Surcouf (sous-marin)

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Surcouf
illustration de Surcouf (sous-marin)
Maquette du Surcouf exposee au musee national de la Marine a Paris .

Type Croiseur sous-marin
Histoire
A servi dans   Marine nationale
Pavillon des forces navales françaises libres  Forces navales francaises libres
Chantier naval Arsenal de Cherbourg
Quille posee
Lancement
Arme
Statut disparu le
Equipage
Equipage 126 hommes
Caracteristiques techniques
Longueur 110  m
Maitre-bau m
Tirant d'eau 7,07  m
Deplacement 3 304  t en surface
4 218  t en plongee
Propulsion En surface : 2 moteurs Diesel de 7 600   ch
En plongee : 2 moteurs electriques de 3 400   ch
2 helices
Vitesse 19 nœuds ( 35 km/h ) en surface
9 nœuds ( 17 km/h ) en plongee
Profondeur 80 metres (maximum de securite)
Caracteristiques militaires
Armement 2 canons de 203 mm avec 300 coups
2 canons AA de 37 mm modele 1925 avec 500 coups
10 tubes lance-torpilles (4 tubes Ø 550mm avant decales de 2° sur l'axe - modele 1917 + 2 tourelles triples OSD 1925 a l'arriere (1 tube de Ø 550mm et 2 tubes de Ø 400mm), 12 torpilles de reserve (8 de Ø 550mm + 4 de Ø 400mm).
Rayon d'action 10000 nautiques a 10 nœuds en surface
60 nautiques a 5 nœuds en plongee
Aeronefs 1 hydravion Besson MB-411
Pavillon France
Localisation
Coordonnees 10° 40′ nord, 79° 32′ ouest
Geolocalisation sur la carte : Caraibes
(Voir situation sur carte : Caraïbes)
Surcouf
Surcouf

Le Surcouf est un croiseur sous-marin francais ayant servi pendant la Seconde Guerre mondiale dans les Forces francaises libres . Il coule corps et biens dans la nuit du au dans la mer des Antilles a la suite d'un abordage accidentel avec un cargo americain ou, version plus probable, a cause d'un bombardement par meprise de la part d'un hydravion americain. C'etait, en tonnage , le plus grand sous-marin militaire du monde de son epoque jusqu'a ce qu’il soit surpasse par les sous-marins japonais de la classe I-400 en 1943.

Conception [ modifier | modifier le code ]

Les performances des sous-marins en surface ne cessant de s’ameliorer, la plupart des marines etudierent serieusement la possibilite de sous-marin canonnier ou de croiseur sous-marin pouvant operer en escadre ce qui necessitait une vitesse en surface de 20 noeuds pour pouvoir suivre les cuirasses. Au moment de l’armistice de 1918, plusieurs croiseurs sous-marins rallierent les ports anglais et parmi eux, deux furent livres a la France, les U-136 et U-139 qui allaient grandement inspirer le projet Q de sous-marin canonnier.

Si dans un premier temps la priorite fut donne aux sous-marins de grande et moyenne patrouille, l’idee d’un sous-marin de grand tonnage, capable d’accompagner l’escadre etait dans l’air du temps et une preoccupation partagee aussi bien par les marines japonaise, americaine ou britannique.

Le 9 mai 1921, l’amiral Grasset demanda au STCAN d’etudier les plans d’un sous-marin d’escadre capable de filer a 25 nœuds en surface, un rayon d’action de 3 a 4000 milles marins a 10-12 nœuds, 12 tubes lance torpilles avec 12 torpilles de reserve et un canon de 100mm. Un projet modeste a comparer avec le projet Normand presente le 1er aout 1921 d’un sous-marin de 5000 tonnes arme de six canons de 305mm en deux tourelles triples ou de 240mm avec quatre avions.

Le projet fut lance a l’automne 1921, deux etudes etant menees en parallele : un sous-marin d’escadre de 25 nœuds et un sous-marin de bombardement. Cela aboutit en pratique a quatre projets immatricules G (2850 tonnes 12 tubes lance-torpilles et 25 nœuds), H (un canon de 190mm), I (un canon de 240mm) et J (un canon de 305mm).

Parallelement aux etudes, on s’interessa au futur emploi de ces navires dont le nombre oscilla entre 8 et 20 avant de stabiliser a 16. Ils devaient principalement operer dans l’Atlantique et dans l’Ocean Indien pour notamment proteger les lignes de communication entre la Metropole et l’Empire.

En 1924, le nombre de croiseurs sous-marins ou de sous-marins de croisiere tomba a six puis a quatre unites. La realisation d’un sous-marin d’escadre pouvant filer a 25 nœuds etant provisoirement abandonne faute de moteurs suffisamment puissants.

La genese du Surcouf (projet Q) commenca au printemps 1926 et le 14 mai 1926 les specifications du projet Q-5 sont transmis par le STCAN a l’etat major de la Marine. Le projet est examine par le Conseil Superieur de la Marine le 17 juillet 1926 et approuve a l’unanimite. Son financement est acquis dans la tranche 1926 votee le 4 aout. Un deuxieme sous-marin aurait du etre finance a la tranche 1927 mais il fut finalement remplace par cinq Pascal et un Saphir .

Plusieurs noms furent envisages pour ce sous-marin canonnier : Le Tonnant, La Licorne et Le Dragon mais en 1927 on fetait le centenaire de la mort de Robert Surcouf , le grand corsaire malouin et Georges Leygues ministre de la marine decida de baptiser le Q-5 Surcouf.

Le traite de Washington de 1922 a instaure des limites strictes pour les deplacements et les calibres d' artillerie des batiments de ligne et des croiseurs . Mais aucun accord n'a ete trouve pour les batiments legers ( torpilleurs , contre-torpilleurs ou destroyers , fregates ) ni pour les sous-marins . Aussi, pour assurer sa securite et celle de son empire , la France a entrepris la construction d'une importante flotte sous-marine (79 unites en 1939). Le Surcouf devait etre le premier d'une serie de trois croiseurs sous-marins mais il n'en a ete que l'unique exemplaire. En 1930, le traite de Londres autorisait la France a conserver le Surcouf (alors encore en essais) mais les etats parties au traite ne pouvaient ensuite construire des sous-marins depassant 2800 tonnes avec des canons de 155 mm comme artillerie principale.

Ses missions sont :

  • assurer le contact avec les colonies  ;
  • chercher et detruire les flottes ennemies en collaboration avec les escadres ;
  • mener une guerre de course contre les convois ennemis.

Le Surcouf etait arme d'une tourelle double de 203  mm , calibre identique a celui de l'artillerie d'un croiseur lourd (c'est pourquoi il a ete appele ≪ croiseur sous-marin ≫), approvisionnee a 600 coups. Pour le reglage de ses tirs et l' observation , le Surcouf embarquait un hydravion Marcel Besson MB-411 range dans un hangar etanche formant la partie arriere du kiosque . Cependant l'hydravion ne peut etre loge dans son hangar qu'apres demontage des ailes et des flotteurs, ce qui en diminue l'efficacite operationnelle [ 1 ] . Son armement antiaerien etait constitue par deux canons de 37  mm . Il etait equipe de 10 tubes lance- torpilles , dont 4 tubes de 550  mm rechargeables a l'avant decales de 2° sur l'axe - modele 1917 additionne de 2 tourelles triples OSD 1925 situees a l'exterieur sur l'arriere du navire (composees chacune d'un tube de Ø 550  mm et 2 tubes de Ø 400  mm ) avec 12 torpilles (huit de 550  mm et quatre de 400  mm ) de reserve [ 2 ] .

Il transportait egalement un canot a moteur de 5 metres, pour arraisonner les navires, et disposait d'un poste d' equipage pouvant loger 40 passagers ou prisonniers .

Sa profondeur maximale de securite etait de 80 metres, mais il pouvait atteindre 110 metres sans deformation notable de sa coque epaisse ; sa profondeur de flambement etait estimee autour de 178 metres, sa profondeur d'ecrasement calculee pour 491 metres.

Son premier commandant fut le capitaine de fregate Raymond de Belot .

Batiment exceptionnel pour son epoque, le Surcouf a rencontre de nombreux problemes de mise au point, notamment d' etancheite de sa tourelle d'artillerie , de stabilite , ou souffrait encore de moteurs electriques defaillants et a coute, au retour de la croisiere de 1932, 86 953 000  francs francais soit pres du double du devis initial. Il a ete contraint a une refonte a Brest en / .

Le Surcouf etait un prototype et c'etait la premiere fois qu'un sous-marin etait equipe d'une tourelle double de 203 mm . Aussi il souffrait de plusieurs handicaps dans l'utilisation de son artillerie, meme si certains ont ete corriges au cours de sa courte carriere operationnelle. Compte tenu de la hauteur de commandement du telemetre ? c'est-a-dire sa hauteur au-dessus de l'eau ?, la portee pratique de tir est de 12 000 metres avec le telemetre , ou de 16 000 metres avec l'observation avec le periscope de secours, nettement en deca des possibilites des canons dont la portee maximale atteint 26 000 metres.

L’utilisation de son artillerie par le Surcouf est en outre contrainte par d’autres inconvenients :

  • la duree ecoulee entre l'ordre d'emersion et le premier coup est de min  35  s . Cette duree peut etre plus longue car si le navire doit tirer plein travers, il lui faut attendre d'etre en surface avant de pouvoir orienter sa tourelle ;
  • il a l'obligation de tirer au passage, c'est-a-dire quand le navire passe a l'horizontale lors des mouvements de tangage et de roulis ;
  • il lui est impossible de pointer lateralement la tourelle si le roulis depasse 8° ;
  • le Surcouf n'est pas equipe pour tirer de nuit et ne peut donc observer seul les resultats de son tir ;
  • la disposition des soutes, des monte-charges et de la chambre de tir ne permettait pas un approvisionnement en continu des gargousses et obus, mais on devait attendre que les 14 salves en parc dans la tourelle aient ete tirees pour reapprovisionner.

Pour remplacer son hydravion dont la mise en œuvre etait tres contraignante et l'emploi limite, le gyroplane Dorand G.20 aurait du etre embarque a bord du Surcouf , mais le croiseur sous-marin fut perdu avant que cet appareil experimental ait vole.

Apparence [ modifier | modifier le code ]

Le Surcouf vers 1935 peint couleur ≪ bleu de Prusse fonce ≫.

Le Surcouf n'a jamais ete peint de couleur ≪  vert olive  ≫, comme le montrent de nombreuses maquettes et dessins. Du debut de sa carriere jusqu'en 1932, il a ete peint du meme gris que les batiments de surface, puis en ≪  bleu de Prusse fonce ≫, couleur qu'il conservera jusqu'a la fin 1940 ou il fut repeint en deux tons de gris lui servant de camouflage sur la coque et le kiosque. Il n'y a jamais eu de photo couleur authentique seulement un film de decembre 1940 a Devonport colorise d'une facon erronee (le bas de la tourelle de canons en blanc ce qui serait un tres mauvais camouflage).

Meme la tres officielle maquette du musee national de la Marine a Paris, dont l'ecorche illustre cet article, reproduit cette erreur. De plus, elle montre le Surcouf dans son etat de 1932, arborant le pavillon de beaupre FNFL qui n'a ete cree qu'en 1940. Les mats de TSF sont releves et sa ≪  baignoire  ≫ (fosse de veille) dans son etat d'origine. Celle-ci avait ete surelevee de 1,20 metre et sa forme modifiee. Enfin, ses mats ont ete debarques lors du carenage de 1936-1937. Sur la maquette, la grue de mise a l'eau de l'hydravion est placee sur l'arriere de celui-ci alors qu'en realite elle se situe entre le hangar etanche et l'hydravion. Les quatre dessins suivants montrent bien les differents aspect du Sucouf, avec toutefois un mauvais placement des barres de plongee avant et un gris beaucoup trop clair.

Le gris sombre de la maquette telecommnandee plus haut avec la tourelle orientable est plus proche du ton deduit des seules photos noir et blanc existantes.

Histoire [ modifier | modifier le code ]

Debuts [ modifier | modifier le code ]

Le Projet "Q5" est construit dans le cadre du programme 1926. Le Surcouf doit son nom a Robert Surcouf, ancien corsaire francais. Le Surcouf est mis sur cale a l’ Arsenal de Cherbourg (cale n°4 bassin Napoleon III) le 3 octobre 1927.

Au moment de son lancement le 18 novembre 1929, il etait le plus grand sous-marin d'avant la Seconde Guerre mondiale. Il etait propulse par une paire de moteurs diesel Sulzer de 3 800 ch et deux moteurs electriques et avait une autonomie de 10 000 milles a 10 nœuds. Il pouvait atteindre une vitesse de surface de 18 nœuds, 8,5 nœuds en plongee. Le Surcouf a ete concu pour etre un croiseur lourd sous-marin, capable d'observer et d'engager des combats en surface. Il etait arme de deux canons de 203 mm/50 Modele 1924 du plus gros calibre fixe par le Traite de Washington et montes dans une seule tourelle etanche a la pression a l'avant de la tourelle de commandement. Ces canons etaient du meme calibre que celui d'un croiseur lourd de surface, un armement redoutable pour un sous-marin. Peu de temps apres le lancement de ≪ Surcouf ≫, le Traite naval de Londres a finalement impose des restrictions sur la conception des sous-marins. Entre autres choses, chaque signataire (France incluse) etait autorise a posseder au maximum trois grands sous-marins, chacun n'excedant pas 2800 tonnes de deplacement standard, avec des canons n'excedant pas 6.1 pouces en calibre. Le Surcouf , qui avait depasse ces limites, a ete specialement exempte des regles sur l'insistance du ministre de la Marine Georges Leygues [ 3 ] , mais d'autres sous-marins ≪ gros canons ≫ de la classe de ce bateau ne pouvaient plus etre construits [ 4 ] .

Il y avait un logement special pour les membres d'equipage prisonniers des navires coules. Le role principal a ete attribue a l'artillerie. Cela a favorise a la fois un armement puissant et un grand temps de plongee du croiseur sous-marin (jusqu'a 2 minutes).

Il a ete construit avec un hangar cylindrique etanche situe derriere le kiosque, abritant un hydravion de reconnaissance Marcel Besson MB.411-AFN. Cet avion etait stocke sous forme de ≪ kit ≫ et pouvait etre deploye et lance depuis une rampe. L'hydravion etait principalement utilise pour l'etalonnage des canons et etait capable d'atteindre une vitesse de 100 nœuds et une portee de 400 kilometres. L'avion d'observation Besson pourrait etre utilise pour diriger le tir vers la portee maximale des canons.

Le MB.411 a ete specialement concu pour etre heberge dans un hangar cylindrique a l'arriere du kiosque de Surcouf. Le Besson MB.411 pouvait etre assemble pour mettre en place les ailes en 4 minutes environ (en pleine mer jusqu'a 20 minutes) apres avoir ete retire de son hangar, puis descendu a l'eau et recupere par une grue. Le MB.411 etait un monoplan a ailes basses avec un grand flotteur central unique et sous l'aile deux petits flotteurs stabilisateurs. Le Besson MB.411 a ete construit avec un melange de bois et de metal, avec un revetement en toile.

Le sous-marin est arme pour essais le 15 aout 1930 et effectue sa premiere plongee statique le 10 juillet 1931. Il effectue une croisiere d’endurance a partir du 4 octobre 1932 quand il appareille de Cherbourg direction du Maroc, arrivant a Casablanca le 10 octobre apres des exercices avec le croiseur-ecole Jeanne d’Arc et l’Aeronavale.

Le Surcouf est a Agadir du 18 au 20 octobre, a Conakry qu’il quitte le 29 octobre pour rallier Dakar le 31 octobre 1932. Il est de retour a Cherbourg le 15 novembre. Cette croisiere revela un grand nombre de problemes techniques.

Ce n’est que le 31 decembre 1932 que le Surcouf entre en armement definitif, les essais apres demontage ne reprenant qu’a l’automne 1933, les essais definitifs commencant officiellement le 4 decembre 1933. Il est au bassin du 8 decembre 1933 au 17 fevrier 1934.

Arme le 16 avril 1934, il embarque 126 hommes d’equipage. Il peut plonger jusqu’a 80 metres de profondeur, et sa vitesse en surface s’eleve a 19 noeuds (35km/h) et 9 noeuds (17km/h) pour la plongee. La cloture d’armement est prononcee le 17 avril 1934 et le Surcouf est admis au service actif le 3 mai 1934.

A l'automne 1934, le MB.411 est envoye a Brest pour des essais d'embarquement sur le Surcouf. L'avion effectue son premier vol aux Mureaux en juin 1935. Surcouf emmene ensuite le Besson MB.411 dans les Caraibes et arrive en septembre 1935 pour des essais en mer. En janvier 1936, le MB.411 revient aux Mureaux pour des changements. Le deuxieme MB.411 fut acheve en fevrier 1937. Le deuxieme MB.411 effectua son premier vol en decembre 1937 et fut livre en juillet 1938. Le deuxieme MB.411 remplaca le premier [ 5 ] .

Les machines semblent insuffisamment fiables. Le , apres deux campagnes, le croiseur devait subir d'importantes reparations.

Seconde Guerre mondiale [ modifier | modifier le code ]

Lors de l' invasion de la France par les troupes allemandes en mai 1940 , le Surcouf se trouvait en grand carenage a Brest depuis le apres une mission dans les Antilles et le golfe de Guinee . L'etat des travaux faisait prevoir les premiers essais a la mer vers le 5 juillet.

Il se trouvait donc dans l'arsenal avec une bonne partie de son materiel a terre, lorsque l'Amiraute ordonna de tout remonter immediatement. Les nouveaux moteurs diesel commandes se trouvaient encore au Havre, d'ou ils ne devaient d'ailleurs jamais sortir. Pour eviter la capture, le sous-marin se prepare a appareiller sous les ordres du capitaine de fregate Martin, venant de permission le 14 juin qui fit remonter les anciens et les vieilles batteries d'accumulateurs. Le 18, l'ordre de depart avait ete donne a tous les batiments. Une avarie de barre fut constatee. Apres reparation, il appareilla mais l'avarie se reproduisit et il dut attendre plus d'une heure la fin de la remise en etat. La barre de plongee avait derive et s'etait bloquee a << plus toute >>.

Ce qui est sur, c'est que le sous-marin sortant a petite allure de la rade-abri, fut accoste dans la passe par une embarcation portant le capitaine de corvette Petit, qui remit a Martin l'ordre suivant: << Les batiments ayant le rayon d'action necessaire, feront route sur Casablanca, les autres sur l'Angleterre. >> Signe: Brohan . Le vice-amiral Brohan etait le major general de la 2e Region maritime.

En grande rade, les tentatives faites pour ramener la barre de plongee a zero ne reussirent pas. Le sous-marin fit cependant route sur le goulet a petite allure. Il avait vu passer le torpilleur Hardi portant la marque du vice-amiral Jean de Laborde . Il ne restait plus derriere lui que de vieux batiments incapables de se mouvoir et quelques autres en reparations qui s'etaient sabordes. Il ne restait que la possibilite d'une traversee avec les moteurs electriques, car on ne pouvait lancer le moteur babord diesel, le seul en etat de marche. Le Surcouf se mit donc a une vitesse de 4,5 nœuds environ et son commandant decida de se diriger vers l'Angleterre, l'etat du materiel ne lui permettant pas de songer a se rendre au Maroc. A la nuit il arriva a la basse de la Parquette, y trouva le remorqueur Infatigable qui faisait route au nord et qui l'escorta.

Ses travaux inacheves, sans pieces de rechange et incapable de plonger, il gagne Plymouth en surface le . Le avant l'aube, les batiments francais refugies en Grande-Bretagne  :

  • Le cuirasse Paris de 22 000 tonnes ;
  • le croiseur sous-marin Surcouf ;
  • Le contre-torpilleur Le Triomphant de 2 800 tonnes ;
  • le torpilleur Mistral de 1 500 tonnes ;
  • le cargo Poulmic.

sont saisis par les Britanniques a Plymouth, lors de l' operation Catapult .

La prise du Surcouf fut menee au prix de quatre morts, un Francais, l' ingenieur mecanicien Yves Daniel, et trois Britanniques, le capitaine de fregate Sprague, commandant du sous-marin Thames , le lieutenant de vaisseau Griffith, officier de renseignement porteur de l'ordre de saisie, et le quartier-maitre Webb.

Le Surcouf etait alors le plus grand sous-marin du monde. Ses canons de 203  mm pouvaient tirer chacun trois obus de 120  kg a la minute, a une distance de 26  km . En depit du peu d'enthousiasme des Britanniques, a cause de la complexite du sous-marin, du manque de pieces de rechange et de marins qualifies (appeles ≪ sous-mariniers ≫), le Surcouf est tout de meme rearme au prix de nombreuses difficultes. Le , il rejoint officiellement les Forces navales francaises libres . D'abord commande par le capitaine de fregate Ortoli, qui fut son premier officier canonnier lors de ses essais en 1932, apres avoir ete modernise a l' arsenal de Portsmouth ( Etats-Unis ). Mais helas il ne fut pas equipe de radar . Le , il commence ses essais devant Plymouth et en dans la Clyde. Les britanniques lui donnent le numero P 17, affecte a la 2 e  Flottille avec quatre sous-marins britanniques.

Il appareille de Holy Loch le et arrive le a Halifax apres de nombreux incidents dus au mauvais temps. Il sera affecte a Halifax (ou il peut etre entretenu) pour assurer l'escorte des convois canadiens a l'Ouest du 25° O. Le , il appareille avec le convoi HX 118. Ce convoi est compose de 33 batiments marchands. Il est escorte par 11 navires de guerre, dont le "Surcouf" qui l'escorte du 3 au . Le convoi quitte Halifax pour Liverpool ou il arrive le . Le Surcouf rallie Devonport (Plymouth) ou il arrive le .

L'Amiraute envisage alors de l'envoyer ravitailler Malte. Il doit pour cela debarquer ses munitions (300 obus de 203  mm et 22 torpilles) et sa tourelle, l'allegeant de 275 tonnes. Le Capitaine de Vaisseau Ortoli se rend a Londres pour expliquer que son batiment ne peut accomplir cette mission a cause de son faible rayon d'action aux moteurs electriques. La mission est annulee.

Le , le "Surcouf" appareille vers un secteur dans le Nord des Acores pour rechercher les briseurs de blocus allemands.

Le , on lui signale la presence possible du croiseur lourd "Prinz Eugen" . Pendant trente jours de mer, le "Surcouf" ne rencontre qu'une force navale americaine qui doit egalement chercher le croiseur allemand.

Du au , il patrouille encore sans succes.

Le , il arrive a Portsmouth (New Hampshire) pour un grand carenage.

Le , le Capitaine de Vaisseau Ortoli est nomme chef de cabinet du General De Gaulle. C'est le Capitaine de Fregate Blaison qui prend le commandement du "Surcouf".

Le carenage se termine le .

Le , il est dirige vers New London (Connecticut) pour des exercices avec les americains.

Il rallie ensuite les Bermudes le avant de se rendre a Halifax (Nouvelle Ecosse) ou il arrive le .

Le , une flottille FNFL composee du Surcouf et des corvettes Mimosa , Alysse , Aconit , commandee par le vice-amiral Muselier rallie Saint-Pierre-et-Miquelon a la France libre .

Le ≪ Surcouf ≫ patrouille autour de Saint-Pierre et Miquelon, lors de son occupation. Il sort trois fois sur alerte.

Le , apres des negociations avec les britanniques, il est decide que le "Surcouf" soit envoye a Tahiti . Son artillerie pourrait defendre les iles. C'est a la suite d'une decision prise par l'Amiral Georges Thierry d'Argenlieu que le ≪ Surcouf ≫ aura pour mission de rallier le port de Papeete via le canal de Panama et ceci dans les meilleurs delais possibles.

Le ≪ Surcouf ≫ quitte Saint-Pierre pour Halifax. Par grosse mer, un paquet de mer endommage une partie du pont tournant de la tourelle. Apres reparations, il quitte Halifax pour les Bermudes le . Il y arrive le . Il y persiste un probleme sur le moteur electrique tribord.

Le a 15  h , le ≪ Surcouf ≫ appareille pour Tahiti via le canal de Panama. Pour cela il fait d'abord toute vers Colon via le passage des Caicos et le passage du Vent . Les autorites americaines sont prevenues [ 2 ] .

Le Surcouf disparait corps et biens dans la nuit du 18 au au nord du canal de Panama , par 11° nord et 79° ouest.

Le rapport officiel americain conclut que la disparition du Surcouf est due a un abordage accidentel avec le cargo americain Thomson Lykes . Comme tous les sous-marins de cette epoque (le schnorchel n'ayant ete operationnel qu'en 1943), le Surcouf naviguait la nuit en surface pour recharger ses batteries d'accumulateurs , ses feux de navigation evidemment eteints pour ne pas etre repere.

Bien plus tard, le rapport d'enquete de la commission francaise conclura de son cote que sa disparition fut la consequence d'une meprise. Un hydravion americain PBY Catalina de patrouille anti-sous-marine chargee de la defense de ces memes eaux dans la nuit du 18 au aurait bombarde le Surcouf , le confondant avec un grand sous-marin allemand ou japonais . Cette version de l'enquete est etayee par plusieurs elements :

  • les temoins du cargo SS Thomson Lyke , qui a aborde un sous-marin, decrivirent un sous-marin bien plus petit que le Surcouf . La question restant alors de savoir de quelle nationalite etait ce sous-marin. Par ailleurs, les Allemands n'ont pas enregistre de perte de sous-marin dans ce secteur a ce moment de la guerre ;
  • les degats observes sur le Thomson Lyke etaient trop legers pour une collision avec un navire de la taille du Surcouf .

Cet abordage accidentel ou cette meprise fait 130 morts (dont 4 marins britanniques), sous les ordres du capitaine de fregate Louis Blaison . Un monument commemore son souvenir sur la jetee du port de Cherbourg [ 6 ] .

Commandants [ modifier | modifier le code ]

  •  : capitaine de fregate de Belot (essais et armement a Cherbourg) ;
  •  : capitaine de fregate Le Portier (fin des essais. Le Surcouf est affecte la flottille des sous-marins de Brest) ;
  •  : capitaine de fregate Derrien (en service dans la flottille des sous-marins de Brest puis refonte) ;
  •  : capitaine de fregate Le Gouic (refonte puis en service dans la flottille des sous-marin de Brest) ;
  •  : capitaine de fregate Martin (en service puis en carenage a Brest. Depart vers Plymouth en Grande-Bretagne le ) ;
  •  : capitaine de fregate Ortoli (rearmement sous pavillon FNFL) ;
  •  : capitaine de fregate Blaison (ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Refonte aux Etats-Unis. Disparition corps et biens du Surcouf dans la mer des Antilles le ).

Personnalites ayant servi sur le batiment [ modifier | modifier le code ]

Dans la litterature [ modifier | modifier le code ]

  • Dans le roman de Harutoshi Fukui Shusen no Lorelei , le Surcouf est recupere par les Allemands , ameliore pour servir de support a l'arme secrete ≪ Lorelei ≫ puis donne a l' empire du Japon .
  • Dans le roman L'attaque vient de la mer , de Douglas Reeman , le frere fictif du Surcouf , le Soufriere est recupere par les Anglais dans une action contre les Japonais.
  • Dans le livre de Maurice Pasquelot, Les Sous-marins de la France Libre , les missions du Surcouf , jusqu'a sa perte, dans la nuit du 18 au , dans la mer des Antilles.
  • On peut penser, au vu des ressemblances (canon exterieur, appareil aerien embarque, dimensions...) que le Surcouf a inspire Edgar P. Jacobs pour le sous-marin S2 dans Le Secret de l'Espadon .
  • Dans le roman uchronique Et si la France avait continue la guerre 1941-1942, de Jacques Sapir, Frank Stora, Loic Mahe, le Surcouf bombarde Tokyo lors d'un raid eclair, au lendemain du bombardement de l'escadrille du general americain Doolittle, semant la confusion chez les Japonais qui venaient de subir un raid aerien et tiraient alors sur un ennemi aerien invisible (se trouvant en realite dans la rade).

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Vice-Amiral Roger Vercken, Histoire succincte de l'aeronautique navale , Armees, ARDHAN, , 173  p. ( ISBN   2-9507663-0-7 ) , p.  31 .
  2. a et b ≪  Surcouf  ≫, sur sous.marins.disparus.free.fr (consulte le ) .
  3. /bat/surcouf/index.htm Croiseur sous-marin Surcouf , netmarine
  4. ≪  SURCOUF submarine cruiser (1934)  ≫, sur navypedia.org (consulte le ) .
  5. (en) ≪  French Cruiser Submarine FS Surcouf (NN-3), lost 18 Feb 1942  ≫, sur silverhawkauthor.com (consulte le ) .
  6. memoriagenweb.org - Cherbourg : monument commemoratif du Surcouf.

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]