Grande confrerie de saint Martial

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.

Grande confrerie de saint Martial

ou Grande Confrerie ou confrerie des Soixante-Douze

Image illustrative de l’article Grande confrérie de saint Martial

Reperes historiques
Fondation 1356
Lieu de fondation abbaye de Saint-Martial
Siege basilique Saint-Michel-des-Lions
Fiche d'identite
Eglise catholique
Type Association de laics
Vocation Garder et honorer les reliques de saint Martial et contribuer a la solennite de son culte
Membres 72 Saint-Marceaux
Localisation Limoges

La grande confrerie de saint Martial , nom parfois reduit en Grande Confrerie, egalement appelee ≪ confrerie des Soixante-Douze ≫ [ 1 ] , est une association de laics catholiques (les Saint-Marceaux) dont l’origine remonte officiellement au , jour de la reconnaissance des premiers statuts par l’officialite, ayant pour objet de veiller sur les reliques de saint Martial , de venerer ce saint et de conserver sa memoire pour les Limousins. Cette ≪ garde d’honneur pour veiller sur les reliques du premier eveque de Limoges ≫ [ 2 ] , avait a l’origine son siege dans la chapelle Saint-Benoit au sein de l' abbaye Saint-Martial avant de le voir transfere en l'eglise Saint-Michel-des-Lions, elevee en 2023 au rang de basilique mineure , a Limoges, lorsque les reliques furent deplacees.

Histoire [ modifier | modifier le code ]

Le grand incendie qui ravagea une partie du centre de Limoges le a reduit en cendres l’essentiel des vieilles archives de la grande confrerie de saint Martial en depot chez le Premier bayle (president) dont la demeure se trouva sur le chemin des flammes. C’est donc par des sources souvent indirectes que l’histoire de cette confrerie avant la Revolution francaise est connue de nos jours. Cependant, les cahiers de tous les proces-verbaux depuis 1806 faisant alors l’objet d’une etude a l’exterieur, ils echapperent a la destruction, ce qui permet de connaitre avec precision son evolution depuis cette annee.

Moyen Age [ modifier | modifier le code ]

L'histoire de la confrerie de saint Martial commence officiellement en 1356 , quand furent deposes les premiers statuts ≪ pour faire cesser les calamites inouies et execrables, les pestes et les divisions du royaume ≫ [ 3 ] . Il est vraisemblable que la creation de cette compagnie lui soit anterieure.

En effet, la plus ancienne des confreries associees au culte de ce saint etait celle dite ≪ du Luminaire devant le sepulcre ≫, qui fut fondee sous l’abbatiat de l’abbe Isembert (1174-1198). Elle avait pour objet de concourir a la garde des reliques de l'evangelisateur de l'Aquitaine et de contribuer a la solennite de son culte [ 4 ] .

En 1199, une autre confrerie, dite ≪ des Oboles ≫, s’etablit dans la basilique. Pendant tout le Moyen Age, les confreries se multiplierent et furent tres florissantes [ 4 ] .

La veneration de ce saint etait si puissante qu’elle fut tournee en derision dans un dicton affirmant qu’a Limoges, il valait mieux blasphemer Dieu que saint Martial [ 5 ] .

Au debut du XIII e  siecle, les Annales manuscrites de Limoges rappellent que, ≪ en l’annee 1212, les bourgeois de Limoges firent une frerie dediee a la Vierge et fut appelee Notre-Dame de Saint-Sauveur, laquelle se faisait derriere le grand autel de l’eglise de Saint-Sauveur, a present dite "de saint Martial" ≫ . Ce ≪ a presente dite "de saint Martial" ≫ peut renvoyer soit a l’eglise de Saint-Sauveur, soit a la frerie. Or, en 1212, l’eglise abbatiale etait depuis longtemps dite ≪ de Saint-Martial ≫. Il est donc probable que la proposition concerne la confrerie Notre-Dame de Saint-Sauveur, ≪ a present dite "de saint Martial" ≫ [ 6 ] .

On ignore a quelle epoque precisement l’adjectif ≪ grande ≫ est venu s’ajouter au nom de la confrerie, sans doute pour la distinguer des autres compagnies dediees a ce saint. Bonaventure de Saint-Amable qui, pour ecrire son Histoire de saint Martial en 1676, se fit preter par le chapitre de Saint-Martial, la cathedrale et divers erudits, au milieu du XVII e  siecle, des manuscrits precieux et d’anciennes archives, dont la plupart sont aujourd’hui disparus [ 7 ] , fait mention d’une clause du testament de Barthelemy Audier en date du en faveur de ≪ la grande confrerie de saint-Martial ≫ . Ce document n’est pas parvenu jusqu’a nous et la premiere utilisation connue aujourd’hui du nom de ≪ grande confrerie de saint Martial ≫ se trouve dans les recueils des actes capitulaires faits par l’abbe Legros a la date du . On le trouve ensuite le et de facon continue par la suite [ 8 ] .

La restauration de cette antique confrerie fut l’œuvre de quatorze bourgeois conduits par maitre Jean Bonnet : Pierre Reix, Gui de Marteau, Jean La Croix, Jacques Chefderoi, Gui Audoin, Pierre Raimond, Guillaume Chaleix, Guillaume Benoist, Laurent Bayard, Pierre Boutin, Jean de Marteau, Geoffroy Gautier et Martial Benoist [ 9 ] .

Par lettre du , ils presenterent les statuts d’une association de laics. Ils en obtinrent l’approbation de l’autorite ecclesiale et la confirmation canonique [ 10 ] .

Des le mois d’aout, la confrerie fut reorganisee. Elle etait dirigee par quatre conseillers elus pour quatre ans et deux bayles. Cette meme annee, au mois d’aout, le roi de France Jean II le Bon , depuis son camp devant Breteuil, accordait son investiture royale [ 11 ] .

Grace a l’intervention de plusieurs personnages de marque de la cour d’Avignon, le pape Innocent VI signait en 1360 la bulle approuvant les statuts [ 10 ] . Quand, par le traite de Bretigny du , le Limousin fut donne au roi d’Angleterre, un representant d’ Edouard III , Jean Chandos , accorda a son tour confirmation a la confrerie par lettres patentes du [ 10 ] .

Si, pour l’essentiel, les nouveaux statuts de 1360, dont la retranscription a ete conservee [ 12 ] reprenaient ceux de 1356, l’esprit en differe neanmoins, car l’influence de l’autorite ecclesiastique y est plus marquee.

Epoque moderne [ modifier | modifier le code ]

Au XVII e  siecle, la Grande Confrerie sortit difficilement et tres affaiblie des troubles des guerres de Religion . Raymond de La Marthonie , eveque de Limoges , intervint et valida de nouveaux statuts le . Cet eveque, dans l’introduction de l’ordonnance d’autorisation des nouveaux statuts, rappelle l’anciennete de la compagnie :

Et pour ce [honorer les merites de saint Martial] nous avons ressenti une tres particuliere consolation sur l’exhibition qui nous a ete faite des titres, statuts et livres de la grande confrerie erigee en l’honneur du glorieux apotre de la Guienne, saint Martial, l’institution de laquelle passe la memoire des trois derniers siecles, d’autant que nous la trouvons tres florissante il y a environ trois cents ans, si grande que le nombre des conferes n’est pas moindre que six cents, si sainte que nous la voyons illustree de plusieurs miracles, si celebre que les puissances spirituelles et temporelles, a l’envi les unes des autres, l’ont favorisee extraordinairement de grands et singuliers privileges ; de quoi font encore foi suffisante les titres qui restent [ 13 ] .

Et l’eveque se rejouit de voir la piete ≪ revivre dans les cœurs de personnes qualifiees et autres notables bourgeois et habitants de la ville et cite de Limoges […] lesquels se sont rencontres a un meme desir de restaurer et renouveler cette confrerie ≫ [ 13 ] .

Si ces derniers ne changeaient pas le fond de ceux de 1356, ils precisaient davantage les obligations des confreres, l’organisation de la confrerie et en fixaient le siege au sein de la basilique, faisant de droit ce qui n’etait jusqu’alors qu’un fait. Les liens avec l’autorite ecclesiastique s’y faisaient aussi beaucoup plus etroits. Si les statuts de 1356 etaient clairement rediges par des laics, ceux de 1624 montraient une evidente influence du clerge.

Il semble, sans qu’aucun exemplaire ou retranscription ait survecu, qu’une bulle du pape Urbain VIII du ait encore confirme l’etablissement de la Grande Confrerie dans ces nouveaux statuts.

Le prestige de la Grande Confrerie etait encore remarquable en 1638, puisque Bandel, cette annee-la, cite par Louis Guibert , ecrivait :

La Grande Confrerie […] merite le premier rang par son antiquite, pour la multitude de ses confreres, pour le bon ordre et police qui s’y sont observes, pour divers actes de piete et charite et pour avoir rendu toutes sortes de preuves de devotion a son saint tutelaire. […] Non seulement les habitants de Limoges y etaient enroles en tres grand nombre, hommes et femmes, mais la noblesse du diocese y etait associee, comme la dame de Saint-Germain, veuve de Guillaume Foulcaud, l’an 1368 ; Antoinette de Bonneval, la dame et enfants de Veyrac, de Leichoisier et de Cramaud, outre ceux des villes et bourgades de la province, d’un senechal de Perigueux, des marchands et bourgeois de Lyon, meme des cantons des Suisses [ 3 ] .

Plan de la basilique de Saint-Martial en 1784, par l'abbe Legros

Pendant tous les XVII e et XVIII e  siecles, la confrerie tint ses reunions dans la chapelle Saint-Benoit, batiment du XIII e  siecle, independant de l’ abbatiale et separee d’elle par la vieille eglise Saint-Pierre-du-Sepulcre qui recelait le tombeau de l’apotre d’Aquitaine. Sur le plan dessine par l'abbe Legros en 1784, il est mentionne : ≪ Chapelle de S t Benoit ou de la Grande Confrairie ≫, Les confreres eurent a cœur de la reparer et de l’entretenir et en firent ≪ la plus elegante de toutes les constructions du monastere ≫, ≪ une charmante construction toute a jour, en style gothique, qui reproduisait la forme et les dimensions de la Saint-Chapelle de Paris ≫ [ 14 ] . Les Saint-Marceaux obtinrent en 1680 de l’abbe et du chapitre (l’abbaye etait devenue collegiale) la concession d’un caveau dans cette chapelle pour y enterrer les membres qui souhaiteraient reposer aupres des restes de leur saint patron [ 15 ] .

En 1645, une nouvelle chasse fut commandee par le chapitre de Saint-Martial avec la participation financiere de la Grande Confrerie. Elle fut recue le , et l’eveque de Limoges , Francois de La Fayette , y deposa les reliques de l'apotre d'Aquitaine en presence du chapitre, des consuls et des confreres de saint Martial, au milieu d’un grand concours de peuple. Cette chasse en vermeil que l’on ouvrait au moyen de onze clefs, reconnue pour la plus belle et la plus grande piece d’orfevrerie de la province [ 16 ] , allait etre brisee en 1793 et remplacee par une nouvelle, refaite aux memes dimensions et a la ressemblance de la precedente en 1806, a l’importante difference que la nouvelle, toujours presente aujourd’hui, est en chene couvert de cuivre et exige quatre clefs [ 17 ] .


Une plainte nous renseigne sur une activite de la Grande Confrerie au XVIII e  siecle, citee par J. J. Juge :

Un de ses preposes [de la grande confrerie de saint Martial] se rendait la nuit du dimanche au lundi a l’habitation de chaque confrere, agitait trois fois une clochette dont il etait porteur, criait a haute voix dans la rue :

≪ Reveillez-vous, gens qui dormez,

ne dormez pas si fort

que vous ne songiez a la mort.

Priez pour les Trepasses, que Dieu veuille leur pardonner ! ≫,

il annoncait ensuite l’heure qu’il etait et frappait un grand coup a la porte en chantant : Sancte Martialis, ora pro nobis !

Une jeune veuve, etrangere, arrivee le dimanche a Limoges, fut eveillee par ces cris lamentables et, croyant qu’ils lui etaient personnellement adresses, elle en fut tellement effrayee qu’elle perdit connaissance. Sur les plaintes qu’elle en porta au magistrat, il jugea a propos de defendre cette ceremonie, quoiqu’elle subsistat peut-etre depuis mille ans [ 18 ] .

Dans le milieu du XVIII e  siecle, la Grande Confrerie fut sur le point de disparaitre a nouveau et n’est plus qu’exceptionnellement mentionnee dans les relations des messes, processions et celebrations [ 19 ] . Le clerge tout autant que la population de Limoges s’emut d’un tel risque. Grace au zele de pieux confreres, la grande confrerie de saint Martial se releva en 1773 [ 19 ] .

En 1778, la confrerie du Sepulcre de qui la Grande Confrerie etait sans doute issue, vint a disparaitre, laissant a cette derniere la garde attitree et exclusive de toutes les reliques de saint Martial [ 19 ] (depuis le XII e  siecle, les restes de l'apotre d'Aquitaine avaient ete divises pour etre envoyes dans les eglises qui se glorifiaient d'avoir ete evangelises par lui : Poitiers, Bordeaux, Angouleme, etc. Restaient essentiellement a Limoges les reliques qui y sont encore : le chef, dans la chasse au-dessus de l'autel de l'abbatiale et un os du bras dans un reliquaire en argent en forme de bras, depose dans la chapelle du sepulcre [ 20 ] ) . De meme disparait, cette meme annee 1778, la confrerie des Bayles des Ames du purgatoire a qui revenait jusqu’alors l’honneur d’arborer le drapeau ostensionnaire, amarante a croix blanche. Jean de Montesquiou-Poylobon, dernier abbe de Saint-Martial, apres deliberation du chapitre des chanoines de la collegiale, decida de conferer ce privilege a la plus ancienne confrerie encore existante, celle de saint Martial. Cela lui donna une place preponderante aux ostensions de 1778 et de 1785 [ 19 ] .

Revolution francaise [ modifier | modifier le code ]

La suppression des ordres monastiques par le decret du entraine l’abandon de l’antique basilique de Saint-Martial et, par decision du Conseil general approuvee par le district et le departement, les precieuses reliques du patron tutelaire de l'Aquitaine sont transferees a l’eglise Saint-Michel-des-Lions. Le , un arrete de la municipalite est proclame :

Art. 1 er  : Seront invites a la ceremonie MM. les administrateurs du departement et du district, les juges du Tribunal du district, les juges de la juridiction consulaire, la garde nationale, la marechaussee et le regiment de Royal Navarre-cavalerie ; Art. 2 : Seront invites pour former la procession, l’hopital, les penitents, la grande confrerie de saint Martial, le seminaire, le clerge de la paroisse de Saint-Michel et tous les ecclesiastiques qui voudront bien se reunir sous la meme croix [ 21 ] .

La grande confrerie de saint Martial participe donc a la procession solennelle de la translation des reliques le . C’est la derniere fois qu’elle se reunit avant sa reformation en 1806. En effet, le decret 18 aout 1792 de l’ Assemblee constituante mettant fin aux associations religieuses, la grande confrerie de saint Martial perd tout statut officiel.

Bras reliquaire de saint Martial

Le , les chasses et reliquaires presents a Saint-Michel-des-Lions sont brises et les reliques dispersees. Deux officiers municipaux, Messieurs Guillaume Imbert, ancien membre de la confrerie, et Jean-Baptiste Robert, a l’insu l’un de l’autre, sauvent providentiellement chacun une partie du chef (crane) de saint Martial [ 22 ] , ce qui permet, lorsqu’elles sont de nouveau presentees au lendemain de la Revolution, de constater l’adequation anatomique de la machoire et du reste du crane, rendant certaine, dix ans plus tard, apres une enquete scrupuleuse, l’identite du chef comme etant celui de l'apotre d'Aquitaine.

On ignore les actions ou reunions qui ont pu ou non se faire pendant les seize ans nimbes de secret qu’a dure la Revolution.

Epoque contemporaine [ modifier | modifier le code ]

Tout ce qui suit est tire des registres des deliberations de la grande confrerie de saint Martial.

Le , l’eveque de Limoges reconnait officiellement le precieux chef de saint Martial [ 22 ] .

En 1806 , d’anciens Saint-Marceaux rendent de nouveau officielle l’auguste confrerie de saint Martial.

Elle est donc reconstituee lors de la premiere assemblee generale du , uniquement composee, comme les deux suivantes, de membres deja presents en 1790, tout en devinant la probabilite qu'ils se soient plusieurs fois reunis de fait avant cette date. La qualite de confreres preetablis de tous les membres permet d’affirmer une continuite ininterrompue depuis la creation de la compagnie en 1356. Le de la meme annee ont lieu les premieres ostensions apres la revolution. L’etendard amarante a croix blanche est hisse pour la premiere fois au clocher de Saint-Michel par les confreres de saint Martial a qui a ete conserve ce droit exclusif.

Ce meme mois, le 26, fut commandee la fabrication d’une nouvelle chasse financee par la Grande Confrerie. Celle-ci est livree le , ainsi qu’il appert de l’acte de remise qui la decrit ainsi :

Une chasse de la longueur d’un metre trois cent dix-huit millimetres sur six cent onze millimetres de large, d’un metre trois cent millimetres de hauteur, y compris le dome ; huit panneaux representant les differents miracles operes par saint Martial… ; le dedans de ladite chasse est garnie d’un damas cramoisi, ainsi que les trois coffres pour contenir le chef et autres reliques de saint Martial. La susdite chasse est en bois de chene et couverte en cuivre dore, et au bas de laquelle se trouve cette inscription : J’appartiens a MM. Les Confreres de la Grande Frerie de Saint-Martial, an 1809 .

Elle est ouverte au moyen de quatre clefs (contrairement a l’ancienne qui en exigeait onze) detenues respectivement par l’eveque, le maire de Limoges, le cure de Saint-Michel-des-Lions et le Premier bayle de la grande confrerie de saint Martial.

Elle sera portee triomphalement a chaque solennite, fete ou danger, comme lors du grand incendie du quartier des Arenes a Limoges, le [ 23 ] .

En 1886, la Grande Confrerie, sur appel de l’eveque, Benjamin Joseph Blanger , lance la construction du monument a saint Martial, sainte Valerie et saint Loup dans le style neogothique de l’epoque et qui occupe le fond de l’eglise Saint-Michel-des-Lions. Elle en est le principal souscripteur et c’est elle qui apporte les garanties demandees par les entrepreneurs. C’est a ce titre que, faisant suite a la loi du sur la separation de l’Eglise et de l’Etat, le sous-inspecteur Roche, representant la prefecture, venu etablir l’inventaire le , prend note de la revendication du monument par les confreres presents comme etant le bien propre de la Grande Confrerie au meme titre que la grande chasse et la coupe reliquaire [ 24 ] . Ce monument, ou ≪ tombeau de saint Martial ≫, est inaugure en 1889.

Si nous avons vu que la Grande Confrerie fut reinstituee des 1806, si nous observons que les eveques et le clerge lui accordent une reconnaissance de fait, Firmin-Leon-Joseph Renouard , eveque de Limoges, redige l’ordonnance episcopale lui rendant un statut canonique ≪ le de l'an de grace 1890, en la solennite de la benediction du drapeau de l'ostension septennale ≫ [ 25 ] . A la suite de quoi, la meme annee, le pape Leon XIII, par un bref , accorde a la Grande Confrerie les Indulgences dont elle beneficiait anterieurement [ 26 ] .

Le sont deposes en prefecture, les statuts de l’association selon la loi de 1901 . Ces statuts sont remanies et adaptes en 1989, 2000, 2003. En 2007, ils sont a nouveau revus et approuves par l’assemblee generale extraordinaire du .

La grande confrerie de saint Martial et ses ≪ gardiens du sepulcre ≫ [ 1 ] traversent le XX e  siecle a travers les peripeties communes a toute organisation humaine, avec des periodes d’assoupissement et de reveil, d’elan et d’abattement, mais elle ne cesse de poursuivre l’ideal herite de ceux qui instituerent les premiers statuts en 1356.

En 2020, a l’occasion de la pandemie de Coronavirus , une ostension extraordinaire fut ordonnee par l’eveque, Pierre-Antoine Bozo . A cette occasion, Emile Roger Lombertie , maire de Limoges, l’eveque, le cure de Saint-Michel et le Premier bayle de grande confrerie de saint Martial se reunirent, munis de leurs clefs respectives autour de la grande chasse et sortirent solennellement la coupe reliquaire contenant le precieux chef de saint Martial venere par les Limousins depuis tant de siecles. Il fut confie par la Grande Confrerie a son pasteur, heritier de l’apotre d’Aquitaine, Pierre-Antoine Bozo qui, chaque soir, l'a elevee pour benir Limoges, le Limousin et l’Aquitaine [ 27 ] .

Hierarchie et organisation [ modifier | modifier le code ]

La Grande Confrerie est placee sous l’autorite de l’ eveque de Limoges , successeur de saint Martial, a qui elle fait serment d’ obedience tous les ans a l’occasion des petites ostensions, traditionnellement organisees le dimanche de Quasimodo , premier dimanche apres Paques.

Si elle etait autrefois conduite par un conseil accompagne par deux bayles, les roles se sont inverses et elle est aujourd’hui dirigee par deux bayles au sein d’un conseil compose d’un tresorier, d’un chancelier-secretaire, d’un responsable du materiel et d’un archiviste (parfois appeles ≪ officiers ≫) et de six conseillers, le tout formant le bureau.

A la fin de chaque mandat, le bureau sortant en propose un nouveau a l’acceptation de l’assemblee generale des confreres comme cela se faisait deja au XVII e  siecle [ 28 ] .

Actions [ modifier | modifier le code ]

Dans l'esprit de son histoire, aux termes de ses statuts et a la suite des responsabilites qui lui sont echues par heritage en raison de la disparition d'autres compagnies, la Grande Confrerie agit dans differents domaines :

  • garde et preservation des reliques de saint Martial et entretien de sa grande chasse et des objets utiles a son culte ;
  • priere pour le Limousin et sa population au cours de la messe mensuelle a Saint-Michel-des-Lions ;
  • priere hebdomadaire pour le Limousin et sa population devant la grande chasse de saint Martial tous les mercredis a 19 h 15 ;
  • organisation et participation a la solennite de saint Martial ;
  • participation aux petites ostensions le dimanche de Quasimodo ;
  • procession au Montjovis en l'honneur de saint Martial dans son miracle des Ardents ;
  • Entretien du memorial du Montjovis ;
  • organisation des grandes ostensions de Limoges  ;
  • participation aux autres ostensions limousines et fetes des autres confreries ;
  • participation a la federation des ostensions limousines ;
  • Œuvres charitables et soutien a d'autres associations.

Membres [ modifier | modifier le code ]

Si, a l’epoque medievale, la Grande Confrerie ne reunissait que des hommes, elle s’elargit a l’epoque moderne aux deux sexes, de toutes les conditions sociales, avant que les statuts de 1624 la rendissent exclusivement masculine.

La confrerie compta jusqu’a six cents membres (nombre enonce dans l’ordonnance episcopale du ). La plupart etaient limousins, mais des bourgeois de Lyon et meme des Etats confederes helvetiques y etaient recus. Il s’agit ici des membres ≪ titulaires ≫, mais s’y rattachaient ≪ les confreres en un second degre ≫, des membres associes qui semblent n’avoir fait l’objet d’aucune formalite d’admission. Toute personne, quel que soit son sexe, son age ou son lieu d’habitation pouvait rejoindre ≪ cette phalange des devots de saint Martial ≫ [ 29 ] selon la formule de Louis Guibert. Ils etaient consideres comme faisant partie de la Grande Confrerie, sans etre astreints aux obligations, mais sans beneficier des avantages autres que les graces de la priere.

Ces memes statuts de 1624 reduisent le nombre des membres reels a soixante-douze, regle toujours en vigueur, en reference au nombre de disciples du Christ selon la tradition (chaque apotre ayant chacun six disciples) qui doivent tous etre habitants de ≪ la ville, Cite, ou faulxbourgs de Limoges ≫. Cette exclusivite fut levee dans la deuxieme moitie du XX e  siecle, a la condition que les confreres eloignes conservent la possibilite de venir regulierement a Limoges pour remplir leurs devoirs aupres des precieuses reliques. Les membres associes n’etaient pas concernes par les limitations enonces dans les statuts.

Les Saint-Marceaux s’engagent a la priere a leur saint patron, a participer autant que faire se peut aux messes mensuelles de la compagnie, a la procession en souvenir du mal des Ardents le , aux petites ostensions annuelles le jour de la Quasimodo, aux grandes ostensions septennales, a la solennite de saint Martial le , aux messes de funerailles des confreres defunts et a celles pour les morts de la Grande Confrerie le .

De 1806 a 2021, la grande confrerie de saint Martial a compte dans ses rangs, toutes generations confondues, 635 confreres.

Impetrants [ modifier | modifier le code ]

Le nouveau membre, homme de confession catholique, est recu par cooptation et presente par deux parrains au conseil devant qui il expose ses motivations. Le conseil statue sur la presentation de la candidature a l’assemblee generale des Saint-Marceaux.

Blasons de la grande confrerie de saint Martial

Aux termes des statuts de 1356, a la mort d’un confrere, s’il a des fils, l’association doit les exhorter a prendre la place de leur pere s’ils en temoignent le desir. Sans figurer dans les statuts de nos jours, cette tradition s’est perpetuee jusqu’a nous [ 30 ] .

Echarpe et insignes de la grande confrerie de saint Martial

En cas d’acceptation du conseil, la candidature est presentee a l’assemblee generale et fait l’objet d’un vote de principe a main levee. Elle est confirmee par un vote a bulletin secret lors de l’assemblee generale suivante.

L’intronisation se fait habituellement au cours de la solennite de saint Martial, le dimanche le plus proche du , par la remise de l’echarpe et de l’insigne.

Insignes [ modifier | modifier le code ]

La Grande Confrerie use de deux blasons : en son sein, celui de l’ancien chapitre de Saint-Martial, de gueules au buste de saint Martial au naturel habille et mitre d’or, accoste des lettres gothique S et M et accompagne de trois fleurs de lys d’or  ; a l’exterieur celui de l’ancien consulat dont a herite la municipalite, de gueules au buste de saint Martial au naturel habille et aureole d’or, accoste des lettres gothique S et M ; au chef d’azur charge de trois fleurs de lys d’or .

Les couleurs de la Grande Confrerie sont amarante (l’eternite) et blanc (la purete).

Drapeau de la grande confrerie de saint Martial

L’insigne se porte a gauche sur la poitrine et peut etre, sans distinction, la cocarde aux couleurs de la compagnie a deux pendants franges d’or ou apparaissent les lettres S et M, ou un ecusson emaille representant le buste de saint Martial entoure des lettres gothiques S et M. Les premier et second bayles portent autour du cou une croix marquee des armes de la confrerie qui sont celles, anciennement du consulat, aujourd’hui de Limoges. S’ils portent la cocarde, celle-la est ornee sur les pendants de motifs de lauriers et de chene d’or pour le Premier bayle, d’agent pour le Second bayle.

L’echarpe amarante et blanche, frangee d’or de la confrerie est passee en sautoir sur l’epaule droite.

Dans les processions, sont portes des cierges charges de panonceaux d’argent aux armes de la confrerie datant des XVII e , XVIII e et XIX e  siecles.

Pour les solennites et les funerailles des confreres est arbore le drapeau amarante a croix blanche, portant la devise de Limoges en francais d’un cote : ≪ Dieu sauve la ville et saint Martial les gens ≫, en limousin de l’autre cote : ≪  Dieus gart la vila et sent Marsals la gent  ≫.

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. a et b P. Alfred Deschamps, L'Apotre saint Martial , Limoges, Marc Barbou et Cie, , p.  196
  2. Louis Guibert, Les Anciennes Confreries de la basilique Saint-Martial , Limoges, H. Ducourtieux, , 140  p.
  3. a et b Jean Bandel, Traite de la devotion des anciens chretiens a saint Martial , Paris, Ducourtieux, 1638/1858, p.  79
  4. a et b Charles de Lasteyrie, L’Abbaye de Saint-Martial de Limoges , Paris, Alphonse Picard et Fils, , 510  p. , p.  252
  5. Guibert 1895 , p.  47
  6. Anonyme, Annales manuscrites de Limoges , p.  182
  7. Francois Arbellot, Le P. Bonaventure de Saint-Amable ,
  8. Guibert 1895 , p.  65
  9. Guibert 1895 , p.  54
  10. a b et c Jean Bandel, Traite de la devotion des anciens chretiens a saint Martial , Limoges, Ducourtieux, 1638 reedite en 1858, p.  179
  11. Guibert 1895 , p.  57
  12. Guibert 1895 , cites en annexe
  13. a et b Mgr Raymond de La Marthonie, eveque de Limoges, Ordonnance autorisant les nouveaux statuts de la grande confrerie de saint Martial , Registres de la Grande Confrerie,
  14. Notes de l’abbe Texier a la suite de la reedition du Traite de la devotion des anciens chretiens a saint Martial de Jean Bandel en 1858.
  15. Guibert 1895 , p.  80
  16. Guibert 1895 , p.  78
  17. Premier registre des deliberations de la Grande Confrerie, folio 18
  18. J. J. Juge, Changements survenue dans les mœurs des habitants de Limoges depuis cinquante ans , Limoges, F. Chapoulaud, , p.  26
  19. a b c et d Guibert 1895 , p.  82
  20. Guibert 1895 , p.  51
  21. Archives departementales, L, n°348
  22. a et b Guibert 1895 , p.  90
  23. Relation de l'incendie de Limoges - 15 et 16 aout 1864 , Limoges, Chapoulaud Freres, , p.  50-54
  24. Archives de la grande confrerie de saint Martial
  25. P. Alfred Deschamps, L'Apotre saint Martial , Limoges, Marc Barbou et Cie, , p.  293
  26. P. Alfred Deschamps, L'Apotre saint Martial , Limoges, Marc Barbou et Cie, , 312  p. , p.  160
  27. Samuel Chassaigne, ≪  Ostensions exceptionnelles : l'Eglise requiert l'aide de Dieu pour vaincre l'epidemie de Covid-19  ≫, France 3 Nouvelle Aquitaine ,‎ ( lire en ligne )
  28. Guibert 1895 , p.  62
  29. Guibert 1895 , p.  75.
  30. Guibert 1895 , p.  60

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Annales manuscrites de Limoges , publiees sous les auspices de la societe archeologique et historique du Limousin par Emile Ruben, Felix Achard, Paul Ducourtieux..., Limoges, Ducourtieux, 1872, 479 p.
  • F. Alluaud, Changements survenus dans les mœurs des habitants de Limoges depuis une cinquantaine d'annees , Limoges, Chapoulaud, 1827, 232 p.
  • Jean Bandel, Traite de la devotion des anciens chretiens a saint Martial , (1638), 2 de edition augmentee par Monsieur l'Abbe Texier, Paris, V. Didron, 1858, 234 p.
  • P. Bonaventure de Saint-Amable, Histoire de saint Martial apotre des Gaules, et notamment de l'Aquitaine et du Limosin , Limoges, Francois Charbounier-Pachi, 1683, 3 e volume.
  • P. Alfred Deschamps, L'Apotre saint Martial , Limoges, Marc Barbou et Cie, 1893, 312  p.
  • Paul Ducourtieux, Histoire de Limoges , Limoges, Ducourtieux, 1925, 458 p.
  • Marie-Christine Grave du Bourg et Alain Texier, Les Clefs des Ostensions limousines et marchoises , 2009
  • Louis Guibert , Les Anciennes Confreries de la basilique Saint-Martial , Limoges, H. Ducourtieux, , 140  p.
  • M. P. Laforest, Limoges au XVII e  siecle , Limoges, Librairie ecclesiastique de J.-B. Leblanc et C ie , 1802, 660 p.
  • Charles de Lasteyrie, L'Abbaye de Saint-Martial de Limoges , Paris, Alphonse Picard et Fils, 1901, 510 p.
  • Louis Perouas, directeur de recherches, honoraire au CNRS, Regards historiques sur le mouvement confrerial en Limousin (article), Annales du Midi, 2005.

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]