Un
camp de travail
est une forme de
camp de concentration
destine a la pratique du
travail force
voire de l'
esclavage
de masse.
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Les
camps de travail penitentiaires
sovietiques qui ont existe a l'
ere stalinienne
sont parmi les camps de travail les plus connus dans l'histoire. On y denombrait plusieurs millions de prisonniers. Situes essentiellement en
Siberie
, ils etaient connus pour leurs conditions climatiques extremes et tres dures.
Le terme exact pour les designer est :
Camp de travail penitentiaire
(en cyrillique : acronyme : ИТЛ ≪Исправительно-трудовой лагерь≫ ; en caracteres latins : ITL Ispravitelna-troudavoi lager). C'est une des categories de systeme penitentiaire et de ses etablissements, ayant existe en
URSS
.
Le terme de
Goulag
est souvent utilise en francais pour designer un ≪ camp correctionnel de travail ≫ ou un ≪camp de travail penitentiaire≫ , (en russe : Исправительно-трудовой лагерь). Il s'agit d'un abus de langage, l'appellation d'un tel camp etant eventuellement ≪camp du Goulag≫ mais pas Goulag. Le Goulag est un organisme central qui administre, organise. Il comprend plusieurs grandes categories administratives de lieux de travail force : les ≪camps de travail≫ et les ≪colonies de travail[2]≫ (pour les prisonniers de droit commun), mais encore les ≪
Camps speciaux (URSS)
≫ (en russe : ≪Особые лагеря≫), (pour les prisonniers politiques). L'examen des evenements intervenus dans un camp de ≪politiques≫
soulevement de Norilsk
montre bien l'importance de la distinction entre ces differents camps : les ≪politiques≫ etaient traites differemment : regime de peines plus longues, conditions de vie plus severes. Ils reagissaient aussi differemment au traitement qui leur etait impose. Les groupes de ≪droit commun≫ et les ≪politiques≫ etaient souvent en conflit ce qui necessitait leur separation.
Le 11 juillet
1929
par decision du
Conseil des commissaires du peuple (URSS)
≪Sur l'utilisation du travail des prisonniers criminels de droit commun≫ furent creees deux structures paralleles des lieux de privation de liberte : l'une sous la direction du
Guepeou
central d'URSS (en abrege GPOU et OGPOU pour la direction generale des differents GPOU des differentes republiques)(ОГПУ СССР), et l'autre sous la direction du
NKVD
[НКВД), la police politique. La base de la premiere structure se composait de camps de travail correctionnel pour des condamnations et privation de liberte de plus de trois ans, et la seconde incluait les camps avec privation de liberte jusqu'a trois ans maximum. Pour assurer l'entretien de ces camps furent organisees des colonies agricoles et industrielles appelees colonies penitentiaires (Ispravitelna-troudovaia kolonia ; acronyme : ITK ; en russe : ИТК).
Suivant la decision du
Comite central du Parti communiste de l'Union sovietique
(ЦК КПСС) et du
Conseil des ministres de l'URSS
n° 1443?719с du 25 octobre
1956
tous les camps de travail penitentiaires du Ministere des affaires interieures de l'URSS devaient dependre des ministeres des affaires interieures des differentes republiques federales et par consequent etre reorganises en colonies penitentiaires dans l'ITK-ИТК c'est-a-dire les ≪Colonies de travail penitentiaires≫
[
1
]
.
Les prisonniers des camps de travail penitentiaires (ITL) prirent part dans une proportion importante a la construction de canaux, de routes et d'autres realisations dans la
Region du Nord (Russie)
, l'
Extreme-Orient
, et dans d'autres regions.
L'organisme central qui gerait ces camps de travail etait le
Goulag
.
Des camps de travail ont ete etablis a
Blangy-sur-Bresle
au lieu-dit ≪ Les Tranchees ≫, a
Saigneville
et dans la
foret de Crecy
afin de faire travailler les
coolies
, paysans chinois exploites sous contrat, pendant la Premiere Guerre mondiale. Interdits de contacts avec la population francaise, ils sont sous surveillance de soldats britanniques ou francais. Ils seront ensuite envoyes dans les tranchees comme simples ouvriers, les contrats signes avec l'imperatrice
Cixi
interdisant de les utiliser dans le conflit. Plus de 20 000 meurent en Europe, environ 800 sont enterres au
cimetiere chinois de Nolette
.
Buchenwald 1945
Des camps de travail, appeles
camps de concentration
, ont ete crees par les
nazis
durant la
Seconde Guerre mondiale
. Ils etaient destines a
exploiter la main d'œuvre
constituee par les prisonniers, d'abord exclusivement de droit commun, puis politiques et juifs, mais jamais des
prisonniers de guerre
que la
Convention de Geneve
interdisait de faire travailler.
L'objectif de ces camps etant, comme pour le
Service du travail obligatoire
(STO), de remplacer les hommes massivement mobilises dans l'armee, en particulier pour la production de guerre, et d'en tirer un maximum, quitte a les faire mourir a la tache, ce qui rapproche ces camps des
camps d'extermination
.
Les camps de travail, comme
Auschwitz
, melangeaient des prisonniers de toutes categories qui n'etaient differenciees que par le
systeme de marquage
de leur tenue de bagne.
D'autres etaient reserves aux Juifs, comme le
Judenlager des Mazures
, dans les
Ardennes
de
France
et dont tous les Juifs avaient ete emmenes de force depuis
Anvers
(
Belgique
). Son histoire est arrachee a l'oubli depuis des recherches entamees en
2002
. Les jeunes filles etaient aussi contraintes au travail dans les Ardennes.
Il existait aussi des camps de travail pres des
camps de concentration
, tel celui de
Bobrek
pres du complexe d'
Auschwitz-Birkenau
, dont est sortie
Simone Veil
, ou le travail etant accompli a l'interieur, les conditions de vie etaient moins rudes que dans le camp principal.
Selon une etude conjointe de plusieurs historiens dont Zhifen Ju, Mitsuyoshi Himeta, Toru Kibo et
Mark Peattie
, plus de dix millions de civils chinois furent mobilises de 1935 a 1945 par la
K?a-in
(Agence de developpement de l’Asie orientale) pour le travail force au
Manchukuo
[
2
]
.
D'autre part, selon des documents retrouves a la librairie du
Congres des Etats-Unis
on estime qu’a
Java
, entre quatre et dix millions de
romusha
(travailleurs manuels) furent forces de travailler pour les militaires japonais
[
3
]
. Pres de 270 000 de ces travailleurs javanais furent envoyes vers d’autres regions de la
Sphere de coprosperite de la grande Asie orientale
. Seuls 52 000 furent finalement rapatries a Java, ce qui laisse entendre que le taux de mortalite fut de 80 %.
Dans le territoire des actuelles
Thailande
et
Birmanie
, les
Japonais
ont aussi utilise des civils et des prisonniers de guerre, particulierement des
Britanniques
, des
Australiens
et des Indiens, dans des conditions de survie a peine imaginables, pour construire la
Voie ferree de la mort
. Ces camps de travail ont ete rendus celebres par l'œuvre de
Pierre Boulle
,
Le Pont de la riviere Kwai
, et plus recemment et de facon plus realiste dans le film
Chungkai, le camp des survivants
de
David L. Cunningham
.
Au
XXI
e
siecle
, il existe toujours des camps de travail dans quelques pays, comme la
Chine
(voir la
Liste des laojiaos en Republique populaire de Chine
), la
Russie
[
4
]
et la
Coree du Nord
(voir
Kwanliso
).
En
France
, les
bagnes
ont ete abolis en 1938. En
Hongrie
, le gouvernement veut mettre en place des camps de travail force, surveilles par des policiers, pour les personnes beneficiant des aides sociales
[
5
]
.
- Anne Applebaum (trad P.-E. Dauzat)
Goulag, une histoire
,
coll.
≪
Folio histoire
≫, Gallimard, 2003
(
ISBN
978-2-07-034872-5
)
- Peter Gaida, ≪ Le travail en temps de guerre ≫, in: Robert Frank/Aylan Aglan (dir.),
1937-1947. La guerre-monde II
, Paris, Gallimard 2015, tome 2,
p.
1920-1971
- ↑
М. Б. Смирнов, С. П. Сигачев, Д. В. Шкапов Система мест заключения в СССР. 1929?1960
- ↑
Zhifen Ju,
Japan's atrocities of conscripting and abusing north China draftees after the outbreak of the pacific war
, 2002,
http://www.fas.harvard.edu/~asiactr/sino-japanese/minutes_2002.htm
- ↑
Library of Congress, 1992, "Indonesia: World War II and the Struggle For Independence, 1942-50; The Japanese Occupation, 1942-45"
.
- ↑
≪
L'inhumanite des camps penitentiaires russes
≫,
RFI
,
(
lire en ligne
, consulte le
)
.
- ↑
Laurence Estival, ≪
La Hongrie met en place des camps de travail obligatoire
≫, sur
myeurop.info
,
(consulte le
)
.