Le
pape
Pie VII
est le
251
e
pape
de l’
Eglise catholique
.
Barnaba Niccolo Maria Luigi Chiaramonti
(en religion, le Pere
Gregorio
) est ne le
a
Cesena
(
Romagne
) et est mort le
a
Rome
. Moine
benedictin
, il est d'abord prieur de la
basilique Saint-Paul-hors-les-Murs
, une des quatre basiliques majeures du monde, toutes situees a Rome. Il est ensuite consacre
eveque
pour le
Diocese de Tivoli
en
1782
, puis transfere a
Imola
et cree cardinal en
1785
. Il est elu
souverain pontife
le
, et prend le nom de
Pie
VII
.
Avant-dernier enfant du comte Scipione Chiaramonti (1698?1750) et de Giovanna Coronata Ghini (1713?1777), fille du marquis Barnaba Eufrasio Ghini, femme profondement religieuse qui, veuve, entrera au
Carmel
de
Fano
et y terminera sa vie, que son fils prendra toute sa vie comme modele de piete et de courage, particulierement aux moments les plus douloureux de son pontificat. Les Chiaramonti sont une famille
de vieille noblesse, d'origine francaise, sans doute celle de
Clermont-Tonnerre
,
[ref. necessaire]
amie des Braschi (famille dont est issu
Pie
VI
), le predecesseur du pape. C'est une famille noble mais assez pauvre.
Comme ses freres, le jeune Barnaba frequente d'abord le
Collegio dei Nobili
de
Ravenne
, mais a sa demande, il est admis a l'age de 14 ans (
) comme
novice
a l'abbaye
benedictine
Santa Maria del Monte
, a
Cesena
. Il y est sous la direction de dom Gregorio Caldarera. Deux ans plus tard (
), il prend l'habit sous le nom de dom Gregorio. Jusqu'en
1763
, il etudie a l'
abbaye Santa Giustina
de
Padoue
ou il est soupconne de
jansenisme
par l'
Inquisition
venitienne
. Ses brillantes qualites intellectuelles conduisent ses superieurs a l'envoyer ensuite au college pontifical Saint-Anselme, a
Rome
, adjacent a la residence urbaine de l'abbaye
Saint-Paul-hors-les-Murs
qui avait ete ouvert pour recevoir les etudiants les plus prometteurs de la Congregation benedictine de
Monte-Cassino
.
Le
, il est
ordonne
pretre
et peu apres, recoit son
doctorat
en
theologie
. Il enseigne, a partir de
1766
, a l'
abbaye Saint-Jean-l'Evangeliste
de
Parme
,
duche
ouvert aux idees nouvelles. Amoureux de la culture et soucieux de donner un enseignement moderne, proche des realites sociales et scientifiques de son temps, il souscrit a l'
Encyclopedie
de
Diderot
et se montre curieux des idees de
Locke
et
Condillac
, alors precepteur du prince heritier, l’infant
don Ferdinand
, et dont il traduit l’
Essai sur l'origine des connaissances humaines
.
En
1772
lui est attribue le grade academique de ≪ lecteur ≫, par lequel l'
ordre benedictin
l'habilite a l'enseignement de la
theologie
et du
droit canonique
. De 1772 a
1781
, il se trouve au college Saint-Anselme, cette fois en tant que professeur de
theologie
et bibliothecaire. Il est ensuite nomme
abbe
titulaire du
monastere
Santa Maria del Monte
dont il avait ete
oblat
dans son enfance.
Le jeune moine Chiaramonti ressent le besoin d'un profond renouveau pour son
ordre
, en particulier dans le domaine de la formation. Il souhaite, d'une part, le retour a l'inspiration originelle de la vie monastique et, de l'autre, une modernisation des programmes d'enseignement, de facon a conduire les jeunes moines a un contact plus direct avec les realites concretes et actuelles.
En
1773
, il devient confesseur du cardinal Angelo Braschi, qui deviendra le Pape
Pie
VI
en
1775
, et qui le tient en haute estime. En
1782
, ce dernier le nomme
prieur
de l'abbaye romaine de
Saint-Paul-hors-les-Murs
ou il semble avoir ete accueilli comme un intrus par les autres moines jaloux de leur droit d'elire leur prieur et qui, semble-t-il, tenteront meme de l'empoisonner. Jean Cohen ecrit :
≪ On pretendit qu'ils tenterent d'empoisonner leur rival par une tasse de chocolat. Chiaramonti, l'ayant goutee, ne put l'achever tant elle lui parut d'une saveur desagreable. Un frere lai, specialement attache a son service, la but, et saisi tout a coup des plus violentes douleurs, il ne survecut que 24 heures a ce fatal repas ≫
[
1
]
. On peut douter de l'authenticite de cette anecdote.
Il ne fait pas de doute cependant que la nomination de Chiaramonti a l'abbaye de
Saint-Paul-hors-les-Murs
est fraichement accueillie par les autres religieux.
Pie
VI
en est conscient et, pour rafermir son autorite, il lui confie la responsabilite du
diocese de Tivoli
. Le
, il est sacre eveque dans la
cathedrale San Lorenzo
.
Trois ans plus tard, alors qu'il n'a que 42 ans, il est cree
cardinal
lors du
consistoire
du
et en recoit les insignes le
27 juin
. Il devient eveque-cardinal d'
Imola
.
En juin
1796
, son diocese d'Imola est envahi par les troupes francaises d'
Augereau
. Rappele a Rome en
1797
, il se range dans le camp des moderes et soutient, au grand dam des conservateurs, l'etablissement des negociations menant au
traite de Tolentino
. Dans une lettre adressee aux habitants de son diocese, il leur demande de se soumettre,
≪ dans les circonstances actuelles de changement de gouvernement (…) a l'autorite du victorieux general en chef de l'armee francaise. ≫
Avec une belle audace il affirme meme, dans son
homelie
de
Noel
1797, qu'il n'y a pas opposition entre
catholicisme
et
democratie
:
≪ Oui ! mes chers freres, soyez de bon
chretiens
, et vous serez d'excellents democrates. La forme du gouvernement democratique adoptee chez nous n'est point en opposition avec les maximes que je viens de vous exposer. Elle ne repugne pas a l'
Evangile
. Elle exige, au contraire, ces vertus sublimes qui ne s'acquierent qu'a l'ecole de
Jesus-Christ
. Si vous les pratiquez serieusement, elles seront le gage de votre bonheur, de votre gloire et de la splendeur de notre Republique. La seule independance que donnait aux anciens la forme de gouvernement dont ils jouissaient les avait ornes d'une foule de vertus. Republicains et, de plus, chretiens, quels modeles de saintete ne doivent pas etre les citoyens d'Imola ! ≫ ≫
Il intercede d'ailleurs personnellement aupres du general Augereau pour le convaincre d'epargner les habitants de
Lugo
qui ne s'etaient guere montres sensibles a ses conseils pacifiques. Cette politique moderee evitera bien des malheurs au diocese d'Imola, mais n'empechera pas le reste de l'
Eglise catholique
de continuer a vivre des moments dramatiques.
A la nouvelle de la mort du general
Duphot
, tue involontairement par la Gendarmerie pontificale a Rome, alors qu'il y faisait de l'activisme provocateur au service du
Directoire
francais, pour lui donner un pretexte d'intervention dans les
Etats pontificaux
, le Directoire ordonne, le
, l'occupation de
Rome
.
Gaspard Monge
part le
6 fevrier
pour la Ville Eternelle. La revolution, excitee en sous-main, y eclate le
15 fevrier
, et la ≪
Republique romaine
≫ proclamee ≪ par le peuple ≫ (reunion des partisans au
Campo Vaccino
(it)
).
Le pape
Pie
VI
est d'abord contraint par la
Republique francaise
de renoncer a son pouvoir temporel et de se limiter a ses prerogatives spirituelles. Mais apres maintes vexations, on le force a quitter Rome.
Pie
VI
, qui a 80 ans, est enleve du
Quirinal
dans la nuit du
19
au
. Apres le renvoi de
Massena
,
Gaspard Monge
fait toutes les nominations (sauf les finances).
Emmene a
Sienne
puis a la
chartreuse de Florence
(en juin
1798
),
Pie
VI
est prisonnier des troupes francaises. Sa deportation se poursuit successivement a
Bologne
,
Parme
,
Turin
, puis
Briancon
,
Grenoble
, et enfin
Valence
(
France
).
Malgre les bouleversements que connaissait alors la France, le pape octogenaire recoit neanmoins de nombreuses et touchantes marques de respect, de compassion et de
communion
dans la
foi
de la part des foules des villes et des campagnes francaises, tout au long de sa route, entre Briancon et Valence, meritant bien le titre traditionnel de ≪ Pere commun des fideles ≫.
Celui que l'on surnommait
il Papa bello
, imposant et seduisant du temps des debuts de son pontificat, affable et cultive, est desormais un vieillard que les epreuves ont brise, presque impotent. C'est a Valence qu'il est incarcere par le Directoire de la
Revolution francaise
, et il y meurt, epuise de tribulations, le
dans sa
82
e
annee. Certains pensaient qu'avec la mort du pape-prisonnier s'acheverait la ≪
Papaute
≫ comme institution. Cependant le pape avait laisse des instructions canoniques quant a la tenue du conclave qui suivrait sa mort.
Les
Etats pontificaux
, symbole du pouvoir temporel du
pape
, institution qui durait depuis plus de mille ans (
donation de Pepin
), sont remplaces par la
Republique romaine
sous la pression des revolutionnaires francais, avant d'etre simplement annexes par
Napoleon
I
er
, dont le fils portera le titre de ≪ roi de Rome ≫.
Dans cette situation ou
Rome
etait occupee par les troupes francaises et ou le pape ne disposait plus de son pouvoir temporel, les cardinaux se trouvaient dans une position delicate. Ils furent obliges de tenir le
conclave a Venise
, alors sous controle autrichien, et ce fut le dernier jusqu'a nos jours a se tenir hors de
Rome
. Ils repondaient ainsi a deux ordonnances de
Pie
VI
(
et
) a propos des mesures a prendre apres son deces. Craignant que la
papaute
ne soit abolie, il y stipulait que le
conclave
devait etre convoque par le
doyen du College des cardinaux
et se tenir dans la ville qui comptait, au sein de sa population, le plus grand nombre de cardinaux.
C’est le
monastere benedictin de San Giorgio Maggiore
(situe sur l’
ile de San Giorgio Maggiore
) qui fut choisi. La ville de
Venise
, ainsi que d’autres villes du
Nord de l’Italie
, etait sous la domination du souverain du
Saint-Empire romain germanique
l'Empereur
Francois
II
qui accepta de couvrir les frais du
conclave
. Chiaramonti faillit ne pas y participer : comme il avait depense tous ses revenus a soulager les pauvres de son
diocese
, il n'avait pas de quoi payer le voyage. Un de ses amis lui preta mille ecus.
Le
conclave
debuta trois mois apres la mort du pape, le
. Les cardinaux ne parvinrent pas a se determiner entre les trois candidats favoris jusqu’au mois de
. Trente-quatre cardinaux etaient presents depuis le debut (le nombre le plus faible entre
1513
et nos jours). Un trente-cinquieme allait bientot se joindre a eux :
Franziskus von Paula Herzan von Harras
qui etait aussi le representant de l’empereur romain germanique et qui allait par deux fois utiliser son
droit de veto
.
Ercole Consalvi
avait ete choisi a l’unanimite comme secretaire du conclave. Il allait devenir un personnage-cle pour l’election du nouveau pape.
Carlo Bellisomi
etait le grand favori et beneficiait de nombreux soutiens, mais les cardinaux autrichiens lui preferaient
Mattei
et utiliserent leur droit de veto. Le conclave porta alors son devolu sur un troisieme candidat possible : le cardinal
Hyacinthe-Sigismond Gerdil
mais il fut lui aussi victime du veto de l’
Autriche
.
Alors que le conclave entrait dans son troisieme mois, le cardinal
Maury
, neutre depuis le debut, suggera le nom de Chiaramonti qui fit savoir qu’il n’etait absolument pas candidat (et qui fit a nouveau appel a son ami, cette fois pour pourvoir a ses frais de nourriture et d'hebergement). C’est sur l’insistance d’
Ercole Consalvi
qu’il finit par accepter et qu’il fut elu le
apres 104 jours de conclave et 197 jours apres la mort de
Pie
VI
(le plus long siege vacant entre
1415
et nos jours). Il prit le nom de
Pie
VII
en hommage a son predecesseur, surnomme le ≪ pape martyr ≫. Immediatement apres son retour a Rome, il nomma Consalvi cardinal et pro-secretaire d'Etat (le
). Pendant 23 ans, malgre tous les revers, Consalvi restera fidele a celui qu’il avait fait elire et c’est lui qui assistera
Pie
VII
lors de ses derniers moments, le
.
L’
Autriche
prit acte de l’election sans aucun enthousiasme (puisque son candidat n'avait finalement pas ete elu) et ? acte de mauvaise humeur ? refusa que le nouveau pape soit couronne dans la
basilique Saint-Marc de Venise
. En consequence, le pape declina l'invitation de l'empereur
Francois
I
er
et refusa de se rendre a
Vienne
. Il sera couronne le
dans une petite chapelle attenante au monastere de San Giorgio. Comme les vetements et insignes pontificaux etaient restes a Rome, ce furent des femmes nobles de Venise qui realiserent une
tiare
de
papier mache
qu’elles decorerent avec leurs propres bijoux et qui servit pour le couronnement.
A la
bataille de Marengo
, le
, la France arrache le Nord de l’Italie a l’Autriche. Le nouveau pape, toujours a Venise, se trouve donc soudainement sous autorite francaise. Ce n'est pas un inconnu pour Napoleon qui avait qualifie son discours de Noel 1797 a Imola de ≪
jacobin
≫. Bonaparte decide de reconnaitre le nouveau pape et de restaurer les
Etats pontificaux
dans les limites du
traite de Tolentino
.
Pie
VII
rejoint donc Rome ou la population l’accueille chaleureusement le
. Craignant de nouveaux conflits, il decrete qu'a l'avenir les Etats pontificaux resteront neutres aussi bien vis-a-vis de l’Italie napoleonienne dans le Nord que du
royaume de Naples
dans le Sud.
Pie
VII
trouve sa capitale profondement destabilisee par les guerres revolutionnaires. Il demande au cardinal
Consalvi
, son secretaire d'Etat, de s'atteler a la restauration de Rome et a la modernisation des structures administratives des Etats pontificaux. Il s'entoure de prelats reformateurs et commence par
amnistier
les partisans des Francais. Il forme quatre congregations cardinalices pour examiner la reforme de l'Etat.
Leurs travaux sont synthetises dans la
bulle
Post diuturnas
du
: les institutions de
Pie
VI
sont remises en place mais reformees. Ainsi, des fonctionnaires laiques font leur entree dans l'administration pontificale, en particulier a l'
annone
ou dans l'armee. Un
bref
etablit la liberte du commerce pour les denrees alimentaires. Une reforme monetaire tente, en
1801
, de limiter l'
inflation
. Elle est suivie par une reforme fiscale, qui fond 32 impots et taxes en une
taille
personnelle et reelle, la
dativa
.
Pie
VII
fait assecher les
marais pontins
pour elargir le domaine des terres cultivables et fait etablir des
filatures
de
laine
et de
coton
pour y donner du travail aux indigents. Ces reformes se heurtent a la resistance du
Sacre College
et des eveques. Malgre la creation de la
garde noble
, la noblesse romaine reste insatisfaite. Lorsque Consalvi doit quitter son poste en
1806
(c'est lui-meme qui, persuade d'etre devenu un obstacle aux negociations avec la France, suggerera a
Pie
VII
de le remplacer), sa politique hardie a ete oubliee.
Le
15 juillet
, la France reconnait officiellement le
catholicisme
comme la religion de la majorite de ses citoyens (mais non comme une religion d’Etat). Par le
concordat de 1801
, l’Eglise recoit un statut de liberte lie a la Constitution
gallicane
du
clerge
. Le concordat reconnaitra aussi les Etats de l’Eglise et restituera ce qui avait ete confisque ou vendu pendant leur occupation. En vertu de l'accord de 1801 et a la demande du chef de l'Etat francais, le souverain pontife depose l'ensemble des eveques francais, eveques qui avaient ete nommes dans le cadre de la
Constitution civile du clerge
. C'est la fin des principes de l'
Eglise gallicane
, et la reconnaissance, implicite, de la primaute de juridiction du pape. Certains eveques et
pretres refractaires
, d'esprit
gallican
, refusent de se soumettre et fondent la
Petite Eglise
. En
1803
, la Restauration des Etats pontificaux sera officialisee par le
traite de Luneville
.
Le pape ratifie le
concordat
par une
bulle
du
, nomme cinq cardinaux francais, ecrit aux titulaires des eveches francais de se demettre de leur siege, envoie comme legat
a latere
le cardinal
Giovanni Battista Caprara
charge de retablir le
culte
en France, et obtient, par ordre du Premier consul, la restitution de l'ancien
duche de Benevent
et de
Pontecorvo
.
En ratifiant, le
, le
concordat
, le pape
Pie
VII
s’engage dans la voie d’une normalisation relative des relations entre le
Saint-Siege
et la
Premiere Republique francaise
. Neanmoins, la promulgation unilaterale des 77
articles organiques
, le
, tend a faire de l’Eglise de France une Eglise nationale, aussi peu dependante de Rome que possible, et soumise au pouvoir civil. Ces articles stipulent notamment que
≪ les papes ne peuvent deposer les souverains ni delier leurs sujets de leur obligation de fidelite, que les decisions des
conciles œcumeniques
priment sur les decisions pontificales, que le pape doit respecter les pratiques nationales, qu’il ne dispose enfin d’aucune infaillibilite ≫
. Ainsi le
gallicanisme
est-il en partie restaure mais le Saint-Pere ne peut accepter la subordination de l’Eglise de France a l’Etat. Le ministre des Cultes doit donner son accord a la publication des bulles et des conciles. La reunion des synodes diocesains et la creation de seminaires sont egalement soumises a son aval. Enfin le clerge devient un corps de fonctionnaires, les pretres des desservants de leur paroisse salaries par l’Etat.
C'est pour tenter d’obtenir l’abrogation des
articles organiques
que
Pie
VII
accepte, contre l'avis de sa
Curie romaine
, de venir
sacrer Napoleon Bonaparte empereur des Francais
a
Notre-Dame de Paris
le
, mais il rentre a Rome, le
, sans avoir obtenu gain de cause. Ces ≪
articles organiques
≫ ne furent jamais acceptes par l'
Eglise catholique
.
Deja tendues a la suite de l'affaire des ≪ articles organiques ≫ les relations entre l’Eglise et le
Premier Empire
se deteriorent encore lorsque le pape refuse de prononcer l'annulation de mariage entre
Jerome Bonaparte
et
Elizabeth Patterson
en 1805. L’Empereur reprend sa politique expansionniste, prend le controle d’
Ancone
, de
Pontecorvo
, de
Benevent
et de
Naples
apres la
bataille d'Austerlitz
, faisant de son frere
Joseph Bonaparte
le nouveau
roi de Naples
.
Enlevement et detention : Savone, puis Fontainebleau (1809 - 1814)
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L'hostilite monte d'un cran entre l'empereur et le pape. L’Empereur veut inclure les
Etats pontificaux
dans son alliance continentale dirigee contre l’
Angleterre
:
≪ Votre Saintete est souveraine de Rome, mais j’en suis l’Empereur ; tous mes ennemis doivent etre les siens ≫
, ecrit-il au pape le
. Mais le Souverain pontife refuse d’adherer au
blocus continental
, considerant que sa charge de pasteur universel lui impose la neutralite. La repression imperiale ne se fait pas attendre et va crescendo : les Etats de l’Eglise sont bientot reduits au
patrimoine de saint Pierre
(1806?1808).
Pie
VII
est force de demettre le cardinal
Ercole Consalvi
de ses fonctions de secretaire d’Etat, Rome est occupee militairement (
) ; les Etats pontificaux sont annexes a l’Empire (
) ;
Pie
VII
repond, le
, par une bulle d’
excommunication
Quum memoranda
ou il fustige les
≪ voleurs du patrimoine de Pierre, usurpateurs, fauteurs, conseillants, executants ≫
, ce qui lui attire de nouvelles rigueurs.
Dans la nuit du 5 au
, le general
Etienne Radet
, aide d’un millier d’hommes, gendarmes, conscrits ou soldats de la garde civique de Rome, fait appliquer des echelles au
palais du Quirinal
, ou le pape se tenait enferme. Les fenetres et les portes interieures ayant ete forcees, il arrive, suivi de ses hommes jusqu’a la piece qui precede immediatement la chambre a coucher du pape. Celle-ci lui est ouverte par ordre du pape, qui s’etait leve au bruit et revetu a la hate de ses habits de ville.
Il soupait : deux plats de poisson composaient tout le service. Apres l’avoir ecoute, le pape ne lui repond que par ces mots :
≪ Monsieur, un souverain qui n’a besoin pour vivre que d’un ecu par jour n’est pas un homme qu’on intimide aisement. ≫
Radet, la tete decouverte, reitere tres humblement sa demande pour que le souverain pontife se joigne a Napoleon, et le pape lui retorque impassiblement :
≪
Non possumus
, non debemus, non volumus ≫
(≪ Nous ne pouvons pas, Nous ne devons pas, Nous ne voulons pas ≫)
.
Sur son refus formel de renoncer a la souverainete temporelle des Etats de l’Eglise, le general Radet enleve le pape du palais du Quirinal, en lui donnant le bras, ainsi que le cardinal
Bartolomeo Pacca
, secretaire d'Etat. Devant la force, le Pape quitte tranquillement le palais, entoure d'une multitude de soldats lui presentant les armes. On le fait monter dans un carrosse escorte par des gendarmes et on le conduit, prisonnier, a la
chartreuse de Florence
, puis a
Alexandrie
et a
Grenoble
. Amene ensuite a
Savone
, le pape y sera garde a vue, comme un veritable prisonnier d’Etat jusqu’en
. Son ≪ geolier ≫,
Antoine Brignole-Sale
, prefet de Montenotte, aristocrate
genois
d'une grande famille, a laquelle le souverain pontife marquera beaucoup d'attention, s'acquitte de sa tache en obtenant tant les eloges de l'empereur que l'amitie du pape, qui le surnomme alors
≪ mon bon geolier ≫
.
Pie
VII
lui rendra visite apres la fin de l'epopee napoleonienne dans sa somptueuse
villa Brignole-Sale
de
Voltri
[
2
]
. Ne voulant pas devenir un simple ≪ haut fonctionnaire de l’Etat francais ≫, le pape refuse de toucher les 2 millions de revenus que lui assure le decret par lequel Rome etait annexee a l’Empire, proteste de nouveau contre le coup de force de Napoleon et refusera constamment de donner l’institution canonique aux eveques nommes par l'empereur, ce qui va compliquer toute la politique religieuse imperiale. A Savone, il ordonnera la destruction de son
anneau du Pecheur
, afin qu'aucun usurpateur du pouvoir apostolique ne s'en serve de maniere sacrilege. Et effectivement, Napoleon exigera bientot cet anneau pontifical, qu'on lui fera parvenir cisaille et brise en deux. Ce sera l'unique occasion, en 2 000 ans, ou l'anneau du Pecheur aura ete detruit du vivant du pape regnant.
Sur ces entrefaites, Napoleon, ayant appele a
Paris
treize
cardinaux
pour assister a son mariage avec
Marie-Louise d'Autriche
et ayant essuye un refus, il signe l’ordre de leur exil et leur assigne des residences separees. Profondement irrite de ne rien obtenir du pape pour les affaires ecclesiastiques, il se resout a se passer de lui en convoquant a Paris un
concile national (1811)
, interdit a
Pie
VII
de communiquer avec les eveques de l’Empire, le menace d’une deposition et lui envoie a Savone, pour lui arracher une adhesion aux actes de ce concile, une deputation d’eveques, qu’il recoit avec une grande severite et qui ne peut rien obtenir de lui.
En 1812, avant de partir pour sa funeste
campagne de Russie
, Napoleon fait transferer secretement
Pie
VII
a
Fontainebleau
. Le
le docteur Balthazard Claraz sauve la vie du pape
Pie
VII
, alors que, malade et epuise, il venait de recevoir l'
extreme-onction
a l'hospice du
col du Mont-Cenis
lors de son transfert de Savone a Fontainebleau.
Le
, le pape
Pie
VII
arrive au
chateau de Fontainebleau
. Le docteur Claraz assistera le Saint-Pere pendant les deux premiers mois de sa captivite, en tant que medecin chirurgien. Le souverain pontife y restera enferme pendant les dix-neuf mois qu'y durera sa deportation. Du
au
, le Saint-Pere n'est jamais sorti de son appartement. Pendant ces longs mois,
Pie
VII
appelle Napoleon
≪ mon cher fils ≫
, et il ajoute :
≪ un fils un peu tetu, mais un fils quand meme ≫
, ce qui deconcerte totalement l'Empereur.
Vaincu par l’opiniatrete de Napoleon et par l’obsession de certains cardinaux, le malheureux pontife consent, contre sa volonte, a signer, le
, le ≪
concordat de Fontainebleau
≫ (1813), par lequel il abdique sa souverainete temporelle, une partie de son autorite spirituelle, et consent a venir resider en France (Napoleon avait prevu d'installer la residence du pape dans l'
ile de la Cite
, a Paris). Toutefois, soutenu par les cardinaux Consalvi et Pacca, Pie VII se ressaisit tres vite, dans les affres de sa conscience tourmentee, et retracte formellement et solennellement peu de temps apres, le
, sa signature sur ce ≪ concordat ≫, qu'il avait donnee sous la contrainte psychologique. Le pape, qui retrouve aussitot sa tranquillite de conscience, est immediatement traite, de nouveau, en prisonnier d’Etat. Napoleon entreprend alors des contacts directs avec son prisonnier, alternant les flatteries et les menaces les plus odieuses (il se laisse meme aller une fois, pris de colere, jusqu'a secouer l'impassible pontife en saisissant les boutons de sa soutane blanche). Pour toute reponse, le pontife, toujours tres observateur, qui discernait desormais parfaitement le jeu de son adversaire, qu'il savait de plus en plus aux abois du faits des evenements militaires europeens, se contentait de murmurer seulement cette phrase qui allait devenir mythique :
≪
Commediante… Tragediante…
≫
(≪ Comedien… Tragedien… ≫)
.
Le
, Napoleon, force par sa situation politique de plus en plus difficile en Europe, restitue ses Etats au pape. Le
,
Pie
VII
quitte le
chateau de Fontainebleau
, et les cardinaux liberes, pour certains, ou d'autres encore exiles dans diverses villes francaises jusqu'a la chute de l'empire.
Pie
VII
traverse la France, ou de toute part les foules des villes et des campagnes accourent et se mettent a genoux au bord de son chemin. Apres un bref sejour libre a Savone, apres avoir fait etape a
Nice
, puis a Bologne, il rentre triomphalement a Rome le
, ou les jeunes Romains detelent les chevaux de sa voiture et le portent avec sa voiture sur leurs epaules jusqu'a la
basilique Saint-Pierre
.
Pie
VII
s’empresse de retablir le fidele cardinal Consalvi dans ses fonctions de secretaire d’Etat qu’il avait du abandonner en 1806 sous la pression de Napoleon. Libre de ses actions, il retablit tres vite la
Compagnie de Jesus
(
). Son attitude de grande dignite et de resistance pacifique et determinee face au plus puissant monarque d'Europe lui gagne un prestige immense aupres des nations de toute l'Europe, y compris chez les
protestants
et les
orthodoxes russes
. C'est cette attitude que glorifie
Ingres
dans son tableau
Le Pape
Pie
VII
dans la
chapelle Sixtine
, conserve a Washington
[
3
]
.
Cependant, il lui faudra encore une fois quitter la ville, pour se refugier a
Viterbe
puis a Genes, lorsque
Murat
,
roi de Naples
, envahira les Etats pontificaux pendant la campagne des
Cent-Jours
.
Pie
VII
retournera definitivement dans son palais du Quirinal le
. Il est le dernier Pape, avant
Jean-Paul
II
, a fouler le sol francais.
Apres la defaite de Napoleon, les Etats pontificaux recuperent les œuvres que lui avait volees la France.
Pie
VII
prend alors l'initiative de creer a leur retour les musees etrusque, egyptien et
Chiaramonti
, qui font partie des
musees du Vatican
[
4
]
.
Le decret de restauration de l'ordre des Jesuites
[
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]
En
1773
, la
Compagnie de Jesus
avait ete supprimee par le pape
Clement
XIV
par le
bref
Dominus ac Redemptor
du
, promulgue le
16 aout
.
La decision du pape fut mise a execution dans les pays traditionnellement
catholiques
, mais dans d'autres, essentiellement la
Prusse
et la
Russie
, le bref ne fut pas promulgue, les souverains s'y opposant, moins par souci religieux que par souhait de ne pas se priver de l'education moderne que donnent les jesuites dans les colleges situes sur leur territoire. Au debut du
XIX
e
siecle
la situation politique en Europe a entierement change. De nombreuses requetes sont parvenues au pape
Pie
VI
, puis a
Pie
VII
, demandant le retablissement de la Compagnie de Jesus.
Le
? peu apres son election ? le pape
Pie
VII
publia le bref
Catholicæ fidei
, approuvant l'existence de la Compagnie de Jesus en
Russie
et nommant celui qui etait le ≪ vicaire temporaire ≫,
Franciszek Kareu
, ≪
superieur general de la Compagnie de Jesus
≫ en Russie. Ce fut la premiere etape vers la restauration de l'ordre religieux.
Treize ans plus tard, finalement libre de ses mouvements et decisions,
Pie
VII
signe la
bulle
Sollicitudo omnium ecclesiarum
restaurant universellement la Compagnie de Jesus (
).
Signee le jour de la fete de
Saint-Ignace
, la bulle est promulguee le
. Pour cette occasion
Pie
VII
celebra la messe a l'autel de Saint-Ignace dans l'
eglise du Gesu
a
Rome
, se trouvant au-dessus du tombeau du saint fondateur des Jesuites. Par la suite il fit lire la bulle qui retablissait l'ordre dans le monde entier
[
5
]
et embrasse personnellement une centaine d'ex-jesuites, survivants de l'ancienne Compagnie. En meme temps, il confirme
Tadeusz Brzozowski
, superieur en Russie, comme ≪
superieur general de la Compagnie de Jesus
≫.
Rentre a Rome en 1814 le pape, avec l'aide du cardinal Consalvi, renouent des relations diplomatiques avec l'ensemble des nations europeennes. Il entretient une correspondance suivie avec les chefs d'Etat europeens. Une de ses preoccupations est l'
abolition de l'esclavage
. Lui qui a vecu cinq annees de privation de liberte et d'humiliations diverses est devenu particulierement sensible a cette question.
Dans une lettre du
au
roi de France
, il ecrit :
≪ Pour bien se situer dans le sens des obligations morales, la conscience religieuse nous y pousse ; c'est elle en effet qui condamne et reprouve ce commerce ignoble par lequel les
Noirs
, non comme des hommes, mais simplement comme des choses vivantes, sont pris, achetes, vendus et pressures jusqu'a la mort par des travaux tres durs pour une vie deja miserable. ≫
Dans la meme lettre, il interdit
≪ a tous les ecclesiastiques ou laiques d'oser soutenir comme permis ce commerce des Noirs, sous quelque pretexte ou couleur que ce soit. ≫
Il est invite au
congres de Vienne
, en fevrier
1815
, ou il se fait representer par le cardinal Consalvi, qui contribue a obtenir que toutes les puissances s'engagent a reunir leurs efforts pour obtenir
≪ l'abolition entiere et definitive d'un commerce aussi odieux et hautement reprouve par les lois de la religion et les lois de la nature. ≫
[
6
]
Il ecrit plusieurs fois des lettres a ce sujet aux rois
d'Espagne
,
du Portugal
et
du Bresil
, sans guere etre ecoute. Ainsi, en
1823
, il ecrit au roi du Portugal :
≪ Le pape regrette que ce commerce des Noirs, qu'il croyait avoir cesse, soit encore exerce dans certaines regions et meme de facon plus cruelle. Il implore et supplie le roi du Portugal qu'il mette en œuvre toute son autorite et sa sagesse pour extirper cette honte impie et abominable. ≫
Ses successeurs immediats seront moins actifs dans ce domaine ; il faudra attendre
1839
et
Gregoire
XVI
pour qu'une condamnation aussi ferme du commerce des Noirs soit de nouveau prononcee.
Apres son entree dans les
Etats pontificaux
, Napoleon avait, en 1797, aboli les
ghettos
d'Italie, supprime le port du
chapeau distinctif
jaune ou du brassard frappe de l'
etoile de David
que devaient porter les
Juifs
, leur avait donne les droits de circuler et d'habiter ou ils le souhaitaient afin de les mener a une egalite citoyenne. Mais des son retablissement au pouvoir en 1814,
Pie
VII
, persuade qu'il s'agissait d'un moyen de conversion, s'empressa de retablir les ghettos et les discriminations, d'imposer le port du brassard etoile pour les Juifs, et alla en ce sens plus loin que ne l'avait fait la
Sainte-Alliance
au
Congres de Vienne
[
7
]
.
Actes pontificaux des dernieres annees (1814 - 1823)
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]
Des la chute de Napoleon le pape renoue des relations diplomatiques avec tous les souverains d'Europe et enseigne personnellement le
pardon
. Comme l’ecrit l’historien Marc Nadaux :
≪ Differents souverains rendent bientot visite au pape de Rome : l’empereur d’Autriche en
1819
, le roi de Naples en
1821
, le roi de Prusse en
1822
. Ceci confere a
Pie
VII
le statut d’interlocuteur aupres des puissances europeennes de la restauration. Le souverain pontife dans sa grande mansuetude accorde meme l’hospitalite a la famille Bonaparte, a
≪
Madame Mere
≫
, mere de l’Empereur en exil, a ses freres
Lucien
et
Louis
ainsi qu’a son oncle, le
cardinal Fesch
. Il intervient d’ailleurs aupres des autorites anglaises afin que les conditions de captivite de Napoleon soient plus clementes.
Pie
VII
lui envoie bientot un aumonier, l’abbe Vignali. ≫
La derniere phrase de sa lettre au gouvernement anglais dont il sollicite la clemence merite d'etre citee :
≪ Il ne peut plus etre un danger pour personne. Nous ne voudrions pas qu'il devienne une source de remords ≫
.
Le
, la
bulle pontificale
Paternae Caritatis
restaure 30 dioceses en France
[
8
]
. C'est apres de longues tractations avec le gouvernement de
Louis
XVIII
que
Pie
VII
accepte de restaurer 30 des dioceses supprimes lors de la
Constitution civile du clerge
pendant la
Revolution francaise
[
9
]
.
En ce qui concerne la politique interieure des Etats pontificaux, de son retour a Rome (1814) a 1823,
Pie
VII
reste fidele aux reformes liberales d'inspiration francaise qu'il avait lancees dans les annees 1800 a 1809. Il abolit les privileges de la
noblesse
dans les cites pontificales, promulgue un nouveau code civil et penal, reorganise l'education et assainit les finances.
Parallelement, il conclut des concordats avec la France, la
Baviere
et la
Sardaigne
(
1817
), la
Prusse
(
1821
), le
Hanovre
(
1823
).
Tres occupe par les questions politiques d'une epoque agitee,
Pie
VII
n'a pas ete tres actif dans le domaine doctrinal. Il est pour ainsi dire peu determinant du point de vue theologique dans l'
Histoire de l'Eglise
bien qu'il soit le premier Pape a ratifier, implicitement, une forme de
separation entre l'Eglise et l'Etat
, ce qui constitue une rupture politico-religieuse majeure dans l'histoire du
catholicisme
dans sa phase post-
constantinienne
, phase majeure allant du
IV
e
siecle jusqu'a nos jours.
Le
, juste apres son election, il envoie une lettre
encyclique
aux fideles catholiques du monde entier,
Diu Satis
, qui en appelle a un retour aux valeurs vivantes de l'
Evangile
.
Dans le domaine
liturgique
, Pie VII accorde en 1801 une
indulgence
apostolique aux
louanges en reparation des blasphemes
, recitees par les catholiques lors de la benediction du
Saint-Sacrement
. En 1814, la fete de
Notre-Dame des Douleurs
(
15 septembre
), a ete universalisee. De plus il institue une fete solennelle en l'honneur de la ≪ Vierge secourable ≫ sous le titre de Notre-Dame Auxiliatrice, qu'il fixe a perpetuite au
24 mai
, jour anniversaire de son heureux retour dans la ville de Rome.
Pie
VII
beatifie
Francois De Geronimo
en 1806, un autre geste en faveur des Jesuites, et
canonise
Angele Merici
(1807) et
Francois Caracciolo
(1807). Une nouvelle beatification en 1821: celle de
Peregrino de Falerone
.
Dans son encyclique
Ecclesiam a Jesu Christo
(en)
(
) il condamne la
franc-maconnerie
ainsi que le mouvement du
carbonarisme
, une societe secrete aux revendications
liberales
.
Il reorganise la Congregation pour la
propagation de la foi
qui allait jouer aux
XIX
e
et
XX
e
siecles un role crucial dans l'effort missionnaire de l'Eglise.
En 1822, il ordonne au
Saint-Office
d'accorder son
imprimatur
aux œuvres du chanoine Settele ou les theories de
Copernic
sont presentees comme un acquis de la
physique
et non plus comme une hypothese.
La question de l'epiclese eucharistique dans l'Eglise melkite
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]
Toutefois, doctrinalement parlant, il faut rappeler une tres vigoureuse intervention du pape Pie VII concernant l'
epiclese eucharistique
, telle qu'elle etait definie et pratiquee dans l'
Eglise melkite-catholique
d'Antioche. Ce pape, si doux et paisible de temperament, veillait en toutes circonstances, avec un regard d'aigle, sur l'integrite du dogme catholique, malgre tous les soucis et toutes les tempetes politiques qu'il avait a affronter sur le front exterieur a l'Eglise.
Dans un
bref apostolique
, intitule
Adorabile Eucharistiae
, du 8 mai 1822, le pape n'hesite pas a rappeler a l'ordre le patriarche et les eveques de l'Eglise melkite-catholique, et il sera immediatement obei, sur une derive doctrinale qui s'etait peu a peu insidieusement introduite dans leur
Divine Liturgie
, notamment dans la
priere eucharistique
, ou il etait considere que c'est l'
epiclese eucharistique
seule qui opere vraiment le mystere de la
Transsubstantiation
(les especes du pain et du vin devenant
reellement
le Corps et le Sang de
Jesus-Christ
, alors que, selon la stricte doctrine catholique, la Transsubstantiation est operee par les seules paroles du Christ, redites, durant la Consecration, par le pretre officiant
in persona Christi
, a savoir :
(Prenez et mangez, ceci est mon corps ... Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang verse pour la multitude ...)
. Le pape y voit un glissement insidieux vers une doctrine consideree comme
schismatique
en vigueur dans les Eglises appelees
orthodoxes
, separees de Rome.
Dans le Bref apostolique du 8 mai 1822, Pie VII ecrit ainsi a toute l'Eglise melkite-catholique d'Antioche :
... Une grande cause de douleur et de crainte a ete occasionnee par ceux qui repandent cette opinion nouvelle, soutenue par les schismatiques, qui enseigne que la forme par laquelle ce Sacrement vivifiant est accompli, ne consiste pas dans les seules paroles de Jesus Christ qu'utilisent les pretres, aussi bien latins que grecs lors de la Consecration, mais que, pour que la Consecration soit parfaite et consommee, il est necessaire que soit ajoutee cette formule de priere, qui chez nous precede les paroles mentionnees mais qui dans votre liturgie les suit... (...)
En vertu de la sainte obeissance, Nous prescrivons, et Nous ordonnons, qu'ils n'aient plus l'audace desormais de soutenir cette opinion
qui dit que, pour cette admirable conversion de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ et de toute la substance du vin en la substance de son Sang, il est necessaire, outre les paroles du Christ, que soit recitee aussi cette formule de priere ecclesiastique que nous avons deja mentionnee.
[
10
]
Pie VII etablit plusieurs dioceses dans une nouvelle nation : les
Etats-Unis
. A la suite du
diocese de Baltimore
, tout premier diocese catholique aux
Etats-Unis
, erige en
1795
par
Pie
VI
, sont crees (en 1808) les dioceses de
Boston
,
New York
,
Philadelphie
et Bardstown.
Pie
VII
y ajoute encore, en 1821, les dioceses de
Charleston
et
Richmond
et en 1821 celui de
Cincinnati
.
Il retablit sa residence au
palais du Quirinal
, residence alors civile des papes (par opposition a celle du
palais du Vatican
, ou il sejourne egalement, ce que feront tous ses successeurs jusqu'a
Pie
IX
en 1870.
Homme tres cultive,
Pie
VII
s’est distingue par son souci permanent d’embellir
Rome
et de sauvegarder son passe.
En 1802, il autorise les fouilles archeologiques du port d’
Ostie
. Ce qui met au jour un ensemble de ruines remarquables : voie d'acces bordee de tombeaux, rues,
thermopolium
, magasins, thermes,
palestre
, caserne des vigiles, theatre, forum, basilique, curie, marches, sanctuaires, temple capitolin. Il fait aussi entreprendre des fouilles autour du
lac Trajan
.
A Rome, en 1807, il fait entreprendre de grands travaux de soutenement, de construction de murs de briques et d’
arcs-boutants
pour sauver le
Colisee
qui menace la ruine. Il fait amenager les abords de l’
arc de Constantin
et construire la
fontaine de Monte-Cavallo
. La place du Peuple (
Piazza del Popolo
) est reamenagee et l’
obelisque du mont Pincius
est erigee.
Sous le regne de
Pie
VII
, Rome devient le lieu de rendez-vous d’artistes majeurs dont il soutient la creation artistique. Il faut citer le venitien
Canova
, le Danois
Bertel Thorvaldsen
(belle ouverture d’esprit puisqu'il etait protestant), l’autrichien
Fuhrich
et les Allemands
Overbeck
,
Pforr
,
Schadow
[Lequel ?]
et
Cornelius
.
Pie
VII
enrichit la
Bibliotheque vaticane
de nombreux manuscrits et volumes imprimes. Les colleges anglais, ecossais et allemand sont rouverts et de nouvelles chaires sont creees a l'
Universite gregorienne
.
Il a aussi fait construire de nouvelles salles au musee du Vatican et fait batir la partie qu’on nomme ≪
Braccio Nuovo
≫, inauguree en
1822
et qui est plus tard nommee ≪
musee Chiaramonti
≫ en l’honneur de son instigateur. Ce musee abrite des statues romaines et des copies de statues grecques antiques ; le sol est couvert de mosaiques.
C'est egalement
Pie
VII
qui fait adopter le
drapeau jaune et blanc
qui est encore aujourd'hui celui du Saint-Siege.
Affaibli par le grand age,
Pie
VII
se deplacait de plus en plus difficilement. Le
, le pape, qui va avoir 81 ans, fit comme d'habitude une lente promenade dans les jardins interieurs du
palais du Quirinal
. Dans la soiree du 6 (14 ans jour pour jour apres son enlevement par le general Radet et l'armee francaise),
Pie
VII
, qu'on avait laisse momentanement seul dans son bureau, malgre les recommandations contraires du secretaire d'Etat le cardinal Consalvi, voulut se lever de son fauteuil en s’appuyant sur sa table de travail. On avait fixe derriere lui un cordon au mur, qu'il agrippait pour se mettre debout ; mais sa main affaiblie atteignit mal le cordon, qui lui glissa des doigts. Perdant l'equilibre, le pape tomba lourdement sur le carrelage et se fractura le
col du femur
gauche. Au grand cri qu'il poussa, les
cameriers
secrets et les prelats domestiques accoururent des salles voisines.
Pie
VII
s'alita pour ne plus se relever. Au matin du
7 juillet
, la nouvelle s'etant repandue durant la nuit, le peuple romain accourut sur la place de Montecavallo (place du
Quirinal
) et ne cessa plus de veiller sous les fenetres du Pontife.
Le roi de France
Louis
XVIII
fit envoyer de Paris a Rome un lit mecanique special, pour soulager les souffrances du Pontife. Au cardinal Bertazzoli, eplore, qui le harcelait pour qu'il accepte les services de tel ou tel medecin qu'on lui recommandait, le Pape fit cette reponse piquante, avec son calme perpetuel :
Andate, Signor Cardinale… Voi siete pio, ma veramente un pio seccatore.
(
Allez, Monsieur le Cardinal… Vous etes pieux, mais vraiment un pieux raseur.
)
[
11
]
Le
19 aout
, son etat s’aggrava et il ne prononca plus que des mots en
latin
a voix basse, signe qu’il etait constamment en prieres. Dans la nuit, perdant conscience par moments, il murmura souvent ces seuls et derniers mots :
Savona !… Savona !… Fontainebleau !…
[
12
]
, les noms des villes ou il avait ete deporte cinq ans loin de Rome et ou il avait beaucoup souffert. Le
20 aout
, a cinq heures du matin, alors qu’il venait d’entrer dans sa
82
e
annee,
Pie
VII
, veille par son fidele secretaire d'Etat le cardinal Consalvi, mourut, apres un regne de 23 ans, cinq mois et six jours, pleure par le peuple romain qui l'accompagna tout au long de sa paisible agonie.
On proceda immediatement a l’
embaumement
du pape, dont les entrailles furent portees a l'eglise
Saints-Vincent et Anastase de Trevi
, la paroisse du Quirinal ou reposent, dans des urnes de marbre, le cœur et les visceres de 23 papes, de
Sixte
V
a
Leon
XIII
. L'
anneau du pecheur
fut brise (pour la seconde fois
[
13
]
) et la depouille mortelle de
Pie
VII
fut exposee au
palais du Quirinal
, revetue des vetements pontificaux solennels. Une foule dense et attristee recouvrit bientot la place de Monte-Cavallo pour lui rendre un dernier hommage. Le lendemain,
22 aout
, le corps fut transporte a la
basilique Saint-Pierre
du
Vatican
accompagne d'une foule immense.
Les
funerailles
du Pape durerent neuf jours, selon la coutume de l'Eglise de Rome (d’ou l’expression
Novendiali
). Le neuvieme jour, on scella le
cercueil
de plomb. Aux pieds du Pape on deposa une bourse contenant les medailles et les monnaies frappees durant son regne ; le cercueil de plomb fut renferme dans un cercueil de chene qui fut place temporairement dans la crypte vaticane, la ou avait ete inhume son predecesseur
Pie
VI
.
Dans son testament, le cardinal Consalvi, secretaire d'Etat de
Pie
VII
, avait stipule que tous les presents qu’il avait recus de monarques etrangers au cours de sa longue carriere diplomatique devaient etre vendus, et que le produit de la vente devait servir a terminer les facades de plusieurs eglises de Rome, a faire quelques presents a ses serviteurs, a soulager les pauvres de la Ville, et a faire eriger dans la
basilique Saint-Pierre
un
monument funeraire
a son maitre et ami, le pape
Pie
VII
. Le cardinal Consalvi mourut en
1824
, quelques mois apres le defunt pape.
Il fut fait selon sa volonte. Dans l’un des
transepts
gauches de la basilique Saint-Pierre, le sculpteur danois
Bertel Thorvaldsen
elabora les plans d'un monument a
Pie
VII
, representant le pape le visage grave, entoure de deux figures allegoriques dans une attitude pensive et attristee : la Force et la Sagesse, entourees des genies de l’Histoire et du Temps. La depouille mortelle de
Pie
VII
y fut transferee en
1825
. Le monument funeraire de
Pie
VII
est la seule œuvre d’art de la basilique Saint-Pierre a avoir ete realisee par un artiste non catholique (Thorvaldsen etait
protestant
)
[
14
]
.
Le successeur de
Pie
VII
fut le pape
Leon
XII
.
Le bilan d'une vie profondement chretienne
[
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|
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]
Face a l’histoire globale,
Pie
VII
et son predecesseur
Pie
VI
(qui totalisent a eux seuls 47 ans de regne) se trouvent a la charniere entre l’
Ancien Regime
et l’eclosion d’un monde nouveau, industriel, marque par les
nationalismes
, les aspirations a la
democratie
et au
pluralisme
de pensee. C’est la fin de la lutte entre le Pape et l’Empereur, initiee au
Moyen Age
et c’est l’Empereur (le pouvoir civil) qui, malgre la resistance des pontifes du
XIX
e
siecle, va s’imposer.
C’est par sa personne elle-meme que
Pie
VII
a marque son temps et qu’il attire aujourd’hui encore l’attention.
Par son caractere profondement pacifique
. Comme eveque, il fera tout pour eviter les revoltes contre l’envahisseur et toute la violence qui l’aurait accompagnee. Au general Radet venu l’arreter, il demande si aucun sang n’a ete verse, puis, rassure, il le suit. A aucun moment de sa captivite, il n’incitera les catholiques a une resistance violente et ne se departira jamais d'une absolue neutralite dans les conflits armes de son epoque. Une fois rentre a Rome en 1814, aide d’
Ercole Consalvi
, il developpera une intense activite diplomatique visant notamment a encourager la coexistence pacifique entre les Etats europeens et les religions.
Par son humilite
. Lors du
conclave
de 1800,
Pie
VII
resistera longtemps au choix des cardinaux de l'elire pape. Plus tard, lors de sa captivite a Fontainebleau, le moine
benedictin
qu'il etait toujours reste interieurement insiste pour laver lui-meme sa soutane blanche, et en repriser les boutons. Lors de ses nombreux transferts au cours de sa deportation, il accepte de revetir la
bure
noire des moines benedictins que ses geoliers voulurent lui imposer, car il s'agissait pour eux de transporter le Pape dans un incognito total, pour que les gens, le voyant peut-etre monter ou descendre de voiture, ne le reconnaissent pas a sa soutane blanche et a sa mozette rouge ; dans l'esprit du pape, reste benedictin au fond de l'ame, revetir l'habit noir d'un simple moine ne posa aucun probleme, et il repondit simplement : ≪
Sta bene
≫ (≪
C'est bien, qu'il en soit ainsi
≫). L'un des soldats charges de le garder lors de sa captivite a Savone, ecrit, le
:
≪ Moi qui etais l’ennemi des pretres, il faut que je confesse la verite, car j’y suis oblige. […] Depuis que le Pape est relegue ici, dans ce palais episcopal, et garde a vue, non seulement par nous mais aussi a l’interieur de la maison, je peux vous dire que ce saint homme est le modele de l’humanite, le modele de la moderation et de toutes les vertus sociales, qu’il se fait aimer de tous, qu’il adoucit les esprits les plus forts et fait devenir amis ceux-la memes qui sont les ennemis les plus implacables. Le Pape passe presque tout son temps en priere, souvent prostre, et la face contre terre. Et le temps qui lui reste, il s’occupe a ecrire ou a donner audience ≫
[
15
]
.
Si l'on excepte sa consommation immoderee de
tabac a priser
, on ne trouve a son propos que des louanges dans la bouche meme de ses ennemis
[ref. necessaire]
.
Par son integrite
. Contrairement aux habitudes de
nepotisme
de nombre de ses predecesseurs,
Pie
VII
veillera toujours a ne favoriser en rien les membres de sa famille. A son frere Gregoire, il n'accorde qu'une pension de 150 ecus par mois et a son neveu orphelin, il n'accorde qu'une microscopique propriete a
Cesene
.
Par sa dimension intellectuelle
. L’humble
Pie
VII
est en realite un brillant intellectuel aux interets tres varies. Polyglotte (
italien
,
francais
,
anglais
,
latin
), traducteur remarquable (des œuvres de
Condillac
notamment) et excellente plume (de nombreuses lettres en temoignent),
Pie
VII
a consacre de nombreuses annees de sa vie a lire, a etudier (il a ete bibliothecaire pendant neuf ans du college San Anselmo) et a enseigner (a l’abbaye de San Giovanni de Parme, au college San Anselmo et a l’abbaye de Santa Maria del Monte). Sa bibliotheque privee (conservee a la
Biblioteca Malatestiana
de Cesene) est etonnante. Plus de 5000 ouvrages dont des Codex du Moyen Age (59), des ouvrages d’histoire, d’archeologie, de numismatique, d’economie politique et de sciences. Comme l’ecrit Jean Leflon qui a eu acces a cette bibliotheque,
≪ c'est aussi un homme d'etude par gout, avec une predilection marquee pour les sciences, comme en temoigne sa bibliotheque papale conservee a la Malatestienne de Cesene ou abondent les ouvrages consacres a celles-ci. Nous savons qu'il souscrivit a l'encyclopedie raisonnee des Sciences et des Arts […]. En theologie, en philosophie, dom Gregorio recourt aux methodes positives ; il osa meme patronner la methode de Condillac […] ≫
[
16
]
En fait, c’est a tous les niveaux, meme personnel, que
Pie
VII
est a la charniere de l’Histoire et toute sa personne est un paradoxe vivant. En examinant sa bibliotheque, l’on peut a peine deviner qu’elle appartient a un religieux d’autant que plusieurs livres s'y trouvant sont en fait a l'
Index
… Et l’on peut moins encore imaginer que cet homme curieux et progressiste va devenir pendant 23 ans le chef d’une Eglise dont il defendra bec et ongles la liberte, l’enseignement, les traditions et le pouvoir temporel.
Par son action politique
. En retablissant les
jesuites
,
Pie
VII
rehabilite un ordre intellectuel et progressiste. Il semble que sa signature du
concordat
ne soit pas une facon de se plier a Napoleon, mais qu’elle correspondait a ses convictions profondes. En combattant l’
esclavage
,
il est en avance d’un siecle sur son temps et ne se fait pas que des amis parmi les autres monarques europeens.
[ref. necessaire]
En etablissant a Rome la liberte de commerce, en ouvrant la
Curie
a des collaborateurs laiques (1800?1806), en tissant des relations diplomatiques avec la
Russie
, l’
Angleterre
, les
Etats-Unis
, des pays non catholiques, en reorganisant les ecoles dans les Etats pontificaux et en y abolissant la
feodalite
,
Pie
VII
est resolument un pape du progres inspire des
Lumieres
[ref. necessaire]
.
Par son action culturelle
. Lorsque moine et prieur benedictin, dom Gregorio tentera de renover l’ideal monastique de son
ordre
et travaillera a y moderniser l’enseignement. Une fois devenu pape, il travaillera a mettre en valeur le passe antique de Rome (fouilles archeologiques du port d’Ostie, travaux de restauration du Colisee) et d’embellir la ville (abords de l’arc de Constantin, fontaine de Monte-Cavallo,
Piazza del Popolo
, obelisque du mont Pincius). Il creera un musee consacre a l’
Antiquite
, creera ou fera rouvrir des ecoles et fera enrichir considerablement la
Bibliotheque vaticane
. Il invitera aussi a Rome de nombreux artistes sans distinction de provenance ou de religion (nombre d'entre eux sont protestants), ce qui temoigne, vu l’epoque et sa fonction, d’une grande ouverture d’esprit.
Par son humanite et sa bonte
. Denue de toute ambition personnelle, ami tres fidele (notamment des cardinaux Pacca et Consalvi), extremement sobre (il avouait vivre d’un seul ecu par jour), pieux, doux (jamais il n’elevait la voix), discret, modeste, humble, mais tres genereux (il depense tous ses revenus d'eveque a soulager chaque jour les pauvres de son diocese de Tivoli puis d'Imola), tres ferme sur les droits inalienables de l'Eglise, au point de risquer sa vie pour les defendre (sa longue resistance, pacifique mais intraitable, face a Napoleon, est a cet egard exemplaire),
Pie
VII
brille aussi par sa grandeur d’ame : il recueille a Rome toute la
famille Bonaparte
exilee, et est le seul souverain en Europe a insister officiellement pour que la captivite de Napoleon dechu soit adoucie). Sans doute vaut-il mieux laisser la parole a ce sujet a Napoleon Bonaparte lui-meme, qui a ete son principal adversaire et qui, dans ses
Memoires de Sainte-Helene
, ecrit ces mots au sujet du pape Pie VII :
≪ C’est veritablement un bon, un doux, un brave homme. C’est un agneau, un veritable homme de bien, que j’estime, que j’aime beaucoup, et qui, de son cote, me le rend un peu, j’en suis sur… ≫
Le
, le pape
Benoit
XVI
a autorise l'ouverture du proces en vue de la
beatification
de
Pie
VII
. Il a d'ores et deja recu le titre canonique de
Serviteur de Dieu
, par decret papal reconnaissant officiellement l'
heroicite de ses vertus
(Cf.
Serviteur de Dieu
).
- ↑
Jean Cohen,
Precis historique sur
Pie
VII
, contenant divers details ignores ou peu connus, tires de memoires inedits sur la famille, le caractere, la vie privee, l'election et le gouvernement de ce pontife : le tout accompagne de notes et pieces justificatives, telles que lettres, bulles, et autres actes, Delaunay, 1823,
p.
15.
- ↑
Voir
Famille Brignole
sur Wikipedia.
- ↑
Tableau d'Ingres
- ↑
Caroline Pigozzi
, ≪ Visite privee au Vatican ≫,
Paris Match
, semaine du 2 au 9 janvier 2018, p. 50-59.
- ↑
August 1814 - Wiederherstellung der Gesellschaft Jesu
.
- ↑
Patricia Gravatt
(ht)
,
L'Eglise et l'esclavage
,
Editions L'Harmattan
,
p.
107.
- ↑
Ben Weider, ≪
Napoleon 1er et les juifs
≫, sur
Napoleonic Society
- ↑
H. Fisquet,
La France pontificale
, Repos, 1864.
- ↑
Une grande partie de ces informations provient de Larousse,
Grand Dictionnaire universel du
XIX
e
siecle
, 1866-1877.
- ↑
Pape Pie VII - Bref apostolique
Adorabile Eucharistiae
du 8 mai 1822, au Patriarche et aux Eveques de l'Eglise Melkite-catholique d'Antioche,
in
Denzinger
- Article § 2718. Editions du Cerf, 1997, p. 629.
- ↑
Chevalier Alexis Artaud de Montor,
Histoire du Pape
Pie
VII
,
p.
442, 1836.
- ↑
Chevalier Alexis Artaud de Montor,
Histoire du Pape
Pie
VII
,
p.
445, 1836.
- ↑
En effet, une premiere fois, en mars 1811, le Pape avait lui-meme ordonne aux membres de sa suite deportes avec lui a Savone, de briser secretement l'Anneau du Pecheur afin qu'il ne tombe pas intact aux mains du regime napoleonien (qui l'exigeait par l'intermediaire de sa police a Savone) et pour qu'on ne puisse en faire un usage sacrilege. Napoleon,
≪ qui songeait a tout, se garda bien d’oublier de faire enlever au Saint-Pere son Anneau du Pecheur ≫
(cf. D'Haussonville). Ordre etait donne de le faire rechercher, mais
≪ sans toutefois employer la violence s’il se trouvait entre les mains du Pape ≫
(recommandation expresse du prince Borghese au prefet-commissaire Chabrol a Savone, par lettre du 12 janvier 1811). Le pape toutefois, debut mars, pressentant l'imminence d'un coup de force, l'avait fait secretement briser par des membres de la suite pontificale. De fait, entre le 10 et le 14 mars 1811, l'Anneau du Pecheur etait materiellement arrache au pape mais sans violence directe :
≪ Etait-ce la crainte qu’on ne fit un usage frauduleux du Sceau du Pecheur, qui d’ordinaire sert a revetir les actes les plus importants emanes du Chef de la Catholicite ?… Toujours est-il qu’apres un peu d’hesitation le Pape remit son anneau au capitaine de gendarmerie (Lagorse) __ mais il avait pris auparavant la precaution de le faire briser en deux, et ce fut dans cet etat qu’il fut envoye par le prince Borghese a l’empereur. ≫
Cf. Comte Joseph d'Haussonville,
L'Eglise romaine et le Premier Empire 1800-1814
, t. 3,
p.
583-585
, ed. 1870.
- ↑
Chevalier Alexis Artaud de Montor,
Histoire du pape
Pie
VII
, 1844.
- ↑
Voir :
http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=18280
.
- ↑
J. Leflon,
Un Pape romagnol :
Pie
VII
, cit.,
p.
243. ≪ Del Condillac troviamo in Piana (11.91) una copia della traduzione italiana, con dedica del traduttore a
Pio
VII
: E.B.Condillac, Saggio sopra l’origine delle umane cognizioni, tradotto dal francese con note e osservazioni critiche di Tommaso Vincenzo Falletti ≫, Roma, Zempel, 1784.
- (it)
Erasmo Pistolesi,
Vita del Sommo Pontefice
Pio
VII
,
vol.
IV
, Perego Salvioni, 1830, Vol. I-II-III, Bourlie, 1824.
- Ercole Consalvi,
Memoires du cardinal Consalvi secretaire d'Etat du pape Pie 7
, avec une introduction et des notes / par J. Cretineau-Joly, Paris, Plon, 1864.
- (it)
Domenico Martinengo et Francesco Martinengo,
Pio
VII
in Savona : memorie storiche
/ per D. e F. Martinengo, Torino, Tipografia salesiana, 1888.
- Jean-Marc Ticchi,
Pie VII:Le pape vainqueur de Napoleon ?
, Perrin, 2022, 416 p.
(
ISBN
978-2-262-09501-7
)
- Serge Ceruti,
Le pape prisonnier de l'empereur
, Salvator, 2022, 236 p.
- Yves-Marie Hilaire
(dir.),
Histoire de la papaute
, Seuil,
coll.
≪ Points Histoire ≫, 2003.
- Philippe Levillain
(dir.),
Dictionnaire historique de la papaute
, Fayard, 2003.
- (it)
Robin Anderson,
Papa
Pio
VII
(Barnaba Chiaramonti) : la vita, il regno e il conflitto con Napoleone nel periodo seguente alla Rivoluzione francese, 1742-1823
, Roma, Benedectina Editrice, 2000.
- Jean Tulard
(dir.),
Dictionnaire Napoleon
, Fayard, 1999.
- (it)
O. Fusi Pecci,
La Vita del Papa
Pio
VI
, Rome, 1965.
- (en)
E.E.Y. Hales,
Napoleon and the Pope the Story of Napoleon and
Pius
VII
, London, Eyre & Spottiswoode, 1962.
- Jean Leflon
,
Pie
VII
: Des abbayes benedictines a la papaute
, Plon, 1958.
- Bernardine Melchior-Bonnet
,
Napoleon et le Pape
, Paris : Le livre Contemporain, 1958, serie : Presence de l'histoire, collection dirigee par
Andre Castelot
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- Jean Leflon,
Monsieur Emery l'Eglise concordataire et imperiale
, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1947.
- (it)
Ernesto Vercesi,
Pio
VII
: Napoleone e la restaurazione
, Torino, Societa editrice internazionale, 1933.
- (it)
Marino Mengozzi,
I pontificati di Pio 6. e Pio 7 : atti del convegno, Cesena, 9 ottobre 1999 / a cura di Marino Mengozzi
, Cesena : Stilgraf, stampa 2000.
- (it)
Centro Storico Benedettino Italiano: Pio 7. papa benedettino nel bicentenario della sua elezione : atti del Congresso storico internazionale
, Cesena-Venezia, 15-19 settembre 2000 / a cura di Giovanni Spinelli, Cesena : Badia di Santa Maria del Monte, 2003
- (it)
Pio 6. Braschi e Pio 7. Chiaramonti: due pontefici cesenati nel bicentenario della campagna d'Italia : atti del Convegno internazionale, maggio 1997 / [a cura di Andrea Emiliani, di Luigi Pepe e di Biagio Dradi Maraldi, con la collaborazione di Michela Scolaro], Bologna : CLUEB, [1998].
- (it)
Centenario del ritorno di Pio 7. alla Sede romana e Festa di Maria ss. Auxilium christianorum, 24 maggio 1814-24 maggio 1914 : (Societa primaria romana per gl'interessi cattolici), Roma : Tip. Cuggiani, 1914.
- Jean Mpisi,
Les papes et l'esclavage des Noirs : Le pardon de
Jean-Paul
II
, editions L'Harmattan, 2008.
- (it)
Artaud de Montor, Alexis Francois,
Storia di
Pio
VII
… Tradotta dall'abate Cesare Rovida
, Milano, presso G. Resnati, 1838.
- Louis Francois Bellaguet,
Memoires du cardinal Pacca sur la captivite du pape
Pie
VII
, et le concordat de 1813
, Paris, Ladvocat, 1833.
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