Rebellion irlandaise de 1798
La bataille de Killala
, par Edward S. Siebert, 1890
Informations generales
Date
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-
|
Lieu
|
Irlande
|
Issue
|
Victoire britannique
|
Pertes
530 morts
[
2
]
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Plusieurs milliers de morts
[
1
]
Plusieurs milliers de prisonniers
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1
]
(dont 500 executes
[
1
]
)
|
Guerres de la Revolution francaise
Batailles
modifier
La
rebellion irlandaise de
1798
, fut un soulevement contre la domination du
royaume de Grande-Bretagne
au sein du
royaume d'Irlande
. La rebellion fut menee par la
Societe des Irlandais unis
, un groupe revolutionnaire et republicain, influence par la
revolution americaine
et la
Revolution francaise
.
Depuis 1691 et la fin de la
guerre williamite
, l'Irlande etait surtout sous le controle d'une classe dirigeante
protestante
constituee de membres de l'
Eglise d'Irlande
fideles a la
Couronne britannique
. Elle dirigeait la majorite de la population irlandaise
catholique
par un systeme institutionnel codifie dans les
lois penales
. A la fin du
XVIII
e
siecle, des elements liberaux de cette classe dirigeante, inspires par l'exemple de la
revolution americaine
(1776?1783) chercherent a faire cause commune avec la majorite catholique pour parvenir a des reformes et a une plus grande autonomie vis-a-vis de la Grande-Bretagne. Comme en
Angleterre
, les protestants pouvaient voter selon un mode de
suffrage censitaire
, tandis que les catholiques se voyaient refuser le droit de vote et de representation depuis 1728.
Quand la France aida les
Americains
lors de leur
guerre d'independance
,
Londres
fit appel aux volontaires pour rejoindre les milices et defendre l'Irlande contre la menace d'invasion francaise. Plusieurs dizaines de milliers d'Irlandais rejoignirent les
Volontaires irlandais
. En 1782, ils utiliserent leur nouvelle puissance pour obliger la Couronne britannique a leur accorder une certaine
autonomie
et un parlement plus independant (
Parlement de Grattan
). Le
parti patriotique irlandais
, dirige par Henry Grattan, souhaitait encore une plus grande emancipation. En
1793
, le Parlement adopta des lois autorisant les catholiques ayant une certaine fortune a voter, mais ils ne pouvaient ni etre elus ni nommes fonctionnaires de l'Etat. Les elements
liberaux
au pouvoir recherchaient une plus grande liberte pour le peuple, la fin de la discrimination religieuse et purent s'inspirer de la
Revolution francaise
qui avait eu lieu dans un pays catholique.
Au debut de 1798, les 280 000 membres assermentes de la
Societe des Irlandais Unis
etaient sous forte pression, souffrant du regime de terreur impose par le gouvernement tout en ayant ordre de ne rien faire jusqu'a l'arrivee de l'aide francaise.
En
, la majeure partie de la direction fut arretee et des soulevements anticipes eclaterent en
Tipperary
, mais les dirigeants restants etaient toujours dans l'indecision. Enfin, la pression montant, la date du soulevement general fut fixee au
23 mai
, sans aide francaise. Toutefois, les renseignements recueillis par le gouvernement aupres de ses informateurs conduisirent a l'arrestation de Lord
Edward Fitzgerald
et de
Samuel Neilson
peu avant son declenchement mais, surtout, firent echouer les operations prevues a
Dublin
qui devait etre le noyau central de la rebellion.
Le
, l'insurrection eclate a
Dublin
[
3
]
. Pour donner le signal du soulevement general, les insurges bloquent les malle-postes en route vers les provinces
[
3
]
. Mal organises, les rebelles echouent a prendre le centre de Dublin et les bandes rassemblees autour de la ville sont rapidement dispersees
[
3
]
. Une guerilla se maintient cependant pendant quelque temps dans les comtes de
Kildare
et
Wicklow
[
3
]
.
C'est dans le
comte de Wexford
que l'insurrection est la plus forte
[
3
]
. Plusieurs milliers d'Irlandais Unis et de
defenders
, pour la plupart armes de
piques
, ecrasent la milice de
Cork
a Oulart Hill le
, puis prennent
Enniscorthy
le 28, et enfin la ville de
Wexford
le 30
[
3
]
. Les rebelles attaquent ensuite
New Ross
le
et
Arklow
le 9, mais ils sont repousses
[
4
]
. Environ 20 000 insurges se rassemblent alors a Vinegar Hill, pres d'
Enniscorthy
, mais ils sont attaques et ecrases le
par les troupes du general
Lake
, qui reprennent ensuite le controle de
Wexford
[
4
]
.
En
Ulster
, Henry Joy McCracken reunit plusieurs milliers d'Irlandais Unis dans le
comte d'Antrim
et etablit sa base a
Ballymena
[
3
]
. Cependant l'attaque de la ville d'
Antrim
echoue les 7 et
et les insurges se dispersent
[
3
]
. Joy McCracken est arrete et execute debut juillet
[
3
]
.
Dans le
comte de Down
, l'insurrection eclate le
[
3
]
. Mais apres quelques succes les rebelles sont ecrases le
a la
bataille de Ballynahinch
[
3
]
.
De nombreuses exactions sont commises, malgre les ordres de
Cornwallis
qui tente de garder le controle de ses troupes et condamne vigoureusement l'indiscipline de la
yeomanry
[
1
]
. Environ 350 insurges ayant fait leur soumission sont ainsi executes sommairement sur la plaine de
Curragh
[
4
]
. De leur cote, a Scullabogue, les insurges irlandais font bruler vifs dans une grange environ 100 a 200 loyalistes captures pendant la
bataille de New Ross
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4
]
.
Des la fin du mois de juin, l'insurrection ne represente plus une menace pour le gouvernement irlandais
[
3
]
.
Le
, une petite escadre francaise prit la mer avec un millier d’hommes a son bord, sous le commandement du general
Humbert
. Debarque le
22 aout
a
Killala
, le corps francais est engage le
a
Ballina
puis le
27 aout
, a
Castlebar
, ou les forces francaises et les
rebelles irlandais
l’emporterent sur une force de 6 000 Britanniques dans ce qui fut plus tard surnomme la ≪ course de Castlebar ≫ pour se moquer de la vitesse et la distance que les Anglais parcoururent dans leur fuite.
Une ephemere
republique de Connaught
fut proclamee apres cette victoire et
John Moore
, chef de la
Societe des Irlandais unis
, en fut declare son president.
Apres la
victoire de Collooney
, le
, les troupes rebelles et francaises sont finalement encerclees. Le 8 septembre,
Humbert
capitule a Ballinamuck, apres un
bref engagement
[
5
]
.
Le
, un nouveau corps expeditionnaire, fort de 3 000 hommes, part de
Brest
mais est intercepte et battu par la
Royal Navy
pres de l'
ile de Toraigh
le
.
Wolfe Tone
debarque cependant en Irlande en octobre, mais ses modestes troupes sont attaquees et ecrasees a
Lough Swilly
[
3
]
. Apres sa capture, il declare :
≪ Depuis ma plus tendre jeunesse, j'ai considere le lien entre l'Irlande et la Grande-Bretagne comme la malediction pour la nation irlandaise et ete convaincu que, tant qu'il durerait, ce pays ne serait jamais libre et heureux. Par consequent, j'ai fait tout ce qu'il m'etait possible de faire pour separer les deux pays ≫
. Wolfe Tone est condamne a mort a
Dublin
pour trahison
[
3
]
,
[
6
]
. Sa demande d'etre fusille, comme un soldat, plutot que pendu ayant ete refusee, il se tranche la gorge avec un couteau la veille de son execution et succombe le
apres une semaine d'agonie
[
3
]
,
[
6
]
.
La fin de l'insurrection fut suivie par une nouvelle periode de repression des
Irlandais unis
car l'amnistie generale offerte par
Cornwallis
excluait expressement les chefs rebelles qui etaient tres souvent des Irlandais unis. Toutefois, la
Societe des Irlandais Unis
reussit a survivre a la fois comme organisation clandestine, en particulier a Dublin, et comme force militaire avec plusieurs bandes rebelles encore actives, bien que tres reduites et limitees a quelques comtes.
Selon les historiens
Thomas Bartlett
(en)
,
Harry Thomas Dickinson
(en)
et Pascal Dupuy, le bilan de l'insurrection est estime a 10 000 morts et plus de 20 000 blesses, en immense majorite du cote des insurges
[
1
]
,
[
2
]
. Les pertes gouvernementales sont de 530 morts
[
2
]
. La plupart des rebelles se rendent et bon nombre sont acquittes ou gracies
[
1
]
. Pres de 1 500 d'entre eux passent cependant en jugement et pres de 500 sont condamnes a mort et executes
[
1
]
. Environ 600 autres sont deplaces
[
1
]
.
Conscients de risquer la peine de mort pour trahison, les principaux meneurs des Irlandais Unis arretes avant l'insurrection s'entendent pour livrer des informations sur les activites de leur mouvement, dont les contacts avec la France, a condition de ne donner aucun nom
[
1
]
. Les autorites acceptent et un traite est signe dans la
prison de Kilmainham Gaol
[
1
]
. Le gouvernement irlandais accepte alors d'epargner plusieurs dizaines d'Irlandais Unis de premier plan n'ayant pas pris part a la rebellion armee
[
1
]
. Ils sont cependant emprisonnes a
Fort George
, en
Ecosse
, puis liberes en
1802
lors de la
paix d'Amiens
et bannis du sol britannique
[
1
]
.
Selon Harry Thomas Dickinson et Pascal Dupuy :
≪ Les dirigeants emprisonnes insisterent sur le fait que les Irlandais Unis avaient ete des reformateurs raisonnables, pris en tenaille entre un gouvernement intransigeant, des militaires indisciplines, et une paysannerie en colere. Eux-memes n'avaient bascule dans la rebellion qu'en dirigeant malgre eux des insurges peu convaincus. Cette assertion arrangeait le gouvernement, elle lui fournirait, a l'avenir, un argument pour mettre en garde les
radicaux
protestants les plus fervents contre une union avec des paysans catholiques ≪ ignorants ≫ et demunis
[
1
]
. ≫
- Harry T. Dickinson et Pascal Dupuy,
Le temps des cannibales : La Revolution francaise vue des iles britanniques
, Paris, Editions Vendemiaire,
, 455
p.
(
ISBN
978-2-36358-337-6
)
.
- Pierre Joannon
,
Histoire de l'Irlande et des Irlandais
, Paris,
Editions Perrin
,
coll.
≪ Tempus ≫,
, 932
p.
(
ISBN
978-2-262-03022-3
)
.
- Thomas Barlett in Jim Smyth (dir.),
Revolution, Counter-Revolution and Union : Ireland in the 1790s
,
Cambridge University Press
,
, 258
p.
(
ISBN
978-0-521-66109-6
,
lire en ligne
)
.
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