Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, vicomte de Rochambeau
, ne le
a
Paris
et mort le
a
Leipzig
(
Allemagne
), est un
general
francais
.
Il est le fils de
Jean Baptiste Donatien de Vimeur de Rochambeau
, vainqueur de
Yorktown
, et de Jeanne Therese Tellez d'Acosta. Il sert pendant la
revolution americaine
en tant qu'aide de camp de son pere, dont il est le messager personnel aupres du
roi
Louis XVI
et commande un bataillon de grenadiers qui delogera le general anglais
Cornwallis
de son camp de Pigeon's Hill, l'obligeant a se refugier a Yorktown ou il sera assiege.
Lieutenant en second au
regiment d'artillerie de Besancon
le 5 aout 1769, il devient aide-major surnumeraire le 24 mars 1772, au
regiment d'Auvergne
. Le 28 juillet 1773, il prend rang de capitaine et le 24 mars 1774, il est nomme aide-major surnumeraire sans appointements au
regiment de Damas dragons
, puis il est reforme le 13 juin 1776. Colonel en second du
regiment de Bourbonnais-infanterie
le 22 janvier 1779, il embarque avec son pere pour l'Amerique en 1780. Il se trouve au
siege de Yorktown
ou il commande un bataillon de grenadiers qui force
Lord Cornwallis
a abandonner les redoutes et son camp de Pigeonshill. Il obtient a cette occasion l'esperance d'un regiment sans etre assujetti a l'anciennete de 6 ans de commission de colonel le 5 decembre 1781. Le 11 novembre 1782 il prend le commandement du
regiment de Saintonge
, et rentre en France avec son regiment et debarque a
Brest
le 12 juin 1783. Le
1
er
juillet 1783 Donatien-Marie-Joseph de Rochambeau devient colonel du
regiment Royal-Auvergne
, qui devient
18
e
regiment d'infanterie de ligne
, et le reste jusqu'en 1791. Il est fait
chevalier de Saint-Louis
avec une pension de
4 000
livres a compter du 5 aout 1783. Il est promu
marechal de camp
le 30 juin 1791, dans la
1
re
division militaire.
Depart pour la Martinique puis Saint-Domingue (avril-octobre 1792)
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]
Depuis 1789, la Martinique est dechiree entre le pouvoir officiel revolutionnaire qui evoluera graduellement vers la mise en question de l'esclavage, les Pierrotains soutenus par la
Guadeloupe
et les planteurs, partisans de l'esclavage et de la royaute. Rochambeau est acquis a la
Revolution francaise
qui l'envoie comme commandant des
Iles du Vent
. Ainsi, lorsque le 4 avril 1792 l'Assemblee nationale adopte la
Loi relative aux colonies et aux moyens d’y apaiser les troubles
qui eleve au rang de citoyen tout homme de couleur et ainsi que tout noir affranchi, elle envoie trois commissaires aux Iles du Vent pour faire appliquer cette loi
[
1
]
.
Leger-Felicite Sonthonax
et
Etienne Polverel
sont envoyes a Saint-Domingue, Rochambeau est designe pour la Martinique.
L'Assemblee coloniale de la Martinique emmenee par
Louis-Francois Dubuc
, l'homme fort de l'ile, s'oppose par la force au debarquement de Rochambeau et ses hommes arrives en rade de
Fort-Royal
en septembre 1792
[
2
]
. L'escadre doit quitter Fort-Royal et se diriger vers Saint-Domingue. Les commissaires civils de
Saint-Domingue
, Sonthonax et Polverel, le nomment alors gouverneur general de cette ile le 21 octobre 1792. A ce titre, il participe aux combats contre les esclaves revoltes.
En octobre 1792, quand la nouvelle de la suspension du roi par l’Assemblee nationale (le 10 aout) parvient en Martinique, l'Assemblee coloniale entre en dissidence ouverte. Les republicains abandonnent la colonie et se refugient a l'ile anglaise de la Dominique. Le
arrive le capitaine de vaisseau
Lacrosse
charge par la Convention de faire respecter le pouvoir de la Republique ; la guerre eclate. Lacrosse se rend a
Sainte-Lucie
d'ou il organise une veritable campagne de propagande en faveur de la cause republicaine qui porte ses fruits. Ville par ville, la Martinique se rallie et l'Assemblee coloniale doit s'incliner et reconnaitre la Republique le 9 janvier 1793.
Rochambeau revient a la Martinique le 3 fevrier 1793 prendre son poste de gouverneur. Il s'installe a Fort-Royal (actuelle
Fort-de-France
), qu'il rebaptise Fort-Republique ou Republique-ville, et dissout l'Assemblee coloniale. Il ferme tous les ports de la Martinique au profit de
Saint-Pierre
. Le 2 juillet 1793, il applique la loi concernant les biens des
emigres
pour proclamer la ≪ mise sous sequestre de tous les biens appartenant ≫ aux colons qui avaient pris les armes contre la Republique et avaient fui dans les Antilles anglaises. Cette attitude rigoriste ecarte du regime de nombreux planteurs qui etaient disposes a se rallier a la Republique. Certains emigrent et vont renforcer le parti des royalistes emigres a
Trinidad
.
Blocus anglais de la Martinique et retour en France
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]
Ces
emigres
tentent avec l'appui des Britanniques de reprendre la Martinique. Une premiere flotte britannique se presente le 7 mai 1793 devant
Case-Navire
, mais son action mal coordonnee n'aboutit pas. Rochambeau prend des mesures d'exception. Il embauche un grand nombre de gens de couleur dans son armee et meme d'esclaves noirs qu'il promet d'affranchir. Cependant, en fevrier 1794, la flotte britannique revient en force, 16 000 hommes sous les ordres du lieutenant-general
Grey
, et fait le blocus de la Martinique. Saint-Pierre est prise par les Britanniques le 16 fevrier, sans que l'abolition de l'esclavage decidee par la Convention le 4 fevrier n'ait pu entrer en vigueur.
Rochambeau s'enferme avec quelques hommes dans les forts de la Republique et de la Convention. Resolu a se defendre, il repousse les ultimatums des Britanniques et soutient un siege de 43 jours. Le 23 mars 1794, Rochambeau et ses hommes sortent de leur fort et recoivent les honneurs de la guerre. Rochambeau gagne les
Etats-Unis
et
Philadelphie
ou il a garde des amis. En realite, Donatien de Rochambeau a ete fait prisonnier par les Anglais et il sera echange durant l'ete 1795 grace a l'entremise de
Christophe Potter
, contre le general anglais
O'Hara
que Rochambeau pere avait vaincu lors du siege de
Yorktown
et qui se trouvait a la suite de la reprise de Toulon, emprisonne a Paris au Luxembourg puis a
Chantilly
.
,
[
3
]
.
Il y reste un an et demi a Philadelphie, jusqu'a ce qu'il obtienne un laissez-passer de l'ambassadeur de France le 30 octobre 1795. Il embarque a New-York le 23 novembre 1795 sur le navire americain
Ocean
, capitaine Vredemburgh et debarque au Havre le 21 decembre. Il a fait le voyage avec quelques passagers : Ricard, gouverneur de
Sainte-Lucie
, Dannery, consul de la Republique francaise a Boston,
Nicolas Baudin
(futur decouvreur d'une partie des cotes australiennes, cousin de Marie-Etienne Peltier), Jean-Baptiste Riviere de La Souchere, depute des colons refugies aux Etats-Unis, etc. Rochambeau est plus tard affecte a l'
armee d'Italie
, puis au Portugal sous les ordres du general Leclerc en 1801, au commandement militaire de la republique de
Ligurie
.
Fin 1801, il est nomme second du general
Charles Leclerc
pour l'
expedition de Saint-Domingue
chargee par
Napoleon Bonaparte
de reconquerir la
colonie
, dont les esclaves se sont
rebelles pour leur liberte
et ont proclame l'abolition en 1793.
Apres la mort de Leclerc atteint par la
fievre jaune
, il prend le commandement de l'armee et
≪ met en place une politique de terreur, qui est aussi une politique du massacre organise ≫
[
4
]
. Pour reprimer la revolte, Rochambeau et son predecesseur Leclerc avaient fait venir de Cuba des chiens (conduits par le vicomte de Noailles)
[
5
]
. Ces chiens
chasseurs d'esclaves
, parfois appeles
dogues de Cuba
, utilises dans les colonies iberiques pour retrouver les
esclaves en fuite
, avaient ete brievement utilises par les Anglais lors de la
revolte des esclaves de la Jamaique
(1795-1796), ce qui avait suscite une vague de reprobation. Les 300 ou 400 chiens que Rochambeau fit venir a Saint-Domingue ne lui furent d'aucun secours car ils attaquerent indifferemment tous les blesses, Francais aussi bien que rebelles et il fallut s'en debarrasser
[
6
]
,
[
7
]
. Le commandement de Rochambeau est egalement marque par la corruption et l'incompetence. Le 18 novembre 1803, il perd la
bataille de Vertieres
devant le general rebelle
Jean-Jacques Dessalines
[
8
]
.
En quittant
Saint-Domingue
, Rochambeau est capture par les Britanniques et envoye au
Royaume-Uni
en tant que prisonnier sur parole. Il est prisonnier pendant presque neuf annees a
Norman Cross
(en)
qu'il quitte le 8 decembre 1811. Echange en 1811, il regagne le chateau familial, ou il reprend la classification de la collection de cartes que son pere avait commencee. Il enrichit egalement les collections avec de nouvelles acquisitions, concernant en particulier les campagnes militaires de son fils, Auguste-Philippe Donatien de Vimeur, qui sert comme aide de camp de
Joachim Murat
et participe avec la cavalerie de Murat a la
campagne de Russie
en 1812.
Remis en activite le 7 janvier 1813, il commande la
4
e
division d'observation de l'Elbe sous le general
Lauriston
, il s'y couvre de gloire et est fait
baron de l'Empire
le 18 juin 1813. Officier de la
Legion d'honneur
le 25 septembre 1813, il est blesse au combat a Eichberg et est vainqueur a Siebenecken.
Mortellement touche pres du village de Prostheyda le 16 octobre 1813, lors de la
bataille des Nations
, il meurt quatre jours plus tard a
Leipzig
, a l'age de 58 ans.
Il a trois enfants avec Marie Francoise Eleonore de Harville de Trainel, fille de
Claude Jouvenel de Harville des Ursins, marquis de Trainel
, et petite-fille de
Thomas Goyon de Matignon
:
- Augustine-Eleonore nee le
, qui epouse en premieres noces Victor Emmanuel de Merle (1770-1842), comte de La Gorce. Veuve, elle se remarie le
avec son cousin germain, le marquis Alexandre Armand de Chasteigner du Rouvre (1785-1867). Morte en 1859.
- Constance-Therese nee le
, morte le
qui epouse Alexandre de Valon du Boucheron, comte d'Ambrugeac
- Philippe-Auguste
, ne le
, marquis de Rochambeau, pair de France, mort le
qui epouse : Elisa de Roques de Clausonnette, morte le
.
Les papiers personnels de Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, comte de Rochambeau notamment ceux relatifs a son expedition de Saint-Domingue sont conserves aux
Archives nationales
sous la cote 135AP
[
9
]
.
- ↑
Loi relative aux colonies et aux moyens d’y apaiser les troubles decretee le 28 mars et adoptees le 4 avril 1792
Texte integral
.
- ↑
L'Assemblee coloniale a accepte de promulguer la loi du 4 avril 1792, mais elle a refuse d’en appliquer l’article 1 qui prevoit la reelection de l'Assemblee coloniale de maniere a y integrer les gens de couleur. Abel Alexis Louis, L
es libres de couleur en Martinique des origines a 1815
, cf.
p.
382, note 3.
- ↑
Patrice Valfre,
C. Potter le potier revolutionnaire et ses manufactures de PAris, Chantilly, Montereau..., 2012, p. 143
, Bagneaux sur Loing, Miss Teapot,
, 378
p.
(
ISBN
978-2-917648-00-1
)
- ↑
Bernard Gainot, ≪ Sur fond de cruelle inhumanite ≫ ; les politiques du massacre dans la Revolution de Haiti, in La Revolution francaise, Cahiers de l’Institut d’histoire de la revolution francaise,
n
o
3, 2011.
- ↑
≪
Philippe Girard,
L'utilisation de chiens de combat pendant la guerre d'independance haitienne
, Napoleonica-La revue
≫
- ↑
Nicole Darne-Crouzille,
L'expedition Leclerc-Rochambeau, 1801-1803. Analyse de l’echec
, these de doctorat d’histoire, Universite du Maine, Le Mans, octobre 1986, volume 2,
p.
288.
- ↑
Exemple d'un ordre donne par Rochambeau au sujet de cette tactique :
≪ Je vous envoie, mon cher commandant, un detachement de la garde nationale du Cap, commande par M. Bari. Il est suivi de 28 chiens bouledogues. Ces renforts vous mettront a meme de terminer entierement vos operations. Je ne dois pas vous laisser ignorer qu’il ne vous sera passe en compte aucune ration, ni depense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des negres a manger.Je vous salue affectueusement, ≫
? Donatien Rochambeau.
5 avril 1803. Lettre au general Jean-Pierre Ramel, commandant de l’ile de la Tortue.
(cite in Victor Schœlcher,
Vie de Toussaint-Louverture
, editions Kartala, Paris, 1982,
p.
373.)
- ↑
Philippe Girard,
Ces esclaves qui ont vaincu Napoleon : Toussaint Louverture et la guerre d’independance haitienne
, Rennes,
Les Perseides
,
- ↑
Archives nationales
- Abel Alexis Louis,
Les libres de couleur en Martinique des origines a 1815
(L’entre-deux d’un groupe social dans la tourmente coloniale), these pour le doctorat en Histoire, universite des Antilles et de la Guyane (campus de Schœlcher), 2011, 790 pages.
- Bernard Gainot, ≪ Sur fond de cruelle inhumanite ≫ ; les politiques du massacre dans la Revolution de Haiti, in
La Revolution francaise
, Cahiers de l’Institut d’histoire de la revolution francaise,
n
o
3, 2011.
Texte integral
.
- Alejandro Enrique Gomez Pernia,
Le syndrome de Saint-Domingue
, (Perceptions et representations de la Revolution haitienne dans le Monde Atlantique, 1790-1886), these de doctorat en Histoire, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, 2010.
Texte integral
.
- Auguste Matinee,
Anecdotes de la Revolution de Saint-Domingue racontees par
Guillaume Mauviel
, (Eveque de la colonie, 1799-1804), Imprimerie d’Elie Fils, Saint-Lo, 1885, 151 pages.
- Alexandre Paul Marie de Laujon,
Precis historique de la derniere expedition de Saint-Domingue
(Depuis le depart de l'armee des cotes de France, jusqu'a l'evacuation de la colonie; suivi des moyens de retablissement de cette colonie), 2 volumes, Imprimerie Delafolie et Imprimerie Le Normant, 1805, 136 pages et 121 pages.
- Philippe-Albert de Lattre,
Campagnes des Francais a Saint-Domingue et Refutation des reproches faits au Capitaine-General Rochambeau
, Edition Locard, Arthus-Bertrand et Amand Koenig, Paris, 1805, 275 pages.
Texte integral
- Georges
Six
,
Dictionnaire biographique des generaux & amiraux francais de la Revolution et de l'Empire (1792-1814)
, Paris : Librairie G. Saffroy, 1934, 2 vol.,
p.
378-379
.
- Tugdual de
Langlais
(
pref.
Philippe Haudrere),
Marie-Etienne Peltier, capitaine corsaire de la Republique : (1762-1810
, Nantes, Coiffard,
, 239
p.
(
ISBN
978-2-919-33947-1
)
.
- Ressource relative a la vie publique
:
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopedie generaliste
: