Martin Heinrich Klaproth
(ne le
a
Wernigerode
, dans le Harz en
royaume de Prusse
et mort le
a
Berlin
) est un
chimiste
,
apothicaire
et
mineralogiste
prussien
.
Le jeune sujet prussien Martin Henri Klaproth, accomplit des etudes de pharmacologie et de philosophie naturelle avant de s'installer comme apothicaire
[
1
]
. Apres avoir ete successivement assistant en pharmacie a
Quedlinbourg
,
Hanovre
,
Berlin
et
Dantzig
, il vient a Berlin a la mort de
Valentin Rose
(de)
, en 1771, pour prendre la direction de son commerce. En 1780, il fonde un etablissement pharmaceutique a son propre compte dans la meme ville et prend des responsabilites dans le cadre de sa profession. En 1782, il est deja assesseur pharmaceutique du Ober-Collegium Medicum. En 1787, il est le conferencier designe en chimie et pharmacie dans l'Artillerie royale de Prusse.
Il suit avec interet les demonstrations precises du chimiste francais
Antoine de Lavoisier
. En 1788, il repete a l'academie des sciences de Berlin les experiences de Lavoisier. Les controverses avec les partisans de
Georg Stahl
ne l'effraient pas : il adhere au point de vue d'une chimie quantitative et reclame de la clarte par des operations precises et connues, et non des elucubrations et des pseudo-generalites considerees comme categoriques. Avec les partisans de la chimie lavoisienne, il pose l'imperatif de la publication des resultats numeriques, l'analyse chimique ne peut etre fondee et amelioree qu'avec cette exigence scientifique. Cette transparence humble des recherches doit permettre un veritable controle des donnees, avant de montrer les parties demonstratives encore floues qui appellent des gains de precision et de mener a l'identification et a l'elimination des sources d'erreurs, qu'elles proviennent du materiel, de fautes de raisonnement, de manipulations erronees ou simplement d'oubli. La demarche lavoisienne confirme l'exigence technique qu'il avait appliquee a sa propre demarche : il comprend qu'il faut mettre au point des protocoles techniques simples et pratiques, par exemple dans le cas de la technique de
dessication
jusqu'a masse constante
. L'operateur sur chaque echantillon note les resultats successifs des pesees apres un temps de dessication controle et mesure. Ces procedures s'etendent en amont des experiences, la purification des reactifs est imperative selon des methodes reproductibles et connues de tous.
C'est un tournant dans sa vie professionnelle. Il abandonne la carriere de marchand pharmacien en 1788 pour se consacrer a la chimie et a la mineralogie dans son laboratoire de Berlin. Il enseigne deja la chimie a Berlin. Il deviendra professeur de chimie a l'ecole d'artillerie, ainsi qu'au college medico-chirurgical, toujours a Berlin.
Il entreprend des etudes techniques sur la mineralogie, en s'essayant notamment a l'analyse chimique quantitative des mineraux. Il montre, en 1788, l'identite de composition de la
calcite
et de l'
aragonite
[
2
]
. Ce ne sont que deux principales varietes cristallines de
carbonate de calcium
CaCO
3
.
En 1789, il decrit des nouveaux mineraux, l'urane et la zircone. Il isole ce qu'il croit un corps simple semi-metal appele l’
uranite
, c'est-a-dire en realite un oxyde d'
uranium
, a partir de la
pechblende
extraite de
Joachimsthal
, alors denommee urane (communication du
[
3
]
a l'
Academie royale prussienne des sciences
et intitulee ≪
Ueber den Uranit, ein neues Halbmetall
[
4
]
≫). L'
uranium
metal n'est veritablement isole qu'en 1841 par
Eugene-Melchior Peligot
.
En 1789, il montre que la
zircone
ou
zircon
correspond a un oxyde d'un element inconnu, qu'il nomme le
zirconium
[
5
]
. Berzelius ne prepare le premier echantillon de corps simple qu'en 1824.
Il analyse aussi le
grenat blanc
, l'
argent rouge
ou sulfure d'argent et d'arsenic, le molybdate de plomb… Il publie ses travaux dans les
Memoires de l'Academie des Sciences
, dans les
Memoires de la societe d'Histoire naturelles
, dans le
Journal de physique
, les
Annales de chimie
. Ce chercheur europeen participe a un grand nombre de recueils de chimie ou de sciences, par exemple la
bibliotheque physico-chimique
de Hermstaedt, le
magasin helvetique
de Laepfner, les
Annales
de Crell, le
Journal des Mines
de Rohler. A partir de 1790, il publie
De la connaissance chimique des mineraux
, en y ajoutant des supplements. L'ouvrage reedite de 1795 a 1825 compte sept volumes in-octo.
Des les annees 1790, le chimiste allemand Klaproth s'impose progressivement parmi les arbitres scientifiques dans le monde germanique et nordique. Son laboratoire est a la pointe de la recherche chimique europeenne.
Apres une analyse d'echantillons de
rutile
, il confirme en 1792 la decouverte de l'element
titane
, qu'il denomme en 1795
[
6
]
. En 1793, il analyse le sulfate de strontium et l'oxyde correspondant strontiane, de maniere independante de Crawford et de Hope.
Il isole le
chrome
en 1797, de maniere independante du chimiste
Vauquelin
.
Il confirme en le denommant l'element
tellure
en 1798, le corps simple est extrait a partir de minerai a base de
sylvanite
et peut-etre de traces de
tellure natif
.
Ce docteur en philosophie, conseiller du comite sanitaire et medicale, est en 1800 membre de l'Academie des sciences de Prusse, et associe a l'institut de France. Il est professeur a l'
Ecole des mines
. Il figure deja avec le chimiste suedois
Bergman
parmi les ≪ peres de la
chimie analytique
. ≫ Son laborieux travail entrepris en chimie analytique a fait des emules, car quelques decennies apres sa mort, la chimie allemande beneficie deja d'excellentes methodes de base et de techniques standards, qui servent de modele a la chimie europeenne, qu'elle soit nordique, italienne ou russe, francaise ou anglo-saxonne. Mais c'est aussi de son vivant, juste apres l'effondrement cause par les fumeuses theories de Stahl, que Klaproth et ses disciples redonnent des lettres de credibilite et de noblesse a la chimie allemande.
Il prepare l'oxyde de cerium en 1803, de maniere independante de Berzelius et Hisinger et, de ce fait, participe a la decouverte du
cerium
. Il confirme les diverses observations anglaises sur le
platine
et les premiers elements
platinoides
reconnus, notamment celles de
William Hyde Wollaston
et
Smithson Tennant
, non sans enteriner quelques erreurs de Wollaston.
Avec le chimiste Wolf, le vieux chimiste entreprend un
dictionnaire de chimie
, qui parait en quatre volumes in-octo de 1807 a 1809. La traduction francaise est realisee en 1810 par Bouillon, Lagrange et Wogel. Ses memoires de chimie concernant en particulier les diverses analyses de mineraux sont deja recueillis a part en deux volumes in-octo et traduit en 1807 par Tassaert a Paris.
Klaproth, appele par le pouvoir regalien de Prusse, participe activement, apres l'effondrement de la nation prussienne face a l'Empire francais en 1809 a la renovation de l'enseignement etatique et a la fondation de l'universite de Berlin, grace a l'activite de son fonctionnaire representant,
Wilhelm von Humboldt
. En 1810, il est le premier titulaire de la chaire de chimie de cette universite.
Il est le pere de
Heinrich Julius Klaproth
(1783-1835), aussi appele Henri Jules, orientaliste celebre. Il est enterre au
cimetiere de Dorotheenstadt
de
Berlin
.
On lui doit la description de nombreuses especes minerales dont :
Il a ete le dedicataire d'especes minerales :
- la klaprothite (par Petersen), qui fut declassee par l'
IMA
. Il s'agit d'un melange de deux especes minerales : l'emplectite, et la
wittichenite
(de)
;
- la klaprothite (par
Beudant
), qui en fait un synonyme de
lazulite
.
- ↑
Erwin
Erasmus Koch
(
trad.
Andre Pougetoux),
Uranium
, Paris, Andre Bonne Paris,
coll.
≪ L'homme et l'univers ≫,
, 225
p.
,
p.
15
.
- ↑
Jean Boulaine
,
Histoire des pedologues et de la science des sols
, INRA, 1989, 285 p., p. 61.
- ↑
(en)
Lennard Bickel,
The deadly element: the story of uranium
, Stein and Day,
,
p.
21
.
- ↑
≪ Au sujet de l'uranite, un nouveau
metalloide
≫.
- ↑
Bergman
croit alors qu'il s'agit d'un melange complexe d'oxydes d'aluminium, de fer et de calcium.
- ↑
Ces travaux se place apres ceux pionnier de Gregor qui a analyse l'
ilmenite
.
- Robert Luft,
Dictionnaire des corps purs simples de la chimie
, Nantes, Association Cultures et Techniques,
, 392
p.
(
ISBN
978-2-9510168-3-5
)
. En particulier, l'entree ≪ Martin Klaproth ≫, dans les petites biographies de decouvreurs des elements en annexe.
- (de)
Georg Edmund Dann
(de)
,
≪
Klaproth, Martin Heinrich
≫
, dans
Neue Deutsche Biographie
(NDB)
,
vol.
11, Berlin,
Duncker & Humblot
,
,
p.
707?709
(
original numerise
).
- (de)
Albert Ladenburg
,
≪
Klaproth, Martin Heinrich
≫
, dans
Allgemeine Deutsche Biographie
(ADB)
,
vol.
16, Leipzig,
Duncker & Humblot
,
,
p.
60-61
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