Invasion francaise de la Suisse (1792 et 1798)
Les derniers jours de l'ancienne Berne
, representation de la bataille de Grauholz par Friedrich Walthard.
Forces en presence
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1798 : entre 25 000 et 30 000 hommes initialement
Entre 10 000 et 15 000 hommes en mars 1798
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Les
invasions francaises de la Suisse en 1792 et 1798
designent les operations militaires menees contre la
Suisse
par les armees de la
Republique francaise
en 1792 et 1798.
Des 1797, la politique hegemonique francaise contre la
Confederation des XIII
cantons devait permettre aux revolutionnaires de s'emparer des richesses des villes suisses, d'autoriser l'acces a l'Italie par les cols alpins et d'utiliser a son profit le potentiel militaire de la Suisse. En raison des tensions politiques et sociales qui la dechiraient, la Confederation ne put ni trouver un arrangement avec la France, ni organiser la resistance. La politique de neutralite que la Suisse pratiquait depuis 1792 se trouva ainsi privee de ses fondements. En Europe, le proselytisme revolutionnaire se transforma en imperialisme francais.
Les armees francaises ont penetre sur le territoire suisse en 2 phases. En 1792 l'eveche de Bale, devenu independant sous le nom de
Republique rauracienne
, est annexe par la France sous le nom de departement du
Mont-Terrible
, comprenant les districts actuels de
Porrentruy
et
Delemont
, le
; la principaute de
Montbeliard
, jusqu'alors integree au departement de la
Haute-Saone
, y est rattachee en 1797. Le reste du
Jura bernois
est progressivement rattache au departement en 1797 et en 1798. Le departement du
Mont-Terrible
est integralement rattache au
Haut-Rhin
, le
.
Le
, les Francais occupent egalement la Republique de Geneve et la transforment en un departement du Leman, auquel ils ajoutent des parties de l'Ain et de la Haute-Savoie.
Le
, le directoire francais prend un arrete, signifie le
aux gouvernements de
Berne
et de
Fribourg
, membres de la
Confederation des XIII cantons
, qui soutient les habitants du Pays de Vaud dans leur volonte d'independance et qui stipule ≪
Les membres de ces gouvernements repondraient personnellement de la surete individuelle et des proprietes des habitants du pays de Vaud qui se seraient adresses et pourraient s'adresser a la republique francaise
≫. Le
Joseph Mengaud
somme Berne de lui declarer dans quel but elle semble vouloir rassembler des milices et fait appuyer cette interrogation par la marche d'une division de 10 000 hommes de l'armee d'Italie vers les frontieres suisses. Celle-ci s'installe a Ferney-Voltaire.
Ces mesures militaires declenchent l'insurrection generale dans le pays de
Vaud
. Devant la menace, les baillis de Berne et de Fribourg decident de s'en aller et sont reconduits a la frontiere de maniere fort civile. Mais la France revolutionnaire a un besoin imperieux du tresor de Berne pour poursuivre son expansion en Europe. Elle organise alors un raid sur Thierrens et les milices vaudoises ripostent en tuant quelques envahisseurs Francais. La Confederation doit alors organiser et rassembler un corps de 20 000 hommes sous le commandement du colonel Weiss pour marcher sur
Lausanne
et tenter d'empecher l'invasion francaise. Pendant ce temps, les troupes revolutionnaires penetrent dans le Pays de Vaud et contraignent Weiss a se retirer a
Yverdon
. Le depart de Weiss le
declenche la revolution vaudoise. Le
, de nouvelles troupes francaises traversent le
Leman
et s'etablissent a Lausanne. Weiss prend alors la decision de se retirer a
Morat
. La revolution vaudoise exerce une influence sur le reste de la Suisse, particulierement a
Bale
,
Aarau
,
Fribourg
,
Soleure
, ou des insurrections eclatent. Berne temporise par quelques concessions.
L'attaque sur Berne et la resistance des Confederes
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Apres de nombreuses tractations politiques, le Directoire francais fait connaitre son intention d'etablir une republique en Suisse, organisee sur le modele francais. Berne est reduit a la necessite de se defendre et appelle les autres cantons a son secours. Soleure, Fribourg et
Zurich
ainsi que les petits cantons centraux envoient des troupes. Berne reunit alors 25 000 a 30 000 hommes sous les ordres du general
Charles Louis d'Erlach
. Le general
Guillaume Marie-Anne Brune
prend le
le commandement des troupes positionnees dans le Pays de Vaud et fait reunir ses troupes sur la frontiere de Fribourg pendant qu'un corps de l'
armee du Rhin
, commande par le general
Schauenburg
, vient en renfort par le Jura. Brune decide de gagner du temps en proposant des negociations avec les Bernois. Ceux-ci acceptent et une treve de 15 jours est declaree en attendant une reponse du Directoire. Brune et Schauenbourg concertent un plan d'attaque pour le
1
er
mars, le jour de l'expiration de l'armistice. Pendant ce temps, Berne hesite, d'Erlach tente de convaincre le Senat bernois de l'autoriser a attaquer, mais l'indecision est totale et les ordres et contre-ordres se succedent, jetant la confusion dans les troupes bernoises.
Le
, conformement au plan, Schauenburg commence les hostilites et s'empare du
chateau de Dorneck
, puis de
Longeau
sur la route de
Bienne
a Soleure. Schauenburg continue sa route et se porte alors sur Soleure ou la ville se rend aux premieres sommations. La reddition de Soleure livre aux Francais un pont sur l'
Aar
. Au meme moment, Brune investit Fribourg apres un rapide combat. Les flancs de l'armee suisse se trouvent a decouvert a la suite de la perte des deux villes. D'Erlach cherche a concentrer ses troupes a
Fraubrunnen
,
Guminen
,
Laupen
et
Neuenegg
, mais une seule division, celle de Watteville, opere sa retraite en bonne ordre. Les milices d'Argovie se debandent, et celles formant le centre de l'armee se revoltent. Le gouvernement de Berne porte le desordre a son comble en ordonnant le
Landsturm
(levee en masse). Le general d'Erlach reussit a ramener le calme dans une partie de la troupe mutinee, mais l'armee est maintenant reduite de moitie par la perte de contingents cantonaux. Le 5 au matin, une des colonnes de Brune, commandee par le general
Pijon
, passe la
Singine
pour attaquer
Neuenegg
qui controle la route de Berne. Les Francais, apres un succes initial sont forces de retraverser la Singine, a la suite de l'arrivee de renforts suisses.
-
La bataille de Neuenegg (
).
-
Le general Charles Louis d'Erlach (1746-1798).
-
Alexis Schauenburg (1748-1831).
Ce succes suisse n'est toutefois que de courte duree. Les troupes de Schauenburg commencent a faire route de Soleure a Berne. Il s'ensuit une serie d'escarmouches qui forcent d'Erlach a la retraite ; apres avoir perdu
Fraubrunnen
, il tente de tenir un defile pres de Artenen, mais les Suisses doivent battre en retraite une nouvelle fois. Le general d'Erlach tente une derniere fois d'arreter les Francais devant les portes de Berne, mais il est defait et Berne capitule le
. Apres la prise de Berne, l'armee confederee se disperse, d'Erlach tente encore une derniere resistance a
Grauholz
avec les deux bataillons qu'il lui restent. Il est definitivement vaincu puis finalement assassine par des soldats de son propre camp l'accusant de traitrise. En 1798, les troupes francaises envahissent tout le pays ; ils sont relativement bien accueillis dans les pays sujets, mais recoivent une forte opposition dans la majorite des cantons souverains, comme Berne, Zurich et la
Suisse centrale
ou l'armee francaise se livre a des pillages, mais pas, cela a ete documente a URI, a des massacres de grande ampleur
[
1
]
. Les deux victoires au
Grauholz
et a
Fraubrunnen
entrainent la capitulation de
Berne
, peu soutenue par ses allies. Les Francais s'emparent alors du tresor de Berne et des ours, symboles de la ville.
Les Francais font alors de la
Confederation suisse
un ephemere Etat unitaire calque sur le modele francais : la
Republique helvetique
.
Le pays de Vaud, qui avait intrigue pour obtenir l'intervention de la France en envoyant notamment de la Harpe a Paris, se sort plutot bien de cette invasion. Arborant le drapeau vert de la liberte, la Republique Lemanique proclamee le
allait provoquer la chute des regimes en place en Europe et l'occupation d'une grande partie de ceux-ci par la France. De nombreuses communes du Pays de Vaud administrees par les Bernois protestants et les Fribourgeois catholiques se rallierent a la cocarde verte du canton du Leman.
Or l'affaire de Thierrens, survenue dans la soiree du
, dissipa cette euphorie. L'irruption des troupes armees francaises et un pret oblige de
700 000
livres au general Menard le 28 janvier furent suivis de requisitions d'hommes et de chevaux. Le pillage generalise du pays laissa cependant le territoire du canton de Vaud intact.
ILLI, Martin: "Invasion francaise", in:
Dictionnaire historique de la Suisse (DHS)
, version du 14.09.2021, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008915/2021-09-14/, consulte le 27.11.2021.
150 ans d'histoire vaudoise (803-1953), publie par la Societe vaudoise d'Histoire et d'Archeologie, Imprimerie Reunies, Lausanne,1953
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