiner , convainquit les Suisses de rallier sa cause contre une forte solde et des pensions annuelles ( 1510 ). Fort de cette alliance, le pape ouvrit les hostilites contre le roi. En 1511 , les Suisses marcherent sur Milan que les Francais abandonnerent sans livrer bataille. En 1512 , 24 000 Suisses sous les ordres du commandant en chef Ulrich von Hohensax , qui s'etait particulierement distingue lors de la guerre de Souabe [ 5 ] , se rallierent aux Venitiens en Lombardie , egalement allies au pape, et prirent une ville apres l'autre aux Francais qui tombaient entre leurs mains sans resistance, a l'exception de Pavie qui necessita un siege de courte duree avant de capituler. Il ne fallut que quelques semaines pour chasser les Francais d'Italie.

Avec l'appui des Suisses, Maximilien Sforza se fit remettre Milan ( ). En contrepartie, les Suisses obtinrent la vallee de la Maggia, de Locarno, Lugano, Mendrisio, Bormio, la Valteline, Chiavenna.

Des le , Louis XII tenta de recuperer le Milanais. Une premiere tentative dirigee par La Tremoille se solda par un echec. Les troupes francaises manquerent de prendre Novare defendue par les Suisses. Apres une bataille qui couta la vie a 1 500 Suisses et 6 000 Francais, les troupes francaises prirent la fuite.

Alors que les campagnes d'Italie conferaient un enorme prestige a la Suisse, des tensions internes apparaissaient entre certaines grandes familles suisses qui continuaient a percevoir des rentes du roi de France pour le service etranger et le peuple qui n'en tirait que peu d'avantages.

A la suite d'une fausse nouvelle de defaite des Suisses a Novare, la Suisse envoya 30 000 hommes faire le siege de Dijon , defendue par La Tremoille, qui fut force de negocier leur depart. Par le traite de Dijon du , il promit une indemnite de guerre de 400 000 couronnes et 20 000 ecus. Cependant, Louis XII refusa de reconnaitre la dette, empechant une conclusion de paix entre les deux pays.

Le lancement de la cinquieme guerre d'Italie [ modifier | modifier le code ]

L'avenement de Francois I er [ modifier | modifier le code ]

Le Nord de l' Italie en 1494.

Louis  XII mourut le alors qu'il preparait une nouvelle campagne. Son successeur, Francois  I er , affirma ses pretentions sur le Milanais des le debut de son regne, en faisant valoir les droits de sa femme Claude , heritiere des Orleans, et donc de Louis XII . Afin d'y parvenir, il obtint le soutien de Venise mais manqua d'obtenir celui des Suisses, exigeant toujours les indemnites promises lors de la prise de Dijon avant toute regularisation des relations [ 6 ] , [ 7 ] . Dans une ultime tentative de conciliation, le jeune roi francais se declara dispose a honorer la dette de Dijon a condition de recuperer le Milanais. Sous l'influence de Schiner et la predominance des cantons anti-francais, la proposition fut repoussee par les Suisses [ 8 ] .

Devant l'echec de la diplomatie, Francois  I er rassembla une armee de 50 000 hommes. Pour financer ses depenses militaires, le roi augmenta l'impot et fit des emprunts, car il lui fallait acheter la neutralite d' Henri VIII d'Angleterre mais aussi celle de Charles de Gand, futur Charles Quint . Quatre cents kilos d' or , 150 000  ecus allerent a la garnison suisse. En l'absence du roi , sa mere, Louise de Savoie assura la regence .

Les forces en presence [ modifier | modifier le code ]

L'armee de Francois I er fut placee sous le haut commandement du Connetable Charles III de Bourbon , de La Tremoille , Jacques de Trivulce , Lautrec , Bayard et Robert III de La Marck de Bouillon [ 9 ] , base strategique arriere Anthoine Du Prat , Chancelier de France. Composee de nobles francais, arquebusiers et arbaletriers gascons et navarrais, lansquenets allemands, et mercenaires des Pays-Bas (la ≪ bande noire ≫), l'armee francaise comprenait plus de 22 000 lansquenets allemands ; 2 500 cavaliers lourdement armes des compagnies d'ordonnance qui perpetuerent les pratiques et usages du chevalier medieval ; vingt compagnies de Navarrais, Basques et Gascons (10 000 hommes), aux ordres du general basco-navarrais Pedro Navarro  ; 8 000 fantassins francais et 3 200 sapeurs ou charpentiers ; une artillerie de 69 grosses pieces ( couleuvrines , serpentines) ; un important train des equipages, sous le commandement de Galiot de Genouillac , senechal d'Armagnac [ 10 ] .

De mai a aout, 32 000  Suisses avaient fait mouvement vers Suse , Pignerol et Saluces pour empecher le passage des Alpes par les Francais. L'infanterie des Confederes s'articulait en trois corps : l'avant-garde constituee d'arbaletriers et d'arquebusiers (au role encore limite car leur arme a feu etait encore peu precise et de faible portee) qui servaient a renseigner le commandement sur la position de l'ennemi ; le corps de bataille forme de piquiers disposes en carre [ N 1 ] , proteges a l'exterieur par des hallebardiers et des arquebusiers, la fonction principale des piquiers etant de repousser les charges de la cavalerie ennemie ; l'arriere-garde compte d'autres arquebusiers prets a intervenir parmi les reserves generales et habituellement appeles a executer un mouvement tournant ou enveloppant [ 11 ] . Les Suisses etaient conduits par leurs meilleurs generaux Werner Steiner de Zoug, Hugues de Hallwyl et l'avoyer de Watteville de Berne [ 12 ] . Le commandant en chef des troupes suisses, Ulrich von Hohensax, qui les avait conduits a la victoire lors des precedentes campagnes d'Italie etait retenu par la maladie [ 13 ] .

Le franchissement des Alpes [ modifier | modifier le code ]

Au printemps 1515 , Francois I er ordonna la concentration des troupes a Grenoble , sous la supervision de Bayard, lieutenant general du Dauphine . En , les troupes francaises firent mouvement sur Genes et occuperent la ville. Alarmee par les evenements, la Diete suisse commenca par envoyer 8 500 hommes vers Novare rejoindre Schiner, devenu cardinal, et fit occuper les cols des Alpes du Piemont ou l'armee francaise etait attendue.

Solidement etablis a Suse , les Suisses tinrent la route habituelle du Mont-Cenis . L’armee francaise d'environ 63 000 personnes, y compris les chevaux et l’artillerie (60 canons de bronze) avec l’aide technique de l’officier et ingenieur militaire Pedro Navarro qui utilisait pour l'une des premieres fois des explosifs pour elargir les chemins de montagne, franchit les Alpes par une route secondaire, contournant les troupes suisses au sud par le col de l'Argentiere ( Colle della Maddalena en italien, un sentier a peine praticable par des chevriers ; trois mille sapeurs y ouvrirent a la fin un chemin carrossable), ou, du au , en cinq jours, passerent environ 30 000 fantassins, 9 000 cavaliers, 72 gros canons et 300 pieces de petits calibres [ 14 ] . Les Suisses se replierent alors sur Milan. Apres quelques combats d'arriere-garde en a Villafranca Piemonte , Chivasso et sur la Doire Baltee ainsi que l'envoi d'un contingent de 15 000 hommes supplementaires, les Suisses comptaient 45 000 hommes repartis entre Varese , Monza et Domodossola , plus la garnison de Milan. Dans la plaine du Piemont , une partie de l’armee suisse prit peur et proposa, le a Gallarate , de passer au service de la France [ 15 ] .

Les negociations de Gallarate [ modifier | modifier le code ]

Une campagne efficace de propagande francaise, visant a dissuader les cantons suisses de poursuivre les hostilites, entraina le mecontentement parmi les troupes suisses et des differends parmi les chefs, permettant en meme temps une poussee sur toute la partie occidentale du Milanais par les Francais. Une serie de pourparlers furent engages en (pourparlers de Gallarate), lors desquels Francois I er offrit encore davantage de concessions aux Suisses pour qu'ils renoncent a leurs pretentions, aboutissant meme au traite de Gallarate ( ) qui finalement ne fit que consacrer la dissension entre les Confederes souffrant de l'absence d’un chef unique.

Les Francais se mirent a negocier directement avec le pape derriere le dos des Confederes. Le duc de Milan tardait a verser la solde et les vivres venaient a manquer. Apres la signature de ce traite qui divisa encore un peu plus les Confederes, les Bernois , Fribourgeois , Valaisans et Soleurois , peu enclins a se battre pour un commanditaire qui tardait a assumer ses obligations, rentrerent en Suisse, ce qui representait le depart de 10 000 Confederes [ 15 ] , [ 9 ] , [ 16 ] .

La bataille [ modifier | modifier le code ]

Devant l'echec des negociations et la division des troupes suisses, Francois I er fit mouvement en direction de Milan et etablit son camp pres de Marignan. Les Zurichois et les Lucernois, se sentant lies par le traite de Gallarate, recurent l'ordre de leurs gouvernements respectifs d'accepter une paix honorable. Uri, Schwyz, Unterwald et Glaris refuserent de battre en retraite. Ceux parmi les Suisses qui etaient restes a Milan se laisserent entrainer au combat sur l'insistance du cardinal Schiner. Quelque 20 000 Suisses (jusqu'a 30 000 selon P. de Valliere) disposant de 8 canons et 1 000 arquebusiers devaient faire face a plus de 30 000 Francais equipes de la plus belle artillerie de siege de l'epoque [ 17 ] , [ 18 ] , [ 19 ] . La plaine maraichere irriguee etait ensoleillee.

L'affrontement du [ modifier | modifier le code ]

Francois I er , arme, lors de la bataille de Marignan, chargeant les Suisses armes de piques et de hallebardes .

Craignant le depart des dernieres troupes des Confederes sans livrer bataille contre les Francais, le cardinal Schiner choisit de provoquer la bataille par la ruse devant Milan. Il envoya, avec la complicite secrete de certains capitaines suisses dont Winkelried (a ne pas confondre avec Arnold Winkelried ), la garde ducale et des cavaliers pontificaux provoquer la cavalerie francaise.

Le jeudi , aussitot le combat engage, les cavaliers du pape revinrent appeler les troupes suisses a l'aide. Celles-ci, avec Schiner a leur tete, se mirent immediatement en route et sortirent de la ville de Milan pour affronter l'ennemi. Une fois hors de la ville et constatant la tromperie [ N 2 ] , La Tremoille et de Fleuranges s'etant replies apres la legere escarmouche, de Winkelried soi-disant en grand danger se reposant en toute quietude, apres un moment de confusion, on decida neanmoins de poursuivre. Les hommes se jeterent a genoux pour prier le Seigneur suivant l'usage de leurs peres et se mirent en marche [ 20 ] , [ 21 ] , [ 22 ] .

Le combat s'engagea. Les Confederes durent faire face au feu de l'artillerie francaise ainsi qu'aux cavaliers commandes par Bourbon, Guise et Gaillards qui les attaquaient par le flanc. Le premier choc avait completement enfonce la premiere ligne de l'armee francaise qui se reforme soutenue par la cavalerie, elle-meme confrontee aux difficultes du terrain et aux piques suisses. Francois I er , en personne a la tete de la cavalerie et des lansquenets allemands, ordonna une attaque generalisee contre les Suisses. Un combat furieux s'engagea pendant lequel tomba Jacques, fils aine de Jean IV d'Amboise , Francois du Bourbon, le fils du general Trivulcese se fit capturer, et le chevalier sans peur Bayard evita de justesse la mort. Ce dernier se battit avec grande bravoure mais fut finalement contraint de ramper le long des fosses pour sortir du champ de bataille. Le corps a corps sanglant entre belligerants se poursuivit jusqu'en soiree et dans l'obscurite croissante. A la disparition de la lune vers 23 heures , la nuit noire ne permettant plus de distinguer amis et ennemis, tambours et trompettes sonnerent le ralliement apres six heures de luttes ininterrompues. Apres quelques instants d'hesitations, contre l'avis de Schiner, les Confederes deciderent de tenir leur position, legerement en leur faveur, plutot que de retourner sur Milan, malgre le froid et la faim. Ainsi s'acheva la premiere journee de la bataille [ 23 ] , [ 24 ] . Dans l'obscurite, la confusion sur le terrain etait grande. On raconta que le roi de France avait passe la nuit appuye contre une piece de canon a 50 toises d'un bataillon suisse [ 22 ] (environ 90 metres).

La victoire franco-venitienne du [ modifier | modifier le code ]

Au petit matin du , le combat reprit. L’artillerie francaise commandee par le senechal d’Armagnac fit des ravages, mais ne put ralentir les Suisses, tandis que l’aile gauche de l’armee commandee par le duc d'Alencon flechit face au gros de l'ennemi, les lansquenets encore faiblissent aussi. La bataille battait son plein mais soudain a 8 heures du matin retentit : ≪ Marco ! Marco ! ≫. Ce furent les Venitiens, menes par Bartolomeo d'Alviano , qui arriverent sur l’aile avec 3 000 cavaliers a la tete des fantassins et estradiots (cavaliers legers des Balkans, dits ≪ Albanais ≫) originaires de Grece ou d'Albanie, voire de Croatie et de Bosnie actuelles [ 25 ] . Ils ecraserent le gros des Suisses tandis que les lansquenets repartaient a l’assaut avec vigueur. A 11 heures , les Suisses, qui avaient subi des pertes enormes, battirent en retraite vers Milan .

Le soir, entre 9 000 et 10 000 Suisses gisent sans vie sur le champ de bataille, pres de la moitie des contingents engages. Tandis que le camp franco-venitien compte 5 000 a 8 000 morts [ 26 ] .

Plusieurs auteurs evoquent l'adoubement du roi par Bayard sur le champ de bataille de Marignan le [ 27 ] .

Vue actuelle du lieu suppose de la bataille du 14 au matin (cote franco-venitien). Le champ de bataille s'etend sur 1  km 2 entre les villes de Melegnano et Zivido.

Quelques auteurs ont considere cette histoire comme un mythe, qui aurait ete monte par demande royale, afin notamment de faire oublier que celui qui adouba Francois I er lors de son sacre (c'est-a-dire le connetable de Bourbon, artisan de la victoire de Marignan) se rangea en 1523 du cote de Charles Quint. Pire, le connetable aurait ete l'organisateur de la future defaite de Pavie , et donc de l'emprisonnement de Francois I er .

La legende fut donc inventee par Champier pour faire oublier les liens ≪ filiaux ≫ qui liaient le roi et son traitreux sujet, tandis qu'elle aurait renforce un lien (inexistant au depart) entre le souverain et le symbole du courage et de la vaillance, qui mourra en 1524 [ 28 ] . Le roi, toutefois, a fait ses premieres armes avec Bayard lors de la campagne malheureuse de Navarre ( ), et il a tenu a le recompenser de sa bravoure des avec le don de la lieutenance generale du Dauphine, charge fort prestigieuse. L'invention pourrait egalement etre liee a la volonte du roi de France de se montrer le parfait exemple, chevaleresque entre tous, alors qu'il etait prisonnier [ 29 ] . Mais, le roi etant prisonnier a Madrid, il etait incapable de monter une quelconque operation de propagande.

Le marechal de Florange qui redige ses memoires en captivite et totalement coupe du monde exterieur n'aurait pas ete en mesure d'ailleurs de recevoir un tel message de la cour de France. Il n'en reste pas moins que l'episode est etrange et, s'il n'a pas ete invente par les panegyristes de Bayard, releve probablement d'un ≪ jeu chevaleresque ≫ comme le roi les aimait tant.

Les consequences [ modifier | modifier le code ]

Cette victoire apporta renommee au roi de France des le debut de son regne. Les consequences diplomatiques furent nombreuses :

  • Francois I er prit rapidement le controle de la Lombardie, qu'il conserva jusqu'au desastre de Pavie , en 1525. Le , il signa avec le pape Leon X , le traite de Viterbe . Le pape s'engagea a reconnaitre l'autorite du roi de France sur le duche de Milan, et lui offrit Parme et Plaisance , en echange de son soutien a Florence , contre Venise  ;
  • il signa la paix perpetuelle de Fribourg le avec les cantons suisses qui resta en vigueur jusqu’a la fin de la monarchie en France en 1792 et l' invasion francaise de la Confederation . En echange de cet engagement de paix de la part des Suisses, le roi de France octroya aux cantons suisses 700 000 ecus d'or de dedommagements, une pension annuelle de 2 000  francs pour chacun d'eux ainsi que divers privileges commerciaux. De plus, les Suisses purent garder une grande partie de leurs acquisitions territoriales de 1512. Seuls Luino et Domodossola echapperent a la Confederation.
  • les Suisses mirent leurs mercenaires au service du roi de France, par le traite de Geneve , le  ;
  • le , Francois I er et le jeune roi des Espagnes Charles I er , futur Charles Quint , signerent le traite de Noyon qui confirma a Francois I er la possession du Milanais, qui restitua la Navarre a Henri d’Albret [ N 3 ] et qui promit a Charles la main de la fille ainee du roi de France, Louise , alors agee d’un an (mais qui ne survecut pas a son troisieme anniversaire). Dans la dot de la future mariee etait inclus les droits sur le royaume de Naples  ;
  • les relations entre le roi de France, roi Tres chretien , et le pape, etaient a redefinir. L'accord du pape etait indispensable pour l'acquisition durable des conquetes, et la perception des decimes sur le clerge. En , la rencontre de Bologne permit d'engager les negociations. Antoine Duprat signa en son nom le concordat de Bologne , le . Ce concordat regit les relations entre le royaume de France et la Papaute jusqu’a la Revolution francaise . Desormais, le roi nommait les eveques et archeveques , qui etaient par la suite confirmes par le pape.

Une bataille celebre [ modifier | modifier le code ]

Peinture du XVI e  siecle attribuee au Maitre a la Ratiere .

Il est tres facile de se rappeler la date de la bataille (≪ quinze cent quinze ≫), notamment pour les ecoliers, en raison de son assonance .

La gloire du roi Francois [ modifier | modifier le code ]

A l'aube du regne de Francois  I er , la bataille de Marignan, qui a dure deux jours, fait inhabituel pour cette epoque, est devenue un symbole de la gloire du roi : des la victoire, le recit de la bataille est publie et raconte sur la place publique ou lors des preches a l'eglise. Elle sert aussi a justifier une croisade imaginee par Leon X et que devait conduire Francois I er (lors de leur entrevue en , le roi francais abandonne la Pragmatique Sanction de Bourges , en echange le pape lui propose de mener une croisade heroique). Dans le cadre de la preparation de cette croisade, est reecrite la geste de Francois I er unique vainqueur a Marignan le jour symbolique de la Sainte-Croix , les allies venitiens disparaissant completement du recit.

En 1518, Leonard de Vinci organise au chateau d'Amboise les fetes en l'honneur du bapteme du dauphin et du mariage de Laurent II de Medicis avec Madeleine de La Tour d'Auvergne , cousine du roi Francois I er . A cette occasion, il reconstitue le avec l'aide de l'architecte Boccador la bataille de Marignan par l'assaut et la prise d'un faux chateau construit avec des toiles clouees sur une structure de bois, Francois I er paradant a cheval au milieu de 10 000 figurants [ 30 ] .

Cette image du roi chevalier se renouvelle en 1519 lorsque Francois I er pretend a l' election imperiale . Apres la defaite francaise de Pavie en 1525 , des textes de propagande soulignent que la bataille de Pavie est insignifiante par rapport a celle de Marignan ( ≪ Tout est perdu, fors l'honneur ≫ ). A la fin de son regne, Francois I er malade ne participe plus aux combats mais la propagande rappelle que sur les theatres de bataille, Francois I er est present symboliquement tel le chef de guerre qu'il a ete a Marignan [ 31 ] .

La defaite des Suisses est un evenement, car ceux-ci ont acquis, par leur discipline, une reputation d'invincibilite.

Autre illustration de la propagande royale, des medailles ont ete frappees sur lesquelles Francois I er est associe a un grand chef de l' Antiquite , Jules Cesar [ 32 ] .

Marignan et l'histoire militaire [ modifier | modifier le code ]

Elle s'inscrit dans le debut de la Renaissance. L' artillerie y a ete utilisee de maniere decisive.

Marignan et les arts [ modifier | modifier le code ]

Elle devient le theme de nombreuses compositions poetiques et de chansons, comme celles ecrites par Clement Janequin , La Guerre (La Bataille de Marignan) , publiee a Paris en 1528 [ 33 ] .

Les artistes italiens, dont Leonard de Vinci , vont alors se diriger vers la France et contribuer a la diffusion de la Renaissance. Leonard de Vinci organisa d'ailleurs en un simulacre de la bataille de Marignan. De cette fete temoigne l'ambassadeur de Mantoue qui decrit une reconstitution spectaculaire ou participerent des milliers de figurants, autour d'un chateau de bois et de tissu attaque par des canons charges a blanc [ 34 ] .

Beaucoup plus tard, en 1939, Jean Daetwyler , compositeur suisse d'origine baloise mais Valaisan d'adoption, ecrit une marche militaire pour orchestre a vent. Au depart, l'œuvre qui etait une commande devait s'intituler : Marche du cinquantenaire de la Federation des musiques du Valais central . Jean Daetwyler, trouvant ce titre peu engageant et surtout trop long, intitula finalement la marche : Marignan , en memoire de l'engagement des Valaisans dans cette bataille aux cotes des Confederes [ 35 ] .

Une version romancee de la bataille de Marignan est presentee dans le livre 1515-1519 par le Chroniqueur de la Tour [ 36 ] .

Noms des familles presentes physiquement lors de la bataille de Marignan [ modifier | modifier le code ]

France [ modifier | modifier le code ]

Venetie [ modifier | modifier le code ]

Suisse [ modifier | modifier le code ]

Composition de l'armee suisse, le 13 septembre au soir [ 37 ]  :

1. L'avant-garde (enfants perdus), composee des volontaires de Berne (avec les bailliages du pays de Vaud) Fribourg, Soleure, Valais, Gruyeres et Chateau-d'Oex, sous landammann de Zug, Werner Steiner et les capitaines Jean de Diessbach, Louis d'Erlach, Hugues de Hallwyl et Arnold de Winkelried (environ 5 000 hommes dont 1 000 arquebusiers).

2. Le corps principal, forme des cantons forestiers, sous les landammans Imhof et Johannes Puntener d'Uri, Fleckle et Katzi de Schwytz, Wursch et Fruonz d'Unterwald, Schwarzmurer landamman de Zug et du baron de Tschudi de Glaris (environ 10 000 hommes). Le cardinal Mathieu Schiner se tient pres du corps principal avec quelques cavaliers. Zwingli , le futur reformateur, accompagne les Glaronnais comme aumonier.

3. L'aile droite, formee des contingents de la Suisse orientale et des Grisons, sous le chevalier Max Roust bourgmestre de Zurich , Ziegler, de Schaffhouse, Rodolphe de Marmels et Dietigen de Salis des Grisons (environ 5 000 hommes).

4. L'aile gauche, Lucerne, Bale et les villes d'Alsace, sous le chevalier de Hertenstein, avoyer de Lucerne, et Pierre d'Offenburg, bourgmestre de Bale (environ 5 000 hommes).

Le capitaine Pontely de Fribourg commande l'artillerie (8 pieces).

Furent tues sur le champ de bataille : Johannes Puntener, landamman d'Uri, chef des troupes confederees, ainsi que Imhof, de Travers, de Marmels, Rodolphe de Salis, Halwyll, Winkelfried, von Escher.

Apres la defaite, Jakob de Wattenwyl (Jacob de Watteville), avoyer de Berne, avec Wilhelm von Diesbach , representa Berne dans les negociations qui aboutirent au traite de Paix perpetuelle [ 38 ] .

Milan [ modifier | modifier le code ]

Albanie [ modifier | modifier le code ]

Toponymie [ modifier | modifier le code ]

Le passage et la rue de Marignan a Paris rappellent le souvenir de cette bataille.

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

Notes [ modifier | modifier le code ]

  1. Seuls les hommes du premier rang portaient casques et armures.
  2. La ruse de l'attaque est cependant rapidement dejouee car elle est signalee par des guetteurs de l'armee francaise alertes par la poussiere des colonnes en marche.
  3. La Navarre avait ete envahie en 1512 par Ferdinand le Catholique avec la complicite du pape Jules II , qui avait excommunie la famille regnante au motif qu’elle entretenait des liens coupables avec le protestantisme qui se repandait au sud de l’hexagone. La Haute-Navarre ne sera pas restituee mais integree au royaume de Castille .

References [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) Spencer Tucker , A global chronology of conflict : from the ancient world to the modern Middle East : 1500-1774 , vol.  2, ABC-CLIO , ( ISBN   1-85109-672-8 et 978-1-85109-672-5 ) , p.  484 .
  2. (en) Cathal J. Nolan , The age of wars of religion, 1000-1650 : an encyclopedia of global warfare and civilization , Greenwood Press, ( ISBN   0-313-33045-X et 978-0-313-33045-2 ) , p.  575 .
  3. Didier Le Fur , Marignan, 1515 , EDI8, 282  p. ( presentation en ligne ) , p.  94 .
  4. Suter et Castella 1928 , p.  174-183.
  5. Gos 1990 , p.  26-27.
  6. Suter et Castella 1928 , p.  183.
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Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

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  • Charles Gos , Generaux suisses : commandants en chef de l'armee suisse de Marignan a 1939 , Yens sur Morges, [ detail des editions ]
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Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]