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Offensive sovietique de Mandchourie

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Offensive de Mandchourie
Description de cette image, également commentée ci-après
Plan de l'offensive sovietique
Informations generales
Date 9 aout ?
Lieu Mandchourie , Mongolie-Interieure et Coree
Issue Victoire sovietique
Changements territoriaux Fin du Mandchoukouo et du Mengjiang (territoires retrocedes a la republique de Chine )
Belligerants
Drapeau de l'URSS Union sovietique
Drapeau de la Mongolie  Republique populaire mongole
Drapeau de l'Empire du Japon Empire du Japon
Drapeau du Mandchoukouo Mandchoukouo
Mengjiang Mengjiang
Commandants
Drapeau de l'URSS Alexandre Vassilievski
Drapeau de l'URSS Rodion Malinovsky
Drapeau de l'URSS Kirill Meretskov
Horloogiyn Choybalsan
Otoz? Yamada
Jun Ushiroku
Drapeau du Mandchoukouo Puyi
Drapeau : Mengjiang Demchugdongrub
Forces en presence
Drapeau de l'URSS
1 577 225 hommes,
26 137 pieces d’artillerie
5 500 chars,
5 368 avions (dont 3900 avions de combat [ 1 ] )

21 000-80 000 hommes,
200 pieces d’artillerie
60 chars,
180 avions

entre 1 [ 1 ] et 1 200 000 hommes,
6 700 pieces d’artillerie [ 1 ] ,
1 200 chars [ 1 ] ,
1 900 avions [ 1 ] ,
1 215 vehicules

200 000 hommes
Drapeau : Mengjiang

10 000 hommes
Pertes
Estimations sovietiques  :
8 219 morts
22 264 blesses
Estimations japonaises  :
20 000 morts
50 000 blesses
Estimations sovietiques  :
83 737 morts
594 000 prisonniers
Estimations japonaises  :
21 000 morts

Guerre sovieto-japonaise

Batailles

Batailles et operations de la guerre du Pacifique
Japon  :

Pacifique central  :

Pacifique du sud-ouest  :

Asie du sud-est  :


Guerre sino-japonaise


Front d'Europe de l’Ouest


Front d'Europe de l’Est


Bataille de l'Atlantique


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Mediterranee


Theatre americain

L’ offensive sovietique de Mandchourie , aussi appelee invasion sovietique de la Mandchourie [ 2 ] , officiellement nommee operation offensive strategique en Mandchourie (en russe Манчжурская стратегическая наступательная операция , Mantchjourskaia strateguitcheskaia nastoupatelnaia operatsia ), fut l'une des dernieres grandes operations de la guerre du Pacifique , en 1945 , a la fin de la Seconde Guerre mondiale .

Declenchee entre les deux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki , elle vit la liberation par l' Armee rouge de la Mandchourie , qui etait alors le protectorat japonais du Mandchoukouo , ainsi que de divers territoires envahis par l' empire du Japon durant sa periode expansionniste , comme la Coree . L'operation est egalement surnommee ' operation Tempete d'aout' depuis 1983 par l' historien americain David Glantz [ 3 ] .

C’est l’une des plus importantes operations militaires de la Seconde Guerre mondiale, tant dans sa phase de preparation ou environ un million d’hommes et des quantites importantes de materiel sont deplacees sur plus de 9 000  km a travers la Siberie, que dans sa phase operationnelle, le champ de bataille faisant plus de 4 000  km de large et 800 de profondeur [ 1 ] . Elle se solde par une victoire sovietique contre l' armee japonaise du Guandong dans la guerre sovieto-japonaise . Selon de nombreux historiens, c’est le principal evenement qui accelere la capitulation japonaise, le 15 aout 1945 [ 4 ] .

Contexte [ modifier | modifier le code ]

Cette offensive se deroule dans une zone qui a vu dix guerres se derouler en un siecle : quatre entre la Russie ou l’URSS et le Japon ( guerre russo-japonaise en 1904-1905, intervention japonaise en Siberie entre 1917 et 1922, 1938-1939 (dont la Bataille de Khalkhin Gol et la guerre sovieto-japonaise 1945), deux entre la Chine et le Japon ( premiere (en 1894-1895) et seconde guerre sino-japonaise en 1931-1945) et trois entre la Russie ou l’URSS et la Chine (1900-1901, 1929, 1969), plus la guerre de Coree [ 5 ] .

Antecedents [ modifier | modifier le code ]

Au debut du XX e  siecle , la Russie est consideree comme la puissance dominante de la region, et le Japon est la puissance ascendante, qui inflige une defaite a l’empire tsariste lors de la guerre russo-japonaise (1904-1905) qui lui permet d’annexer le sud de Sakhaline , le sud de la Mandchourie et la base navale de Port-Arthur . Il annexe ensuite la Coree (1910), puis occupe Sakhaline-Nord a la faveur de la revolution russe de 1917. L’armee japonaise se bat en Siberie contre les bolcheviques de 1918 a 1922 ; Sakhaline-Nord est rendue en 1925 [ 1 ] .

Face a cette menace, l’Union sovietique deploya ses meilleures divisions sur sa frontiere d’Extreme-Orient, et la region fut industrialisee (avec notamment des usines de munitions) afin de lui permettre de se defendre de maniere autonome sans dependre uniquement du transsiberien [ 1 ] .

Au debut de l’occupation japonaise de la Mandchourie, en 1931, l’URSS s’estime trop faible pour resister, et choisit de composer ; les chemins de fer mandchous sont donc vendus au Japon en 1935 [ 1 ] , [ 5 ] . Dans les annees 1930, de nombreux conflits frontaliers opposent le Japon et l’URSS, qui aboutissent a un affrontement decisif a la bataille de Khalkhin Gol en mai-septembre 1939, qui voit la victoire de l’Union sovietique [ 1 ] .

De meme, l’URSS ne s’engage pas dans la guerre sino-japonaise, mais soutient les factions nationaliste et communiste chinoises, considerant qu’elles contribuent a fixer l’armee japonaise et donc a ecarter une menace. Elle fournit ainsi 1 200 avions et 2 000 pilotes a l’armee nationaliste [ 5 ] . Dans le meme ordre d’idees, la satellisation de la Mongolie exterieure (detachee de la Chine pour constituer la Mongolie actuelle) et de la republique populaire de Tannou-Touva constitue un exemple de ≪ defense par l’avant ≫, tout comme le controle exerce sur le Xinjiang [ 5 ] .

Le 13 avril 1941 , les deux puissances signent le pacte nippo-sovietique  ; ce pacte de neutralite permet aux deux puissances de se concentrer sur les guerres a venir : celle avec l’Allemagne pour l’une et celle dans le Pacifique pour l’autre [ 4 ] tout comme la fin des combats en 1939 avait permis a l’URSS d’attaquer la Pologne [ 5 ] . Et, a l’automne 1941, l’URSS est long a degarnir ses defenses dans ses provinces maritimes, craignant une attaque du Japon [ 5 ] .

Preparatifs diplomatiques [ modifier | modifier le code ]

Les objectifs des Sovietiques sont de gagner en influence sur le Pacifique nord , Japon inclus, de saisir et d'incorporer dans l'Union sovietique le sud de Sakhaline et les Kouriles, d'eliminer les Japonais sur le continent et d'y reduire la presence occidentale, de controler le reseau de chemins de fer de Mandchourie, et de conserver leur influence sur la Mongolie (exterieure) [ 6 ] .

Des la conference de Moscou (octobre 1943), Staline informe ses allies britannique et americain de son intention de les rejoindre dans la guerre contre le Japon dans les trois mois apres la defaite allemande. Les preparatifs pour cette guerre ont commence des decembre 1941 [ 4 ] . Il renouvelle cette information a la conference de Teheran , en precisant ce qu’il compte obtenir par cette participation : le sud de Sakhaline et les iles Kouriles [ 4 ] . Il souhaite aussi participer au reglement de la guerre en Asie : une participation militaire lui permettrait ainsi de faire retrouver un role de grande puissance en Asie a la Russie. Enfin, il espere ainsi pousser les Anglo-Saxons a accelerer l’ouverture d’un troisieme front en Europe (en plus des fronts russe et italien) pour soulager ses troupes et accelerer la defaite de l’Allemagne [ 5 ] . A Yalta, il obtient egalement des baux pour le port de Port-Arthur et une co-exploitation des chemins de fer de Mandchourie et de l’Est de la Chine [ 1 ] . Alors que le departement d'Etat est reticent, Roosevelt donne son approbation et un accord est signe entre Harriman et Molotov le 10 fevrier [ 5 ] .

Lors de la conference de Yalta , Joseph Staline , sur l'insistance de Franklin Delano Roosevelt , avait promis aux Allies que l' Union sovietique entrerait en guerre contre le Japon trois mois apres la fin des hostilites contre l' Allemagne . Le president etats-unien souhaitait l’intervention sovietique pour soulager l’effort pesant sur l’ armee americaine et limiter ses pertes, qui etaient envisagees par l’etat-major comme devant etre tres lourdes. La seule condition mise par Roosevelt a son accord est l’approbation par Tchang Kai-Chek des desiderata sovietiques. Staline commenca alors ses preparatifs :

  • des troupes sont transferees progressivement des le printemps d’Europe vers l’Extreme-Orient ;
  • des negociations sont ouvertes avec les nationalistes chinois ;
  • et, pour tromper les Japonais, des manœuvres dilatoires sont utilisees dans les contacts diplomatiques avec le Japon, afin que le Japon ne commence pas a preparer une guerre contre l’URSS [ 4 ] .

Ainsi, quand l’URSS proclame le 2 avril 1945 [ 7 ] que le traite de neutralite de 1941, arrivant a echeance en avril 1946, ne serait pas renouvele, des assurances sont donnees par Molotov a l’ambassadeur japonais a Moscou que les engagements pris seraient toutefois respectes jusqu’au bout [ 4 ] . Cet avertissement devait etre donne au moins un an avant l’echeance du traite, faute de quoi il etait automatiquement proroge ; cette notification publique visait aussi a rassurer les Etats-Unis sur l’entree en guerre de l’URSS contre le Japon [ 1 ] .

De son cote, Truman, pour eviter d’etre redevable a l’URSS de la victoire sur le Japon, change la revendication americaine de ≪ capitulation sans conditions ≫ a ≪ capitulation de l’armee sans conditions ≫, en esperant que les Japonais accepteraient plus facilement. Mais, a ce moment de la guerre, la capitulation n’entrait pas dans les options envisagees par la partie belliciste des cercles dirigeants japonais, et ces nuances ne changerent rien [ 4 ] .

Du cote japonais, si la defaite apparaissait comme ineluctable des 1943, de nombreux facteurs freinaient ou bloquaient l’acceptation de la demande de capitulation par les Allies. D’une part, le fonctionnement institutionnel donnait un droit de veto a l’armee, tant au sein du cabinet ministeriel qu’au sein du conseil supreme pour la direction de la guerre (cree en aout 1944) : la prise de decision devait se faire a l’unanimite [ 4 ] . La strategie japonaise, au printemps et a l’ete 1945, reposait sur deux axes [ 4 ]  :

  • imposer de fortes pertes a l’armee americaine lors de l’invasion de l’archipel, notamment lors de sa premiere phase, envisagee a Kyushu  : c’est la strategie du ketsugo . Le niveau de pertes americaines etant vu comme permettant de negocier dans de meilleurs conditions ;
  • le recours a l’URSS, soit, a) comme intermediaire pour la negociation des conditions de la capitulation, soit b) pour lui demander une aide militaire dans la guerre contre les Etats-Unis, soit enfin c) negocier avec l’Union sovietique une neutralite bienveillante, c’est-a-dire une non-entree en guerre.

Fin avril 1945, les Japonais sont au courant des mouvements de troupes sovietiques, mais ne peuvent se decider sur le sens de ce deploiement de forces. Ils entament donc des negociations avec l’URSS afin de renouveler le pacte de 1941, que Molotov feignit d’etudier favorablement afin de faire perdre du temps aux Japonais [ 4 ] . Puis, debut juin 1945, les dirigeants japonais prennent conscience de l’etat desastreux de leurs troupes et de la deliquescence de leur complexe militaro-industriel, compromettant fortement voire rendant impossible la strategie envisagee jusque la. Le 22 juin, decision est prise de negocier avec l’URSS. Fumimaro Konoe est nomme emissaire plenipotentiaire (certains membres du conseil souhaitant qu’il negocie une aide militaire, d’autres une mediation aupres des Etats-Unis) ; mais les Sovietiques refusent son entree sur le territoire tant que les raisons precises de son voyage ne leurs sont pas transmises [ 4 ] .

Les services secrets americains avaient casse les codes de communication japonais, ce qui permit aux dirigeants etats-uniens d’etre au courant des options envisagees par leurs homologues nippons [ 4 ] . Dans les cercles dirigeants etats-uniens, on utilise aussi des strategies dilatoires, afin de faire durer la guerre et d’avoir une occasion de tester la bombe atomique en conditions reelles. C’est ainsi que la demande de reddition inconditionnelle fut fermement maintenue, en sachant que les divisions au sein du Cabinet ministeriel japonais empecherait qu’elle soit acceptee et que cela legitimerait l’utilisation de la bombe. Aussi, lors de la conference de Potsdam (juillet 1945), les decisions des delegations etats-uniennes comme celles des Sovietiques aboutissent a produire un ultimatum que les Japonais ne peuvent accepter (notamment en evitant d’indiquer que le systeme imperial pourrait etre conserve) et donc permettant de continuer les combats, jusqu’au declenchement de l’offensive pour les Sovietiques et jusqu’a l’emploi de la bombe pour les Americains. Et, alors que Staline envisageait une offensive vers le 15 aout, decision est donc prise d’avancer son declenchement dans la nuit du 10 au 11 aout [ 4 ] .

La reaction du Conseil de guerre japonais fut, etant donne que les Etats-Unis avaient exclu l’URSS de la signature de l’ultimatum envoye au Japon, de considerer qu’il etait encore possible de recourir a la mediation de Moscou pour obtenir de meilleures conditions. Le parti de la guerre etait lui favorable au rejet. La declaration officielle fut donc, en attendant le resultat des consultations de Moscou, que le gouvernement japonais ignorait l’ultimatum (mais sans preciser qu’il n’etait ni accepte, ni refuse). Les Etats-Unis interpreterent donc cette declaration selon leurs desirs, comme un refus, ce qu’il n’etait pas [ 4 ] .

Le 6 aout, les Etats-Unis detruisent la ville d’ Hiroshima par la premiere utilisation militaire d’une bombe atomique. Mais la puissance de cette destruction, finalement similaire a celle d’un bombardement classique ou au napalm , ne modifia en rien les parametres du processus de decision au sein du conseil de guerre japonais, qui souhaitait toujours prendre connaissance de la position sovietique. L’ambassadeur Sato ayant obtenu une entrevue avec Molotov pour le a 17 heures, decision est prise d’attendre le resultat de cette consultation [ 4 ] .

Du cote sovietique, cette demande japonaise est une bonne nouvelle : alors que l’annonce du bombardement d’Hiroshima avait fait croire que la guerre etait finie (et donc que l’URSS ne pourrait obtenir de gains territoriaux dans le Pacifique), cette demande montrait que les Japonais n’etaient pas encore decides a capituler. Staline decide a 16  h  30 de declencher l’offensive pour la nuit du 8 au 9 aout a minuit (soit six heures plus tard, en tenant compte du decalage horaire) ; il passa outre l’echec de la demande d’accord aupres des Chinois. Molotov recoit donc Sat? le 8 a 17 heures et lui donne lecture de la declaration de guerre de l’Union sovietique au Japon. Une heure plus tard, a minuit heure locale, l’ armee rouge commencait ses operations d’invasion [ 4 ] . Le lendemain, la Mongolie declare egalement la guerre au Japon [ 5 ] .

Aussitot, les dirigeants japonais se rendent compte que la souverainete du Japon est menacee a tres court terme : le front de Mandchourie va s’effondrer rapidement, et les iles du Nord du Japon sont sans defense. Ils envisagent une invasion sur Hokkaido en dix jours et donc, discutent seulement a partir de ce moment-la de la facon d’accepter l’ultimatum des Etats-Unis, qu’ils acceptent seulement le 14 aout, une fois recue la note Byrnes qui laissait la porte ouverte au maintien de l’empereur (sans rien promettre), et devant l’avance continue des armees sovietiques [ 4 ] .

Preparatifs militaires [ modifier | modifier le code ]

La zone des combats envisagee couvrait 1,5 millions de km carres, et sur trois fronts differents. Les premiers preparatifs se deroulent a partir de fin 1943 [ 5 ] . Un commandement distinct est cree et confie au marechal Alexandre Vassilievski qui commence a rediger des plans a partir de la fin de 1944. Prets en mars, ils sont approuves en juin par Staline [ 1 ] .

Des avril 1945, le materiel necessaire commence a etre transporte vers l’Est de l’URSS, via le transsiberien [ 1 ] . Un million de soldats sont transferes a partir de mai, pour former un ensemble de 80 divisions (1,5 millions d’hommes), equipes de materiel moderne sovietique et americain ; des aerodromes sont construits pour l’aviation. La majorite des mouvements ont lieu de nuit, utilisant 20 a 30 trains par jour, soit 136 000 wagons. Le genie sovietique construit 1 390  km de routes, en repare 5 000  km , creuse ou repare des puits [ 1 ] . Le Japon continue de laisser passer les livraisons de materiel americain par les Kouriles, ce qui renforce les preparatifs sovietiques [ 5 ] . Le rapport de force entre URSS et l'empire du Japon etait jusque-la favorable dans la region a l' armee du Guandong (en Mandchourie), a laquelle faisait face l'armee autonome de Siberie, dotee d'une quarantaine de divisions. Du fait de ponctions repetees, les effectifs de l'armee du Guandong etaient descendus a 500 000 hommes. Avec l'arrivee des renforts venus du front allemand, les effectifs sovietiques montent a 1 500 000 hommes et 5 500 chars. Afin d'economiser les pertes humaines russes, la moitie des soldats envoyes au combat sont polonais [ 8 ] .

Lors de la reunion du Politburo des 26 et 27 juin, le plan de l’offensive est decide : des attaques sont decidees sur l’ensemble du front. L’objectif est de s’emparer des territoires convoites par la force, afin de s’assurer de les obtenir [ 4 ] .

Placees sous les ordres du marechal Aleksandr Mikhailovitch Vassilievski , les troupes sovietiques sont disposees en trois fronts (regroupement d’armees) [ 1 ]  :

Le but de ces manœuvres est de couper l’armee de Kwantung en deux et de la detruire petit a petit, et d’occuper la Mandchourie et la Coree, en six a huit semaines [ 1 ] .

Parallelement a l'operation en Mandchourie, la Flotte du Pacifique et la XVI e armee sont chargees de recuperer le sud de Sakhaline (occupee par le Japon depuis la guerre russo-japonaise de 1905 ) et de realiser l' invasion des Iles Kouriles [ 9 ] .

Du cote japonais, dix-sept regions fortifiees sont organisees, disposant de 4 500 ouvrages permanents et defendues par un tiers des troupes disponibles. Le commandement japonais estime qu’il faudra six mois a l’Armee rouge pour occuper la Mandchourie, ce qui lui permettra d’organiser une contre-offensive jusqu’a porter les combats sur le territoire de l’URSS avant de negocier les conditions de la paix dans les conditions les plus favorables [ 1 ] .

Pour cela, l’armee presente en Mandchourie, inferieure en effectifs, dispose de materiel obsolete, d’une artillerie de petit calibre, et d’avions obsoletes et disperses [ 1 ] .

Combats [ modifier | modifier le code ]

Operations en Mandchourie [ modifier | modifier le code ]

Le 9 aout, l' Armee rouge penetre en Mandchourie ( occupee depuis 1931 par les Japonais qui y avaient installe l'Etat du Mandchoukouo ), ainsi qu'en Mongolie-Interieure , ou elle avait installe le Mengjiang , et dans la partie sud de Sakhaline . Des debarquements ont egalement lieu sur la cote orientale du nord de la Coree , alors colonisee par le Japon .

Les Sovietiques font porter l’essentiel de leur effort a l’ouest ( front transbaikal ), avec 90% des chars et de l’artillerie. La 4 e armee independante japonaise qui leur fait face s’effondre en quelques jours. Les Japonais font retraite en brulant tout derriere eux ; les Sovietiques franchissent le Grand Khingan et avancent de 450 km en quatre jours. A l’est, les Sovietiques doivent franchir des fortifications : apres les avoir affaiblies par des bombardements aeriens et d’artillerie, ils progressent rapidement. Des combats acharnes ont lieu autour de Mudanjiang  : le verrou saute le 16 aout [ 1 ] .

Les Japonais sont totalement surpris. Ne s’attendant pas a une offensive sur ce front, ils en avaient retire des troupes pour renforcer les defenses de Kyushu. Les premieres heures, l’armee du Kwantung recoit ainsi des ordres contradictoires. Le quartier general n’est prevenu qu’a h  30 et ne sait comment reagir [ 4 ] .

Le , un accord sur Port-Arthur est signe entre les nationalistes chinois et les Sovietiques, selon lequel ce port sera reserve aux marines militaires et commerciales sovietiques et chinoises, que les forces terrestres et aeriennes sovietiques pourront egalement y stationner, et que les Sovietiques pourront y construire des infrastructures de defense et de securite maritime qui reviendront a la Chine a la fin de leur mission [ 10 ] .

Le 2 D front d’Extreme-Orient avance moins vite : apres avoir franchi l’ Oussouri , il se trouve dans des zones marecageuses le long de la riviere Songhua . Neanmoins, il avance de 160 km en moins d’une semaine [ 1 ] . Le Japon accepte l’ultimatum des Allies le 14 aout, l’ordre de cessez-le-feu est envoye le 17, et la capitulation est signee le 2 septembre. Neanmoins, pour atteindre leurs objectifs de guerre, les Sovietiques continuent les operations jusqu’au 5 septembre [ 4 ] . L’ordre est donne de refuser toute negociation de cessez-le-feu, sauf cas de reddition immediate ; aussi, de nombreux parlementaires japonais sont executes entre le 16 et le 19 aout, quand l’armee du Guandong capitule. Des unites speciales sont alors formees pour occuper le plus vite possible les grandes villes ; Staline ordonne meme l’envoi de troupes aeroportees sur Port-Arthur pour les 22-23 aout [ 1 ] .

Le 16 aout 1945, les Sovietiques realisent a Kalgan leur jonction avec les troupes du Parti communiste chinois , encerclant l' armee du Guandong . Le general Otoz? Yamada entame des pourparlers de capitulation. Le 1945, le cessez-le-feu est proclame. Le , l'armee rouge prend place a Port-Arthur , a la suite de l'accord du 1945.

Parallelement, entre le 11 et le , la XXV e armee sovietique penetre en Coree jusqu'au 38 e parallele nord , les forces japonaises ayant cesse de resister dans ce secteur [ 1 ] , [ 5 ] .

A la fin du mois d’aout, toutes les forces japonaises s’etaient rendues et etaient desarmees [ 1 ]  ; 600 000 Japonais etaient prisonniers [ 5 ] .

Operations a Sakhaline [ modifier | modifier le code ]

A Sakhaline-Sud, defendue par la 88 e division, les Japonais s’etaient prepares a une attaque americaine, et avaient donc fortifie la cote est. Une fois la reussite de l’offensive assuree en Mandchourie, le 56 e corps de fusiliers est deploye, soutenu par la flotte du Pacifique, pour une offensive le 11 a partir de h  35 . Les combats sont furieux dans la premiere ville, Koton , malgre des ordres contradictoires ; les Japonais se battent neanmoins jusqu’au bout, se faisant massacrer. L’ordre de cessez-le-feu du quartier general imperial arrive le 19. Les Sovietiques avancent alors vers le sud, prenant Toyohara le 25, avec trois jours de retard sur le planning, en meme temps que le port d’ Otomari [ 1 ] .

Operations dans les Kouriles [ modifier | modifier le code ]

Les Kouriles etaient l’objectif le plus important pour Staline, afin d’avoir un acces sur au Pacifique. Mais les Kouriles ne sont pas definies precisement dans l’accord avec les USA, qui doivent occuper les quatre plus au nord a la fin de la guerre [ 1 ] .

L’occupation est ordonnee le 15 au matin par Vassilievski dans la precipitation. Deux regiments de la 101 e division de fusiliers, quelques navires de la flotte du Pacifique sont donc rassembles a Petropavlovsk dans le Kamchatka afin d’occuper le maximum d’iles. 8800 soldats sovietiques debarquent a Shimushu le 18 aout a h  15 , sous les tirs des batteries cotieres japonaises. Le 11e regiment de char japonais commet l’erreur d’avancer trop vite, sans attendre la 73e brigade d’infanterie, ce qui l’expose. Mais les Japonais sont en superiorite numerique, recevant des renforts de l’ile voisine de Paramushiru et font reculer les Sovietiques, quand ils recoivent l’ordre d’arreter l’offensive, puis celui d’arreter la defense. Les jours suivants, les Sovietiques continuent d’avancer, et des combats ont lieu, certaines unites japonaises continuant le combat malgre les ordres. Le cessez-le-feu officiel est signe le 21 aout.

Dans ce secteur, par impreparation, les Sovietiques subissent un quasi-revers : ils n’envoient a Shimushu que 8 800 hommes contre 8 500 Japonais, l’artillerie n’est disponible que tard (chargee au fond des bateaux), les Japonais recoivent 14 000 hommes en renfort de Paramushiru et disposent de bonnes fortifications [ 1 ] .

Moscou ordonne ensuite d’occuper le reste des Kouriles : Paramushiru est occupee dans la nuit du 23 au 24. La prise d’ Uruppu prend cinq jours, du 26 au 30, simplement parce que les Sovietiques ne connaissaient pas de point de debarquement et n’avaient pas d’information sur la defense de l’ile. Ainsi, deux bataillons occupent l’ilot d’Harumukotan, non-defendu, pendant que la force de debarquement erre autour d’Uruppu. Ce n’est que le 31 que quelques troupes de reconnaissance arrivent a prendre pied a Uruppu, qu’un emissaire japonais rejoint aussitot pour faire la reddition de la garnison. Les troupes sovietiques arrivent accompagnees d’officiers japonais dans les autres iles, qui font leur reddition sans difficulte (un premier groupe debarque a Onekotan le 25, Shasuktotan le 26 et Harumukotan le 27 ; un second a Matsuwa et Shimushiru le 27) [ 1 ] . Suite a quelques incomprehensions et difficultes issues du manque de preparation de cette operation, l’operation trainait en longueur, aussi Moscou envoya de nouveaux renforts et renouvela ses ordres pour en finir avant le 2 septembre, date de la signature officielle de la capitulation japonaise sur le Missouri . Un groupe debarque sur Kunashiri le 1 er septembre, la plus meridionale des Kouriles, ou la garnison japonaise fait immediatement sa reddition, ainsi a Shikotan , une ile dependant d’ Hokkaido . Les troupes japonaises defendant les petites iles Habomai , elles aussi de la prefecture d’Hokkaido, font leur reddition entre les 3 et 5 septembre [ 1 ] .

Pertes [ modifier | modifier le code ]

Apres la capitulation de l' armee du Guandong , de nombreuses unites japonaises continuent de combattre, jusqu'a debut septembre [ 11 ] . Les Corps combattants des citoyens patriotiques , la milice japonaise, subissent de lourdes pertes (dix fois plus elevees que les Sovietiques).

Les Sovietiques annoncent n'avoir subi que 8 000 pertes humaines environ [ 12 ] , les Japonais dix fois plus.

Entre 500 000 et 594 000 Japonais sont faits prisonniers par les Sovietiques, dont 148 generaux. Certains sont detenus pendant de longues periodes, a l'image de Ry?z? Sejima [ 13 ] qui reste emprisonne dans un camp sovietique en Siberie pendant onze annees. Le roman Fum? Chitai   (en) et ses adaptations televisees sont inspires de la vie de Ry?z? Sejima au sein des camps sovietiques.

Consequences [ modifier | modifier le code ]

Le 1945, l'empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon et un cessez-le-feu est declare dans la region. Les gouvernements collaborateurs du Mandchoukouo et du Mengjiang cessent d'exister.

Commencee entre les deux bombardements atomiques americains , trois jours apres celui d' Hiroshima et quelques heures avant celui de Nagasaki , l'attaque sovietique est, avec les frappes nucleaires, l'un des facteurs decisifs de la reddition du Japon . Le gouvernement japonais souhaitait notamment eviter l'occupation de son territoire national par les Sovietiques, ce qui aurait ruine les espoirs de survie du systeme imperial.

Les Sovietiques profitent de leur presence sur place pour operer un pillage en regle de la Mandchourie, notamment en demantelant et transferant en URSS l'essentiel des infrastructures et des installations industrielles de l'ex-Mandchoukouo [ 14 ] , [ 5 ] , au grand dam du Parti communiste chinois [ 13 ] . L’armee sovietique acquiert durant ces operations une experience dans les operations amphibie et aeroportees .

Tchang Kai-chek , n'ayant pas de troupes en Mandchourie, negocie avec les Japonais pour eviter qu'ils se retirent trop tot, ce qui aurait eu pour consequence la prise de controle de la region par les communistes. Il fait transmettre aux troupes japonaises restees sur place l'ordre de ne pas remettre leurs armes aux communistes et d'attendre l'arrivee des soldats du Kuomintang [ 15 ] . Tchang ne peut cependant empecher qu'une partie des territoires conquis par l'armee sovietique en Mandchourie soient investis par les troupes du Parti communiste chinois , qui gagne ainsi de precieuses bases d'operation, tandis que la guerilla communiste locale opere sa jonction avec les troupes regulieres du PCC [ 14 ] . Les communistes chinois installent leur pouvoir a Harbin et s'etendent vers le sud [ 13 ] . La conquete definitive de la Mandchourie par les communistes est, a la fin 1948, l'un des faits decisifs de la guerre civile chinoise .

La position geopolitique de l’URSS se voit considerablement amelioree par cette offensive :

  • la menace japonaise est ecartee [ 5 ]  ;
  • les empires coloniaux europeens en Asie sont fragilises [ 5 ]  ;
  • l’annexion de Sakhaline et des iles du sud de l’archipel des Kouriles donne un acces au Pacifique a la flotte sovietique de Vladivostok, qui auparavant etait enfermee dans sa rade. De plus, quelques industries encore en bon etat sont installees dans le sud de Sakhaline, ce qui donne plus de valeur a ce territoire [ 1 ] , [ 5 ]  ;
  • son armee occupe le nord de la Coree , ce qui permet la mise en place du regime communiste coreen et constitue le prelude a la guerre de Coree [ 1 ] . Ici, l’URSS aurait pu obtenir plus, car les Americains etaient trop loin pour empecher les Sovietiques d’occuper toute la peninsule ; leur proposition de division de la Coree sur le 38 e parallele, faite a la hate, est acceptee par la partie sovietique, qui aurait pourtant pu aussi bien diplomatiquement que militairement occuper toute la peninsule [ 5 ] .

Le renforcement de la position generale de l’URSS dans la region lui permet encore d’ameliorer sa position dans les negociations avec la Chine : ainsi, alors que les accords de Yalta prevoyaient un retour au statu quo pour la Mongolie (c’est-a-dire, pour la Chine, un retour sous sa domination), Staline obtient qu’elle reste independante, c’est-a-dire un de ses satellites [ 5 ] .

L’occupation du sud de l’archipel des Kouriles constitue encore aujourd’hui un differend territorial entre le Japon et la Russie , qui l’a herite de l’URSS [ 1 ] .

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae et af Cecile Dauvergne, ≪  August Storm : l’operation sovietique qui acheva l’empire japonais  ≫, La revue d’histoire militaire , 9 aout 2022, consulte le 22 fevrier 2024.
  2. La qualification depend de si l'on considere le Mandchoukouo comme un veritable pays independant ou comme un Etat fantoche habillant juridiquement l'occupation japonaise apres l' invasion de 1931 . Le fait est que l'Union sovietique a ensuite dissous l’Etat de Mandchourie, pourtant autonome depuis 1912, sans demander l'avis de la population mandchoue; et a grandement pille son territoire [pas clair]
  3. David M. Glantz, ≪ August Storm: The Soviet 1945 Strategic Offensive in Manchuria ≫ , Leavenworth Papers No. 7 , Combat Studies Institute, fevrier 1983.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Cecile Dauvergne, ≪  Japon, 1945 : l’inefficacite strategique de la bombe atomique  ≫, La Revue d’histoire militaire , 6 aout 2021, consulte le 22 fevrier 2024.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Pierre Grosser, ≪  L’Union sovietique et la Seconde Guerre mondiale en Asie (1937-1945)  ≫, La Revue russe , 2021, (no) 57, p.  65-78.
  6. (en) R. L. Garthoff, ≪  Sino-Soviet Military Relations.  ≫, The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science , vol.  349, n o  1,‎ , p.  81?93 ( DOI   10.1177/000271626334900108 )
  7. Philippe Masson , La Seconde Guerre mondiale - Strategies, moyens, controverses, chronologie, filmographie , Tallandier, 2003, p. 724
  8. (en) Douglas Boyd, The Kremlin conspiracy , , 384  p. ( ISBN   978-0-7509-6139-4 ) , ≪ A very different kind of warfare ≫ , p.  185/384
  9. Philippe Masson, La Seconde Guerre mondiale - Strategies, moyens, controverses, chronologie, filmographie , Tallandier, 2003, p. 724
  10. (en) ≪  Agreement on Port Arthur.  ≫, American Journal of International Law , vol.  40, n o  S2,‎ , p.  56?57 ( DOI   10.1017/s0002930000228091 )
  11. Alexander Werth , Russia at war , Pan Books Ltd, 1964, pages 927-928.
  12. Alexander Werth, Russia at war , Pan Books Ltd, 1964, page 928
  13. a b et c Philippe Masson, La Seconde Guerre mondiale - Strategies, moyens, controverses, chronologie, filmographie , Tallandier, 2003, p.  725
  14. a et b Encyclopedia Britannica
  15. Peter Zarrow, China in War and Revolution, 1895-1949 , Routledge, 2005, p.  338

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

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Articles connexes [ modifier | modifier le code ]