L'
histoire des
anime
commence au debut du
XX
e
siecle
, lorsque des
realisateurs
japonais
s'essaient aux techniques d'animation qui avaient ete explorees en
Occident
. Malgre ces experimentations precoces, avec notamment un premier long metrage,
Le Serpent blanc
, en 1958, il faut attendre
Astro, le petit robot
, cree en
1963
par
Osamu Tezuka
, pour toucher au succes populaire. Durant les annees 1970, les
anime
continuent a se developper, se separant de leurs racines occidentales et developpant des genres uniques tels que les
mecha
. On retrouve a cette epoque des œuvres comme
Lupin III
et
Mazinger Z
. Durant cette periode, plusieurs realisateurs deviennent fameux, notamment
Hayao Miyazaki
et
Mamoru Oshii
.
Dans les
annees 1980
, les
anime
sont integres a la culture populaire et la production explose. Le demarrage de la franchise
Gundam
et les debuts de la carriere de
Rumiko Takahashi
marquent le commencement de la decennie. En
1988
,
Akira
obtient le record du cout de production d'un
anime
.
Pendant les
annees 1990
et les
2000
, les
anime
recoivent plus d'egards a l'etranger qu'auparavant.
Akira
,
Ninja scroll
(1993) et
Ghost in the Shell
(1995) deviennent celebres a travers le monde. Des series comme
Neon Genesis Evangelion
et
Cowboy Bebop
triomphent au Japon, mais captent aussi l'attention en Occident.
Le Voyage de Chihiro
recoit le
1
er
prix ex æquo du
Festival du film de Berlin
2002
et remporte l'
Oscar du meilleur film d'animation
en
2003
, et le
Festival de Cannes
2004
place
Innocence : Ghost in the Shell 2
en competition officielle.
Le plus ancien
anime
connu, decouvert en
2005
, fut produit
ca.
1907
et se composait de 50 images dessinees directement sur un ruban de
celluloid
. Ce court essai montrait un jeune garcon ecrivant les
caracteres chinois
pour ≪ film ≫ (映?), puis se tournant vers le spectateur et lui tirant son chapeau. L'identite du createur reste inconnue.
La premiere generation d'animateurs japonais
[
modifier
|
modifier le code
]
Tres peu d'œuvres dessinees a cette epoque sont parvenues jusqu'a nous. Les raisons varient mais sont principalement commerciales. Apres avoir ete exploitees, les bobines, proprietes des cinemas, etaient vendues a de plus petits cinemas a travers le pays puis decoupees et vendues en petites bandes, voire en image par image.
Oten Shimokawa
:
Caricaturiste
politique et illustrateur ayant travaille pour le magazine
Tokyo Puck
. Sa carriere debute grace a la
Tenkatsu
, qui l'embauche pour realiser une animation. Pour des raisons medicales, il ne fait que 5 films, dont
Imokawa Mukuzo - Genkanban no maki
, avant de retourner a son travail d'illustrateur.
Jun'ichi K?chi
: Caricaturiste et peintre, ayant egalement etudie l'
aquarelle
. En
1912
, il penetre le secteur de l'illustration, puis, en
1916
, il est embauche par
Kobayashi Shokai
pour une animation. Il est considere comme l'animateur japonais le plus techniquement avance des
annees 1910
. Son travail compte environ 15 films.
Seitar? Kitayama
: A la difference des autres pionniers de cette ere, Kitayama fabrique des animations par lui-meme. Il fonde d'ailleurs son propre studio,
Kitayama Eiga Seisakujo
, qui ferme ses portes par manque de succes commercial. Sa technique consiste a animer sur tableau noir, puis sur papier (avec ou sans arriere-plans pre-imprimes). Son travail compte plusieurs films, dont
Urashima Tar?
.
La seconde generation d'animateurs japonais
[
modifier
|
modifier le code
]
Yosuji Murato
,
Hakuzan Kimura
,
Sanae Yamamoto
et
Noburo ?fuji
ont ete disciples de
Seitar? Kitayama
et travaillaient dans son studio de film.
Kenzo Masaoka
, un autre animateur important, travaillait dans un studio plus mineur. En
1923
, le
Grand tremblement de terre de Kant?
detruit la majeure partie du
studio Kitayama
et les animateurs residant se dispersent et fondent de nouveaux studios, comprenant l'interet financier de l'animation.
Pendant ce temps, les premieres lois de protection des enfants sont adoptees, amenant a la censure de certains
anime
destines aux enfants de moins de 15 ans. Parallelement, les films educatifs etaient encourages par le
Monbusho
(Ministere de l'education). Des centaines de milliers de
yens
furent depenses dans leur promotion. L'animation trouva un usage durable dans l'enseignement, la politique et l'industrie, entrainant une forte demande de nouveau contenu.
Durant les
annees 1930
, le gouvernement japonais pratique une politique forcant au nationalisme culturel, qui s'applique par une censure stricte et par un controle des medias publies. De nombreux animateurs sont "encourages" a produire des
anime
glorifiant l'esprit japonais. Les films sont projetes dans les NEWS-Cinemas comme des forgeurs d'opinions et jouissent d'une forte notoriete. En effet, apres que le Japon eut son propre support de film par l'intermediaire du tout nouveau
Fujifilm
, les News-Cinema exploserent et l'industrie de l'animation atteint son pic grace a ces films officiels. A cette epoque, de nombreux petits studios sont fermes ou fusionnent : il ne reste apres cet "epuration" que trois gros studios, qui dominent un large marche.
Walt Disney
exerce une forte influence sur les animateurs, mais de par les problemes commerciaux de l'animation japonaise a cette epoque, les standards de production demeurent peu eleves et les productions s'averent etre de pales imitations des longs-metrages Disney (repetant les scenes et les gags, enregistrant les bandes sonores de facon separee...). Disney utilise tres tot des films incorporant le son, mais cette integration reste bien trop couteuse pour la plupart des studios japonais des annees 1930.
Jusqu'aux
annees 1930
, l'industrie du
film japonais
est dominee par les cinemas, qui commandent des animations a de petits studios ou a des animateurs isoles. De par la fusion et la croissance des studios d'animation, des projets de plus en plus gros deviennent possibles, mais les fonds necessaires ne viennent pas du
Monbusho
ou des gros conglomerats de cinemas. De nombreuses animations sont a la place financees par les militaires, montrant les Japonais ruses et rapides face aux forces ennemis depassees : les Japonais y figurent souvent sous la forme de singes, ce qui rappelle encore le patrimoine de l'archipel (la legende de
Son Goku
).
En
1942
,
Momotar? no Umiwashi
(桃太?の海鷲) de
Geijutsu Eigasha
, totalisant 37 minutes, devient la plus longue et la plus techniquement avancee des œuvres animees d'Orient. Elle narre l'histoire d'une unite de marine, constituee de l'humain Momotaro et de plusieurs especes animales representant les ethnies de l'Extreme-Orient; qui combattent ensemble pour un meme but. Trois ans plus tard, le
, Sh?chiku D?ga Kenky?sho produit
Momotaro, le divin soldat de la mer
qui, fort de ses 74 minutes, est considere comme la premiere animation japonaise de duree standard par rapport aux projection de cinema.
1948
voit la creation de
Toei Animation
, qui produit le premier
anime
colore en
1958
,
Le Serpent blanc
. Adaptation par la
legende chinoise homonyme
, le film est tres marque par un ton proche des
Disney
, avec des numeros musicaux et des animaux en seconds roles. Il est diffuse aux Etats-Unis sous le titre
Panda and the Magic Serpent
. Durant les
annees 1960
et le debut des
annees 1970
, Toei poursuit dans ce style de productions et publie par la suite deux des
anime
les plus connus :
Dragon Ball
(
1986
) et
Sailor Moon
(
1992
).
Le style Toei est caracterise par l'importance accordee au principe que chaque animateur apportait ses propres idees a la production. L'exemple le plus extreme en est le film
Horus, prince du Soleil
d'
Isao Takahata
.
Horus
est souvent considere comme une rupture majeure avec le style normal des
anime
et le commencement d'un mouvement ulterieur d’
anime
d'auteurs, ou
anime
progressistes, qui englobera plus tard des realisateurs comme
Hayao Miyazaki
et
Mamoru Oshii
.
Une contribution majeure du style Toei aux
anime
modernes est le
money shot
. Concue pour reduire les couts, cette methode d'animation propose de mettre l'accent sur certains plans importants en les animant avec plus de details que le reste du travail (dont le temps est souvent restreint). L'animateur de Toei
Yasuo ?tsuka
commence a experimenter avec cette methode, pour la developper plus encore a la television.
Osamu Tezuka
ouvre une compagnie rivale,
Mushi Production
. Son premier succes,
Astro, le petit robot
, s'impose en
1963
comme la premiere serie animee populaire a la television. Contrairement aux idees recues,
Astro
ne fut pas la premiere serie animee diffusee au Japon. Cet honneur revient a
Manga Calendar
, dont la diffusion debuta en
1962
. Cependant,
Astro
est la premiere serie a presenter des heros recurrents au sein d'une intrigue s'etirant sur de nombreux episodes. Le programme est adapte et reecrit pour les Etats-Unis en
1964
. Le succes d'
Astro
permet l'emergence de nombreux autres titres au Japon, comme
Tetsujin 28-g?
de
Mitsuteru Yokoyama
,
Le Roi Leo
de Tezuka ou
Mach Go Go Go
de
Tatsuo Yoshida
, ce dernier produit par
Tatsunoko Production Co., Ltd
.
A la fin des annees 1960, les
anime
ouvrent leurs horizons. Tezuka fraye ce chemin par l'entremise de trois films experimentaux, connus sous le nom de "films
Animerama
" :
Les Mille et Une Nuits
(
Senya Ichiya Monogatari
,
1969
),
Cleopatra
(
Kureopatora
,
1970
), et
La belladone de la tristesse
(
Kanashimi no Belladonna
,
1973
). Tous sont concus pour un public adulte. Belladonna, le plus experimental, donne naissance a
Utena la fillette revolutionnaire
(
1997
). Par ailleurs, la premiere serie pour adultes,
Lupin III
, est diffusee a cette epoque (
1971
) et, malgre des debuts difficiles, finit par rencontrer une vraie gloire.
Au cours des annees
1970
, le marche japonais du film s'ecroule face a la concurrence de la television. La
Toei
arrete progressivement la production de
comedies musicales
somptueuses inspirees de
Disney
pour se consacrer a la production de
series televisees
.
Mushi Production
est mis en banqueroute, dispersant ses animateurs dans de nouveaux studios, par exemple
Madhouse Production
et
Sunrise
. A cause de cela, de nombreux jeunes animateurs accedent a la realisation meme, sans avoir ete promus a ce poste. Cette injection de jeunes talents apporte un nouveau souffle, une grande variete d'experimentations et de visions.
La serie
Heidi
(
1974
) d'
Isao Takahata
est un exemple de ces experimentations. Au depart, ce programme se vend peniblement, jugee trop realiste pour des enfants. La plupart des chaines de telediffusion pensent qu'il ne sera pas apprecie car les enfants ont besoin de quelque chose de plus "fantastique" pour s'immerger dans la fiction.
Heidi
est finalement un succes mondial, exporte dans de nombreux pays europeens ou il demeure tres populaire. Au Japon, le succes est si colossal qu'il permet a
Hayao Miyazaki
et
Isao Takahata
de lancer une serie d’
anime
basee sur des œuvres litteraires, le cycle des
Chefs-d'œuvre du theatre mondial
. Bien que Miyazaki et Takahata delaissent le projet a la fin des annees 1970, la serie perdure jusqu'au milieu des annees
1990
.
Un autre genre, le
mecha
, apparait a cette epoque.
Mazinger Z
(
1972
-
1974
),
Kagaku ninja-tai Gatchaman
(1972-1974),
Yamato
(1974-
1975
) et
Mobile Suit Gundam
(
1979
-
1980
) en sont quelques-uns des plus symboliques. Ces titres montrent une progression du genre
science-fiction
dans les
anime
, marque par un changement d'une orientation
fantastique
"
super-heros
" vers une orientation
space opera
"realiste", proposant des scenarios de plus en plus complexes et de moins en moins
manicheens
.
Char Aznable
de
Mobile Suit Gundam
en est un exemple fameux, passant du statut d'ennemi dans les premieres series pour devenir un allie dans les suites
Mobile Suit Zeta Gundam
puis a nouveau un ennemi dans le film
Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque
.
Le glissement vers le genre
space opera
devient plus prononce a la fin des
annees 1970
, en liaison avec le succes commercial de
Star Wars
. Cela permet de faire revivre le precurseur
Yamato
au cinema. Cette version grand ecran est consideree comme la base du boom des
annees 1980
, surnomme ≪ l'Age d'or des
anime
≫.
Deux evenements emaillent ce glissement de l'epoque de
robots geants
super-heros
a celle des
space opera
tortueux. Une sous-culture japonaise (qui se donne plus tard le nom d'
otaku
) commence a se developper autour de magazines d'animation comme
Animage
ou le plus tardif
Newtype
. Ces magazines surgissent en reponse aux impressionnants
fandom
, qui se developpent autour de certaines series tels a la fin des annees 1970, comme
Yamato
.
De plus, un composant majeur des
anime
d'un point de vue technique se developpe avec
Yoshinori Kanada
, un directeur d'animation (ayant travaille sur
Yamato
) qui permet a chaque
animateur-cle
travaillant pour lui d'ajouter son propre style de mouvement, dans le but de reduire les couts. Dans plein d'autres
anime
"d'auteur", cela forme la base du style d'animation individualiste, qui fait la particularite de l'animation commerciale japonaise. Les animations de Kanada inspirent
Takashi Murakami
et son mouvement artistique
Superflat
.
Aux Etats-Unis, la popularite de
Star Wars
frappe aussi l'animation, mais dans une mesure plus modeste.
Gatchaman
est retravaille et diffuse sous le titre
La Bataille des planetes
en
1978
et sous celui de
G-Force
en
1986
.
Yamato
est egalement remanie en
Star Blazer
en
1979
et, de maniere plus derangeante, bien plus irrespectueuse du travail original,
Robotech
(
1985
) est assemble a partir de trois œuvres differentes :
Super Dimension Fortress Macross
,
Southern Cross
et
Mospeada
. Les premiers
otaku
americains organises naissent autour de ces series.
La culture
otaku
devient plus prononcee avec l'adaptation par
Mamoru Oshii
en
1982
d'
Urusei Yatsura
, manga populaire de
Rumiko Takahashi
, sous le titre
Lamu
. Vrai triomphe japonais,
Yatsura
permet a Takahashi de devenir un grand nom de l’
anime
, en depit de ses origines modestes d'artiste creatrice de
d?jinshi
. Quant a Oshii, il s'eloigne de la culture
fan
et s'approche de l’
anime
d'auteur, avec le long-metrage
Lamu : Un Reve sans fin
(
1984
). Il aborde l'univers de Takahashi en y impliquant plus de lui-meme. Plus tard, il realisera ainsi un film totalement personnel,
L'Œuf de l'ange
, en compagnie de
Yoshitaka Amano
.
La sous-culture
otaku
produit quelques effets sur les personnes qui integrerent l'industrie a cette epoque. Les plus fameux de celles-ci furent un groupe de production amateur,
Daicon Films
, qui deviendra le
Studio Gainax
. Gainax commence par faire des films pour la convention Daicon SciFi et y est si populaire au sein de la communaute otaku qu'on lui donne la chance de realiser de film d’
anime
au plus gros budget de l'epoque,
Les Ailes d'Honneamise
(
1987
).
En
1984
, le studio
Topcraft
diffuse l'une des cles de voute de l'animation :
Nausicaa de la vallee du vent
. Ce film ajoute au prestige des
anime
, permettant a de nombreux projets experimentaux onereux d'etre finances peu apres sa sortie. Il permet egalement a son directeur,
Hayao Miyazaki
, et a son partenaire de longue date,
Isao Takahata
, de fonder leur propre studio sous la supervision de l'ancien editeur d'
Animage
,
Toshio Suzuki
. Ainsi nait le
Studio Ghibli
, acteur majeur de l'animation japonaise, dont le premier film,
Le Chateau dans le ciel
(
1986
), marque durablement la critique, malgre un succes mitige.
Aux alentours de la sortie de
Nausicaa
apparait un nouveau
medium
pour les
animes
: l'
Original animation video
ou OAV. Ces OAV consistent en des cassettes vendues directement aux particuliers, contenant des films ou des series destinees a une audience de niche, trop limites pour une diffusion sur les ondes ou dans les salles obscures. Realise
Mamoru Oshii
,
Dallos
(
1983
-
1984
) est le premier OAV japonais.
Dallos
ne rencontre aucune popularite, mais
Megazone 23
(
1985
) sut s'imposer sur le marche comme le premier vrai succes de l'OAV. Des series telles que
Patlabor
font leurs debuts sur ce marche : la serie est vu comme peu vendeuse aupres du public, mais ce format de l'OAV favorise sa diffusion. Patlabor devient un mythe et prouve l'utilite de l'OAV pour lancer des œuvres plus experimentales ou personnelles.
L'OAV accueille egalement le premier vrai
anime
pornographique
avec
Cream Lemon
(1984), juste precede par
Lolita anime : Yuki no kurenai kesh? ~ sh?jo bara kei ~
.
Voir egalement
Hentai
.
A la fin des annees 1980, suivant la sortie de
Nausicaa
, un nombre de plus important de films a gros budgets et/ou experimentaux purent sortir. En 1985, Toshio Suzuki aida a rassembler les fonds pour le film experimental d'Oshii,
L'Œuf de l'ange
(
1985
). Le marche des OAV permit l'edition de courtes œuvres experimentales tels que
Take the X Train
,
Manie Manie : Les Histoires du labyrinthe
, et
Robot Carnival
(tous trois en
1987
).
Les sorties cinematographiques devinrent de plus en plus ambitieuses, chaque film essayant de surclasser ou de depenser un plus gros budget que le precedent, tous prenant modele sur le succes populaire et critique de
Nausicaa
.
Train de nuit dans la Voie lactee
(
Ginga tetsud? no yoru
,
1985
),
Le Roman de Genji
(
1987
) et
Le Tombeau des lucioles
(
1987
) furent tous trois d'ambitieuses realisations, basees sur des œuvres litteraires importantes au Japon. Des films tels que
Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque
1988
et
Arion
(1986) eurent des budgets somptuaires. Cette periode de budget demesure et d'experimentation atteignit son zenith avec deux des plus couteuses productions de films d’
anime
jamais vues :
Les Ailes d'Honneamise
et
Akira
(
1988
).
La plupart de ces films ne remboursent pas les couts de production. Ni
Akira
ni
Les Ailes d'Honneamise
ne furent des succes du
box-office
japonais. Il en resulte une fermeture de nombreux studios d’
anime
, et une grosse partie des productions experimentales se voient delaissees au profit de formules ayant fait leurs preuves. Seul le Studio Ghibli parvient a faire encore des productions ambitieuses a la fin des annees 1980 grace a son film
Kiki la petite sorciere
(
1989
), qui atteint le sommet du
box-office
de cette annee et rapporte plus de 31 millions d'euros, pour un budget initial de 5.6 millions d'euros.
En depit de l'echec d'
Akira
au Japon, le film cree une large base de fans d’
anime
a travers le monde. Lorsqu'il fut diffuse a l'etranger, l'œuvre devint culte, le symbole de ce medium en Occident. L'echec domestique et le succes international d'Akira, combine a l'eclatement de la bulle economique et au deces d'
Osamu Tezuka
en 1989, abolissent l'age d'or.
Apres ce boom, certaines personnes observent un declin dans la qualite generale des
anime
. Les budgets s'ecroulent et de nombreux projets ambitieux ne sont plus finances. Le succes
Neon Genesis Evangelion
(1995), l'œuvre d'
Hideaki Anno
, permet une breve renaissance et devient ce que l'on appelle le "troisieme impact" de l'animation japonaise. Mais la situation n'est guere florissante sur le marche japonais. La majeure partie de l'attention, et par consequent les projets les plus ambitieux, se tournent vers l'Ouest.
Une lutte commence en 1995 avec
Macross Plus
,
Memories
et surtout le fameux
Ghost in the Shell
pour obtenir de prestigieux films d'animations a larges budgets pour le public americain.
Memories
ne peut etre distribue dans l'immediat, malgre sa vocation : c'est une œuvre concue pour plaire a un vaste public. La raison de cet echec git dans la somme trop importante demandee par le detenteur des droits au Japon, pour l'exportation outre-Atlantique.
En
1995
, Hideaki Anno imagine et realise ce qui est peut-etre l’
anime
le plus controverse jamais fait,
Neon Genesis Evangelion
. Ce programme devient populaire parmi les fans japonais d’
anime
et parvient au grand public par le biais des medias. On pense couramment qu'Anno, a l'origine, a voulu que ce programme soit l’
anime
ultime pour
otaku
, concu pour faire revivre l'industrie en declin, mais au milieu de la production, il en fait une critique forte. La diatribe est amplifiee dans
The End of Evangelion
, film realise en
1997
et qui rapporte plus de 8 millions d'euros. La popularite, toujours croissante, s'accompagne d'une controverse toujours plus forte.
De nombreuses scenes d'
Evangelion
alimentent les discussions et forcent
TV T?ky?
a intensifier la censure sur le contenu violent ou aguichant des
anime
. Ainsi, lorsque
Cowboy Bebop
(
1998
) est diffuse pour la premiere fois, c'est une version massivement editee et tronquee de la moitie de ses episodes que l'on projette. Cette censure se relache par la suite.
Apres
Evangelion
suit une serie de programmes designes comme "post-Evangelion". La plupart mettent en scene des robots gigantesques au sein d'une intrigue religieuse ou difficilement comprehensible. Parmi eux,
RahXephon
,
Brain Powerd
et
Gasaraki
. D'autres series de ce genre sont des diffusions experimentales de fin de soiree. Debutees avec
Serial experiments Lain
(1998), ces diffusions tardives sont devenues un forum pour les
anime
experimentaux parmi lesquels figurent
Boogiepop Phantom
(
2000
),
Texhnolyze
(
2003
) et
Paranoia Agent
(
2004
).
Par ailleurs, la saga Gundam continue dans son apogee et offre au Japon
Gundam SEED
(2002-2003), suivi de
Gundam SEED Destiny
(2004-2005), deux extraordinaires
anime
qui occupent durant plus de 5 annees le top des meilleurs
anime
au Japon, les personnages de ces series, dont Kira Yamato, Asran Zala, Shin Asuka ou encore Lacus Clyne et Cagalli Yula Athha, etant les plus apprecies dans le pays, tous
animes
confondus.
[ref. necessaire]
A cette epoque, un mouvement artistique lance par
Takashi Murakami
emerge, combinant la culture populaire japonaise a l'art post-moderne "
Superflat
". Murakami pretend que le mouvement est une analyse de la culture japonaise post-guerre mondiale, a travers les yeux de la sous-culture
otaku
. Son desir est egalement de se debarrasser de la separation entre les hauts et bas arts pour creer un continuum, d'ou le terme
superflat
. Ses expositions artistiques sont tres populaires et ont influence certains createurs d’
anime
, notamment ceux du
Studio 4°C
.
A l'inverse du courant experimental, la meme periode a egalement vu une tendance a une mise en avant extreme de la sous-culture
otaku
. De nombreux programmes diffuses en seconde ou
3
e
partie de soiree sont bases sur des
eroge
(jeux
hentai
) et sont destines uniquement au public des
otaku
purs et durs. Des exemples d'œuvres de ce genre, incluant frequemment du
fan service
(parfois a outrance), sont
Green Green
,
Mahoromatic
(
2001
) et
Hand Maid May
. Ces programmes sont souvent pointes du doigt par des critiques comme etant sexistes (avec de nombreuses representations de femmes soumises idealisees) et comme detruisant la vitalite artistique de l'industrie des
anime
, utilisant les desirs des fans au lieu de poursuivre une recherche artistique. En meme temps, ces programmes se sont reveles tres profitables au Japon.
Voir egalement
Moe
. Mais les
eroge
sont plus qu'une source de series a la limite de l'erotisme : plusieurs series, dont
Shingetsutan Tsukihime
et
Kimi ga Nozomu Eien
(
2003
), respectent un certain seuil de qualite. Le premier tend vers un univers sombre et complique, le second tente une approche adulte de l'amour.
Dans les annees 1990 surgit un phenomene colossal : la montee des
Pokemon
. Pour certains il s'agit du plus gros succes de l'animation. Les series televisees s'etendent sur de nombreuses saisons, il y a une production a
Broadway
, plusieurs films, des jeux de cartes a collectionner, des jeux video, des jouets et plein d'autres derives. Cree dans un but purement commercial, ce programme s'inscrit comme l'un des plus adaptes a la jeunesse.
A la fin des annees 1990 et pendant les
annees 2000
, les
anime
sont plus facilement acceptes sur les marches etrangers.
Cowboy Bebop
se vend mieux aux Etats-Unis qu'au Japon, et s'impose meme la-bas comme une licence juteuse.
Le voyage de Chihiro
recoit le
1
er
prix ex-æquo du
Festival du film de Berlin
2002
et remporte l'
Oscar du meilleur film d'animation
en
2002
, et
Innocence : Ghost in the Shell 2
est selectionne pour le
Festival de Cannes
2004
.
Gankutsuou
(
2005
), realise par
Mahiro Maeda
, utilise et remanie l'univers du Comte de Monte-Cristo et se veut des le depart une œuvre accessible a un public occidental (et meme aux milieux intellectuels occidentaux). De nombreuses references a la culture francaise emaillent le deroulement de l'histoire. La musique est en partie composee par un Francais,
Jean-Jacques Burnel
, et la serie emprunte egalement la
Symphonie Manfred
de
Tchaikovsky
. Le visuel est inspire de l'esthetique de
Gustav Klimt
. Ainsi, Gankutsuou se veut visuellement different des standards de l'animation japonaise et ambitieux dans son approche. Cette accessibilite semble etre une constance au sein du studio
Gonzo
.
- (en)
Jonathan Clements
et
Helen McCarthy
,
The anime encyclopedia : a guide to Japanese animation since 1917
, Berkeley (Calif.),
Stone Bridge Press
,
, 545
p.
(
ISBN
1-880656-64-7
)
- Patrick Drazen,
Anime explosion! : the what? why? & wow! of Japanese animation
, Berkeley, Calif.,
Stone Bridge Press
,
, 369
p.
(
ISBN
1-880656-72-8
)
- Benjamin Ettinger "Karisuma Animators"
- Benjamin Ettinger "Toei Doga"
(
Part 2
)
Anipages Daily.
7/25/2004 and 7/26/2004.
- Brigitte Koyama-Richard,
L'Animation japonaise, du rouleau peint aux Pokemon
,
Flammarion
,
, 245
p.
(
ISBN
978-2-08-122787-3
et
2-08-122787-8
)
- Hayao Miyazaki, trans. Ryoko Toyama "About Japanese Animation"
- Takashi Murakami,
Super Flat
,
Last Gasp
,
(
ISBN
4-944079-20-6
)
- Toshio Okada et. al. (2005), "Otaku Talk".
Little Boy: The Arts of Japan's Exploding Subculture
. Ed. Takashi Murakami. Japan Society and Yale University Press.
(
ISBN
0-913304-57-3
)
.
- Sharp, Jasper "Pioneers of Japanese Animation at PIFan"
Midnight Eye
9/25/2004
- Donald Richie,
A Hundred Years of Japanese Film : A Concise History, with a Selective Guide to DVDs and Videos
, Kodansha America,
, 317
p.
(
ISBN
4-7700-2995-0
,
lire en ligne
)