Pie VII

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Pie VII
Pape de l'Eglise catholique
Serviteur de Dieu
Image illustrative de l’article Pie VII
Portrait du pape Pie VII , Jacques-Louis David , 1805 , musee du Louvre ( Paris ).
Biographie
Nom de naissance Barnaba Chiaramonti
Naissance
Cesena ( Etats pontificaux )
Pere Scipione Maria Niccolo Chiaramonti ( d )
Mere Giovanna Coronata Ghini ( d )
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoit
Ordination sacerdotale
Deces (a 81 ans)
Rome ( Etats pontificaux )
Pape de l'Eglise catholique
Election au pontificat (58 ans)
Intronisation
Fin du pontificat
( 23 ans, 5 mois et 6 jours )
Cardinal de l'Eglise catholique
Cree
cardinal

par le pape Pie VI
Titre cardinalice Cardinal-pretre de Saint-Calixte
Eveque de l'Eglise catholique
Ordination episcopale
Eveque d'Imola
?
Eveque de Tivoli
?

Signature de Pie VII Pape de l'Église catholiqueServiteur de Dieu

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Le pape Pie VII est le 251 e   pape de l’ Eglise catholique . Barnaba Niccolo Maria Luigi Chiaramonti (en religion, le Pere Gregorio ) est ne le a Cesena ( Romagne ) et est mort le a Rome . Moine benedictin , il est d'abord prieur de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs , une des quatre basiliques majeures du monde, toutes situees a Rome. Il est ensuite consacre eveque pour le Diocese de Tivoli en 1782 , puis transfere a Imola et cree cardinal en 1785 . Il est elu souverain pontife le , et prend le nom de Pie VII .

Jeunesse [ modifier | modifier le code ]

Vue aérienne de l'abbaye de Santa Maria del Monte
Abbaye benedictine de Santa Maria del Monte .

Avant-dernier enfant du comte Scipione Chiaramonti (1698?1750) et de Giovanna Coronata Ghini (1713?1777), fille du marquis Barnaba Eufrasio Ghini, femme profondement religieuse qui, veuve, entrera au Carmel de Fano et y terminera sa vie, que son fils prendra toute sa vie comme modele de piete et de courage, particulierement aux moments les plus douloureux de son pontificat. Les Chiaramonti sont une famille de vieille noblesse, d'origine francaise, sans doute celle de Clermont-Tonnerre , [ref. necessaire] amie des Braschi (famille dont est issu Pie VI ), le predecesseur du pape. C'est une famille noble mais assez pauvre.

Comme ses freres, le jeune Barnaba frequente d'abord le Collegio dei Nobili de Ravenne , mais a sa demande, il est admis a l'age de 14 ans ( ) comme novice a l'abbaye benedictine Santa Maria del Monte , a Cesena . Il y est sous la direction de dom Gregorio Caldarera. Deux ans plus tard ( ), il prend l'habit sous le nom de dom Gregorio. Jusqu'en 1763 , il etudie a l' abbaye Santa Giustina de Padoue ou il est soupconne de jansenisme par l' Inquisition venitienne . Ses brillantes qualites intellectuelles conduisent ses superieurs a l'envoyer ensuite au college pontifical Saint-Anselme, a Rome , adjacent a la residence urbaine de l'abbaye Saint-Paul-hors-les-Murs qui avait ete ouvert pour recevoir les etudiants les plus prometteurs de la Congregation benedictine de Monte-Cassino .

Le , il est ordonne pretre et peu apres, recoit son doctorat en theologie . Il enseigne, a partir de 1766 , a l' abbaye Saint-Jean-l'Evangeliste de Parme , duche ouvert aux idees nouvelles. Amoureux de la culture et soucieux de donner un enseignement moderne, proche des realites sociales et scientifiques de son temps, il souscrit a l' Encyclopedie de Diderot et se montre curieux des idees de Locke et Condillac , alors precepteur du prince heritier, l’infant don Ferdinand , et dont il traduit l’ Essai sur l'origine des connaissances humaines .

En 1772 lui est attribue le grade academique de ≪ lecteur ≫, par lequel l' ordre benedictin l'habilite a l'enseignement de la theologie et du droit canonique . De 1772 a 1781 , il se trouve au college Saint-Anselme, cette fois en tant que professeur de theologie et bibliothecaire. Il est ensuite nomme abbe titulaire du monastere Santa Maria del Monte dont il avait ete oblat dans son enfance.

Le jeune moine Chiaramonti ressent le besoin d'un profond renouveau pour son ordre , en particulier dans le domaine de la formation. Il souhaite, d'une part, le retour a l'inspiration originelle de la vie monastique et, de l'autre, une modernisation des programmes d'enseignement, de facon a conduire les jeunes moines a un contact plus direct avec les realites concretes et actuelles.

En 1773 , il devient confesseur du cardinal Angelo Braschi, qui deviendra le Pape Pie VI en 1775 , et qui le tient en haute estime. En 1782 , ce dernier le nomme prieur de l'abbaye romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs ou il semble avoir ete accueilli comme un intrus par les autres moines jaloux de leur droit d'elire leur prieur et qui, semble-t-il, tenteront meme de l'empoisonner. Jean Cohen ecrit :

≪ On pretendit qu'ils tenterent d'empoisonner leur rival par une tasse de chocolat. Chiaramonti, l'ayant goutee, ne put l'achever tant elle lui parut d'une saveur desagreable. Un frere lai, specialement attache a son service, la but, et saisi tout a coup des plus violentes douleurs, il ne survecut que 24 heures a ce fatal repas ≫ [ 1 ] . On peut douter de l'authenticite de cette anecdote.

Experience pastorale [ modifier | modifier le code ]

La facade de la cathedrale San Lorenzo de Tivoli .

Il ne fait pas de doute cependant que la nomination de Chiaramonti a l'abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs est fraichement accueillie par les autres religieux. Pie VI en est conscient et, pour rafermir son autorite, il lui confie la responsabilite du diocese de Tivoli . Le , il est sacre eveque dans la cathedrale San Lorenzo .

Trois ans plus tard, alors qu'il n'a que 42 ans, il est cree cardinal lors du consistoire du et en recoit les insignes le 27 juin . Il devient eveque-cardinal d' Imola .

En juin 1796 , son diocese d'Imola est envahi par les troupes francaises d' Augereau . Rappele a Rome en 1797 , il se range dans le camp des moderes et soutient, au grand dam des conservateurs, l'etablissement des negociations menant au traite de Tolentino . Dans une lettre adressee aux habitants de son diocese, il leur demande de se soumettre, ≪ dans les circonstances actuelles de changement de gouvernement (…) a l'autorite du victorieux general en chef de l'armee francaise. ≫ Avec une belle audace il affirme meme, dans son homelie de Noel 1797, qu'il n'y a pas opposition entre catholicisme et democratie  :

≪ Oui ! mes chers freres, soyez de bon chretiens , et vous serez d'excellents democrates. La forme du gouvernement democratique adoptee chez nous n'est point en opposition avec les maximes que je viens de vous exposer. Elle ne repugne pas a l' Evangile . Elle exige, au contraire, ces vertus sublimes qui ne s'acquierent qu'a l'ecole de Jesus-Christ . Si vous les pratiquez serieusement, elles seront le gage de votre bonheur, de votre gloire et de la splendeur de notre Republique. La seule independance que donnait aux anciens la forme de gouvernement dont ils jouissaient les avait ornes d'une foule de vertus. Republicains et, de plus, chretiens, quels modeles de saintete ne doivent pas etre les citoyens d'Imola ! ≫ ≫

Il intercede d'ailleurs personnellement aupres du general Augereau pour le convaincre d'epargner les habitants de Lugo qui ne s'etaient guere montres sensibles a ses conseils pacifiques. Cette politique moderee evitera bien des malheurs au diocese d'Imola, mais n'empechera pas le reste de l' Eglise catholique de continuer a vivre des moments dramatiques.

A la nouvelle de la mort du general Duphot , tue involontairement par la Gendarmerie pontificale a Rome, alors qu'il y faisait de l'activisme provocateur au service du Directoire francais, pour lui donner un pretexte d'intervention dans les Etats pontificaux , le Directoire ordonne, le , l'occupation de Rome . Gaspard Monge part le 6 fevrier pour la Ville Eternelle. La revolution, excitee en sous-main, y eclate le 15 fevrier , et la ≪  Republique romaine  ≫ proclamee ≪ par le peuple ≫ (reunion des partisans au Campo Vaccino   (it) ).

Le pape Pie VI est d'abord contraint par la Republique francaise de renoncer a son pouvoir temporel et de se limiter a ses prerogatives spirituelles. Mais apres maintes vexations, on le force a quitter Rome. Pie VI , qui a 80 ans, est enleve du Quirinal dans la nuit du 19 au . Apres le renvoi de Massena , Gaspard Monge fait toutes les nominations (sauf les finances).

Emmene a Sienne puis a la chartreuse de Florence (en juin 1798 ), Pie VI est prisonnier des troupes francaises. Sa deportation se poursuit successivement a Bologne , Parme , Turin , puis Briancon , Grenoble , et enfin Valence ( France ).

Cathédrale d'Imola
Cathedrale d'Imola.

Malgre les bouleversements que connaissait alors la France, le pape octogenaire recoit neanmoins de nombreuses et touchantes marques de respect, de compassion et de communion dans la foi de la part des foules des villes et des campagnes francaises, tout au long de sa route, entre Briancon et Valence, meritant bien le titre traditionnel de ≪ Pere commun des fideles ≫.

Celui que l'on surnommait il Papa bello , imposant et seduisant du temps des debuts de son pontificat, affable et cultive, est desormais un vieillard que les epreuves ont brise, presque impotent. C'est a Valence qu'il est incarcere par le Directoire de la Revolution francaise , et il y meurt, epuise de tribulations, le dans sa 82 e annee. Certains pensaient qu'avec la mort du pape-prisonnier s'acheverait la ≪  Papaute  ≫ comme institution. Cependant le pape avait laisse des instructions canoniques quant a la tenue du conclave qui suivrait sa mort.

Les Etats pontificaux , symbole du pouvoir temporel du pape , institution qui durait depuis plus de mille ans ( donation de Pepin ), sont remplaces par la Republique romaine sous la pression des revolutionnaires francais, avant d'etre simplement annexes par Napoleon I er , dont le fils portera le titre de ≪ roi de Rome ≫.

Pontificat [ modifier | modifier le code ]

Le difficile conclave de 1800 [ modifier | modifier le code ]

Monastère de San Giorgio Maggiore et ses bâtiments abbatiaux
Monastere de San Giorgio Maggiore et ses batiments abbatiaux.

Dans cette situation ou Rome etait occupee par les troupes francaises et ou le pape ne disposait plus de son pouvoir temporel, les cardinaux se trouvaient dans une position delicate. Ils furent obliges de tenir le conclave a Venise , alors sous controle autrichien, et ce fut le dernier jusqu'a nos jours a se tenir hors de Rome . Ils repondaient ainsi a deux ordonnances de Pie VI ( et ) a propos des mesures a prendre apres son deces. Craignant que la papaute ne soit abolie, il y stipulait que le conclave devait etre convoque par le doyen du College des cardinaux et se tenir dans la ville qui comptait, au sein de sa population, le plus grand nombre de cardinaux.

C’est le monastere benedictin de San Giorgio Maggiore (situe sur l’ ile de San Giorgio Maggiore ) qui fut choisi. La ville de Venise , ainsi que d’autres villes du Nord de l’Italie , etait sous la domination du souverain du Saint-Empire romain germanique l'Empereur Francois II qui accepta de couvrir les frais du conclave . Chiaramonti faillit ne pas y participer : comme il avait depense tous ses revenus a soulager les pauvres de son diocese , il n'avait pas de quoi payer le voyage. Un de ses amis lui preta mille ecus.

Le conclave debuta trois mois apres la mort du pape, le . Les cardinaux ne parvinrent pas a se determiner entre les trois candidats favoris jusqu’au mois de . Trente-quatre cardinaux etaient presents depuis le debut (le nombre le plus faible entre 1513 et nos jours). Un trente-cinquieme allait bientot se joindre a eux : Franziskus von Paula Herzan von Harras qui etait aussi le representant de l’empereur romain germanique et qui allait par deux fois utiliser son droit de veto .

Ercole Consalvi avait ete choisi a l’unanimite comme secretaire du conclave. Il allait devenir un personnage-cle pour l’election du nouveau pape. Carlo Bellisomi etait le grand favori et beneficiait de nombreux soutiens, mais les cardinaux autrichiens lui preferaient Mattei et utiliserent leur droit de veto. Le conclave porta alors son devolu sur un troisieme candidat possible : le cardinal Hyacinthe-Sigismond Gerdil mais il fut lui aussi victime du veto de l’ Autriche .

Alors que le conclave entrait dans son troisieme mois, le cardinal Maury , neutre depuis le debut, suggera le nom de Chiaramonti qui fit savoir qu’il n’etait absolument pas candidat (et qui fit a nouveau appel a son ami, cette fois pour pourvoir a ses frais de nourriture et d'hebergement). C’est sur l’insistance d’ Ercole Consalvi qu’il finit par accepter et qu’il fut elu le apres 104 jours de conclave et 197 jours apres la mort de Pie VI (le plus long siege vacant entre 1415 et nos jours). Il prit le nom de Pie VII en hommage a son predecesseur, surnomme le ≪ pape martyr ≫. Immediatement apres son retour a Rome, il nomma Consalvi cardinal et pro-secretaire d'Etat (le ). Pendant 23 ans, malgre tous les revers, Consalvi restera fidele a celui qu’il avait fait elire et c’est lui qui assistera Pie VII lors de ses derniers moments, le .

L’ Autriche prit acte de l’election sans aucun enthousiasme (puisque son candidat n'avait finalement pas ete elu) et ? acte de mauvaise humeur ? refusa que le nouveau pape soit couronne dans la basilique Saint-Marc de Venise . En consequence, le pape declina l'invitation de l'empereur Francois I er et refusa de se rendre a Vienne . Il sera couronne le dans une petite chapelle attenante au monastere de San Giorgio. Comme les vetements et insignes pontificaux etaient restes a Rome, ce furent des femmes nobles de Venise qui realiserent une tiare de papier mache qu’elles decorerent avec leurs propres bijoux et qui servit pour le couronnement.

La restauration des Etats pontificaux [ modifier | modifier le code ]

Signature du Concordat entre Pie VII et la France
Signature du Concordat entre Pie VII et la France.

A la bataille de Marengo , le , la France arrache le Nord de l’Italie a l’Autriche. Le nouveau pape, toujours a Venise, se trouve donc soudainement sous autorite francaise. Ce n'est pas un inconnu pour Napoleon qui avait qualifie son discours de Noel 1797 a Imola de ≪  jacobin  ≫. Bonaparte decide de reconnaitre le nouveau pape et de restaurer les Etats pontificaux dans les limites du traite de Tolentino .

Pie VII rejoint donc Rome ou la population l’accueille chaleureusement le . Craignant de nouveaux conflits, il decrete qu'a l'avenir les Etats pontificaux resteront neutres aussi bien vis-a-vis de l’Italie napoleonienne dans le Nord que du royaume de Naples dans le Sud.

Pie VII trouve sa capitale profondement destabilisee par les guerres revolutionnaires. Il demande au cardinal Consalvi , son secretaire d'Etat, de s'atteler a la restauration de Rome et a la modernisation des structures administratives des Etats pontificaux. Il s'entoure de prelats reformateurs et commence par amnistier les partisans des Francais. Il forme quatre congregations cardinalices pour examiner la reforme de l'Etat.

Leurs travaux sont synthetises dans la bulle Post diuturnas du  : les institutions de Pie VI sont remises en place mais reformees. Ainsi, des fonctionnaires laiques font leur entree dans l'administration pontificale, en particulier a l' annone ou dans l'armee. Un bref etablit la liberte du commerce pour les denrees alimentaires. Une reforme monetaire tente, en 1801 , de limiter l' inflation . Elle est suivie par une reforme fiscale, qui fond 32 impots et taxes en une taille personnelle et reelle, la dativa . Pie VII fait assecher les marais pontins pour elargir le domaine des terres cultivables et fait etablir des filatures de laine et de coton pour y donner du travail aux indigents. Ces reformes se heurtent a la resistance du Sacre College et des eveques. Malgre la creation de la garde noble , la noblesse romaine reste insatisfaite. Lorsque Consalvi doit quitter son poste en 1806 (c'est lui-meme qui, persuade d'etre devenu un obstacle aux negociations avec la France, suggerera a Pie VII de le remplacer), sa politique hardie a ete oubliee.

Le 15 juillet , la France reconnait officiellement le catholicisme comme la religion de la majorite de ses citoyens (mais non comme une religion d’Etat). Par le concordat de 1801 , l’Eglise recoit un statut de liberte lie a la Constitution gallicane du clerge . Le concordat reconnaitra aussi les Etats de l’Eglise et restituera ce qui avait ete confisque ou vendu pendant leur occupation. En vertu de l'accord de 1801 et a la demande du chef de l'Etat francais, le souverain pontife depose l'ensemble des eveques francais, eveques qui avaient ete nommes dans le cadre de la Constitution civile du clerge . C'est la fin des principes de l' Eglise gallicane , et la reconnaissance, implicite, de la primaute de juridiction du pape. Certains eveques et pretres refractaires , d'esprit gallican , refusent de se soumettre et fondent la Petite Eglise . En 1803 , la Restauration des Etats pontificaux sera officialisee par le traite de Luneville .

Face a Napoleon (1804 - 1814) [ modifier | modifier le code ]

Chambre du pape pie VII à Fontainebleau
Chambre du pape Pie VII a Fontainebleau.

Le pape ratifie le concordat par une bulle du , nomme cinq cardinaux francais, ecrit aux titulaires des eveches francais de se demettre de leur siege, envoie comme legat a latere le cardinal Giovanni Battista Caprara charge de retablir le culte en France, et obtient, par ordre du Premier consul, la restitution de l'ancien duche de Benevent et de Pontecorvo .

En ratifiant, le , le concordat , le pape Pie VII s’engage dans la voie d’une normalisation relative des relations entre le Saint-Siege et la Premiere Republique francaise . Neanmoins, la promulgation unilaterale des 77  articles organiques , le , tend a faire de l’Eglise de France une Eglise nationale, aussi peu dependante de Rome que possible, et soumise au pouvoir civil. Ces articles stipulent notamment que ≪ les papes ne peuvent deposer les souverains ni delier leurs sujets de leur obligation de fidelite, que les decisions des conciles œcumeniques priment sur les decisions pontificales, que le pape doit respecter les pratiques nationales, qu’il ne dispose enfin d’aucune infaillibilite ≫ . Ainsi le gallicanisme est-il en partie restaure mais le Saint-Pere ne peut accepter la subordination de l’Eglise de France a l’Etat. Le ministre des Cultes doit donner son accord a la publication des bulles et des conciles. La reunion des synodes diocesains et la creation de seminaires sont egalement soumises a son aval. Enfin le clerge devient un corps de fonctionnaires, les pretres des desservants de leur paroisse salaries par l’Etat.

Le couronnement imperial : ≪ Le pape eut toujours l'air d'une victime resignee, mais resignee noblement ≫ ecrira Madame de Remusat .

C'est pour tenter d’obtenir l’abrogation des articles organiques que Pie VII accepte, contre l'avis de sa Curie romaine , de venir sacrer Napoleon Bonaparte empereur des Francais a Notre-Dame de Paris le , mais il rentre a Rome, le , sans avoir obtenu gain de cause. Ces ≪  articles organiques  ≫ ne furent jamais acceptes par l' Eglise catholique .

Deja tendues a la suite de l'affaire des ≪ articles organiques ≫ les relations entre l’Eglise et le Premier Empire se deteriorent encore lorsque le pape refuse de prononcer l'annulation de mariage entre Jerome Bonaparte et Elizabeth Patterson en 1805. L’Empereur reprend sa politique expansionniste, prend le controle d’ Ancone , de Pontecorvo , de Benevent et de Naples apres la bataille d'Austerlitz , faisant de son frere Joseph Bonaparte le nouveau roi de Naples .

Enlevement et detention : Savone, puis Fontainebleau (1809 - 1814) [ modifier | modifier le code ]

L'hostilite monte d'un cran entre l'empereur et le pape. L’Empereur veut inclure les Etats pontificaux dans son alliance continentale dirigee contre l’ Angleterre  : ≪ Votre Saintete est souveraine de Rome, mais j’en suis l’Empereur ; tous mes ennemis doivent etre les siens ≫ , ecrit-il au pape le . Mais le Souverain pontife refuse d’adherer au blocus continental , considerant que sa charge de pasteur universel lui impose la neutralite. La repression imperiale ne se fait pas attendre et va crescendo : les Etats de l’Eglise sont bientot reduits au patrimoine de saint Pierre (1806?1808). Pie VII est force de demettre le cardinal Ercole Consalvi de ses fonctions de secretaire d’Etat, Rome est occupee militairement ( ) ; les Etats pontificaux sont annexes a l’Empire ( ) ; Pie VII repond, le , par une bulle d’ excommunication Quum memoranda ou il fustige les ≪ voleurs du patrimoine de Pierre, usurpateurs, fauteurs, conseillants, executants ≫ , ce qui lui attire de nouvelles rigueurs.

Dans la nuit du 5 au , le general Etienne Radet , aide d’un millier d’hommes, gendarmes, conscrits ou soldats de la garde civique de Rome, fait appliquer des echelles au palais du Quirinal , ou le pape se tenait enferme. Les fenetres et les portes interieures ayant ete forcees, il arrive, suivi de ses hommes jusqu’a la piece qui precede immediatement la chambre a coucher du pape. Celle-ci lui est ouverte par ordre du pape, qui s’etait leve au bruit et revetu a la hate de ses habits de ville.

Il soupait : deux plats de poisson composaient tout le service. Apres l’avoir ecoute, le pape ne lui repond que par ces mots : ≪ Monsieur, un souverain qui n’a besoin pour vivre que d’un ecu par jour n’est pas un homme qu’on intimide aisement. ≫ Radet, la tete decouverte, reitere tres humblement sa demande pour que le souverain pontife se joigne a Napoleon, et le pape lui retorque impassiblement : ≪  Non possumus , non debemus, non volumus ≫ (≪ Nous ne pouvons pas, Nous ne devons pas, Nous ne voulons pas ≫) .

Sur son refus formel de renoncer a la souverainete temporelle des Etats de l’Eglise, le general Radet enleve le pape du palais du Quirinal, en lui donnant le bras, ainsi que le cardinal Bartolomeo Pacca , secretaire d'Etat. Devant la force, le Pape quitte tranquillement le palais, entoure d'une multitude de soldats lui presentant les armes. On le fait monter dans un carrosse escorte par des gendarmes et on le conduit, prisonnier, a la chartreuse de Florence , puis a Alexandrie et a Grenoble . Amene ensuite a Savone , le pape y sera garde a vue, comme un veritable prisonnier d’Etat jusqu’en . Son ≪ geolier ≫, Antoine Brignole-Sale , prefet de Montenotte, aristocrate genois d'une grande famille, a laquelle le souverain pontife marquera beaucoup d'attention, s'acquitte de sa tache en obtenant tant les eloges de l'empereur que l'amitie du pape, qui le surnomme alors ≪ mon bon geolier ≫ . Pie VII lui rendra visite apres la fin de l'epopee napoleonienne dans sa somptueuse villa Brignole-Sale de Voltri [ 2 ] . Ne voulant pas devenir un simple ≪ haut fonctionnaire de l’Etat francais ≫, le pape refuse de toucher les 2 millions de revenus que lui assure le decret par lequel Rome etait annexee a l’Empire, proteste de nouveau contre le coup de force de Napoleon et refusera constamment de donner l’institution canonique aux eveques nommes par l'empereur, ce qui va compliquer toute la politique religieuse imperiale. A Savone, il ordonnera la destruction de son anneau du Pecheur , afin qu'aucun usurpateur du pouvoir apostolique ne s'en serve de maniere sacrilege. Et effectivement, Napoleon exigera bientot cet anneau pontifical, qu'on lui fera parvenir cisaille et brise en deux. Ce sera l'unique occasion, en 2 000 ans, ou l'anneau du Pecheur aura ete detruit du vivant du pape regnant.

Sur ces entrefaites, Napoleon, ayant appele a Paris treize cardinaux pour assister a son mariage avec Marie-Louise d'Autriche et ayant essuye un refus, il signe l’ordre de leur exil et leur assigne des residences separees. Profondement irrite de ne rien obtenir du pape pour les affaires ecclesiastiques, il se resout a se passer de lui en convoquant a Paris un concile national (1811) , interdit a Pie VII de communiquer avec les eveques de l’Empire, le menace d’une deposition et lui envoie a Savone, pour lui arracher une adhesion aux actes de ce concile, une deputation d’eveques, qu’il recoit avec une grande severite et qui ne peut rien obtenir de lui.

En 1812, avant de partir pour sa funeste campagne de Russie , Napoleon fait transferer secretement Pie VII a Fontainebleau . Le le docteur Balthazard Claraz sauve la vie du pape Pie VII , alors que, malade et epuise, il venait de recevoir l' extreme-onction a l'hospice du col du Mont-Cenis lors de son transfert de Savone a Fontainebleau.

Le , le pape Pie VII arrive au chateau de Fontainebleau . Le docteur Claraz assistera le Saint-Pere pendant les deux premiers mois de sa captivite, en tant que medecin chirurgien. Le souverain pontife y restera enferme pendant les dix-neuf mois qu'y durera sa deportation. Du au , le Saint-Pere n'est jamais sorti de son appartement. Pendant ces longs mois, Pie VII appelle Napoleon ≪ mon cher fils ≫ , et il ajoute : ≪ un fils un peu tetu, mais un fils quand meme ≫ , ce qui deconcerte totalement l'Empereur.

Le pape Pie VII recevant l'extrême onction au Mont Cenis
Le pape Pie VII recevant l'extreme-onction au Mont-Cenis.

Vaincu par l’opiniatrete de Napoleon et par l’obsession de certains cardinaux, le malheureux pontife consent, contre sa volonte, a signer, le , le ≪  concordat de Fontainebleau  ≫ (1813), par lequel il abdique sa souverainete temporelle, une partie de son autorite spirituelle, et consent a venir resider en France (Napoleon avait prevu d'installer la residence du pape dans l' ile de la Cite , a Paris). Toutefois, soutenu par les cardinaux Consalvi et Pacca, Pie VII se ressaisit tres vite, dans les affres de sa conscience tourmentee, et retracte formellement et solennellement peu de temps apres, le , sa signature sur ce ≪ concordat ≫, qu'il avait donnee sous la contrainte psychologique. Le pape, qui retrouve aussitot sa tranquillite de conscience, est immediatement traite, de nouveau, en prisonnier d’Etat. Napoleon entreprend alors des contacts directs avec son prisonnier, alternant les flatteries et les menaces les plus odieuses (il se laisse meme aller une fois, pris de colere, jusqu'a secouer l'impassible pontife en saisissant les boutons de sa soutane blanche). Pour toute reponse, le pontife, toujours tres observateur, qui discernait desormais parfaitement le jeu de son adversaire, qu'il savait de plus en plus aux abois du faits des evenements militaires europeens, se contentait de murmurer seulement cette phrase qui allait devenir mythique : ≪  Commediante… Tragediante…  ≫ (≪ Comedien… Tragedien… ≫) .

Le Pape Pie VII dans la chapelle Sixtine
Ingres , 1814
Washington , National Gallery of Art .

Retour triomphal a Rome (1814) [ modifier | modifier le code ]

Le , Napoleon, force par sa situation politique de plus en plus difficile en Europe, restitue ses Etats au pape. Le , Pie VII quitte le chateau de Fontainebleau , et les cardinaux liberes, pour certains, ou d'autres encore exiles dans diverses villes francaises jusqu'a la chute de l'empire. Pie VII traverse la France, ou de toute part les foules des villes et des campagnes accourent et se mettent a genoux au bord de son chemin. Apres un bref sejour libre a Savone, apres avoir fait etape a Nice , puis a Bologne, il rentre triomphalement a Rome le , ou les jeunes Romains detelent les chevaux de sa voiture et le portent avec sa voiture sur leurs epaules jusqu'a la basilique Saint-Pierre . Pie VII s’empresse de retablir le fidele cardinal Consalvi dans ses fonctions de secretaire d’Etat qu’il avait du abandonner en 1806 sous la pression de Napoleon. Libre de ses actions, il retablit tres vite la Compagnie de Jesus ( ). Son attitude de grande dignite et de resistance pacifique et determinee face au plus puissant monarque d'Europe lui gagne un prestige immense aupres des nations de toute l'Europe, y compris chez les protestants et les orthodoxes russes . C'est cette attitude que glorifie Ingres dans son tableau Le Pape Pie VII dans la chapelle Sixtine , conserve a Washington [ 3 ] .

Cependant, il lui faudra encore une fois quitter la ville, pour se refugier a Viterbe puis a Genes, lorsque Murat , roi de Naples , envahira les Etats pontificaux pendant la campagne des Cent-Jours . Pie VII retournera definitivement dans son palais du Quirinal le . Il est le dernier Pape, avant Jean-Paul II , a fouler le sol francais.

Apres la defaite de Napoleon, les Etats pontificaux recuperent les œuvres que lui avait volees la France. Pie VII prend alors l'initiative de creer a leur retour les musees etrusque, egyptien et Chiaramonti , qui font partie des musees du Vatican [ 4 ] .

Le decret de restauration de l'ordre des Jesuites [ modifier | modifier le code ]

Le tombeau de saint Ignace au Gesu, a Rome.

En 1773 , la Compagnie de Jesus avait ete supprimee par le pape Clement XIV par le bref Dominus ac Redemptor du , promulgue le 16 aout .

La decision du pape fut mise a execution dans les pays traditionnellement catholiques , mais dans d'autres, essentiellement la Prusse et la Russie , le bref ne fut pas promulgue, les souverains s'y opposant, moins par souci religieux que par souhait de ne pas se priver de l'education moderne que donnent les jesuites dans les colleges situes sur leur territoire. Au debut du XIX e  siecle la situation politique en Europe a entierement change. De nombreuses requetes sont parvenues au pape Pie VI , puis a Pie VII , demandant le retablissement de la Compagnie de Jesus.

Le ? peu apres son election ? le pape Pie VII publia le bref Catholicæ fidei , approuvant l'existence de la Compagnie de Jesus en Russie et nommant celui qui etait le ≪ vicaire temporaire ≫, Franciszek Kareu , ≪  superieur general de la Compagnie de Jesus  ≫ en Russie. Ce fut la premiere etape vers la restauration de l'ordre religieux.

Treize ans plus tard, finalement libre de ses mouvements et decisions, Pie VII signe la bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum restaurant universellement la Compagnie de Jesus ( ).

Signee le jour de la fete de Saint-Ignace , la bulle est promulguee le . Pour cette occasion Pie VII celebra la messe a l'autel de Saint-Ignace dans l' eglise du Gesu a Rome , se trouvant au-dessus du tombeau du saint fondateur des Jesuites. Par la suite il fit lire la bulle qui retablissait l'ordre dans le monde entier [ 5 ] et embrasse personnellement une centaine d'ex-jesuites, survivants de l'ancienne Compagnie. En meme temps, il confirme Tadeusz Brzozowski , superieur en Russie, comme ≪  superieur general de la Compagnie de Jesus  ≫.

Condamnation de l'esclavage [ modifier | modifier le code ]

Esclavage au Brésil par Jean-Baptiste Debret (1768-1848).
Esclavage au Bresil , par Jean-Baptiste Debret (1768-1848).

Rentre a Rome en 1814 le pape, avec l'aide du cardinal Consalvi, renouent des relations diplomatiques avec l'ensemble des nations europeennes. Il entretient une correspondance suivie avec les chefs d'Etat europeens. Une de ses preoccupations est l' abolition de l'esclavage . Lui qui a vecu cinq annees de privation de liberte et d'humiliations diverses est devenu particulierement sensible a cette question.

Dans une lettre du au roi de France , il ecrit : ≪ Pour bien se situer dans le sens des obligations morales, la conscience religieuse nous y pousse ; c'est elle en effet qui condamne et reprouve ce commerce ignoble par lequel les Noirs , non comme des hommes, mais simplement comme des choses vivantes, sont pris, achetes, vendus et pressures jusqu'a la mort par des travaux tres durs pour une vie deja miserable. ≫

Dans la meme lettre, il interdit ≪ a tous les ecclesiastiques ou laiques d'oser soutenir comme permis ce commerce des Noirs, sous quelque pretexte ou couleur que ce soit. ≫

Il est invite au congres de Vienne , en fevrier 1815 , ou il se fait representer par le cardinal Consalvi, qui contribue a obtenir que toutes les puissances s'engagent a reunir leurs efforts pour obtenir ≪ l'abolition entiere et definitive d'un commerce aussi odieux et hautement reprouve par les lois de la religion et les lois de la nature. ≫ [ 6 ]

Il ecrit plusieurs fois des lettres a ce sujet aux rois d'Espagne , du Portugal et du Bresil , sans guere etre ecoute. Ainsi, en 1823 , il ecrit au roi du Portugal : ≪ Le pape regrette que ce commerce des Noirs, qu'il croyait avoir cesse, soit encore exerce dans certaines regions et meme de facon plus cruelle. Il implore et supplie le roi du Portugal qu'il mette en œuvre toute son autorite et sa sagesse pour extirper cette honte impie et abominable. ≫ Ses successeurs immediats seront moins actifs dans ce domaine ; il faudra attendre 1839 et Gregoire XVI pour qu'une condamnation aussi ferme du commerce des Noirs soit de nouveau prononcee.

Rapports avec les Juifs [ modifier | modifier le code ]

Apres son entree dans les Etats pontificaux , Napoleon avait, en 1797, aboli les ghettos d'Italie, supprime le port du chapeau distinctif jaune ou du brassard frappe de l' etoile de David que devaient porter les Juifs , leur avait donne les droits de circuler et d'habiter ou ils le souhaitaient afin de les mener a une egalite citoyenne. Mais des son retablissement au pouvoir en 1814, Pie VII , persuade qu'il s'agissait d'un moyen de conversion, s'empressa de retablir les ghettos et les discriminations, d'imposer le port du brassard etoile pour les Juifs, et alla en ce sens plus loin que ne l'avait fait la Sainte-Alliance au Congres de Vienne [ 7 ] .

Actes pontificaux des dernieres annees (1814 - 1823) [ modifier | modifier le code ]

Des la chute de Napoleon le pape renoue des relations diplomatiques avec tous les souverains d'Europe et enseigne personnellement le pardon . Comme l’ecrit l’historien Marc Nadaux :

≪ Differents souverains rendent bientot visite au pape de Rome : l’empereur d’Autriche en 1819 , le roi de Naples en 1821 , le roi de Prusse en 1822 . Ceci confere a Pie VII le statut d’interlocuteur aupres des puissances europeennes de la restauration. Le souverain pontife dans sa grande mansuetude accorde meme l’hospitalite a la famille Bonaparte, a ≪  Madame Mere  ≫ , mere de l’Empereur en exil, a ses freres Lucien et Louis ainsi qu’a son oncle, le cardinal Fesch . Il intervient d’ailleurs aupres des autorites anglaises afin que les conditions de captivite de Napoleon soient plus clementes. Pie VII lui envoie bientot un aumonier, l’abbe Vignali. ≫

La sedia gestatoria du pape Pie VII - Exposition temporaire (2011) au chateau de Versailles .

La derniere phrase de sa lettre au gouvernement anglais dont il sollicite la clemence merite d'etre citee : ≪ Il ne peut plus etre un danger pour personne. Nous ne voudrions pas qu'il devienne une source de remords ≫ .

Le , la bulle pontificale Paternae Caritatis restaure 30 dioceses en France [ 8 ] . C'est apres de longues tractations avec le gouvernement de Louis XVIII que Pie VII accepte de restaurer 30 des dioceses supprimes lors de la Constitution civile du clerge pendant la Revolution francaise [ 9 ] .

En ce qui concerne la politique interieure des Etats pontificaux, de son retour a Rome (1814) a 1823, Pie VII reste fidele aux reformes liberales d'inspiration francaise qu'il avait lancees dans les annees 1800 a 1809. Il abolit les privileges de la noblesse dans les cites pontificales, promulgue un nouveau code civil et penal, reorganise l'education et assainit les finances.

Parallelement, il conclut des concordats avec la France, la Baviere et la Sardaigne ( 1817 ), la Prusse ( 1821 ), le Hanovre ( 1823 ).

Action theologique et doctrinale [ modifier | modifier le code ]

Sainte Angèle Mérici. Peintre anonyme du XVIIe siècle
Sainte Angele Merici. Peintre anonyme du XVII e  siecle.

Tres occupe par les questions politiques d'une epoque agitee, Pie VII n'a pas ete tres actif dans le domaine doctrinal. Il est pour ainsi dire peu determinant du point de vue theologique dans l' Histoire de l'Eglise bien qu'il soit le premier Pape a ratifier, implicitement, une forme de separation entre l'Eglise et l'Etat , ce qui constitue une rupture politico-religieuse majeure dans l'histoire du catholicisme dans sa phase post- constantinienne , phase majeure allant du IV e  siecle jusqu'a nos jours.

Le , juste apres son election, il envoie une lettre encyclique aux fideles catholiques du monde entier, Diu Satis , qui en appelle a un retour aux valeurs vivantes de l' Evangile .

Dans le domaine liturgique , Pie VII accorde en 1801 une indulgence apostolique aux louanges en reparation des blasphemes , recitees par les catholiques lors de la benediction du Saint-Sacrement . En 1814, la fete de Notre-Dame des Douleurs ( 15 septembre ), a ete universalisee. De plus il institue une fete solennelle en l'honneur de la ≪ Vierge secourable ≫ sous le titre de Notre-Dame Auxiliatrice, qu'il fixe a perpetuite au 24 mai , jour anniversaire de son heureux retour dans la ville de Rome. Pie VII beatifie Francois De Geronimo en 1806, un autre geste en faveur des Jesuites, et canonise Angele Merici (1807) et Francois Caracciolo (1807). Une nouvelle beatification en 1821: celle de Peregrino de Falerone .

Dans son encyclique Ecclesiam a Jesu Christo   (en) ( ) il condamne la franc-maconnerie ainsi que le mouvement du carbonarisme , une societe secrete aux revendications liberales .

Il reorganise la Congregation pour la propagation de la foi qui allait jouer aux XIX e et XX e  siecles un role crucial dans l'effort missionnaire de l'Eglise.

En 1822, il ordonne au Saint-Office d'accorder son imprimatur aux œuvres du chanoine Settele ou les theories de Copernic sont presentees comme un acquis de la physique et non plus comme une hypothese.

La question de l'epiclese eucharistique dans l'Eglise melkite [ modifier | modifier le code ]

Toutefois, doctrinalement parlant, il faut rappeler une tres vigoureuse intervention du pape Pie VII concernant l' epiclese eucharistique , telle qu'elle etait definie et pratiquee dans l' Eglise melkite-catholique d'Antioche. Ce pape, si doux et paisible de temperament, veillait en toutes circonstances, avec un regard d'aigle, sur l'integrite du dogme catholique, malgre tous les soucis et toutes les tempetes politiques qu'il avait a affronter sur le front exterieur a l'Eglise.

Dans un bref apostolique , intitule Adorabile Eucharistiae , du 8 mai 1822, le pape n'hesite pas a rappeler a l'ordre le patriarche et les eveques de l'Eglise melkite-catholique, et il sera immediatement obei, sur une derive doctrinale qui s'etait peu a peu insidieusement introduite dans leur Divine Liturgie , notamment dans la priere eucharistique , ou il etait considere que c'est l' epiclese eucharistique seule qui opere vraiment le mystere de la Transsubstantiation (les especes du pain et du vin devenant reellement le Corps et le Sang de Jesus-Christ , alors que, selon la stricte doctrine catholique, la Transsubstantiation est operee par les seules paroles du Christ, redites, durant la Consecration, par le pretre officiant in persona Christi , a savoir : (Prenez et mangez, ceci est mon corps ... Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang verse pour la multitude ...) . Le pape y voit un glissement insidieux vers une doctrine consideree comme schismatique en vigueur dans les Eglises appelees orthodoxes , separees de Rome.

Dans le Bref apostolique du 8 mai 1822, Pie VII ecrit ainsi a toute l'Eglise melkite-catholique d'Antioche :

... Une grande cause de douleur et de crainte a ete occasionnee par ceux qui repandent cette opinion nouvelle, soutenue par les schismatiques, qui enseigne que la forme par laquelle ce Sacrement vivifiant est accompli, ne consiste pas dans les seules paroles de Jesus Christ qu'utilisent les pretres, aussi bien latins que grecs lors de la Consecration, mais que, pour que la Consecration soit parfaite et consommee, il est necessaire que soit ajoutee cette formule de priere, qui chez nous precede les paroles mentionnees mais qui dans votre liturgie les suit... (...) En vertu de la sainte obeissance, Nous prescrivons, et Nous ordonnons, qu'ils n'aient plus l'audace desormais de soutenir cette opinion qui dit que, pour cette admirable conversion de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ et de toute la substance du vin en la substance de son Sang, il est necessaire, outre les paroles du Christ, que soit recitee aussi cette formule de priere ecclesiastique que nous avons deja mentionnee. [ 10 ]

Pie VII etablit plusieurs dioceses dans une nouvelle nation : les Etats-Unis . A la suite du diocese de Baltimore , tout premier diocese catholique aux Etats-Unis , erige en 1795 par Pie VI , sont crees (en 1808) les dioceses de Boston , New York , Philadelphie et Bardstown. Pie VII y ajoute encore, en 1821, les dioceses de Charleston et Richmond et en 1821 celui de Cincinnati .

Il retablit sa residence au palais du Quirinal , residence alors civile des papes (par opposition a celle du palais du Vatican , ou il sejourne egalement, ce que feront tous ses successeurs jusqu'a Pie IX en 1870.

Vaste action culturelle et pedagogique [ modifier | modifier le code ]

Le Colisée
Le Colisee.

Homme tres cultive, Pie VII s’est distingue par son souci permanent d’embellir Rome et de sauvegarder son passe.

En 1802, il autorise les fouilles archeologiques du port d’ Ostie . Ce qui met au jour un ensemble de ruines remarquables : voie d'acces bordee de tombeaux, rues, thermopolium , magasins, thermes, palestre , caserne des vigiles, theatre, forum, basilique, curie, marches, sanctuaires, temple capitolin. Il fait aussi entreprendre des fouilles autour du lac Trajan .

A Rome, en 1807, il fait entreprendre de grands travaux de soutenement, de construction de murs de briques et d’ arcs-boutants pour sauver le Colisee qui menace la ruine. Il fait amenager les abords de l’ arc de Constantin et construire la fontaine de Monte-Cavallo . La place du Peuple ( Piazza del Popolo ) est reamenagee et l’ obelisque du mont Pincius est erigee.

Sous le regne de Pie VII , Rome devient le lieu de rendez-vous d’artistes majeurs dont il soutient la creation artistique. Il faut citer le venitien Canova , le Danois Bertel Thorvaldsen (belle ouverture d’esprit puisqu'il etait protestant), l’autrichien Fuhrich et les Allemands Overbeck , Pforr , Schadow [Lequel ?] et Cornelius .

Pie VII enrichit la Bibliotheque vaticane de nombreux manuscrits et volumes imprimes. Les colleges anglais, ecossais et allemand sont rouverts et de nouvelles chaires sont creees a l' Universite gregorienne .

Il a aussi fait construire de nouvelles salles au musee du Vatican et fait batir la partie qu’on nomme ≪  Braccio Nuovo  ≫, inauguree en 1822 et qui est plus tard nommee ≪  musee Chiaramonti  ≫ en l’honneur de son instigateur. Ce musee abrite des statues romaines et des copies de statues grecques antiques ; le sol est couvert de mosaiques.

C'est egalement Pie VII qui fait adopter le drapeau jaune et blanc qui est encore aujourd'hui celui du Saint-Siege.

Mort, enterrement et veneration [ modifier | modifier le code ]

Tombeau de Pie VII par Thorvaldsen. Chapelle Clémentine de la Basilique Saint-Pierre
Tombeau de Pie VII par Thorvaldsen. Chapelle Clementine de la basilique Saint-Pierre.

Affaibli par le grand age, Pie VII se deplacait de plus en plus difficilement. Le , le pape, qui va avoir 81 ans, fit comme d'habitude une lente promenade dans les jardins interieurs du palais du Quirinal . Dans la soiree du 6 (14 ans jour pour jour apres son enlevement par le general Radet et l'armee francaise), Pie VII , qu'on avait laisse momentanement seul dans son bureau, malgre les recommandations contraires du secretaire d'Etat le cardinal Consalvi, voulut se lever de son fauteuil en s’appuyant sur sa table de travail. On avait fixe derriere lui un cordon au mur, qu'il agrippait pour se mettre debout ; mais sa main affaiblie atteignit mal le cordon, qui lui glissa des doigts. Perdant l'equilibre, le pape tomba lourdement sur le carrelage et se fractura le col du femur gauche. Au grand cri qu'il poussa, les cameriers secrets et les prelats domestiques accoururent des salles voisines. Pie VII s'alita pour ne plus se relever. Au matin du 7 juillet , la nouvelle s'etant repandue durant la nuit, le peuple romain accourut sur la place de Montecavallo (place du Quirinal ) et ne cessa plus de veiller sous les fenetres du Pontife.

Le roi de France Louis XVIII fit envoyer de Paris a Rome un lit mecanique special, pour soulager les souffrances du Pontife. Au cardinal Bertazzoli, eplore, qui le harcelait pour qu'il accepte les services de tel ou tel medecin qu'on lui recommandait, le Pape fit cette reponse piquante, avec son calme perpetuel : Andate, Signor Cardinale… Voi siete pio, ma veramente un pio seccatore. ( Allez, Monsieur le Cardinal… Vous etes pieux, mais vraiment un pieux raseur. ) [ 11 ] Le 19 aout , son etat s’aggrava et il ne prononca plus que des mots en latin a voix basse, signe qu’il etait constamment en prieres. Dans la nuit, perdant conscience par moments, il murmura souvent ces seuls et derniers mots : Savona !… Savona !… Fontainebleau !… [ 12 ] , les noms des villes ou il avait ete deporte cinq ans loin de Rome et ou il avait beaucoup souffert. Le 20 aout , a cinq heures du matin, alors qu’il venait d’entrer dans sa 82 e  annee, Pie VII , veille par son fidele secretaire d'Etat le cardinal Consalvi, mourut, apres un regne de 23 ans, cinq mois et six jours, pleure par le peuple romain qui l'accompagna tout au long de sa paisible agonie.

On proceda immediatement a l’ embaumement du pape, dont les entrailles furent portees a l'eglise Saints-Vincent et Anastase de Trevi , la paroisse du Quirinal ou reposent, dans des urnes de marbre, le cœur et les visceres de 23 papes, de Sixte V a Leon XIII . L' anneau du pecheur fut brise (pour la seconde fois [ 13 ] ) et la depouille mortelle de Pie VII fut exposee au palais du Quirinal , revetue des vetements pontificaux solennels. Une foule dense et attristee recouvrit bientot la place de Monte-Cavallo pour lui rendre un dernier hommage. Le lendemain, 22 aout , le corps fut transporte a la basilique Saint-Pierre du Vatican accompagne d'une foule immense.

Les funerailles du Pape durerent neuf jours, selon la coutume de l'Eglise de Rome (d’ou l’expression Novendiali ). Le neuvieme jour, on scella le cercueil de plomb. Aux pieds du Pape on deposa une bourse contenant les medailles et les monnaies frappees durant son regne ; le cercueil de plomb fut renferme dans un cercueil de chene qui fut place temporairement dans la crypte vaticane, la ou avait ete inhume son predecesseur Pie VI .

Le monument funeraire, par Thorvaldsen [ modifier | modifier le code ]

Dans son testament, le cardinal Consalvi, secretaire d'Etat de Pie VII , avait stipule que tous les presents qu’il avait recus de monarques etrangers au cours de sa longue carriere diplomatique devaient etre vendus, et que le produit de la vente devait servir a terminer les facades de plusieurs eglises de Rome, a faire quelques presents a ses serviteurs, a soulager les pauvres de la Ville, et a faire eriger dans la basilique Saint-Pierre un monument funeraire a son maitre et ami, le pape Pie VII . Le cardinal Consalvi mourut en 1824 , quelques mois apres le defunt pape.

Il fut fait selon sa volonte. Dans l’un des transepts gauches de la basilique Saint-Pierre, le sculpteur danois Bertel Thorvaldsen elabora les plans d'un monument a Pie VII , representant le pape le visage grave, entoure de deux figures allegoriques dans une attitude pensive et attristee : la Force et la Sagesse, entourees des genies de l’Histoire et du Temps. La depouille mortelle de Pie VII y fut transferee en 1825 . Le monument funeraire de Pie VII est la seule œuvre d’art de la basilique Saint-Pierre a avoir ete realisee par un artiste non catholique (Thorvaldsen etait protestant ) [ 14 ] .

Le successeur de Pie VII fut le pape Leon XII .

Le bilan d'une vie profondement chretienne [ modifier | modifier le code ]

Face a l’histoire globale, Pie VII et son predecesseur Pie VI (qui totalisent a eux seuls 47 ans de regne) se trouvent a la charniere entre l’ Ancien Regime et l’eclosion d’un monde nouveau, industriel, marque par les nationalismes , les aspirations a la democratie et au pluralisme de pensee. C’est la fin de la lutte entre le Pape et l’Empereur, initiee au Moyen Age et c’est l’Empereur (le pouvoir civil) qui, malgre la resistance des pontifes du XIX e  siecle, va s’imposer.

C’est par sa personne elle-meme que Pie VII a marque son temps et qu’il attire aujourd’hui encore l’attention.

Par son caractere profondement pacifique . Comme eveque, il fera tout pour eviter les revoltes contre l’envahisseur et toute la violence qui l’aurait accompagnee. Au general Radet venu l’arreter, il demande si aucun sang n’a ete verse, puis, rassure, il le suit. A aucun moment de sa captivite, il n’incitera les catholiques a une resistance violente et ne se departira jamais d'une absolue neutralite dans les conflits armes de son epoque. Une fois rentre a Rome en 1814, aide d’ Ercole Consalvi , il developpera une intense activite diplomatique visant notamment a encourager la coexistence pacifique entre les Etats europeens et les religions.

Par son humilite . Lors du conclave de 1800, Pie VII resistera longtemps au choix des cardinaux de l'elire pape. Plus tard, lors de sa captivite a Fontainebleau, le moine benedictin qu'il etait toujours reste interieurement insiste pour laver lui-meme sa soutane blanche, et en repriser les boutons. Lors de ses nombreux transferts au cours de sa deportation, il accepte de revetir la bure noire des moines benedictins que ses geoliers voulurent lui imposer, car il s'agissait pour eux de transporter le Pape dans un incognito total, pour que les gens, le voyant peut-etre monter ou descendre de voiture, ne le reconnaissent pas a sa soutane blanche et a sa mozette rouge ; dans l'esprit du pape, reste benedictin au fond de l'ame, revetir l'habit noir d'un simple moine ne posa aucun probleme, et il repondit simplement : ≪  Sta bene  ≫ (≪  C'est bien, qu'il en soit ainsi  ≫). L'un des soldats charges de le garder lors de sa captivite a Savone, ecrit, le  : ≪ Moi qui etais l’ennemi des pretres, il faut que je confesse la verite, car j’y suis oblige. […] Depuis que le Pape est relegue ici, dans ce palais episcopal, et garde a vue, non seulement par nous mais aussi a l’interieur de la maison, je peux vous dire que ce saint homme est le modele de l’humanite, le modele de la moderation et de toutes les vertus sociales, qu’il se fait aimer de tous, qu’il adoucit les esprits les plus forts et fait devenir amis ceux-la memes qui sont les ennemis les plus implacables. Le Pape passe presque tout son temps en priere, souvent prostre, et la face contre terre. Et le temps qui lui reste, il s’occupe a ecrire ou a donner audience ≫ [ 15 ] .

Si l'on excepte sa consommation immoderee de tabac a priser , on ne trouve a son propos que des louanges dans la bouche meme de ses ennemis [ref. necessaire] .

Par son integrite . Contrairement aux habitudes de nepotisme de nombre de ses predecesseurs, Pie VII veillera toujours a ne favoriser en rien les membres de sa famille. A son frere Gregoire, il n'accorde qu'une pension de 150 ecus par mois et a son neveu orphelin, il n'accorde qu'une microscopique propriete a Cesene .

Par sa dimension intellectuelle . L’humble Pie VII est en realite un brillant intellectuel aux interets tres varies. Polyglotte ( italien , francais , anglais , latin ), traducteur remarquable (des œuvres de Condillac notamment) et excellente plume (de nombreuses lettres en temoignent), Pie VII a consacre de nombreuses annees de sa vie a lire, a etudier (il a ete bibliothecaire pendant neuf ans du college San Anselmo) et a enseigner (a l’abbaye de San Giovanni de Parme, au college San Anselmo et a l’abbaye de Santa Maria del Monte). Sa bibliotheque privee (conservee a la Biblioteca Malatestiana de Cesene) est etonnante. Plus de 5000 ouvrages dont des Codex du Moyen Age (59), des ouvrages d’histoire, d’archeologie, de numismatique, d’economie politique et de sciences. Comme l’ecrit Jean Leflon qui a eu acces a cette bibliotheque, ≪ c'est aussi un homme d'etude par gout, avec une predilection marquee pour les sciences, comme en temoigne sa bibliotheque papale conservee a la Malatestienne de Cesene ou abondent les ouvrages consacres a celles-ci. Nous savons qu'il souscrivit a l'encyclopedie raisonnee des Sciences et des Arts […]. En theologie, en philosophie, dom Gregorio recourt aux methodes positives ; il osa meme patronner la methode de Condillac […] ≫ [ 16 ]

En fait, c’est a tous les niveaux, meme personnel, que Pie VII est a la charniere de l’Histoire et toute sa personne est un paradoxe vivant. En examinant sa bibliotheque, l’on peut a peine deviner qu’elle appartient a un religieux d’autant que plusieurs livres s'y trouvant sont en fait a l' Index … Et l’on peut moins encore imaginer que cet homme curieux et progressiste va devenir pendant 23 ans le chef d’une Eglise dont il defendra bec et ongles la liberte, l’enseignement, les traditions et le pouvoir temporel.

Par son action politique . En retablissant les jesuites , Pie VII rehabilite un ordre intellectuel et progressiste. Il semble que sa signature du concordat ne soit pas une facon de se plier a Napoleon, mais qu’elle correspondait a ses convictions profondes. En combattant l’ esclavage , il est en avance d’un siecle sur son temps et ne se fait pas que des amis parmi les autres monarques europeens. [ref. necessaire] En etablissant a Rome la liberte de commerce, en ouvrant la Curie a des collaborateurs laiques (1800?1806), en tissant des relations diplomatiques avec la Russie , l’ Angleterre , les Etats-Unis , des pays non catholiques, en reorganisant les ecoles dans les Etats pontificaux et en y abolissant la feodalite , Pie VII est resolument un pape du progres inspire des Lumieres [ref. necessaire] .

Pie VII (par Sir Thomas Lawrence , 1819 - Palais de Buckingham , Londres) . L'un des portraits les plus fidelement ressemblants du Pape, au physique et au moral.

Par son action culturelle . Lorsque moine et prieur benedictin, dom Gregorio tentera de renover l’ideal monastique de son ordre et travaillera a y moderniser l’enseignement. Une fois devenu pape, il travaillera a mettre en valeur le passe antique de Rome (fouilles archeologiques du port d’Ostie, travaux de restauration du Colisee) et d’embellir la ville (abords de l’arc de Constantin, fontaine de Monte-Cavallo, Piazza del Popolo , obelisque du mont Pincius). Il creera un musee consacre a l’ Antiquite , creera ou fera rouvrir des ecoles et fera enrichir considerablement la Bibliotheque vaticane . Il invitera aussi a Rome de nombreux artistes sans distinction de provenance ou de religion (nombre d'entre eux sont protestants), ce qui temoigne, vu l’epoque et sa fonction, d’une grande ouverture d’esprit.

Par son humanite et sa bonte . Denue de toute ambition personnelle, ami tres fidele (notamment des cardinaux Pacca et Consalvi), extremement sobre (il avouait vivre d’un seul ecu par jour), pieux, doux (jamais il n’elevait la voix), discret, modeste, humble, mais tres genereux (il depense tous ses revenus d'eveque a soulager chaque jour les pauvres de son diocese de Tivoli puis d'Imola), tres ferme sur les droits inalienables de l'Eglise, au point de risquer sa vie pour les defendre (sa longue resistance, pacifique mais intraitable, face a Napoleon, est a cet egard exemplaire), Pie VII brille aussi par sa grandeur d’ame : il recueille a Rome toute la famille Bonaparte exilee, et est le seul souverain en Europe a insister officiellement pour que la captivite de Napoleon dechu soit adoucie). Sans doute vaut-il mieux laisser la parole a ce sujet a Napoleon Bonaparte lui-meme, qui a ete son principal adversaire et qui, dans ses Memoires de Sainte-Helene , ecrit ces mots au sujet du pape Pie VII :

≪ C’est veritablement un bon, un doux, un brave homme. C’est un agneau, un veritable homme de bien, que j’estime, que j’aime beaucoup, et qui, de son cote, me le rend un peu, j’en suis sur… ≫

Proces en beatification [ modifier | modifier le code ]

Le , le pape Benoit XVI a autorise l'ouverture du proces en vue de la beatification de Pie VII . Il a d'ores et deja recu le titre canonique de Serviteur de Dieu , par decret papal reconnaissant officiellement l' heroicite de ses vertus (Cf. Serviteur de Dieu ).

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Jean Cohen, Precis historique sur Pie VII , contenant divers details ignores ou peu connus, tires de memoires inedits sur la famille, le caractere, la vie privee, l'election et le gouvernement de ce pontife : le tout accompagne de notes et pieces justificatives, telles que lettres, bulles, et autres actes, Delaunay, 1823, p.  15.
  2. Voir Famille Brignole sur Wikipedia.
  3. Tableau d'Ingres
  4. Caroline Pigozzi , ≪ Visite privee au Vatican ≫, Paris Match , semaine du 2 au 9 janvier 2018, p. 50-59.
  5. August 1814 - Wiederherstellung der Gesellschaft Jesu .
  6. Patricia Gravatt   (ht) , L'Eglise et l'esclavage , Editions L'Harmattan , p.  107.
  7. Ben Weider, ≪  Napoleon 1er et les juifs  ≫, sur Napoleonic Society
  8. H. Fisquet, La France pontificale , Repos, 1864.
  9. Une grande partie de ces informations provient de Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIX e  siecle , 1866-1877.
  10. Pape Pie VII - Bref apostolique Adorabile Eucharistiae du 8 mai 1822, au Patriarche et aux Eveques de l'Eglise Melkite-catholique d'Antioche, in Denzinger - Article § 2718. Editions du Cerf, 1997, p. 629.
  11. Chevalier Alexis Artaud de Montor, Histoire du Pape Pie VII , p.  442, 1836.
  12. Chevalier Alexis Artaud de Montor, Histoire du Pape Pie VII , p.  445, 1836.
  13. En effet, une premiere fois, en mars 1811, le Pape avait lui-meme ordonne aux membres de sa suite deportes avec lui a Savone, de briser secretement l'Anneau du Pecheur afin qu'il ne tombe pas intact aux mains du regime napoleonien (qui l'exigeait par l'intermediaire de sa police a Savone) et pour qu'on ne puisse en faire un usage sacrilege. Napoleon, ≪ qui songeait a tout, se garda bien d’oublier de faire enlever au Saint-Pere son Anneau du Pecheur ≫ (cf. D'Haussonville). Ordre etait donne de le faire rechercher, mais ≪ sans toutefois employer la violence s’il se trouvait entre les mains du Pape ≫ (recommandation expresse du prince Borghese au prefet-commissaire Chabrol a Savone, par lettre du 12 janvier 1811). Le pape toutefois, debut mars, pressentant l'imminence d'un coup de force, l'avait fait secretement briser par des membres de la suite pontificale. De fait, entre le 10 et le 14 mars 1811, l'Anneau du Pecheur etait materiellement arrache au pape mais sans violence directe : ≪ Etait-ce la crainte qu’on ne fit un usage frauduleux du Sceau du Pecheur, qui d’ordinaire sert a revetir les actes les plus importants emanes du Chef de la Catholicite ?… Toujours est-il qu’apres un peu d’hesitation le Pape remit son anneau au capitaine de gendarmerie (Lagorse) __ mais il avait pris auparavant la precaution de le faire briser en deux, et ce fut dans cet etat qu’il fut envoye par le prince Borghese a l’empereur. ≫ Cf. Comte Joseph d'Haussonville, L'Eglise romaine et le Premier Empire 1800-1814 , t. 3, p.   583-585 , ed. 1870.
  14. Chevalier Alexis Artaud de Montor, Histoire du pape Pie VII , 1844.
  15. Voir : http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=18280 .
  16. J. Leflon, Un Pape romagnol : Pie VII , cit., p.  243. ≪ Del Condillac troviamo in Piana (11.91) una copia della traduzione italiana, con dedica del traduttore a Pio VII : E.B.Condillac, Saggio sopra l’origine delle umane cognizioni, tradotto dal francese con note e osservazioni critiche di Tommaso Vincenzo Falletti ≫, Roma, Zempel, 1784.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Memoires [ modifier | modifier le code ]

  • (it) Erasmo Pistolesi, Vita del Sommo Pontefice Pio VII , vol.   IV , Perego Salvioni, 1830, Vol. I-II-III, Bourlie, 1824.
  • Ercole Consalvi, Memoires du cardinal Consalvi secretaire d'Etat du pape Pie 7 , avec une introduction et des notes / par J. Cretineau-Joly, Paris, Plon, 1864.
  • (it) Domenico Martinengo et Francesco Martinengo, Pio VII in Savona : memorie storiche / per D. e F. Martinengo, Torino, Tipografia salesiana, 1888.

Etudes historiques [ modifier | modifier le code ]

  • Jean-Marc Ticchi, Pie VII:Le pape vainqueur de Napoleon ? , Perrin, 2022, 416 p. ( ISBN   978-2-262-09501-7 )
  • Serge Ceruti, Le pape prisonnier de l'empereur , Salvator, 2022, 236 p.
  • Yves-Marie Hilaire (dir.), Histoire de la papaute , Seuil, coll. ≪ Points Histoire ≫, 2003.
  • Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papaute , Fayard, 2003.
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  • Jean Leflon, Monsieur Emery l'Eglise concordataire et imperiale , Paris, Maison de la Bonne Presse, 1947.
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  • (it) Pio 6. Braschi e Pio 7. Chiaramonti: due pontefici cesenati nel bicentenario della campagna d'Italia : atti del Convegno internazionale, maggio 1997 / [a cura di Andrea Emiliani, di Luigi Pepe e di Biagio Dradi Maraldi, con la collaborazione di Michela Scolaro], Bologna : CLUEB, [1998].
  • (it) Centenario del ritorno di Pio 7. alla Sede romana e Festa di Maria ss. Auxilium christianorum, 24 maggio 1814-24 maggio 1914 : (Societa primaria romana per gl'interessi cattolici), Roma : Tip. Cuggiani, 1914.
  • Jean Mpisi, Les papes et l'esclavage des Noirs : Le pardon de Jean-Paul II , editions L'Harmattan, 2008.
  • (it) Artaud de Montor, Alexis Francois, Storia di Pio VII … Tradotta dall'abate Cesare Rovida , Milano, presso G. Resnati, 1838.
  • Louis Francois Bellaguet, Memoires du cardinal Pacca sur la captivite du pape Pie VII , et le concordat de 1813 , Paris, Ladvocat, 1833.

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