Le
pittoresque
est originellement la qualite d'une chose digne d'etre representee en
peinture
. Cette notion esthetique apparait au
XVIII
e
siecle, et traduit typiquement l'apparence exceptionnelle, coloree, originale, piquante, curieuse ou exotique d'un
paysage
qui meriterait d'etre represente par un tableau
[
1
]
.
Du sujet pictural, par extension, l'usage de
pittoresque
s'est etendu pour exprimer la qualite originale, insolite, etrange d'une chose non visuelle : le caractere pittoresque d'une personne, un langage pittoresque, une musique pittoresque, etc
[
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]
.
Les voyageurs aiment alors le voyage pittoresque ; la gravure accompagne la representation des paysages.
Inventee au
XV
e
siecle
, elle est suffisamment minutieuse pour decrire les paysages.
En
1799
,
William Gilpin
decrit les regles de l’
esthetique pittoresque
dans
≪ Trois essais sur le beau pittoresque ≫
.
C'est au
XVII
e
, puis au
XVIII
e
siecle, que se prend, dans les classes les plus hautes de la societe europeenne, en particulier britannique, l'habitude d'envoyer les jeunes gens parfaire leur education classique par ce qu'on appelle alors le
Grand Tour
: c'est un voyage au cœur de l'Europe classique et pittoresque (
Italie
,
France
,
Allemagne
,
Grece
, voire plus tard
Asie Mineure
...), qui dure parfois plus d'un an, souvent en compagnie d'un
tuteur
.
C'est la grande periode du romantisme durant laquelle l'illustration beneficie de l’invention de la
lithographie
mais aussi l’edition des cours de paysage enrichissent les representations paysageres ; representations artistiques et paysages sont toujours indissociables.
La peinture pittoresque est une operation en trois temps, qui correspond a trois types d’artistes specialises, comme le montre l’ouvrage de
Jean Adhemar
sur l’
art romantique
:
- au debut, sur place, des dessinateurs font des croquis sommaires du paysage ; ces artistes sont parfois envoyes sur le terrain par des editeurs de recueils qui, devant le succes des cours de paysage, souhaitent augmenter leur production. Le paysage n’est plus le releve d’un voyage mais le produit demande par un commanditaire et parallelement, des editeurs se consacrent entierement (se specialisent) dans ces recueils de vues. L’un d’eux,
Auguste Bry
, a publie les lithographies d’
Adolphe Maugendre
≪ Souvenirs de La Roche-Guyon ≫ qui presente notamment le
chateau de La Roche-Guyon
. Ces recueils sont tous construits de la meme maniere ; a chaque fois, les editeurs les nomment ≪ Vues ≫, ≪ Souvenirs ≫ ou ≪ Voyages ≫ en y accolant le nom du lieu ;
- dans un deuxieme temps, des lithographes specialises redessinent l’image, par exemple des artistes comme
Jean-Louis Tirpenne
, auteur d’une vue de l’eglise troglodytique de
Haute-Isle
(dans les coteaux de La Roche-Guyon).
- enfin, des specialistes de figures finissent l’operation en ajoutant des petits personnages ;
Victor Adam
(
1801
-
1866
), le plus celebre, a ainsi dessine ? a Paris ? des habitants de divers pays (d’Afrique, d’Amerique, etc.). Si les personnages changent (en nombre, en attitudes) ils sont presque toujours dans un meme contexte : passage du bac, assis sur la rive, gesticulant, remorquant des bateaux sur le chemin de halage, etc. Parmi ces artistes venus a
La Roche-Guyon
, figurent
Monthelier
(1829),
Alphonse Bichebois
(1831),
Edouard Hostein
(1843),
Emile Sagot
, etc.
Sur les autres projets Wikimedia :
William Gilpin,
Le paysage et la foret
, Saint-Maurice, Premieres Pierres, 2010 (1791).