Le
palais de Topkapı
(ou
Topkapi
[
1
]
; en
turc
: Topkapı Sarayı
[top.k?.'p? s?.??.'j?]
, ou en
turc ottoman
?????? ?????
est un palais d'
Istanbul
, en
Turquie
. De 1465 a 1853, il est la residence de ville, principale et officielle, du
sultan ottoman
. Le palais est construit sur l’emplacement de l’
acropole
de l’antique
Byzance
. Il domine la
Corne d'Or
, le
Bosphore
et la
mer de Marmara
. Le nom de ≪ Topkapı Sarayı ≫ signifie litteralement ≪ palais de la porte des canons ≫, d'apres le nom d'une porte voisine aujourd'hui disparue. Il s'etend sur 700 000
m
2
(
70
ha
) et est entoure de cinq kilometres de remparts.
La construction commence en 1459, sous le sultan
Mehmed II
[
2
]
, conquerant de la
Constantinople
byzantine
. Par la suite, le palais imperial connait de nombreux agrandissements : la construction du
harem
au cours du
XVI
e
siecle, ou les modifications apres le
seisme de 1509
et l'incendie de 1665. Le palais est un complexe architectural compose de quatre cours principales et de nombreux batiments annexes. Au plus fort de son existence comme residence imperiale, il abritait plus de 4 000 personnes et s'etendait sur une zone encore plus vaste.
Le palais de Topkapı perd progressivement de son importance a partir de la fin du
XVII
e
siecle, lorsque les sultans lui preferent un nouveau palais, le long du Bosphore. En 1853, le sultan
Abdulmecid
I
er
decide de deplacer sa cour vers le
palais de Dolmabahce
, premier palais de style europeen de la ville, dont la construction vient de se terminer. Certaines fonctions, comme le tresor imperial, la bibliotheque, les mosquees et la monnaie restent a Topkapı.
Apres la fin de l'Empire ottoman en 1921, le palais de Topkapı est transforme en
musee
de l'ere ottomane par decret du nouveau gouvernement republicain du
. Le musee du palais de Topkapı est, depuis, place sous l'administration du ministere de la Culture et du Tourisme. Si le palais comporte des centaines de pieces et de chambres, seules les plus importantes sont habituellement ouvertes aux visiteurs. Le complexe est surveille par des fonctionnaires du ministere ainsi que des gardes de l'armee turque. Il offre de nombreux exemples de l'architecture ottomane et conserve d'importantes collections de
porcelaine
, de vetements, d'armes, de boucliers, d'armures, de miniatures ottomanes, de manuscrits de
calligraphie islamique
et de peintures murales, ainsi qu'une exposition permanente du tresor et de la
joaillerie
de l'epoque ottomane.
Le palais de Topkapı est repertorie parmi les monuments de la zone historique d'Istanbul. Il a ete inscrit sur la liste du
patrimoine mondial de l'UNESCO
en 1985, ou il est decrit comme ≪ un ensemble incomparable de batiments construits sur quatre siecles, unique par la qualite architecturale de ses batiments autant que par leur organisation qui reflete celle de la cour ottomane ≫
[
3
]
.
En 2018, il s'agit du musee le plus visite de Turquie avec 2 980 450 de visiteurs
[
4
]
.
Le palais est situe sur la ≪ pointe du Serail ≫
(
(tr)
Sarayburnu)
, un
promontoire
donnant sur la
Corne d'Or
et la
mer de Marmara
, avec de nombreux points de vue sur le
Bosphore
. Cette hauteur qui commande le detroit etait l'
acropole
de l'ancienne ville grecque de
Byzance
. Une
citerne
byzantine, sous la seconde cour, a ete utilisee tout au long de l'epoque ottomane. Des fouilles y ont ete menees, ainsi que sur les vestiges d'une petite eglise appelee ≪
basilique
du palais ≫. L'eglise
Sainte-Irene
, bien que situee dans la premiere cour, n'est pas consideree comme faisant partie de l'ancienne acropole byzantine.
Apres la conquete ottomane et la
chute de Constantinople
en 1453, le sultan
Mehmed II
trouve le
Grand Palais
imperial byzantin de
Constantinople
en grande partie ruine
[
Necipo?lu 1
]
.
La Cour ottomane s'installe d'abord dans le ≪ Vieux Palais ≫
(
(tr)
Eski Sarayı)
(qui deviendra au
XX
e
siecle
le site de l'
universite d'Istanbul
). Le sultan recherche un meilleur emplacement, et choisit l'ancienne acropole byzantine. Il ordonne en
1459
la construction d'un ≪ Nouveau Palais ≫
(
(tr)
Yeni Sarayı)
. Il ne recoit le nom de
Topkapi
qu'au
XIX
e
siecle.
Le sultan Mehmed II lui-meme cree la disposition de base du palais. Il choisit le point le plus eleve du promontoire pour ses appartements
[
Necipo?lu 2
]
. C'est a partir de ce noyau prive que commencent a s'edifier les autres pavillons, depuis le promontoire vers les rives du
Bosphore
. L'ensemble du complexe est entoure de hauts murs, dont certains remontent a l'
acropole
byzantine. Ce schema de base continue a regir les futures renovations et extensions.
Selon le temoignage de l'historien contemporain Kritovolous d'Imbros
[
Necipo?lu 3
]
:
≪ [Le sultan] [...] prit soin de convoquer les meilleurs ouvriers de toutes parts - macons, tailleurs de pierre, charpentiers [...]. Il voulait construire de grands edifices qui devaient etre utiles et devaient, a tous egards, rivaliser avec les plus grandes et les meilleures realisations du passe. Pour cette raison, il veillait a ce qu'on accordat le plus grand soin a la supervision du travail et a la qualite des materiaux de toutes sortes, et il etait egalement preoccupe par toutes les depenses que cela occasionnait. ≫
Les temoignages different sur les dates de debut et d'achevement de la construction du noyau central : Kritovolous donne les dates de
1459
-
1465
, alors que d'autres sources suggerent une date d'achevement proche de la fin des annees 1460
[
Necipo?lu 4
]
.
Contrairement a d'autres residences royales qui ont des plans tres stricts (comme le
chateau de Schonbrunn
ou le
chateau de Versailles
), le palais de Topkapi se developpe au cours des siecles, avec des ajouts et des changements operes par differents sultans. L'asymetrie de l'ensemble resulte de cette croissance erratique et de ces modifications accumulees
[
5
]
, bien que le projet de
Mehmed II
ait toujours ete preserve.
La plupart des changements ont lieu durant le regne du sultan
Soliman le Magnifique
, dans les annees
1520
-
1560
. Avec l'expansion rapide de l'
Empire ottoman
, Soliman veut que sa residence soit le reflet de sa puissance et de sa gloire. De nouveaux batiments sont construits, d'autres agrandis, sous la responsabilite de l'architecte en chef de cette periode, le persan Alauddin, egalement connu sous le nom d'Acem Ali
[
Necipo?lu 5
]
. Il est aussi le responsable de l'extension du
harem
.
En
1574
, quand un grand incendie detruit les cuisines,
Mimar Sinan
est charge par le sultan
Selim II
de la reconstruction des parties detruites, qu'il agrandit, ainsi que le harem, les bains, le salon prive et divers pavillons annexes
[
Necipo?lu 5
]
. A la fin du
XVI
e
siecle, le palais acquiert son aspect actuel.
Le palais est un vaste complexe constitue d'un ensemble de batiments de faible hauteur disposes autour de cours interieures et relies par des galeries et des passages. Les batiments ne depassent pas deux etages. Ils sont parsemes d'arbres, de jardins et de fontaines. La vie s'organisait autour de ces batiments et de ces cours, dans une atmosphere ouverte, et agreablement fraiche en ete.
Le palais, vu du ciel, forme approximativement un rectangle divise entre les quatre grandes cours et le harem. L'axe principal va du sud vers le nord, partant de la premiere cour et rejoignant les autres successivement vers le nord. La premiere cour etait la plus accessible, tandis que la plus eloignee (la quatrieme) et la cour du harem etaient les plus secretes, le domaine du seul sultan. La cinquieme cour se trouve en bordure exterieure du palais sur des terrains proches du rivage. L'acces a ces cours est limite par de hauts murs et controle par des portes successives. Outre les quatre ou les cinq cours principales, de nombreuses autres cours, moyennes ou petites, sont disseminees dans tout le complexe. L'ensemble couvre une surface entre 592 600 metres carres
[
Necipo?lu 6
]
et 700 000 metres carres, selon les elements pris en compte
[
6
]
.
Les cotes sud et ouest sont bordes par le grand parc floral du sultan, de nos jours le
parc Gulhane
(
gulhane
signifiant "la maison des roses"). Au sud et a l'est s'etend la mer de Marmara. Divers batiments annexes comme les petits palais d'ete
(kasrı)
, les pavillons, les kiosques
(ko?ku)
et autres structures pour l'agrement et l'administration existaient autrefois sur la rive, dans la zone appelee ≪ cinquieme place ≫. Ils ont disparu au cours du temps, negliges, ou supprimes lors de la construction de la ligne de chemin de fer littorale au
XIX
e
siecle. Un dernier kiosque subsiste en bord de mer : le ≪ kiosque des Vanniers ≫
(Sepetciler Kasrı)
, construit en
1592
par le Sultan
Murad III
. Tout ceci explique que la superficie totale du palais de Topkapı etait plus importante qu'aujourd'hui.
Le palais de Topkapı etait la residence principale du sultan et de sa cour ; il etait aussi le siege officiel du gouvernement. Son acces etait strictement reglemente, mais ses habitants avaient rarement a en sortir, car le palais etait presque autonome, une
ville dans la ville
. Les salles d'audiences et les espaces de conferences servaient aussi aux questions liees a l'administration politique de l'empire. Pour les residents comme pour les hotes, le palais disposait de son propre approvisionnement en eau grace aux citernes et les grandes cuisines fournissaient les repas. La cour disposait de dortoirs, jardins, bibliotheques, ecoles, meme de mosquees.
Un ceremonial tres strict etait suivi afin d'assurer l'isolement du souverain du reste du monde
[
Necipo?lu 7
]
. Le principe de cet isolement imperial est certainement un heritage des traditions de la cour byzantine. Il a ete codifie par
Mehmed II
en
1477
et
1481
dans le code
Kanunname
, qui regissait la preseance des fonctionnaires de la cour, la hierarchie administrative et les questions de protocole
[
Necipo?lu 8
]
. Ce principe de l'isolement, qui n'a fait que se renforcer, s'est traduit dans le style et l'arrangement des salles et des batiments. Les architectes veillaient a ce que, meme dans le palais, le sultan et sa famille puissent beneficier du maximum d'intimite, ce qui conduisait au recours a des fenetres grillagees et a d'innombrables passages secrets
[
Necipo?lu 9
]
.
La rue principale menant au palais est la
mese
(
? m?ση ?δ??
/
h? mes? hodos
, litt. ≪ la rue du milieu ≫), voie processionnelle byzantine, aujourd'hui
(tr)
Divan Yolu
(rue du Conseil). La mese etait utilisee pour les processions, tant a l'epoque byzantine que durant l'ere ottomane. Elle menait directement a la
basilique Sainte-Sophie
, puis obliquait vers le nord-ouest pour aboutir a l'entree du palais marquee par la
fontaine d'Ahmed III
(
1728
).
Le sultan entrait dans le palais par la porte de l'Auguste ou porte imperiale (en turc ottoman transcrit
Bab-ı Humayun
ou
latin
:
Porta Augusta
), egalement appelee porte du sultanat (
(tr)
Saltanat Kapısı
), situee au sud du palais
[
7
]
.
Cette enorme porte, datant de
1478
, a ete recouverte de
marbre
au
XIX
e
siecle. L'aspect massif de cette porte accentue son caractere defensif. Son arche centrale conduit a un passage haut. Une
calligraphie
ottomane en caracteres dores orne la partie superieure de la structure, avec des versets du
Coran
et des
tu?ras
des sultans. Deux tu?ras sont identifies : celui de
Mehmed II
, et celui du sultan
Abdulaziz
, qui a renove la porte
[
Necipo?lu 10
]
. De chaque cote de la salle se trouvent des pieces pour abriter les gardes. La porte etait ouverte depuis la priere du matin jusqu'a la derniere priere du soir.
Selon les documents anciens, il y avait un logement en bois au-dessus de la porte, jusqu'a la seconde moitie du
XIX
e
siecle
[
8
]
. Il a d'abord ete utilise comme pavillon par Mehmed, puis comme depot pour les biens de ceux qui venaient a mourir sans heritiers a l'interieur du palais. Il a aussi servi de point d'observation pour les femmes du harem a certaines occasions
[
Necipo?lu 11
]
.
La porte de l'Auguste donne acces a la premiere cour.
La premiere cour
(I. Avlu
ou
Alay Meydanı)
s'etend jusqu'a la pointe du serail ; elle est entouree de hauts murs
[
9
]
. Cette premiere cour est la plus grande de toutes et fonctionne comme une enceinte exterieure
[
Necipo?lu 12
]
.
Les structures qui subsistent aujourd'hui sont l'ancienne monnaie imperiale
(Darphane-i Amire)
, construite en
1727
, l'
eglise Sainte-Irene
et differentes fontaines. L'eglise byzantine Sainte-Irene n'a jamais ete detruite par les Ottomans. Elle a survecu a la conquete, et a servi d'entrepot et d'arsenal imperial
[
Necipo?lu 13
]
.
Cette cour est egalement nommee ≪ cour des
janissaires
≫ ou ≪ cour des Parades ≫. Les visiteurs entrant dans le palais suivaient le chemin vers la porte du Salut et la seconde cour du palais. Les fonctionnaires de la Cour et les janissaires les attendaient en grand uniforme. Les visiteurs devaient y laisser leur monture pour passer la seconde porte
[
Necipo?lu 14
]
.
La grande ≪ porte du Salut ≫ (en arabe :
Bab-us Selam
), ou ≪ porte du Milieu ≫ (turc :
Orta Kapı
), mene au palais et a la seconde cour. Elle est flanquee de deux grandes tours orthogonales crenelees. Sa date de construction est incertaine, car l'architecture des tours est d'influence byzantine plutot qu'ottomane. Elle a pu s'inspirer de la porte Sainte-Barbe qui marquait l'entree des jardins du palais imperial du cote de la rive du Bosphore
[
Necipo?lu 15
]
. Une inscription sur la porte la fait remonter au moins a 1542, c'est-a-dire au regne de
Soliman le Magnifique
. Une miniature de 1584 montre une structure a trois fenetres surmontee d'un toit entre les tours, au-dessus de l'arc
[
10
]
, probablement une salle de garde disparue depuis
[
Necipo?lu 16
]
. La porte est richement decoree, sur les deux cotes et dans la partie superieure, avec des inscriptions religieuses et des
monogrammes
des sultans.
A part les officiels et les dignitaires etrangers, personne n'etait autorise a franchir cette porte. Seul le sultan pouvait la passer a cheval
[
Necipo?lu 17
]
. Cette tradition remonte a la
Chalke
(porte de bronze) du
Grand Palais
byzantin.
La ≪ fontaine du Bourreau ≫ (
Cellat Ce?mesi
) se trouve du cote droit de la porte du Milieu : c'est la que le
bourreau
, dit-on, se lavait les mains ainsi que son glaive apres une
decapitation
[
Davis 1
]
.
Par la porte du Milieu, le visiteur entre dans la seconde cour
(II. Avlu)
, ou place du Conseil (
Divan Meydanı
), lieu de rassemblement des courtisans
[
11
]
,
[
Necipo?lu 18
]
. Seul le sultan pouvait la traverser a cheval, sur les allees de galets noirs conduisant a la troisieme cour.
La seconde cour a du etre achevee vers 1465, sous le regne de
Mehmed II
, mais n'a pris son aspect definitif que vers 1525-1529
[
Necipo?lu 18
]
.
Cette cour est entouree de l'ancien hopital du palais, de la boulangerie, des quartiers des janissaires, des ecuries, du harem imperial et du Conseil
(Divan)
au nord, et par les cuisines au sud. Au fond se trouve la troisieme porte ou porte de la Felicite qui conduit a la troisieme cour. L'ensemble trouve son unite dans une colonnade de marbre ininterrompue.
Les fouilles recentes ont revele une quantite d'objets des periodes romaine et byzantine : un
sarcophage
, des fonts baptismaux, des pilastres et des plaques de parapet, ainsi que des chapiteaux, exposes devant les cuisines. La citerne situee sous la seconde cour remonte a l'epoque byzantine. Elle est normalement fermee au public.
La seconde cour etait essentiellement utilisee par le sultan pour rendre la justice. Elle etait donc concue pour impressionner les visiteurs. Des ambassadeurs autrichiens, venitiens, francais ont laisse le recit de leurs visites. L'ambassadeur Philippe du Fresne-Canaye, recu par le sultan en 1573, raconte l'alignement des janissaires le long du mur, leurs turbans comme des epis de mais, les mains jointes devant eux, comme des moines, restant immobiles et silencieux durant plus de sept heures, comme des statues
[
Necipo?lu 19
]
.
Cette discipline et ce protocole severe concouraient a l'aspect majestueux de cette seconde cour.
Un musee des voitures imperiales est amenage au nord-est, dans les anciennes ecuries. C'est un batiment de faible hauteur, couvert d'un toit, et non d'une coupole comme presque partout ailleurs dans le palais. Beaucoup des voitures ont ete detruites dans un incendie a la fin du
XIX
e
siecle. On y voit encore des carrosses et des voitures legeres ayant appartenu aux sultans, aux reines meres et aux personnages de la cour. Certaines de ces voitures ont ete importees de l'etranger.
Les immenses cuisines sont un des elements essentiels du palais. Certaines d'entre elles furent construites des le
XV
e
siecle, en meme temps que le palais lui-meme, sur le modele de celles du palais du sultan a
Edirne
. Elles furent agrandies sous le regne du sultan
Soliman le Magnifique
, mais brulerent en 1574. Elles furent relevees et mises au gout du jour par l'architecte de la cour
Mimar Sinan
[
Necipo?lu 20
]
.
Restaurees selon les plans de
Sinan
, elles sont organisees en deux rangees et herissees de vingt larges et hautes cheminees octogonales, ajoutees par
Sinan
. Les cuisines sont desservies par les ruelles qui sillonnent l'espace compris entre la seconde cour et la mer de Marmara. L'entree de cette section se fait par les trois portes du portique de la seconde cour : la porte du Commissariat imperial, celle des cuisines imperiales et celle de la patisserie.
Les cuisines etaient composees de dix sections specialisees couvertes de coupoles : cuisine imperiale, ecole du palais (
Enderun
), quartier des femmes (
Harem
), services exterieurs au palais (
Birun
), cuisines, preparation des boissons, patisserie, cremerie, entrepots et salles reservees aux cuisiniers. Elles etaient les plus grandes de tout l'Empire ottoman.
Les repas pour le sultan, les habitants du harem, les membres des services interieurs et exterieurs au palais (Enderun et Birun) y etaient prepares : on y faisait donc la cuisine pour environ 4 000 personnes. Elles n'employaient pas moins de huit cents personnes, et un bon millier les jours de fetes.
Le service du sultan etait regle par un protocole tres strict. Selon le temoignage du baron Wenceslas Wratislaw, ambassadeur d'Autriche, invite par le sultan a un banquet prive en 1599, on comptait cinq cents serviteurs en livree de soie rouge, qui portaient des couvre-chefs semblables a ceux des janissaires. Quand vint le moment du diner, le surintendant apporta un plat de porcelaine et un autre plat couvert, qu'il passa au serveur plus proche, celui-ci a un deuxieme, et ainsi de suite jusqu'a celui qui etait le plus pres de l'appartement du sultan. La encore, d'autres chambellans decoupaient prestement les viandes qui etaient portees au plus vite, sans aucun bruit ni parole, jusqu'a la table de l'empereur
[
Necipo?lu 21
]
.
Les cuisines comptaient aussi des dortoirs, des bains et des mosquees pour les employes. Ces installations ont maintenant disparu
[
Necipo?lu 21
]
.
En plus d'une interessante exposition d'ustensiles de cuisine, les batiments abritent aujourd'hui des collections d'argenterie, et surtout de porcelaines chinoises bleu et blanc, blanc et
celadon
.
La
ceramique chinoise
arrivait par
caravanes
ou encore par mer. Les 10 700 pieces exposees actuellement, chinoises, japonaises, turques, sont parmi les plus rares et les plus precieuses
[
12
]
. Elles representent toutes les epoques depuis le Moyen Age : fin de la periode
Song
(
XIII
e
siecle), puis
Yuan
(1280-1368),
Ming
(1368-1644) et
Qing
(1644-1912). Le musee conserve aussi une des plus riches collections au monde de
celadons
Longquan
(
XIV
e
siecle) et comprend aussi 3 000 pieces de
celadons
Yuan
et Ming
[
13
]
. Ces celadons etaient particulierement apprecies du sultan et de la sultane valide (reine mere), car ils etaient reputes changer de couleur si la nourriture et les boissons qu'ils contenaient etaient empoisonnees
[
14
]
.
La porcelaine japonaise est essentiellement de la
porcelaine d'Imari
, datant du
XVII
e
au
XIX
e
siecle. Certaines parties de la collection presentent aussi de la porcelaine blanche du debut du
XV
e
siecle, des ≪ imitations ≫ de bleu et blanc, ainsi que des porcelaines
Imari
provenant d'
Annam
,
Thailande
et
Perse
[
15
]
.
Situees de l'autre cote de la cour, a environ 5 ou 6 metres au-dessous du niveau du sol, les ecuries imperiales (
Istabl-ı Amire
) comprennent les ecuries privees
(Has Ahir)
ou sont conservees de vastes collections de harnachements
(Raht Hazinesi)
. Elles ont ete construites sous Mehmed II et renovees sous Soliman. On y voit aussi la petite mosquee du
XVIII
e
siecle et les bains de Be?ir A?a (
Be?ir A?a Camii ve Hamamı
), le chef des eunuques noirs de
Mahmud
I
er
[
Necipo?lu 22
]
.
A la suite des ecuries imperiales se trouvent les dortoirs des ≪ hallebardiers a tresses ≫
(Zuluflu Baltacılar Ko?u?u)
. Ces quartiers etaient utilises par un corps de metier charge de multiples taches de la vie quotidienne : approvisionnement en bois des chambres du palais, nettoyage et service du harem et du quartier des serviteurs masculins, arrangement du mobilier ; ils avaient aussi des fonctions de maitres des ceremonies. Les
hallebardiers
portaient de longues
tresses
pour bien marquer leur haute position. La premiere mention de ce corps date de
1527
, lorsqu'il fut etabli afin de degager les routes devant l'armee en campagne.
Le dortoir a ete cree au
XV
e
siecle et agrandi par l'architecte en chef Davud A?a en 1587, sous le regne du sultan
Murad III
. Les dortoirs sont construits autour d'une cour dans la disposition traditionnelle d'une maison ottomane, avec des bains et une mosquee, ainsi que des salles de loisirs, dont un
fumoir
. A l'exterieur comme a l'interieur du complexe, on a retrouve de pieuses inscriptions sur les differentes fonctions des hallebardiers et sur l'entretien des divers quartiers. Contrairement au reste du palais, le quartier des hallebardiers est construit en bois, peint en rouge et vert
[
Necipo?lu 23
]
.
Le Conseil imperial ou salle du Divan
(Divan-ı Humayun)
est la chambre dans laquelle se reunissaient les ministres d'Etat, le conseil des ministres (
Divan Heyeti)
, le Conseil imperial, compose du grand vizir
(Pa?a Kapısı)
, des vizirs et d'autres fonctionnaires de l'Etat ottoman. Il est aussi appele
Kubbealtı
, qui signifie ≪ sous la coupole ≫, en reference a la coupole qui couvre la salle principale du conseil. Il est situe au nord-ouest de la cour, a cote de la porte de la Felicite.
La premiere salle du Conseil remonte au regne de
Mehmed II
, mais le batiment actuel a ete construit par Alseddin, architecte en chef de
Soliman le Magnifique
.
Il a subi des modifications apres les dommages causes par l'incendie du harem en 1665. Il a ete et restaure sous les sultans
Selim III
et
Mahmoud II
[
Necipo?lu 24
]
.
Le lieu commenca a perdre de son importance au
XVIII
e
siecle, lorsque l'administration de l'Etat a ete progressivement transferee a la
Sublime Porte
(Bab-ı Ali)
, c'est-a-dire au grand vizirat, distinct du palais, un peu plus a l'ouest. La derniere reunion du Conseil dans le palais s'est tenue le
, lorsque le cabinet
(Vukela Heyeti)
s'est reuni pour evoquer l'etat de sante de
Murad V
.
La salle du Conseil a de multiples entrees, de l'interieur du palais ou depuis la cour. Le portique exterieur est constitue de piliers de marbre et de
porphyre
, avec un plafond vert et blanc en bois dore. Le sol est dalle de marbre. Les entrees dans la salle depuis l'exterieur sont dans le style
rococo
, avec des grilles dorees qui laissent passer la lumiere. Alors que les piliers sont de style ottoman ancien, les peintures murales et les decorations sont de la derniere periode rococo. L'interieur du batiment du Conseil imperial se compose de trois pieces adjacentes. Deux des trois salles a coupole de ce batiment ouvrent sur le porche et la cour. Le
Divanhane
, construit en bois avec un portique a l'angle de la place du Divan
(Divan Meydani)
au
XV
e
siecle, a ensuite ete utilise comme mosquee du conseil, mais il a ete demoli en 1916
[
Necipo?lu 25
]
.
- La premiere salle a coupole, ou le Conseil imperial tenait ses deliberations est le
Kubbealtı
.
- La deuxieme chambre etait occupee par le personnel de secretariat du Divan imperial.
- Dans la troisieme chambre appelee
Defterh?ne
, les commis tenaient les dossiers et les archivaient.
Sur la facade sont inscrits des versets mentionnant les travaux de restauration effectues en 1792 et 1819, sous
Selim III
et
Mahmoud II
. Les decorations
rococo
sur la facade et a l'interieur de la salle du Conseil datent de cette epoque. La salle principale du Kubbealtı est decoree de tuiles ottomanes Kutahya
[
Necipo?lu 25
]
. Les trois longs sofas, sur les cotes, etaient les sieges reserves aux fonctionnaires, avec un petit foyer au milieu
[pas clair]
. Une petite boule doree pend au plafond et represente la terre. Elle est placee face a la fenetre du sultan
[Quoi ?]
et symbolise la justice qu'il doit rendre au monde, ainsi que la vigilance qu'il doit garder envers ses vizirs
[
Necipo?lu 26
]
,
[
Davis 2
]
.
Les debats, au Conseil imperial, portaient sur les affaires politiques, religieuses et administratives. Les seances avaient lieu le samedi, le dimanche, le lundi et le mardi, apres la priere matinale
[
Davis 3
]
. Elles etaient reglees selon un protocole immuable.
Les membres du Conseil, comme le grand vizir, les vizirs, les chefs militaires de la justice musulmane
(Kazaskers)
de
Roumelie
et d'
Anatolie
, le ministre des finances et les chefs du tresor
(Defterdar)
, le ministre des affaires etrangeres
(Reis-ul-Kuttab)
et parfois le grand
Mufti
(Sheikh ul-Islam)
s'y reunissaient pour discuter et decider des affaires de l'Etat
[
Davis 3
]
.
Les autres fonctionnaires autorises etaient les secretaires du Conseil imperial
(Ni?ancilar)
, les detenteurs du sceau imperial
[Quoi ?]
(tu?ra)
, les fonctionnaires charges de la redaction des protocoles officiels
(Tezkereciler)
et les greffiers qui enregistraient les decisions
[
Necipo?lu 24
]
.
De la
[Laquelle ?]
fenetre a la grille d'or, mentionnee pour la premiere fois en 1527
[
Necipo?lu 3
]
, le sultan ou la sultane valide pouvaient suivre les deliberations du Conseil sans etre remarques
[
Davis 3
]
. La fenetre pouvait etre atteinte a partir des appartements imperiaux par la tour de Justice
(Adalet Kulesi)
. Lorsque le sultan donnait un coup sec sur la grille ou tirait un rideau rouge, la seance prenait fin et les vizirs venaient un a un dans la salle d'audience
(Arz Odası)
rendre compte des debats au souverain.
Tous les hommes d'Etat, a l'exception du grand vizir, accomplissaient leur priere matinale a Sainte-Sophie et penetraient par la porte imperiale en fonction de leur rang, passant ensuite par la porte du Salut dans la chambre du Divan, ou ils attendaient l'arrivee du grand vizir.
Le grand vizir accomplissait ses prieres a la maison, et etait accompagne au palais par ses propres assistants. A son arrivee, on procedait a une ceremonie de bienvenue : avant d'ouvrir les debats du Divan imperial, il s'approchait de la porte de la Felicite et la saluait, exprimant ainsi ses respects a la porte de la demeure du sultan. Il entrait dans la chambre et prenait place directement sous la fenetre d'or du sultan ; alors le Conseil commencait. Les affaires de l'Etat etaient generalement examinees jusqu'a midi, puis les membres du Conseil dinaient dans les chambres avant d'entendre les differentes requetes
[
Davis 4
]
.
Tous les membres de la societe ottomane, les hommes et les femmes de toutes croyances pouvaient se voir accorder une audience. Une importante ceremonie etait organisee pour marquer le premier Conseil imperial de chaque nouveau grand vizir, et aussi pour marquer sa presentation avec le Sceau imperial
[Quoi ?]
(Muhr-u Humayun)
. La plus importante ceremonie avait lieu tous les trois mois au cours de la distribution des traitements
(ulufe)
des janissaires
[
Davis 5
]
. La reception de dignitaires etrangers etait normalement organisee le meme jour, creant une occasion de refleter la richesse et la puissance de l'Etat. Les ambassadeurs etaient ensuite recus par le grand vizir dans la salle du Conseil, ou un banquet etait organise en leur honneur.
La tour de Justice
(Adalet Kulesi)
est situee entre la salle du conseil et le harem. Haute de plusieurs etages, elle est la plus haute structure du palais et domine l'ensemble du paysage depuis le
Bosphore
. Son origine remonte probablement a
Mehmet II
. Elle a ete renovee et agrandie par
Soliman
I
er
en
1527
-
1529
[
Necipo?lu 27
]
.
Le sultan
Mahmoud II
a refait la lanterne en
1825
en conservant la structure existante. Les larges fenetres a colonnes engagees et le fronton
Renaissance
evoquent l'architecture
palladienne
[
Necipo?lu 26
]
.
La tour symbolisait l'eternelle vigilance du sultan contre l'injustice. Visible de loin, elle rappelait a tous la presence du souverain. Elle etait aussi pour ce dernier un point d'observation d'ou il pouvait voir toute la ville et ses detroits. Les fenetres grillagees garantissaient le principe de l'isolement imperial. La tour donnait acces a la fenetre d'or de la salle du conseil, ajoutant encore au symbolisme de la justice
[
Necipo?lu 28
]
.
Le batiment dans lequel sont exposees les armes et armures etait l'un des tresors du palais (
Divan-I Humayun Hazinesi / Hazine-y Amire
). Etant donne qu'il existait un autre tresor ≪ interieur ≫ dans la troisieme cour, celui-ci est egalement appele ≪ tresor exterieur ≫ (
dı? hazine
)
[
Necipo?lu 29
]
. On ne connait pas exactement la date de sa construction, mais son plan et la technique employee indiquent qu'il remonte probablement a la fin du
XV
e
siecle et au regne de
Soliman
. Il a ensuite subi de nombreux amenagements et renovations. Il est constitue d'une grande salle de pierre et de brique couverte de huit coupoles
[
Necipo?lu 26
]
, chacune de 5 × 11,40
m
. Ce ≪ tresor ≫ etait utilise pour les finances de l'administration de l'Etat. Les
kaftans
donnes en cadeaux aux vizirs, ambassadeurs et residents du palais par le service financier et le sultan, ainsi que d'autres objets de valeur, y etaient egalement conserves. C'est aussi sur ce tresor que les janissaires recevaient leur salaire trimestriel appele
uluefe
. Le tresor etait ferme par le sceau imperial confie au grand vizir
[
Necipo?lu 29
]
.
L'exposition de la collection d'armes et d'armures a ete mise en place dans ce batiment en 1928, soit quatre ans apres que le palais de Topkapı eut ete converti en musee.
Des fouilles, en 1937, ont revele, en face de ce batiment, des vestiges d'un edifice religieux byzantin du
V
e
siecle. Il n'a pu etre identifie comme aucune des eglises connues sur le site. On le designe par les noms de ≪ basilique du palais de Topkapı ≫ ou ≪ basilique du palais ≫.
A l'exterieur du batiment du tresor se trouve egalement une cible de pierre
(Ni?an Ta?ı)
haute de plus de deux metres, erigee en commemoration d'un concours de tir organise sous
Selim III
en 1790.
La collection d'armes
(Silah Seksiyonu Sergi Salonu)
, qui se compose principalement d'armes restees dans le palais au moment de sa conversion, est l'un des plus riches ensembles d'armes islamiques au monde, avec des pieces s'etalant sur une periode de 1 300 ans, du
VII
e
au
XX
e
siecle. Cette collection d'armes et armures est constituee d'objets d'origine ottomane, ou issus de conquetes, ou encore recus en cadeaux.
Les armes ottomanes constituent le gros de la collection. Mais celle-ci comporte aussi de nombreuses armes
omeyyades
et
abbassides
, ainsi que des armes, armures, casques, epees et haches d'origine
perse
et
mamelouk
. Un nombre moins eleve d'armes provenant d'Europe et d'Asie constitue le reste de la collection.
Actuellement
[Quand ?]
, l'exposition compte quelque quatre cents armes, dont la plupart portent des inscriptions.
La porte de la Felicite (
Babussaade
ou
Bab-us Saadet
) est l'entree de la cour interieure
(Enderun)
, ou troisieme cour, ou commencent les appartements prives du sultan. La porte est coiffee d'une coupole soutenue par de minces piliers de marbre. Elle est le symbole de la presence du sultan dans le palais
[
Necipo?lu 30
]
: nul ne peut passer cette porte sans l'autorisation du sultan. Meme le grand vizir n'etait autorise a la franchir que selon des horaires et a des conditions bien specifiees.
La porte a probablement ete construite sous
Mehmed II
, au cours du
XV
e
siecle. Elle a ete redecoree dans le style rococo en 1774 par
Mustafa III
, puis
Mahmoud II
. On peut lire au-dessus la porte des versets du Coran, ainsi que des
tu?ras
. Le plafond est en partie decore a la feuille d'or, et une bulle d'or est suspendue en son centre. Les cotes sont ornes d'elements decoratifs baroques et de miniatures de paysages.
Le sultan ne paraissait a cette porte et sur la place du
Divan Meydani
que lors de ceremonies particulieres. Le sultan se tenait assis devant la porte sur son trone les jours de fetes religieuses (
bayramlar
), tandis que sujets et fonctionnaires restaient debout
[
Necipo?lu 31
]
. Les funerailles des sultans se tenaient egalement devant cette porte.
De chaque cote de ce passage a colonnes controle par le chef des eunuques du harem, appele
Babussaade A?ası
, et le personnel place sous sa responsabilite, s'etendaient les quartiers des eunuques, ainsi que les salles, grandes et petites, de l'ecole du palais.
Une petite dalle, en retrait dans le sol devant la porte, marque le lieu ou la banniere du prophete de l'islam
Mahomet
etait deployee. Cette banniere etait confiee en une ceremonie solennelle au grand vizir ou au commandant des armees partant en guerre.
Derriere la porte de la Felicite se trouve la ≪ troisieme cour ≫ (
III. Avlu
), parfois nommee ≪ palais interieur ≫ (
Enderun Avlusu
). Elle constitue le cœur du palais, l'endroit ou vivait le sultan en dehors du harem
[
16
]
. Il s'agit d'un jardin luxuriant entoure par le hall de la chambre privee (
Has Oda
) occupe par les officiels du palais, le tresor interieur (qui contient certains des plus importants tresors de l'age ottoman, en particulier les
Reliques Sacrees
), le harem et quelques pavillons, avec la bibliotheque d'
Ahmed III
en son centre. L'entree dans la troisieme cour etait strictement controlee, et interdite aux etrangers.
La troisieme cour est entouree par les quartiers des a?as (pages), jeunes garcons au service du sultan. Ils apprenaient les arts, comme la musique, la peinture et la
calligraphie
. Les meilleurs pouvaient devenir
Has Odali A?a
(gardiens des reliques saintes et serviteurs personnels du sultan), ou bien devenir officiers ou fonctionnaires de haut rang.
La disposition de la troisieme cour a ete definie par Mehmed II. Sa taille est globalement comparable a celle de la seconde cour
[
Necipo?lu 32
]
. La disposition rigide n'a pas permis beaucoup de changements ulterieurs. Si Mehmed II ne dormait pas dans le harem, ses successeurs se sont reclus dans la quatrieme cour et dans le harem. Le venitien
Gianfrancesco Morosini
a decrit
[
Necipo?lu 33
]
la routine quotidienne de
Mourad III
en
1585
:
≪ A mon avis, le sultan n'a pas une vie si desirable, car il reste quasiment enferme dans son serail en la compagnie d'eunuques, de garcons, de nains, de muets et d'esclaves, ce qui semble etre aussi mauvais que [la compagnie] des femmes, sans la conversation de personnes vertueuses avec lesquelles avoir une discussion. [...] Le matin il se leve relativement tard et, en sortant du quartier des femmes ou il dort quasiment chaque nuit, il change de costume et aussitot il mange. Si c'est un jour de Conseil, il donne audience a l'agha des janissaires, aux juges de l'armee, et finalement aux vizirs ; et si quelqu'un a ete promu gouverneur de province ou autre, il obtient le droit de venir embrasser sa main sans emettre une seule parole ni recevoir de reponse. A ce moment les ambassadeurs, les autres ministres et les princes qui vont a cette
porte
font de meme. [...] Quand le vizir repart apres un temps assez court, il retourne la plupart du temps avec les femmes, dont la conversation l'enchante grandement, et s'il reste a l'exterieur, il se retire dans l'un de ses jardins pour pratiquer le tir a l'arc et pour jouer avec ses muets et ses bouffons. De la musique bruyante lui est souvent jouee, et il apprecie beaucoup les feux d'artifice. [...] Des pieces de theatre sont souvent jouees pour lui [...] Enfin il rentre toujours au harem pour le diner a l'approche de la nuit, hiver comme ete. ≫
La miniature
Hunername
de 1584 montre la troisieme cour et les jardins exterieurs comme ils ont du apparaitre juste apres leur achevement sous
Mehmed II
. Elle montre aussi en bas le sultan dans ce qui ressemble a un pavillon de plage, soit donnant audience, soit etant entretenu par des courtisans
[
Necipo?lu 33
]
.
La ≪ salle des audiences ≫, dite aussi ≪ hall d'audience ≫ ou ≪ chambre des petitions ≫ (
Arz Odası
), se situe juste derriere la porte de la Felicite, de maniere a cacher la vue de la troisieme cour. Cet immeuble carre est un kiosque ottoman, entoure de vingt-deux colonnes, qui supporte un large toit avec des gouttieres pendantes. A l'interieur se trouvent la salle du trone et deux petites pieces. Ce batiment etait aussi nomme ≪ salle du Conseil interieure ≫, pour le differencier de la salle du Conseil de la seconde cour
[
Necipo?lu 34
]
.
C'est un batiment ancien, datant du
XV
e
siecle, et decore ensuite par Soliman. Le sultan y etait assis sur un trone a baldaquin, et recevait personnellement les vizirs, les officiels et les ambassadeurs qui venaient se presenter. Selon un recit de Cornelius Duplicius de Schepper
[
Necipo?lu 35
]
en 1533 :
≪ L'empereur etait assis sur un trone legerement sureleve entierement couvert de drap d'or, cousu de nombreuses pierres precieuses et, de tous cotes, on voyait des coussins de valeur inestimable ; les murs de la piece etaient recouverts de
mosaique
d'azur et d'or ; le manteau de la cheminee etait d'argent massif recouvert d'or et, sur un cote de la piece, l'eau coulait dans une fontaine. ≫
Les vizirs venaient y presenter leurs rapports au sultan. En fonction de leur performance, le sultan les remerciait en les couvrant de cadeaux et en les affectant a un poste plus important, ou dans le pire des cas en les faisant etrangler par des eunuques sourds-muets
[
Necipo?lu 36
]
. La chambre etait ainsi un batiment ou les fonctionnaires entraient sans savoir s'ils en sortiraient vivants.
Les ceremonies les plus elaborees dans ce batiment concernaient la reception des ambassadeurs qui venaient, escortes par des officiels, embrasser le bord de la robe du sultan
[
Davis 6
]
. Le trone etait alors richement decore.
Le trone actuel en forme de baldaquin a ete fait sur ordre de
Mehmed III
. Sur le plafond laque du trone pique de joyaux se trouvent des decorations de feuillages, ainsi que la representation du combat d'un dragon, symbole de puissance, avec
simurg
, un oiseau mythique. Sur le trone est etendue une couverture faite de plusieurs pieces de brocard cousues de plaques d'
emeraude
, de
rubis
et de perles.
Le plafond de la piece etait peint d'un bleu ultramarine cloute d'etoiles d'or. Les tuiles le long du mur etaient bleues, blanches et turquoise
[style a revoir]
[
Necipo?lu 37
]
. La chambre etait pourvue de tapis precieux et de coussins. Le but etait d'impressionner les visiteurs et de les etonner par la puissance du sultan. La chambre a ete renovee en 1723 par
Ahmed III
et reconstruite sous sa forme actuelle apres un incendie en 1856 sous le regne d'
Abdulmecit
I
er
. L'interieur actuel est ainsi tres different de ce qu'il etait a l'origine
[
Necipo?lu 38
]
.
Deux portes sur la facade, donnant acces a un porche, etaient destinees aux visiteurs. Une troisieme porte, a l'arriere du batiment, etait reservee au sultan. Des inscriptions gravees sur la porte principale, sous la forme d'un monogramme du sultan et d'eloges du sultan Abdulmecit
I
er
, datent de 1856. Au-dessus de la porte principale, un
bismillah
(confession de foi musulmane
≪ au nom de Dieu le compatissant, le misericordieux ≫
) a ete grave en 1723 sous le regne de
Ahmed III
. De chaque cote de la porte, des tuiles ont ete ajoutees lors de travaux de reparation ulterieurs.
On trouve une petite fontaine a l'entree, construite par Soliman. La fontaine etait utilisee non seulement pour les ablutions, mais son bruit pouvait etre utile pour couvrir les conversations confidentielles ou secretes dans la piece
[
17
]
,
[
Davis 7
]
. La fontaine etait aussi un symbole du sultan, l'inscription perse la nommant
≪ La fontaine de la generosite, de la justice et la mer de la bienfaisance ≫
[
Necipo?lu 39
]
.
Les cadeaux des ambassadeurs etait places devant une grande fenetre au milieu de la facade principale, entre les deux portes. La porte Pi?ke?, a gauche (
Pi?ke? Kapısı
, Pi?ke? signifiant cadeau offert a un superieur), est surmontee d'une inscription datant du regne de
Mahmoud II
(1810)
[
Davis 8
]
.
Derriere la salle d'audience, du cote est, se trouve le dortoir du corps expeditionnaire.
Le ≪ dortoir du corps expeditionnaire ≫ (
Seferli Ko?u?u
) abrite la ≪ collection de la garde-robe imperiale ≫ (
Padi?hah Elbiseleri Koleksiyonu
), une collection d'environ 2 500 costumes, la majorite etant de precieux
caftans
du sultan. Il abrite aussi une collection de 360 ceramiques dont certaines provenant de Chine
[
18
]
.
Le dortoir a ete construit sous
Murad IV
en
1635
. Le batiment a ete restaure par
Ahmed III
au debut du
XVIII
e
siecle. Il est voute et soutenu par quatorze colonnes. Au nord-est du dortoir se trouve le pavillon du Conquerant.
Le ≪ pavillon du Conquerant ≫, appele aussi ≪ kiosque du Conquerant ≫ (
Fatih Ko?ku
), avec ses arcades construites a l'epoque de
Mehmed II
est parmi les plus vieux batiments du palais. Le pavillon a ete bati autour de
1460
, lors de la construction initiale : il etait utilise pour abriter les tresors et œuvres d'art. Il abrite le ≪ tresor Imperial ≫ (
Hazine-i Amire
)
[
19
]
.
Le pavillon comprenait initialement trois pieces, une terrasse donnant sur la
mer de Marmara
, un sous-sol et un
hammam
. Il se compose de deux etages construits sur une terrasse au-dessus du jardin, edifies au sommet d'un promontoire, sur une falaise donnant une vue magnifique sur la
mer de Marmara
et le
Bosphore
. L'etage inferieur etait compose de pieces de service, tandis que l'etage superieur etait une suite de quatre appartements et une grande loggia avec des arches doubles. Les deux premieres pieces sont couvertes d'un dome d'une hauteur considerable. Toutes les pieces donnent sur la troisieme cour a travers une
arcade
monumentale. Le portique a colonnes du cote du jardin est ouvert sur chacune des quatre pieces par une porte de hauteur imposante. Les chapiteaux sont d'
ordre ionique
reduit et datent probablement du
XVIII
e
siecle. Le pavillon etait utilise comme tresor pour les revenus de l'
Egypte
sous le sultan
Selim
I
er
. Avant cette periode, sous
Mehmed II
et
Bayezid II
, ces appartements ont du etre les pieces les plus agreables du palais. Des fouilles dans le sous-sol ont mis au jour un petit
baptistere
byzantin au plan trifolie.
Le ≪ tresor imperial ≫ est une vaste collection d'œuvres d'art, de joaillerie, d'objets precieux ou a valeur sentimentale, appartenant a la dynastie ottomane. Depuis que le palais est transforme en musee, une selection y est exposee. La plupart des objets proviennent de cadeaux, de prises de guerre, ou de la production des artisans du palais. Le tresorier en chef (
Hazinedarba?ı
) etait responsable du tresor. A leur accession au trone, il etait de coutume pour les sultans de faire une visite protocolaire au tresor.
Parmi les nombreux tresors montres dans les quatre pieces adjacentes, la premiere expose l'une des armures du sultan
Mustafa III
, faite d'une
cotte de mailles
de fer decoree d'or et incrustee de joyaux, avec son epee, son bouclier et ses etriers dores. La vitrine suivante montre plusieurs couvertures du Coran decorees de perles ayant appartenu aux sultans. Le trone d'
ebene
de
Murad IV
est incruste de
nacre
et d'
ivoire
. Une
boite a musique
indienne en or, avec un elephant dore au sommet, date du
XVII
e
siecle. Dans d'autres vitrines, on voit des verres decores de
gemmes
rares, des pierres precieuses, des emeraudes et des
diamants
.
La seconde piece abrite le Poignard de Topkapı. Sa garde doree est ornee de trois grosses emeraudes, coiffee d'une
montre
d'or avec un couvercle en emeraude. Le fourreau d'or est couvert de diamants et d'
emaux
. En
1747
, le sultan
Mahmud
I
er
a fait faire cette dague pour
Nadir Shah
, mais ce dernier a ete assassine avant que l'emissaire n'ait atteint les frontieres de l'empire. Le sultan a donc garde la dague. C'est elle qui est le sujet du film
Topkapi
.
Le milieu de la seconde piece est occupe par le trone de
noyer
d'
Ahmet
I
er
, incruste de nacre et d'ecaille de tortue, construit par
Sedefhar Mehmet A?a
. Sous le baldaquin se trouve un pendant dore avec une grosse emeraude. La vitrine suivante montre les
aigrettes
ostentatoires des sultans et de leurs chevaux, couvertes de diamants, d'emeraudes et de rubis. Un bol de
jade
, en forme de navire, est un cadeau du Tsar
Nicolas II de Russie
.
Le joyau le plus spectaculaire de la troisieme piece est le
diamant du fabricant de cuilleres
, serti d'argent et entoure de deux rangs de 49 diamants tailles. La legende veut que ce diamant ait ete achete par un vizir dans un bazar, le proprietaire pensant qu'il s'agissait d'un cristal sans valeur. Parmi les objets exposes se trouvent deux grands chandeliers en or, pesant chacun 48
kg
et montes de 666 diamants. Ces chandeliers furent offerts par
Abdulmecid
I
er
a la
Kaaba
. Ils furent rapportes a Istanbul peu avant la chute de l'empire et la perte du controle de
la Mecque
. Le trone d'or de ceremonie
[
20
]
, serti de
tourmalines
, a ete realise en
1585
sur l'ordre du vizir
Ibrahim Pacha
et presente au sultan
Murad III
. Ce trone etait installe devant la Porte de la Felicite lors d'audiences particulieres.
Le trone du sultan
Mahmud
I
er
est le point d'orgue de la quatrieme piece. Ce trone d'or de style indien, decore de perles et d'emeraudes, etait un cadeau du chef perse
Nadir Shah
au
XVIII
e
siecle. Une autre piece interessante est le reliquaire de la main de
saint Jean-Baptiste
, couvert d'or. Plusieurs vitrines montrent un assemblage de fusils a
silex
, d'epees, de cuilleres, tous decores d'or et de joyaux. D'un interet particulier est le
reliquaire
d'or qui contenait le manteau de
Mahomet
.
Juste au nord du tresor imperial, le dortoir des pages a ete transforme en ≪ galerie des miniatures et des portraits ≫ (
Muzesi Muduriyeti
). A l'etage inferieur se trouve une importante collection de
calligraphies
et de miniatures. On peut y voir de tres anciens et tres precieux corans (
XII
e
au
XVII
e
siecle
), ecrits et enlumines en
coufique
, et une
bible
du
IV
e
siecle
, ecrite en
arabe
. Un objet inestimable de cette collection est la premiere
carte du monde
par l'amiral turc
Piri Reis
(
1513
). La carte montre des parties des cotes ouest de l'Europe et de l'Afrique du nord avec une precision raisonnable. La cote du
Bresil
est aussi facilement reconnaissable. La partie superieure de la galerie contient 37 portraits de sultans, la plupart etant des copies, car les originaux sont trop fragiles pour etre exposes. Un portrait de
Mehmed II
est du au peintre venitien
Gentile Bellini
. D'autres miniatures precieuses sont conservees soit dans cette galerie, soit dans la bibliotheque ou dans d'autres parties du palais. Les plus notables sont
(tr)
Hunername
,
Sahansahname
, les
Albums Sarayı
,
Siyer-ı Nebi
,
Surname-ı Humayun
,
Surname-i Vehbi
, et la
Suleymanname
[
21
]
.
Bibliotheque Enderun (bibliotheque d'Ahmed III)
[
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|
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]
La ≪ bibliotheque Enderun ≫ (
Enderun Kutuphanesi
), dite aussi ≪ bibliotheque du sultan Ahmed III ≫ (
III. Ahmed Kutuphanesi
), est un batiment neoclassique situe derriere la salle d'audience (
Arz Odası
), au centre de la troisieme cour. Elle a ete construite sur les fondations du kiosque
Havuzlu
par l'architecte imperial Mimar Be?ir A?a en 1719, sur l'ordre d'Ahmed III, pour l'usage des fonctionnaires de la maison royale. La colonnade de ce kiosque anterieur est probablement celle qui trone devant le tresor actuel
[pas clair]
.
La bibliotheque est un magnifique exemple d'architecture ottomane du
XVIII
e
siecle. Recouverte de marbre a l'exterieur, elle a la forme d'une croix grecque avec un hall central couvert d'un dome et trois ailes rectangulaires. Le quatrieme bras de la croix est forme par le porche qui peut etre atteint par une volee de marches de chaque cote. Sous l'arche centrale du portique se trouve une fontaine, avec des niches pour boire de chaque cote. Le batiment est construit sur un sous-sol bas, pour proteger les livres precieux de la moisissure.
Les murs au-dessus des fenetres sont decores de
carreaux d'?znik
du
XVII
e
siecle de motifs variee. Le dome central et les salles des ailes rectangulaires ont ete peints. La decoration sous le dome et dans les ailes est typique de l' ≪
ere des tulipes
≫, qui dura de
1703
a
1730
. Les livres etaient conserves dans les niches des murs. Une alcove opposee a l'entree etait le lieu de lecture prive du sultan.
La bibliotheque etait rattachee a l'ecole des pages du sultan (
Enderun-i Humayun Mektebi
, couramment appelee
Enderun
, "interieure") qui formait des cadres de l'administration, de l'armee et du palais. Elle comprenait des livres sur la
theologie
et la loi islamique en
turc ottoman
, en arabe et en persan et contenait plus de 3 500 manuscrits. Certains sont des bons exemples d'incrustation de nacre et d'ivoire. Aujourd'hui les ouvrages sont conserves dans la mosquee des A?as (
A?alar Camii
), situee a l'ouest de la bibliotheque. Un autre objet important est le
manuscrit de Topkapı
(en)
, une copie du Coran remontant a l'epoque du troisieme Calife
Uthman ben Affan
.
La ≪ Mosquee des A?as ≫ (
A?alar Camii
) est la plus grande mosquee du palais. C'est aussi l'une des plus anciennes constructions, datant du
XV
e
siecle, sous le regne du sultan
Mehmed II
. Le sultan, les
a?as
et les pages venaient y prier. La mosquee est placee en diagonale dans la cour, pour que le
minbar
puisse faire face a
la Mecque
. En 1928, les livres de la bibliotheque Enderun ont ete deplaces ici pour en faire la ≪ bibliotheque du palais ≫ (
Sarayı Kutuphanesi
), qui abrite une collection de pres de
13 500
livres et manuscrits turcs, arabes, perses et grecs collectes par les Ottomans. Au nord-est de la mosquee se trouve la collection des portraits imperiaux.
Le ≪ dortoir des pages royaux ≫ (
Hasoda Ko?u?u
) abrite la ≪ collection des portraits imperiaux ≫ (
Padi?ah Portreleri Sergi Salonu
). Il faisait partie des appartements du sultan. Les sultans ottomans sont representes par des peintures, et par quelques rares photographies pour les derniers d'entre eux. La piece est climatisee pour proteger les portraits. Comme les sultans se montraient rarement en public, et pour preserver les susceptibilites islamiques concernant la representation des humains, les portraits anciens sont essentiellement des idealisations, et ne refletent pas la realite. Ce n'est qu'apres le regne modernisateur de
Mahmoud II
que des portraits realistes ont ete effectues. On peut voir un interessant
arbre genealogique
des dirigeants ottomans.
Le dome est soutenu par des piliers d'origine byzantine, une croix est clairement visible, gravee sur l'un d'eux.
La ≪ chambre privee ≫ abrite les ≪ chambres fortes sacrees ≫ (
Kutsal Emanetler Dairesi
), qui incluent le ≪ pavillon du Saint Manteau ≫. Ces pieces ont ete construites par
Sinan
sous le regne de
Murad III
. Elles etaient autrefois des bureaux du sultan.
Elles abritent le manteau du prophete
Mahomet
, son epee, une dent, un poil de sa barbe, ses sabres de bataille, une lettre autographe et d'autres reliques connues sous le nom de
Reliques Sacrees
. D'autres reliques sont presentees, comme les epees des quatre premiers
califes
, le baton de
Moise
, le turban de
Joseph
, et un tapis de la fille de Mahomet. Meme le sultan n'avait acces qu'une fois par an, le
15
e
jour du
ramadan
. Aujourd'hui tout le monde peut voir ces reliques et de nombreux musulmans y viennent en
pelerinage
.
Les arcades ont ete ajoutees sous le regne de
Murad III
, mais ont ete alterees quand la salle des circoncisions a ete ajoutee. Une arcade a peut-etre ete construite sur le site du temple de
Poseidon
, qui a ete transforme avant le
X
e
siecle en eglise de Saint-Menas
[
22
]
.
La chambre privee a ete transformee en salle de service pour les officiels de la porte de la Felicite (
saadet kapısı
) dans la deuxieme moitie du
XIX
e
siecle, en ajoutant une enclave dans la colonnade de la chambre privee dans la cour Enderun.
Le ≪ harem imperial ≫ (
Harem-i Humayun
) est un vaste ensemble de pieces faisant partie des appartements prives du sultan
[
23
]
.
Le harem etait la residence de la mere du sultan, la
sultane valide
, des concubines et femmes du sultan, du reste de sa famille, y compris les enfants, et de leurs serviteurs
[
24
]
. Il consiste en une serie d'immeubles et de structures relies par des couloirs et de petites cours. Chaque noyau hierarchique ou groupe de service residant dans le harem avait son propre espace de vie regroupe autour d'une cour. Le harem comprend plus de 300 pieces, dont seule une faible partie est ouverte au public. Ces appartements (
daireler
) etaient occupes respectivement par les
eunuques
, le chef des eunuques du harem (
Darussaade A?ası
), les concubines, la reine-mere, les epouses du sultan, les princes et les favorites. Il etait interdit d'entrer dans le harem. On estime que le harem hebergeait 400 personnes : 300 femmes et 100 eunuques pour les surveiller
[
25
]
. Malgre leur statut d'esclave, il existait entre elles une hierarchie. Au sommet : la toute puissante sultane valide, la reine-mere, puis la favorite, les concubines en titre, celles qui avaient eu des enfants du sultan, les concubines occasionnelles et enfin les novices qui entraient vers 12-15 ans et s'occupaient de taches domestiques. Les femmes vivaient totalement recluses, mais elles jouissaient cependant d'un pouvoir d'influence immense. Elles ont su jouer des faibles moyens qu'elles avaient a leur disposition. Leurs filles, les princesses, etaient mariees au
grand vizir
ou a des personnages importants et endossaient souvent le role d'agent double, tout comme leurs
eunuques
, qui etaient en contact avec le monde exterieur.
Le harem n'a ete construit qu'a la fin du
XVI
e
siecle. La plupart de ses elements ont ete concus par Mimar Sinan. Cette partie du palais s'ouvre dans la seconde cour (
Divan Meydanı
) par la porte des carrosses (
Arabalar Kapısı
). Il s'est agrandi au fil du temps le long de la
Corne d'Or
. Il est devenu un immense complexe. Les immeubles qui y furent construits entre son erection au
XVI
e
siecle et le debut du
XIX
e
siecle sont representatifs des developpements stylistiques de l'art des palais. A la suite d'un incendie important en
1665
, certaines parties ont ete redecorees sous
Osman III
et
Mahmoud II
dans un style inspire du
baroque
italien. Ces decorations contrastent avec celles de l'age classique ottoman.
L'acces depuis la seconde cour est la ≪ porte des carrosses ≫ (
Arabalar Kapısı
) qui conduit dans le ≪ dome des placards ≫ (
Dolaplı Kubbe
). Ce vestibule a ete construit en
1587
par
Murad III
. Le tresor du harem y etait installe. Dans armoires recueillaient des actes notaries geres par l'eunuque en chef, l'argent provenant de fondations pieuses du harem, ainsi que la comptabilite du sultan et de la famille imperiale.
La ≪ salle de la fontaine des ablutions ≫, nommee aussi ≪ vestibule avec ?adırvan ≫
[
26
]
(
?adırvanlı Sofa
) a ete renovee apres l'incendie du harem du
. Cet espace servait de hall d'entree pour le harem ; il etait garde par les eunuques. Les acces
Buyuk Bini?
(grande entree), et le
?al Kapısı
(la porte du chale), qui relient le harem, le jardin prive, la mosquee des eunuques du harem et la tour de justice menent a cet endroit. Les murs sont couverts de ceramiques de
Kutahya
du
XVII
e
siecle.
Une stalle d'ecurie devant la mosquee servait au sultan quand il allait a cheval ; les bancs servaient aux gardes. La fontaine qui donne son nom a cette piece a ete deplacee dans la piscine de la chambre de Murad III.
Sur le cote gauche, on trouve la petite mosquee des eunuques noirs. Les carrelages vert d'eau, blanc casse et bleu median datent du regne de
Mehmed IV
(
XVII
e
siecle). Leur dessin est d'un haut niveau artistique, mais la realisation est assez commune en comparaison des precedentes.
Une autre porte mene a la ≪ cour des eunuques noirs ≫ (
Harem A?aları Ta?lı?ı
), avec sur la gauche leurs appartements. Au fond de la cour se trouve l'appartement du chef des eunuques noirs (
Kızlar A?ası
), le quatrieme plus important personnage du protocole officiel. Dans l'intervalle se trouve l'ecole des princes imperiaux avec des tuiles precieuses des
XVII
e
et
XVIII
e
siecles et des lambris dores. A l'autre bout de la cour se trouve la porte principale du harem (
Cumle Kapısi
). Le couloir etroit sur la gauche mene aux appartements des
odalisques
(des esclaves blanches donnees en cadeau au sultan).
Beaucoup d'appartements des eunuques donnent sur cette cour, la premiere du harem, parce qu'ils etaient aussi des gardes sous le commandement du chef des eunuques.
Les espaces entourant cette cour ont ete reconstruits apres le grand incendie de
1665
. Le complexe comprend le dortoir des eunuques derriere le portique, les quartiers du chef des eunuques du harem (
Darussaade A?ası
), l'ecole des princes et des fonctionnaires du palais (
Musahipler Dairesi
) et une guerite de garde. La porte principale du harem et la porte de Ku?hane sur la cour d'Enderun, sont reliees a cette cour.
Les dortoirs des eunuques du harem (
Harem A?aları Ko?u?u
) datent du
XVI
e
siecle. Ils sont organises autour d'une cour interieure sur trois etages. L'inscription de la facade du dortoir cite les actes de fondation des sultans
Mustafa IV
,
Mahmoud II
et
Abdulmecid I
, remontant au
XIX
e
siecle. Les pieces des etages superieurs etaient destinees aux novices et celles regardant la cour etaient occupees par les eunuques ayant des fonctions administratives. Au fond se trouve une cheminee monumentale recouverte de tuiles de Kutahya du
XVIII
e
siecle.
Les appartements du chef des eunuques noirs du harem (
Darussaade A?asi Dairesi
) adjacents au dortoir contiennent un bain, des pieces de vie et une
chambre
.
La salle d'ecole des princes, sous le controle du chef des eunuques, etait a l'etage superieur. Les murs etaient recouverts de ceramiques europeennes au decor baroque.
L'entree principale (
Cumle Kapisi
) separe le harem, dans lequel vivaient la famille et les concubines du sultan, de la cour des eunuques. La porte mene au poste de garde (
Nobet Yeri
) auquel sont reliees les trois principales sections du harem. La porte a gauche du poste de garde mene par le
passage des concubines
a la
cour des concubines
(
Kadınefendiler Ta?lı?ı
). La porte du milieu mene a la
cour de la sultane valide
(
Valide Ta?lı?ı
) et la porte de droite conduit a la
route doree
(
Altınyol
) et au-dela aux quartiers du sultan. Le grand miroir de cette piece date du
XVIII
e
siecle.
Apres l'entree principale et avant de tourner vers le passage des concubines se trouve la ≪ cour de la sultane valide ≫
[
Davis 9
]
.
Le ≪ passage des concubines ≫ (
Cariye Koridoru
) mene a la cour des concubines et des epouses. Sur les consoles, le long du passage, les eunuques posaient les plats qu'ils amenaient des cuisines dans le palais.
La ≪ grande cour des concubines et des epouses ≫ (
Kadın Efendiler Ta?lı?ı / Cariye Ta?lı?ı
) a ete construite a la meme epoque que la cour des eunuques, au milieu du
XVI
e
siecle. Restauree apres l'incendie de 1665, elle est la plus petite cour du harem. Entouree d'arcades, elle comporte un
hammam
(
Cariye Hamamı
), une fontaine de lavage, une blanchisserie, des dortoirs, l'appartement du chef de la famille et les appartements des hotesses
[Quoi ?]
(
Kalfalar Dairesi
).
Les trois appartements independants, qui ont vue sur la
Corne d'Or
, decores de tuiles et avec cheminee, etaient les logements de la famille du sultan. Ces constructions couvraient le site de la cour a la fin du
XVI
e
siecle. A l'entree du quartier de la sultane valide, des fresques murales de la fin du
XVIII
e
siecle, d'influence europeenne, representent des paysages.
L'escalier dit des
≪ quarante marches ≫
(
Kirkmerdiven
) permet d'acceder a l'hopital du harem (
Harem Hastanesi
), aux dortoirs des concubines, a la terrasse du harem et a ses jardins.
Les ≪ appartements de la sultane valide ≫ (
Valide Sultan Dairesi
) constituent, avec les appartements du sultan, la plus grande et la plus importante section du harem
[
Necipo?lu 40
]
. Ils ont ete construits apres le demenagement de la sultane valide, qui a quitte le vieux palais (
Eski Saray
) pour Topkapı a la fin du
XVI
e
siecle. Ces appartements ont du etre reconstruits apres l'incendie de 1665, entre 1666 et 1668
[
Necipo?lu 41
]
. Certaines pieces, comme la petite piece de musique, ont ete ajoutees au
XVIII
e
siecle.
Seules deux pieces sont ouvertes au public : la salle a manger avec
[
Davis 10
]
, dans la galerie superieure, la salle de reception, et la chambre avec, derriere un treillis, une petite piece pour la priere
[
Davis 11
]
. Le rez-de-chaussee accueille les appartements des quartiers des concubines, tandis qu'a l'etage se trouvent les quartiers de la sultane valide et de ses accompagnatrices (
kalfas
). Un passage mene, a travers les bains de la sultane valide, aux quartiers du sultan.
Ces pieces sont toutes recouvertes de tuiles bleu-blanc et jaune-vert a motifs floraux, ainsi que de porcelaine d'?znik du
XVII
e
siecle. Le panneau representant la Mecque, signe d'Osman ?znikli Mehmeto?lu, constitue une innovation de style pour la porcelaine d'?znik. Les peintures panoramiques des salles superieures sont de style europeen occidental des
XVIII
e
et
XIX
e
siecles
[
Davis 12
]
.
Au-dessus des quartiers de la sultane valide se trouvent les appartements de Mihirisah, de style rococo. Le passage en direction des bains donne acces a l'appartement d'
Abdulhamid
I
er
. A proximite se trouve la chambre d'amour de
Selim III
, construite en
1790
. Un corridor etroit relie cette piece au pavillon d'
Osman III
date de
1754
.
L'ensemble suivant constitue les ≪ hammams du sultan et de la sultane valide ≫ (
Hunkar ve Valide Hamamları
). Ces doubles bains, qui datent de la fin du
XVI
e
siecle, sont constitues de plusieurs pieces. Elles ont ete redecorees dans un style rococo au milieu du
XVIII
e
siecle. Les deux hammams presentent la meme structure, constituee d'un
caldarium
, d'un
tepidarium
et d'un
frigidarium
[
Davis 13
]
. Chaque piece est eclairee soit par une coupole, soit par une structure en nid d'abeilles avec des parties vitrees. Le sol est revetu de marbre blanc et gris. La baignoire de marbre avec sa fontaine ornementale et sa grille metallique doree qui se trouve dans le caldarium est un element caracteristique. Le treillage dore etait destine a proteger le baigneur des tentatives d'assassinat. Les hammams du sultan ont ete autrefois decores de carreaux d'?znik de haute qualite par
Sinan
. Mais l'essentiel de la decoration du harem, provenant des structures endommagees par le feu de
1574
, a ete recycle par le sultan
Ahmet
I
er
pour decorer sa nouvelle
Mosquee du sultan Ahmed
a Istanbul. Les murs sont aujourd'hui soit recouverts de marbre, soit delaves de blanc.
La ≪ Salle imperiale ≫ (
Hunkar Sofası
), ou ≪ Salle du trone interieure ≫ dite aussi ≪ Salle des diversions ≫ est une salle a coupole qui aurait ete construite a la fin du
XVI
e
siecle. Elle a le plus grand dome du palais. Elle servait de salle de reception officielle, ainsi qu'aux divertissements du harem. Le sultan y recevait ses confidents, ses invites, sa mere, sa premiere femme (
Hasseki
), ses accompagnateurs et ses enfants. Des spectacles, des actes de soumission durant les fetes religieuses et des mariages avaient lieu ici en presence des membres de la dynastie
[
Davis 14
]
.
Apres le grand incendie de
1666
, la salle a ete renovee dans un style rococo sous le regne d'
Osman III
. La ceinture de
faience
avec des inscriptions calligraphiques qui faisait le tour des murs a ete recouverte au
XVIII
e
siecle de
porcelaine de Delft
bleue et blanche et de miroirs en
verre venitien
. L'arche du dome et les pendants portent toujours des peintures classiques datant de la construction originale
[
Davis 15
]
.
Le trone du sultan est au centre de la piece. La galerie etait occupee par les accompagnateurs du sultan, diriges par la sultane valide. Les chaises dorees sont un cadeau de l'empereur
Guillaume II d'Allemagne
, et l'horloge un cadeau de
Victoria du Royaume-Uni
. Un office ou sont exposes des instruments de musique et certaines autres pieces s'ouvre sur la salle imperiale et donne acces aux appartements du sultan.
Une porte secrete derriere un miroir permet une entree discrete du sultan. Une porte s'ouvre sur l'appartement de la sultane valide, l'autre sur le hammam du sultan. La porte opposee mene a une petite salle a manger (reconstruite par
Ahmet III
) et sur la grande chambre a coucher
[
Davis 16
]
, tandis qu'une autre ouvre sur une serie d'antichambres, dont la salle a la fontaine (
Ce?meli Sofa
), toutes redecorees au
XVII
e
siecle.
La ≪ chambre privee de
Murad III
≫ (
III. Murad Has Odası
), qui a conserve son interieur d'origine, est la plus ancienne et la plus belle chambre du harem. Elle a ete dessinee par le maitre architecte
Sinan
, et date du
XVI
e
siecle
[
Davis 16
]
. Son dome est legerement plus petit que celui de la salle imperiale. La porte est l'une des plus belles du palais. Elle s'ouvre sur le couloir qui longe l'aile des princes de la couronne (
Kafes
). Elle est decoree de faiences d'?znik bleu, blanc et rouge corail
[
Davis 16
]
. Les motifs floraux sont renforces par des bordures orange datant des annees 1570. Un bandeau de ceramiques calligraphiques fait le tour de la piece au niveau du plateau et de la porte. Les motifs en
arabesques
du dome ont ete redores et repeints en noir et rouge. La grande cheminee a la hotte doree (
ocak
) fait face a une fontaine a deux niveaux (
ce?me
), soigneusement ornee de marbre colore. Le bruit de l'ecoulement devait empecher toute ecoute, tout en produisant une atmosphere relaxante. Les deux baldaquins dores datent du
XVIII
e
siecle.
De l'autre cote par rapport a la grande chambre a coucher se trouvent deux pieces plus petites. La premiere est la ≪ chambre privee d'Ahmet
I
er
≫ (
I. Ahmed Has Odası
), richement decoree de carreaux d'email d'?znik
[
Davis 17
]
. La porte de la piece, les armatures de fenetre, une petite table et un
lutrin
sont decores de
nacre
et d'
ivoire
.
A cote se trouve la ≪ chambre privee d'Ahmet III ≫ (
III. Ahmed Has Odası
), petite, mais tres coloree, avec des murs peints de dessins floraux et de coupes de fruits entremeles dans les carreaux qui couvrent la cheminee (
ocak
)
[
Davis 18
]
. Pour cette raison, la piece porte aussi le nom de ≪ salle aux fruits ≫ (
Yemis Odası
). Elle etait probablement utilisee pour des repas.
Pavillon double, ou appartements des princes de la Couronne
[
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|
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]
Le ≪ pavillon double ≫, nomme aussi ≪ appartements des princes de la Couronne ≫ (
Cifte Kasırlar / Veliahd Dairesi
), consiste en deux chambres construites au cours du
XVI
e
siecle. L'immeuble, relie au palais, est constitue d'un rez-de-chaussee construit sur une plate-forme elevee qui procure une bonne vue sur l'exterieur, tout en etant protegee des regards.
L'interieur comporte deux grandes pieces, datant soit du regne de
Murad III
, soit, plus probablement, du regne d'
Ahmet
I
er
[
Davis 19
]
. Le plafond n'est pas plat, mais conique, dans le style du kiosque. Il evoque les tentes traditionnelles des premiers Ottomans. Dans ces tentes, il n'y avait pas de meubles en hauteur, mais des divans disposes le long des murs. Le sol est recouvert de tapis. Ces pieces presentent tous les caracteres du style classique, utilise dans d'autres parties du palais.
Le pavillon a ete entierement redecore et la plupart des boiseries baroques ont ete retirees. Les tuiles decoratives, refletant la grande qualite des fabriques d'?znik du
XVII
e
siecle
[
Davis 20
]
, ont ete remplacees par des copies modernes, en accord avec le concept d'origine. La fresque du dome de bois est d'origine, et est un exemple des riches travaux de la fin du
XVI
e
et du debut du
XVII
e
siecle
. La cheminee de la seconde piece, avec sa grande hotte doree, a ete restauree dans son apparence d'origine
[
Davis 21
]
. Les fenetres proches de la cheminee sont decorees d'
intarsio
de
nacre
. Les fenetres de verre colore donnent sur la haute terrasse et le jardin de la piscine situee en dessous. Les robinets de ces fenetres sont entoures de fresques en rouge, noir et dore.
Les princes de la Couronne (
?ehzadeler
) vivaient reclus dans ces pieces, qui sont connues sous le nom de
kafes
(cage). Les princes y etaient eduques dans la discipline du harem jusqu'a l'age adulte. Ils etaient ensuite nommes gouverneurs de provinces d'
Anatolie
, ou ils etaient entraines a la gestion des affaires d'Etat. A partir du debut du
XVII
e
siecle, les princes vecurent dans le harem, qui commenca a jouer un role dans l'administration du palais. Le pavillon double a ete utilise comme chambre privee des princes de la couronne a partir du
XVIII
e
siecle.
La ≪ cour des favorites ≫ (
Gozdeler / Mabeyn Ta?lı?ı ve Dairesi
) est la derniere partie du harem. Elle domine une grande piscine et le ≪ jardin de buis ≫ (
?im?irlik Bahcesi
)
[
Davis 21
]
. La cour a ete constituee au
XVIII
e
siecle par l'ajout des appartements intermediaires (
Mabeyn
) et des appartements des favorites (
?kballer
). Les appartements des dames de compagnie des favorites et la partie Mabeyn, au rez-de-chaussee, incluent aussi la salle des miroirs. C'etait le lieu ou
Abdulhamid
I
er
vivait avec son harem
[
Davis 22
]
. L'appartement est decore de boiseries rococo.
Les favorites du sultan (
Gozdeler / ?kballer
) etaient considerees comme les instruments de la perpetuation de la dynastie selon l'organisation du harem. Quand les favorites tombaient enceintes, elles assumaient les titres et les pouvoirs de l'accompagnatrice officielle du sultan (
Kadınefendi
).
La ≪ route doree ≫ (
Altınyol
) est un etroit passage remontant au
XV
e
siecle, qui forme l'axe du harem. Il s'etend entre la cour des eunuques du harem (
Harem A?aları Ta?lı?ı
) et la chambre privee (
Has Oda
). Le sultan utilisait ce passage pour rejoindre le harem, la chambre privee et le Sofa-i Humayun, la terrasse imperiale.
La cour de la sultane valide (
Valide Sultan Ta?lı?ı
), la cour des concubines et des epouses (
Ba? Haseki
), les appartements des princes (
?ehzadegan Daireleri
), et les appartements du sultan (
Hunkar Dairesi
) s'ouvrent sur ce passage. Les murs sont peints en blanc.
La denomination
doree
serait peut-etre due au fait que le sultan avait l'habitude d'y jeter des pieces d'or pour les concubines durant les fetes, mais cela est conteste
[
Davis 23
]
.
Jusqu'a la fin du
XIX
e
siecle, une petite cour interieure, dans ce coin de la cour d'Enderun, permettait d'acceder au harem par la porte Ku?hane. C'est aujourd'hui la porte par laquelle les visiteurs sortent du harem. Des oiseaux etaient eleves pour la table du sultan dans les batiments entourant la porte. L'une des inscriptions au-dessus de la porte Ku?hane indique que
Mahmud
I
er
a fait reparer les cuisines de Ku?hane. Le balcon de la voliere face a la porte a ete construit lors d'une reparation en
1916
. La facade du batiment rappelle les
volieres
traditionnelles.
La ≪ quatrieme cour ≫ (
IV. Avlu
), nommee aussi ≪ sofa imperial ≫ (
Sofa-ı Humayun
) etait le lieu le plus intime du sultan et de sa famille. Il consiste en un ensemble de pavillons,
kiosques
(
ko?k
), jardins et terrasses. Il faisait initialement partie de la troisieme cour. Mais il est aujourd'hui considere separement, pour mieux le percevoir
[
27
]
.
En
1640
, le sultan
Ibrahim
I
er
fait construire la ≪ salle des circoncisions ≫ (
Sunnet Odası
), un kiosque d'ete (
Yazlik Oda
) destine a la
circoncision
des jeunes princes, qui est un
rite de passage
essentiel de l'
Islam
. Ses murs interieurs et exterieurs sont decores d'elements recycles, tels que les carreaux de faience bleue a motifs floraux, a l'exterieur. Les plus importants sont les panneaux de faience bleus et blancs de la facade, dates de
1529
et inspires de la
ceramique
asiatique. Ces panneaux ornaient autrefois les batiments de ceremonie du sultan
Suleyman
I
er
, tels que la chambre du conseil et le tresor interieur (tous deux dans la seconde cour), et la salle du trone (dans la troisieme cour). Ils ont ete deplaces ici par nostalgie, et reverence envers l'age d'or de son regne. Ces panneaux ont servi de modeles pour la decoration des kiosques d'Erevan et de Bagdad. La piece elle-meme est symetrique, et relativement spacieuse pour le palais, avec des fenetres agrementees chacune d'une petite fontaine. Certaines fenetres superieures sont decorees de vitraux. A droite de l'entree se trouve une cheminee avec une grille doree. Le sultan Ibrahim a aussi construit les arcades et le toit surplombant la chambre du manteau sacre, ainsi que la terrasse superieure entre sa chambre et le kiosque de Bagdad.
L'
architecte royal
Koca Kasım A?a
, sous le regne de
Murad IV
, a construit durant les annees 1635-1636 le ≪ kiosque d'Erevan ≫ (
Revan Ko?ku
) puis, en
1638
-
1639
, le ≪ kiosque de Bagdad ≫ (
Ba?dat Ko?ku
), pour celebrer les victoires ottomanes a
Erevan
et
Bagdad
. Tous deux ont des gouttieres larges, un dome central et un interieur avec des coupoles et des
tesselles
de
nacre
. Tous deux sont construits suivant le classique plan a quatre
iwans
, avec des divans remplissant l'interieur.
Le ≪ kiosque d'Erevan ≫ (
Revan Ko?ku
) servait pour des retraites religieuses de quarante jours. C'est un petit pavillon avec un dome central et trois absides abritant les divans. La porte et une cheminee se trouvent sur le quatrieme mur. Le mur de la colonnade est plaque de marbre, les autres sont recouverts de carreaux d'?znik a faible cout, bleues et blanches, reproduisant des motifs de tuiles anciennes.
Le ≪ kiosque de Bagdad ≫ (
Ba?dad Ko?ku
) est situe sur le cote droit de la terrasse avec fontaine. Il a ete construit pour commemorer la campagne de
Murad IV
a
Bagdad
apres
1638
.
Il ressemble beaucoup au kiosque d'Erevan. Les trois portes vers le porche sont situees entre les divans. La facade est recouverte de
marbre
et de bandes de
porphyre rouge
et
vert antique
. Les panneaux de marbre du portique sont executes dans le style des
mamelouks
du
Caire
. L'interieur est un exemple d'une piece ottomane ideale. Les compartiments et les etageres des renfoncements sont decores de faiences vertes, jaunes et bleues du debut du
XVI
e
siecle. Les carreaux bleus des murs sont des copies de ceux de la salle des circoncisions, juste de l'autre cote de la terrasse. Avec ses carreaux du
XVII
e
siecle, sa nacre, sa decoration d'ecailles et ses vitraux, ce pavillon est l'un des derniers exemples de l'architecture classique des palais.
Les portes sont finement gravees. Sur la droite de l'entree se trouve une cheminee avec une grille doree. Au milieu de la piece trone un
mangal
(brasero a charbon) d'argent, present du roi
Louis XIV de France
. A partir du milieu du
XVIII
e
siecle, ce kiosque a ete utilise comme bibliotheque de la chambre privee.
Le ≪ pavillon d'?ftar ≫, nomme aussi ≪ kiosque d'?ftar ≫ ou ≪ baldaquin d'?ftar ≫ (
?ftariye Ko?ku
ou
?ftariye Kameriyesi
) offre une belle vue sur la Corne d'Or. Sa voute striee en berceau et son toit dore sont une premiere dans l'architecture ottomane, faisant echo a la Chine et a l'Inde. Le sultan aurait eu l'habitude de rompre le jeune dans cette tonnelle durant le mois du
ramadan
, apres le coucher du soleil. Certaines sources mentionnent ce lieu de repos comme le
≪ siege eclaire par la lune ≫
. Des cadeaux particuliers, comme la douche de pieces d'or pour les officiels donnee par le sultan, etaient parfois remis ici. La terrasse de marbre a pris son aspect actuel sous le regne du sultan
Ibrahim
I
er
(1640-1648).
Le rectiligne ≪ kiosque de la terrasse ≫ (
Sofa Ko?ku / Merdiven Ba?ı Kasrı
), nomme aussi par erreur ≪ pavillon de Mustafa Pasha ≫ (
Mustafa Pa?a Ko?ku
), est un
belvedere
construit dans la deuxieme moitie du
XVI
e
siecle. Il a ete restaure en 1704 par le sultan
Ahmed III
et reconstruit en 1752 par
Mahmud
I
er
dans le
style rococo
. C'est le seul immeuble en bois, dans la partie la plus interieure du palais. Il est constitue de deux pieces dont l'arriere est supporte par des colonnes.
Le kiosque est compose de la piece principale, nommee
Divanhane
, de la salle de priere (
Namaz Odası
or
?erbet Odası
), et de la piece aux jus de fruits. Du pavillon, le sultan assistait a des evenements sportifs et des divertissements organises dans le jardin. Ce batiment ouvert de larges fenetres etait a l'origine une salle de repas ; plus tard durant l'ere des Tulipes (1718-1730), il a ete utilise comme chambre pour les invites. Il est situe a proximite du jardin des tulipes.
Tour du precepteur en chef, salle du medecin principal
[
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|
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]
La tour carree nommee ≪ tour du precepteur en chef ≫ (
Ba?lala Kulesi
), nommee aussi ≪ salle du medecin principal ≫ et pharmacie de la cour (
Hekimba?ı Odası ve ilk eczane
), date du
XV
e
siecle, probablement du regne de
Mehmet II
. C'est le plus vieux batiment de la quatrieme cour. Elle a ete construite pour etre une tour de garde, comportant peu de fenetres et des murs de pres de deux metres d'epaisseur. Le medecin avait sa chambre au sommet, le rez-de-chaussee etant occupe par la
pharmacie
du palais.
La premiere pharmacie de la cour a ete etablie durant le regne de Mehmet II. Il en existait d'autres, ainsi que des
infirmeries
dans le palais. Selon la legende, Enderunlu Tayyar Efendi, qui etait precepteur en chef (
Ba? Lala
) durant le regne de
Selim III
, apercut du haut de cette tour les rebelles venus assassiner le sultan et alerta ses partisans. L'historien Afa indique que cette tour avait au moins deux etages de plus que les deux qu'elle conserve aujourd'hui.
Le medecin principal (
Hekim Ba?ı
) et le precepteur en chef partageaient cet endroit. Le medecin etait responsable de la sante du sultan et de la famille imperiale, et preparait ici ses remedes. Sous son controle, les medications etaient preparees, scellees dans des bouteilles, des
jarres
ou des bols, puis remises aux patients.
Le medecin principal etait aussi un familier du sultan, qu'il accompagnait meme sur le champ de bataille. Ce poste etait traditionnellement occupe par des
juifs
. Apres le
XVII
e
siecle, de plus en plus de musulmans occuperent le poste, qu'ils partageaient avec des juifs et des europeens. Le dernier medecin-chef fut Abdulhak Molla, qui vecut durant le regne du sultan
Abdulmecit
I
er
. Apres son regne, les sultans ont quitte Topkapı, la tour fut utilisee comme conservatoire de musique, puis pour l'entretien des armes du palais. Elle fut restauree en
1911
et abrite la collection d'objets medicaux.
Un ≪ trone de pierre ≫ (
Ta? Taht
) a ete construit pour
Murat IV
afin qu'il puisse surveiller les activites sportives des pages. Les inscriptions indiquent qu'en
1636
,
Murat IV
, sportif accompli, lanca une trique de chene a 120 metres depuis son cheval.
Le ≪ grand pavillon ≫, appele aussi ≪ grand kiosque ≫, ≪ Kiosque Mecidiye ≫ ou ≪ pavillon d'Abdulmecit
I
er
≫ (
Mecidiye Ko?ku
), construit en
1840
, fut le dernier ajout significatif au palais, avec la ≪ garde-robe ≫ (
Esvap Odası
) attenante. Les deux furent construits sur l'ordre du sultan
Abdulmecit
I
er
en tant que salle de reception imperiale, du fait de sa situation. Il offre en effet une splendide vue panoramique sur la
mer de Marmara
et le
Bosphore
. Les sultans s'installaient ici lorsqu'ils visitaient Topkapı
[
28
]
. Ces constructions ont ete erigees sur les fondations voutees d'un autre pavillon datant du
XV
e
siecle. L'architecte
Sarkis Balyan
l'a construit dans un style
eclectique
europeanisant, mele au style traditionnel ottoman. L'interieur est meuble dans le
style Empire
. Ces deux batiments ont ete utilises occasionnellement pour heberger des invites etrangers.
La ≪ mosquee de la terrasse ≫, ou encore ≪ mosquee du sofa ≫ (
Sofa Camii
), a ete construite par le sultan
Mahmoud II
dans le style Empire pour le corps nomme
Sofa Oca?
durant le
XIX
e
siecle. Le ≪ kiosque du porteur de l'epee ≫ (
Silahdar Ko?ku
) occupait autrefois cet emplacement. L'inscription sur la porte de la mosquee indique qu'elle a ete restauree par le sultan Abdulmecit
I
er
en 1858.
A proximite du grand pavillon se trouve un restaurant tres repute. Il a ete visite par des celebrites telles que la reine
Elisabeth II
, la premiere dame
Jackie Kennedy
, le president
Richard Nixon
, et le
boxeur
Mohamed Ali
, parmi beaucoup d'autres
[
29
]
. La terrasse du restaurant offre une vue panoramique sur le
Bosphore
et la rive asiatique. La plupart des touristes viennent ici pour photographier la mer et la ville.
Les jardins exterieurs du palais s'etendent tout autour du complexe forme par les quatre cours. Certaines parties qui separent le palais de la mer sont parfois designees sous le nom de ≪ cinquieme place ≫. Des pavillons, au bord de mer, ont disparu avec la construction du chemin de fer, a la fin du
XIX
e
siecle. On comptait le pavillon de plage, le pavillon de perle, le pavillon de marbre et le kiosque des vanniers, qui est la derniere structure encore en place.
A proximite de la premiere cour, en direction de la ville se trouve le
parc Gulhane
, l'ancienne
roseraie
imperiale, aujourd'hui un jardin public. A la porte du parc se trouve le
pavillon de parade
.
Des trois autres pavillons dus a
Mehmet II
, seul le
pavillon aux faiences
(
Cinili Ko?ku
) a survecu. Ce batiment, qui date de
1473
environ, abrite aujourd'hui la collection de ceramiques islamiques du
musee archeologique d'Istanbul
.
La plupart des arbres du palais sont remarquables en ce que la plupart d'entre eux sont victimes d'un
champignon
parasite qui en a completement evide le tronc au cours des siecles, meme si les arbres sont toujours en vie aujourd'hui. Dans certains cas, deux arbres differents ont grandi et fusionne ensemble, comme un figuier qui a grandi dans le tronc creux d'un autre arbre. Ce phenomene peut etre constate parmi les arbres de la seconde cour.
L'hotel
World Of Wonders Resorts & Hotels Topkapi Palace
a
Antalya
presente des copies de certains batiments du palais, comme la salle d'audience, les cuisines et la tour de justice
[
30
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