Jean Lazare Weiller
est un
industriel
et
homme politique
francais ne a
Selestat
(
Bas-Rhin
) le
et mort a
Territet
(
Suisse
) le
.
Lazare Weiller a trois sœurs, Mathilde, Regine et Pauline, et deux freres, Charles et Andre, tous nes de Leopold Weiller (ne en 1807), colporteur, et de Reine Ducasse (nee en 1819), servante, un modeste couple juif alsacien originaire de
Seppois-le-Bas
.
Apres l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1871, il est envoye en
chez son oncle, Moise Weiller, industriel en
Charente
, ce qui lui permet de beneficier d'une bourse d'etudes et de conserver la nationalite francaise en profitant d'une clause du
Traite de Francfort
.
Il se revele un brillant eleve, d'abord au college d'Angouleme puis au
lycee Saint-Louis
a Paris, ou il passe son baccalaureat et prepare le concours d'entree a l'
Ecole Polytechnique
. Mais, terrasse par une fievre typhoide, il ne peut passer les epreuves et part a
Oxford
ou il etudie l'anglais, le grec, la chimie et la physique. Puis il devance l'appel et fait son service militaire a Versailles, avant de revenir a
Angouleme
pour travailler dans l'usine de tamis metalliques de son oncle.
Lazare Weiller se convertit a la
religion catholique
et, le
, il epouse sa cousine Marie-Marguerite Jeanne Weiller. Mais elle meurt en couches l'annee suivante et leur fils, Jean, decede deux ans plus tard.
Il se remarie le
avec Alice Javal, fille de l'ophtalmologiste repute
Emile Javal
, depute de l'Yonne. Le couple aura quatre enfants : des jumeaux le
, Jean-Pierre et Marie-Therese, Georges-Andre le
et
Paul-Louis
le
.
En 1893, le couple s'installe dans un hotel particulier 36,
rue de la Bienfaisance
a Paris et acquiert a
Cannes
la villa Isola-Celesta
[
1
]
dont la roseraie est consideree comme une des plus belles d'Europe.
A
Mougins
, Lazare Weiller fait construire avec Lord Derby le premier
golf
de la
Cote d'Azur
.
A partir de 1920 les Weiller louent puis achetent (1922) l'hotel de la Lieutenance a
Selestat
(
Bas-Rhin
) et partagent desormais leur temps entre l'Alsace et la capitale.
Lazare Weiller meurt en
Suisse
, a la clinique de Valmont de
Territet
, au bord du
lac Leman
, le
d'une insuffisance cardiaque provoquee par un
diabete
chronique.
Il est inhume a Angouleme aupres de sa premiere epouse dans sa chapelle funeraire du
cimetiere de Bardines
d'
Angouleme
[
2
]
.
Des le debut des annees 1880, Lazare Weiller entreprend la recherche d'un alliage qui permettrait de realiser des fils de metal fins et solides mais aussi conducteurs que le cuivre, qui s'etire difficilement. Il depose les brevets du bronze siliceux et du cuivre phosphoreux, qui vont etre a la base de sa fortune. Les besoins sont en effet considerables avec la creation des reseaux d'electricite et de telephone. Il cree la
Societe Lazare Weiller
(1883) qui opere d'abord une trefilerie a
Angouleme
, puis, dans les annees 1890, fait construire une usine plus importante au
Havre
, a la fois point d'entree des importations de cuivre et point de sortie vers les
Etats-Unis
et l'
Angleterre
. Cette usine, les
Trefileries et Laminoirs du Havre
, atteindra rapidement un effectif de 1 500 ouvriers. En 1901, la Societe Lazare Weiller devient la
Compagnie des trefileries et laminoirs du Havre
. Lazare Weiller va etre le premier a produire des cables telephoniques a multiples conducteurs, puis se specialise dans les cables sous-marins. Il quitte la presidence de sa compagnie en 1911.
Pionnier de la
television
, il publie, en 1889, dans
Le Genie civil
un article sur la vision a distance par l'electricite decrivant un appareil, le phoroscope, couplant un couple de roues a miroirs et un telephone a gaz
[
3
]
. L'appareil permet d'analyser mecaniquement et de reconstituer a distance une image de 10 centimetres de cote decoupee en 250 000 elements. L'appareil est effectivement realise en 1898 (Source ?). Il est compose d'un tambour portant sur le cote des dizaines de petites plaques de metal poli formant miroirs, inclinees selon des angles variables de maniere a reflechir sur une cellule photosensible au selenium les diverses parties de l'image. A la reception, un appareil identique, synchronise sur l'emetteur, permet de reconstituer l'image. Cinq ans apres la definition du disque de l'Allemand
Paul Nipkow
, Weiller presente une methode alternative, plus couteuse mais plus fine, decrite dans le Grand Larousse encyclopedique sous le nom de ≪ Roue de Lazare Weiller ≫. Ce procede sera utilise dans les premiers developpements de la television mecanique (
1905
-
1932
) et sera incorpore par
John Logie Baird
dans le systeme mis en œuvre par la
BBC
en 1932 pour ses premiers services reguliers.
Ses affaires sont durement eprouvees par l'effondrement du cours du
cuivre
entre 1900 et 1903.
En 1901, Lazare Weiller vend une partie de sa collection de tableaux et trois chateaux, dont celui dit aujourd'hui de
Grouchy
a
Osny
(
Val-d'Oise
), qu'il avait acquis en 1898 et dans lequel il avait entrepris d'importants travaux. (source ?)
En 1903, il achete le brevet du ≪ taximetre ≫ ou compteur automatique pour les fiacres et participe a la fondation de la Compagnie generale des compteurs et de la Compagnie francaise des automobiles de place (1905), et de compagnies identiques a Londres, Geneve, Milan, Berlin et New York, en association avec la
Banque Morgan
.
En 1908, pressentant les developpements futurs de l'
aviation
, il cree un prix de 100 000 francs-or pour recompenser le premier vol d'une heure en circuit ferme. Il permet d'attirer en France les
freres Wright
, pionniers americains de l'aviation qui remportent le prix. Pour exploiter leurs brevets, Lazare Weiller cree en 1908 la Compagnie generale de navigation aerienne mais celle-ci ne demarre jamais veritablement ses activites faute de soutien du ministere de la Guerre.
En 1912, il cree la Compagnie universelle de telegraphie et telephonie sans fil (CUTT) en partenariat avec l'entreprise allemande Homag, filiale de la
C. Lorenz AG
(en)
, et differents interets industriels allemands, francais et americains (dont son ami le banquier
John Pierpont Morgan
). La Homag entreprend la construction de
stations TSF
a
Eilvese
(Hanovre) et Tuckerton (New Jersey) pour etablir une liaison transatlantique en utilisant la technologie de l'
alternateur de Goldschmidt
. La CUTT achete les brevets Goldschmidt et la station de Tuckerton avec le projet de creer une station en France. En 1913, n'ayant pu obtenir les autorisations de l'administration des PTT, Weiller cede sa participation dans la CUTT a la Marconi Wireless Telegraph Company. Lorsque la Premiere Guerre mondiale eclate, la Homag refuse de ceder la station de Tuckerton comme le contrat le prevoyait. C'est probablement a ce sujet que Weiller rencontre
Marconi
le
[
4
]
.
En 1883, Lazare Weiller est fait chevalier de la
Legion d'honneur
, recompense pour ses applications sur le bronze siliceux, comme l'indique son dossier a la Chancellerie.
En 1888, il est candidat republicain a la deputation a Angouleme contre le bonapartiste
Gellibert des Seguins
, qui est elu, et le boulangiste
Paul Deroulede
, par ailleurs son ami proche (ils avaient ete presentes l'un a l'autre par le peintre
Edouard Detaille
).
En 1901, le president du Conseil,
Pierre Waldeck-Rousseau
, lui confie une mission aux
Etats-Unis
. Il parcourt le pays pour en etudier les methodes, rencontrer ses dirigeants et etudier la possibilite d'y creer une ecole ou de jeunes ingenieurs francais pourraient se former aux techniques du management a l'americaine. Il y fait la connaissance de
John Pierpont Morgan
et de
Vanderbilt
.
Son rapport remis au gouvernement, il en tire la matiere d'un livre
Les Grandes idees d'un grand peuple
(1904) dans lequel il suggere de
≪ donner au Vieux Monde un peu de l'aspect pratique du Nouveau ≫
et qui connait un reel succes de librairie.
Il publie egalement un recit de son voyage dans le grand quotidien
Le Temps
et se lie avec son directeur, l'influent
Adrien Hebrard
.
En 1914, le Gouvernement lui confie une mission en
Suisse
, ou les Allemands ont etabli le quartier general de leur propagande. Il publie dans
Le Temps
, de
a
, une serie de lettres sous le titre
L'Allemagne vue de Suisse
.
Elu depute d'Angouleme en 1914 sous l'etiquette
Alliance democratique
(gauche moderee), il se fait le porte-parole des
Alsaciens
opprimes, se definissant comme
≪ depute alsacien de Charente ≫
.
En 1920, il est elu senateur du
Bas-Rhin
et reelu en 1927. Il milite pour le retablissement des relations diplomatiques entre la France et le
Saint-Siege
et s'interesse aux rapports avec l'Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Il joue un role important lors de la ≪ crise du franc ≫ en 1923 et 1924, preconisant a
Poincare
de lancer son grand emprunt garanti sur l'or de la
Banque de France
.
- Recherches sur la conductibilite electrique des metaux et de leurs alliages, rapports avec la conductibilite calorifique
(1884)
- Etudes electriques et mecaniques sur les corps solides
(1885)
- Traite general des lignes et transmissions electriques
(avec Henry Vivarez) (1892)
- Forges, fonderie, laminoirs et trefilerie du cuivre pur et de ses alliages. Affinage et traitement electrolytique des metaux. Manuel pratique pour l'emploi des conducteurs electriques produits par les usines Lazare Weiller et Cie
(1894)
- Les Grandes idees d'un grand peuple : mission diplomatique aux Etats-Unis
(1904)
- Notes sur l'activite allemande en Suisse
(1915)
- La Depression allemande vue de Suisse
(1918)
- ↑
Ministere de la Culture, notice Merimee sur la Plate-forme Ouverte du Patrimoine
[1]
- ↑
Cimetieres de France et d'ailleurs
- ↑
≪
Lazare WEILLER, "De la vision a distance par l'electricite", Le Genie civil, T.XV, 1889.
≫, sur
Histoire de la television
(consulte le
)
- ↑
a
et
b
Andre Lange, ≪
Lazare Weiller, meteore de l'histoire de la television
≫, sur
histv.net
,
(consulte le
)
- ↑
Base de donnees des Archives Nationales :
Base Leonore
Sur les autres projets Wikimedia :
- Christian Baechler
, ≪ Lazare Weiller ≫, in
Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne
, vol. 39,
p.
4137
- Jacques Mousseau,
Le siecle de Paul-Louis Weiller : 1893-1993
, Paris, Stock, 1998
- M. H. Tribout de Morembert (article),
L'ascension d'une famille juive d'Alsace : Les Weiller
,
, 12
p.
(
lire en ligne
)
- ≪ Lazare Weiller ≫, dans le
Dictionnaire des parlementaires francais (1889-1940)
, sous la direction de Jean Jolly,
PUF
, 1960
[
detail de l’edition
]