Une
hemorragie
(du latin
haemorrhagia
) designe un saignement, un ecoulement de
sang
en dehors de l'espace vasculaire constitue par le
cœur
, les
vaisseaux sanguins
(
veines
et
arteres
) et la rate chez certaines especes.
Une hemorragie peut etre de type externe (blessure), exteriorisee (le sang s’ecoule par les orifices naturels) ou interne (le sang s’ecoule a l’interieur du corps). L'origine peut etre traumatique (objet coupant, arme, accident de la route, etc.) ou non traumatique (
hypertension arterielle
, rupture d’
anevrisme
,
tumeur
, etc.).
Une hemorragie peut etre minime et n’avoir besoin d’aucune prise en charge medicale. Au contraire, lorsque le saignement est abondant (s’il peut imbiber un mouchoir de papier ou de tissu en quelques secondes), la perte de sang peut entrainer un deces a court terme. Dans ce cas, le traitement est une compression sur la plaie (
pansement compressif
) ou sur un
point de compression
, puis une prise en charge medicale.
Un saignement est dit important lorsqu’il peut imbiber un mouchoir de tissu ou de papier en quelques secondes. Le risque est un deces a court terme : le sang sert a transporter le
dioxygene
necessaire au fonctionnement des organes comme le cœur et le cerveau par exemple.
Suivant la quantite de sang perdu et la localisation du saignement, une hemorragie entraine :
- une perte de globules rouges pouvant entrainer une
anemie
(diminution de la concentration en
hemoglobine
dans le
sang
, visualisee sur la
numeration de la formule sanguine
). Cette anemie va, selon son degre, entrainer une diminution de l’oxygenation des tissus ;
- une baisse de la
pression arterielle
pouvant aller jusqu’au
collapsus
avec diminution de la perfusion d’organes vitaux ;
- si le saignement n’est pas exteriorise (non visible), celui-ci peut constituer une poche sous pression et comprimer les tissus ou organes adjacents, parfois vitaux (
hemorragie intra cerebrale
dans le
cerveau
par exemple).
En cas d'
hemorragie d’origine traumatique
(plaie), il ne faut pas oublier le risque
infectieux
. Dans le cas des petites hemorragies s’arretant spontanement, il faut proceder a un nettoyage ou a une desinfection de la plaie, voir l’article bobologie. Dans le cas d’une hemorragie importante, cet aspect est secondaire devant la perte de sang et est pris en charge par l’equipe medicale ; il peut comprendre une
antibiotherapie
.
On distingue :
- les
hemorragies externes
: le sang s’ecoule par une blessure, une effraction de la peau, en general d’origine traumatique (ou non, une
gingivorragie
, saignement des gencives, peut par exemple etre causee par une denutrition extreme); une hemorragie peut etre cachee par les vetements ;
- les
hemorragies exteriorisees
: la ≪ fuite de sang ≫ se trouve a l’interieur du corps, mais le sang s’ecoule par les orifices naturels :
- epistaxis
: saignement de nez,
- otorragie
: saignement d’oreille,
- hematemese
: vomissement de sang,
- rectorragie
: sang par l’anus, differente du
melena
et des
hemorroides
,
- melena
(orthographie egalement
mœlena
) : sang digere dans les
selles
, se manifeste par une diarrhee noiratre, nauseabonde,
- hematurie
: sang dans les
urines
,
- hemoptysie
: presence de sang dans les expectorations (poumons),
- metrorragies
: saignement anormal originaire de l’
uterus
, exteriorise par le
vagin
chez la femme (a distinguer des
menstruations
ou ≪ regles ≫, phenomene cyclique et naturel de saignement chez la femme en age de procreer). Les
metrorragies
sont des saignements en dehors des regles alors que les
menorragies
sont des regles particulierement prolongees ou abondantes,
- les
hemorragies internes
: le sang s’ecoule a l’interieur du corps ; il peut alors former un
hematome
lorsque le sang s’accumule dans un tissu ou un organe (muscle, par exemple). Le sang peut egalement s’epancher dans une cavite interne sans exteriorisation :
hemoperitoine
dans le ventre,
hemothorax
dans les poumons ou la cavite pleurale,
hemopericarde
autour du cœur. Une
ecchymose
(ou ≪ bleu ≫) est une infiltration diffuse du sang dans le tissu sous-cutane, secondaire a un
traumatisme
minime (mais aussi parfois revelateur d’une maladie des vaisseaux) ;
Certains signes dermatologiques peuvent aussi etre associes a des causes internes :
- purpura
: petites lesions rouges qui ne s'effacent pas a la vitropression ;
- petechies
;
- vibices
: traces rouges allongees, forme particuliere de purpura petechial.
Les blessures avec un objet coupant, perforant ou par arme, causent en general une hemorragie externe.
Les hemorragies peuvent aussi etre causees par un coup, un choc, une chute, ou peuvent resulter de l’arrachement d’un organe par
deceleration
brutale lors d’un
accident de la route
; ce sont en general des hemorragies internes ou exteriorisees.
- Causes cardiovasculaires :
hypertension arterielle
, rupture d’
anevrisme
,
tumeur
ou malformation vasculaire rompue,
dissection aortique
.
- Causes digestives :
ulcere
creusant ayant atteint un gros vaisseau (en particulier apres la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires non steroidiens),
maladie de Crohn
,
hemorroides
, colique hemorragique,
hernie hiatale
.
- Causes gynecologiques et
obstetricales
:
endometriose
,
contraception
par
sterilet
,
fibromes
, menorragies abondantes, atonie uterine (hemorragie du post-partum).
- Troubles de la coagulation
primaires (c’est-a-dire de naissance) :
hemophilie A ou B
,
maladie de Willebrand
, deficit en facteur
XIII
, hypofibrinogenemie,
thrombopathie
.
- Troubles de la coagulation
secondaires (c’est-a-dire acquis durant la vie) : insuffisance hepatique, deficit en
vitamine K
, coagulopathie de consommation, anticoagulant circulant (dans le cadre du
lupus
en particulier).
- Causes tumorales :
cancer
du
colon
, cancer de la
vessie
(hematurie), cancer de l’
uterus
, cancer du col de l’uterus, cancer de l’
estomac
(hematemese), cancer du
poumon
(hemoptysie),
glioblastome
,
etc.
- Causes
iatrogenes
: prise d’
anticoagulants
(sans surveillance de l’
INR
),
aspirine
,
anti-inflammatoires non steroidiens
.
- Causes diverses.
Une
hemorragie
peut etre minime et n’avoir besoin d’aucune prise en charge medicale. Au contraire, lorsque le saignement est abondant (s’il peut imbiber un mouchoir de papier ou de tissu en quelques secondes), la perte de sang est en elle-meme dangereuse, car le sang amene l’
oxygene
aux
organes
. S’il n’y a plus de sang pour les alimenter (
ischemie
), ces derniers meurent, entrainant la
mort
.
Si une hemorragie abondante n’est pas arretee, elle induit un
collapsus cardiovasculaire
, qui evoluera irremediablement vers la
mort
de la personne en l’absence de traitement efficace.
Une hemorragie minime peut etre caracterisee par l’arret du saignement, soit spontane, soit apres une courte compression, chez un patient se portant bien. Si elle est d’origine traumatique, son traitement releve de la bobologie : nettoyage et desinfection (penser a la prevention du
tetanos
chez une personne non vaccinee). Si elle est spontanee, elle requiert dans tous les cas un avis medical rapide mais non urgent ; une
rectorragie
, par exemple, est le plus souvent consequence d’
hemorroides
sans gravite, mais peut reveler parfois une maladie plus grave.
Une hemorragie moyenne est un saignement peu abondant qui ne cede pas, ou difficilement a la compression, mais la tolerance generale reste bonne : la compression est efficace, la victime se sent bien mais le saignement reprend des qu’on la relache. La victime doit alors se deplacer, si possible, pour une consultation medicale urgente tout en maintenant la compression (eventuellement relayee par un tampon maintenu en place par un lien large, ou un
pansement compressif
).
Une hemorragie, meme benigne, peut se traduire par un malaise, avec parfois une
perte de connaissance
, chez certaines personnes sensibles. Le
pouls
est dans ce cas lent (contrairement a ce qui se passe lors d’un
collapsus
), temoin d’un
malaise vagal
, en regle generale benin.
Une hemorragie grave comporte des signes de mauvaise tolerance pouvant faire craindre un
collapsus cardiovasculaire
: sensation de malaise, sueurs, paleur… Un appel au
SAMU
est alors indispensable.
Dans le cas d’une hemorragie externe abondante, le principe du traitement repose sur :
- la protection, en particulier neutraliser la cause du traumatisme (par exemple eloigner de l’objet dangereux) ;
- appuyer sur la partie qui saigne pour arreter le saignement, ou si cela n’est pas possible et dans le cas d’un membre, en amont pour comprimer l’artere (
point de compression
,
garrot
) ; maintenir l’appui direct ou la compression a distance jusqu’au relais par les secours ;
- allonger et rassurer la victime ;
- alerter
des secours medicalises (≪
112
≫ dans l’Union europeenne, ≪ 15 ≫ en France, ≪ 911 ≫ au Quebec) ; si le temoin est seul et doit aller prevenir les secours, il doit relayer son appui par un tampon relais (
pansement compressif
).
Dans tous les cas, laisser la victime a jeun.
Le premier but est d’arreter le saignement ; les techniques sont similaires aux techniques de secourisme (
pansement compressif
a preferer au garrot, ce dernier ne devant etre fait qu'en cas d'echec de la compression directe).
Le second but est d’assurer une oxygenation des organes. Si l’etat du patient est satisfaisant (l’hemorragie est arretee, la perte de sang est faible, on ne constate pas de signe d’aggravation), la prise en charge ne requiert aucune medicalisation particuliere.
Si l’on constate un
collapsus
cardiovasculaire, la premiere mesure est de mettre en place une
oxygenotherapie
.
Ensuite, il faut maintenir une
pression arterielle
stable jusqu’a l’arrivee de l’hopital. L’objectif est d’atteindre une pression arterielle minimale permettant un transport sans danger. Pour cela, une voie d’abord veineuse (perfusion) est posee, de preference sur une grosse veine. Un liquide de remplissage, contenant des ions et des macromolecules (empechant le passage direct de l’eau du solute vers les tissus en maintenant une
pression osmotique
correcte) est perfuse de maniere plus ou moins rapide, selon la pression arterielle.
Idealement, le medecin profite de la voie veineuse pour prelever quelques tubes de sang pour analyse :
hemogramme
et recherche du
groupe sanguin
particulierement en vue d’une eventuelle
transfusion
.
Il peut etre egalement fait usage de
vasopresseurs
et d’un pantalon anti-choc ; ceci permet de reduire le delai avant transport, et donc avant la prise en charge hospitaliere. Ce facteur temps est critique pour les situations necessitant de la chirurgie en urgence (notion d’
heure d'or
), notamment dans les cas d’hemorragie interne ou de
polytraumatismes
; dans ce cas, le retablissement d’une pression arterielle ≪ correcte ≫ est parfois illusoire, et le temps perdu sur place reduit les chances de survie. Il faut donc trouver un compromis entre pression arterielle pour eviter le deces durant le transport, et delai de medicalisation pour preserver des chances de survie.
L’attitude therapeutique varie selon la partie du corps qui saigne, ainsi que l’abondance du saignement :
Si le saignement a ete abondant avec des signes de mauvaise tolerance, devra etre discutee une
transfusion sanguine
apres controle du
groupe sanguin
et accord de la victime, s’il peut etre recueilli.
Il est tres important de ne jamais oublier de verifier le statut vaccinal contre le
tetanos
en cas de plaie liee a un traumatisme !
Dans tous les cas, en dehors de cette prise en charge d’urgence, les hemorragies causee par une maladie sous-jacente doivent recevoir un traitement specifique (apres le controle de l’hemorragie).
Les principes d’un traitement chirurgical d’une
hemorragie
sont :
- assurer l’hemostase, c’est-a-dire arreter le saignement en suturant le vaisseau responsable ;
- nettoyer abondamment au serum physiologique s’il s’agit d’une plaie ;
- assurer, si besoin, la decompression des tissus adjacents : evacuation des
hematomes
, pose de
drains
.
Cas particuliers :
- plaie cutanee peu profonde : nettoyage de la plaie au serum physiologique puis ablation d’eventuels corps etrangers, ablation des tissus necrotiques (tissus morts), desinfection de la plaie et enfin suture de la plaie ;
- plaie cutanee severe : l’attitude est la meme, avec suture des plans profonds touches :
muscles
,
aponevroses
,
tendons
,
etc.
Une intervention chirurgicale est alors souvent necessaire ;
- plaie de la face : idem, en prenant soin de pratiquer une
suture
sans tension pour obtenir une cicatrice aussi esthetique que possible ;
- hemoptysie : injection de serum procoagulant au cours d’une
fibroscopie
bronchique, ou embolisation radiologique (injection sous controle radiologique dans l’artere responsable de particules qui vont boucher mecaniquement l’artere) en cas d’echec. Ligature chirurgicale de l’artere responsable en dernier recours ;
- rupture d’
anevrisme
cerebral : Traitement neurochirurgical avec recherche de l’anevrisme, isolement de son collet, et pose d’un clip. Traitement d’eventuels autres anevrismes (ils sont parfois multiples) ;
- epistaxis : mechage anterieur (introduction d’un tissu imbibe d’un liquide hemostatique par la narine), mechage posterieur (introduction de ce meme tissu, mais cette fois dans l’arriere gorge en plus de la narine) en cas d’epistaxis tres abondante, ligature arterielle chirurgicale en dernier recours ;
- hemorragie de la delivrance : revision uterine (evacuation manuelle des restes de
placenta
restes dans l’uterus), suture de plaies vaginocervicales, embolisation de l’artere uterine,
hysterectomie
(ablation de l’uterus) en dernier recours en cas d’hemorragie cataclysmique incontrolable ;
- rupture de varices œsophagiennes : fibroscopie digestive pour visualisation, puis pose d’elastiques, ou injection de serum coagulant. Prescription dans un deuxieme temps d’un medicament beta-bloquant pour la prevention des recidives, et recherche d’une
cirrhose
.
Un certain nombre de molecules ont ete utilisees en cas d'hemorragie afin d'en limiter l'importance. Ce sont essentiellement des agents anti-fibrinolytiques. Les principaux representants en sont l'
aprotinine
, l'
acide aminocaproique
et l'
acide tranexamique
. Ils sont d'une utilite demontree avec un besoin moindre en transfusion sanguine
[
1
]
. Ils sont utilises souvent en chirurgie dans ce but. L'aprotinine provoque parfois une
insuffisance renale aigue
grave
[
2
]
.
Le
facteur
VII
active recombinant (produit par genie genetique) stimule la coagulation et semble prometteur egalement dans la maitrise des saignements graves
[
1
]
.
D'autres medicaments ont egalement ete testes, dont la
desmopressine
.
- Ressources relatives a la sante
:
Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
:
- Articles du site
Urgence-pratique.com
: