Informations generales
Date
|
et
|
Lieu
|
Marignan
, a 16
km
au sud-est de
Milan
en Italie
|
Issue
|
Victoire
franco
-
venitienne
decisive
|
Forces en presence
2 500 cavaliers
30 000 fantassins
|
200 cavaliers
22 000 a 30 000 fantassins
|
Pertes
5 000 tues
[
1
]
Nombre de blesses inconnu
|
10 000 tues
[
2
]
Nombre de blesses inconnu
|
Guerres d'Italie
Batailles
- Genes (mai 1515)
- Marignan
(13 - 14 septembre 1515)
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La
bataille de Marignan
(
Marignano
en
Italie
, aujourd’hui
Melegnano
, ville a 16
km
au sud-est de
Milan
) eut lieu les
et
et opposa le roi de
France
Francois
I
er
et ses allies
venitiens
aux
mercenaires suisses
qui defendaient le
duche de Milan
.
La bataille de Marignan est l’un des episodes des
guerres d'Italie
commencees par
Charles
VIII
en
1494
afin de controler le duche de Milan.
Premiere victoire du jeune roi
Francois
I
er
, acquise des la premiere annee de son regne, elle fit environ 16 000 morts en seize heures de combat
[
3
]
.
Les guerres d’Italie furent une suite de conflits menes par les
souverains francais
en
Italie
au cours du
XVI
e
siecle pour faire valoir leurs droits hereditaires sur le
royaume de Naples
, puis sur le
duche de Milan
. En effet, le royaume de Naples jusqu’en
1442
etait aux mains de la
maison d’Anjou
, maison cadette des
Capetiens
. A cette date, l’
Aragon
avec le roi
Alphonse
V
en prit le controle. La maison d’Anjou essaya alors sans relache d’en reprendre possession. Son dernier representant,
Rene d’Anjou
, mourut en
1480
: ses droits sur le royaume de Naples passerent alors au
royaume de France
, sur lequel regnait
Louis
XI
, puis, a partir de
1483
,
Charles
VIII
. En
1486
, certains barons du royaume de Naples, restes fideles aux Angevins, se revolterent. Vaincus, ils se refugierent en France. Les monarques francais essayerent alors de faire valoir leurs droits pendant pres de soixante ans.
Au tournant du
XVI
e
siecle
, les Suisses
[
4
]
opererent militairement pour leur propre compte ou dans le
service mercenaire
dans une Italie du Nord affaiblie et morcelee. En 1495, ils permirent au roi
Charles
VIII
de triompher des Milanais et des Venitiens a
Fornoue
. En
1499
, les Suisses passerent une alliance de dix ans avec le roi de France en vertu de laquelle celui-ci pourrait prendre 5 000 mercenaires a son service. Grace a ces mercenaires,
Louis
XII
conquit le duche de Milan et en expulsa son maitre,
Lodovico Sforza
, dit le More.
Toutefois, comme le Roi de France ne s’acquittait pas de la solde promise, les Suisses mecontents changerent de camp et les Francais s’en allerent, sans meme livrer bataille, permettant le retour de Sforza.
Louis
XII
revint avec 15 000
mercenaires suisses
engages au prix fort contre la volonte de la
Diete de Zurich
. Ainsi, des mercenaires suisses firent face a d’autres mercenaires suisses. A la suite d'une intervention de la Diete et des tractations entre les camps, le combat fratricide fut empeche, et
Louis
XII
recupera les territoires perdus.
A la suite d'un nouveau differend entre
Louis
XII
et les cantons d’
Uri
,
Schwyz
et
Unterwald
portant sur
Bellinzone
que ces derniers revendiquaient, 14 000 Suisses marcherent sur
Arona
ou le roi de France renonca formellement a ses exigences par le traite de
1503
.
Les territoires du Milanais aux mains du roi de France continuaient a susciter les convoitises. Lorsque l'alliance de dix ans entre le roi de France et les Suisses arriva a son terme (
1509
) et que celui-la montra son desinteret vis-a-vis de ses anciens allies, le pape
Jules
II
par l'intermediaire de l’
eveque de Sion
,
Matthieu Schiner
, convainquit les Suisses de rallier sa cause contre une forte solde et des pensions annuelles (
1510
). Fort de cette alliance, le pape ouvrit les hostilites contre le roi. En
1511
, les Suisses marcherent sur Milan que les Francais abandonnerent sans livrer bataille. En
1512
, 24 000 Suisses sous les ordres du commandant en chef
Ulrich von Hohensax
, qui s'etait particulierement distingue lors de la
guerre de Souabe
[
5
]
, se rallierent aux Venitiens en
Lombardie
, egalement allies au pape, et prirent une ville apres l'autre aux Francais qui tombaient entre leurs mains sans resistance, a l'exception de
Pavie
qui necessita un siege de courte duree avant de capituler. Il ne fallut que quelques semaines pour chasser les Francais d'Italie.
Avec l'appui des Suisses,
Maximilien Sforza
se fit remettre Milan (
). En contrepartie, les Suisses obtinrent la vallee de la Maggia, de Locarno, Lugano, Mendrisio, Bormio, la Valteline, Chiavenna.
Des le
,
Louis
XII
tenta de recuperer le Milanais. Une premiere tentative dirigee par
La Tremoille
se solda par un echec. Les troupes francaises manquerent de prendre
Novare
defendue par les Suisses. Apres une
bataille
qui couta la vie a 1 500 Suisses et 6 000 Francais, les troupes francaises prirent la fuite.
Alors que les campagnes d'Italie conferaient un enorme prestige a la Suisse, des tensions internes apparaissaient entre certaines grandes familles suisses qui continuaient a percevoir des rentes du roi de France pour le service etranger et le peuple qui n'en tirait que peu d'avantages.
A la suite d'une fausse nouvelle de defaite des Suisses a Novare, la Suisse envoya 30 000 hommes faire le
siege de Dijon
, defendue par La Tremoille, qui fut force de negocier leur depart. Par le
traite de Dijon
du
, il promit une indemnite de guerre de 400 000 couronnes et 20 000 ecus. Cependant,
Louis
XII
refusa de reconnaitre la dette, empechant une conclusion de paix entre les deux pays.
Le lancement de la cinquieme guerre d'Italie
[
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|
modifier le code
]
Louis
XII
mourut le
alors qu'il preparait une nouvelle campagne. Son successeur,
Francois
I
er
, affirma ses pretentions sur le
Milanais
des le debut de son regne, en faisant valoir les droits de sa femme
Claude
, heritiere des Orleans, et donc de
Louis
XII
. Afin d'y parvenir, il obtint le soutien de Venise mais manqua d'obtenir celui des Suisses, exigeant toujours les indemnites promises lors de la prise de Dijon avant toute regularisation des relations
[
6
]
,
[
7
]
. Dans une ultime tentative de conciliation, le jeune roi francais se declara dispose a honorer la dette de Dijon a condition de recuperer le Milanais. Sous l'influence de Schiner et la predominance des cantons anti-francais, la proposition fut repoussee par les Suisses
[
8
]
.
Devant l'echec de la diplomatie,
Francois
I
er
rassembla une armee de 50 000 hommes. Pour financer ses depenses militaires, le roi augmenta l'impot et fit des emprunts, car il lui fallait acheter la neutralite d'
Henri
VIII
d'Angleterre
mais aussi celle de Charles de Gand, futur
Charles Quint
. Quatre cents kilos d'
or
, 150 000
ecus
allerent a la garnison suisse. En l'absence du
roi
, sa mere,
Louise de Savoie
assura la
regence
.
L'armee de
Francois
I
er
fut placee sous le haut commandement du Connetable
Charles
III
de Bourbon
, de
La Tremoille
,
Jacques de Trivulce
,
Lautrec
,
Bayard
et
Robert
III
de La Marck de Bouillon
[
9
]
, base strategique arriere
Anthoine Du Prat
, Chancelier de France. Composee de
nobles
francais,
arquebusiers
et
arbaletriers
gascons
et navarrais,
lansquenets
allemands et mercenaires des
Pays-Bas
(la ≪
bande noire
≫), l'armee francaise comprenait plus de 22 000 lansquenets allemands ; 2 500 cavaliers lourdement armes des compagnies d'ordonnance qui perpetuerent les pratiques et usages du chevalier medieval ; vingt compagnies de Navarrais, Basques et Gascons (10 000 hommes), aux ordres du general basco-navarrais
Pedro Navarro
; 8 000 fantassins francais et 3 200 sapeurs ou charpentiers ; une artillerie de 69 grosses pieces (
couleuvrines
, serpentines) ; un important train des equipages, sous le commandement de
Galiot de Genouillac
, senechal d'Armagnac
[
10
]
.
De mai a aout, 32 000
Suisses
avaient fait mouvement vers
Suse
,
Pignerol
et
Saluces
pour empecher le passage des
Alpes
par les Francais. L'infanterie des
Confederes
s'articulait en trois corps : l'avant-garde constituee d'arbaletriers et d'arquebusiers (au role encore limite car leur arme a feu etait encore peu precise et de faible portee) qui servaient a renseigner le commandement sur la position de l'ennemi ; le corps de bataille forme de
piquiers
disposes en carre
[
N 1
]
, proteges a l'exterieur par des
hallebardiers
et des arquebusiers, la fonction principale des piquiers etant de repousser les charges de la cavalerie ennemie ; l'arriere-garde compte d'autres arquebusiers prets a intervenir parmi les reserves generales et habituellement appeles a executer un mouvement tournant ou enveloppant
[
11
]
. Les Suisses etaient conduits par leurs meilleurs generaux Werner Steiner de Zoug, Hugues de Hallwyl et l'avoyer de Watteville de Berne
[
12
]
. Le commandant en chef des troupes suisses, Ulrich von Hohensax, qui les avait conduits a la victoire lors des precedentes campagnes d'Italie etait retenu par la maladie
[
13
]
.
Au
printemps
1515
,
Francois
I
er
ordonna la concentration des troupes a
Grenoble
, sous la supervision de Bayard,
lieutenant general
du
Dauphine
. En
, les troupes francaises firent mouvement sur
Genes
et occuperent la ville. Alarmee par les evenements, la Diete suisse commenca par envoyer 8 500 hommes vers Novare rejoindre Schiner, devenu cardinal, et fit occuper les cols des Alpes du Piemont ou l'armee francaise etait attendue.
Solidement etablis a
Suse
, les Suisses tinrent la route habituelle du
Mont-Cenis
. L’armee francaise d'environ 63 000 personnes, y compris les chevaux et l’artillerie (60 canons de bronze) avec l’aide technique de l’officier et ingenieur militaire
Pedro Navarro
qui utilisait pour l'une des premieres fois des explosifs pour elargir les chemins de montagne, franchit les
Alpes
par une route secondaire, contournant les troupes suisses au sud par le
col de l'Argentiere
(
Colle della Maddalena
en italien, un sentier a peine praticable par des chevriers ; trois mille sapeurs y ouvrirent a la fin
un chemin carrossable), ou, du
au
, en cinq jours, passerent environ 30 000 fantassins, 9 000 cavaliers, 72 gros canons et 300 pieces de petits calibres
[
14
]
. Les Suisses se replierent alors sur Milan. Apres quelques combats d'arriere-garde en
a
Villafranca Piemonte
,
Chivasso
et sur la
Doire Baltee
ainsi que l'envoi d'un contingent de 15 000 hommes supplementaires, les Suisses comptaient 45 000 hommes repartis entre
Varese
,
Monza
et
Domodossola
, plus la garnison de Milan. Dans la plaine du
Piemont
, une partie de l’armee suisse prit peur et proposa, le
a
Gallarate
, de passer au service de la France
[
15
]
.
Une campagne efficace de propagande francaise, visant a dissuader les cantons suisses de poursuivre les hostilites, entraina le mecontentement parmi les troupes suisses et des differends parmi les chefs, permettant en meme temps une poussee sur toute la partie occidentale du Milanais par les Francais. Une serie de pourparlers furent engages en
(pourparlers de Gallarate), lors desquels
Francois
I
er
offrit encore davantage de concessions aux Suisses pour qu'ils renoncent a leurs pretentions, aboutissant meme au
traite de Gallarate
(
) qui finalement ne fit que consacrer la dissension entre les Confederes souffrant de l'absence d’un chef unique.
Les Francais se mirent a negocier directement avec le pape derriere le dos des Confederes. Le duc de Milan tardait a verser la solde et les vivres venaient a manquer. Apres la signature de ce traite qui divisa encore un peu plus les Confederes, les
Bernois
,
Fribourgeois
,
Valaisans
et
Soleurois
, peu enclins a se battre pour un commanditaire qui tardait a assumer ses obligations, rentrerent en Suisse, ce qui representait le depart de 10 000 Confederes
[
15
]
,
[
9
]
,
[
16
]
.
Devant l'echec des negociations et la division des troupes suisses,
Francois
I
er
fit mouvement en direction de Milan et etablit son camp pres de Marignan. Les Zurichois et les Lucernois, se sentant lies par le traite de Gallarate, recurent l'ordre de leurs gouvernements respectifs d'accepter une paix honorable. Uri, Schwyz, Unterwald et Glaris refuserent de battre en retraite. Ceux parmi les Suisses qui etaient restes a Milan se laisserent entrainer au combat sur l'insistance du cardinal Schiner. Quelque 20 000 Suisses (jusqu'a 30 000 selon P. de Valliere) disposant de 8 canons et 1 000 arquebusiers devaient faire face a plus de 30 000 Francais equipes de la plus belle artillerie de siege de l'epoque
[
17
]
,
[
18
]
,
[
19
]
. La plaine maraichere irriguee etait ensoleillee.
Craignant le depart des dernieres troupes des Confederes sans livrer bataille contre les Francais, le cardinal Schiner choisit de provoquer la bataille par la ruse devant Milan. Il envoya, avec la complicite secrete de certains capitaines suisses dont Winkelried (a ne pas confondre avec
Arnold Winkelried
), la garde ducale et des cavaliers pontificaux provoquer la cavalerie francaise.
Le jeudi
, aussitot le combat engage, les cavaliers du pape revinrent appeler les troupes suisses a l'aide. Celles-ci, avec Schiner a leur tete, se mirent immediatement en route et sortirent de la ville de Milan pour affronter l'ennemi. Une fois hors de la ville et constatant la tromperie
[
N 2
]
, La Tremoille et de Fleuranges s'etant replies apres la legere escarmouche, de Winkelried soi-disant en grand danger se reposant en toute quietude, apres un moment de confusion, on decida neanmoins de poursuivre. Les hommes se jeterent a genoux pour prier le Seigneur suivant l'usage de leurs peres et se mirent en marche
[
20
]
,
[
21
]
,
[
22
]
.
Le combat s'engagea. Les Confederes durent faire face au feu de l'artillerie francaise ainsi qu'aux cavaliers commandes par Bourbon, Guise et Gaillards qui les attaquaient par le flanc. Le premier choc avait completement enfonce la premiere ligne de l'armee francaise qui se reforme soutenue par la cavalerie, elle-meme confrontee aux difficultes du terrain et aux piques suisses.
Francois
I
er
, en personne a la tete de la cavalerie et des lansquenets allemands, ordonna une attaque generalisee contre les Suisses. Un combat furieux s'engagea pendant lequel tomba Jacques, fils aine de
Jean
IV
d'Amboise
, Francois du Bourbon, le fils du general Trivulcese se fit capturer, et le chevalier sans peur
Bayard
evita de justesse la mort. Ce dernier se battit avec grande bravoure mais fut finalement contraint de ramper le long des fosses pour sortir du champ de bataille. Le corps a corps sanglant entre belligerants se poursuivit jusqu'en soiree et dans l'obscurite croissante. A la disparition de la lune vers
23 heures
, la nuit noire ne permettant plus de distinguer amis et ennemis, tambours et trompettes sonnerent le ralliement apres six heures de luttes ininterrompues. Apres quelques instants d'hesitations, contre l'avis de Schiner, les Confederes deciderent de tenir leur position, legerement en leur faveur, plutot que de retourner sur Milan, malgre le froid et la faim. Ainsi s'acheva la premiere journee de la bataille
[
23
]
,
[
24
]
. Dans l'obscurite, la confusion sur le terrain etait grande. On raconta que le roi de France avait passe la nuit appuye contre une piece de canon a
50
toises
d'un bataillon suisse
[
22
]
(environ 90 metres).
La victoire franco-venitienne du
[
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|
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]
Au petit matin du
, le combat reprit. L’artillerie francaise commandee par le senechal d’Armagnac fit des ravages, mais ne put ralentir les Suisses, tandis que l’aile gauche de l’armee commandee par le
duc d'Alencon
flechit face au gros de l'ennemi, les
lansquenets
encore faiblissent aussi. La bataille battait son plein mais soudain a
8 heures
du matin retentit : ≪ Marco ! Marco ! ≫. Ce furent les Venitiens, menes par
Bartolomeo d'Alviano
, qui arriverent sur l’aile avec 3 000 cavaliers a la tete des fantassins et
estradiots
(cavaliers legers des Balkans, dits ≪ Albanais ≫) originaires de Grece ou d'Albanie, voire de Croatie et de Bosnie actuelles
[
25
]
. Ils ecraserent le gros des Suisses tandis que les lansquenets repartaient a l’assaut avec vigueur. A
11 heures
, les Suisses, qui avaient subi des pertes enormes, battirent en retraite vers
Milan
.
Le soir, entre 9 000 et 10 000 Suisses gisent sans vie sur le champ de bataille, pres de la moitie des contingents engages. Tandis que le camp franco-venitien compte 5 000 a 8 000 morts
[
26
]
.
Plusieurs auteurs evoquent l'adoubement du roi par
Bayard
sur le champ de bataille de Marignan le
[
27
]
.
Quelques auteurs ont considere cette histoire comme un mythe, qui aurait ete monte par demande royale, afin notamment de faire oublier que celui qui adouba
Francois
I
er
lors de son sacre (c'est-a-dire le connetable de Bourbon, artisan de la victoire de Marignan) se rangea en 1523 du cote de Charles Quint. Pire, le connetable aurait ete l'organisateur de la future
defaite de Pavie
, et donc de l'emprisonnement de
Francois
I
er
.
La legende fut donc inventee par Champier pour faire oublier les liens ≪ filiaux ≫ qui liaient le roi et son traitreux sujet, tandis qu'elle aurait renforce un lien (inexistant au depart) entre le souverain et le symbole du courage et de la vaillance, qui mourra en 1524
[
28
]
. Le roi, toutefois, a fait ses premieres armes avec Bayard lors de la campagne malheureuse de Navarre (
), et il a tenu a le recompenser de sa bravoure des
avec le don de la lieutenance generale du Dauphine, charge fort prestigieuse. L'invention pourrait egalement etre liee a la volonte du roi de France de se montrer le parfait exemple, chevaleresque entre tous, alors qu'il etait prisonnier
[
29
]
. Mais, le roi etant prisonnier a Madrid, il etait incapable de monter une quelconque operation de propagande.
Le marechal de Florange qui redige ses memoires en captivite et totalement coupe du monde exterieur n'aurait pas ete en mesure d'ailleurs de recevoir un tel message de la cour de France. Il n'en reste pas moins que l'episode est etrange et, s'il n'a pas ete invente par les panegyristes de Bayard, releve probablement d'un ≪ jeu chevaleresque ≫ comme le roi les aimait tant.
Cette victoire apporta renommee au roi de France des le debut de son regne. Les consequences diplomatiques furent nombreuses :
- Francois
I
er
prit rapidement le controle de la Lombardie, qu'il conserva jusqu'au
desastre de Pavie
, en 1525. Le
, il signa avec le pape
Leon
X
, le
traite de Viterbe
. Le pape s'engagea a reconnaitre l'autorite du roi de France sur le duche de Milan, et lui offrit
Parme
et
Plaisance
, en echange de son soutien a
Florence
, contre
Venise
;
- il signa la
paix perpetuelle
de Fribourg
le
avec les cantons suisses qui resta en vigueur jusqu’a la fin de la monarchie en France en 1792 et l'
invasion francaise de la Confederation
. En echange de cet engagement de paix de la part des Suisses, le roi de France octroya aux cantons suisses 700 000 ecus d'or de dedommagements, une pension annuelle de
2 000
francs
pour chacun d'eux ainsi que divers privileges commerciaux. De plus, les Suisses purent garder une grande partie de leurs acquisitions territoriales de 1512. Seuls
Luino
et
Domodossola
echapperent a la Confederation.
- les Suisses mirent leurs mercenaires au service du roi de France, par le
traite de Geneve
, le
;
- le
,
Francois
I
er
et le jeune
roi des Espagnes
Charles
I
er
, futur
Charles Quint
, signerent le
traite de Noyon
qui confirma a
Francois
I
er
la possession du Milanais, qui restitua la
Navarre
a
Henri d’Albret
[
N 3
]
et qui promit a
Charles
la main de la fille ainee du roi de France,
Louise
, alors agee d’un an (mais qui ne survecut pas a son troisieme anniversaire). Dans la dot de la future mariee etait inclus les droits sur le
royaume de Naples
;
- les relations entre le roi de France, roi
Tres chretien
, et le pape, etaient a redefinir. L'accord du pape etait indispensable pour l'acquisition durable des conquetes, et la perception des decimes sur le clerge. En
, la rencontre de
Bologne
permit d'engager les negociations.
Antoine Duprat
signa en son nom le
concordat de Bologne
, le
. Ce concordat regit les relations entre le royaume de France et la Papaute jusqu’a la
Revolution francaise
. Desormais, le roi nommait les
eveques
et
archeveques
, qui etaient par la suite confirmes par le pape.
Il est tres facile de se rappeler la date de la bataille (≪ quinze cent quinze ≫), notamment pour les ecoliers, en raison de son
assonance
.
A l'aube du regne de
Francois
I
er
, la bataille de Marignan, qui a dure deux jours, fait inhabituel pour cette epoque, est devenue un symbole de la gloire du roi : des la victoire, le recit de la bataille est publie et raconte sur la place publique ou lors des preches a l'eglise. Elle sert aussi a justifier une
croisade
imaginee par
Leon
X
et que devait conduire
Francois
I
er
(lors de leur entrevue en
, le roi francais abandonne la
Pragmatique Sanction de Bourges
, en echange le pape lui propose de mener une croisade heroique). Dans le cadre de la preparation de cette croisade, est reecrite la
geste
de
Francois
I
er
unique vainqueur a Marignan le
jour symbolique de la Sainte-Croix
, les allies venitiens disparaissant completement du recit.
En 1518,
Leonard de Vinci
organise au
chateau d'Amboise
les fetes en l'honneur du bapteme du dauphin et du mariage de
Laurent
II
de Medicis
avec
Madeleine de La Tour d'Auvergne
, cousine du roi
Francois
I
er
. A cette occasion, il
reconstitue
le
avec l'aide de l'architecte
Boccador
la bataille de Marignan par l'assaut et la prise d'un faux chateau construit avec des toiles clouees sur une structure de bois,
Francois
I
er
paradant a cheval au milieu de 10 000 figurants
[
30
]
.
Cette image du roi chevalier se renouvelle en
1519
lorsque
Francois
I
er
pretend a l'
election imperiale
. Apres la
defaite francaise de Pavie
en
1525
, des textes de propagande soulignent que la bataille de Pavie est insignifiante par rapport a celle de Marignan (
≪ Tout est perdu, fors l'honneur ≫
). A la fin de son regne,
Francois
I
er
malade ne participe plus aux combats mais la propagande rappelle que sur les theatres de bataille,
Francois
I
er
est present symboliquement tel le chef de guerre qu'il a ete a Marignan
[
31
]
.
La defaite des Suisses est un evenement, car ceux-ci ont acquis, par leur discipline, une reputation d'invincibilite.
Autre illustration de la propagande royale, des medailles ont ete frappees sur lesquelles
Francois
I
er
est associe a un grand chef de l'
Antiquite
,
Jules Cesar
[
32
]
.
Elle s'inscrit dans le debut de la
Renaissance.
L'
artillerie
y a ete utilisee de maniere decisive.
Elle devient le theme de nombreuses compositions poetiques et de chansons, comme celles ecrites par
Clement Janequin
,
La Guerre (La Bataille de Marignan)
, publiee a Paris en 1528
[
33
]
.
Les artistes italiens, dont
Leonard de Vinci
, vont alors se diriger vers la France et contribuer a la diffusion de la Renaissance. Leonard de Vinci organisa d'ailleurs en
un simulacre de la bataille de Marignan. De cette fete temoigne l'ambassadeur de Mantoue qui decrit une reconstitution spectaculaire ou participerent des milliers de figurants, autour d'un chateau de bois et de tissu attaque par des canons charges a blanc
[
34
]
.
Beaucoup plus tard, en 1939,
Jean Daetwyler
, compositeur suisse d'origine baloise mais Valaisan d'adoption, ecrit
une marche militaire
pour orchestre a vent. Au depart, l'œuvre qui etait une commande devait s'intituler :
Marche du cinquantenaire de la Federation des musiques du Valais central
. Jean Daetwyler, trouvant ce titre peu engageant et surtout trop long, intitula finalement la marche :
Marignan
, en memoire de l'engagement des Valaisans dans cette bataille aux cotes des Confederes
[
35
]
.
Une version romancee de la bataille de Marignan est presentee dans le livre
1515-1519
par le Chroniqueur de la Tour
[
36
]
.
Noms des familles presentes physiquement lors de la bataille de Marignan
[
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|
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]
Composition de l'armee suisse, le 13 septembre au soir
[
37
]
:
1. L'avant-garde (enfants perdus), composee des volontaires de
Berne
(avec les bailliages du pays de Vaud) Fribourg, Soleure, Valais, Gruyeres et Chateau-d'Oex, sous landammann de Zug, Werner Steiner et les capitaines Jean de Diessbach, Louis d'Erlach, Hugues de Hallwyl et Arnold de Winkelried (environ 5 000 hommes dont 1 000 arquebusiers).
2. Le corps principal, forme des cantons forestiers, sous les landammans Imhof et Johannes Puntener d'Uri, Fleckle et Katzi de Schwytz, Wursch et Fruonz d'Unterwald, Schwarzmurer landamman de Zug et du baron de Tschudi de Glaris (environ 10 000 hommes). Le cardinal
Mathieu Schiner
se tient pres du corps principal avec quelques cavaliers.
Zwingli
, le futur reformateur, accompagne les Glaronnais comme aumonier.
3. L'aile droite, formee des contingents de la Suisse orientale et des Grisons, sous le chevalier Max Roust
bourgmestre de Zurich
, Ziegler, de Schaffhouse, Rodolphe de Marmels et Dietigen de Salis des Grisons (environ 5 000 hommes).
4. L'aile gauche, Lucerne, Bale et les villes d'Alsace, sous le chevalier de Hertenstein, avoyer de Lucerne, et Pierre d'Offenburg, bourgmestre de Bale (environ 5 000 hommes).
Le capitaine Pontely de Fribourg commande l'artillerie (8 pieces).
Furent tues sur le champ de bataille : Johannes Puntener, landamman d'Uri, chef des troupes confederees, ainsi que Imhof, de Travers, de Marmels, Rodolphe de Salis, Halwyll, Winkelfried, von Escher.
Apres la defaite, Jakob de Wattenwyl (Jacob de Watteville), avoyer de Berne, avec
Wilhelm von Diesbach
, representa Berne dans les negociations qui aboutirent au traite de Paix perpetuelle
[
38
]
.
Le
passage
et la
rue de Marignan
a Paris rappellent le souvenir de cette bataille.
- ↑
Seuls les hommes du premier rang portaient casques et armures.
- ↑
La ruse de l'attaque est cependant rapidement dejouee car elle est signalee par des guetteurs de l'armee francaise alertes par la poussiere des colonnes en marche.
- ↑
La Navarre avait ete envahie en
1512
par Ferdinand le Catholique avec la complicite du pape
Jules
II
, qui avait excommunie la famille regnante au motif qu’elle entretenait des liens coupables avec le protestantisme qui se repandait au sud de l’hexagone. La
Haute-Navarre
ne sera pas restituee mais integree au
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