Les
lois Auroux
sont un ensemble de quatre lois modifiant de maniere importante le
droit du travail en France
, promulguees au cours de l'annee 1982 par le
gouvernement Mauroy II
lors du
premier mandat de Francois Mitterrand
.
Il s'agit de la loi
n
o
82-689 relative aux libertes des travailleurs dans l’entreprise (promulguee le
), de la loi
n
o
82-915 relative au developpement des institutions representatives du personnel (promulguee le
), de la loi n° 82-957 relative a la negociation collective et au reglement des conflits du travail (promulguee le
), et enfin de la loi
n
o
82-1097 relative aux comites d’hygiene, de securite et des conditions de travail (promulguee le
). Elles portent le nom du
ministre francais du Travail
du gouvernement Mauroy II qui a supervise leur elaboration,
Jean Auroux
, par ailleurs
maire
socialiste
de
Roanne
.
Dans la foulee de l'election de
Francois Mitterrand
a la
presidence de la Republique francaise
en
,
Jean Auroux
, jusque-la
depute de la Loire
, est nomme ministre du Travail, redige un rapport sur
≪ les droits des travailleurs ≫
, dans lequel il affirme notamment que
≪ les travailleurs doivent etre citoyens a part entiere dans l'entreprise ≫
et se donne pour objectif de
≪ promouvoir une democratie economique fondee sur de nouvelles relations du travail […] et sur l'elargissement du droit des travailleurs ≫
. A la suite du rapport, deux ordonnances et quatre lois sont promulguees.
Les lois Auroux avaient comme ambition de transformer profondement les relations de travail en France, et mettaient pour cela l'accent sur la responsabilisation des differents acteurs sociaux, salaries, syndicats et chefs d'entreprise. Leur esprit general peut etre resume par deux grandes idees, deja presentes dans le rapport sur les nouveaux droits des travailleurs que remit Jean Auroux au president de la Republique Francois Mitterrand et au Premier ministre
Pierre Mauroy
en
[
1
]
, et qui les prefigurait. La premiere d'entre elles etait l'idee d'une extension de la citoyennete a la sphere de l'entreprise :
≪ citoyens dans la cite, les travailleurs doivent l’etre aussi dans leur entreprise ≫
[
2
]
. La seconde etait que le droit du travail devait stimuler les initiatives individuelles et collectives, et non pas les brider. Recusant l'idee ≪ de mettre en place une legislation pesante composee de blocages ≫
[
2
]
, le rapport affirmait ainsi que ≪ les travailleurs doivent devenir les acteurs du changement dans l’entreprise ≫
[
3
]
.
Ces quatre lois modifierent le
code du travail
de l'epoque dans une proportion d'environ un tiers, soit plus de
300 articles
[
4
]
. Parmi les principales innovations qu'elles introduisaient, citons entre autres :
- L'encadrement du pouvoir disciplinaire du chef d'entreprise et du reglement interieur, au moyen notamment de l'interdiction de toute discrimination :
≪ aucun salarie ne peut etre sanctionne ou licencie en raison de ses opinions politiques, de ses activites syndicales ou de ses convictions religieuses ≫
(loi du
).
- La creation d'un droit d'expression des salaries sur leurs conditions de travail (loi du
).
- L'attribution d'une dotation minimale de fonctionnement au
comite d'entreprise
egale a 0,2 % de la masse salariale brute (loi du
).
- L'instauration d'une obligation annuelle de negocier dans l'entreprise, sur les salaires, la duree et l'organisation du travail (loi du
).
- La creation du
comite d'hygiene, de securite et des conditions de travail
(CHSCT), qui fusionne et remplace le comite d’hygiene et de securite et la commission d’amelioration des conditions de travail, qui existaient precedemment (loi du
).
- L'instauration d'un droit de retrait du salarie en cas de situation de danger grave et imminent (loi du
).
Prealablement a la mise en place de ces lois, deux ordonnances venaient completer le processus : celle du
relative a la
duree du travail
, qui abaisse la duree de travail a
39 heures
et instaure une cinquieme semaine de conges payes, et celle du
, abaissant l'age de la
retraite
a
60 ans
[
5
]
.
Ces lois sont fortement marquees par l'influence de la
deuxieme gauche
, et plus particulierement de la
CFDT
, qui fut la source d'inspiration majeure du
ministere du Travail
. Tres largement redigees par
Martine Aubry
, alors membre du cabinet de Jean Auroux, elles sont heritieres de la
pensee sociale
chretienne de gauche
incarnee par
Jacques Delors
.
- Jean Auroux
,
Les droits des travailleurs : Rapport au president de la republique et au premier ministre
, Paris,
La Documentation francaise
,
, 82
p.
(
lire en ligne
)
.
- Jacques Le Goff
,
Les lois Auroux, 25 ans apres : 1982-2007
,
Presses universitaires de Rennes
,
.
- Jean Auroux, l'homme des lois
? Entretiens avec Patrick Gobert ?
Livre d'entretiens consacre a Jean Auroux paru en fevrier 2012
.
|
Sources du droit du travail
|
Internationales et etatiques
|
|
Professionnelles
|
|
|
Relations individuelles
|
|
Rupture du contrat de travail
|
|
Relations collectives
|
|
Justice du travail
|
|
Voir aussi
|
Acces a l'emploi
|
|
Indemnisation
|
|
|
|