Guerre de la cinquieme coalition

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Cinquieme Coalition
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Napoleon I er a Wagram , peint par Horace Vernet .
Informations generales
Date 10 avril ? 14 octobre 1809
Lieu Europe centrale
Pays-Bas et Italie
Issue

Victoire francaise

Changements territoriaux Le Premier Empire annexe les Provinces illyriennes
La Baviere annexe le Tyrol et Salzbourg
La Galicie occidentale est integree au sein du Duche de Varsovie
L' Empire russe annexe Ternopil
Belligerants
Drapeau de l'Empire français Empire francais Monarchie de Habsbourg Monarchie de Habsbourg
  • Tyrol (en rebellion contre la Baviere)
Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande  Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Royaume de Sicile
Royaume de Sardaigne
Commandants
Drapeau de l'Empire français Napoleon  I er

Drapeau de l'Empire français Louis Nicolas Davout
Drapeau de l'Empire français Jean Lannes
Drapeau de l'Empire français Andre Massena
Drapeau de l'Empire français Louis-Alexandre Berthier
Drapeau de l'Empire français Auguste Marmont

Maximilien I er
Prince Eugene
Jozef Poniatowski
Frederic-Auguste I er
Archiduc Charles

Archiduc Jean

Lord Chatham
Andreas Hofer
Frederic-Guillaume
Forces en presence
275 000 340 000 Autrichiens
40 000 Britanniques
Pertes
>100 000 >100 000

Guerres napoleoniennes

Batailles

Campagne d'Allemagne et d'Autriche



Batailles navales


Campagne de l'ile Maurice


Campagne d'Espagne


Rebellion du Tyrol

La guerre de la Cinquieme Coalition est un conflit qui opposa une coalition menee par l' empire d'Autriche et le Royaume-Uni a l' Empire francais de Napoleon et a la Baviere . Les engagements entre la France et l'Autriche, les deux principaux belligerants, se deroulerent dans toute l' Europe centrale entre avril et juillet 1809 et causerent de lourdes pertes dans les deux camps. Le Royaume-Uni , deja implique sur le continent dans la guerre d'Espagne , lanca une expedition dans les Pays-Bas pour soulager l'Autriche mais celle-ci ne permit pas de changer le cours de la guerre. Malgre quelques victoires defensives mineures, l'absence dans la coalition de la Russie ou de la Prusse permit a Napoleon de remporter sur l'Autriche, depassee en nombre, une victoire decisive lors de la sanglante bataille de Wagram .

Le traite de Schonbrunn qui met fin au conflit fut extremement dur pour l'Autriche. Metternich et l' archiduc Charles avaient la preservation de l' empire d'Autriche comme objectif fondamental et firent de larges concessions pour obtenir une alliance franco-autrichienne et un traite d'amitie [ 1 ] . Si la plupart des terres hereditaires restaient aux mains des Habsbourg, l'Autriche dut ceder les Provinces illyriennes a la France, la Galicie occidentale au duche de Varsovie , le Tyrol au royaume de Baviere [ 1 ] et la region de Tarnopol a la Russie . L'Autriche dut ceder trois millions d'habitants, soit un cinquieme de sa population totale [ 2 ] . Malgre la poursuite des combats dans la peninsule Iberique , la guerre de la Cinquieme Coalition fut le dernier conflit majeur en Europe jusqu'a ce que l' invasion francaise de la Russie en 1812 n'entraine la creation de la Sixieme Coalition .

Contexte [ modifier | modifier le code ]

La guerre continue [ modifier | modifier le code ]

Depuis 1792 , l'Europe est en etat de guerre quasi-permanent, opposant la France revolutionnaire a une serie de coalitions. Apres dix ans d'affrontements, la Premiere Republique remporte la victoire sur la Premiere , puis la Deuxieme Coalition . En mars 1802 , la France (gouvernee par Napoleon en tant que Premier consul ) et la Grande-Bretagne accepterent de mettre fin aux hostilites lors du traite d'Amiens  ; en 1804, la guerre reprend entre la France (toujours dirigee par Napoleon, devenu empereur) et ses allies, et la Troisieme coalition (Autriche, Russie, Royaume-Uni, Suede , Naples ). Celle-ci se dissout a la fin de l'annee 1805, a la suite de la victoire francaise d'Austerlitz sur les troupes austro-russes.

En 1806, une Quatrieme coalition est organisee, la Prusse remplacant l'empire d'Autriche. Les Prussiens sont ecrases a la double bataille d' Iena - Auerstaedt , puis ce sont les troupes russes, apres la sanglante mais indecise bataille d'Eylau , qui sont definitivement battus a Friedland en juin 1807. Le traite de Tilsit qui mit fin a cette coalition et a deux ans d'affrontements en Europe consacra la position dominante de la France en Europe. Il affaiblit considerablement la Prusse et forma un axe franco-russe destine a resoudre les conflits entre les nations europeennes. Le blocus continental , visant a isoler le Royaume-Uni, qui n'a pas connu la defaite, du reste de l'Europe, est mis en œuvre a partir de 1806.

Pour appliquer totalement ce blocus, les forces francaises tentent d'intervenir au Portugal, seul pays encore en dehors de la sphere d'influence francaise. A la suite de l'echec de cette intervention, les Francais interviennent dans les affaires interieures espagnoles, profitant des rivalites de la monarchie bourbonne pour la renverser, et mettre a la place l'un des freres de Napoleon, Joseph Bonaparte a partir de 1808. Toutefois, si la monarchie ecartee n'etait pas extremement populaire, l'ingerence francaise dans la politique espagnole entraine une resistance dans tout le pays, et mine la reputation de la puissance francaise : la guerre d'independance espagnole oblige l'empereur francais, apres la defaite de ses troupes a Bailen , a intervenir directement. Les Britanniques sont repousses au Portugal apres la bataille de La Corogne en janvier 1809, mais la guerre civile reste active, et gene les nouvelles tentatives d'invasion du Portugal.

L'Autriche cherche une revanche [ modifier | modifier le code ]

L'Autriche cherche une nouvelle confrontation avec la France pour venger les recentes defaites, et l'evolution de la guerre en Espagne l'encourage dans cette attitude. Elle est toutefois plus isolee que precedemment : la Russie a repris la guerre avec l' Empire ottoman  ; elle est egalement engagee dans la guerre de Finlande avec la Suede, soutenue par le Royaume-Uni. La Prusse promet initialement d'aider l'Autriche mais renonce avant le declenchement de la guerre [ 3 ] . A l'interieur meme du gouvernement de l'empire d'Autriche, le rapport de force entre pacifistes et bellicistes reste tres equilibre : la large armee formee depuis la Troisieme Coalition reste mobilisee, mais un rapport du ministre des Finances autrichien prevoit la faillite vers le milieu de l'annee 1809 si cette mobilisation perdure [ 3 ] . L'archiduc Charles Louis d'Autriche estime que les Autrichiens ne sont pas prets pour une nouvelle confrontation avec Napoleon, mais, commandant supreme de l'armee, il ne veut pas la demobiliser [ 3 ] . Le 8 fevrier 1809, les bellicistes au sein du gouvernement imperial ont finalement gain de cause et decident de relancer la guerre contre la France.

Le desastre d'Austerlitz et le traite de Presbourg de 1805 ont indique que l'armee autrichienne a besoin de reformes. Napoleon a offert le trone d'Autriche a Charles apres Austerlitz, ce qui lui vaut la mefiance de son frere, l'empereur Francois II d'Autriche . Meme si Charles est autorise a mener des reformes dans l'armee autrichienne, Francois conserve le controle du Hofkriegsrat ( Conseil aulique ) afin de superviser les activites de Charles en tant que commandant supreme [ 4 ] .

L' archiduc Charles .

En 1806, Charles emet de nouvelles regles concernant l'armee et les tactiques. L'innovation principale etait le concept de ≪ mass ≫, une formation anti-cavalerie fondee sur le carre militaire [ 4 ] . Cette tactique n'est toutefois pas utilisee a moins d'etre directement supervisee par Charles, les officiers autrichiens n'appreciant guere cette innovation [ 4 ] . Apres les defaites d'Ulm et d'Austerlitz, les Autrichiens reintroduisent le modele de six compagnies par bataillon , en remplacement du modele de quatre compagnies par bataillon introduit par Mack a la veille de la guerre en 1805 [ 4 ] . Mais les Autrichiens manquent de tirailleurs pour rivaliser avec leurs equivalents francais ; la cavalerie est souvent divisee en petites unites dispersees dans toute l'armee et ne dispose pas de la puissance des larges unites de cavalerie francaises. Meme si Charles tente d'introduire la structure de commandement francaise, les officiers autrichiens manquent souvent d'initiative et basent leurs decisions sur le plan initial ou sur des ordres ecrits [ 5 ] .

Preparatifs [ modifier | modifier le code ]

Cote autrichien [ modifier | modifier le code ]

Charles et le conseil aulique sont divises sur la strategie a suivre. Charles souhaite une puissante poussee depuis la Boheme afin d'isoler les forces francaises en Allemagne du Nord et achever rapidement les hostilites [ 6 ] . La plus grande partie de l'armee autrichienne etant deja positionnee dans cette zone, cela semble l'operation la plus logique [ 6 ] . Le conseil aulique est cependant reticent car le Danube diviserait dans ce cas les forces de Charles et celles de son frere, l' archiduc Jean [ 6 ] . Il suggere a la place que l'attaque principale serait lancee au sud du Danube, pour pouvoir maintenir des communications aisees avec Vienne [ 6 ] . Apres de longues discussions, le conseil l'emporte mais un temps precieux a ete perdu.

L'empereur Napoleon I er .

Comme l'Autriche a perdu de nombreux officiers et soldats reguliers et ne peut pas compter sur ses allies habituels, elle utilise la levee en masse employee auparavant par les Francais, contrastant avec le choix francais de remplacer le systeme de levee (utilise depuis 1792) par une armee professionnelle basee sur les veterans et les troupes d'elite.

Le plan d'attaque autrichien prevoyait que les 38 000 hommes de Bellegarde et les 20 000 hommes de Kollowrat devaient attaquer Ratisbonne a partir des montagnes bohemes en passant par le district de Cham . Le centre et les reserves autrichiens comprenant 66 000 hommes devaient egalement avancer sur Ratisbonne en passant par Scharding et les 61 000 soldats de l'aile gauche menes par Kienmayer devaient prendre Landshut et securiser le flanc gauche de l'offensive [ 7 ] . Par ailleurs, un corps d'armee de 32 000 hommes, commande par l' archiduc Ferdinand , etait place en Galicie afin d'envahir le duche de Varsovie , allie et vassal de l'Empire francais et ou stationnait la petite armee polonaise du general Jozef Poniatowski .

Cote francais [ modifier | modifier le code ]

Napoleon n'est pas entierement certain des intentions autrichiennes. Il est alors a Paris et conseille le principal commandant francais dans le sud de l'Allemagne, le marechal Berthier , sur les points strategiques et le deploiement des forces. Il prevoit de faire de la vallee du Danube le principal theatre d'operation, comme il l'avait fait en 1805 ; pour empecher une invasion autrichienne de l' Italie du Nord , il y deploie des unites commandees par Eugene de Beauharnais et Marmont [ 8 ] . De mauvais renseignements donnent a Napoleon l'impression que l'attaque autrichienne principale viendrait au nord du Danube [ 9 ] et le 30 mars, il ecrit une lettre a Berthier expliquant son intention de masser 140 000 soldats aux alentours de Ratisbonne , bien plus au nord d'ou les Autrichiens prevoient d'attaquer [ 10 ] . Ces erreurs de jugements font que l'armee francaise est mal positionnee au debut des hostilites.

Operations militaires [ modifier | modifier le code ]

Situation strategique en Europe en fevrier 1809.

L'Autriche frappe la premiere [ modifier | modifier le code ]

Situation generale du 17 au 19 avril montrant les Autrichiens avancant vers la ville strategique de Ratisbonne dans l'espoir de detruire le III e corps francais isole.

Au matin du 10 avril, des elements d'avant-garde de l'armee autrichienne franchirent l' Inn et entrerent en Baviere. Les mauvaises routes et le temps pluvieux ralentirent l'avancee autrichienne durant la premiere semaine mais les unites bavaroises durent lentement se retirer. L'attaque autrichienne arriva une semaine avant ce que Napoleon avait anticipe et en son absence, le role de Berthier devint critique. Berthier se revela etre un mauvais commandant, une caracteristique aggravee par le fait que plusieurs messages de Paris arriverent en retard et furent mal interpretes lorsqu'ils arriverent au quartier general [ 11 ] . Alors que Napoleon avait ecrit a Berthier qu'une attaque autrichienne avant le 15 avril devrait etre recue par une concentration francaise autour de Donauworth et d' Augsbourg , Berthier se concentra sur une phrase appelant Davout a stationner son III e corps autour de Ratisbonne et ordonna au ≪  marechal de fer  ≫ de progresser sur la ville en depit de la pression autrichienne [ 11 ] .

La Grande Armee d'Allemagne etait maintenant dans une position perilleuse car ses deux ailes separees de 75  km etaient uniquement lies par le mince cordon bavarois. Berthier, les marechaux francais et les sans-grades etaient tous evidemment frustres par l'apparente inutilite des marches et des contre-marches [ 12 ] . Le 16 avril, l'avant-garde autrichienne avait repousse les Bavarois jusqu'a Landshut et securise un passage sur l' Isar . Napoleon arriva finalement a Donauworth le 17 avril apres une furieuse chevauchee depuis Paris. Charles se felicita de ses premiers succes et envisagea de detruire les corps isoles de Davout et de Lefebvre dans une manœuvre d'encerclement. Quand Napoleon realisa que d'importantes troupes autrichiennes avaient deja franchi l'Isar et marchaient vers le Danube, il insista pour que toute l'armee francaise soit deployee derriere l'Ilm en moins de 48 heures dans l'espoir de rattraper les erreurs de Berthier [ 13 ] . Ses ordres etaient cependant irrealistes car il sous-estimait le nombre de troupes autrichiennes qui avancaient vers Davout ; Napoleon croyait que Charles n'avait qu'un seul corps au-dela de l'Isar mais en fait, les Autrichiens avaient cinq corps progressant vers Ratisbonne soit 80 000 hommes [ 13 ] . Napoleon devait agir rapidement pour sauver son flanc gauche de la destruction.

La manœuvre de Landshut [ modifier | modifier le code ]

La manœuvre de Landshut et l'expulsion des forces autrichiennes de Baviere .

Davout anticipa le danger et retira ses troupes de Ratisbonne en ne laissant qu'une garnison de 2 000 hommes [ 14 ] . Les colonnes autrichiennes avancant vers le nord dans la region de Kelheim - Abbach rencontrerent quatre colonnes francaises progressant vers l'ouest en direction de Neustadt au debut du 19 avril. Les attaques autrichiennes furent lentes, mal coordonnees et aisement repoussees par les veterans du III e corps francais. Napoleon savait que des combats avaient lieu dans le secteur de Davout et planifia une nouvelle strategie pour battre les Autrichiens : tandis que ces derniers attaquaient au nord, le corps de Massena , plus tard renforce par les forces d' Oudinot , pourraient attaquer au sud-est en direction de Freising et de Landshut dans l'espoir d'encercler la totalite de la ligne autrichienne et de soulager la pression sur les troupes de Davout [ 15 ] . Napoleon etait raisonnablement confiant dans la capacite de Davout et de Lefebvre a fixer l'adversaire pendant que ses autres forces balayeraient les arrieres des Autrichiens.

Les premieres attaques se deroulerent bien car le V e corps autrichien gardant Abensberg fut mis en deroute par les Francais. Cependant, Napoleon agissait selon des renseignements errones ce qui rendait ses objectifs difficiles a atteindre [ 16 ] . L'avancee de Massena vers Landshut demandait trop de temps, ce qui permit a Hiller de s'echapper en traversant l'Isar au sud. Le pont sur le Danube fournissait un acces aise a Ratisbonne et permit aux Autrichiens de s'echapper ce qui empecha la destruction complete de l'armee voulue par Napoleon. Le 20 avril, les Autrichiens avaient perdu 10 000 hommes, 30 canons et 7 000 vehicules mais representaient toujours une force combattante redoutable [ 17 ] . Dans la soiree, Napoleon realisa que les combats de la journee n'avaient impliques que deux corps autrichiens. Charles avait encore la possibilite de s'echapper vers l'est en direction de Straubing s'il le voulait.

Prise de Ratisbonne par les Francais le 23 avril 1809. Peinture de Charles Thevenin .

Le 21, Napoleon recut une depeche de Davout qui parlait d' affrontements majeurs pres de Teugen-Hausen . Davout conserva ses positions et malgre l'envoi de renforts, environ 36 000 francais affrontaient 75 000 autrichiens [ 18 ] . Lorsque Napoleon apprit finalement que Charles ne se retirait pas vers l'est, il realigna l'axe de la Grande Armee dans une operation connue sous le nom de ≪ manœuvre de Landshut ≫. Toutes les forces francaises disponibles, a l'exception des 20 000 soldats de Bessieres qui pourchassaient Hiller, se precipiterent contre Eckmuhl dans une nouvelle tentative pour encercler les Autrichiens et soulager leurs camarades assieges [ 19 ] . Le 22 avril, Charles avait laisse 40 000 hommes sous le commandement de Rosenberg et Hohenzollern pour attaquer Davout et Lefebvre tandis qu'il avait detache deux corps commandes par Kollowrat et Liechtenstein pour s'emparer de la rive de l'Abbach [ 19 ] . A 13  h , cependant, le son du canon au sud pouvait etre entendu annoncant l'arrivee de Napoleon. Davout ordonna immediatement une attaque generale sur l'ensemble de la ligne en depit de son inferiorite numerique [ 20 ] . Les renforts de Napoleon decimerent le flanc gauche autrichien. La bataille d'Eckmuhl se termina par une large victoire francaise et Charles decida de se retirer au-dela du Danube vers Ratisbonne. Napoleon lanca ensuite Massena pour reprendre Straubing a l'est tandis que le reste de l'armee poursuivit les Autrichiens en deroute. Les Francais reprirent Ratisbonne apres une charge heroique menee par Lannes mais la grande majorite des forces autrichiennes parvint a se retirer en Boheme. Napoleon tourna ensuite son attention au sud vers Vienne ou il affronta plusieurs fois les forces de Hiller comme lors de la bataille d'Ebersberg le 3 mai. Dix jours plus tard, la capitale autrichienne tomba pour la deuxieme fois en quatre ans.

Aspern-Essling [ modifier | modifier le code ]

Charge des grenadiers autrichiens lors de la bataille d'Essling le 22 mai 1809, par Felician Myrbach .

Les 16 et 17 mai, la principale armee autrichienne commandee par Charles arriva dans le Marchfeld, une plaine au nord-est de Vienne juste au-dela du Danube qui servait souvent de zone d'entrainement pour les forces militaires autrichiennes. Charles garda le gros de ses forces a plusieurs kilometres derriere le fleuve afin de pouvoir deployer ses troupes ou Napoleon deciderait d'attaquer. Le 20 mai, Charles apprit par ses observateurs sur la colline de Bissam que les Francais construisaient un pont a Kaiser-Ebersdorf [ 21 ] juste au sud-ouest de l'ile de Lobau qui menait au Marchfeld. Le 21, les Francais franchirent le Danube de vive force a Kaiser-Ebersdorf et Charles ordonna une avance generale de ses 98 000 hommes et 292 canons organises en cinq colonnes [ 22 ] . La tete de pont francaise reposait sur deux villages : Aspern a l'ouest et Essling a l'est. Napoleon n'avait pas prevu de rencontrer une opposition et les ponts reliant les troupes francaises d'Aspern-Essling a Lobau n'etaient pas proteges avec des palissades , ce qui les rendaient hautement vulnerables face aux navires autrichiens qui auraient ete enflammes [ 23 ] .

La bataille d'Aspern-Essling commenca a 14h30 le 21 mai. Les premieres attaques autrichiennes mal coordonnees contre Aspern echouerent completement mais Charles persista. Finalement, les Autrichiens parvinrent a s'emparer de tout le village. L'attaque d'Essling ne commenca pas avant 18h00 car les quatrieme et cinquieme colonnes avaient plus de chemin a parcourir [ 23 ] . Les Francais repousserent toutes les attaques sur le village durant la journee du 21. Le 22, les combats commencerent des 3 h du matin et quatre heures plus tard, les Francais avaient repris Aspern. Napoleon disposait maintenant de 71 000 hommes et 152 canons sur l'autre rive mais les Francais etaient toujours dangereusement inferieurs en nombre [ 24 ] . Il lanca alors un assaut massif contre le centre autrichien pour donner suffisamment de temps au III e corps pour qu'il puisse traverser et remporter la victoire. Lannes avanca avec trois divisions d'infanterie sur 1  km avant que les Autrichiens n'engagent leurs reserves et n'obligent les Francais a se replier [ 25 ] . A 21h00, le pont francais fut une nouvelle fois detruit par de lourds chalands que les Autrichiens avaient fait deriver grace au courant. Charles lanca une autre puissante offensive une heure plus tard et s'empara d'Aspern pour de bon mais ne put reprendre Essling. Cependant la ville tomba quelques heures plus tard malgre la defense obstinee d'un grenier a ble. Napoleon se retira mais la Garde imperiale commandee par le general Rapp desobeit aux ordres de l'Empereur et reprit Essling [ 26 ] . Charles poursuivit ses bombardements qui couterent la vie au marechal Lannes. Les affrontements diminuerent peu apres et les Francais se replierent sur l'ile de Lobau. Les Francais n'etaient pas parvenus a traverser le Danube et Charles avait inflige la premiere defaite majeure de la carriere militaire de Napoleon.

Wagram [ modifier | modifier le code ]

Voltigeurs francais lors de la bataille de Wagram au debut du mois de juillet 1809.

Apres sa defaite a Aspern-Essling, Napoleon passa six semaines a planifier son offensive pour parer a toute eventualite avant de tenter une nouvelle traversee du Danube [ 27 ] . Les Francais amenerent plus de soldats, de canons et mirent en place de meilleures mesures defensives pour assurer le succes de la prochaine traversee. Du 30 juin aux premiers jours du mois de juillet, les Francais franchirent le Danube de vive force avec pas moins de 188 000 hommes marchant a travers le Marchfeld en direction des Autrichiens [ 27 ] . Initialement, la seule resistance fut celle des divisions avancees de Nordmann et de Klenau car le gros de l'armee se tenait 8  km en retrait autour du village de Wagram [ 28 ] . Apres avoir reussi la traversee, Napoleon ordonna une offensive generale pour eviter que les Autrichiens ne puissent s'echapper durant la nuit. De violents assauts menes contre le village de Baumersdorf permirent aux Francais de remporter une victoire presque immediate mais finalement, les Autrichiens reussirent a tenir leurs positions et bloquerent l'avancee francaise. De nouvelles attaques sur la gauche de la ligne menees par Macdonald ne permirent aucune avancee significative. A la fin du premier jour, les Francais avaient pris pied dans le Marchfeld mais ils ne purent aller plus loin.

Le 6 juillet, Charles planifia un encerclement qui necessitait une marche rapide des forces de son frere Jean a quelques kilometres a l'est du champ de bataille. Le plan de Napoleon impliquait egalement une encerclement du flanc gauche de l'armee autrichienne par le III e corps de Davout tandis que le reste de l'armee bloquait les forces autrichiennes. Le IV e corps de Klenau soutenu par le III e de Kollowrat ouvrit les hostilites le deuxieme jour a 4h00 avec un puissant assaut sur la gauche de la ligne francaise qui dut abandonner Aspern et Essling [ 29 ] . Dans le meme temps, un evenement consternant se produisit durant la nuit. Bernadotte avait unilateralement retire ses troupes du village cle d'Aderklaa du fait d'un bombardement d'artillerie ce qui compromettait serieusement l'ensemble du dispositif francais [ 29 ] . Napoleon etait horrifie et envoya deux divisions du corps de Massena soutenu par la cavalerie pour reprendre cette position critique. Apres des combats difficiles au depart, Massena envoya la division de reserve de Molitor, ce qui permit lentement mais surement de reprendre le controle d'Aderklaa avant de le reperdre apres de violentes contre-attaques autrichiennes. Pour gagner du temps et permettre a l'attaque de Davout de se mettre en place, Napoleon envoya 4 000 cuirassiers contre les lignes autrichiennes [ 30 ] mais leurs efforts ne menerent a rien. Pour securiser son centre et sa gauche, Napoleon assembla une grande batterie de 112 canons qui commenca a pilonner lourdement les lignes autrichiennes [ 31 ] . Comme les hommes de Davout progressaient contre la gauche autrichienne, Napoleon lanca l'attaque sur le centre. les troupes furent decimees par l'artillerie autrichienne mais ils parvinrent a percer au centre, cependant l'avancee tactique ne put etre exploitee du fait du manque de cavalerie dans la zone. Neanmoins, lorsque Charles jaugea la situation, il realisa que ce n'etait plus qu'une question de temps avant que le dispositif ne s'effondre completement et il ordonna une retraite vers la Boheme dans l'apres-midi. Son frere Jean arriva sur le champ de bataille a 14h00, trop tard pour avoir un quelconque impact sur le resultat et il se retira egalement vers la Boheme.

Les Francais ne poursuivirent pas immediatement les Autrichiens car ils etaient epuises par deux jours de combats feroces. Apres avoir recupere, ils poursuivirent les Autrichiens et les rattraperent a Znaim a la mi-juillet. Charles dut signer un armistice avec Napoleon. Les combats entre la France et l'Autriche etaient finis, bien que plusieurs mois de querelles furent encore necessaires avant la signature du traite de paix.

Autres theatres [ modifier | modifier le code ]

Encourages par les Autrichiens a se liberer du joug des allies bavarois de Napoleon, les habitants de la region alpine du Tyrol se souleverent en 1809 mais furent finalement vaincus.

En Italie, l'archiduc Jean attaqua le beau-fils de Napoleon, Eugene de Beauharnais . Les Autrichiens repousserent plusieurs assauts francais lors de la bataille de Sacile en avril. Eugene dut se replier sur Verone et sur l' Adige afin de regrouper ses forces pour lancer une offensive mieux preparee, qui permit d'expulser les Autrichiens du nord de l'Italie. L'armee franco-italienne commandee par le vice-roi Eugene poursuivit l'armee de l'archiduc Jean aux frontieres de la Hongrie, au cœur de l'Empire autrichien, et battit cette derniere lors de la bataille de Raab le 14 juin 1809. Cette bataille repoussa l'armee de l'archiduc plus a l'est et l'empecha de rejoindre l'armee principale autrichienne de l'archiduc Charles a Wagram. Les forces d'Eugene purent en revanche rejoindre l'armee principale de Napoleon [ 32 ] .

En Dalmatie , Marmont , sous le commandement nominal d'Eugene, combattit contre le general Stoichevich   (de) . Marmont lanca une offensive dans les montagnes le 30 avril mais fut repousse par les grenzers [ 33 ] . En depit des revers initiaux, Marmont continua ses attaques et rejoignit Napoleon a Wagram.

Sur le theatre d'operation du duche de Varsovie , l'archiduc Ferdinand declencha les hostilites le 14 avril 1809. Poniatowski , avec sa petite armee de 16 000 hommes, battit les Autrichiens a Raszyn le 19 avril. Malgre cela, les Polonais durent abandonner Varsovie , capitale du duche, et les forces autrichiennes occuperent la ville, y laissant une forte garnison, ce qui affaiblit l'effectif du reste de l'armee d'invasion. Poniatowski se lanca alors sur les arrieres autrichiens en envahissant la Galicie , territoire autrichien issu des partages de la Pologne et dont la population accueillit favorablement les troupes de Poniatowski. Durant le mois de mai, les forces polonaises prirent les principales villes de la province : Lublin (14 mai), Sandomir (18 mai), Zamo?? (20 mai) et Lvov (27 mai). Les Autrichiens abandonnerent alors Varsovie le 1 er juin pour defendre leur territoire et purent reprendre Lvov en juin, ce qui n’empecha pas les Polonais de se diriger vers l'ouest de cette province et d'occuper Cracovie le 15 juillet. L'armistice de Znaim fixa egalement l'echec autrichien sur le front polonais. Sur ce secteur, l'alliance franco-russe issue du traite de Tilsit de 1807, et a la suite de l' entrevue d'Erfurt entre Napoleon et le tsar Alexandre I er , en octobre 1808, s'avera illusoire : selon cette alliance, les Russes devaient appuyer les Polonais face aux Autrichiens. Lorsque Poniatowski se lanca en juin a la conquete de l'ouest de la Galicie, les Russes ne chercherent pas a eviter le retour des troupes autrichiennes a Lvov, et chercherent meme a occuper Cracovie avant les Polonais avec l'accord tacite des Autrichiens, ces derniers les laissant progresser rapidement en Galicie.

Dans le Tyrol , l'aubergiste Andreas Hofer prit la tete de la rebellion tyrolienne contre la domination bavaroise et francaise. Le soulevement rencontra des succes importants et immobilisa deux armees francaises, celle du marechal Lefebvre au nord et celle du vice-roi d'Italie Eugene de Beauharnais au sud, mais fut ecrase apres la victoire de Wagram. Hofer fut execute par un peloton d'execution en 1810.

En Allemagne centrale, une force conjointe d'Autrichiens, de Brunswickois et de Hessois , sous le commandement du general Kienmayer , entra dans le royaume de Saxe , allie de Napoleon, s'empara de Dresde et Leipzig , repoussa l'armee du frere de Napoleon Jerome Bonaparte et defit un corps mene par le general Junot a la bataille de Gefrees avant d'occuper brievement Nuremberg et Bayreuth . Cependant, a ce moment, la principale armee autrichienne avait ete battue a Wagram et l' armistice de Znaim avait ete signe. 2 000 volontaires de Brunswick-Oels parvinrent a atteindre la mer du Nord et passerent au service de l'Angleterre pour aller renforcer la King's German Legion [ 34 ] , [ 35 ] .

Dans les Pays-Bas, les Britanniques lancerent l' expedition de Walcheren pour reduire la pression sur les Autrichiens. La force britannique de plus de 39 000 hommes debarqua a Walcheren le 30 juillet. Cependant, les Autrichiens avaient deja perdu la guerre. L'expedition fut caracterisee par peu de combats et de lourdes pertes du fait du paludisme . Plus de 4 000 soldats moururent et les autres se retirerent en decembre 1809 [ 36 ] .

Consequences [ modifier | modifier le code ]

Le traite de Schonbrunn signe le 14 octobre 1809 etait tres dur envers l'Autriche. La France recevait la Carinthie , la Carniole et les ports de l'Adriatique tandis que la Galicie etait cedee aux Polonais et le Tyrol aux Bavarois. L'empire d'Autriche perdait trois millions d'habitants soit environ 20 % de la population totale. L'empereur Francois acceptait egalement de payer une lourde indemnite, reconnaissait le frere de Napoleon, Joseph , comme roi d'Espagne et reaffirmait son soutien au blocus continental [ 2 ] . L'armee autrichienne ne depassera jamais plus les 150 000 hommes jusqu'a la fin des guerres napoleoniennes [ 2 ] . La defaite autrichienne ouvrait la voie au mariage de Napoleon et de la fille de l'empereur Francois, Marie-Louise d'Autriche . Napoleon pensait que ce mariage eliminerait une future menace autrichienne mais la politique des Habsbourg n'etait pas aussi liee aux liens familiaux que Napoleon l'avait pense.

L'impact du conflit ne fut pas entierement positif du point de vue francais. Les revoltes dans le Tyrol et le royaume de Westphalie durant le conflit indiquaient que la population allemande etait mecontente de la domination francaise. Quelques jours apres la signature du traite, un Allemand de 18 ans nomme Frederic Staps tenta de poignarder l'Empereur lors d'une revue militaire mais en fut empeche par le general Rapp [ 37 ] . Les forces naissantes du nationalisme allemand etaient deja bien implantee a cette periode et la guerre de la Cinquieme Coalition joua un role important dans leur developpement [ 37 ] . En 1813, lorsque la Sixieme Coalition affronta les Francais pour le controle de l'Europe centrale, les populations allemandes s'opposerent violemment a la domination francaise et soutinrent largement les Allies.

La guerre sapa egalement la superiorite militaire francaise et l'image de Napoleon. La bataille d'Aspern-Essling fut la premiere defaite majeure de la carriere de Napoleon et fut bien accueillie dans toute l'Europe. Les Autrichiens montrerent egalement que la vision strategique et l'aptitude tactique n'etaient plus un monopole francais [ 38 ] . Le declin de la competence tactique de l'infanterie francaise mena les Francais a eviter les manœuvres et a compter sur le simple poids du nombre pour reussir une percee comme le montra l'attaque de Macdonald a Wagram [ 38 ] .

La Grande Armee perdit de sa force car les veterans disparus a Austerlitz et a Iena furent remplaces par des conscrits [ 39 ] . De plus, les armees de Napoleon etaient de plus en plus composees de soldats etrangers ce qui sapait le moral [ 39 ] . Meme si Napoleon continuait de manœuvrer avec sa brillance habituelle, comme le montra le redressement spectaculaire des positions francaises, la taille de plus en plus importante de ses armees rendait difficile leur utilisation meme pour lui [ 39 ] . L'etendue de la guerre augmentait trop vite pour que Napoleon puisse completement maitriser les operations militaires. Cela lui fut fatal lors de l'invasion de la Russie en 1812 [ 39 ] .

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. a et b Todd Fisher & Gregory Fremont-Barnes, The Napoleonic Wars: The Rise and Fall of an Empire. p. 144
  2. a b et c David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 732.
  3. a b et c Fisher & Fremont-Barnes p. 106
  4. a b c et d Fisher & Fremont-Barnes p. 108
  5. Fisher & Fremont-Barnes pp. 108?9
  6. a b c et d David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 676.
  7. Chandler pp. 676?77
  8. Chandler p. 671
  9. Chandler p. 672
  10. Chandler p. 673
  11. a et b Chandler pp. 678?79
  12. Chandler p. 679
  13. a et b Chandler p. 681
  14. Chandler p. 682
  15. Chandler p. 683
  16. Chandler p. 686
  17. Chandler p. 687
  18. Chandler p. 689
  19. a et b Chandler p. 690
  20. Chandler p. 691
  21. Andrew Uffindell, Great Generals of the Napoleonic Wars. p. 174
  22. Uffindell p. 175
  23. a et b Uffindell p. 177
  24. Uffindell p. 178
  25. Uffindell pp. 178?79
  26. Uffindell p. 179
  27. a et b Chandler p. 708
  28. Fisher & Fremont-Barnes p. 134
  29. a et b Fisher & Fremont-Barnes p. 139
  30. Fisher & Fremont-Barnes p. 141
  31. Fisher & Fremont-Barnes p. 142
  32. Fisher & Fremont-Barnes p. 122
  33. Fisher & Fremont-Barnes p. 123
  34. F. Loraine Petre, Napoleon and the Archduke Charles . p. 318
  35. Jean Tulard (dir.), L'Europe de Napoleon , Horvath, 1989, p.   174-175 .
  36. The British Expeditionary Force to Walcheren: 1809 The Napoleon Series , consulte le 5 septembre 2006.
  37. a et b Chandler p. 736.
  38. a et b Richard Brooks (editor), Atlas of World Military History. p. 115
  39. a b c et d Brooks (editor) p. 114