La
suzerainete
est une situation dans laquelle une region ou une nation est tributaire d'une entite plus puissante qui lui accorde une autonomie interieure restreinte mais controle ses affaires etrangeres. Dans une relation de suzerainete, l'entite plus puissante, ou la personne a la tete de celle-ci, est appelee le suzerain. Cette situation differe de la
souverainete
en cela que le tributaire possede une autonomie limitee.
Dans un systeme
feodal
, le suzerain est un
seigneur
qui octroie un
fief
a son
vassal
lors de la ceremonie de l'
hommage
.
La suzerainete designe, en
droit feodo-vassalique
, le seigneur du seigneur, qui est notamment charge de trancher les conflits et les differends entre un seigneur et son vassal
[
1
]
.
Le terme de suzerainete a ete utilise pour decrire la relation entre l'
Empire ottoman
et ses regions environnantes.
Bien que ce concept ait historiquement existe dans plusieurs empires, il est difficile a reconcilier avec les theories du
droit international
du
XX
e
siecle, pour lesquelles la
souverainete
existe ou n'existe pas. Alors qu'une nation souveraine peut consentir par traite a devenir le
protectorat
d'une puissance plus forte, le droit international moderne ne reconnait aucune maniere de rendre cette relation obligatoire pour la puissance plus faible.
Historiquement, l'empereur de
Chine
se voyait comme le centre de la totalite du monde civilise. En particulier, les relations diplomatiques avec l'
Asie de l'Est
etaient fondees sur l'idee que les souverains de cette region tenaient leur autorite de l'empereur
[citation necessaire]
[
2
]
. Les Chinois appelaient cette conception
chaogong tizhi
(朝??制) ou "systeme du tribut"
[
3
]
.
Le degre auquel cette conception etait tenue pour vraie a change dans les faits d'une dynastie a l'autre. Cependant, meme pendant les periodes ou le pouvoir politique a ete egalement distribue a travers plusieurs entites politiques, la theorie politique chinoise ne reconnait qu'un empereur et affirmait que son autorite etait supreme a travers le monde entier. Les relations diplomatiques avec l'empereur de Chine ont ete echafaudees sur la theorie d'Etats tributaires, bien qu'en pratique les relations tributaires avaient souvent pour resultat une forme de commerce, sous la theorie que l'empereur dans sa bienveillance recompenserait l'etat tributaire avec des cadeaux d'egal ou de plus grande valeur.
[citation necessaire]
[
2
]
Ce systeme s'est rompu aux
XVIII
e
et
XIX
e
siecles
de deux facons.
Tout d'abord, pendant le
XVIII
e
siecle
, la Chine a ete gouvernee par la
dynastie Qing
de l'ethnie des
Mandchous
qui a regne sur un empire multiethnique et a justifie son regne par differentes theories de gouvernance. Bien que ne contredisant pas les theories chinoises Han traditionnelles qui font de l'empereur le dirigeant universel, les Qing ont commence a faire une distinction entre les secteurs du monde qu'ils gouvernaient et ceux qu'ils ne gouvernaient pas.
Ensuite, ce systeme s'est disloque encore plus lorsque la Chine a du faire face a des puissances europeennes dont les theories de souverainete reposaient sur le droit international et les relations entre Etats separes
[
2
]
.
En un sens, les Etats europeens ont tente de decrire les relations entre la dynastie Qing et ses regions exterieures en termes de suzerainete, bien que cette notion ne corresponde pas du tout a la theorie diplomatique chinoise traditionnelle
[
2
]
.
[citation necessaire]
En 1853, les orientalistes
Guillaume Pauthier
et
Louis Bazin
evoquent la
suzerainete
de la Chine des
Qing
sur le Tibet dans leur ouvrage
Chine moderne ou description historique, geographique et litteraire de ce vaste empire
[
4
]
:
≪ Par ses possessions de l'Asie centrale, la Chine, situee a l'extremite du continent asiatique, ou elle a vieilli isolee depuis plus de quatre mille ans, comme dans un monde a part, touche a l'empire de Russie, ne d'hier et qui deja pourrait l'envahir ; par sa suzerainete sur le Thibet, elle touche aux possessions de l'empire Britannique : deux voisinages plus dangereux pour elle, nation industrieuse et riche, que toutes les hordes tartares contre lesquelles elle eleva jadis ce fameux rempart de cinq cents lieues de longueur, qui deviendrait impuissant contre l'avidite civilisee de ses nouveaux voisins. ≫
La meme annee, le geographe
Samuel Augustus Mitchell
publie, dans son
New Universal Atlas
, une carte de la Russie en Asie ou le Tibet est inclus dans les frontieres de l'
empire chinois
(enn anglais
Chinese Empire
, en vert sur la carte)
[
5
]
.
Le geographe
russe
,
Mikhail Ivanovitch Veneioukov
, parle, en 1870, de pays vassaux en citant Le Tibet et les autres dependances de l'empire Mandchou
[
6
]
:
≪ En meme temps, quelques explorateurs ont penetre dans l'interieur des pays vassaux du Fils du ciel et y ont fait des levees et des observations astronomiques. Ainsi les cartes de la Mongolie, de la
Dzoungarie
et, en partie, de la
Mandchourie
, du Turkestan oriental et du Thibet, ont ete presque totalement transformees. Mais celle de la Chine proprement dite, de l'Empire du Milieu, etait restee a peu pres telle qu'elle a ete dressee par les jesuites. ≫
Apres son
expedition militaire de 1903-1904 au Tibet
, la Grande-Bretagne reconnait en 1906 la souverainete de la dynastie Qing sur le Tibet lors du
traite de Pekin
[
7
]
.
Elle le reaffirme lors de la
Convention anglo-russe de 1907
, s'engageant a ne pas negocier avec les autorites tibetaines sans consultation du gouvernement chinois
[
8
]
:
≪ Se Conformant au principe admis de la suzerainete de la Chine sur le Thibet, la Grande-Bretagne et la Russie s'engagent a ne traiter avec le Thibet que par l'entremise du gouvernement chinois ≫
[
9
]
.
Cela est encore confirme en avril 1908 lors du second traite de Calcutta, amendant celui du 5 decembre 1893
[
10
]
. Entre 1910 et 1912, les
Qing envoyerent des troupes au Tibet
pour y restaurer leur autorite mais la
Revolution chinoise de 1911
y mit un terme
[
11
]
.
Selon le professeur
Naomi Standen
de l'
universite de Birmingham
[
12
]
, si la
Republique populaire de Chine
fait remonter l’incorporation du Tibet a la Chine a la
dynastie Yuan
, cette interpretation est recente. Pour la
Republique de Chine
qui avait succede a la
dynastie Qing
la Chine n'a exerce une suzerainete et meme une souverainete sur le
Tibet
qu'a partir de la dynastie Qing
[
13
]
.
A la suite du
Mouvement pour l'independance de l'Inde
en 1947, un traite a ete signe entre le
Chogyal
et le
Premier ministre de l'Inde
qui etait a l'epoque
Jawaharlal Nehru
. Ce traite a donne a l'Inde la suzerainete, en forme de protectorat, sur le
Sikkim
, celui-ci gardait en echange son
independance
. Cette situation a dure jusqu'en
1975
, date a laquelle la
monarchie
du Sikkim a ete abrogee et ce dernier s'est unis a l'Inde.
L'Inde ne se preoccupe plus des affaires dans le domaine externe, de la defense, des communications et des affaires etrangeres du Bhoutan. Neanmoins, l'Inde apporte un soutien substantiel a l'Armee royale du Bhoutan et garantit son aide en cas d'agression externe. Ceci est l'une des nombreuses situations en politique internationale ou deux
Etats
souverains ont accepte que le plus puissant s'occupe de la defense du plus faible.
En geopolitique moderne, il n'est pas inhabituel pour de plus grand pays de s'occuper de la defense et des relations etrangeres d'un pays moindre proche. Ceci differe de la suzerainete traditionnelle dans le fait que les pays moindres ont le droit d'abroger cet arrangement. Des exemples de ce type de relation sont
[ref. necessaire]
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SUZERAIN
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p.
146
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- Guillaume
Pauthier
et Louis
Bazin
,
Description historique, geographique et litteraire de ce vaste empire, d'apres des documents chinois
, Paris, Firmin Didot Freres,
(
OCLC
65614237
,
BNF
32512535
,
lire en ligne
)
- John W.
Garver
,
Protracted Contest: Sino-Indian Rivalry in the Twentieth Century
, Seattle, University of Washington Press,