Annee liturgique du rite de l'Eglise de Jerusalem

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L' annee liturgique de l' Eglise de Jerusalem peut etre envisagee sous deux aspects : l'un diachronique ? exposer autant que possible l'origine d'une fete ou d'une tradition liturgique, ainsi que les principales etapes de leur evolution ?, et l'autre synchronique ? rendre compte brievement des rubriques relatives a cette fete ou cette tradition liturgique, principalement d'apres le lectionnaire armenien et georgien.

Debut de l'annee [ modifier | modifier le code ]

La tradition homiletique georgienne representee par Jean de Bolnisi a conserve un cycle complet d'homelies pour les dimanches de careme selon les evangiles de la tradition de Jerusalem, y compris le huitieme dimanche avant Paques selon l'ancienne lecture (Lc 7, 36-50). Il existerait egalement un cycle complet d'homelies pour le careme de l'eveque arabe Theodore Abu Qurra , mais elles sont inedites et on ignore si elles comprennent sept ou huit semaines (cet auteur etant proche de Jean Damascene , il serait logique qu'elles ne comprennent que sept semaines) [ 1 ] .

La Grande Semaine [ modifier | modifier le code ]

L'originalite de cette semaine est l'office de lectures dans le Martyrium , qui a lieu, au temps d'Egerie, a la 9 e  heure. Il montre la comprehension de la Passion du Christ que l'on se faisait a Jerusalem, sur les lieux memes ou elle se deroula.
Le manuscrit Stavrou 43 de la bibliotheque du Patriarcat grec-orthodoxe de Jerusalem est la principale source qu'il faut ajouter a Egerie et aux deux lectionnaires pour l'etude de cette semaine [ 2 ] .

La vigile du vendredi de la Grande Semaine [ modifier | modifier le code ]

On entre ici dans la chronologie synoptique , ou la nuit du jeudi au vendredi saint concentre plusieurs episodes : la proskynese de Jesus (sa priere dans le Jardin des Oliviers), son arrestation, et, le matin, le proces devant Pilate suivi de la flagellation. Bien qu’Egerie n’y fasse pas allusion, les evangiles situent entre l’arrestation et le proces, un episode de Jesus devant le grand-pretre (et le ≪ sanhedrin tout entier ≫ dans les synoptiques, avec un deplacement de lieu indique par Lc et Jn), le soir juste apres l'arrestation chez Mt. et Mc (et Jn), le matin chez Lc, suivi (ou precede chez Lc) de l'episode racontant les reniements de Pierre. C'est aussi la, chez le grand-pretre, que Jesus passe la nuit. Sebastia Janeras , apres Charles Renoux , a longuement analyse les sources concernant la procession au cours de laquelle ces evangiles etaient lus [ 3 ] .

Pentecote [ modifier | modifier le code ]

De Paques a Pentecote [ modifier | modifier le code ]

Pour l'eucharistie quotidienne de ce cycle, le systeme de lecture ancien privilegiait la lectio continua de trois livres bibliques [ 4 ] .

Les trois processions de Pentecote [ modifier | modifier le code ]

Un jeu sur les chiffres a une fonction symbolique. On en trouve d'autres ailleurs dans la liturgie [ 5 ] .

Deux autres fetes majeures [ modifier | modifier le code ]

Fete de l'Eglise : La Dedicace (Encenies) et son octave [ modifier | modifier le code ]

En d'autres termes, on a procede a la dedicace de l'Anastasis et du Martyrium a cette date du mois de septembre dans le but de deplacer la fete plus ancienne, judeo-chretienne, du mois de decembre [ 6 ] .

  1. La fete de la Dedicace ou Encenies ( )
    ≪ La sainte eglise qui se trouve a l’Anastasis, a l’endroit ou le Seigneur est ressuscite apres sa passion, a ete consacree a Dieu le meme jour (que le Martyrium la veille) (…) la croix du Seigneur a ete decouverte ce jour-la. ≫ (Egerie, 48, §1) La pelerine precise que la station se fait, ces deux jours, au Martyrium . D’apres le lectionnaire, un peu plus tard, la station du premier jour se fait a l’Anastasis (≪ dedicace des saints lieux de Jerusalem ≫) et la seconde seulement au Martyrium (le jour ou ≪ l'on montre la venerable croix a toute l’assemblee ≫). Une evolution comparable existe dans l’octave de Paques et de l’Epiphanie : alors qu’Egerie prevoit le meme lieu de station pour les deux premiers jours de la fete, le lieu n’est plus le meme ulterieurement.
    Cette evolution au tournant du V e s. est significative de l'importance que commence a prendre le culte de la Croix .
    La dedicace de l'eglise aurait eu lieu en fait non pas un 13 mais un (d’apres la Chronique pascale , PG 92, col. 713). Les ides de septembre (et de novembre), le 13, sont la date de l' epulum Jovis in Capitolio , qui pouvait passer (selon une idee de Baumstark) pour la dedicace du temple de Jupiter capitolin a Rome. La meme date devait donc etre fetee aussi a Jerusalem pour le sanctuaire de Jupiter qui avait ete construit sur le Tombeau vide (Jerome, Lettre , 58, §3), et dont le nom de la cite batie par Hadrien, Aelia capitolina , rappelle la consecration a Jupiter capitolin. On peut attribuer a Constantin le choix du changement de la date de la dedicace [ 7 ]

Le sanctoral [ modifier | modifier le code ]

On peut ici de dresser la liste, non pas de tous les saints (ce serait la tache d’un index du lectionnaire georgien, travail qui est par ailleurs en cours de realisation), mais de toutes les dates du sanctoral qui sont pourvues de lectures, avec un lien a la page du jour de l’annee. Dans certains cas, apres avoir lu les textes, on peut constater des mots communs aux lectures. Il semble que, conformement a un principe hermeneutique que Jacob Mann a mis en evidence dans les homelies juives palestiniennes de la periode byzantine [ 8 ] .

Note sur la repartition de la lecture des Evangiles [ modifier | modifier le code ]

Cette repartition des Evangiles revient a diviser l'annee en trois parties d'a peu pres quinze semaines et une partie de sept semaines. En creusant un peu plus, on constate qu'il existe une celebration des Apotres le septieme dimanche apres la Pentecote (dimanche dit ≪ d'Athenogene ≫ dans la tradition georgienne, de ≪ Vardavar ≫ dans la tradition armenienne). On connait par ailleurs, dans la tradition liturgique syrienne orientale (ou assyrienne ou chaldeenne), une division de l'annee liturgique en sept periodes de sept semaines, avec trois ou quatre semaines intercalaires [ 9 ] . Certains details comme la fete du septieme dimanche apres la Pentecote se retrouvent en Palestine byzantine et pointent vers une origine commune du cycle, qui pourrait avoir ete l'Eglise judeo-chretienne a la source des autres traces d'influence juive que nous avons notees ( structure du careme , Encenies , 15 aout , 25 decembre et son octave , etc.). En effet la division de l'annee en periodes de cinquante jours se retrouve en partie dans le calendrier essenien , qui connait une fete de type agricole le cinquantieme jour apres Pentecote ( shavou'ot ) et une autre cinquante jours plus tard, avec des offrandes successives du ble nouveau, du vin nouveau et de l'huile nouvelle (sans oublier a Paques l'offrande de l'orge nouveau) [ 10 ] .

Notes [ modifier | modifier le code ]

  1. Les remarques de cette section sont discutees en detail dans deux publications de Stephane Verhelst, Histoire ancienne de la duree du careme a Jerusalem , Questions liturgiques , 84 (2003), p. 23-50
  2. A. Papadopoulos-Kerameus, Analekta Hierosolumitikes Stachuologias , II, Saint-Petersbourg, 1894, p.   1-254 ; voir le tableau comparatif (avec Egerie et le lectionnaire) de R. Zerfaß, Die Schriftlesung im Kathedraloffizium Jerusalems (LQF 48), Munster, 1968, p.   75-95 .
  3. S. Janeras, Le Vendredi-Saint dans la tradition liturgique byzantine. Structure et histoire de ses offices (Studia anselmiana, 99), Rome, 1988, p.   51-95 , en distinguant l’ordo sabaite ( p.   95-109 ).
  4. Selon une observation deja faite par A. Baumstark, Die Sonntagliche Evangelienlesung im Vorbyzantinischen Jerusalem , Byz. Zeitschrift , 30 (1929-30), 350-359
  5. S. Verhelst, La place des prophetes dans le sanctoral de Jerusalem , Questions liturgiques , 84 (2003), 182-203, p.  203.
  6. Details de cette question dans le livre de S. Verhelst, Les traditions judeo-chretiennes dans la liturgie de Jerusalem, specialement la Liturgie de saint Jacques frere de Dieu ( Textes et etudes liturgiques. Studies in Liturgy , 18), Louvain (Leuven), 2003, p.   172-174 .
  7. Selon un argument developpe en meme temps mais separement (?) par E.D. HUNT, Constantine and Jerusalem , Jour. Eccl. Hist. 48 (1997), 405-423, p.   420-421 et M.F. FRASER, Constantine and the Encaenia , Studia Patristica , 29 (1997), 25-28
  8. J. Mann, The Bible as read and preached in the old Synagogue, 1, 1940 (1971), p.  10)
  9. Elements dans J. Mateos, Lelya-Sapra. Les offices chaldeens de la nuit et du matin ( OCA 156), 1 re ed. 1959, Rome, 1972, p.   14-16 .
  10. Y. Yadin, The Temple Scroll , I, Jerusalem, 1983, p.   99-124 .

Bibliographie complementaire [ modifier | modifier le code ]

  • P. Maraval, Egerie. Journal de voyage (Itineraire) ? Valere du Bierzo . Lettre a la louange de la tres bienheureuse Egerie (par M. C. Diaz y Diaz), (Sources chretiennes, 296), Paris, 1982 (reimpr. 1997)
  • A. [C.] Renoux, [ Le codex armenien Jerusalem 121 , t. II]. Edition comparee du texte et de deux autres manuscripts, introduction, textes, traduction et notes , Patrologia Orientalis , 36 (1971), 141-390
  • M. Tarchni?vili, Le grand lectionnaire de l'Eglise de Jerusalem ( V e ? VIII e  siecle) , t.I ( CSCO vol. 188, Scriptores iberici t. 9, texte ; vol. 189, Scriptores iberici t.10, version) & t.II, ( CSCO vol. 204, Scriptores iberici t.13 texte ; vol. 205, Scriptores iberici t. 14, version), Louvain, 1959 & 1960
  • G. Garitte, Le calendrier palestino-georgien du sinaiticus 34 ( X e  siecle ), ( Subsidia hagiographica , 30), Bruxelles, 1958