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Racisme

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Le racisme est une ideologie qui, partant du postulat [ 1 ] de l'existence de races au sein de l' espece humaine [ 2 ] , considere que certaines categories de personnes sont intrinsequement superieures a d'autres [ 2 ] . Il se differencie ainsi du racialisme qui, partant du meme postulat, ne considere pas les races comme inegales [ 3 ] . Cette ideologie peut amener a privilegier une categorie de personne a une autre, qui se trouve releguee a une classe sociale jugee inferieure et subit alors, de maniere intersectionnelle , le mepris de classe en plus du racisme [ 4 ] . Le Petit Larousse a deux definitions du racisme, au sens strict du terme, comme ≪ ideologie fondee sur la croyance qu'il existe une hierarchie entre les groupes humains, les ≪ races ≫ ; comportement inspire par cette ideologie ≫, et au sens large du terme, comme ≪ une attitude d’hostilite repetee voire systematique a l’egard d’une categorie determinee de personnes ≫.

Cette hostilite envers une autre appartenance sociale (que la difference soit culturelle, ethnique ? ou tout simplement due a une couleur de peau ) ? se traduit aussi par des formes de xenophobie ou d’ ethnocentrisme . Certaines formes d’expression du racisme, comme les injures racistes , la diffamation raciale, la discrimination, sont considerees comme des delits dans plusieurs pays.

Les ideologies racistes ont servi de fondement a des doctrines politiques conduisant a pratiquer des discriminations raciales, des segregations ethniques et a commettre des injustices et des violences pouvant aller, dans les cas extremes, jusqu'au genocide .

Selon certains sociologues, le racisme s’inscrit dans une dynamique de domination sociale a pretexte racial [ 5 ] . Le ≪  racisme inverse  ≫ est pour sa part une expression qui use du terme ≪ racisme ≫, mais decrit un acte ou un propos venant non des membres d'un groupe social dominant, mais d'un groupe anciennement ou actuellement domine ; la denonciation d'un racisme inverse ne suppose pas l'adhesion aux idees racistes qui sous-tendent par exemple le supremacisme blanc .

Un Afro-Americain buvant de l'eau uniquement reservee aux gens ≪  de couleur  ≫ ( colored men ).
- Oklahoma City , 1939
Propagande americaine contre les japonais pendant la Seconde Guerre mondiale . Le texte dit : ≪ Qu'allez-vous faire pour contrer ca ? Restez au travail jusqu'a ce que tous les meurtriers Jap' soient balayes ! ≫

Etymologie

Selon le CNRTL , le mot racisme serait apparu en 1902 [ 6 ] alors que le mot raciste daterait de 1892 [ 7 ] .

Selon Charles Maurras [ 8 ] , Gaston Mery (1866-1909), pamphletaire, journaliste collaborateur a La Libre Parole ? le journal antisemite et polemiste d' Edouard Drumont  ? est la premiere personne connue a avoir utilise le mot ≪ raciste ≫ en 1894 [ 9 ] , [ 10 ] , [ 11 ] .

Toutefois l'adjectif ≪ raciste ≫ [ 12 ] et le nom ≪ racisme ≫ ne s'installent dans le vocabulaire general en France qu'a partir des annees 1930 [ 13 ] . Leon Trotski l'emploie en 1930 dans son Histoire de la revolution russe , pour qualifier les tenants modernes des theories racistes [ 14 ] , ce qu'il developpera encore en 1933 vis-a-vis du nazisme [ 15 ] .

Les deux mots font leur entree pour la premiere fois dans le dictionnaire francais Larousse en 1932 [ 16 ] .

Ideologies, perception et pratique

La litterature met, au XIX e  siecle, en avant le caractere pluridimensionnel du racisme. On peut distinguer :

  • sa dimension conceptuelle et ideologique : il s’appuie sur des systemes de discours qui pretendent a la scientificite [ 17 ]  ;
  • sa dimension perceptive : il constitue un regard, un prisme qui oriente et instruit notre perception de ≪ l'Autre ≫ [ 18 ]  ;
  • sa dimension pratique : le racisme en actes se manifeste par des actions individuelles (violences, insultes…) ou des systemes de domination institutionnalises ( apartheid , segregation , colonisation , esclavage …) [ 19 ] .

Race en tant que construction sociale

Si la notion de ≪  race humaine  ≫ et le concept du racisme sont partie liee, l’etude de leurs relations necessite d’operer une premiere distinction entre la race en tant que concept biologique et la race en tant que constructivisme social que l’on peut definir comme ≪ un signe ou un ensemble de signes par lesquels un groupe, une collectivite, un ensemble humain est identifie, dans certains contextes historiques precis, cette apparence socialement construite variant suivant les societes et les epoques ≫ [ 20 ] .

Au cours de l'histoire, les definitions sociales de la ≪ race ≫ se sont souvent appuyees sur de presupposes caracteres de nature biologique. La race (en tant que construction sociale) est cependant devenue largement independante des travaux menes sur la classification biologique des etres humains qui ont montre que la notion de race humaine n'est pas pertinente pour caracteriser les differents sous-groupes geographiques de l'espece humaine, car la variabilite genetique entre individus d'un meme sous-groupe est plus importante que la variabilite genetique moyenne entre sous-groupes geographiques [ 21 ] , [ 22 ] . Cette conclusion est cependant contestee par A. W. F. Edwards   (en) qui critique, dans son article La diversite genetique humaine : l'erreur de Lewontin (2003), l'argument, presente en 1972 par Richard C. Lewontin The Apportionment of Human Diversity ( La repartition de la diversite humaine ) [ 23 ] , soutenant que la division de l'humanite en races est taxonomiquement invalide [ 24 ] .

Le consensus scientifique actuel rejette l’existence d'arguments biologiques qui pourraient legitimer la notion de race [ 25 ] , releguee a une representation arbitraire selon des criteres morphologiques, ethnico-sociaux, culturels ou politiques [ 26 ] . Cette autonomie se manifeste pleinement depuis la seconde moitie du XX e  siecle [ 27 ] ou les effets du systeme de perception raciste perdurent en depit d'un usage moins frequent, et malgre le rejet du concept de race par la communaute scientifique.

Theories raciales au XIX e  siecle

Essai sur l'inegalite des races humaines est un ouvrage du Francais Joseph Arthur de Gobineau paru en 1853 et visant a etablir l'existence de races et de differences les separant. L’ouvrage sera l’un des fondements des ideologies racistes du XX e  siecle [ 28 ] .

Systeme de perception

Dessins provenant d' Indigenous races of the earth (1857) de Josiah C. Nott et George Gliddon , qui suggerent que les Noirs sont aussi distincts des Blancs que le sont les chimpanzes .

Le mecanisme perceptif du racisme peut etre decompose en plusieurs operations logiques.

Focalisation

Le racisme se fonde sur la focalisation du regard du raciste sur une difference, souvent anatomique. Elle peut etre ≪ visible ≫ ? la pigmentation de la peau ? mais ne l’est pas necessairement : le regard raciste peut exister sans s’appuyer sur des differences visuelles evidentes. La litterature antisemite a ainsi abondamment cherche, sans succes, a definir les criteres qui pourraient permettre de reconnaitre visuellement les Juifs et a finalement du mettre en avant des differences invisibles, imperceptibles pour l'œil humain [ ref.  souhaitee] .

Totalisation

Le racisme associe des caracteres physiques a des caracteres moraux et culturels. Il constitue un systeme de perception, une ≪ vision syncretique ou tous ces traits sont organiquement lies et en tout cas indistinguables les uns des autres ≫ [ 29 ] . L'identification des traits physiques ou la reconnaissance du signe distinctif (l'etoile juive par exemple) genere immediatement chez le racisant une association avec un systeme d'idees preconcues. Dans le regard du racisant, ≪ l'homme precede ses actes ≫ [ 30 ] . Si la focalisation du regard raciste rend le corps vise plus visible que les autres, il a donc aussi pour effet de faire disparaitre l’individualite derriere la categorie generale de la race [ 31 ] .

Essentialisation et limitation

Le raciste considere les proprietes attachees a un groupe comme permanentes et transmissibles, le plus souvent biologiquement. Le regard raciste est une activite de categorisation et de cloture du groupe sur lui-meme.

Hierarchisation

Le racisme s’accompagne souvent d’une pejoration des caracteristiques du groupe vise. Le discours raciste n’est toutefois pas necessairement pejoratif. Pour Colette Guillaumin, les ≪ bonnes caracteristiques font, au meme titre que les mauvaises caracteristiques, partie de l’organisation perceptive raciste ≫ [ 32 ] . La phrase ≪ Les Noirs courent vite ≫ constitue ainsi un enonce raciste malgre son apparence meliorative [ ref.  souhaitee] .

Le discours raciste peut evoquer la superiorite physique des groupes vises (ainsi la vigueur ou la sensualite des Noirs) pour souligner par contraste leur inferiorite intellectuelle. Les qualites qui leur sont attribuees (l’habilete financiere des Juifs par exemple) sont la contrepartie de leur immoralite ou alimentent la crainte de leur pouvoir souterrain.

Mais plus encore, au-dela du contenu ? positif ou negatif ? des stereotypes racistes, l’activite de categorisation, de totalisation et de limitation de l’individu a des proprietes preconcues n’est en soi pas une activite neutre du point de vue des valeurs. Dans cette perspective, voir et penser le monde social dans les categories de la race releve deja d'une attitude raciste.

Origines

Historiens et ethnologues ne sont pas d'accord sur la question de l’origine du racisme ; deux conceptions principales s'opposent a ce propos. La premiere considere que le racisme est un sous-produit du capitalisme europeen, en lien avec le colonialisme [ 33 ] . La seconde que differentes formes de racisme se sont succede au cours de l’histoire en Europe, et ce depuis l' Antiquite [ 33 ] .

Le terme ≪ race ≫, applique a des etres humains, est ecrit pour la premiere fois en 1684 par Francois Bernier , dans un article du Journal des Scavans . Il y ecrit ≪ quatre ou cinq especes ou races d’hommes dont la difference est si notable qu’elle peut servir de fondement a une nouvelle division de la Terre ≫ [ 34 ] , [ 35 ] .

Societes premodernes

Il existait entre les historiens, depuis la seconde moitie du XX e  siecle, un consensus relativement large pour considerer que l'utilisation de la notion de racisme dans l’Antiquite est un anachronisme. En effet, toutes les societes antiques et primitives sont, de notre point de vue contemporain, des societes racistes et xenophobes.

Les Anciens Grecs distinguent les peuples de l' Hellade , des autres peuples qu'ils appellent barbares . Presque tous les autres peuples antiques avaient la meme representation duale du Monde en deux races, les peuples apparentes, et les peuples etrangers ou ennemis; cette opposition entre deux collectifs est ce qui definit le domaine politique [ 36 ] et le droit des gens [ 37 ] . Parmi les peuples consideres comme etrangers, tous ne sont pourtant pas ennemis : les relations militaires, commerciales et diplomatiques instituaient des peuples amis, clients, allies ou invites qui pouvaient alors etre reconsideres fictivement comme des peuples apparentes.

L'utilisation du terme ≪ race ≫ en tant que synonyme integral de peuple/nationalite perdure jusqu'a la fin du XIX e  siecle. Ainsi, les œuvres litteraires de Jules Verne abondent de formules stereotypees comme ≪ les Allemands, race industrieuse et organisee ≫, ≪ les Francais, race romantique et galante ≫ ou ≪ les Americains, race entreprenante et dynamique ≫, jusque dans les conversations entre bons amis d'origines differentes, sans la moindre intention negative dans l'usage du mot.

Race et parente

Les structures de parente, donc les questions de race [ 38 ] , sont toujours fondamentales et fondatrices dans la representation que les peuples antiques ou primitifs ont d'eux-memes et des autres peuples [ 39 ] . Tout le systeme d'obligation et de solidarite sociale des societes antiques ou primitives est base sur l'appartenance au groupe familial, et a la plus ou moins grande proximite de parente: l'affiliation ( phylai ) [ 40 ] . On note que celle-ci n'est pas necessairement biologique, mais peut etre la fiction resultant d'une adhesion ou d'une adoption, et d'apparentements de convenance. A cote de la societe grecque avec son gene et ses phratries , on trouve des structures politiques claniques chez d'autres peuples comme les Celtes avec les notions de peuples apparentes/allies [ 41 ] . Cette conception dure pendant tout le Moyen Age et une partie des Temps modernes [ 42 ] .

La mythologie et les prescriptions religieuses fixent les regles d' exogamie qui favorisent les alliances hors du groupe consanguin, tout en interdisant celles avec les membres des peuples etrangers. De ce fait, depuis la plus haute Antiquite, jusqu'a ces derniers siecles, les peuples du Monde restent extremement endogames , qu'ils soient sedentaires et sans contacts avec des etrangers, ou qu'ils soient au contraire nomades au milieu des peuples etrangers. Dans ce dernier cas, l'identite du groupe est maintenue par des prescriptions sociales ou religieuses [ 43 ] interdisant une trop grande proximite de vie et des alliances etrangeres qui finiraient par provoquer son assimilation [ 44 ] . C'est pourquoi, plus on s'eloigne dans l'histoire, plus on remarque que les peuples qui sont traditionnellement des migrants ou creent une colonie , continuent a se marier dans la moitie du genome dont ils se sont detaches [ 45 ] , et non dans le peuple au milieu duquel ils vivent. Il faut remarquer qu'a ces epoques, ces regles concernent l'immigration qui ne se fait pas individuellement, mais comme pour les colonies pheniciennes, grecques ou carthaginoises, par groupes complets [ 46 ] capables de recreer ailleurs une nouvelle societe identique et fermee.

Les questions de guerre et de paix entre les tribus ou les peuples debutent par des refus ou des ruptures d'alliances matrimoniales [ 47 ] , et se terminent par des alliances, ou des enchainements d'alliances, entre les lignages des chefs [ 48 ] , et a partir de la la possibilite de relation et d'alliance entre toutes les autres familles. Il importe de preciser que ces prescriptions s'imposent aux groupes, mais pas a des individus isoles ou a des familles desaffiliees.

Bible

Le recit biblique fait recommencer l'histoire de l'Humanite apres le deluge , avec les trois fils de Noe , Sem , Cham , et Japhet , dont descendent les trois lignees qui peuplent les rives de la Mediterranee. La Table des peuples de la Genese donne [ 49 ] , avec la descendance de ces trois freres, l'origine genealogique de tous les peuples de la Terre qui sont presentes a la fois comme des peuples genealogiquement distincts, et en meme temps apparentes. Ce dernier trait, qui rappelle l'unicite du regne humain, le monogenisme, est une originalite qu'on ne trouve pas chez beaucoup de peuples primitifs qui se reservent l'appellation d'homme, rejetant les autres dans le monde animal.

Une interpretation de la malediction de Canaan dans le Livre de la Genese [ 50 ] et de la ≪  Table des peuples  ≫ qui en derive, peut etre a l'origine d'ideologies racistes dans cette region du monde ou pour les croyants s'inspirant de la Bible [ 51 ] .

La destruction du temple de Jerusalem par Titus fils de l´empereur Vespasien s'accompagne d'une destruction des genealogies, qui sera pour le peuple Juif la cause de sa dispersion et d'un grand desarroi quant a son identite [ 52 ] . Ce genre de representation genealogique totalisante des differents groupes ethniques connus se retrouve souvent dans les descriptions ethnologiques des peuples primitifs.

Antiquite greco-romaine

La conception selon laquelle l'utilisation de la notion de racisme dans l’Antiquite est un anachronisme, est remise en question par les travaux de l'historien Benjamin Isaac qui propose la notion de ≪ proto-racisme ≫ traversant l'Antiquite grecque puis romaine, notion qui releve deja d'un ≪ racisme conceptualise, fonde sur une argumentation d’allure scientifique qui se veut demonstrative ≫ [ 53 ] . La pensee proto-raciste, qui evoluera evidemment au fil des siecles et des deplacements de centres d'influence et de pouvoir, se fonde, selon l'historien, sur deux theories qui ne seront que peu remises en question : d'une part, suivant le traite Des airs, des eaux, des lieux datant du V e  siecle  av. J.-C. et attribue a Hippocrate , un classement deterministe des groupes humains base sur la geographique qui definirait ≪ des traits de caractere collectifs immuables ≫, dans une conception qui induit rapidement une hierarchisation des peuples [ ref.  souhaitee] .

Maurice Sartre nuance toutefois le propos, expliquant qu'il existe des conceptions divergentes, voire opposees, a cette representation, citant notamment l'explorateur et historien antique Herodote ou encore le geographe Strabon qui ≪ montre avec une force tout aussi convaincante les limites de la theorie environnementaliste ≫ dont il ne fait pas usage dans la description qu'il fait des peuples et de leurs mœurs [ 54 ] .

Le philosophe Christian Delacampagne percoit, quant a lui, dans l’attitude paienne ? egyptienne, grecque puis romaine ? face aux juifs et dans la partition entre hommes libres d’un cote, femmes, enfants et esclaves de l’autre, des ≪ classifications biologiques ≫, de ≪ type raciste ≫ [ 55 ] .

Il convient neanmoins de noter que si les arguments de type raciste ont pu servir a justifier la domination des Grecs et des Romains, ils n'ont jamais debouche sur des politiques d'exclusion ni ? a fortiori ? d'extermination. Au contraire, la capacite d'integration, d'assimilation voire promotion des etrangers dans l'Empire greco-romain ? dans un relatif respect de leur culture et de leurs traditions ? est bien connue des historiens. Neanmoins, on peut voir un lien entre le proto-racisme antique et les theories racistes contemporaines dans une commune ≪ negation des evidences au profit de theories preconcues dont peu importe le bien-fonde scientifique pourvu qu’elles justifient la situation dominante et le statut privilegie d’un groupe ≫ [ 54 ] .

Moyen Age

C’est surtout le Moyen Age qui donne des arguments aux partisans de l’existence d’un racisme anterieur a la modernite. Pour l’historien specialiste de l' antisemitisme Gavin I. Langmuir , l'une de ses manifestations serait la cristallisation de l’ antijudaisme des premiers theologiens chretiens en un antisemitisme chretien des le XIII e  siecle [ 56 ] . D’autres en voient les premieres manifestations des la fin du XI e  siecle et les premiers pogroms qui jalonnent la premiere croisade populaire menee par Pierre l'Ermite . Au XIII e  siecle, la crise rencontree par l’Eglise catholique, menacee par les heresies cathares , albigeoises , vaudoises aboutit a une rigidification de sa doctrine qui se manifeste notamment par la creation de l' Inquisition dans les annees 1230 et par ce que Delacampagne designe comme la ≪ demonisation ≫ des ≪ infideles ≫ [ 57 ] .

Selon Delacampagne, l’idee que la conversion absout le Juif s’efface alors devant la croyance que la judeite est une condition hereditaire et intangible. Ce mouvement n’epargne d’ailleurs pas d’autres categories de la population. Sa manifestation la plus probante est la mise en place progressive a partir de 1449 d’un systeme de certificat de purete de sang ( limpieza de sangre ) dans la peninsule Iberique pour acceder a certaines corporations ou etre admis dans les universites ou les ordres. Ce mouvement, qui se traduit par le decret de l'Alhambra de 1492 , concerne quatre groupes precis : les Juifs, les musulmans convertis ( morisques ), les penitencies de l’Inquisition et les cagots , c’est-a-dire les descendants presumes de lepreux [ 58 ] .

Delacampagne mentionne la segregation qui touche cette derniere categorie de population comme une etape majeure dans la constitution du racisme moderne. Selon lui, c'est la premiere fois que la discrimination d’un groupe social recoit au XIV e  siecle une justification appuyee sur les conclusions de la science. Les chirurgiens , tel Ambroise Pare , apportent en effet leur caution a l’idee que les cagots, descendants presumes de lepreux , continuent de porter la lepre bien qu’ils n’en manifestent pas les signes exterieurs [ 59 ] .

Dans les societes non europeennes

Huit hommes enchaînés sont conduits par un homme agitant un fouet sous le regard de deux hommes en habit d'officier.
Esclaves europeens menes au fouet par un Arabe ( 1815 ). L' esclavagisme musulman a ete souvent bien moins evoque que celui de l'Occident, poussant certains auteurs a parler de ≪  tabou bien garde ≫ [ 60 ] .

Plusieurs etudes ont mis en avant l’existence d’attitudes que leurs auteurs considerent comme racistes dans des societes exterieures a l’aire culturelle europeenne. Au Japon, la transmission hereditaire de l’appartenance a la caste des burakumins jusqu’au debut de l' ere Meiji a pu etre analysee comme le produit d’une construction symbolique de type raciste.

Les travaux menes par l’historien Bernard Lewis sur les representations developpees par la civilisation musulmane a l’egard des autres etres humains concluent sur l’existence d’un systeme perceptif qu’il qualifie de raciste, notamment a l’egard des populations noires [ 61 ] .

Au Moyen Age, le racisme des Arabes a l'egard des Noirs, en particulier des Noirs non musulmans, fonde sur le mythe [ 62 ] de la malediction de Cham , le pere de Canaan , prononcee par Noe [ 63 ] , servit de pretexte a la traite negriere et a l'esclavage, qui, selon eux, s'appliquait aux Noirs, descendants de Cham qui avait vu Noe nu lors de son ivresse (une autre interpretation les rattache a Koush ). (Histoire extraite de la Bible). Les Noirs etaient donc consideres comme ≪ inferieurs ≫ et ≪ voues ≫ a l'esclavage. Plusieurs auteurs arabes les comparaient a des animaux [ 64 ] . Le poete al-Mutanabbi meprisait le gouverneur egyptien Abu al-Misk Kafur au X e  siecle a cause de la couleur de sa peau [ 64 ] . Le mot arabe aabd ??? (pl. aabid ????) qui signifiait esclave est devenu a partir du VIII e  siecle plus ou moins synonyme de ≪ Noir ≫ [ 65 ] , prenant une signification similaire au terme " negre " dans la langue francaise du XX e  siecle. Quant au mot arabe zanj , il designait de facon pejorative les Noirs [ 66 ] , avec une connotation raciale officielle que l'on retrouve dans les textes et discours racialistes . Ces jugements racistes etaient recurrents dans les œuvres des historiens et des geographes arabes : ainsi, Ibn Khaldoun a pu ecrire au XIV e  siecle : ≪ Les seuls peuples a accepter vraiment l'esclavage sans espoir de retour sont les negres, en raison d'un degre inferieur d'humanite, leur place etant plus proche du stade de l'animal ≫ [ 67 ] . A la meme periode, le lettre egyptien Al-Abshibi ecrivait : ≪ Quand il [le Noir] a faim, il vole et lorsqu'il est rassasie, il fornique ≫ [ 68 ] . Les Arabes presents sur la cote orientale de l'Afrique utilisaient le mot ≪ cafre ≫ pour designer les Noirs de l'interieur et du Sud. Ce mot vient de k?fir qui signifie ≪ infidele ≫ ou ≪ mecreant ≫ [ 69 ] .

Racisme moderne

Les differents auteurs qui concoivent le racisme comme une specificite de la modernite europeenne s’accordent pour mettre en avant la conjugaison de trois facteurs dans la genese de cette nouvelle attitude :

  • Le developpement de la science moderne. Il inaugure un systeme de perception essentialiste de l’alterite et un systeme de justification des conduites racistes qui s'appuient sur des theories a pretention scientifique de la race.
  • Le developpement de la libre-pensee antichretienne qui s'oppose au monogenisme que soutient l'Eglise catholique.
  • L’expansion europeenne qui debute au XV e  siecle [ 70 ] . Elle entraine la mise en place d’un systeme economique et social esclavagiste, et de traites negrieres a destination des colonies ; parallelement, elle s'accompagne du developpement d’une attitude coloniale a l’egard des populations non europeennes qui penetre progressivement la metropole [ 71 ] .

Biologisation du social

Pour Colette Guillaumin [ 72 ] le racisme est contemporain de la naissance d’un nouveau regard porte sur l’ alterite  ; il est constitue par le developpement de la science moderne et la substitution d’une causalite interne, typique de la modernite, a une definition externe de l’homme qui prevalait avant la periode moderne.

Alors que l’unite de l’humanite trouvait auparavant son principe a l’exterieur de l’homme, dans son rapport a Dieu, l’homme ne se refere desormais qu’a lui-meme pour se determiner. Comme l'attestent les debats theologiques sur l’ame des Indiens ou des femmes, le rejet de la difference et les hierarchies sociales s’appuyaient sur une justification religieuse ou basee sur un ordre sacre ( caste ) ; ils se parent desormais des habits de la justification biologique, renvoyant a l’ordre de la nature [ 73 ] . La conception de cette Nature elle-meme connait une mutation profonde : elle devient mesurable, quantifiable, reductible a des lois accessibles a la raison humaine.

Ce changement de regard engendre un systeme perceptif essentialiste : l’heterogeneite au sein de l’espece humaine ne doit son existence qu’a une difference logee dans le corps de l’homme, que les scientifiques europeens s’acharneront a mettre en evidence tout au long du XIX e  siecle et au cours de la premiere moitie du XX e  siecle . Pour Pierre-Henri Boulle, on peut percevoir en France des la fin du XVII e  siecle les premieres expressions de ce mode de perception. C’est au XVIII e  siecle qu’il se repand parmi les elites politiques, administratives et scientifiques, avant de se generaliser au plus grand nombre dans le courant du XIX e  siecle [ 74 ] .

Pour Colette Guillaumin , ce mode de perception se generalise au tournant des XVIII e  siecle et XIX e  siecle [ 75 ] . Dans la premiere partie de son ouvrage Les origines du totalitarisme , Hannah Arendt date l’apparition de l’ antisemitisme , qu’elle differencie de l’ antijudaisme , du debut du XIX e  siecle  ; c’est aussi la date d’origine qu’assigne le philosophe Gilbert Varet aux ≪ phenomenes racistes expressement dits ≫ [ 76 ] .

La propagation hors de l’Europe apparait dans cette optique comme un produit de l’influence europeenne : Andre Beteille developpe ainsi la these d’une ≪ racialisation ≫ du systeme de castes en Inde apres la colonisation britannique [ 77 ] . Au Japon , des travaux menes par John Price, Georges De Vos, Hiroshi Wagatsuma ou Ian Neary au sujet des Burakumin parviennent a des conclusions identiques [ 78 ] .

Colonisation et esclavage

Enseigne parisienne en 1890

La question de l’anteriorite ou de la posterite du racisme au developpement de l’ esclavage dans les colonies europeennes fait l’objet de nombreux debats. Le consensus s’etablit neanmoins au sujet du role joue par le developpement de l’esclavage sur le durcissement et la diffusion de l’attitude raciale. L'esclavage colonial se developpe en effet, paradoxalement, a une epoque ou, en Europe , l' humanisme , la philosophie des Lumieres (philosophie) et la theorie du droit naturel devraient logiquement mener a sa condamnation. Le racisme pourrait etre le produit (conscient ou non) de cette contradiction, le seul artifice permettant de refuser a certaines populations le benefice de droits fondamentaux reconnus a l'Homme en general consistant a croire a l'existence d'une hierarchie entre les races.

Selon l’historien americain Isaac Saney, ≪ les documents historiques attestent de l'absence generale de prejuges raciaux universalises et de notions de superiorite et d'inferiorite raciales avant l'apparition du commerce transatlantique des esclaves. Si les notions d'alterite et de superiorite existaient, elles ne prenaient pas appui sur une vision du monde racialisee ≫ [ 79 ] .

Developpement de l’esclavage et de la science moderne ont etroitement interagi dans la construction du racisme moderne. La categorie de ≪ nosopolitique ≫ qualifie chez la philosophe Elsa Dorlin l’usage des categories de ≪ sain ≫ et de ≪ malsain ≫ par le discours medical applique dans un premier temps aux femmes, puis aux esclaves. Alors que le Blanc , considere comme ≪ naturellement ≫ superieur par les medecins, est defini comme l’etalon de la sante, le temperament des Noirs est par contraste declare ≪ pathologique ≫ ; il est porteur de maladies specifiques, que seule la soumission au regime de travail impose par les colons peut attenuer, mais difficilement guerir, tant elles paraissent intrinsequement liees a sa nature [ 80 ] .

Page de couverture du Samedi , hebdomadaire francophone de Montreal , montrant une fillette noire accoutree comme un bebe et un garcon noir, avec la legende : ≪ Refuses au concours des bebes ≫, 22 avril 1899

Racisme scientifique

Le ≪ racisme scientifique ≫, ou ≪  racialisme  ≫ (ou ≪ raciologie ≫), classifie les etres humains d'apres leurs differences morphologiques en application d'une methode heritee de la zoologie .

Les theoriciens du racialisme comptent des personnes telles que l'anthropologue allemand Johann Friedrich Blumenbach , le francais Georges Vacher de Lapouge , partisan de l' eugenisme , l'ecrivain francais Joseph Arthur de Gobineau , celebre pour son Essai sur l'inegalite des races humaines , paru en 1853 , le Britannique de langue allemande Houston Stewart Chamberlain , dont l'œuvre theorise le role historique de la race aryenne comme ferment des classes dirigeantes indo-europeennes et le francais d'origine suisse George Montandon , auteur d'une taxonomie des races dans son ouvrage La race, les races. Mise au point d'ethnologie somatique , paru en 1933 .

Ideologie

Affiche attaquant les candidats americains voulant donner le droit de vote aux Noirs , Pennsylvanie , Etats-Unis , 1866.

En Europe et aux Etats-Unis, le paradigme racial s’est etroitement articule a partir du XIX e  siecle , a l’exterieur avec la politique imperialiste et, sur le plan interieur, avec la gestion politique des populations minoritaires. Pour Hannah Arendt , ≪ la pensee raciale ≫ est ainsi devenue une ideologie avec l’ere de l’ imperialisme debutant a la fin du XIX e  siecle [ 81 ] . L’ideologie raciste devient alors un ≪ projet politique ≫ qui ≪ engendre et reproduit des structures de domination fondees sur des categories essentialistes de la race ≫ [ 82 ] . Le racisme, explique-t-elle, est d'abord la transformation des peuples en races , la diversite humaine n'etant plus expliquee par les influences culturelles acquises par chacun apres son arrivee dans le monde, mais au contraire par l'origine.

A l’image de la diversite des positions racistes dans le monde academique, les formes de racisme et donc les usages politiques de la race ont fortement varie selon les contextes nationaux et la position occupee par leurs promoteurs dans l’espace politique.

Hantise du metissage

Racisme scientifique irlandais  : illustration de l' Irlande de Henry Strickland Constable montrant une pretendue similitude entre les traits ≪ irlandais iberiques ≫ et ≪ negres ≫ en contraste avec les traits ≪ anglo-teutoniques ≫ superieurs. La legende qui l'accompagne se lit comme suit : ≪ On pense que les Iberes etaient a l'origine une race africaine, qui, il y a des milliers d'annees, s'est propagee a travers l'Espagne sur l'Europe occidentale. Leurs restes se trouvent dans les tumulus , ou lieux de sepulture, dans diverses parties de ces pays. les cranes sont de faible type prognathe . Ils sont venus en Irlande et se sont melanges avec les indigenes du Sud et de l'Ouest, qui sont eux-memes supposes avoir ete de faible type et descendants de sauvages de l' Age de pierre , qui, par suite de l'isolement du reste du monde, n'avaient jamais ete surpasses dans la saine lutte de la vie, et ainsi ont fait place, selon les lois de la nature , aux races superieures . ≫, 1899

En 2006, theorisant le ≪ melange humain ≫ (et le distinguant du ≪ metissage ≫, a fortes connotations racialistes), le philosophe Vincent Cespedes utilise le concept de ≪  mixophobie  ≫ ( mixo , ≪ melange ≫, phobia , ≪ peur ≫) pour rendre compte de ≪ la peur du melange ≫, fondement psychologique du repli des racistes sur leur race, opposee aux autres ≪ races ≫ avec lesquelles ils ne veulent pas se melanger [ 83 ] . Il oppose a ce concept un autre neologisme : la ≪  mixophilie  ≫ [ 84 ] (≪ l'amour du melange ≫).

L’un des points fondamentaux d’opposition des doctrinaires racistes est la question de la mixite raciale. La position ≪ mixophobe ≫ se caracterise par un rejet du ≪  metissage  ≫, presente comme un facteur de degenerescence des groupes humains. Il existe toutefois un large spectre de positions mixophobes, depuis le rejet pur et simple de tout contact entre les ≪ races ≫ jusqu’a la promotion du metissage, sous reserve du respect des conditions de son efficacite [ref. necessaire] .

Mixophobie radicale

La position mixophobe radicale est le corollaire de la construction du mythe de la purete de la race qui affirme la superiorite des races pures sur les races dites metissees. L’imaginaire medical de la souillure ou de la contamination du sang en constitue l’un des motifs recurrents. Au milieu du XIX e  siecle , deux des chefs de file du racisme biologique, Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) et Robert Knox (1791-1862), contribueront largement a l’introduction de cette position en France et en Grande-Bretagne [ 85 ] . Les promoteurs du mythe de la race aryenne ? Vacher de Lapouge , Houston Stewart Chamberlain , et plus tard Adolf Hitler ? qui voient dans la ≪ race germanique ≫ la survivance a l’etat pur de la ≪ race indo-europeenne ≫ se caracterisent tous par une mixophobie radicale.

Metissage sous condition

Le rejet de la mixite peut connaitre des gradations. Nombreux sont les scientifiques qui refutent la these du ≪ choc des heredites ≫ de Vacher de Lapouge selon laquelle le metissage peut etre tenu pour un facteur d’infecondite [ 86 ] . Pour les partisans du metissage, les bienfaits de celui-ci restent toutefois conditionnes au respect de certaines regles. Comme l’affirment la majorite des raciologues, pour que le metissage soit profitable, il convient notamment que ≪ la distance entre les races ne soit pas trop grande ≫. Pour ces mixophobes moderes, comme les philosophes Gustave Le Bon , Ernest Renan , Theodule Ribot ou la grande majorite des polygenistes republicains, seul le metissage entre les races blanches ne presente aucun risque et devrait etre preconise [ 87 ] .

Pour les rares mixophiles, le metissage peut repondre a deux preoccupations :

  • ≪ l’acclimatement ≫, qui figure au centre des preoccupations des colonialistes. Les Europeens sont en effet juges inaptes a s’adapter aux climats tropicaux des colonies. Le metissage apparait comme le moyen d’acquerir, en s’unissant aux indigenes, les caracteristiques qui leur permettront de surmonter ce handicap physiologique [ 88 ] .
  • l’amelioration des races inferieures. Le ≪ sang regenerateur ≫ du Blanc peut pour certains raciologues, etre un facteur d’amelioration de la race. Un metis sera ainsi juge pour le monogeniste Armand de Quatrefages comme plus evolue qu’un Noir [ 89 ] .

Consequences politiques de la mixophobie

Transport public reserve aux Noirs, avec l'inscription NET VIR NIE-EUROPEANE (≪ Seulement pour les non-Europeens ≫), a Johannesburg (Afrique du Sud), 1910-1940.

La hantise du metissage ne s’accompagne pas necessairement d’une prescription politique : dans l’ Essai sur l'inegalite des races humaines , qui enonce la premiere philosophie de l'histoire basee sur le concept de race, le pessimisme ne fait que ruminer la decadence de la civilisation occidentale dont l’essence aurait ete alteree par la contamination du sang de la race blanche [ 90 ] . S’il voit dans la penetration des idees republicaines l’une des manifestations de cette degenerescence, il n’en tire pas de consequences politiques : le processus en cours lui semble irreversible. Cette position est toutefois restee extremement marginale et la longue liste des suiveurs de Gobineau a tire de ses postulats des conclusions nettement plus volontaristes.

La position mixophobe conduit a la defense d’une stricte separation des groupes humains constitues en races. Sur le plan de la politique exterieure, les mixophobes se caracterisent souvent par des positions anti-colonialistes , consequences de leur refus du modele assimilationniste produit par la colonisation . Gobineau, Robert Knox, Gustave Le Bon , ou Hitler marquent tous leur reprobation devant les aventures coloniales de leurs pays respectifs [ 85 ] . Le philosophe Pierre-Andre Taguieff considere que l’ ethno-differentialisme est l’actualisation sur des bases culturalistes de cette position mixophobe [ 91 ] .

Sur le plan de la politique interieure, la consequence logique de ce racisme d’exclusion est l’instauration d’un systeme segregationniste  : les lois de Nuremberg en Allemagne, les lois Jim Crow aux Etats-Unis ou l’ apartheid sud-africain en sont autant de manifestations. La defense de la purete de la race peut aussi aboutir a un racisme ≪ purificateur ≫ ou d’extermination ; c’est celui qui sera mis en œuvre par le regime nazi avec le genocide des Juifs et des Tziganes . La mixophobie est aussi, comme pour Vacher de Lapouge ou le regime nazi, l’une des positions ideologiques compatibles avec l’ eugenisme .

A l’oppose, le racisme mixophile s’incarne au XIX e  siecle dans une position colonialiste et assimilationniste dont l’objectif est la ≪ reduction universelle des differences […] a un modele unique ≫, celui de l’ imperialisme occidental [ 92 ] .

Racisme imperialiste

Suprematie de la ≪ race blanche ≫ et ideologie coloniale

Le Wilmington Messenger s'adresse aux Hommes blancs (1898)

La suprematie de la race blanche ou caucasienne est un postulat sur lequel s’accordent tres largement les scientifiques, philosophes et hommes politiques du XIX e  siecle [ref. necessaire] . Combine avec la mission civilisatrice , le supremacisme blanc est un element fondamental de l’ ideologie coloniale . Une fois operee la conquete, il constitue aussi le principe justificatif des legislations operant des distinctions de droit sur une base raciale, la forme paroxystique de cet ordre juridique inegalitaire etant la segregation raciale .

Dans le cadre de la colonisation britannique apparait l’expression ≪  suprematie blanche  ≫ . La conception racialiste nait au croisement du developpement des Etats coloniaux et des theories scientifiques contemporaines. A la fin de XIX e  siecle, le racisme est pour l’historien Nicolas Lebourg ≪ une reaction dans tous les sens du terme ≫  : c’est une impulsion a l’encontre de l’evolution du monde qui fait se cotoyer de nombreuses ethnies et une aspire a le ≪ restaurer ≫ [ 93 ] .

Les ideologies coloniales des pays se reclamant d’un fonctionnement democratique se sont trouvees confrontees au probleme de leur legitimite, au regard des principes censes regir leur ordre politique et juridique. En France tout particulierement, elle doit surmonter sous la Troisieme Republique le paradoxe de l’affirmation d’une volonte de conquete et d’assujettissement d’une part, et de principes emancipateurs et egalitaires d’autre part. Le programme colonial francais ne peut se realiser que par l’affirmation d’une inferiorite tenue pour evidente et incontestable des populations visees, laquelle justifie une mission civilisatrice dont le fardeau repose sur les seules epaules de la race blanche [ 94 ] .

Darwinisme social

Dans la deuxieme moitie du XIX e  siecle, les rapports entre science et politique evoluent considerablement. Les personnalites politiques recourent non seulement a l’autorite des scientifiques, dont le prestige va croissant, pour legitimer leurs decisions. Mais plus encore, ils sont impregnes d’une representation du monde qui voit dans le mecanisme de la nature la loi organisatrice de la destinee humaine : la vogue du paradigme evolutionniste constitue la toile de fond scientifique de l’ideologie coloniale de la fin du XIX e  siecle .

Le systeme evolutionniste d’ Herbert Spencer , traditionnellement tenu pour le precurseur du ≪  darwinisme social  ≫, marque un glissement de la theorie darwinienne du monde naturel au monde social. Postulant, avec Lamarck mais contre Darwin, l’heredite des caracteres acquis, Spencer considere que le libre jeu du marche, qui est selon lui le plus a meme d’assurer efficacement ≪ la selection des plus aptes ≫, doit etre le moteur du progres humain. Le liberalisme de Spencer, qui se traduit notamment par un refus des visees coloniales etatistes, ne prone pas d'interventions de l'Etat dans le processus civilisateur (les Etats y sont au contraire amenes a disparaitre). Etendu aux collectifs, nationaux ou ethniques, concus comme des entites homogenes, le mot d’ordre evolutionniste de Spencer connaitra cependant une large fortune dans le camp colonialiste, au travers du concept de ≪ lutte des races ≫ [ 95 ] .

Selon cette conception, la lutte que se livreraient depuis l’origine les differents groupes humains doit conduire a la domination des races les plus aptes et a la disparition inexorable des races inferieures. Apres la conquete de l'Algerie par la France , les medecins francais, constatant la baisse de la population ≪ indigene ≫, n'y verront que la confirmation d’une extinction prochaine et previsible de la race arabe, qu’ils jugent inadaptee aux nouvelles conditions de leur temps [ 96 ] . La lutte des races n’implique ainsi pas necessairement un processus violent d’extermination : les tenants du darwinisme social sont persuades que les races inferieures disparaitront silencieusement de la surface du globe, ≪ sans que l’homme blanc et civilise ait a se souiller les mains d’un sang innocent ≫ [ 97 ] .

Loisir de masse : zoos humains

Sur le continent europeen lui-meme, le succes enorme des zoos humains constitue pour Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire l’une des modalites de transmission du ≪ racisme scientifique ≫ a une large partie de la population [ 98 ] . A partir des annees 1870, ces zoos exposent dans les grandes capitales europeennes et americaines, jusque dans les annees 1930 , des hommes et des femmes issus des peuples colonises dans un environnement reconstitue, aux cotes des betes sauvages. Le Jardin d'acclimatation de Paris par exemple, lors d'expositions, a exhibe - a cote des animaux - des ressortissants d'ethnies diverses derriere des barreaux, et ceci jusqu'en 1931 [ 99 ] . Le principe en sera repris pour les Expositions universelles , les Expositions coloniales et jusqu'aux foires regionales. Ces exhibitions humaines contribuent a fixer ≪ un rapport a l’autre fonde sur son objectivation et sa domination ≫ [ 100 ] . Elles s'inserent dans le schema evolutionniste en mettant en scene la frontiere entre civilises et sauvages et s’accompagnent du deploiement d'un racisme populaire dans la grande presse [ 101 ] .

Perfectibilite des races et question de l'assimilation

Couverture illustree par Paul de Semant pour le roman d' Emile Driant (alias capitaine Danrit), La guerre au XX e  siecle. L'invasion noire , tome III. La fin de l'Islam devant Paris (1913).

Une fois les territoires conquis, la question de l’administration des populations colonisees fut a l’origine de nombreux debats. Dans quelle mesure ces peuples inferieurs pouvaient etre associes a la gestion de leurs territoires ? La France, initialement porteuse d'un modele assimilationniste qui visait a l’exportation des institutions francaises sur le territoire colonial, se tourna progressivement vers une politique d’association pendant qu’elle appliquait a travers l’ indigenat un regime d’exception aux populations conquises.

Cet ordre juridique exorbitant au droit commun trouvait sa justification dans deux principes qui peuvent etre consideres comme complementaires. D’un cote, un principe pragmatique considerait que le maintien de l’ordre colonial necessitait des regles et des sanctions plus severes contre les indigenes. Rien ne devait laisser paraitre que la pression du colonisateur se desserrat un jour. De l’autre, un principe ideologique, qui prenait racine dans une perception raciste du colonise, n’entendait pas laisser voix au chapitre a des peuples qui n’etait pas dignes, pas aptes ou pas murs pour exercer un pouvoir a l’egal des colonisateurs.

L’etude des races, a travers l’ anthropologie ou l’ ethnologie , fut largement mobilisee : elle devait permettre de determiner avec qui le pouvoir colonial pouvait s’associer, quelles etaient les races civilisables et celles qui etaient par nature retives ou incapables d’acceder a un niveau superieur de civilisation. En Algerie , ce travail aboutit a la construction de l'opposition entre Arabes et Kabyles . Considere comme plus proche biologiquement et culturellement de la ≪ race francaise ≫, le Kabyle est presente comme un allie potentiel contre l’Arabe, presente comme fier, nomade, insoumis et faineant.

La notion de ≪ race ≫ qui s’elabore dans la situation d’occupation coloniale n’est cependant pas uniforme. Des presupposes plus ou moins biologisants s’opposent dans des conceptions concurrentes de la race. Une grande partie des anthropologues conclut ainsi a l’origine biologique de l’inegale perfectibilite des races. Cependant, selon l’historienne Emmanuelle Saada, les representations de la majorite des elites coloniales empruntent peu au modele anthropologique des ≪ raciologues ≫ mais se fondent sur une conception ≪ organique ≫ des rapports entre le milieu et la culture [ 102 ] . L’impregnation du milieu et les habitudes multi-seculaires sont considerees comme les determinants de comportements sociaux largement reifies et essentialises : chaque ≪ race ≫ possede des caracteristiques psychologiques et des aptitudes qui lui sont propres. Seul un travail de longue haleine, base sur l’education de plusieurs generations successives, peut conduire les indigenes a s’arracher a leur civilisation originelle pour embrasser les principes superieurs qui gouvernent les ≪ races europeennes ≫ [ 103 ] .

Ces deux conceptions partagent toutefois le presuppose du differentialisme racial et se rejoignent dans leurs conclusions pratiques. Dans tous les cas, le retard biologique ou civilisationnel des races inferieures necessite de prolonger leur mise sous tutelle et le maintien d’un ordre juridique et politique differencie entre metropole et colonies et, sur le territoire colonial, entre colons et colonises. La mission civilisatrice imposa donc des mesures a double tranchant. Si elle fut un frein a la mise en œuvre d’une politique radicalement segregationniste, elle justifia le maintien d’une tutelle presentee comme indispensable a l’accomplissement du dessein civilisateur que s’octroyaient les colonisateurs.

Antisemitisme et nationalisme

Librairie antisemite, 45 rue Vivienne a Paris (1901)

Dans la deuxieme moitie du XIX e  siecle , la question de la hierarchisation au sein de la race blanche est sur le continent europeen au cœur de deux phenomenes appeles a jouer un role preponderant dans les deux conflits mondiaux du XX e  siecle  : l’exacerbation des rivalites nationales et la montee de l’ antisemitisme .

Distinction entre l'Aryen et le Semite

Caricature antisemite par Raphael Viau (1900)

La distinction operee au sein de la ≪ race blanche ≫ entre Aryens et Semites constitue l’un des vecteurs de la biologisation de l’ antisemitisme . En France, Vacher de Lapouge est parmi les premiers a pretendre donner une caution scientifique a la doctrine aryaniste, en s’appuyant ≪ sur des bases anthropometriques , et plus particulierement craniometriques  ≫ ( morphometrie ) [ 104 ] .

Si la methode de Lapouge est rapidement discutee, la distinction entre Aryens et Semites est d’usage courant au sein des milieux politiques ou savants europeens. Le philosophe Ernest Renan distingue ainsi les Indo-europeens des Semites ; les seconds, novateurs quand ils ont introduit le monotheisme , doivent selon lui s’effacer devant les premiers qui sont desormais appeles a gouverner le genre humain [ 105 ] .

En Allemagne , particulierement a l' Universite de Gottingen , autour de Karl Otfried Muller (1797-1840), se met en place la doctrine du miracle grec  : les Grecs atheniens auraient ete les plus purs de la race aryenne , ce qui permettait d'evacuer les hypotheses semites, mesopotamiennes ou egyptiennes des origines dudit miracle grec.

Mythe aryen nationalise

Comme le note l’historien George L. Mosse , le racisme est a l’origine d’un systeme symbolique de mythes et de symboles qui, s’emparant de la question des origines, des difficultes et des triomphes de la race, dessine une trajectoire qui tend a se confondre avec le recit national en construction [ 106 ] . Le stereotype national physique, qui s’elabore au XIX e  siecle prend, en Allemagne par exemple, une apparence raciale (l’Allemand blond …).

L’usage du mythe aryen , rapidement recupere en Allemagne par le nationalisme de droite, illustre bien les effets de cette concurrence nationale. Si pour le Francais Vacher de Lapouge la race aryenne a une signification strictement zoologique, elle prend avec Houston Stewart Chamberlain un tournant nationaliste [ 107 ] . La ≪ race germanique ≫ devient, sous la plume de cet essayiste d’origine britannique evoluant dans les milieux wagneriens , la plus pure des branches de la race aryenne. Outre des Juifs , la doctrine aryaniste permet aux Allemands de se distinguer des Latins et en particulier des Francais , consideres comme inferieurs car metisses.

Pour faire face a ce glissement de l’usage de l’aryanisme, defavorable a la nation francaise, Ernest Renan refuse, comme nombre de ses compatriotes, notamment republicains, le concept de ≪ race pure ≫ et defend la these du metissage historique des peuples europeens [ 108 ] . Le refus de l’aryanisme se presente comme le refus du jeu de l’exacerbation des rivalites nationales. Le sentiment anti-allemand influencera neanmoins en France les etudes de psychologie des peuples et de leurs caracteres nationaux. S’il place la race aryenne au sommet de la hierarchie des races, Hippolyte Taine distingue en son sein les ≪ races germaniques ≫ des races latine et hellenique . Les premieres, ≪ inclinees vers l’ivrognerie et la grosse nourriture ≫ par la frequentation des forets humides et froides, s’opposent aux secondes dont l’environnement favorable a permis le developpement d’une culture raffinee [ 109 ] .

Anglo-saxonisme contre l’immigration

Caricature montrant le rejet des immigres par d'anciens immigres aux Etats-Unis qui y ont reussi, par J. F. Keppler , parue dans Puck , 11 janvier 1893.

Les enjeux different considerablement outre-Atlantique ou la problematique raciale est essentiellement concentree sur la distinction entre Blancs et Noirs. Toutefois, en reaction a l’ immigration irlandaise massive des annees 1840 due a la ≪  crise de la pomme de terre  ≫, et dans le contexte de la guerre avec le Mexique , est forge aux Etats-Unis le concept d’≪ anglo-saxonisme ≫ [ 110 ] , egalement nomme par l'acronyme WASP (White Anglo-Saxon protestant) .

Il connaitra une grande fortune lorsqu’a la fin du XIX e  siecle une campagne visant a restreindre l’immigration en provenance du sud et de l’ est de l’Europe, menee notamment par Madison Grant , cherchera a vanter la superiorite de la ≪  race nordique  ≫ sur les autres ≪ races blanches ≫.

Politique

Racisme d’Etat

Panneau bilingue ( anglais / afrikaans ) formalisant la segregation raciale au profit de la population blanche dans le cadre de la politique d' apartheid , en Afrique du Sud .

Le racisme d'Etat est historiquement une segregation raciste institutionnalisee et, a l'ere moderne, une discrimination systemique qui implique l'Etat.

L’historien americain George M. Fredrickson recense trois regimes politiques ≪ ouvertement racistes ≫ au XX e  siecle  : le sud des Etats-Unis sous les lois Jim Crow (1865-1963), l’ Afrique du Sud sous l’ apartheid (1948-1991), l’ Allemagne nazie (1933-1945) [ 111 ] . Ces regimes presentent la caracteristique commune d’afficher une ideologie officielle explicitement raciste et d’avoir institutionnalise dans la loi une hierarchie presentee comme naturelle et indepassable entre le groupe dominant et le groupe domine. L’une des mesures les plus significatives de cet arsenal juridique segregationniste est la prohibition des mariages interraciaux ; elle transcrit dans l’ordre juridique l’ideologie mixophobe de la ≪ purete de la race ≫ . Sur le plan economique, la restriction des opportunites du groupe segregue le maintient dans un etat de pauvrete qui alimente le discours sur sa pretendue inferiorite.

Apres l'abolition de la segregation raciale aux Etats-Unis , en 1967, les militants Stokely Carmichael et Charles V. Hamilton   (en) publient le livre Le Pouvoir Noir: pour une politique de liberation aux Etats-Unis   (en) ou ils conceptualisent, sous les appellations de ≪ racisme institutionnel ≫ et ≪ racisme systemique ≫ , l'idee d'un racisme voile qui continuerait a structurer l'ordre social. Carmichael et Hamilton y ecrivent que le racisme individuel est souvent identifiable, mais que le racisme institutionnel est moins perceptible en raison de sa nature ≪ moins ouverte, beaucoup plus subtile ≫ [ 112 ] .

Racisme actuel

Au debut du XXI e  siecle, le terme de ≪ race ≫ reste toujours d'usage courant dans certains milieux et le racisme se manifeste toujours sur les cinq continents sous des formes plus ou moins directes.

Racisme individuel

Le racisme a l'echelle des relations individuelles se traduit par des paroles ou des actes racistes envers d'autres individus. Le racisme individuel est etroitement lie d'une part a la xenophobie , la haine , le bellicisme , l' ethnisme , l' intolerance et l' ideologie de superiorite culturelle ou personnelle, d'autre part au declassement social et au ressentiment. Generalement le racisme, comme position directrice, est deduit (de signes exterieurs) ; il peut aussi etre induit (de comportements). Il est affirmation d'une logique identitaire ou reaction a une logique identitaire. C'est le passage de l'induction a la deduction qui est fondateur pour la politisation du racisme [ref. necessaire] .

Racisme politique

Defile du Ku Klux Klan en 1928 a Washington (Etats-Unis).

En raison de la connotation tres negative du mot en Occident, peu de partis politiques se revendiquent ouvertement comme racistes. De nombreux partis d' extreme droite ont cependant ete accuses de vehiculer des discours de ce type a travers des positions xenophobes . L'apologie du racisme etant condamnee, ils peuvent promouvoir des doctrines derivees comme l' ethno-differencialisme ou le racialisme .

Au Zimbabwe, le parti ZANU du president Robert Mugabe a mis en place une politique visant a exproprier les fermiers blancs , invoquant une redistribution corrigeant l'injustice passee ou ceux-ci recevaient preferentiellement les terres [ 113 ] , [ 114 ] , [ 115 ] .

Dans les pays occidentaux, des mouvements supremacistes noirs pronent la superiorite de la race noire. Ce fut notamment le cas du New Black Panthers Party [ 116 ] , [ 117 ] , un temps represente par Khalid Abdul Muhammad . En France, la Tribu Ka de Kemi Seba , qui pronait la superiorite de la race noire et la separation des races, a ete dissous pour provocation a la haine raciale [ 118 ] .

≪ Neo-racisme ≫

Dans la periode post-coloniale, est apparu ce que les auteurs appellent le neo-racisme, un ≪ racisme sans races ≫, differentialiste et culturel, qui se focalise sur les differences culturelles et non sur l’ heredite biologique comme le racisme classique. Dans ce neo-racisme, la categorie ≪  immigration  ≫ est devenue un substitut contemporain a la notion de ≪ race ≫. Le racisme differentialiste consiste a dire que puisqu'il ne peut y avoir hierarchie des races ni des cultures, celles-ci ne doivent cependant pas se melanger mais rester separees et cloisonnees [ 119 ] , [ 120 ] .

Panneau dans un jardin americain (2017)

Lutte contre le racisme

Refutation du concept de race

Le geneticien suedois Svante Paabo , qui a decouvert que quelque 4 % du genome des Europeens actuels est herite de l' homme de Neanderthal , considere que la lutte antiraciste ne releve pas du champ scientifique [ 121 ] . La publication de la ≪ declaration sur la race ≫ en 1950 par l' UNESCO encouragera nombre de biologistes a rappeler regulierement l'absence de validite scientifique de la notion de ≪ races humaines ≫. On peut citer notamment Albert Jacquard , auteur de L'Equation du nenuphar en 1998 [ 122 ] .

Carte postale raciste sur le peril jaune representant un Chinois , par Fred C. Lounsbury. Le texte dit : ≪ C'est un Peril jaune chintoc d'une polyvalence surprenante. Et il s'est fraye un chemin dans notre pays avec une facilite etonnante ; il lavera un tee-shirt pour le Melican Gentility et s'assiera avec des filles a l'ecole du dimanche dans une humilite studieuse. Ah Sin est le nom d'un paien ≫, 1907

La revue Science a publie en fevrier 2008 l'etude genomique la plus complete effectuee a cette date. Les chercheurs ont compare des fragments d' ADN de 650 000 nucleotides chez 938 individus appartenant a 51 ethnies. La conclusion de ces travaux est qu'il existe sept groupes biologiques parmi les hommes : les Africains subsahariens , les Europeens , les habitants du Moyen-Orient , les Asiatiques de l'Est , les Asiatiques de l'Ouest , les Oceaniens et les Indiens d'Amerique . Howard Cann, chercheur de la Fondation Jean-Dausset , cosignataire, precise :

≪ Tous les hommes descendent d'une meme population d'Afrique noire, qui s'est scindee en sept branches au fur et a mesure du depart de petits groupes dits fondateurs. Leurs descendants se sont retrouves isoles par des barrieres geographiques (montagnes, oceans…), favorisant ainsi une legere divergence genetique  ≫.

En approfondissant encore leur etude, les geneticiens ont pu determiner des sous-groupes : huit en Europe et quatre au Moyen-Orient, mais avec moins de certitude [ 123 ] .

Selon une etude de l'expert Chao Tian, en 2009, ayant calcule les distances genetiques (Fst) entre plusieurs populations en se basant sur l’ ADN autosomal , les Europeens du Sud tels que les Grecs et Italiens du Sud apparaissent soit a peu pres autant distants des Arabes du Levant ( Druzes , Palestiniens ) que des Scandinaves et Russes , soit plus proches des premiers. Un Italien du Sud est ainsi genetiquement deux fois et demie plus proche d'un Palestinien que d'un Finlandais [ 124 ] , [ 125 ] , [ 126 ] mais une telle distance avec les Finlandais n'est pas representative des distances entre les Europeens, elle s'explique parce que les Finlandais sont melanges avec des Asiatiques siberiens , d'affinite proche des Sami , les Finlandais sont donc un peuple genetiquement assez isole des autres europeens (y compris des Scandinaves et des Russes), ce qui les eloigne du reste des Europeens sur le plan des distances genetiques [ 127 ] . De meme, les Italiens du Sud constituent un groupe plus distant [ 128 ] . Plus globalement, les principaux peuples europeens montrent une grande proximite genetique entre eux, qui les differencie nettement des populations extra-europeennes [ 129 ] .

En outre, la portion du genome humain relative a la couleur de la peau humaine , en l'occurrence le gene codant la production de la melanine , ne represente qu'une infime partie de l'ensemble de ce genome (trois genes communs aux vertebres sur les 36 000 genes du genome [precision necessaire] ). Cf. a ce sujet, l'article Couleur de la peau .

Legislation

Les pratiques racistes constituent une violation des droits de l'homme et sont reprimees par de nombreux pays (parfois sous l'appellation de hate speech , ou ≪ discours de haine ≫: voir Legislation internationale sur le discours de haine ).

Pour la plupart des pays occidentaux, la discrimination et le racisme sont beaucoup plus que des delits, punis penalement  ; ils representent egalement une atteinte aux valeurs qui fondent la democratie. Celle-ci reconnait l'egale dignite de chaque citoyen a participer a la chose publique, a poursuivre son bonheur et son epanouissement independamment de sa naissance.

En France, par exemple, le legislateur n'a cesse au fil du temps, et particulierement apres la Seconde Guerre mondiale , de completer le dispositif legislatif afin de reprimer plus efficacement toutes les formes de racisme. Des 1881, la loi sur la liberte de la presse punit la diffamation raciste ≪ d'un emprisonnement de un mois a un an et d'une amende de 1 000  F a 1 000 000 de francs  ≫ [ 130 ] .

Il a pour cela cree ou modifie en 1990 ( loi Gayssot [ 131 ] ) un certain nombre d'incriminations d'une part dans le code penal, d'autre part dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberte de la presse et dans la loi relative a la communication audiovisuelle. La loi de 1881 avait deja ete modifiee par la loi du relative a la lutte contre le racisme [ 132 ] , qui punit entre autres l' injure raciste , la discrimination raciale effectuee par un agent depositaire de l'autorite publique.

La loi de 1972 introduit en outre a l'art. 24 de la loi de 1881 la disposition suivante :

≪ Ceux qui, par l'un des moyens enonces a l'article 23, auront provoque a la discrimination, a la haine ou a la violence l'egard d'une personne ou d'un groupe de personnes a raison de leur origine ou de leur appartenance a une ethnie, une nation, une race ou une religion determinee, seront punis d'un emprisonnement d'un mois a un an et d'une amende de 2 000  F a 300 000  F ou de l'une de ces deux peines seulement [ 132 ] . ≫

La peine prevue est aujourd'hui ≪ d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euro d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement ≫ [ 133 ] , [ 134 ]

Sur le plan international, c'est en premier lieu a l'Unesco qu'il incombe de promouvoir la lutte contre le racisme, comme le declare ouvertement la charte constitutive de l'institution de 1945. En pratique, la visibilite de l'action de cette organisation onusienne dans ce domaine est aujourd'hui tres reduite quand on la compare a la protection du patrimoine mondial [ 135 ] .

Sondages

D'apres un sondage mene sur 1 011 personnes entre les 17 et par l' institut CSA , un tiers des Francais se declarait raciste, sans toutefois preciser dans quelle acception de ce terme [ 136 ] . Toujours selon la meme enquete, 63 % de la population pensait que ≪ certains comportements peuvent justifier des reactions racistes ≫. Un sondage similaire realise au Quebec du au par l'institut Leger Marketing [ 137 ] , pretendait donner comme analyse que 59 % des Quebecois etaient faiblement, moyennement ou fortement racistes. Comme le precedent, ce sondage realise dans le contexte d'un debat parfois tendu sur la question des accommodements raisonnables a declenche une polemique dans la province, en particulier sur la meme absence de definition claire au concept de ≪ racisme ≫. La question posee etait ≪ Vous, personnellement, a quel point vous considerez-vous raciste ? ≫ [ 138 ] .

Les etudes scientifiques sur le racisme ne sont jamais menees de maniere aussi directe, mais par l'utilisation de differentes questions servant a definir des indicateurs de racisme [ 138 ] .

Bibliographie

Ouvrages generaux analysant le racisme

En France

  • Michel Wieviorka (dir.), La France raciste , Seuil, Paris, 1992
  • Benjamin Stora , Le Transfert d'une memoire - De l'≪ Algerie francaise ≫ au racisme anti-arabe , La Decouverte, 1999
  • Veronique De Rudder, Christian Poiret, Francois Vourc'h, L'Inegalite raciste. L'universalite republicaine a l'œuvre , PUF, 2000
  • Didier Fassin et Eric Fassin (dir.), De la question sociale a la question raciale. Representer la societe francaise , La Decouverte, Paris, 2006
  • Olivier Le Cour Grandmaison , La Republique imperiale - Politique et racisme d’Etat , Fayard, 2009
  • Jean-Luc Yacine, Aux sources du racisme antimaghrebin, un impense post-colonial : de Moreau de Tours a Albert Camus , Edition L’Harmattan, , 78  p. ( ISBN   978-2-14-035098-6 )

Sur le racisme ≪ scientifique ≫

  • George Montandon , La race, les races. Mise au point d'ethnologie somatique , Paris, Payot, 1933
  • Stephen Jay Gould , La Mal-mesure de l'homme : l'intelligence sous la toise des savants , ( The Mismeasure of Man ), 1981 ( ISBN   978-0-393-31425-0 )
  • Elazar Barkan, The retreat of scientific racism : changing concepts of race in Britain and the United States between the world wars , Cambridge university press , Cambridge, 1992
  • Carole Reynaud-Paligot , La Republique raciale. Paradigme racial et ideologie republicaine (1860-1930) , Presses universitaires de France, Paris, 2006

Articles

Temoignages

Ouvrages ayant influence les doctrines racistes

Notes et references

  1. La genetique et la biologie humaine constatent l'existence, d'un cote, de differents haplogroupes dans l' ADN des etres humains, et d'un autre cote de groupes de differents phenotypes et couleurs de peau, des yeux ou des cheveux , mais ces groupes ne se recoupent pas (c'est l'une des raisons pour lesquelles on ne peut pas parler de ≪  races  ≫) et les differences de phenotype ne sont pas tranchees d'un groupe a l'autre, mais presentent de nombreuses nuances intermediaires (cf.: Georges Peters, Racismes et races : histoire, science, pseudo-science et politique , Editions d'en bas, Paris 1986 sur [1] consulte le 22 novembre 2010) : les Grecs anciens , contrairement a une idee repandue, n'utilisaient pas de concept de ce type (c'est donc par abus que l'on peut lire en francais race hellenique pour ?λληνικ? ?θνο?  / hellenik? ethnos ) mais designaient les groupes humains par les termes de γ?νο? / genos signifiant ≪ famille, clan, tribu ≫, de λ?ο? / laos signifiant ≪ peuple assemble, foule ≫, de δ?μο? / demos signifiant ≪ peuple du lieu, citoyens ≫ et de ?θνο? / ethnos signifiant ≪ gens de meme origine ≫ (cf.: Gilles Ferreol (dir.), Dictionnaire de sociologie , Armand Colin, Paris 2010, ( ISBN   9782200244293 ) ).
  2. a et b Dans l'article ≪ Racisme ≫ de l' Encyclopaedia Universalis , l'ecrivain Albert Memmi souligne que ≪ Pour affirmer les superiorites raciales, il faut supposer l'existence de races humaines ; le raciste sous-entend ou pose clairement qu'il existe des races pures, que celles-ci sont superieures aux autres, enfin que cette superiorite autorise une hegemonie politique et historique. Or ces trois points soulevent des objections considerables. D'abord, la quasi-totalite des groupes humains actuels sont le produit de metissages, de sorte qu'il est pratiquement impossible de caracteriser des ≪ races pures ≫. Il est deja tres difficile de classer les groupes humains selon des criteres biologiques toujours imprecis. Enfin, la constante evolution de l'espece humaine et le caractere toujours provisoire des groupes humains rendent illusoire toute definition de la race fondee sur des donnees ethniques stables. Bref, l'application du concept de purete biologique aux groupes humains est inadequate. Ce concept est un terme d'elevage, ou la race, pretendument pure, est d'ailleurs obtenue par des metissages controles. Quand on l'applique a l'homme, on confond souvent groupe biologique et groupe linguistique ou national ; ainsi en est-il de la notion d'homme aryen , dont se sont servis Gobineau et ses disciples nazis . Il n'est pas impossible enfin que cette notion contienne implicitement la reference a un phantasme de la purete. ≫ , extrait ≪  Presupposes du racisme , sur universalis.fr
  3. Gilles Ferreol (dir.), Dictionnaire de sociologie , Armand Colin, Paris 2010, ( ISBN   9782200244293 )
  4. Pierre-Andre Taguieff , La Force du prejuge , Gallimard, Paris 1990.
  5. M. Desmond et M. Emirbayer, article What is racial domination ? in : Du Bois Review: Social Science Research on Race 6(2), p.   335-355 , 2009.
  6. Informations lexicographiques et etymologiques de ≪ racisme ≫ dans le Tresor de la langue francaise informatise , sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  7. Informations lexicographiques et etymologiques de ≪ raciste ≫ dans le Tresor de la langue francaise informatise , sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  8. Jeannine Verdes-Leroux, Scandale financier et antisemitisme catholique : le krach de l'Union generale , Editions de Centurion, 1969, 256 pages, p.  111.
  9. Gregoire Kauffmann, ≪ Qu'est-ce qui fait courir Drumont ? ≫, L'Histoire , n o  326, decembre 2007, p.  65.
  10. Hanania Alain Amar, Thierry Feral, Le Racisme, tenebres des consciences : essai , Paris, L'Harmattan, 2004, 209 pages, ≪ Avertissement ≫ de Thierry Feral, p.  10 ( ISBN   978-2-7475-7521-8 ) .
  11. Jacques Vier, Missions et demarches de la critique , C. Klincksieck, 850 pages, p.  568 ( ISBN   978-2-252-01590-2 ) .
  12. Georges-Elia Sarfati, Discours ordinaires et identites juives , Berg, 1999, 287 pages, p.  192 ( ISBN   978-2-911289-18-7 ) .
  13. Edmond Rostand, Mots , Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980, p.  75.
  14. Leon Trotski , Histoire de la revolution russe , t.  1 fevrier ( lire en ligne ) , Chapitre 1 ≪ Particularites du developpement de la Russie ≫
  15. Leon Trotski, Qu'est-ce que le national-socialisme ? , ( lire en ligne )
  16. Albert Dauzat , Nouveau dictionnaire etymologique , Paris, Larousse, 1962.
  17. Pierre Tevanian parle de racisme comme concept ( La Mecanique raciste , Dilecta, Paris, 2008), Pierre-Andre Taguieff de racisme-ideologie ( La Force du prejuge , Gallimard, Paris, 1990).
  18. Pierre Tevanian parle du racisme comme percept, Taguieff du racisme-prejuge, Colette Guillaumin de ≪ systeme perceptif raciste ≫.
  19. Taguieff parle de racisme-discrimination.
  20. Pierre-Jean Simon, Pour une sociologie des relations interethniques et des minorites , Rennes, PU Rennes, , 347  p. ( ISBN   2-7535-0248-X , presentation en ligne ) .
  21. Y a-t-il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ? , hominides.com.
  22. Alberto Piazza, ≪  Un concept sans fondement biologique  ≫, Aux origines de la diversite humaine - la science et la notion de race , 30/09/1997, La Recherche n o  302, p.  64.
  23. (en) R. C. Lewontin, ≪  The Apportionment of Human Diversity  ≫, Evolutionary Biology , vol.  6,‎ , p.  381?398 ( ISBN   978-1-4684-9065-7 , DOI   10.1007/978-1-4684-9063-3_14 )
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  26. (en) Tony Fitzpatrick, ≪  Evolutionary biologist: race in humans a social, not biological, concept  ≫, sur Washington University in St. Louis , (consulte le ) .
  27. Pierre-Andre Taguieff , ≪  Le racisme  ≫, cahier du CEVIPOFF , n o  20,‎ ( lire en ligne [pdf.])
  28. Klemperer, Victor, 1881-1960 Brady, Martin, 1962- translator , Language of the Third Reich : LTI : Lingua Tertii Imperii , Bloomsbury Academic, ( ISBN   978-1-4725-0721-1 , 1-4725-0721-5 et 2-01-302024-4 , OCLC   900354312 , lire en ligne )
  29. Colette Guillaumin, ≪ Race ≫, Pluriel-recherches : Vocabulaire historique et critique des relations inter-ethniques , Cahier n o  2, p.  67.
  30. Zygmunt Bauman , Modernite et Holocauste , La Fabrique, Paris, 2002, p.  110.
  31. Pour une evocation litteraire de cette invisibilite voir par exemple Ralph Ellison , Homme invisible, pour qui chantes-tu ? , 1952.
  32. Colette Guillaumin, L’Ideologie raciste. Genese et langage actuel , Gallimard, 2002, p.  275.
  33. a et b Christian Delacampagne 1983 , p.  11-12.
  34. David Hamelin et Sebastien Jahan, ≪  La fabrique europeenne de la race (17e-20e siecles)  ≫ (consulte le )
  35. ≪ Francois Bernier and the Origins of the Modern Concept of Race ≫ , dans The Color of Liberty , Duke University Press, ( lire en ligne ) , p.  11?27
  36. Celebre definition de Carl Schmitt . Voir aussi : Archeologie de la violence. La guerre dans les societes primitives (1977) de Pierre Clastres , et pour l'histoire une etude ancienne, mais solide de la Bibliotheque de synthese historique, sur l'origine clanique des Etats : A. Moret, G. Davy, Des Clans aux empires. L'organisation sociale chez les primitifs et dans l'Orient ancien , Paris, 1922, collection l'Evolution de l'Humanite, Flammarion.
  37. Ou droit de la guerre
  38. Voyez les definitions classiques : ≪ Parent : qui est de la meme famille. (...) Parente : consanguinite (...) Race : collectif. Lignee de tous ceux qui viennent de la meme famille (...) ≫, in Dictionnaire de l'Academie francaise , 4 e  edition 1768. Voyez aussi de Claude Levi-Strauss , l'introduction des Structures elementaires de la parente , et ses considerations sur le metissage dans Race et culture (1971).
  39. ≪ Chacune de ces communautes s'identifie politiquement a un lignage, bien que la plupart de ses membres n'appartiennent pas a ce lignage, et tous les lignages sont des branches d'un seul et unique clan. Chacune des divisions territoriales d'une tribu se trouve ainsi coordonnee avec une branche correspondante de ce clan dominant, de sorte que les relations entre les diverses parties d'une tribu, qu'elles soient separees ou qu'elles soient unies, sont conceptualisees et exprimees au sein d'un systeme de valeur base sur la filiation ≫. Evans Pritchard , Anthropologie sociale , 1969, Payot, Paris, "Les Etudes anthropologiques modernes", p.   130-136 .
  40. L'assistance, le conseil, l'aliment, sont des dettes privees, interieures au groupe de solidarite: la famille ou a la cite. L'idee d'assistance publique, c'est-a-dire offerte aussi bien aux parents ou aux familiers qu'aux etrangers, est impensable avant le christianisme et ses Œuvres de misericorde . Le premier hopital public est mentionne sous le Bas Empire a Marseille.
  41. En particulier tout l'expose sur la genealogie des peuples des Gaules chez Henri Hubert , Marcel Mauss , Les Celtes et l'expansion celtique jusqu'a l'epoque de la Tene , Paris, 1932, Albin Michel, p.  139 a 311. Les Germains cessent d'etre consideres comme parents lorsqu'ils cessent d'etre militairement allies.
  42. Voir Jacques Heers , Le Clan familial au Moyen Age , Paris, 1993, PUF, Quadriges. Voir aussi l'organisation politique des peuples claniques comme la republique de Genes ou les clans ecossais .
  43. L'≪ impurete des frontieres exterieures ≫, selon la formule de Mary Douglas , est territoriale, mais avant tout celle qui interdit les alliances matrimoniales etrangeres comme dans le regime des castes. De la souillure , chapitre 7, "Les frontieres exterieures", Paris, 1971, Payot, p.   138-141 . Louis Moulinier, Le Pur et l'impur dans la pensee des Grecs, d' Homere a Aristote , Paris, 1952, Etudes et commentaires
  44. C'est ce que remarque Max Weber dans La Ville , a propos des regles d'impurete interdisant aux anciens Juifs de frequenter les gentils, et evidemment de se marier avec eux. On trouve des regles equivalentes chez les Arabes, ainsi que chez les Genois , les Auvergnats ou les Irlandais formant des colonies migrantes. Sur ces derniers, cf. Evans Pritchard , Anthropologie sociale , 1969, Payot, Paris, "Les Etudes anthropologiques modernes", p.   130-136
  45. Sur l'echange des epouses entre les deux moities d'un groupe consanguin, voir l'etude ancienne, mais toujours classique de Claude Levi-Strauss , Les Regles elementaires de la parente
  46. On mentionnera aussi les Celtes avec le ver sacrum au cours duquel une partie importante d'un peuple se mettait en marche pour chercher un nouveau lieu d'installation ou ils fondaient une nouvelle cite.
  47. Le rapt, c'est-a-dire l'alliance forcee qui est refusee, se retrouve a l'origine de nombreuses guerres, ainsi que l'evoque l' Iliade concernant les causes de la guerre de Troie .
  48. L'histoire des familles royales est l'histoire des relations diplomatiques entre leurs peuples. Nombreux sont les exemples, comme l'alliance d'Israel et de l'Egypte a l'epoque de la XXI e dynastie, avec celle de Salomon , fils du roi David et la fille de Simamon, roi de Tanis , puis son union legendaire avec la reine de Saba , et plus pres de nous la soumission et la sedentarisation du peuple Viking avec la conversion et l'alliance de leur chef, Rollon avec la princesse Gisele, fille du roi Charles le Simple en 912. Cette alliance ou cet apparentement originel qui permet a deux peuples de se dire amis, peut etre une reconstruction mythique comme celle qu'on trouve entre les Grecs et Rome ou plusieurs gentes qui se donnaient une origine troyenne , ou celle entre les Bretons et les Romains avec l'arrivee legendaire des Albins pour peupler Albion au commencement de certaines versions du Roman du roi Arthur .
  49. Genese 10. De nombreux Atlas se sont plu a cartographier les aires de dispersion des tribus issues des fils de Noe.
  50. Gn 9. 27 ) : ≪ Que Dieu etende le territoire de Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave ! ≫
  51. Selon cette interpretation Japhet est considere comme l'ancetre des Europeens  : cf.: Eric Foner & Randall Kennedy, (en) Brown at 50 .
  52. Destruction et consequences rapportees par l'historien Flavius Josephe
  53. Benjamin Isaac, The Invention of Racism in Classical Antiquity , ed. Princeton University Press, 2004 ; cite par Maurice Sartre, Les Grecs et les Romains etaient-ils racistes ? , in revue L'Histoire , n o  291, octobre 2004, extrait en ligne
  54. a et b Maurice Sartre, Les Grecs et les Romains etaient-ils racistes ? , in revue L'Histoire , n o  291, octobre 2004
  55. Christian Delacampagne, Une histoire du racisme , Paris : Librairie generale francaise, 2000, p.  28. Voir aussi une version abregee de sa these L’Invention du racisme : Antiquite et Moyen Age , Paris : Fayard, 1983.
  56. Gavin I. Langmuir, History, Religion and Antisemitism , University of California Press , 1993.
  57. Delacampagne, Une histoire du racisme , p.  80.
  58. Christian Delacampagne, Une histoire du racisme /, p.  88.
  59. Delacampagne, ≪ Une fausse enigme : les cagots ≫, dans Une histoire du racisme , p.  92-106
  60. Revue de L'Esclavage en terre d'islam : un tabou bien garde , par Malek Chebel
  61. Bernard Lewis , Race et couleur en terre d’Islam , Paris : Payot, 1982. On se reportera aussi a David Brian Davis (specialiste americain de l'etude sur l'esclavage), Slavery and human progress , chap.  4.
  62. Simone Bakchine Dumont, ≪  Le theme chamatique dans les sources rabbiniques du Proche-Orient, du debut de l'ere chretienne au XIII e  siecle  ≫, Ethiopiques ? Revue trimestrielle de culture negro-africaine , Dakar , vol.  III, n os  40-41 ≪ 1-2 ≫,‎ 1er trimestre 1985 ( lire en ligne , consulte le )
  63. Ancien Testament , ( Genese 9:20-27).
  64. a et b Serge Bile, Quand les noirs avaient des esclaves blancs , Pascal Galode editeurs, Saint-Malo, 2008 ( ISBN   978-2-35593-005-8 ) , p.  43
  65. Catherine Coquery Vidrovitch, ≪ Le postulat de la superiorite blanche ≫ dans Marc Ferro, Le Livre noir du colonialisme , p.  867
  66. Serge Bile, Quand les noirs avaient des esclaves blancs , Pascal Galode editeurs, Saint-Malo, 2008 ( ISBN   978-2-35593-005-8 ) , p.  30
  67. Jacques Heers , Les Negriers en terre d'islam , Perrin, coll. ≪ Pour l'histoire ≫, Paris, 2003 ( ISBN   978-2-262-01850-4 ) , p.  117
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  69. Francois-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud , Paris, Seuil, 2006 ( ISBN   978-2-02-048003-1 ) , p.  59
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  71. Pierre-Henri Boulle, Race et esclavage… , p.  73-80.
  72. Colette Guillaumin, L'Ideologie raciste , Paris : Gallimard, 2002. 1 re  edition, Mouton and Co, 1972.
  73. Colette Guillaumin, L'Ideologie raciste , p.  25 et s.
  74. Pierre-Henri Boulle, Race et esclavage… , p.  79-80.
  75. Colette Guillaumin, L'ideologie raciste , p.  24.
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  83. Vincent Cespedes , Melangeons-nous. Enquete sur l'alchimie humaine (Maren Sell, 2006) : ≪ Malgre des discours irrationnels, revisionnistes et malintentionnes qui devraient en dissuader plus d’un-e, la mixophobie demeure encore le fleau universel, instigateur de haines identitaires, propagateur de guerres larvees, declencheur de boucheries sans nom. ≫ ( p.  267) ; ≪ Si je suis mixophobe , si je fuis le melange, la difference de l’Autre empeche toute rencontre ou bien fait inevitablement tourner celle-ci en lutte de pouvoir. ≫ ( p.  270)
  84. Vincent Cespedes , Ibid. , ≪ La mixophilie, l’amour du melange, consiste d’abord a chercher la rencontre avec l’Autre, et non a apprendre la culture de l’Autre ? que celui-ci peut d’ailleurs fort mal representer. ≫ ( p.  269).
  85. a et b Georges Fredrickson, Racisme, une histoire , p.  120.
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  90. Delacampagne, Une histoire du racisme , p.  159 et s.
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  93. Nicolas Lebourg , ≪  Aux sources du supremacisme: hair son prochain comme on s’aime soi-meme  ≫, sur mediapart.fr , (consulte le )
  94. Rudyard Kipling , Le Fardeau de l'homme blanc , 1899. Sur les implications politiques de la mission civilisatrice en France, voir Dino Costantini, Mission civilisatrice. Le role de l’histoire coloniale dans la construction de l’identite politique francaise , La Decouverte, Paris, 2008.
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  102. Emmanuelle Saada, ≪ Un racisme de l’expansion. Les discriminations raciales au regard des situations coloniales ≫, dans Didier Fassin et Eric Fassin (dir.), De la question sociale a la question raciale. Representer la societe francaise , La Decouverte, Paris, 2006, p.  55-71.
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  119. Etienne Balibar , Race, nation, classe: les identites ambigues , 1988, ed. La Decouverte, 1988
  120. Pierre-Andre Taguieff , Le Racisme , 1998, Cahier du CEVIPOF n o  20
  121. ≪ votre objectif est-il aussi de lutter contre le racisme? - […] je ne pretends pas combattre le racisme car il ne s’agit pour moi pas d’une question scientifique, mais plutot d’un positionnement ethique et politique. ≫

    ≪Je cherche a identifier ce qui rend les hommes modernes uniques≫ , sur letemps.ch ,
  122. Albert Jacquard, L'Equation du nenuphar , Paris, Editions Calmann-Levy, 1998.
  123. (en) Jun Z. Li , Devin M. Absher , Hua Tang et Audrey M. Southwick , ≪  Worldwide human relationships inferred from genome-wide patterns of variation  ≫, Science (New York, N.Y.) , vol.  319, n o  5866,‎ , p.  1100?1104 ( ISSN   1095-9203 , PMID   18292342 , DOI   10.1126/science.1153717 , lire en ligne , consulte le )
  124. C.Tian et .al 2009, European Population Genetic Substructure: Further Definition of Ancestry Informative Markers for Distinguishing among Diverse European Ethnic Groups
  125. Nelis et al. 2009, Genetic Structure of Europeans: A View from the North?East
  126. Distances genetiques (Fst) autosomales calculees par Chao Tian et al. 2009  :
    • Grec-Druze : 0.0052, Grec-Bedouin : 0.0064, Grec-Palestinien : 0.0057, Grec-Russe : 0.0108, Grec-Suedois : 0.0084,
    • Italiens du Sud-Druze : 0.0057, Italien du Sud-Bedouin : 0.0079, Italien du Sud-Palestinien : 0.0064, Italien du Sud-Russe : 0.0088, Italien du Sud-Suedois : 0.0064
    Autres distances genetiques (Fst) autosomales calculees par Nelis et al. 2009  :
    • Italiens du Sud - Lettoniens : 0.0150, Italiens du Sud - Finlandais (Helsinki) : 0.0160
    • Espagnols - Lettoniens : 0.0100, Espagnols - Finlandais (Helsinki) : 0.0110
    • Europeens ? Chinois 0.1100, Europeens ? Africains (Yoruba) 0.1530
  127. (en) ≪  A genome-wide analysis of population structure in the Finnish Saami with implications for genetic association studies  ≫, Nature ,‎ ( lire en ligne )
  128. (en) Mari Nelis , Tonu Esko , Reedik Magi et Fritz Zimprich , ≪  Genetic Structure of Europeans: A View from the North?East  ≫, PLOS ONE , vol.  4, n o  5,‎ , e5472 ( ISSN   1932-6203 , DOI   10.1371/journal.pone.0005472 , lire en ligne , consulte le )  :

    ≪  several distinct regions can be distinguished within Europe: 1) Finland, 2) the Baltic region (Estonia, Latvia and Lithuania), Eastern Russia and Poland, 3) Central and Western Europe, and 4) Italy, with the southern Italians being more “distant”  ≫

  129. (en) ≪  Genes mirror geography within Europe  ≫, Nature ,‎ ( lire en ligne )
  130. Article 32 de la loi de 1881, version en vigueur de 1881 a 1972: ≪ La diffamation commise par les memes moyens envers un groupe de personnes non designees par l'article 31 de la presente loi, mais qui appartiennent, par leur origine, a une race ou a une religion determinee, sera punie d'un emprisonnement de un mois a un an et d'une amende de 1 000  F a 1 000 000 de francs [*10 a 10 000  F *], lorsqu'elle aura eu pour but d'exciter a la haine entre les citoyens ou habitants. ≫
  131. Loi n o  90-615 du 13 juillet 1990 tendant a reprimer tout acte raciste, antisemite ou xenophobe
  132. a et b Loi du 1 er janvier 1972 relative a la lutte contre le racisme , Legifrance
  133. ≪  Article 24 de la loi de 1881 sur la liberte de la presse, la peine minimale d'un an ayant ete introduite a l'occasion de la reforme du Code penal en 1992  ≫
  134. ≪  Loi n o  92-1336 du 16 decembre 1992 relative a l'entree en vigueur du nouveau code penal et a la modification de certaines dispositions de droit penal et de procedure penale rendue necessaire par cette entree en vigueur  ≫
  135. SILVA, A. J. M., Le regime UNESCO , Charleston, Create Space, , 219  p. ( ISBN   978-1-5329-9711-2 et 1-5329-9711-6 , lire en ligne ) , p.  186-188.
  136. Laetitia Van Eeckhout, ≪ En 2005, les opinions racistes ont gagne du terrain en France ≫ dans Le Monde web, 21 mars 2006
  137. ≪ La Grande Enquete sur la tolerance au Quebec ≫ [PDF] , resultats du sondage Leger Marketing
  138. a et b ≪ Tempete "identitaire" au Quebec ≫ , Le Devoir ,
  139. L'Autre: Regards Psychosociaux
  140. Au cœur du racisme

Voir aussi

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