Le
franc francais
, appele simplement
franc
lorsqu'il n'y a pas ambiguite (en abrege
F
,
f
,
FF
,
Fr
,
fr
,
fr.
ou le symbole informatique
?
[
2
]
; code
ISO 4217
FRF
pour celui de 1960-2002), est une ancienne
unite monetaire
de la
France
, utilisee egalement en
Andorre
et a
Monaco
.
Bien qu’une piece portant le nom de
≪
franc
≫
, dite
≪
franc a cheval
≫
, ait existe des le
, le franc francais n'est l’unite monetaire unique de la
France
qu’entre le
et le
(et l’unite monetaire commune en
Andorre
et a
Monaco
). Il succede en effet a la
livre tournois
, unite de compte de l’
Ancien Regime
, le franc n’etant alors qu’une monnaie de reglement.
Le
, le franc francais est remplace en tant qu'unite de compte par l’
euro
, la monnaie de l'
Union economique et monetaire europeenne
, dont il est devenu une division nationale le
(au taux de 6,559 57 FRF = 1 euro).
Les premiers
francs
furent frappes a
Compiegne
le
, pour aider a payer la rancon du roi
Jean II
, capture par les Anglais le
a la
bataille de Poitiers
: les Anglais exigerent contre sa liberation la somme de 4 millions d'
ecus
[
3
]
. Pour ce faire, le regent
Charles
fit fabriquer une nouvelle piece, un
ecu
d'or, denommee plus tard le
franc a cheval
, pesant 3,87
g
d'
or
fin equivalant a 1
livre tournois
ou 20
sols
. Cette monnaie fut taillee a raison de 63 pieces dans un
marc
d’or fin de 244,75
g
.
Le roi y est represente sur un
destrier
, arme d'un ecu a
fleur de lys
et brandissant l'epee, avec, inscrit dans la legende, le terme ≪
Francorum Rex
≫ (c'est-a-dire : Roi des
Francs
). Dans l'une des trois ordonnances edictees le 5 decembre 1360, Jean II ecrit :
≪ Nous avons ete delivre a plein de prison et sommes franc et delivre a toujours (…). Nous avons ordonne et ordonnons que le Denier d'Or fin que nous faisons faire a present et entendons a faire continuer sera appele Franc d'Or ≫
[
4
]
. Le mot ≪ franc ≫ signifiant egalement ≪ libre ≫ (ou ≪ affranchi ≫), il est donc probable que le nom de cette nouvelle monnaie vienne de cette double signification. Un acompte de
400 000
livres (soit 1 161 kilogrammes d'or) fut verse et le roi put etre libere.
En
1365
, le
franc d'or
est frappe a l'image du nouveau roi
Charles V
. Sur une piece au poids identique, le monarque est represente a pied sous un dais. Cette piece est appelee par la suite le
franc a pied
. En 1437,
Charles VII
reduit le poids du franc a 3,06
g
d'or fin, et reprend l'image du roi a cheval. Le franc d'or, en poids et au change, est alors l'equivalent, a un demi-gramme pres, du
florin
, monnaie la plus importante en Europe.
Le 31 mai
1575
, le roi
Henri III
, en remplacement du
teston
, fait frapper un
franc d'argent
de 14,18
g
titrant
606
?
1 000
d'argent fin et valant 20 sols et 4 deniers, soit d'une valeur legerement superieure a la
livre tournois
. En meme temps, on frappe des subdivisions du franc : le
demi-franc
et le
quart de franc
. Cependant, il est decide que l'unite monetaire de compte du Royaume n'est ni la livre ni le franc, mais un
ecu d'or
valant 3 livres tournois. Puis, en
1586
, Henri III edicte une ordonnance interdisant la frappe des francs d'argent. Seules les subdivisions peuvent continuer a etre frappees. Cette decision est prise car les pieces sont souvent faussees pour recuperer un peu d'argent et tendent a etre confondues avec d'autres types de pieces.
Le roi
Louis XIII
fait emettre des demi-francs et quart de francs respectivement de 7,094
g
et 3,547
g
d'argent a
833
?
1 000
. Puis, Louis XIII decide de reformer le systeme monetaire en
1640
et le 23 decembre
1641
, la
Monnaie
frappe une nouvelle piece d'or a laquelle le roi donne son prenom : le
louis
d'or
. Le
louis d'argent
qui en decoule est appele
ecu blanc
. Le franc devient alors une monnaie desuete. Cependant, le terme ≪ franc ≫ reste vivace dans les esprits ; ainsi,
Moliere
,
Boileau
, dans leurs œuvres, emploient le mot ≪ franc ≫ pour ≪ livre ≫, ou encore
Madame de Sevigne
dans les lettres a sa fille.
La loi du
18
nivose
an
III
(
) permet l'emission des premiers
assignats
libelles en francs.
Suit la
loi du 18 germinal an III
(
), qui fixe la nomenclature definitive des nouvelles mesures republicaines (le metre, l'are, le stere, le litre, le gramme), debaptise la vieille
livre tournois
(rappelant trop la royaute) et decide que l'unite monetaire officielle de la France est le
franc
. Sa contenance est de 5 grammes d'argent. La loi confirme le
systeme decimal
qui avait ete impose par la loi du
adoptant le systeme metrique : un franc est subdivise en 10 decimes ou 100 centimes, mais les pieces prevues ne seront jamais frappees. Il faut attendre 1796 pour voir apparaitre les premieres pieces en franc.
Avec la loi du
28
thermidor
an
III
(
), le franc devient l'unite monetaire francaise. Elle va preciser les caracteristiques des nouvelles pieces d'argent. Elles auront pour type la figure d'
Hercule
unissant les figures allegoriques de l’Egalite et de la Liberte avec la devise ≪ Union et Force ≫. Le poids de la piece de un franc est fixe a 5 grammes d'argent au titre de neuf dixiemes (
900
?
1 000
), soit 4,5 grammes de metal pur, ce qui permet de retrouver un poids pratiquement egal a celui donne a la livre depuis la
reformation
de 1726 (4,505 16 grammes).
La loi du
25
germinal
an
IV
(
) donne les equivalences livre tournois/franc : la livre pese 4,505 16 grammes d'argent, et le franc 4,50 grammes d'argent fin. La livre est donc tres legerement superieure au franc, mais la loi dispose que la piece de 5 francs soit donnee et recue pour
5
livres 1 sou et 3 deniers. Le franc vaut donc officiellement
1
livre 0 sol et 3 deniers (inversement,
1
livre = 0,987 7 franc).
Ce qui peut sembler une escroquerie n'en est pas : une etude sur une importante quantite de livres tournois en circulation montrait que, du fait de l'usure, le poids moyen d'un ecu de
6
livres (la piece de 1 livre en argent n'existe pas) etait inferieur a 6 × 4,50 grammes d'argent et se situait a 93 % du poids theorique. A la longue, 1 livre sera egale a 1 franc (soit 20 sols = 100 centimes ou 10 decimes).
Cependant, la production de pieces ne suffit pas a repondre a la demande, le pays souffre d'un manque general de metaux (or, argent, mais aussi cuivre et bronze). Notamment, beaucoup d'
emigres
sont sortis de France avec leurs metaux precieux, la
thesaurisation
limite la circulation d'especes metalliques, la monnaie papier affiche des montants de plus en plus petits. Pour accelerer la mise en place de la nouvelle monnaie, deux mesures sont mises en place :
- la loi du
2
fructidor
an
IV
(
) decide que les pieces de
billon
de
Louis
XV
et des regnes anterieurs peuvent circuler pour 2 sous (10 centimes) mais en pratique le public ne les accepte que pour 1,5 sou.
- une campagne de recuperation des metaux est mise en œuvre : dons patriotiques, confiscation des biens des emigres, fonte de la vaisselle royale, fonte de l'argenterie et de l'orfevrerie des eglises et des abbayes, 30 000 cloches sont fondues.
Enfin, a partir de 1796, les
guerres
vont aussi permettre de faire venir des masses de metaux de toute l'Europe (45 millions de livres en 1796).
La loi des
16
-
17
floreal
an
VII
(
-
) renverse le principe de la primaute de la livre tournois, et impose d'evaluer les monnaies royales en francs et centimes quand bien meme elles seraient enoncees en livres/sous/deniers. Elle oblige les comptabilites et stipulations a etre etablies en francs a dater du
1
er
vendemiaire
an
VIII
(
). Elle donne les valeurs relatives des monnaies de la livre tournois, fixe le paiement des engagements, rentes, provisions, etc. Elle impose que les traitements des fonctionnaires, les impots, transactions, les actes entre les particuliers, les retraites soient exprimes en francs.
En
1800
, la
Banque de France
est creee.
La loi du 14 germinal an XI (4 avril
1803
) permet aux services de l'Etat de reprendre au poids les monnaies rognees ou alterees. L'arrete du 17 prairial An XI (
) publie un tarif de deux pages pour la reprise destinee a la refonte des monnaies d'or et d'argent de tous les pays d'Europe et de presque tous les pays d'Asie.
La loi du 17 germinal an XI (
) institue le
bimetallisme
selon un rapport d'echange entre l'or et l'argent de 1 or pour 15,5 argent (1 / 15,5) :
- 1 franc = 0,322 5
g
d'or a
900
?
1 000
, soit 0,290 25
g
d'or fin
- 1 franc = 5
g
d'argent a
900
?
1 000
, soit 4,5
g
d'argent fin.
L'argent revient a l'honneur : les pieces de ¼, ½, un franc, 2 francs, cinq francs, sont frappees dans ce metal. Mais sont aussi frappees pour la premiere fois des pieces de 20 et
40 francs
en or, d'ou l'appellation de ≪ franc-or ≫ qui s'imposera au milieu du
XIX
e
siecle.
La Banque de France devient l'institut d'emission privilegie, avec ses succursales. Elle fait aussi fabriquer des
billets de banque
en franc francais, qui cependant n'ont pas pouvoir liberatoire obligatoire
[
5
]
: jusqu'en 1914 un creancier peut exiger le reglement en especes (pieces d'or ou pieces d'argent de 5
F
).
Sous
Napoleon
I
er
, la France se constitue un vaste empire en Europe, et hors d'Europe, dans lequel le franc circule largement. La Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et le Nord de l'Italie y sont integres.
La loi du
decide de la demonetisation de toutes les pieces divisionnaires hors d’usage (
liard
,
sou
, pieces de 1, 5 et
10 centimes
frappees avant cette date), destinees a etre retirees de la circulation et remplacees par des pieces composees a 95 % de bronze, 4 % d’etain et 1 % de zinc, a savoir des pieces de 1, 2 (une nouveaute), 5 et
10 centimes
arborant le buste de
Napoleon
III
. Elle ouvre egalement un credit de
7,56 millions
de francs destine a financer des operations de retrait, de demonetisation des monnaies anciennes puis de fabrication et d’emission des nouvelles pieces ; le produit de la vente du metal permet meme de degager un benefice en regard des frais engages de
3,22 millions
, pour une operation s'etalant jusqu'en 1854
[
6
]
.
Le 23 decembre 1865 est creee l'
Union monetaire latine
, sous forme d'une association monetaire definissant les principes d'uniformite monetaire en matiere de poids, titre de metal et cours pour les monnaies de quatre pays (
France
,
Belgique
,
Suisse
et
Italie
) auxquels se joint la
Grece
en octobre
1868
. La baisse du titrage des pieces en argent, deja passe de 90 % a 83,5 % par la France, est generalise.
En 1871, le poids des pieces usuelles reste decimal, comme en 1848 ; il est le suivant
[
7
]
:
- pieces en argent (a 835
‰
)
- 20 centimes : 1
g
- un franc : 5
g
- deux francs : 10
g
- pieces en cuivre
- 1 centime : 1
g
- 2 centimes : 2
g
- 5 centimes : 5
g
- 10 centimes : 10
g
Le franc germinal ou franc-or est une monnaie tres stable jusqu'en
1914
, malgre les remous politiques qui erodent la confiance en la monnaie (1848, 1870-71) sans compter quelques scandales financiers ; cependant le franc accompagne le developpement du pays et de sa richesse pendant
125 ans
, jusqu'en
1928
et l'avenement du ≪ franc Poincare ≫.
En 1913, un lingot d'un kilogramme d'or fin a 997
‰
s'echangeait sur la place de Paris a 3 445
F
avec une prime moyenne de 0,05 % suivant les etablissements
[
8
]
.
En matiere de change, la valeur relative du franc francais pour l'annee 1912
[
9
]
s’etablissait comme suit :
Des
, avec l'entree en guerre, le franc francais cesse d'etre convertible en or : il a
cours force
. Les cours de change a taux fixe sont, durant le conflit, de moins en moins tenables et on assiste a la mise en place de changes flottants sur des marches monetaires paralleles. D'autre part, la
thesaurisation
s’accelerant durant le conflit, des moyens de paiement dits de necessite, gages en grande partie par les
Chambres de commerce
et les municipalites, se font jour.
Le financement de la
Premiere Guerre mondiale
fut tres lourd et pesa sur le franc, retardant le retablissement de sa convertibilite en or. Les depenses budgetees pour la guerre etaient evaluees a
20 milliards
de francs (le budget pour 1914 est de cinq milliards) : les depenses reelles furent de
140 milliards
. Seuls 15 % etaient couverts par l'impot (dont l'
impot sur le revenu
vote en 1914 et applique en 1916-1917). La part des depenses publiques dans le
PIB
est passee de 8,8 % en 1912 a 27,8 % en 1920
[
10
]
. On eut d'abord recours a l'augmentation de la masse monetaire : en 1914, il y avait six milliards de francs en circulation ; en 1919 :
25,5 milliards
. La Banque de France utilisa le stock d'or pour gager les premieres depenses a hauteur de 5 % a 8 % comme il etait d'usage. Cependant, l'encaisse-or diminua fortement du fait des transactions interbancaires et internationales. Une autre solution pour couvrir les frais de guerre fut l'emprunt : aupres de la population francaise sous forme de ≪ bons de la defense ≫ (
75 milliards
a court terme, mais toujours renouveles) et
25 milliards
en emprunts a long terme. Il y eut aussi des emprunts a l'etranger : un milliard
[
11
]
au
Royaume-Uni
et aux
Etats-Unis
. Tout cela entraina une
inflation
importante et une baisse du franc sur le marche des changes. En avril 1920, le franc avait deja perdu pres de 70 % de sa valeur vis-a-vis du dollar par rapport a la parite d'avant-guerre.
Entre 1919 et 1928, le gouvernement francais et une bonne partie de l'opinion estiment possible le retour du franc a sa valeur d'avant 1914. Cette ≪ illusion ≫
[
12
]
est en grande partie la cause du flou monetaire
[ref. necessaire]
dans lequel plonge la France durant les annees 1920 et retarde la devaluation, pourtant recommandee par les experts du Tresor.
Le
traite de Versailles
est a l'origine de ce jugement errone, car il prevoit dans le cadre des reparations de guerre le remboursement par l'
Allemagne
d'un montant de
132 milliards
de mark-or, dont une bonne partie a la France.
≪ L’Allemagne paiera ≫ devient un motif recurrent dans la presse, mais, en realite, 22 milliards seront rembourses, dont 9 a la France
[
13
]
. Par ailleurs, si l'Allemagne suspend effectivement ses remboursements au printemps 1922, elle les reprend en 1925. La
France
comptait sur ces reparations pour equilibrer son budget : de fait, le deficit reste important jusqu'en 1925 puis l'equilibre est atteint. Entre
et
, le franc se redresse meme face au dollar, revenant de 25
F
a 17
F
[
14
]
.
Entre-temps, pour obtenir le paiement,
Raymond Poincare
decide l'
occupation de la Ruhr
a partir de
pour aller chercher ≪ un gage productif ≫. La France est alors isolee diplomatiquement et sa monnaie est fragilisee, ce qui entraine la defaite electorale de Poincare. Par la suite, l'inflation s'emballe comme jamais auparavant : les prix doublent entre 1925 et 1926. Mais cette inflation, qui n'a rien a voir avec l'
hyperinflation
que venait de connaitre l'Allemagne, a un effet benefique sur le retablissement des comptes publics et le rapprochement entre la valeur reelle du franc et le niveau d’endettement national. En
, le franc connait une nouvelle attaque sur le marche des changes : face a la livre sterling et au dollar, il ne vaut plus qu'un dixieme de sa valeur d'avant-guerre
[
15
]
.
Le
, Poincare est rappele : il est a la fois president du Conseil et ministre des Finances. Se constitue un comite des experts, dirige par
Raymond Philippe
, a la tete de la banque
Lazard
et qui, en tant que
≪ […] premier associe nomme en dehors de la famille, responsable de la maison de Londres, […] joua un role essentiel dans le sauvetage du franc en 1926. En effet, apres plusieurs tentatives infructueuses qui lui ont fait perdre beaucoup d'argent, se heurtant a l'opposition de la Banque de France et des Rothschild, la banque Lazard parvient a faire accepter son plan par Raymond Poincare : gager l'or de l'institut d'emission pour emprunter des dollars afin de racheter du franc. En quelques jours, notre monnaie s'apprecie par rapport a la livre. ≫
[
16
]
. Par ailleurs, il est decide la creation de caisses d'amortissement chargees de la gestion de la dette de l'Etat, financees par des taxes sur le tabac et des loteries. Le franc se redresse et revient en decembre 1926 a 122 francs pour
1
livre sterling. Le gouvernement et la Banque de France visent alors la stabilisation de la monnaie a 120 francs pour
1
livre et restaurer ainsi la convertibilite en or. Peu avant la victoire d'un gouvernement d'union nationale dirige par Poincare en novembre 1928, le 25 juin
[
17
]
, on fait le choix de la
devaluation
. Le franc Poincare est alors mis en place : il vaut 1/
5
e
du franc germinal et represente 58,95 milligrammes d'or fin
[
18
]
. Cette devaluation met fin a l'illusion d'un retour au franc de la
Belle Epoque
.
Une nouvelle gamme de pieces de monnaie est alors frappee, des
pieces en argent de 10 et 20 francs
font leur apparition en 1929.
En matiere de change, la valeur moyenne du franc francais pour l'annee 1929 s’etablit comme suit :
- 1
livre sterling
= 125,00
- 1
dollar americain
= 25,00
- 1
reichsmark
= 6,05
- 1
franc suisse
= 5,00
- 1
lire italienne
= 1,39
[
19
]
- 1
franc belge
= 0,857
Le franc connait par la suite de nouvelles attaques sur le marche (1931, 1934) puis en 1936 et 1938, le gouvernement du
Front populaire
decide deux devaluations progressives de 35 et 25 % pour, entre-temps, abandonner en
, la convertibilite en or. A la veille de la guerre, le franc Poincare avait perdu 75 % de sa valeur depuis 1928.
En septembre 1939,
Paul Reynaud
met en place l'Office des Changes, afin d'eviter une fuite des devises ; en octobre, les pieces en argent et en nickel ? metal strategique ? sont demonetisees, et les billets de 5, 10 et 20 francs sont reintroduits, comme en 1914
[
20
]
.
Pendant l'
occupation allemande
, les billets destines aux armees et des pieces allemandes circulent sur le sol francais. En effet, peu avant l'
armistice
, le gouvernement allemand decide par l'arrete du 18 mai 1940 d'imposer via les Reichskreditkassen (
Caisses de credits
), la libre circulation d'un
reichsmark
destine aux troupes de la
Wehrmacht
sur le territoire francais occupe. Par ailleurs, le 17 mai 1940, l'Allemagne impose un taux de convertibilite entre le franc et le reichsmark de 20 contre 1, alors qu'il etait de 11 contre 1 en 1939
[
21
]
. Il est decide en outre que dans les regions du Nord-Pas de Calais, le
franc belge
peut circuler librement. En mars 1941, le franc est demonetise en
Alsace-Lorraine
et remplace par le reichsmark
[
22
]
.
Sous le regime de l’
Etat francais
de
a
, les monnaies sont changees : la devise de la
Republique francaise
≪
Liberte, Egalite, Fraternite
≫
est remplacee par
≪
Travail, Famille, Patrie
≫
et la
francisque de Vichy
remplaca les emblemes precedents, et seuls l'aluminium, le zinc, puis le fer (1944) furent utilises pour les pieces. Les pieces des Reichskreditkassen sont demonetisees le 30 avril 1941, et les pieces allemandes definitivement le 15 mars 1943 : Vichy retrouve ainsi une souverainete apparente en matiere d'emission monetaire, en realite sous controle allemand
[
23
]
. Dans ces conditions,
tickets de rationnement
,
troc
et
monnaies de necessite
font leur apparition : par exemple, un litre d'essence s'echangeait contre 200
g
de cuivre, un cube de bouillon contre 50 centimes ou un ticket de metro, etc., le tout pesant sur la circulation et la valeur du franc. Entre septembre 1939 et aout 1944, les prix sont multiplies par 2,76
[
24
]
. Sur les marches noirs francais, on voit le dollar atteindre 288
F
et la livre sterling 785
F
en aout 1944
[
25
]
.
En 1943, le
Comite francais de Liberation nationale
(CFLN) etabli a
Alger
reflechit a une reforme monetaire a mettre en œuvre des le debarquement en metropole. Son objectif devait etre double : d’abord, eviter que l’ancien occupant puisse perturber l’economie nationale par le biais de coupures qui lui seraient restees entre les mains ; ensuite, assainir la situation monetaire rendue potentiellement explosive par la masse de billets thesaurisee faute de biens a acquerir :
≪ c’est l’epoque ou l’on parle moins de l’or dans les bas de laine que des billets dans les lessiveuses ≫
[
26
]
.
A la
Liberation
les
Americains
, avec
l’AMGOT
, tentent d’imposer le ≪
billet drapeau
≫ (
≪
US Occupation franc
≫
)
[
27
]
. Mais le
general de Gaulle
, president du
Gouvernement provisoire de la Republique francaise
(GPRF), s’y oppose et fait retirer cette monnaie de la circulation a partir du
[
27
]
, la considerant comme de la
≪
contrefacon
≫
.
Cependant, des octobre 1943 en Corse liberee, des billets du Tresor fabriques a
Londres
et libelles en franc circulent. Ils seront egalement mis en circulation a partir de juin 1944 depuis la
Normandie
.
Du 4 au 15 juin 1945, le
Gouvernement provisoire
decide, sur les recommandations de
Rene Pleven
, ministre des Finances, d'echanger tous les billets d'un montant superieur a
50 francs
emis par le
regime de Vichy
contre de nouvelles coupures, a raison de
1 franc
contre
1 franc
, ce qui provoque la demission du ministre de l'Economie nationale,
Pierre Mendes France
, qui preconisait un echange a raison de
2 francs
contre
1 franc
, assorti d'un blocage des avoirs en banque, d'un blocage des prix et des salaires et de la creation d'un impot sur le capital, afin de retablir les equilibres financiers. De nouvelles pieces de monnaie sont aussi frappees.
Le
, la France ratifie les
accords de Bretton Woods
: la convertibilite en or est suspendue pour toutes les monnaies sauf pour le
dollar americain
, qui devient la monnaie de reference dans le cadre du
Fonds monetaire international
(FMI) et du
Gold Exchange Standard
. Toutes les monnaies du nouveau
systeme monetaire international
sont definies en dollar et seul le dollar est defini en or sur la base de
35 dollars
par
once d'or
fin. Le jour meme, le franc est devalue de 60 %. Le dollar s'etablit a
119,10 F
, soit pour un franc l'equivalent de 7,46
mg
d’or fin.
Le
, le franc est de nouveau devalue de 44,40 % par le gouvernement de
Robert Schuman
, cette mesure accompagnant le plan d'assainissement financier propose par le ministre des Finances,
Rene Mayer
, l'inflation ayant atteint 63 % en 1946 et 60 % en 1947. Le cours du dollar grimpe de 119 a
214 francs
[
28
]
. En 1949, le rationnement prend fin : suppression des tickets de rationnement sur le pain le
1
er
fevrier, des derniers tickets ? sur le sucre, l'essence et le cafe ? le
1
er
decembre. Le 20 septembre 1949, le franc est devalue de 22,27 % par le gouvernement d'
Henri Queuille
et le dollar americain depasse les
300 F
[Quoi ?]
. Il aura donc fallu pres de quatre ans au gouvernement pour reformer le franc depuis les reformes amorcees en juin 1945
[
29
]
. En effet, il est devenu transferable a l'etranger grace aux accords de paiement intraeuropeens signes en 1947, 1948 et 1949 dans le cadre de l'
OECE
, et la nouvelle devaluation ainsi que la reduction de l'inflation jusqu'en 1956 ? malgre la surchauffe inflationniste temporaire de juin 1950 au debut de l'annee 1952 ? permettent de maintenir pendant huit ans la parite du franc. Etonnamment, a partir de 1950, le franc francais fait de nouveau figure de
monnaie de reserve
: en realite, la livre sterling s'est affaiblie, le
plan Marshall
et un afflux de devises touristiques donnent a l'economie monetaire un regain de vitalite.
En matiere de change, la valeur moyenne du franc francais pour l'annee 1950 s’etablit comme suit
[
30
]
:
- 1 dollar
americain = 350
- 1 franc
suisse = 80,50
- 1 livre sterling = 980
- 1
Deutsche Mark
= 83,30
- 1
franc belge
= 7
- 1
lire italienne
= 0,56
Cependant, la poussee inflationniste de 1956-1957 et la crise de tresorerie de l'Etat consecutive a l'accroissement du deficit budgetaire conduisent
Felix Gaillard
, alors ministre des Finances, a effectuer une pseudo-devaluation (ou devaluation deguisee) de 20 % le 10 aout 1957. Le cours du dollar passe de 350 a 420 francs. Elle est legalisee le 23 juin 1958 par
Antoine Pinay
, ministre des Finances du dernier gouvernement de la
IV
e
Republique, celui de Charles de Gaulle
[
31
]
.
Revenu au pouvoir le
, le
general de Gaulle
decide de reformer la structure economique et constitutionnelle du pays, et confie a
Antoine Pinay
et a
Jacques Rueff
la mission de creer un ≪ franc lourd ≫. La convertibilite externe de la monnaie est retablie. En parallele, une nouvelle
devaluation
de 17,5 % du franc est decidee, la septieme depuis la
Liberation
, qui fait que le franc, par rapport au dollar americain, equivaut a 1,8 milligramme d'or - ce qui donne un dollar pour un peu plus de 400 francs
[Quoi ?]
[
18
]
. Le
voit l'adoption du
plan Pinay-Rueff
qui vise la creation du nouveau franc
[
32
]
,
[
33
]
. Appele
nouveau franc
, il equivaut a
100 ≪ anciens francs ≫
; ainsi un produit a 519 (anciens) francs coutera desormais 5,19 (nouveaux) francs, ou 5 francs et 19 centimes (division par 100). Le nouveau franc fut parfois appele
franc Pinay
et, plus rarement,
franc de Gaulle
. L'abreviation en etait ≪ NF ≫ et figurait sur tous les titres de paiement. Le
sont mis en circulation les nouvelles pieces et billets.
Avec cette reforme, de Gaulle et Pinay restauraient un franc de prestige, equivalant a 180
mg
d'or fin, soit 62 % du franc germinal. L'effet est sensible en matiere de change, ou la valeur moyenne du franc francais pour l'annee 1963 montre un retour a des cotations peu ou prou similaires a celles de 1913 ; les cours s’etablissaient comme suit
[
34
]
:
- 1
dollar americain
= 4,92
- 1
Deutsche Mark
= 1,236
- 1
livre sterling
= 13,85
- 1
franc suisse
= 1,141
- 1
florin neerlandais (gulden)
= 1,367
En
1963
, le nouveau franc est de nouveau appele ≪ franc ≫.
Entre 1963 et 1969, le franc connait une periode de relative stabilite. En 1967, un debut de surchauffe economique inquiete les autorites monetaires : on releve une legere augmentation de l'inflation, due notamment a la hausse du cout des matieres premieres et des metaux precieux. Les evenements du
printemps 1968
ne laissent pas le franc indemne : les capitaux s'evadent pendant les greves et, a la suite des
accords de Grenelle
, le niveau des salaires et celui des prix augmentent (spirale inflationniste salaires-prix), les importations aussi, alors que les exportations diminuent, tandis que le deficit budgetaire et les facilites de credit accordees aux entreprises alimentent la creation monetaire. Aussi, le
, le franc est devalue de 11,1 % (sa valeur est reduite de 180
mg
d'or fin a 160
mg
)
[
35
]
. Cette devaluation ameliore la competitivite-prix des produits francais a l'exportation, dans un contexte de forte croissance industrielle
[
36
]
. En revanche, le Deutsche Mark ayant ete reevalue en
, des
montants compensatoires monetaires
(MCM) sont instaures pour maintenir l'unicite des prix des produits agricoles a l'exportation dans le cadre de la politique agricole commune, si bien que les agriculteurs francais, taxes, ne tirent pas le benefice de la devaluation du franc de 1969. Mais, globalement, la balance commerciale de la France est excedentaire de 1970 a 1973. En 1970, a l'instar de la plupart des
pays occidentaux
[
37
]
, la France abandonne l'emission de pieces en argent de 5 francs pour la remplacer par un alliage en
cuivre-nickel
.
Le
,
Richard Nixon
, president des Etats-Unis, suspend la convertibilite du dollar en or (≪
Nixon Shock
(en)
≫). A l'issue des
accords de Washington
(en)
du
(≪
The Smithsonian Agreement
≫) ratifie par 10 Etats dont la France, les marges de fluctuation des monnaies par rapport au dollar au sein du
SMI
sont portees a ± 2,25 % (c'est le ≪ tunnel ≫ monetaire) et le dollar est devalue de 10 %. Le
, le
Serpent monetaire europeen
est cree par les accords de Bale afin de limiter les variations de change entre les monnaies des pays de la
CEE
: toutes les monnaies des pays signataires sont autorisees a varier les unes par rapport aux autres a la hausse comme a la baisse dans les limites de 2,25 %, ces variations ne pouvant s'effectuer, jusqu'a la devaluation du dollar de 1973, qu'au sein du ≪ tunnel ≫ instaure a Washington en
. Le Serpent monetaire europeen prefigure le futur
systeme monetaire europeen
(SME).
Le
premier choc petrolier
, en
, a un impact negatif sur le franc : l'inflation passe a deux chiffres, tandis que le cours du Deutsche Mark s'envole : entre 1969 et 1979, il gagne pres de 34 % par rapport au franc. Le gouvernement laisse le franc flotter a la baisse (il sort du serpent monetaire europeen le
et ne le reintegre que le
), puis quitte le ≪ serpent ≫ le
[
38
]
. En janvier 1976 sont signes les
accords de la Jamaique
qui mettent definitivement un terme au regime de change fixe et qui demonetisent l'or. Apres l'echec du serpent, le president de la Republique francaise,
Valery Giscard d'Estaing
, et le chancelier de la Republique federale d'Allemagne,
Helmut Schmidt
, sont a l'origine du
Systeme monetaire europeen
, qui entre en vigueur le
et qu'integre le franc. Comme le ≪ serpent ≫, il etablit une marge de fluctuation des monnaies participantes de ± 2,25 % entre un cours plafond et un cours plancher de part et d'autre d'un cours pivot. L'
ECU
, panier de devises formant une unite de compte utilisable pour les reglements entre les autorites monetaires de la CEE, est cree a cette occasion, prefiguration de la future monnaie europeenne. Le
poids du franc dans l'ECU
est alors de 19,8 %
[
39
]
.
Au debut des annees 1980, le franc connait trois devaluations dans le cadre du SME : en
de 3 % ; en
de 5,75 % ; puis en
de 2,25 %. En
, le cours du dollar americain, dope par des taux d'interet a deux chiffres, depasse pendant quelques jours les 10 francs. Ces devaluations du franc refletent, d'une part le haut niveau d'inflation en France, qui contraste avec celui constate en RFA, d'autre part les sorties de capitaux que provoque l'avenement d'un gouvernement d'Union de la gauche, enfin la perte de competitivite des secteurs de l'economie francaise exposes a la concurrence internationale (qui se traduit par l'accroissement du deficit de la balance commerciale). En
, la decision du gouvernement de
Pierre Mauroy
de maintenir le franc dans le SME et de donner la priorite a la lutte contre l'inflation incarne le ≪ tournant de la rigueur ≫ et se manifeste a travers la politique de
desinflation competitive
de
Pierre Beregovoy
. Globalement, le franc se stabilise sur les marches des changes, meme s'il est de nouveau devalue de 3 % le
, sous le gouvernement de
Jacques Chirac
, tandis que le Deutsche Mark et le florin neerlandais sont reevalues par rapport au franc le
.
Entre le mois de
et celui d'
, le SME subit une grave crise de change, dans un contexte de recession et de reunification allemande, qui pousse la lire, la livre sterling, puis la peseta et l'escudo a quitter le
mecanisme de change europeen
en etant fortement devalues, tandis que le franc est reevalue de 3,5 % le
. Le franc resiste aux attaques speculatives dont il est l'objet. Les marges de fluctuation des monnaies europeennes au sein du SME sont portees a ± 15 % le
.
Sur le marche des changes, le franc s'echangeait en 1995 aux cours suivants
[
34
]
:
- 1
dollar americain
= 5,15
- 1
deutsche Mark
= 3,38
- 1
livre sterling
= 7,88
- 1
franc suisse
= 4,08
- 1
florin neerlandais (gulden)
= 3,03
Le sort du franc est scelle par la ratification du
traite de Maastricht
en
1992
, prevoyant une monnaie commune geree par la
Banque centrale europeenne
. A partir du
le franc est remplace par l'
euro
dans le cadre des transactions bancaires (finance, cartes bancaires et chequiers). Le taux de conversion est fixe a : 6,559 57 FRF = 1 euro
[
40
]
,
[
41
]
.
Le
, les pieces et billets libelles en franc sont remplaces par leurs equivalents en euro
[
42
]
. Le franc francais cesse totalement d’etre une unite de compte avant que son
cours legal
soit suspendu le
[
42
]
.
La possibilite d'echange a la
Banque de France
est suspendue pour les pieces le 17 fevrier 2005
[
43
]
et pour les billets, le 17 fevrier 2012
[
43
]
. En trois ans, le ministere des Finances a ainsi recolte quelque 30 000 tonnes de pieces revendues pour etre fondues ce qui a rapporte 200 millions d'euros.
Au contraire de certains pays comme l'
Allemagne
, qui autorise sans limitation de duree les echanges des anciens billets et pieces, la France ne reprend plus les pieces et billets de son ancienne devise
[
43
]
. La Banque de France estime que pres de 3,9 milliards de francs ne seraient pas revenus dans ses caisses, soit 600 millions d'euros
[
44
]
.
Jusqu'au debut du
XX
e
siecle
, la piece de cinq francs etait encore couramment appelee ≪ piece de cent sous ≫ conformement a son equivalence avec la
livre tournois
de l'Ancien Regime. En effet, la piece de 5 centimes frappee des l'an 5 (1796) (10 grammes, 28 mm), etait proche en poids et mesure avec le dernier sol (sou) frappe en 1794 : par convention et en arrondissant, fut etablie une egalite entre 1 sol (12 deniers) et 5 centimes. Les autres unites etaient plus compliquees a convertir et ne se retrouvaient pas dans le nouveau systeme, le
liard
de 3 deniers etant a 1,25 centimes, l'ancien ecu de 6 livres a 5,92 F ou le louis d'or de 24 livres a 23,68 F
[
45
]
. La population etait tellement attachee au module de 1 sol qu'une premiere tentative a partir d'aout 1795 fut lancee, avec la frappe d'une piece de 5 g en bronze d'une valeur de 5 centimes mais qui echoua ; elle fut retiree precipitamment, remplacee par un module de 10 g, frappe a plus de 180 millions d'exemplaires entre 1796 et 1801. Dans la litterature, egalement jusqu'au debut du
XX
e
siecle
, sont employees des expressions comme ≪ 10 sous ≫ pour 50 centimes, ou ≪ 20 sous ≫ pour 1 franc. Le prix du ticket du metropolitain a Paris en 1900 etait de 15 centimes, et certains l'evaluaient a ≪ 3 sous ≫.
La piece de 20 francs en or est surnommee
≪ napoleon ≫
peu apres son introduction en l'an XI (1802-1803). Curieusement, elle conserve encore ce surnom dans sa cotation en bourse au
XXI
e
siecle
. Il est devenu rare que cette piece soit appelee ≪ louis d'or ≫. Sur le plan numismatique, le module de 20 francs en or n'a en realite connu que quatre types napoleoniens (Bonaparte premier consul et Napoleon Empereur, Louis-Napoleon prince-president et Napoleon III), soit a peine 35 annees d'emissions ≪ napoleoniennes ≫ en tout sur 113 annees de frappes traversees par d'autres regimes et types ; par ailleurs, aucune piece d'or francaise ne fut reellement emise pour une circulation effective apres 1914 (la 100 francs ne sortit pas des reserves), mais la
Banque de France
fit refrapper par la
Monnaie de Paris
le type Napoleon III laure et le
type Coq Marianne
dans un but strategique (pour peser sur le cours de l'or) et comme valeur de placement
[
46
]
.
Le nouveau franc fut souvent evoque sous le surnom de ≪ cent balles
[
47
]
≫ (cent anciens francs). A la longue, le terme
balle
evolua lui aussi vers le nouveau franc lui-meme ; ainsi ≪ 100 balles ≫ devint le billet de cent francs (nouveaux) ; ce dernier avait ete connu comme ≪ dix sacs ≫ (1 sac = 1 000 anciens francs). Un million d'anciens francs etait ≪ une brique ≫, une ≪ patate ≫ ou ≪ un baton ≫. Dans les annees 1980 et 1990, les termes ≪ kF ≫ (un
kilofranc
, soit mille francs) et ≪ MF ≫ (un
megafranc
, soit un million de francs) s'imposerent dans le monde de la finance et du management.
Avant le passage a la monnaie commune, le franc francais etait l'une des
monnaies de reserve
utilisees par les banques centrales etrangeres pour constituer des
reserves de change
: on remarque qu'entre 1970 et 1999, le pourcentage lie au franc reste relativement stable, quand celui du
deutschemark
profite en apparence d'un desengagement vis-a-vis du
dollar americain
et de la
livre sterling
[
48
]
.
Repartition des reserves de change depuis 1970
|
1970
|
1972
|
1976
|
1980
|
1982
|
1983
|
1984
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
USD
|
77,2 %
|
78,6 %
|
76,6 %
|
67,2 %
|
68,4 %
|
68,5 %
|
65,8 %
|
59,0 %
|
62,1 %
|
65,2 %
|
69,3 %
|
70,9 %
|
70,5 %
|
70,7 %
|
66,5 %
|
65,8 %
|
65,9 %
|
66,4 %
|
65,5 %
|
64,1 %
|
64,1 %
|
62,1 %
|
61,8 %
|
62,2 %
|
EUR
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
17,9 %
|
18,8 %
|
19,8 %
|
24,2 %
|
25,3 %
|
24,9 %
|
24,3 %
|
25,1 %
|
26,3 %
|
26,4 %
|
27,6 %
|
26,0 %
|
25,0 %
|
DEM
|
1,9 %
|
4,6 %
|
8,8 %
|
14,8 %
|
12,4 %
|
11,2 %
|
12,1 %
|
15,8 %
|
14,7 %
|
14,5 %
|
13,8 %
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
GBP
|
10,4 %
|
7,1 %
|
1,9 %
|
2,9 %
|
2,4 %
|
2,6 %
|
2,8 %
|
2,1 %
|
2,7 %
|
2,6 %
|
2,7 %
|
2,9 %
|
2,8 %
|
2,7 %
|
2,9 %
|
2,6 %
|
3,3 %
|
3,6 %
|
4,4 %
|
4,7 %
|
4,0 %
|
4,3 %
|
3,9 %
|
3,8 %
|
JPY
|
?
|
0,1 %
|
2,1 %
|
4,3 %
|
4,6 %
|
4,7 %
|
5,4 %
|
6,8 %
|
6,7 %
|
5,8 %
|
6,2 %
|
6,4 %
|
6,3 %
|
5,2 %
|
4,5 %
|
4,1 %
|
3,9 %
|
3,7 %
|
3,1 %
|
2,9 %
|
3,1 %
|
2,9 %
|
3,7 %
|
3,5 %
|
FRF
|
1,1 %
|
0,9 %
|
1,6 %
|
1,7 %
|
1,3 %
|
1,1 %
|
1,0 %
|
2,4 %
|
1,8 %
|
1,4 %
|
1,6 %
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
CHF
|
0,7 %
|
1,0 %
|
2,2 %
|
3,2 %
|
2,7 %
|
2,3 %
|
2,0 %
|
0,3 %
|
0,2 %
|
0,4 %
|
0,3 %
|
0,2 %
|
0,3 %
|
0,3 %
|
0,4 %
|
0,2 %
|
0,2 %
|
0,1 %
|
0,2 %
|
0,2 %
|
0,1 %
|
0,1 %
|
0,1 %
|
0,1 %
|
Autres
|
8,7 %
|
7,7 %
|
6,8 %
|
5,9 %
|
8,2 %
|
9,6 %
|
10,9 %
|
13,6 %
|
11,7 %
|
10,2 %
|
6,1 %
|
1,6 %
|
1,4 %
|
1,2 %
|
1,4 %
|
1,9 %
|
1,8 %
|
1,9 %
|
1,8 %
|
1,8 %
|
2,2 %
|
3,1 %
|
4,4 %
|
5,3 %
|
Sources :
1970?1984 : BRI (Banque des reglements internationaux) :
(en)
The evolution of reserve currency diversification, December 1986
1995?2010 : FMI (Fonds monetaire international) :
(en)
Currency Composition of Official Foreign Exchange Reserves
1999?2005 : BCE (Banque centrale europeenne) :
(en)
The Accumulation of Foreign Reserves
, Occasional Paper Series, Nr. 43
|
Plusieurs monnaies etaient liees au franc francais via des accords economiques et un
taux de change
fixe :
- ↑
Fr est utilise officiellement pour le
franc suisse
, certaines machines a ecrire disposaient d'une touche unique.
- ↑
Un caractere unique ? ? ? U+20A3 est disponible pour un symbole du franc francais, un F barre, qui a ete propose par Edouard Balladur, ministre de l’Economie, des Finances et de la Privatisation, dans
Un symbole pour le franc
, 17 mars 1988. Selon Yannis Haralambous,
Fontes et codages
, 2004,
p.
77, ce symbole n’a jamais ete utilise. Selon
(en)
Microsoft Typography | Latin 1- Monetary Symbol Design Standards
, certaines fontes ont une
ligature
Fr pour ce symbole.
- ↑
≪ Preliminaires de paix a Bretigny ≫
par Andre Larane (en ligne).
- ↑
≪ Naissance du franc ≫
par Andre Larane (en ligne).
- ↑
Jeanneney,
Monnaie...
,
p.
27.
- ↑
≪ Bineau (Jean-Martial) ≫
,
pp.
133-134
, sur
OpenEdition
.
- ↑
Crespy-Noher,
Washington et Napoleon
, Bordeaux,
(
lire en ligne
)
.
- ↑
Il suffit de diviser 1 000 grammes par l'equivalent du franc en or fin a savoir 0,29025, on obtient 3 445,30 francs.
- ↑
Tableaux de change publie dans la revue
Je sais tout
, janvier 1912.
- ↑
Jean-Charles Asselain
et al.
,
L’inflation francaise de 1922-1926
, Universite Montesquieu-Bordeaux IV, 2003.
- ↑
Cf. tableau comparatif dans
John Maynard Keynes
,
Les consequences economiques de la paix
, Gallimard, 1919.
- ↑
Jean-Charles Asselain (2003),
op. cit.
- ↑
≪
Le cout abyssal de la Grande Guerre
≫
[PDF]
, sur
tracesdhistoire.fr
, d'apres
Jean-Jacques Becker,
La France de 1914 a 1940
,
PUF
,
coll.
≪
Que sais-je ?
≫,
.
- ↑
Cf. Tabl. 11 dans Bertrand Blancheton,
≪ Dette, circulation et crise du franc de 1924-1926 ≫
, Universite de Bordeaux IV, s.d.
[PDF]
.
- ↑
Respectivement, les cotations moyennes indiquaient en
: 1
£
= 203
F
et 1
$
= 47
F
.
- ↑
Cite par Guy-Alban de Rougemont,
Lazard Freres : Banquier des Deux Mondes
, Fayard, 2010, chap. 17
(
ISBN
978-2213661254
)
.
- ↑
≪ Poincare execute le franc Germinal ≫
- Joseph Saves, Herodote.
- ↑
a
et
b
Petite histoire du franc
.
- ↑
Le cours de la livre sterling a Milan s'etablissait en 1926 a 90 lires.
- ↑
Rene Sedillot
,
Le franc enchaine. Histoire de la monnaie francaise pendant la guerre et l’occupation
, Paris : Sirey, 1945,
p.
114.
- ↑
Rene Sedillot,
op. cit.
, 1945,
p.
101-104
.
- ↑
Jerome Blanc,
Pouvoirs et monnaie durant la Seconde Guerre mondiale en France : la monnaie subordonnee au politique
, Universite Lumiere Lyon 2/LEFI, 2008,
p.
8-10
.
- ↑
Rene Sedillot,
op. cit.
, 1945,
p.
105-108
.
- ↑
Louis Baudin
,
Esquisse de l’economie francaise sous l’occupation allemande
, Paris : Medicis, 1945,
p.
127-129
.
- ↑
Rene Sedillot,
Le franc. Histoire d’une monnaie des origines a nos jours
, Paris : Sirey, 1953,
p.
335.
- ↑
Alfred Sauvy
,
La vie economique des Francais de 1939 a 1945
, Paris : Flammarion, 1978,
p.
168.
- ↑
a
et
b
(en)
Kelly Edwards et Steven Still,
≪
Dubious Liberators: Allied Plans to Occupy France, 1942-1944
≫
, ed. Ted Rall, sur le site rall.com, consulte le 18 janvier 2009.
- ↑
(en)
≪ Pleasant & Unpleasant ≫
, article du
Time
, fevrier 1948.
- ↑
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et al.
, ≪
Le probleme monetaire francais depuis la fin du deuxieme conflit mondial
≫,
Revue economique
, vol. 1-3,
p.
259-277
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- ↑
Claude Zarka, Emile Levy, ≪
Exigences et limites d'une devaluation du franc
≫,
Revue economique
, vol. 7-5, 1956,
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, consulte le 29 juin 2015].
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Ordonnance
n
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58-1341 du
NOUVEAU FRANC
.
- ↑
www.lesbilletsfrancais.fr
(site des franzosischen Schatzamtes).
- ↑
a
et
b
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, en ligne.
- ↑
Bulletin des C.E. 9/10-1969, point 20,
p.
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- ↑
Bertrand Blancheton et Christian Bordes, ≪ Debats monetaires autour de la devaluation du franc de 1969 ≫,
Revue europeenne des sciences sociales
, volume XIV-137, 2007,
p.
213-232
, consulte le 3 juillet 2015.
- ↑
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|
Protobillets
|
|
|
5 francs
|
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10 francs
|
|
20 francs
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|
25 francs
|
|
50 francs
|
|
100 francs
|
|
200 francs
|
|
250 - 300 francs
|
|
500 francs
|
|
1 000 francs
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|
5 000 francs
|
|
10 000 francs
|
|