Antoine
Laurent Casanova
, ne le
a
Souk Ahras
(
Algerie francaise
) et mort le
a
Paris
14
e
, est un
homme politique
et
resistant
francais
. Marie a
Danielle Casanova
avant
guerre
, il est depute
communiste
de
Seine-et-Marne
de 1945 a 1958. Il est
ministre des Anciens combattants et victimes de guerre
en 1946. Responsable du secteur des intellectuels communistes durant la
guerre froide
, il est, en 1961, avec
Marcel Servin
,
Maurice Kriegel-Valrimont
,
Jean Pronteau
et
Claudine Chomat
, sa seconde epouse, au centre de l'
affaire Servin-Casanova
, derniere grande ≪
purge stalinienne
≫ au sein de la direction du
PCF
.
D'origine
corse
, ne en Algerie fils d'un controleurs des chemins de fer de l'Etat en Algerie
[
1
]
, Laurent Casanova passe son enfance et son adolescence en
Algerie francaise
. Apres des etudes secondaires a
Bone
grace a une bourse, il rejoint Paris en 1927, pour y suivre des etudes universitaires en droit, et en 1930 passe une licence
[
1
]
.
Il adhere au
Parti communiste francais
en 1929, sous l'influence pressante
[
1
]
de sa future epouse,
Danielle Casanova
, qu'il a rencontree a l'
Union federale des etudiants
(UFE) et prouve alors son ≪ esprit de parti ≫ dans la lutte contre les etudiants soupconnes de
trotskisme
a l’UFE
[
1
]
, l’Union federale des etudiants, qui avait a la rentree universitaire 1926-1927 lance le mensuel
Les etudiants nouveaux
[
2
]
apres avoir pris le relais de l’Union generale des eleves techniciens de l’industrie, du commerce et de l’agriculture, l’UGETICA, nee en 1925.
A la fin de son service militaire, effectue d’octobre 1930 a decembre 1931 au 60
e
regiment d’artillerie avec le grade de caporal
[
1
]
, son etat de sante l’empeche de finir son doctorat en droit en 1932-1933
[
1
]
et il devient directement permanent du parti des 1933, pour s’occuper des journaux et brochures
[
1
]
, puis entre dans l’appareil secret du PCF, dont il assure la direction a partir de 1934
[
1
]
, sous le controle de
Maurice Thorez
. A partir de 1936, il travaille en etroite collaboration avec ce dernier, dans son bureau
[
1
]
, etant considere comme son secretaire, au siege du parti et parfois assiste aux reunions du secretariat national
[
1
]
. Le comite central d’
Ivry-sur-Seine
de mai 1939 lui confie une mission qui lui permit de decouvrir l’
URSS
[
1
]
.
Mobilise en
, fait prisonnier, il s’evade, reprend contact avec le parti par l'intermediaire de
Claudine Chomat
en
[
3
]
et revient a Paris le
1
er
mai 1942 pour apprendre l’arrestation de sa femme
Danielle Casanova
[
1
]
puis reprit en quelques semaines le contact avec Jacques Duclos et
Louis Aragon
[
1
]
et travailla au sein de la resistance communiste avec
Pierre Villon
.
Il a integre le Comite militaire national (CMN) des
FTP
, dont le chef,
Charles Tillon
, l'apprecie peu
[
1
]
. Mais ce dernier voit en lui le meilleur interprete aupres du
general de Gaulle
en raison de son passe de secretaire de Thorez
[
1
]
. Il n’assista qu’a quatre ou cinq CMN
[
1
]
, puis ne parvint pas a rejoindre Londres ou Alger malgre plusieurs rendez-vous organises sur des terrains d’atterrissage clandestins
[
1
]
. Tillon accepte ensuite de le faire representant a l’
Assemblee consultative provisoire
[
4
]
en 1944, mais il ne parvient jamais a
Alger
. A la
Liberation
, il est finalement delegue a cette assemblee par le
Front national
(
-
), puis il est elu depute de
Seine-et-Marne
aux deux
Assemblees nationales constituantes
, puis a l'
Assemblee nationale
, dans laquelle il siege pendant toute la duree de la
IV
e
Republique
(1946-1958).
Ministre et ≪ cardinal ≫ des intellectuels
[
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]
En septembre 1944, il est propose a de Gaulle par
Jacques Duclos
pour entrer au gouvernement, mais
Charles Tillon
et
Francois Billoux
sont finalement retenus
[
1
]
. Il fait partie des sept ministres communistes de 1946, comme
ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre
dans les
gouvernements provisoires
de
Felix Gouin
et de
Georges Bidault
, du
au
. Entre-temps, il est avec Maurice Thorez un chaud partisan de la dissolution des milices patriotiques
[
5
]
.
Elu titulaire du
Comite central
au congres de
, puis suppleant au Bureau politique en
, il devient enfin titulaire en
, a l'occasion du
XIII
e
congres du PCF
.
Charge des relations avec les intellectuels, surnomme ≪ le Cardinal ≫
[
1
]
et decrit comme agissant ≪ d’une maniere autoritaire, sans permettre la moindre discussion
[
1
]
≫, il defend la ligne sovietique ≪ pure et dure ≫, et soutient les theses du ≪ geneticien ≫
sovietique
Lyssenko
, importees depuis
Moscou
[
6
]
, ≪ avec l’accord de Maurice Thorez ≫
[
1
]
.
En decembre 1948, il decide avec Aragon le lancement de l'hebdomadaire
La Nouvelle Critique
, dont la redaction en chef est confiee a
Jean Kanapa
[
7
]
.
Les rapports amicaux entre le couple Thorez-
Vermeersch
et le couple Casanova-Chomat sont d'abord tres etroits : les Thorez avaient passe leurs vacances en Corse avec Laurent et Danielle avant la guerre
[
1
]
, puis sejourne avec eux dans les Alpes
[
1
]
, tandis que les Casanova vont en URSS pendant la maladie de Thorez, qui revient en France avec eux
[
1
]
. Il travaille au sein de la tres importante ≪ section d'organisation ≫ qu'
Auguste Lecœur
dirige et joue un role de censeur dans les differentes publications du PCF, fort de ses relations d'amitie etroites avec Thorez et Aragon
[
5
]
,
[
8
]
.
En 1954, il participe a l'exclusion des principaux rivaux de Thorez, rentre d'Union sovietique l'annee precedent : celle
Auguste Lecœur
qu'il a accuse d'etre le responsable de l'
affaire du portrait de Staline
publie dans
Les Lettres francaises
en 1953
[
9
]
, apres celles d'
Andre Marty
et de
Charles Tillon
, qu'il remplace en 1952 a la direction du
Mouvement de la paix
.
Apres les revelations par
Le Monde
lors du
XX
e
Congres du PCUS
, il s'y interessa puis cessa de ≪ lire ces trucs du
Monde
≫
[
1
]
, mais apparaitra plus tard comme representatif au sein des instances dirigeantes du PCF d'un courant favorable a un changement de style et de pensee
[ref. necessaire]
. Il a le soutien de
Khrouchtchev
et obtient ainsi le
prix Lenine international pour la paix
en 1960 mais les liens amicaux avec le couple Thorez-Vermeersch se distendirent
[
1
]
.
Maurice Thorez
parvient a bloquer cet ≪
aggiornamento
≫ puis la direction elimine Casanova du Bureau politique
[
10
]
puis des instances dirigeantes
[
11
]
en
[
1
]
, ainsi que
Marcel Servin
,
Maurice Kriegel-Valrimont
,
Jean Pronteau
et
Claudine Chomat
(
XVI
e
congres du PCF
).
Apres son exclusion des instances dirigeantes du parti, il n'intervient plus publiquement, tout en conservant sa carte d'adherent jusqu'a sa mort.
Il a epouse
Danielle Casanova
(Vincentella Perini), qui est morte a
Auschwitz
, puis
Claudine Chomat
, qu'il avait egalement connue avant-guerre aux jeunesses communistes.
- L'armee de demain (elements d'une politique francaise de reconstruction militaire, discours prononce au X
e
congres national du Parti communiste francais, Paris, 26-
)
, Paris, Editions France D'abord, 1945.
- Le Communisme, la pensee et l'art (XI
e
Congres national du Parti Communiste Francais, Strasbourg, 25-26-27-
)
, Editions du Parti communiste francais, 1947.
- Pourquoi je suis communiste
, Paris, Editions du Parti communiste francais, 1947.
- Union pour la defense de la Paix
, Paris, France nouvelle, 1949.
- Le Parti communiste, les intellectuels et la Nation
, Paris, Editions sociales, 1949
.
- Responsabilite de l'intellectuel communiste
, Paris, Editions de la Nouvelle Critique, 1949.
- Comment en finir avec la guerre d'Algerie ? (intervention a l'Assemblee nationale le
)
, Paris, Editions Poissonniere, 1957.
- Preface a
Science bourgeoise et science proletarienne
, Paris, Editions de la Nouvelle Critique, 1950.
- Conclusion a
Les marxistes repondent a leurs critiques catholiques
, Paris, Editions sociales, coll. ≪ Problemes ≫, 1957.
Il n'existe pas de biographie consacree a Laurent Casanova, et contrairement a de nombreux ≪ dissidents ≫ de toutes epoques il n'a, semble-t-il, pas laisse de temoignage personnel. Outre les ouvrages cites en notes, on trouve par contre de nombreuses references a son propos, de l'ordre du temoignage historicise, dans les ouvrages suivants :
- Philippe Robrieux
,
Maurice Thorez, vie secrete et publique
, Fayard, Paris, 1975
- Philippe Robrieux,
Histoire interieure du Parti communiste francais
, Fayard, 4 volumes, 1980-1984 (T.2,
p.
499-503 et T.4, notice ≪ Laurent Casanova ≫
p.
126-127).
- Dominique Desanti
,
Les Staliniens. Une experience politique (1944-1956)
, Paris, Fayard, 1975.
- Annie Kriegel
,
Ce que j'ai cru comprendre
, editions Robert Laffont, Paris, 1991
Pour situer son activite de responsable des intellectuels communistes :
- David Caute,
Le communisme et les intellectuels francais 1914-1964
, 1964 (trad. 1967, Gallimard)
- ↑
a
b
c
d
e
f
g
h
i
j
k
l
m
n
o
p
q
r
s
t
u
v
w
x
y
z
et
aa
Notice ≪ Laurent Casanova ≫, par
Claude Pennetier
, in
Le Maitron en ligne
. Essentiel.
- ↑
Cahiers du Germe, Histoire de l'UNEF
[1]
.
- ↑
Philippe Robrieux,
Histoire interieure du parti communiste
, tome 2, p. 500.
- ↑
Charles Tillon
,
On chantait rouge
, Robert Laffont, 1977, pp. 367-368.
- ↑
a
et
b
Roger Pannequin,
Adieu Camarade
, Paris,
Le Sagittaire
,
.
- ↑
Jeannine Verdes-Leroux,
Au service du Parti. Le Parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956)
, Fayard-editions de Minuit, 1983. Voir aussi,
Marcel Prenant
,
Toute une vie a gauche
, editions Encre, Paris, 1980, pp. 291-310, ≪
L'affaire Lyssenko
≫.
- ↑
"Politique", par Jacques Henric, Editions du Seuil en 2009
[2]
.
- ↑
Jacques Estager,
Ami entends-tu ? La Resistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais
, Paris, Messidor, Editions sociales,
.
- ↑
Pierre Daix
,
Tout mon temps, memoires
, Fayard, 2001, pp. 335 et suiv. : ≪
Le portrait de Staline et les arcanes de Moscou
≫.
- ↑
≪ Chronologie evenements 1961 ≫
, dans
Memorial de notre temps
,
vol.
V - 1961-1962-1963, Paris Match editions Pierre Charron,
, 625
p.
,
p.
14-19
.
- ↑
Michel Dreyfus
,
PCF, crises et dissidences
, coll. ≪ Questions au XXe S ≫, editions Complexe, 1990, pp. 131-140,
L'affaire Servin-Casanova
.
- Ressources relatives a la vie publique
: