Guerre d'independance estonienne
Representation de la bataille de Joala le 28 novembre 1918.
Informations generales
Date
|
?
[
1
]
(
1 an, 2 mois et 5 jours
)
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Lieu
|
Estonie
|
Issue
|
Victoire estonienne
Independance de l'
Estonie
|
modifier
La
guerre d'independance de l'Estonie
(
estonien
:
Vabadussoda
, c'est-a-dire ≪ guerre de la Liberte ≫) egalement connue sous le nom de
guerre de Liberation de l'Estonie
est une campagne defensive menee par l'
Estonie
et ses allies, notamment le
Royaume-Uni
, la
Finlande
, la
Suede
et le
Danemark
, pour repousser l'offensive de l'
Armee rouge
de 1918-1920 sur le front occidental declenchee au cours de la
guerre civile russe
. L'Estonie defendait son independance nouvellement acquise apres la desintegration de l'
Empire russe
et l'invasion par l'
Empire allemand
. Le conflit se conclut par la victoire de l'Estonie, formalisee par le
traite de Tartu
.
En
novembre 1917
, alors que l'
Empire russe
se desagrege, la diete de l'Estonie, dont les representants ont ete elus la meme annee, se proclame l'organe officiel du pouvoir en Estonie au cours de la seule session qu'elle tiendra. Peu apres, un
comite militaire revolutionnaire d'Estonie
d'inspiration
bolchevique
dissout l'assemblee, prend le pouvoir et contraint le gouvernement estonien a entrer dans la clandestinite. Les negociations de paix entre Allemands et Russes trainent et l'Allemagne repasse a l'offensive, envahissant l'Estonie le
. Durant la breve vacance du pouvoir, qui separe le depart des bolcheviques de l'arrivee des Allemands, le
Comite de salut public
, qui a ete designe le
19 fevrier
par le Comite des Anciens pour diriger le pays,
proclame symboliquement l'independance de l'Estonie
dans ses frontieres historiques et ethnographiques, le
24 fevrier
. La
Russie sovietique
, dont les armees ne peuvent resister a la poussee allemande, accepte le
de signer le
traite de Brest-Litovsk
. En aout de la meme annee, elle accepte dans le cadre d'une clause additionnelle de renoncer a sa souverainete sur les
provinces baltes
. Les germano-baltes reprennent les commandes de la region sous la tutelle des autorites militaires et annulent toutes les mesures prises en faveur des Estoniens depuis le debut de la revolution. Environ 2 000 bolcheviques et nationalistes estoniens sont executes. Le
Duche balte uni
, dependant de l'
empereur allemand
et restituant le pouvoir a la minorite
germano-balte
sur les territoires du
Baltikum
, est cree en
novembre 1918
[
2
]
.
Le
11 novembre
, alors que les Allemands vaincus
deposent les armes
sur le front occidental, le gouvernement provisoire estonien sort de la clandestinite et
Pats
, qui a ete libere, en prend la tete. Le
21 novembre
les occupants allemands lui remettent officiellement le pouvoir alors que le
regime imperial allemand s'effondre
[
3
]
. Les dirigeants de la Russie sovietique tentent de profiter de la nouvelle situation et denoncent le
traite de Brest-Litovsk
le
13 novembre
. A la mi-novembre, un Comite revolutionnaire provisoire d'Estonie se proclame seul pouvoir legal en Estonie et demande a l'
Armee rouge
de
≪ liberer le pays ≫
. Le gouvernement provisoire estonien tente de mobiliser sans grand succes les Estoniens et de faire appel a l'aide de la
Finlande
et du
Royaume-Uni
. Une division est mise sur pied ;
Konstantin Pats
est nomme ministre de la Guerre,
Andres Larka
chef d'etat-major et le commandement de l'armee est confie a
Aleksander Tonisson
(en)
.
Les soldats russes passent a l'attaque le
22 novembre
dans la region de
Narva
, mais sont repousses par les armees allemandes, qui n'ont pas encore quitte la region. Une nouvelle attaque, le
28 novembre
, permet de
prendre Narva
(et)
. Au debut du mois de janvier, l'Armee rouge occupe tout l'est de l'Estonie.
Kingissepp
tente en vain d'organiser un soulevement pro-bolchevique a
Tallinn
contre le gouvernement. Une armee estonienne est finalement mise sur pied avec, a sa tete, le lieutenant-colonel
Johann Laidoner
, un ancien officier de l'armee russe. Celui-ci reprend l'offensive a la tete d'une division estonienne, assistee de volontaires plus ou moins organises. Une escadre de la
Royal Navy
organisee autour du petit porte-avions
HMS
Vindictive
(a l'origine un croiseur de la
Classe Hawkins
), cinq
croiseurs legers
, neuf destroyers et d'autres petits navires, dont des sous-marins
[
4
]
, fait escale a
Tallinn
en
decembre 1918
pour repousser toute tentative d'attaque sovietique par la mer et apporter des munitions et des armes tandis que la
Finlande
envoie du materiel et consent un pret. Des volontaires
lettons
et
scandinaves
viennent preter main-forte a l'armee estonienne.
La contre-offensive estonienne se deroule le long des voies ferrees, appuyee par des
trains blindes
. L'armee estonienne reprend d'abord le controle de l'axe Tallinn-Narva avec l'appui de commandos debarques sur la cote, lesquels sement la panique sur les arrieres de l'ennemi. Puis l'armee estonienne se tourne vers le sud et progresse sur la voie ferree qui conduit a
Riga
. La jeune armee a le dessus au cours de deux accrochages a
Voru
et
Valga
. Le
, cette coalition est parvenue a repousser l'Armee rouge hors du territoire estonien
[
5
]
.
La marine britannique, dont la base d'operations est en Finlande, perdra en un an d'operation six navires de guerre (un
croiseur leger
de
classe C
, deux destroyers, un sous-marin
classe L
, deux dragueurs de mines), ainsi que trois navires auxiliaires, huit
vedettes-torpilleurs
et 37 avions. En outre, 36 bateaux militaires et 25
navires auxiliaires
ont ete endommages
[
6
]
. Cent-sept membres de la Royal Navy (RN) et cinq de la Royal Air Force (RAF) sont morts au combat
[
4
]
.
La RN attaque plusieurs fois le port militaire de
Kronstadt
, coule les croiseurs sovietiques
Oleg
et
Memoire d'Azov
- ce dernier servant de navire-ecole a quai -, met hors de combat le cuirasse
Andre l'Apotre
, capture deux destroyers qui sont remis a la
marine estonienne
et endommage plusieurs autres navires de la
flotte de la Baltique
. Au moins 481 marins de la
marine sovietique
sont morts et 251 captures
[
7
]
.
En
fevrier 1919
, l'Armee rouge reprend l'offensive dans le sud-est. En mai, les Estoniens parviennent a la repousser en territoire russe, ou ils recoivent le soutien de l'
armee
des
Russes blancs
d'
Ioudenitch
. Mais l'entente entre les dirigeants des deux armees est loin d'etre parfaite, car
Ioudenitch
, qui lutte pour retablir l'Empire russe, est hostile a l'independance de l'Estonie. Apres l'echec d'une offensive conjointe contre
Petrograd
, soutenue par les Allies, l'armee estonienne reintegre ses frontieres.
Au sud, l'armee estonienne doit se battre contre les
corps-francs
allemands et la
milice (
Landswehr
)
composee de Germano-Baltes commandes par le general allemand
von der Goltz
. Ces armees, qui ont pris le pouvoir en Lettonie et tentent de reconstituer un
Etat germanique
avec l'appui officieux des dirigeants allemands, luttent a la fois contre l'Armee rouge et les nationalistes baltes. Le
, les Estoniens, assistes d'un bataillon letton (5 000 hommes en tout), defont les Allemands au cours de la
bataille de Wenden
[
N 1
]
. Cette victoire sur l'ennemi seculaire sera par la suite celebree comme une fete nationale. En
septembre 1919
, l'Estonie engage des pourparlers de paix avec la Russie, mais la desapprobation des puissances occidentales et de leurs allies baltes et scandinaves, qui esperent restaurer l'Empire russe et ne veulent pas d'une reconnaissance implicite du regime bolchevique, fait echouer les negociations.
L'Armee rouge repasse a l'
attaque a Narva
(et)
avec des effectifs renforces ? 160 000 hommes et 200 pieces d'artillerie ?, qui sont difficilement repousses par l'armee estonienne. Les negociations reprennent en
decembre 1919
. Apres d'apres discussions, l'Estonie et la
RSFS de Russie
signent le
le
traite de Tartu
, qui reconnait l'independance de l'Estonie.
Les combats, qui opposaient souvent des Estoniens entre eux
[
N 2
]
mobilisaient des effectifs reduits ? quelques centaines d'hommes ?, ce qui explique la faiblesse tres relative des pertes estoniennes : environ 3 600 tues en tout (sur une population totale d'environ un million)
[
8
]
,
[
9
]
.
Par le
traite de Tartu
, premier traite international reconnaissant l'existence de la Russie sovietique, la RSFS de Russie reconnait l'independance de l'Estonie. La nouvelle frontiere ajoute au territoire estonien une bande de terrain situee sur la rive droite du
fleuve Narva
, ainsi que l'ensemble du
territoire de Seto
au sud-est, soit environ 5 % de la superficie totale de l'Estonie. Les Russes d'origine estonienne, dont le nombre est estime a 200 000, sont autorises a rentrer en Estonie, mais seulement la moitie de ceux qui presenteront une demande, soit 37 500 personnes, parviendront a revenir
[
8
]
.
- ↑
Wenden est la traduction
allemande
de
Cesis
, ville proche du site de la bataille.
- ↑
Apres la
Revolution de 1917
, le mouvement bolchevique, qui beneficiait encore d'une certaine popularite, avait pu recruter massivement en Estonie.
- ↑
≪
Estonie
≫, sur
larousse.fr
(consulte le
)
.
- ↑
Minaudier 2007
,
p.
234-248.
- ↑
Minaudier 2007
,
p.
247-248.
- ↑
a
et
b
(en)
≪
Portsmouth Cathedral - Baltic Waters, 1918-19
≫, sur
Memorials & Monuments In Portsmouth
(consulte le
)
.
- ↑
Minaudier 2007
,
p.
248-250.
- ↑
(en)
≪
The British and Soviet Naval War in the Baltics
≫, sur
warhistoryonline.com
,
(consulte le
)
.
- ↑
(et)
Mati Oun, Hannes Walter et Hannes Walter,
Voitlused Laanemerel 1918?1919
,
, 184
p.
(
ISBN
9985-66-345-4
)
.
- ↑
a
et
b
Minaudier 2007
,
p.
250-254.
- ↑
S. Champonnois,
Dictionnaire historique de l'Estonie
,
, 313
p.
(
ISBN
2910878384
)
, p.102-103
.
- Jean-Pierre
Minaudier
,
Histoire de l'Estonie et de la nation estonienne
, Paris, L'Harmattan,
, 402
p.
(
ISBN
978-2-296-04673-3
,
LCCN
2008410295
,
lire en ligne
)
.
- Jean-David Avenel et Pierre Giudicelli,
L'independance des pays de la Baltique (1917-1920)
, Economica, Paris, 2004, 186 p.
- Julien Gueslin, ≪ La France face aux independances baltes. De Brest-Litovsk a la conference de la Paix (1918-1919) ≫,
Relations internationales
, Presses Universitaires de France, 1998, 93, en ligne sur HAL :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01405373
[archive].
- Julien Gueslin, ≪ Un nouveau Drang nach Osten ? La France face a la menace des corps francs allemands dans les pays baltes, 1919 ≫,
Revue internationale d'histoire militaire
, 2003, en ligne sur HAL :
[archive
01405399
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01405399
[archive].