Republique populaire du Congo
1969?1992
Carte de la republique populaire du Congo.
Superficie
Superficie
|
342 000
km
2
|
Histoire et evenements
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Proclamation
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Assassinat du president
Marien Ngouabi
|
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Prise du pouvoir par
Denis Sassou-Nguesso
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Nouvelle Constitution
|
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Nouvelle Constitution, abandon de l'adjectif
populaire
dans le nom du pays
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(aide)
La
republique populaire du Congo
, la deuxieme republique du pays, etait le regime politique en vigueur au
Congo-Brazzaville
du
au
. Apres le
, le nom officiel du pays est redevenu ≪
republique du Congo
≫, comme avant le
.
Le pays etait dirige par un
parti unique
, le
Parti congolais du travail
, d'orientation
marxiste-leniniste
.
Devenu president de la republique du Congo en
1963
,
Alphonse Massamba-Debat
est le premier chef d'Etat africain a se reclamer ouvertement du
marxisme
en
1964
. Il etablit un regime de
parti unique
autour de sa formation politique, le
Mouvement national de la revolution
.
Massamba-Debat est elu secretaire general du Mouvement national de la revolution tandis que
Ambroise Edouard Noumazalaye
en est le Premier secretaire. Le nouveau pouvoir est soutenu par une milice populaire fortement armee, la defense civile, dirigee par
Ange Diawara
.
Mais en
1968
, la montee de la contestation contre le regime amene Massamba-Debat a emprisonner l'un de ses meneurs, le capitaine
Marien Ngouabi
. Les opposants ne desarmant pas, Massamba-Debat finit par ceder et amnistie les prisonniers politiques, avant de quitter le pouvoir en septembre.
Le
31 decembre
, apres une periode d'instabilite,
Marien Ngouabi
devient chef de l'Etat et reaffirme l'orientation
≪
socialiste
≫
du pays. L'administration est centralisee a Brazzaville et les principaux postes sont occupes par les cadres du
Parti congolais du travail
(PCT), qui tient son congres constitutif dans la capitale, du 29 au
. La republique du Congo passe a la deuxieme republique et devient ≪ republique populaire du Congo
[
1
]
≫. Elle adopte notamment le drapeau rouge et un nouvel hymne national,
Les Trois Glorieuses
, en reference aux trois journees de soulevement qui avaient entraine la chute de
Fulbert Youlou
en
. Le PCT est proclame
parti unique
, qui a la primaute sur l'Etat : ses statuts lui permettent de legiferer par ordonnance-loi et de controler les decisions administratives ; le president de la Republique est elu par le congres du PCT, la qualite de chef du parti primant sur celle de chef de l'Etat
[
2
]
.
Le regime doit faire face a de nombreuses tentatives de coup d'Etat : a la tete d'un commando, le lieutenant Kinganga s'empare des batiments de la radiodiffusion et television congolais le
, avant d'etre abattu ; le
, le lieutenant
Ange Diawara
tente de prendre le controle de Brazzaville, avant de prendre le maquis dans la
region du Pool
, ou il resiste jusqu'au printemps 1973. De nombreuses vagues d'arrestations touchent les personnalites soupconnees d'etre impliquees dans ces tentatives, notamment l'ancien Premier ministre
Pascal Lissouba
, arrete a plusieurs reprises, notamment a l'occasion des greves de 1976 a Brazzaville et de l'assassinat de Marien Ngouabi en 1977.
Au cours de cette periode, l'economie du Congo repose essentiellement sur les exportations de matieres premieres brutes (bois, potasse, petrole, fer, etc.). Les ressources petrolieres restent modestes, et le pays est loin d'atteindre la prosperite relative du
Gabon
voisin. Les entreprises sont massivement nationalisees dans tous les secteurs de l'Etat. Le Parti congolais du travail, ambitionnant de s'instituer en parti-Etat, exerce un controle sur le secteur prive de l'economie en s'appuyant sur un systeme de cooperatives. La gestion des entreprises d'Etat est confiee a des membres dirigeants du Parti, ou bien a des membres de leurs familles et entourages
[
3
]
.
Le
, le president Marien Ngouabi est assassine dans sa residence. Le meme jour, l’ancien chef d’etat-major general de l’armee, le capitaine
Luc Kimbouala-Nkaya
, saint-cyrien, est egalement assassinee a son domicile. Le lendemain, une junte militaire, le
Comite militaire du parti
(CMR), est mise en place pour faire office de gouvernement d'urgence. Dans les jours qui suivent, le cardinal
Emile Biayenda
, archeveque de Brazzaville (le
) et l'ancien president de la Republique
Alphonse Massamba-Debat
sont egalement assassines. Le
, le colonel
Joachim Yhombi-Opango
, devient president de la Republique, et ce jusqu'en
.
Le
, le colonel
Denis Sassou-Nguesso
prend le pouvoir par la force et dissout le CMR ; il qualifie par la suite son coup d'Etat de ≪ riposte resolue de l'ensemble des forces de gauche de notre pays contre le courant droitier ≫, visant a rompre avec ≪ la politique d'irresponsabilite, de demission nationale, d'obscurantisme et d'aplatissement devant l'imperialisme des elements de la bourgeoisie bureaucratique
[
4
]
≫.
Denis Sassou-Nguesso se pose en seul heritier legitime de Marien Ngouabi, la presse gouvernementale (notamment le journal
Etumba
) le presentant comme le
mokitani ya Marien Ngouabi
(≪ digne successeur de Marien Ngouabi ≫ en
lingala
). D'une maniere generale, Denis Sassou-Nguesso ne modifie guere la gestion des affaires de l'Etat telle qu'elle a ete mise en place par Marien Ngouabi, qui est fondee sur le monopartisme et la centralisation de l'activite politique et administrative (systeme dit ≪ Obumitri ≫ pour ≪ oligarchie, bureaucratie, militarisme et tribalisme ≫).
Le
, une nouvelle constitution est adoptee par referendum et permet a Sassou-Nguesso de cumuler les charges de chef de l'Etat et de president du comite central du PCT. L'article 2 de la constitution precise :
≪ La souverainete reside dans le peuple et du peuple emanent tous les pouvoirs publics a travers un parti unique, le Parti congolais du travail, forme supreme de l'organisation politique et sociale de notre peuple ≫
. Selon l'article 5,
≪ Dans tous les organes du pouvoir de l'Etat, les representants du peuple sont responsables devant les organes du parti ≫
[
5
]
.
La politique suivie par Sassou-Nguesso s'attache a promouvoir les diverses ethnies du pays et a developper les infrastructures, mais n'obtient pas de resultats probants sur les plans de l'education et de la sante. La republique populaire du Congo reste minee par la corruption et les detournements de fonds publics, qui demeurent impunis
[
6
]
. Les liens du pays avec l'URSS donnent par ailleurs lieu a des echanges universitaires, qui aboutissent a un certain nombre de mariages entre des hommes congolais et des femmes russes
[
7
]
.
Dans les
annees 1980
, la situation economique de la republique populaire du Congo se degrade notablement : les entreprises d'Etat voient leur fonds de roulement de 6 a 15 milliards de francs CFA entre 1980 et 1985, et sont victimes d'une mauvaise gestion et d'un effectif plethorique. La masse salariale du secteur absorbe les deux tiers de la richesse creee
[
8
]
.
En matiere de politique exterieure, la republique populaire du Congo, que l'
URSS
considere, avec l'ensemble des regimes marxistes africains, comme un Etat
≪ d'orientation socialiste ≫
[
9
]
, est soutenue par les pays du
bloc de l'Est
: en 1978, le Congo et l'URSS signent un traite garantissant l'ouverture d'une representation commerciale de l'Union sovietique au Congo
[
10
]
. En 1983, l'appareil judiciaire de la republique populaire du Congo est reforme sur le modele de ceux du
Benin
et de la
Guinee
, eux-memes inspires de l'appareil sovietique; la reforme patit cependant d'une lourdeur administrative et du manque de personnel specialise
[
11
]
.
En 1987, le president Sassou Nguesso accuse de complot des proches du president Ngouabi, dont l'ancien
aide de camp
de ce dernier, Pierre Anga. Refutant toute implication, il entre en rebellion a
Owando
, dans le nord du pays. Il est tue apres une annee de traque au cours de laquelle de nombreuses exactions seront commises contre la population civile
[
12
]
.
Les tensions s'accentuent a la fin de la premiere presidence de Sassou-Nguesso, en particulier apres l'adoption d'un
plan d'ajustement structurel
en
rendu necessaire par une
dette exterieure
du Congo hors de controle. Des emeutes de lyceen se produisent les 9 et
.
Mais le regime ne commence reellement a perdre le controle de la situation qu'au milieu de l'annee
1990
. En
, une commission du Parti congolais du travail analyse les evenements ayant conduit a la
chute des regimes communistes en Europe
et leurs eventuelles repercussions sur le Congo. A l'occasion d'une session extraordinaire de l'Assemblee nationale populaire, du
au
, Denis Sassou-Nguesso declare vouloir
≪ maintenir le cap pour conduire l'ouverture democratique et le changement deja initie ≫
, annoncant l'ouverture du Congo au
multipartisme
et la separation des roles du parti et de l'Etat
[
6
]
, quelques semaines seulement avant le sommet de la Baule.
La Confederation syndicale congolaise (CSC), presidee par
Jean-Michel Bokamba-Yangouma
, qui s'oppose a un projet d'abaissement de l'age de la retraite des fonctionnaires de 60 a 55 ans, se detache peu a peu du parti unique et prend finalement son independance le
. La fin de l'annee est marquee par de nombreuses greves. L'armee prend position en faveur du processus de passage a la
democratie
, tout en reaffirmant son soutien a la direction du PCT pour eviter une transition trop brutale
[
13
]
.
La Conference nationale s'ouvre en
et se proclame immediatement souveraine. Elle est presidee par l'eveque d'
Owando
,
M
gr
Ernest Kombo
. Y siegent des representants de l'Etat, de partis politiques et d'associations de la societe civile. Le president Sassou-Nguesso se voit retirer la plupart de ses prerogatives, mais n'est pas destitue. Un Conseil superieur de la Republique (CSR) remplace l'Assemblee nationale populaire et l'organisation d'elections democratiques est confiee a un gouvernement de transition, dirige par
Andre Milongo
[
14
]
.
Une nouvelle constitution est approuvee par
referendum
le
, avec 96,3 % de oui. La ≪ republique populaire du Congo ≫ redevient la ≪ republique du Congo ≫. Lors de l'election presidentielle du
,
Pascal Lissouba
est elu chef de l'Etat.
Toutefois, de graves troubles eclatent des l'annee suivante qui aboutiront a la
guerre civile du Congo-Brazzaville
en 1997, dont Denis Sassou-Nguesso sortira victorieux et lui permettra de revenir au pouvoir. Ni le regime de parti unique ni l'ideologie communiste ne seront pour autant retablis.
- ↑
En 1971, la premiere republique democratique du Congo devient
Zaire
. L’ancienne designation informelle ≪ Congo-Brazzaville ≫ disparait temporairement, et le nom Congo designe alors le pays au nord-ouest du fleuve.
- ↑
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- ↑
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, Publibook, 2009, pages 261-262
- ↑
Alphonse Mboudo Nesa (dir.),
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, Presidence de la Republique congolaise, 1989.
- ↑
Omar Diop,
Partis politiques et processus de transition democratiques en Afrique noire
, Publibook, 2006, page 33.
- ↑
a
et
b
Zephirin Sedar Amboulou,
La marche difficile du Congo vers un developpement socioeconomique harmonieux et durable
, Publibook, 2009, page 135
- ↑
Clarisse Juompan-Yakam, ≪
Congo : ces femmes russes qui ont epouse des Congolais pendant la Guerre froide
≫, sur
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,
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)
.
- ↑
Michel-Ange Tsiba,
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- ↑
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Texte du traite
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Justice et pouvoir au Congo-Brazzaville, 1958-1992 : la confusion des roles
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S. Cohen, ≪
La politique etrangere entre l’Elysee et Matignon
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Politique etrangere
,
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- ↑
Albert M'Paka,
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