Crise economique mexicaine

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La crise economique du Mexique de 1994?1995 , qui frappa durement l' economie mexicaine , debuta par une brusque devaluation du peso mexicain annoncee le , qui eut pour consequence un retrait massif des capitaux etrangers et un effondrement du cours du peso, entrainant des consequences desastreuses sur l'economie du pays, puis des repercussions dans le monde entier, en particulier en Amerique du Sud . Elle est egalement appelee erreur de decembre ( error de diciembre ) au Mexique, et ses consequences sont parfois nommees effet Tequila par les economistes.

Contexte [ modifier | modifier le code ]

La crise economique mexicaine de 1994 est causee par une conjonction de phenomenes, dont certains etaient alors anciens.

Dans les annees 1980, la revolution technocratique du pays porte ses fruits, et les valeurs mexicaines viennent alimenter le bull market de Wall Street. L'inflation passe de 180% en 1988 a 7% en 1994 et les reserves de change passent de 5 milliards en 1989 a 26 milliards en 1994. Le , l' ALENA fait entrer l'economie mexicaine dans la cour des grands, et les investissements internationaux innondent l'economie mexicaine [ 1 ] . Cela provoque des pressions a la hausse sur le taux de change du peso mexicain , qui entraine un deficit de la balance courante d'environ 8% du PIB. En plus de cela, l'ALENA exige une stabilite du taux de change peso- dollar permise par un peso fort [ 2 ] . La situation est favorable aux investisseurs, et la population mexicaine contracte un nombre croissant d'emprunts [ 3 ] .

Aussi, l'inflation erode petit a petit la competitivite mexicaine et les comptes exterieurs du pays se deteriorent, le deficit de la balance courante atteignant 8 % du PIB . L'economie mexicaine est alors fragilisee par une balance courante deficitaire de 28 milliards de dollars et une forte dependance envers les capitaux etrangers [ 4 ] .

En plus de cela, l'augmentation des taux directeurs par la Reserve federale des Etats-Unis debut 1994, dans le but de lutter contre l'inflation, provoque des retraits de capitaux du Mexique. Le voisin nord-americain aspire donc des capitaux de toute l'Amerique latine, qui viennent y chercher une remuneration plus attractive [ 3 ] .

L'ancrage fixe du peso mexicain au dollar etait, a terme, incompatible avec le niveau eleve de l'inflation au Mexique. Neanmoins, cet ancrage donnait l'illusion generale d'une garantie de change. Ajoute a la suppression d'obstacles structurels aux mouvements de capitaux, il provoque de 1990 a 1993 un afflux considerable de liquidites etrangeres dans l'economie mexicaine : plus de 90 milliards de dollars, lesquels viennent dollariser l'economie mexicaine et, surtout, nourrir un boom des credits bancaires au secteur prive , qui croissent de 25 % par an pendant la periode.

Declenchement [ modifier | modifier le code ]

Tous ces evenements combines provoquent une tendance a la baisse du taux de change du peso, qui perd en valeur. La Banque centrale mexicaine defend sa monnaie grace a ses reserves de change , qui s'epuisent des 1994. Les autorites laissent alors le peso se deprecier, mais se retrouvent a la merci d'attaques speculatives. Devaluer devient une necessite [ 3 ] .

La crise veritable est declenchee le par l'annonce soudaine de la devaluation du peso mexicain de 15 % les premieres semaines du mandat presidentiel d' Ernesto Zedillo [ 5 ] .

La crise est aussi connue en espagnol comme el error de diciembre (≪ la faute de decembre ≫), une expression que l'on doit au president Carlos Salinas de Gortari , ou comme la crise Tequila ou l' effet Tequila (espagnol : Efecto Tequila , portugais : Efeito Tequila ).

Crise et reactions [ modifier | modifier le code ]

A la suite de l'annonce de la devaluation, le cours du peso passe de 3,4 a 7,2 pour un dollar en une semaine [ 5 ] . Bill Clinton , president des Etats-Unis , proche voisin economique du Mexique, intervient pour stopper cette crise, et les Etats-Unis avec des organisations internationales, pretent 50 milliards de dollar US au Mexique une semaine apres le debut de la crise, dont 18 milliards via le FMI .

Debut 1995, 13 milliards de bons du Tresor arrivent a echeance, la majorite etant des Tesobonos (bons US-Mexique a taux de change fixe) qui deviennent plus couteux avec la baisse du peso. Par ricochet, les valeurs de la bourse bresilienne chutent de 25% entre janvier et fevrier 1995 [ 1 ] .

On peut considerer que cette crise fut en fait declenchee par une ≪ frappe preventive ≫ menee par la Fed, la Banque Centrale des Etats-Unis d'Amerique. En effet, Alan Greenspan , son president au moment des faits, a augmente le taux directeur car il prevoyait une hausse de l'inflation. L'ancrage du peso sur le dollar a donc explose [ 6 ] .

Consequences [ modifier | modifier le code ]

En 1995, le PIB mexicain diminue de 7 %.

Dans le cone Sud et au Bresil , l'impact de la crise mexicaine est egalement tres important.

En 1999, le Mexique implante un regime de ciblage de l'inflation pour anticiper les derives inflationnistes. La politique budgetaire du pays est devenue plus prudente. En 2008, la dette publique est redescendue a 40% du PIB, et la dette publique en devises 9% du PIB. La conjoncture economique permet egalement au Mexique de diversifier ses exportations et devenir moins dependant des aleas du prix du petrole [ 7 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. a et b Javier Santiso, ≪  Wall Street face a la crise mexicaine : Une analyse temporelle des marches emergents  ≫, sur Sciencespo.fr , (consulte le )
  2. Philippe Mabille, ≪  D'une crise du peso a l'autre  ≫, sur Les Echos , (consulte le )
  3. a b et c Yoann Brun , Lou Dumez , Matthias Knol et Fabrice Tricou , Monnaie et financement de l'economie , dl 2019 ( ISBN   978-2-35030-634-6 et 2-35030-634-8 , OCLC   1134989408 , lire en ligne )
  4. Daniel Bastien, ≪  Le Mexique est confronte a une serieuse crise de confiance  ≫, sur Les Echos , (consulte le )
  5. a et b Magdalena Le Prevost, ≪  CRISE DE 94 ? Un Noel cauchemardesque pour les mexicains  ≫, sur lepetitjournal.com , (consulte le )
  6. Patrick Artus, in Les incendiaires, 10 septembre 2007.
  7. ≪  Chapitre 1. Surmonter la crise financiere et le ralentissement macroeconomique  ≫, Etudes economiques de l'OCDE , n o  11,‎ ( lire en ligne )

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]