Swinging London
ou
Swinging Sixties
est une expression rendant compte de la vitalite culturelle de
Londres
dans les
annees 1960
, devenue une capitale de la culture
pop
et
de la mode
. Menee par les jeunes, elle valorise la
modernite
et l'
hedonisme
. La musique et la mode de
Londres
en sont l'un des principaux fleurons. Cette evolution est alimentee par le
baby boom
et la forte croissance economique de l'apres-
Seconde Guerre mondiale
. Elle constitue le pendant
consumeriste
de la
contre-culture
underground
qui se developpe au meme moment.
Parmi les symboles de cette periode, on trouve les
Beatles
, le premier groupe de la
British Invasion
; la
minijupe
de
Mary Quant
; les mannequins populaires comme
Twiggy
ou
Jean Shrimpton
; la sous-culture
mod
; les grandes zones commerciales de Londres,
King's Road
,
Kensington
et
Carnaby Street
; le militantisme du
mouvement antinucleaire
; et la
liberation sexuelle
.
La musique occupe une place preponderante dans cette culture, avec des groupes comme les
Who
, les
Kinks
, les
Small Faces
ou les
Rolling Stones
, dont les chansons passent frequemment sur les
radios pirates
comme
Radio Caroline
ou
Swinging Radio England
(en)
. Cette revolution touche egalement le
cinema britannique
.
La musique pop, l'art pop et la mode pop au
Royaume-Uni
deviennent, dans les
annees 1960
, des formes de culture populaires au sein de la jeunesse, au rayonnement mondial. Au milieu de la decennie,
Londres
symbolise le dynamisme, la renaissance culturelle et la confiance de toute une nation. La
Swinging London
constitue une fusion du design, de l'architecture, de boutique de mode et de la culture pop.
La capitale du Royaume-Uni rayonne alors a travers le monde par sa vitalite et attire les nouvelles generations, britanniques et etrangeres, dans ses boutiques, clubs et galeries d'art. Les magasins deviennent des lieux de rencontre. Ils sont amenages pour accueillir et faire rester les clients, et non plus seulement pour vendre.
Soho
et
Carnaby Street
ou officiait
Mary Quant
qui
diffuse
la
minijupe
dans le monde, fixent les tendances, bien qu'etant au depart un quartier plus ou moins malfame. La ville semble aussi offrir la possibilite d'une societe plus ouverte. Pourtant,
David Bailey
, acteur de cette epoque, decrit cela, ulterieurement, avec son esprit provocateur :
≪ Les annees 1960 etaient fantastiques a Londres pour une elite de 500 a 2 000 personnes. Mais si vous etiez chauffeur de taxi ou mineur de fond, rien ne changeait
[
1
]
. ≫
L'expression
Swinging London
trouve son origine dans un titre de
Time Magazine
du
:
≪
London : The Swinging City
≫
[
2
]
,
[
3
]
,
[
4
]
.
Les classes superieures bohemes frequentent les proletaires embourgeoises grace a leurs succes artistiques : par exemple le coiffeur
Vidal Sassoon
ou le photographe
David Bailey
. Les grands
mannequins
vedettes d'alors comme
Dorothy McGowan
,
Penelope Tree
,
Paulene Stone
, mais surtout
Twiggy
et
Jean Shrimpton
sont pour beaucoup originaires de Grande Bretagne et font carriere a Londres. Ces dernieres incarnent mondialement le
≪
London Look
≫
[
5
]
,
[
6
]
,
[
7
]
.
L'ouverture en 1973 d'une nouvelle boutique geante
Biba
par
Barbara Hulanicki
marque symboliquement la fin des
Swinging Sixties
[
8
]
.
La serie
Chapeau melon et bottes de cuir
est caracteristique de ce
Swinging London
;
Steed
represente la classe superieure et
M
me
Peel
(habillee par
John Bates
John Bates
), femme liberee, est artiste et a une origine sociale plus populaire. Les
Beatles
,
James Bond
(cree par
Ian Fleming
), les
mods
, sont caracteristiques de cette ≪
Belle Epoque
≫ quand l'Angleterre pouvait enfin se lancer dans le
consumerisme
apres des annees de guerre et d'austerite. On peut citer les debuts de
Pink Floyd
ou les series
Le Prisonnier
et
Adam Adamant lives !
comme suivant la meme esthetique.
Le personnage principal du film
Blow-Up
de
Michelangelo Antonioni
est l'archetype du
Swinging London
, tout comme la serie de films
Austin Powers
. Les films
A cœur joie
(1967) de
Serge Bourguignon
et
Deep end
(1970) de
Jerzy Skolimowski
situent egalement leur action a Londres dans ce contexte.
Dans
Swimming Pool
de
Francois Ozon
(2002),
Charlotte Rampling
et
Ludivine Sagnier
font notamment reference au
Swinging London
.
- ↑
Aurelie Rava, ≪
David Bailey : sexe, drogues & photos
≫,
Paris Match
,
n
o
3399, 10 au 16 juillet 2014,
p.
115 a 118
(
ISSN
0397-1635
)
- ↑
Valerie Mendes et Amy de la Haye (
trad.
de l'anglais par Laurence Delage,
et al.
),
La mode depuis 1900
[≪
20th Century Fashion
≫], Paris,
Thames & Hudson
,
coll.
≪ L'univers de l'art ≫,
,
2
e
ed.
(
1
re
ed.
2000), 312
p.
(
ISBN
978-2-87811-368-6
)
,
chap.
6 (≪ Abondance et nouveau defi de la jeunesse ≫),
p.
179
- ↑
Marnie Fogg (
dir.
)
et al.
(
trad.
de l'anglais par Denis-Armand Canal
et al.
,
pref.
Valerie Steele
),
Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques
, Paris,
Flammarion
,
coll.
≪ Histoire de l'art ≫,
(
1
re
ed.
2013
Thames & Hudson
), 576
p.
(
ISBN
978-2-08-130907-4
)
, ≪ La revolution de la vente au detail ≫,
p.
356
- ↑
[image]
La couverture du Time
sur content.time.com
- ↑
Cally
Blackman
(
trad.
de l'anglais par Helene Tordo),
100 ans de mode
[≪
100 years of fashion
≫], Paris,
La Martiniere
,
, 399
p.
(
ISBN
978-2-7324-5710-9
,
presentation en ligne
)
, ≪ 1960-… ≫,
p.
216 puis 225
≪ En 1965, elle [Mary Quant] part a l'assaut des Etats-Unis pour promouvoir le
London Look
[…] Dans la premiere moitie des annees 1960, c'est une ≪ invasion britannique ≫ qui deferle sur les Etats-Unis, et Mary Quant en represente une facette, de meme que le photographe David Bailey et ses series de photos en plein cœur de Manhattan avec Jean Shrimpton […] ≫
≪ En 1965, sa tournee promotionnelle aux Etats-Unis fait sensation : les mannequins defilent pieds nus en dansant sur le podium. la ≪ petite Anglaise ≫ confirme sa position de reine internationale du
London look
. ≫
- ↑
Claire Baldewyns, ≪
Une avant-garde qui s'inspire de la jeunesse de la rue
≫,
Gala
,
n
o
1080,
,
p.
45
(
ISSN
1243-6070
)
≪ […] le mannequin Twiggy devient alors l'ambassadrice iconique de ce
London look
immortalise par le photographe David Bailey. ≫
- ↑
(en)
Design Museum
et Paula
Reed
,
Fifty fashon looks that changed the 1960s
, Londres, Conran Octopus,
, 114
p.
(
ISBN
978-1-84091-604-1
)
, ≪ Jean Shrimpton - 1960 ≫
,
p.
12
≪
Shrimpton was a totem for British fashion […] In New York it's the "London Look". In Paris it's "le style anglais".
≫
- ↑
Valerie Mendes et Amy de la Haye (
trad.
de l'anglais par Laurence Delage,
et al.
),
La mode depuis 1900
[≪
20th Century Fashion
≫], Paris,
Thames & Hudson
,
coll.
≪ L'univers de l'art ≫,
,
2
e
ed.
(
1
re
ed.
2000), 312
p.
(
ISBN
978-2-87811-368-6
)
,
chap.
7 (≪ Eclectisme et ecologie ≫),
p.
217
- Sophie Kurkdjian (
dir.
),
≪ Swinging london ou l’anticonformisme anglais ≫
, dans
Geopolitique de la mode. : Vers de nouveaux modeles
, Paris, Le Cavalier Bleu,
(
lire en ligne
)
,
p.
37-43