Robert Blum (homme politique prussien)

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Robert Blum
Portrait de Robert Blum par August Hunger (vers 1845-48).
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Membre du Parlement de Francfort
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Adelheid Mey ( d ) ( )
Jenny Blum ( d ) (de a ) Voir et modifier les données sur Wikidata
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Robert Blum (ne le a Cologne - execute le au lieu-dit Brigittenau pres de Vienne ) etait un homme politique prussien .

Issu d'un milieu modeste, il se forma en autodidacte, entamant une carriere d'artisan avant de devenir secretaire d'un theatre puis libraire a Leipzig , dans le royaume de Saxe .

Elu au Parlement de Francfort apres la Revolution de Mars , il y fut un des meneurs des ≪ democrates ≫ ? issus de l'aile radicale du mouvement liberal - qui voulaient que l' unite allemande se realise dans un cadre republicain. Lors de la seconde phase de la Revolution de 1848, il prit part a l' insurrection viennoise d'octobre 1848 , ce qui lui valut d'etre execute, en depit de son immunite parlementaire, par les troupes imperiales chargees de la repression.

Formation et debuts comme artisan [ modifier | modifier le code ]

Issu d'une famille de tonneliers, Robert Blum etait de constitution trop faible pour embrasser cette profession (les sequelles d'une rougeole l'avaient d'ailleurs rendu longtemps mal-voyant). Il apprit cependant tres rapidement a lire et a ecrire et commenca ses etudes dans un college jesuite. Il dut neanmoins les interrompre pour travailler en tant que surveillant dans une usine d'epingles. Il devait en effet gagner sa vie et aider sa famille a subsister, son pere etant mort d'une tuberculose en 1815 alors qu'il etait age de 8 ans.

Apres avoir commence un apprentissage aupres d'un orfevre, il apprit le metier de ferronnier et de ferblantier (1821-25) et fut engage par un fabricant de lampadaires, Schmitz. Voyageant a travers l'Allemagne au service de son patron (1825-29), il se rendit notamment a Munich , ou il participa a l'installation de l'eclairage du chateau de Nymphenburg .

Activite litteraire et politique pendant le Vormarz [ modifier | modifier le code ]

En 1829, il se rend a Berlin , ou il fait ses premiers pas dans le monde litteraire, publiant quelques poemes dans un journal.

Apres un service militaire abrege par ses problemes de vue, il revient a Cologne et y travaille dans un theatre (1830).

En 1832, il s'installa definitivement a Leipzig , ou il devint secretaire et caissier d'un theatre puis libraire. Il y poursuivit ses travaux litteraires, s'inspirant de la revolte polonaise pour ecrire Grochow, hymne a la Liberte (1831) ainsi qu'un drame historique sur Tadeusz Ko?ciuszko , et de l'independance grecque pour rediger une piece intitulee La Delivrance de Candie (1836). Il fut egalement l'auteur de plusieurs autres pieces et de livrets d'opera (notamment pour Albert Lortzing ).

Brievement marie a la jeune Adelheid Mey, morte en 1838 a l'age de vingt ans, il se remaria deux ans plus tard avec Eugenie Gunther, sœur d'un de ses amis. Le couple eut cinq enfants, dont l'aine, Hans, ne en 1841, deviendra le premier biographe de Robert Blum.

Dans les annees 1830, Blum participa au mouvement liberal et nationaliste allemand, issu de la "guerre de liberation" de 1813 mais oppose au systeme liberticide mis en place par le Congres de Vienne . Il prononca ainsi des discours lors de plusieurs fetes patriotiques et reunions politiques et entra en contact avec des intellectuels et des deputes liberaux, tels que Friedrich Christoph Dahlmann ou Johann Adam von Itzstein .

Quittance d'actions pour la création et l'exploitation d'une librairie à Leipzig avec confirmation du premier versement de 5 thalers, délivrée le 30 septembre 1846, signée en original par Robert Blum en tant que président du conseil d'administration et trésorier provisoire
Quittance d'actions pour la creation et l'exploitation d'une librairie a Leipzig avec confirmation du premier versement de 5 thalers, delivree le 30 septembre 1846, signee en original par Robert Blum en tant que president du conseil d'administration et tresorier provisoire

En 1840, Blum entreprit l'edition d'un journal d'opposition liberal, les Sachsischen Vaterlandsblatter (les "Feuilles patriotiques de Saxe"), dont les positions radicales lui valurent les foudres de la censure et deux mois de prison en 1844. En raison de ses contacts avec les mouvements radicaux de Silesie , le journal de Blum fut interdit par le gouvernement prussien (1845), bientot imite par ses homologues bavarois, badois et saxon.

En 1844, Robert Blum acheta une maison a Leipzig, obtenant ainsi le droit de cite dans cette ville.

Le , Blum se fit connaitre lors des manifestations suscitees par la visite officielle du prince Jean de Saxe [ 1 ] . Ce dernier, considere comme un adversaire resolu de la liberte de conscience, avait en effet ete la cible d'une manifestation qui avait degenere en revolte apres une fusillade. Tout en protestant publiquement contre la repression sanglante exercee par l'armee, Robert Blum contribua au retour au calme en rappelant les emeutiers au respect de la loi. Cette action moderatrice lui attira le respect d'une grande partie des liberaux.

La meme annee, il aida Johannes Ronge a organiser le premier concile des "catholiques-allemands", une secte schismatique rationaliste. Blum fut le principal animateur de ce culte progressiste a Leipzig, dont la communaute "catholique-allemande" comptait environ 340 fideles.

L'annee suivante, la consideration dont il beneficiait depuis les evenements d' permit a Blum d'etre elu au senat ("Stadtrat") de Leipzig.

Favorable aux revolutionnaires polonais, il prit la defense des insurges de Cracovie (1846) et rencontra le general Ludwik Mierosławski . Ayant lance une nouvelle publication, Blum continua a promouvoir les idees radicales et democrates jusqu'a la fin de la periode du Vormarz .

Activite politique pendant la Revolution de 1848 [ modifier | modifier le code ]

Robert Blum (lithographie de 1848).

La Revolution de Mars a Leipzig ( - ) [ modifier | modifier le code ]

Ayant appris le la chute de la monarchie outre-Rhin , les liberaux de Leipzig se reunirent et adresserent au roi Frederic-Auguste II une petition pour demander la liberte de la presse et la reunion d'un parlement national allemand. Le radical Blum voulait aller plus loin en exigeant le suffrage universel , mais la majorite liberale moderee ne suivit pas cette proposition.

Le roi ayant rejete la petition, Blum, qui etait a la tete des societes patriotiques ( Vaterlandsvereine ), s'adressa a la foule revolutionnaire depuis le balcon de l'hotel de ville et obtint la demission du gouvernement conservateur au profit d'un gouvernement plus liberal ainsi que la reunion d'une assemblee representative ( ). Craignant une radicalisation incontrolable du mouvement, Blum renonca temporairement a ses exigences democratiques et empecha la marche sur Dresde d'une foule de revolutionnaires ( ), ce qui lui attira des critiques au sein de l'extreme-gauche.

Au "Pre-parlement" de Francfort ( - ) [ modifier | modifier le code ]

Apres avoir initialement refuse - au profit de son ami Carl Todt - une place de representant de Leipzig au pre-parlement de Francfort ( ), Blum fut finalement designe la semaine suivante par les habitants de Zwickau , dont la communaute juive comptait sur l'orateur democrate pour defendre l'egalite des citoyens quel que soit leur culte. En tant que membre d'une religion non reconnue, Blum etait en effet sensible a cette revendication.

Elu vice-president du pre-parlement aux cotes de trois de ses pairs, Blum rejoignit l'aile democrate et republicaine de cette assemblee provisoire. Contrairement aux radicaux badois Friedrich Hecker et Gustav Struve , qui se heurterent avec intransigeance a la majorite liberale moderee de l'assemblee, Blum accepta de travailler avec les membres de cette derniere malgre leurs conceptions monarchiste et peu democrates.

Il fut ainsi elu au sein de la "Commission des cinquante" (commission permanente chargee de preparer l'election du parlement constituant). Exclus de cette commission, Hecker et Struve furent encourages par cette eviction a tenter un coup de force republicain dans le sud du grand-duche de Bade . Ce coup de force fut desapprouve par Blum au nom du legalisme. La repression du mouvement insurrectionnel decima les rangs des democrates radicaux, permettant aux democrates plus moderes de Blum de dominer l'extreme-gauche du Parlement de Francfort nouvellement elu.

Au Parlement de Francfort (mai - octobre) [ modifier | modifier le code ]

Robert Blum sur les barricades viennoises (lithographie de 1848).
Seance du Parlement de Francfort en 1848. Robert Blum est a la tribune de l'orateur, Heinrich von Gagern a celle du president.

Elu a Reuss et a Leipzig, Robert Blum participa a la seance inaugurale du Parlement de Francfort ( ) et fut elu membre du comite charge de la redaction d'un projet de constitution. Parallelement a ses fonctions parlementaires, Blum fut un des cofondateurs et principaux redacteurs du Deutsche Reichstagszeitung ("Journal du Parlement allemand"), dans lequel il defendait l'emancipation progressive des classes laborieuses par leur education et par leur participation aux decisions politiques.

Robert Blum prend la direction de la fraction du Deutscher Hof , groupe parlementaire des democrates moderes, tandis que le " jeune hegelien " Arnold Ruge anime celui du Donnersberg , plus a gauche et tres critique envers les compromis du representant de Leipzig.

Le , il cosigne un manifeste avec d'autres parlementaires de Gauche comme Franz Raveaux , Carl Vogt , Ludwig Uhland ou Albert Schott   (de)  : il y demande la constitution d'une Allemagne confederale reposant sur le principe de la souverainete nationale et regroupant des Etats dont les peuples pourraient choisir le type de regime politique, monarchique ou republicain [ 2 ] .

Malgre sa moderation, Blum partage l'indignation nationaliste des radicaux apres l'acceptation, par la majorite liberale moderee, de l' armistice de Malmo qui fait passer le Schleswig-Holstein sous controle danois.

Participation a l'insurrection viennoise et execution (octobre - ) [ modifier | modifier le code ]

Execution de Robert Blum, le (tableau de Carl Steffeck , 1848-1849).
Monument commemoratif a Karben , en Hesse (1895).

Partisan de la cause des nationalites, Blum etait favorable a la revolution hongroise . Face aux projets de repression echafaudes par l'entourage reactionnaire de l'empereur Ferdinand et notamment du prince de Windisch-Gratz , une violente insurrection eclata a Vienne le .

Officiellement envoye a Vienne, avec ses confreres Hartmann et Frobel, pour apporter aux Viennois une lettre de felicitation des radicaux allemands, Blum accepta le commandement d'une compagnie d'elite a la condition qu'il ne prendrait pas part aux combats, en raison de son mandat de depute. Mais la compagnie de Blum participa tout de meme a la defense de la ville entre le 26 et le . Selon Saint-Rene Taillandier , Blum aurait ete ≪  enivre par la vue des barricades, force de satisfaire cette foule furieuse qu’il etait venu complimenter  ≫ et, se donnant ≪  l’epouvantable role de Danton  ≫, il se serait laisse entrainer par la violence de l'insurrection [ 3 ] . Retire dans un hotel le , il fut arrete quelques jours plus tard puis passe par les armes sur ordre d'un conseil de guerre le .

Reactions [ modifier | modifier le code ]

Cette execution, perpetree au mepris de l'immunite parlementaire de Blum, fut interpretee comme la rupture entre la monarchie des Habsbourg et l'assemblee de Francfort dont l'impuissance se manifesta particulierement a cette occasion.

Malwida von Meysenbug ecrivit a propos de cet evenement : ≪  Le jour suivant nous fumes foudroyes par la nouvelle que Robert Blum, le puissant orateur populaire du Parlement de Francfort, avait ete fusille a Vienne. La premiere victime de la reaction etait tombee; apres cela il fallait s'attendre a tout. Ayant ose tuer l'homme le plus populaire, un des caracteres les plus braves, une des intelligences les plus pratiques de tout le parti revolutionnaire, la reaction devait se sentir de nouveau bien forte et pouvait tout oser  ≫ [ 4 ] .

Date d'un evenement annonciateur du triomphe de la reaction sur le Printemps des peuples , le fut donc le premier de ces ≪ Jours du Destin ≫ qui marquerent l'histoire contemporaine allemande ( Schicksalstag ).

L'evenement choqua l'opinion au-dela des frontieres allemandes. En France, Victor Schœlcher , Alexandre Ledru-Rollin et Marie d'Agoult s'en emurent. Dans un discours prononce a l'Assemblee nationale le , Ledru-Rollin declara : ≪  Je me demandais si vous aviez trouve un mot [...] pour l'assassinat de Robert Blum, assassinat sur lequel il ne peut pas y avoir de doute, non pas seulement d'apres les sentiments eleves de l'humanite, mais d'apres les sentiments du droit international et du droit ecrit. Blum faisait partie de cette diete [sic.] de Francfort. On y avait declare qu'aucun de ses membres ne pourrait etre juge par un Etat allemand, qu'il ne pourrait etre juge que par ses propres pairs. L'Autriche elle-meme avait reconnu l'autorite de cette diete, car elle y avait envoye 229 representants, et cependant, malgre le droit ecrit, Blum a ete assassine. Je le repete, et j'invoque, en le disant, non-seulement les sentiments d'humanite, mais l'application du droit ecrit, avez-vous trouve un mot de protestation ?  ≫ [ 5 ] .

Pour aider la veuve et les enfants de Robert Blum, une souscription fut organisee qui recueillit 40 000 thalers .

Hommages [ modifier | modifier le code ]

Monument de Robert Blum a Cologne : ≪ Ne ici le , fusille a Vienne le . "Je meurs pour la liberte allemande pour laquelle j'ai combattu. Que la patrie se souvienne de moi" ≫.

Le communiste allemand Ferdinand Freiligrath ecrivit un poeme en hommage au " martyr | Dont le sang genereux a, pres des murs de Vienne, | Abreuve des bourreaux la rage autrichienne. | Et qui, parti de bas, avait su se grandir, | Marchant resolument, dans sa perseverance, | Vers le but glorieux que lui montrait Francfort, | Sans compter les perils que reservait le sort | Au triomphe eclatant de son intelligence [ 6 ] ".

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Cet evenement a ete rapporte par Alexandre Thomas dans "L’Allemagne du present - IV", Revue des deux Mondes , t.  13 , 1846.
  2. Louis-Antoine Garnier-Pages , Histoire de la Revolution de 1848 , 2 e   ed. , t.  8 , vol.   III , Paris, Pagnerre, 1866, p.  300.
  3. Saint-Rene Taillandier , "Histoire du Parlement de Francfort", Revue des deux Mondes , . Cet auteur etant generalement hostile aux revolutionnaires de 1848 qu'il presente comme exaltes, violents et puerils, cette interpretation est a relativiser.
  4. Malwida von Meysenbug , Memoires d'une idealiste , avec preface de Gabriel Monod, vol. , in-12, 1900, p.  195.
  5. Alexandre Ledru-Rollin , Discours politiques et ecrits divers , tome 2, G. Bailliere, Paris, 1879, p.  145.
  6. Ferdinand Freiligrath, Robert Blum , trad. de Charles-Ferdinand Woinez, Lacrampe, Paris, 1848. (Une autre traduction du meme poeme fut realisee en 1849 par Desire Tricot de Valenciennes).

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]