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Banlieue

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Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) (93) proche banlieue de Paris, en haut peripherique et stade de France , basilique Saint-Denis au centre (cote espace vert)
Banlieue pavillonnaire dans les Yvelines (France).
Banlieue d’ Erevan (Armenie).

La banlieue , parfois aussi appelee premiere couronne , est la ceinture urbaine qui entoure une ville-centre [ 1 ] . Elle est principalement residentielle bien qu'elle puisse egalement inclure des espaces commerciaux. Une banlieue peut exister au sein d'une plus grande ville ou constituer une entite administrative distincte. Le terme designe une zone qui n'est pas aussi densement peuplee que la ville-centre mais qui l'est plus qu'une zone rurale.

Elle est constituee des communes environnantes de la ville-centre autrefois d'anciens faubourgs extra-muros, et progressivement rattachees a elles par l' etalement urbain . Les banlieues sont souvent en France distinguees par leur distance a la ville-centre. On trouve la proche banlieue, plus generalement appelee ≪ petite couronne ≫ autour de la ville-centre, et grande banlieue, qui designe les communes les plus peripheriques rattachees au periurbain . La notion de banlieue denote des formes urbaines differentes de celles de la ville sans pouvoir exister de facon totalement independantes de celles-ci. L’existence des banlieues est donc le resultat d’un debordement de la ville au-dela de ses murs ou limites (souvent inherent a l’existence de ces limites) ou encore d’un etalement urbain.

Etymologie et perception du terme [ modifier | modifier le code ]

Atteste des le debut du XII e  siecle, durant les premieres annees du regne de Louis le Gros , sous la forme bas latine banleuga [ 2 ] , le mot banlieue a pour racine celui de ≪  ban  ≫, terme feodal d’origine franque designant la loi seigneuriale, puis la convocation des vassaux par leur suzerain et de la, le territoire sous la juridiction d’un seigneur, la ou ses decisions etaient l’objet de proclamations. S’appliquant a une ville, le terme de banlieue se mit a designer l’etendue de pays, d’une lieue ou de plusieurs lieues ? et la lieue variait d’une region a l’autre ? soumise au pouvoir de commandement d’un seigneur et, de plus en plus souvent d’une municipalite [ 3 ] . Dans cette premiere acception juridique, la banlieue est inversement le lieu ou s’exerce l’autorite et en definitive, un lieu integre [ 4 ] . Cette acception demeure encore au XVIII e  siecle.

Le mot se charge de connotations depreciatives au debut du XIX e  siecle . L'espace peripherique des grandes agglomerations est alors regarde comme le lieu ou vit une population geographiquement proche, mais qui conserve des attitudes provinciales vues comme arrierees car elle ne vibre pas au rythme de la ville. C’est, dans les Miserables de Victor Hugo , le mepris qu’exprime la chanson de Gavroche lorsque l’autorite fait donner des gardes nationaux de banlieue contre les emeutiers de  :

On est laid a Nanterre ,
C'est la faute a Voltaire ,
Et bete a Palaiseau ,
C’est la faute a Rousseau .

Victor Hugo , la chanson de Gavroche , Miserables

On trouve encore l’echo de ce contenu pejoratif du concept de ≪ banlieue ≫ lors de l’apparition du terme ≪ banlieusard ≫, atteste pour la premiere fois en 1889 [ 5 ] a l’occasion d’une polemique de nature politique entre elus de Paris et elus de banlieue, les premiers accusant les seconds d’etre des ruraux, attardes et reactionnaires, des ≪ banlieusards ≫ [ 6 ] . Le terme a rapidement perdu de sa charge pejorative pour venir designer les actifs ? ouvriers et surtout employes ? residant en banlieue et venant travailler tous les jours a Paris par les chemins de fer, les bateaux ou les tramways. Ce qu’on est convenu d’appeler les ≪ migrations alternantes ≫ ou les ≪ mouvements pendulaires ≫ etaient deja importants a Paris avant 1914 . ≪ Banlieusard ≫ a garde ce sens jusqu’a nos jours [ 7 ] .

C’est a la suite d’une longue evolution, qui commence au debut du XIX e  siecle , que le mot banlieue lui-meme en est venu, employe au singulier ou au pluriel, a designer les quartiers populaires de la peripherie des grandes villes, tout particulierement les ensembles batis apres 1950 ? les ≪  grands ensembles  ≫ ou les ≪ cites ≫ ? et reputes concentrer aujourd’hui une population de nationalite ou, par les parents, d’origine etrangere, plus specialement d’Afrique du Nord ou, plus recemment, d’Afrique noire. Le mot sert de designation commode, dans la presse et dans le langage courant, pour la population dite ≪ immigree ≫ dont l’integration au reste de la population est difficile, que ce soit en raison du chomage de masse apparu a la fin des annees 1970 ou des discriminations diverses dont elle est en general l’objet, liees precisement a ses origines et, surtout, a son statut social. Divers synonymes proches de l’ euphemisme , issus d’ailleurs du langage administratif [ref. necessaire] , sont recemment apparus, comme ≪ quartiers sensibles ≫, ou meme ≪ les quartiers ≫ tout court.

Les territoires qui correspondent a ce que sont, historiquement, geographiquement et administrativement, les banlieues des grandes villes francaises, d’une diversite, a la fois dans l’origine et le statut social de leurs habitants, infiniment plus grande que ce que l’usage du mot implique. Les ≪ cites ≫ elles-memes ne se resument pas aux images que le mot banlieue a peu a peu forgees dans les consciences. Ainsi l’opposition souvent faite entre banlieues francaises, reputees populaires et terres d’exclusion, et les banlieues anglo-saxonnes, reputees pavillonnaires et peuplees par les classes moyennes ou riches, est largement fausse. A Paris , la banlieue qui s’est d’abord developpee, dans la premiere moitie du XIX e  siecle , est la banlieue bourgeoise ( Maisons-Laffitte , Le Vesinet …) et c’est pour la desservir que le chemin de fer est apparu ( ligne Paris - Saint-Germain-en-Laye ) ; le pavillonnaire a joue un role considerable dans la construction et le peuplement de nombreuses zones suburbaines a partir de la fin du XIX e  siecle , et, dans l’entre-deux-guerres, le phenomene des lotissements en banlieue a meme represente la principale offre de logement, populaire ou bourgeois. Le developpement dit ≪ peri-urbain ≫, aujourd’hui, est dans la continuite de ces mouvements. Des remarques allant dans le meme sens pourraient etre faites a propos d’autres villes francaises [ 8 ] .

On pourrait donc avancer l’hypothese d’une histoire et d’une evolution paralleles du phenomene de la banlieue urbaine en Europe et en Amerique du Nord, mais les connaissances actuelles, trop disparates et trop specialisees, rendent difficile une telle approche, qui va contre les cliches. Le phenomene ne saurait en tout cas se comprendre sans une analyse ? soit au cas par cas soit dans une optique d’etude comparee ? de l’ensemble de l’agglomeration dont la banlieue est toujours partie prenante : evolution du peuplement des centres-villes, developpement des moyens de communication, role des politiques publiques, etc. Il convient aussi de toujours etre clair et precis sur la definition administrative ou coutumiere, qui d’ailleurs peut varier dans le temps, de la banlieue dont on parle, de facon a eviter le flou qui preside a beaucoup de discours ou l’on melange faubourgs, peripherie et banlieue(s).

Types de banlieue [ modifier | modifier le code ]

Il n'est pas admis en geographie urbaine que la banlieue aurait une seule et unique fonction. Au contraire, le terme banlieue est a nuancer du fait de ses disparites multiples. En effet, toutes les communes de banlieues n'ont pas la meme fonction economique ou sociale. Il est possible de proposer une typologie de la banlieue applicable en France, mais plus largement au systeme de villes comprenant un modele centre-peripherie. En effet, toutes les communes de banlieue n'ont pas le meme role au sein d'une agglomeration et presentent des types de bati relatifs a leurs fonctions differents.

  • Les banlieues ouvrieres : elles apparaissent au XIX e  siecle durant la revolution industrielle . Elles comprennent, selon les territoires, des pavillons destines aux ouvriers, des immeubles construits proches des lieux de production, et, plus recemment, des grands ensembles construits dans les annees 1960.
  • Les banlieues-dortoirs  : le terme apparait dans les annees 1980 afin de designer les banlieues comprenant uniquement des logements. Souvent, elles sont caracterisees par la presence de maisons individuelles. On parle alors de banlieue pavillonnaire. Ces espaces sont caracterises par la non presence d'activites economiques. Cela s'observe par les migrations pendulaires quotidiennes des habitants rejoignant leur lieu de travail situe dans un centre, et regagnant leur logement le soir venu.
  • Les banlieues residentielles : elles sont presentes en Europe et en Amerique du Nord ainsi que dans certains pays emergents. Plus ou moins aisees, elles regroupent des lotissements d'habitations parfois securises et fermes. Elles sont connues sous le terme anglais de gated communities .

Plusieurs philosophes ou urbanistes ont imagine des systemes urbains utopiques reconsiderant le role de la banlieue. Ainsi, Etienne Cabet , homme politique socialiste francais du XIX e  siecle, theorise la cite ideale dans laquelle chaque unite urbaine, appelee phalanstere , disposerait de l'ensemble des elements permettant de vivre harmonieusement. Le britannique Ebenezer Howard developpe au debut du XX e  siecle la cite-jardin dans les banlieues ouvrieres anglaises. L'idee est de ramener des elements naturels au sein des quartiers ouvriers, apportant l'equilibre entre les avantages de la vie a la campagne et les avantages de la vie citadine.

Europe [ modifier | modifier le code ]

Allemagne [ modifier | modifier le code ]

En Allemagne , etant donne la plus forte densite de population, dans de nombreuses regions allemandes, beaucoup de villes sont reliees entre elles par une trame urbaine homogene sans creer un veritable centre. C’est le cas de la Ruhr qui constitue une conurbation . Cette conurbation existe par l'impossibilite de delimiter clairement les banlieues des villes-centres. L'etalement urbain allemand est justifie par la forte densite urbaine. 80 % de la population du pays habite en ville. A ce titre, la marginalisation de certains quartiers s'illustre non pas par leur mise a l'ecart des centres urbains, mais par des ilots situes dans les centres-villes et les faubourgs, connaissant une forte pauperisation. On appelle ces espaces enclaves les Brennpunkte traduit par points chauds . Les banlieues allemandes connaissent aussi les influences de l'ex-RDA dont le regime communiste avait planifie une vaste politique urbaine de grands ensembles. Cependant, contrairement a la France, elles jouissent d'un attrait positif par des populations aisees. Ces grands ensembles abritent chacun des dizaines de milliers d'habitants. Avec la gentrification grandissante des centres-villes et la periurbanisation synonyme d'habitat individuel, des nouvelles logiques de depreciation de ces espaces tendent a apparaitre [ 9 ] .

France [ modifier | modifier le code ]

Illustration des termes de ≪  ville-centre  ≫, ≪ banlieue ≫, ≪  couronne periurbaine  ≫, ≪  unite urbaine  ≫ et ≪  aire d'attraction d'une ville  ≫ d'apres l’ Insee .

En France, depuis l'etablissement de la Troisieme Republique au debut des annees 1870, les communes ont pour l'essentiel cesse de s'agrandir en fonction de l'extension de leur agglomeration. La ville, qui correspond en France a la notion d' unite urbaine , n'a ainsi pas necessairement de correspondance administrative unique, d’autres communes venant se lier aux villes-centres et forment la banlieue.

Depuis les annexions des banlieues des grandes villes francaises sous le Second Empire ( Lyon en 1852, Lille en 1858, Paris en 1860, Bordeaux en 1865), la delimitation des communes francaises n'a en effet que peu evolue et n'a pas suivi l'evolution de l' urbanisation des agglomerations posterieure a 1870 si bien que presque toutes les grandes villes et villes moyennes de France possedent une banlieue voire une couronne periurbaine . Dans les deux cas, elles sont divisees en de nombreuses entites administratives autonomes.

Les menages aises vivent essentiellement a l'ouest de la ville tandis que le nord-est concentre les populations les plus pauvres.

La banlieue est la zone urbanisee situee autour de la ville-centre, cela comprend aussi bien des quartiers pavillonnaires que des quartiers plus populaires. La notion est donc socialement neutre et correspond a une realite physique. Ainsi, dans l'agglomeration parisienne, Neuilly-sur-Seine par exemple, appartient a la banlieue au meme titre que La Courneuve ou Levallois-Perret. Pour les distinguer, on parlait a Paris, de banlieue aisee pour Neuilly et de banlieue defavorisee pour La Courneuve. La region parisienne peut etre decoupee en plusieurs zones. Dans le Nord-Ouest et le Nord-Est, sont concentrees beaucoup de ≪ cites ≫, vestiges d’anciennes zones ouvrieres et industrielles. C’est le cas de la Seine-Saint-Denis , de l'Est et du Sud-Est du Val-d'Oise . A l’Ouest, la population est generalement plus aisee, on y trouve egalement le centre des affaires de La Defense ainsi que les villes aisees de Versailles , Le Vesinet , Saint-Germain-en-Laye ou Rueil-Malmaison par exemple. La banlieue Sud-Est est moins homogene. Pres de Paris, il y a beaucoup de communes qui sont considerees comme ≪ sensibles ≫ ( Bagneux , Malakoff , Massy , Les Ulis …), entrecoupees de zones residentielles de meilleure reputation ( Verrieres-le-Buisson , Bourg-la-Reine , Antony , Fontenay-aux-Roses , Le Plessis Robinson , Sceaux …).

Aerodrome du Polygone avec la cite du Neuhof et les "bidonvilles" tziganes, banlieue de Strasbourg

Plus on s’eloigne et plus on peut decouper la banlieue sud de Paris en deux zones. D’un cote, il y a les bords de Seine ou se regroupaient autrefois des populations ouvrieres -aujourd’hui encore pour les communes les plus defavorisees?, mais d'autres egalement particulierement aisees. On y observe ainsi les grandes cites des Yvelines ( Chanteloup-les-Vignes , Sartrouville , Les Mureaux , Mantes-la-Jolie , Poissy , Acheres , Limay , Aubergenville ) et de l’Essonne ( Evry , Courcouronnes , Grigny , Bretigny-sur-Orge , Corbeil-Essonnes , Fleury-Merogis , Les Ulis , Massy , Longjumeau , Ris Orangis , Etampes …). Mais dans l'autre sens, de petites communes totalement differentes socialement, dans les Yvelines essentiellement avec Villennes-sur-Seine , Chatou , Croissy-sur-Seine , Maisons-Laffitte , mais aussi dans l' Essonne et la Seine-et-Marne  : Etiolles , Draveil , Soisy-sur-Seine , Saint-Pierre-du-Perray ou Seine-Port la division sociale se produisant d'ailleurs de part et d'autre des rives de la Seine. De l’autre cote, on trouve des zones pavillonnaires ou se regroupent des populations aisees ( vallee de la Bievre et de Chevreuse ).

En France, les communes de banlieue sont de plus en plus regroupees au sein de communautes d'agglomerations independantes ou non d'une ville principale.

En ce qui concerne les representations mediatiques, apres avoir represente une rupture avec la banlieue, les grands ensembles en sont devenus un symbole [ 10 ] .

Dans son essai Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? , Thomas Guenole developpe le concept de balianophobie , un melange de peur et de haine envers un jeune-de-banlieue imaginaire et stereotype [ 11 ] . En 1968, le philosophe Henri Lefebvre dans le droit a la ville [ 12 ] critique la fabrication productiviste des banlieues et explique en detail, ce qui distingue la ville et la banlieue. Aujourd’hui dans les medias, ≪ les banlieues ≫ sont souvent a tort reduites a certaines cites et a d’autres grands ensembles sensibles caracterises par un deficit d’integration sociale, un taux de chomage plus important que la moyenne, l’existence d’une economie parallele, ou encore des phenomenes de violences urbaines. Ces cites et grands ensembles sont l’objet de politiques publiques importantes et sont notamment fortement etudies par la sociologie. Ils peuvent egalement se caracteriser par leur dynamisme, la presence d’une vie commune et de reseaux de solidarite plus forts que dans le reste de la banlieue.

Italie [ modifier | modifier le code ]

Les peripheries de Rome possedent une forme en archipels, mais qui font partie de la commune de la ville centre de sorte que de vastes espaces naturels traversent l'agglomeration. La croissance urbaine exponentielle qu'a connu l' Italie durant le XX e  siecle a amene la formation de 4 villes millionnaires : Rome , Turin , Naples , Milan . Les formes d'urbanisation qui ont suivi cette croissance etait en grande partie desordonnee. En effet, l'Italie connait depuis les annees 1980 une crise de la planification urbaine, a tel point que l'urbanisation dans les banlieues italiennes est souvent laissee a des promoteurs prives. En outre, on trouve encore aujourd'hui aux peripheries de grandes villes telles que Turin ou Genes des problemes d'enclavement de certaines habitations. De petits bidonvilles persistent meme aux marges des banlieues. Cette anarchie urbaine que connait l'Italie est due en partie a l'absence totale de politique de la ville. En effet, l'Etat n'intervient qu'a l'echelle communale ou regionale, dispensant la mise en place de projets urbains [ 9 ] . Un exemple d'interet pour l'etude de la sociologie urbaine est Via Ippodromo (San Siro, Milan) .

Pays-Bas [ modifier | modifier le code ]

La zone agricole appelee le cœur verdoyant fait prendre a la conurbation une forme d'anneau.

Les Pays-Bas sont l'un des pays les plus urbanises au monde. L'etalement urbain important fait suite a une politique d'industrialisation du pays. La trame urbaine s'intensifie donc, creant a l'Est de multiples villes atteignant les 50 000 habitants. A l'Ouest tout au long de la cote s'est forme le Randstad Holland , (litteralement ≪ Ville de la bordure de Hollande  ≫ en neerlandais ), vaste conurbation reunissant les villes d' Utrecht , Amsterdam , La Haye et Rotterdam aux Pays-Bas . Elle totalise a elle seule 7,5 millions d'habitants, soit les 2/5 de la population du pays. La formation de cette conurbation est observable avec sa forme d'anneau, et s'etendant autour de territoires agricoles appeles le Cœur verdoyant .

La gestion de l'expansion urbaine aux Pays-Bas et du phenomene de conurbation s'est fait de maniere pointue notamment concernant la preservation des espaces verts separant chaque ville. La conurbation a aussi entraine des problematiques liees au logement. On observe depuis 1950 un recul accru des habitations individuelles au profit d'immeubles bas [ 13 ] .

Amerique du Nord [ modifier | modifier le code ]

Suburb americaine dans le Connecticut .

La traduction la plus proche du terme ≪ banlieue ≫ en anglais est ≪ suburb ≫. Le prefixe rend compte de l'aspect peripherique du phenomene. Aux Etats-Unis comme beaucoup d'autres territoires anglo-saxons, le terme ≪ suburb ≫ designe generalement des zones avec une population basse appartenant a la classe moyenne et haute, dont les habitations sont construites pour la plupart sous forme de pavillons individuels comprenant un jardin. Ces banlieues etant generalement tres grandes et eloignees du centre, une voiture est quasiment indispensable pour en sortir et pouvoir aller en ville ou ailleurs. La disposition urbaine des banlieues americaines reflete un mode de vie qui lui est rattache.

Les centralises urbaines en Amerique du Nord sont differentes de celles d' Europe . Les nord-Americains vivent pour plus de la moitie de la population en banlieue au sens europeen du terme. Dans les annees 1990, on compte 130 millions de personnes peuplant les banlieues. L' etalement urbain est tel que certaines banlieues constituent des centres secondaires et de nouvelles villes avec de nouvelles centralises a part entiere. Le geographe Herve Vieillard-Baron dit dans son ouvrage Les Banlieues  : ≪ D'une certaine maniere, la vie urbaine americaine s'est deplacee en banlieue au point d'en effacer le caractere peripherique ≫. De ce fait, a la difference des banlieues francaises, les suburbs americaines apparaissent nettement plus aisees que les banlieues francaises. En outre, les quartiers pauvres americains se distinguent par leur presence dans les premiers ilots issus de l'etalement urbain aujourd'hui situes en ≪ centre-ville ≫. C'est tout le contraire en Europe et en particulier en France . Cependant, il ne faudrait pas generaliser le phenomene. La suburb americaine n'est pas encore un bloc social homogene uniquement repose sur une frange aisee de la population. Les definitions de phenomenes sociaux aux Etats-Unis ne correspondent pas tout le temps aux realites spatiales [ 9 ] .

Les Etats-Unis utilisent le terme de metropolitan area ( aire metropolitaine ), dont la definition a varie au cours des derniers recensements, pour designer l'espace qui englobe une agglomeration et les zones peripheriques qui lui sont liees du point de vue professionnel et commercial. Celles-ci sont omnipresentes aux Etats-Unis, etant l'une des causes de l'importance du secteur automobile americain . L'equivalent en francais serait l' aire urbaine .

Au Canada, on parle de ≪ region metropolitaine de recensement ≫ a des fins statistiques, mais il y a aussi des administrations supramunicipales portant des noms differents selon les provinces ; par exemple au Quebec, on compte les communautes metropolitaines de Montreal et de Quebec. Les petites communautes ( suburbs en anglais [citation necessaire] ) entourant de grandes villes peuvent etre des villes incorporees , c’est-a-dire des ≪  municipalites  ≫ avec leurs propres gouvernements [citation necessaire] , ou elles peuvent etre non-enregistrees, avec, aux Etats-Unis, l’autorite gouvernementale donnee au comte . Les communautes incorporees sont les ( villes , (en) towns et villages ) [pas clair] tandis que les communautes non enregistrees, c’est-a-dire n’ayant pas le statut de ≪ municipalite ≫, sont les Census Designated Places (CDP).

Asie [ modifier | modifier le code ]

Depuis 1980, on observe dans les trois capitales du Sud-Est asiatique Tokyo , Pekin et Seoul une forte croissance demographique, concentree notamment dans les peripheries. Les vastes regions urbaines se forment avec l'apparition de poles urbains secondaires, etalees sur un rayon de parfois 100  km du centre.

Traduction du terme banlieue [ modifier | modifier le code ]

Il n'existe pas dans les trois langues de terme equivalent a celui que nous connaissons en francais. Les regions administratives des villes sont plus importantes que celles d'Europe et ont la singularite de prendre en compte les zones rurales potentiellement urbanisables. Comme en Amerique du Nord, les formes d'exclusions sociales existent surtout dans certaines zones des interstices urbains de l'agglomeration. Les differents termes dans ces trois langues expriment l'idee de faubourgs peripheriques comme en japonais avec le mot Kogai , ou ≪ ko ≫ signifie faubourg, et ≪ gai ≫ signifie en dehors de. Meme schema en coreen avec le terme Shioe ou ≪ shi ≫ designe la ville et ≪ oe ≫ a l'exterieur de.

Coree du Sud [ modifier | modifier le code ]

Seoul est le centre inconteste de la Coree du Sud . Le pays, connaissant une macrocephalie urbaine , concentre les majeures parts de l'activite economique du pays. Elle est responsable de pres du tiers du PNB du pays. Centre tertiaire, industriel, politique, economique, elle connait dans les annees 1970 un afflux de provinciaux et populations rurales. Cela a pese sur la dispersion spatiale des populations faisant de Seoul une des metropoles les plus denses du monde avec 175 habitants par hectare en 1990. En 1995, la metropole atteint les 20 millions d'habitants, soit 40 % de la population nationale.

Dans les annees 1970, la progression urbaine prend differentes formes a Seoul. Au Nord du Han apparaissent une trame de maisons individuelles accompagnees par un parc immobilier important. Au Sud-Est, les populations se rassemblent dans des grands ensembles. Vieillard-Barron dit dans son ouvrage Les Banlieues  : ≪ Le Sud, qui ne rassemblait qu'un quart de la population en 1970, en regroupe pratiquement la moitie en 1995 ≫ . L'apparition soudaine des tanji , grands ensembles coreens, a eu un impact singulier sur le paysage urbain, delimitant de maniere brutale la campagne de la ville. Toutefois, les grands ensembles n'ont pas eu le meme role qu'en France, veritable outil d'urbanisation en Coree, et moyen de transformation sociale en France. Les images negatives de ces formes architecturales n'ont pas lieu en Coree, et plus largement en Asie de l'Est.

Japon [ modifier | modifier le code ]

Au Japon ou 55 millions de Japonais vivent dans les trois megalopoles de Tokyo , Osaka et Nagoya sur 6 % du territoire, et avec 85 % de population urbaine, le terme de ville au Japon n'a sans doute pas le meme sens qu'ailleurs. La banlieue japonaise n'a pas la meme histoire qu'en France et en Europe. Au Japon, l'urbanisation a constitue une mosaique de formes architecturales differentes, passant de grands ensembles a des immeubles plus bas et des pavillons individuels.

L'urbanisation a Tokyo s'est faite sous forme rationnelle des 1956. Certains plans ont tente de freiner l'etalement urbain, mais ont du etre abandonnes en raison de la croissance demographique. En 1976, l'Etat japonais permet la creation de villes satellites et de zones industrielles afin de capter les activites economiques, mais aussi reduire la bulle immobiliere qui se cree au centre de Tokyo. Une des singularites de la metropole de Tokyo et plus largement de l'urbain au Japon est sa constante expansion. A ce titre, les flux de population se font en majeure partie par les transports en commun. Une ligne de metro formant une ceinture peripherique de 36  km entoure le centre-ville a l'image du peripherique parisien, ajoute a cela une vingtaine de lignes radiales quadrillant la metropole.

Chine [ modifier | modifier le code ]

En Chine , a Pekin , la ville s'articule autour de cercles concentriques, dessinant 5 peripheriques autour du centre, calque sur un schema carre rappelant la Cite interdite . Pekin a cependant connu plusieurs phases d'extension, dependant notamment des regimes politiques en place. En 1949 avec l'arrivee au pouvoir de Mao Zedong , la ville perd son poids commercial reduit a son minimum, et accentue ses fonctionnalites administratives et industrielles. En peripheries, l'agriculture est omnipresente dans le cadre du projet maoiste, faisant de la rurbanisation un element important dans la societe chinoise. De ce fait, Mao souhaite supprimer la distinction entre ouvriers et paysans. Dans les annees 1950 se developpent des residences collectives comprises entre 50 000 et 100 000 habitants ouvriers de l'industrie, bases sur une uniformisation des appartements, des espaces communs comme les cuisines et les toilettes. Dans les annees 1960, le gouvernement entreprend la revolution culturelle qui proposera une urbanisation anarchique avec des batis de mauvaise qualite.

Des 1983, dans le sens du virage neoliberal, un plan directeur est mis en place par l'Etat voulant d'une part restructurer la ville ancienne, amenager la proche et la grande banlieue. L'objectif est de faire de Pekin la vitrine de la societe chinoise et du pays aux yeux du monde. Les transports, l'industrie de pointe, mais aussi les communications y sont developpees a partir de 1993. La culture de la ville est donc de plus en plus presente dans la societe chinoise, et l'Etat souhaite creer de nouvelles logiques economiques et sociales en modernisant le caractere urbain a Pekin, mais aussi dans d'autres agglomerations du pays [ 9 ] .

Cependant, le huji mis en place par le gouvernement tend a contenir les flux de populations entre les campagnes et la ville, mais aussi entre les zones peripheriques, les banlieues et les centres [ 14 ] .

Pays en voie de developpement [ modifier | modifier le code ]

Banlieues defavorisees [ modifier | modifier le code ]

L'etalement urbain dans les pays en developpement a explose depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale . Si cette croissance urbaine a largement ete traduite par un exode rural important, il est desormais justifie par un accroissement naturel positif. La ville est un recours a l'expression du rejet du rural dans ces pays. L'accumulation de population dans les peripheries des metropoles de ces pays illustre non pas le rejet de la densification urbaine comme c'est le cas dans en Amerique du Nord ou en Europe, mais par l'attachement a l'urbanite au prix de l'insalubrite des habitations. L'une des caracteristiques des banlieues dans les pays en developpement reside dans l'insalubrite des habitations. Cependant, il n'y a pas toujours une correlation entre habitat de fortune precaire et misere. En effet, dans les zones peripheriques se divisent en plusieurs sous-quartiers. Les zones d'habitats precaires sont heterogenes selon les types de materiaux, l'anciennete des quartiers et de la population, la capacite des populations d'un quartier a s'etre integree au milieu urbain, etc. Les quartiers les plus insalubres et spontanes faits a partir de materiaux de recuperation sont appeles bidonvilles . La traduction varie en fonction du pays. On appelle les bidonvilles Favelas au Bresil , villas miserias en Argentine , barricadas au Perou , tugurios en Bolivie , barracas au Venezuela , bustees en Inde , gecekondus en Turquie etc. [ 9 ] .

Ces habitats insalubres dans les pays en developpement sont facteurs de nombreuses inegalites sociales au sein de l'espace urbain. Souvent, les habitants se reposent sur l'entraide entre voisins et vieilles connaissances afin d'organiser la vie sociale a l'echelle la plus fine.

Cependant de plus en plus, une organisation fonciere voit le jour dans certains pays. Au Bresil, des projets portes sur les favelas tentant de regulariser certains quartiers face au marche de l'immobilier informel voient le jour tout au long des annees 1990. Si globalement les objectifs de regularisation fonciere n'ont pas abouti, il est a souligner que ces preoccupations sociales inquietent desormais sur le plan politique. Malgre ces efforts, rien n'entrave aux logiques de segregation que font face certains quartiers des favelas.

Elles se trouvent souvent sur des sols marecageux, pentus ou inutilisables pour l’agriculture. La resorption des bidonvilles a consiste a repousser encore plus loin du centre-ville les familles et groupes habitants de ces bidonvilles. En dispersant ainsi les personnes, les reseaux d’aide et de survie, fondes sur les relations entre les gens, se trouvent casses. Il est donc encore plus difficile pour ces habitants de sortir de cette situation.

En Afrique du Sud , il existe egalement des townships . Ils se distinguent des bidonvilles, car ils sont construits en durs et ont une existence legale. Leurs constructions sont souvent planifiees par les architectes de la segregation raciale (tres grande en Afrique du Sud malgre la fin de l’ Apartheid ). Les townships d’Afrique du Sud regroupent les habitants de couleurs, principalement les Noirs et peuvent compter jusqu’a pres de deux millions d’habitants comme a Soweto . De plus, certaines banlieues sont les theatres de guerres et de violences entre les differentes ethnies qui rendent la vie des habitants encore plus difficile. Dans les Favelas la pauvrete peut meme amener la formation de gangs qui luttent pour le controle de la ville. Le chomage y est tres eleve et il reste difficile, voire impossible, de se sortir de cette situation sans remuneration. La majorite des emplois se trouve dans le centre-ville qui est eloigne et dont l’acces est rendu difficile par l’absence de transports. De plus, le manque d’education des habitants ne les favorise pas dans la recherche d’un emploi. Ils sont donc souvent obliges de faire travailler leurs enfants ou meme de les vendre. Ainsi nous arrivons a un cercle vicieux : les migrants sont obliges de s’installer dans les bidonvilles ; comme ils sont dans les bidonvilles, ils n’ont pas de travail ; comme ils n’ont pas de travail, ils n’ont pas d’argent ; comme ils n’ont pas d’argent, ils ne peuvent pas payer d’etudes a leurs enfants qui eux non plus ne pourront donc pas trouver de travail. D’apres les estimations de l’ ONU , la terre compte plus d’un milliard de personnes vivant dans les bidonvilles et en comptera 1,4 milliard en 2020 soit autant que de Chinois [ref. necessaire] . Ce nombre augmente tres vite puisque 27 millions de personnes rejoignent les bidonvilles chaque annee. Meme si ces chiffres couvrent l’ensemble de la planete, ils concernent essentiellement les PED.

Les politiques de ≪ retour a la terre ≫, souvent autoritaires et brutales, ont d'ordinaire echoue. C'est un aspect que negligent souvent les critiques de cet exode rural (voir colloque international de Cerisy, juin 2007 [ 15 ] ). La mise en place de politique d'inspiration liberale par ces memes pays est un autre determinant significatif. Imposees par differents organismes internationaux tels que le FMI , la Banque mondiale , ces politiques destructurent les espaces ruraux et les empechent de s'adapter a la croissance demographique. En consequence de ces politiques, plusieurs pays d'Afrique anciennement producteurs, importent leurs poulets, entrainant la pauperisation des populations agricoles [ 16 ] . Ainsi l’Afrique a vu sa population tripler entre 1950 et 1995 alors que celle des villes a ete multipliee par neuf. Elle compte aujourd’hui vingt-cinq villes millionnaires, et elle pourrait meme atteindre la soixantaine en 2020. Les logements en centre-ville etant trop chers pour ces nouveaux arrivants, ces derniers se sont installes dans les banlieues et ont donc fait grossir les peripheries. La ville du Caire forme un exemple de ville ou les migrants sont arrives plus nombreux que ce que la ville le prevoyait puisqu'ils ont ete obliges de s’installer a des endroits ou l’amenagement n’etait pas planifie. De plus l’ accroissement naturel etant eleve dans les PED, l’augmentation de la population des villes se fait sentir davantage. Les 14 villes qui connaissent les croissances demographiques les plus importantes au monde se situent dans les PED.

≪ Banlieues riches ≫ [ modifier | modifier le code ]

Depuis quelques annees apparaissent des banlieues aisees dans les PED. En effet, des familles fortunees souhaitent s’ecarter du centre-ville pour eviter la pollution sans pour autant se rapprocher des zones plus pauvres. Ces quartiers amenent donc une segregation sociale : les minorites aisees restent entre elles et ignorent totalement les autres couches plus pauvres. Certains quartiers residentiels ressemblent etrangement aux quartiers des classes moyennes americaines : les suburbs . En effet on y trouve un grand nombre de maisons identiques ayant une architecture occidentale et de quoi pratiquer les loisirs des Occidentaux.

Certains millionnaires choisissent meme de vivre dans de veritables ghettos . Cet isolement volontaire a pour but de defendre leurs richesses, car l’insecurite de ces pays oblige les personnes ayant plus d’argent que la moyenne a se proteger. Cependant, ils profitent de cet isolement pour beneficier des amenagements de luxe et de l’espace des banlieues. Pour obtenir cette place disponible, les pauvres sont chasses encore plus loin de la ville.Pour se proteger davantage des vols et des contacts avec le reste de la population, des systemes defensifs sont mis en place : des murs eleves, des barbeles, des alarmes et une intervention en cas d’intrusion. L’administration des villes prefere donc utiliser beaucoup d’espace pour quelques riches ayant de l’influence nationale ou internationale que pour une majorite de pauvres.

En realite, l'exode des populations aisees vers la banlieue est plus ancien. Elle se manifeste a la jonction du XIX e et du XX e  siecle d'une part pour les ouvriers les moins pauvres et la nouvelle classe moyenne a travers le concept utopique de cite-jardin , visant a faire habiter ces populations dans de petits ensembles ayant l'atmosphere d'un village reconstitue, loin du tumulte des grandes metropoles. Si cela n'a pas un objectif de segregation sociale , c'est bien pourtant ce qui arrive, applique pour la bourgeoisie qui delaisse l'hotel particulier ou l'appartement cossu en centre-ville pour une villa entoure d'un jardin a la peripherie des grandes villes. Sans pour autant etre realisable partout, ce modele acquiert un statut d'ideal, sans pour autant etre assimilable aux manoirs et chateaux traditionnels des grandes fortunes (la villa Hugel des Krupp, la Bankfield House des Akryod ou la residence Belle Vue des Crossley). D'un cout et d'une taille plus modeste, la villa en banlieue, note l'historien Eric Hobsbawm , ≪ etait concue pour facilier la vie privee plutot que pour mettre en valeur le statut social de ses proprietaires ou servir de cadre a des receptions mondaines ≫ . Il s'agissait surtout d'accroitre le confort urbain en rassemblant geographiquement une meme classe sociale. En se regroupant, note encore Hobsbawm, ≪ cet exode temoign[e] d'un certain renoncement de la bourgeoisie a son role de classe dominante ≫ . Il cite ainsi une instruction d'un riche Americain a son fils, vers 1900 : ≪ Laisse Boston avec tous ses impots et son gachis politique. Marie-toi et fais construire en banlieue ; inscris-toi au country club , et ne pense a rien d'autre qu'a ton club, a ton foyer et a tes enfants ≫ [ 17 ] .

Banlieues industrielles [ modifier | modifier le code ]

Il est tres difficile de generaliser la situation des banlieues industrielles des PED, car il existe une tres grande variabilite entre ces differents pays et entre les villes au sein d’un meme Etat. En effet, on peut remarquer que le Bresil fait partie des 10 plus grands pays industriels dans le domaine de l’automobile, de l’armement et de l’electronique alors que l’industrie de l’Afrique subsaharienne est tres en retard et peu diversifiee. Cependant, les PED essaient dans la majorite des cas d’inciter les industries des pays developpes a delocaliser en proposant des tarifications douanieres avantageuses, des investissements privilegies, une politique fiscale avantageuse, des ouvriers plus qualifies qu’auparavant et un developpement des infrastructures. L’industrie asiatique, surtout chinoise et indienne, est plutot dynamique. En effet, elle profite de bas prix de la main-d’œuvre non qualifiee. Les conditions de travail n’y sont pas faciles : par exemple les ouvriers chinois de l’usine McDonald's travaillaient jusque 11  h/jour et 6  j/semaine en plus des 70 heures supplementaires par mois pour un salaire inferieur a 75 dollars.

Ces ouvriers font partie des couches sociales les plus defavorisees et vivent donc generalement dans les banlieues pauvres decrites precedemment. De plus, on remarque que l’activite industrielle peut avoir des repercussions directes sur la population : pollution, manque d’eau… Par exemple, les 52 usines Coca-Cola et les 38 Pepsi-Cola presentes en Inde pompent 1 million et 1,5 million de litres d’eau par jour polluant par la suite les cours d'eau. Le pompage des nappes pratique par ces usines empeche la population de se fournir en eau potable. C'est a la fois une menace pour l’environnement et la sante des populations deja pauvres des banlieues.

Culture [ modifier | modifier le code ]

Banlieues, Ghetto & Reduction des identites dans la culture [ modifier | modifier le code ]

Les banlieues, souvent apprehendees comme des ghettos par les elus et les techniciens de l’urbanisme, induisent de nombreux prejuges qui affectent les representations et l’insertion de ces populations multiethniques (Genestier, 1990 [ 18 ] ).  Ces stereotypes tirent d’ailleurs leur origine dans le sentiment de peur que cultive la societe majoritaire face a ces quartiers, ou les questions urbaines s’articulent surtout autour de la securite (Boucher, 2001 [ 19 ] ), en manquant d’adresser les consequences de cette segregation sociale et spatiale sur les populations concernees, a savoir les differents mecanismes d’ exclusion sociale , le role de l’Etat et les causes favorisant la criminalite (Kokoreff, 2009 [ 20 ] ). En fait, la precarite economique et la depreciation du lien social sont des facteurs participant a un ecart de cette population, souvent caricaturee comme ≪ une classe dangereuse ≫, ≪ inassimilable aux valeurs de la Republique ≫ et ≪ imprevisible ≫ (Boucher, 2001 [ 19 ] ). Dans ce contexte, cet espace physique statique et sans mutation encourage la naissance d’une memoire collective, axee sur des referents identitaires sociaux et migratoires. Cela permet l’apparition d’une sous-culture visant essentiellement a materialiser certaines revendications (Marliere, 2008 [ 21 ] ). Le terme sous-culture est a souligner, puisque celle-ci est grandement devalorisee et connotee, en comparaison de la culture populaire .

Dans ce fil d’idees, l’aspect creatif et expressif du rap est passe sous silence, sous le couvert de la delinquance de cette jeunesse enflammee, ou c’est principalement sa face bruyante ou dangereuse qui est mise de l’avant. Le rap, tel que mediatise, correspond donc, a tort, a un profond malaise societal vecu et perpetue par les banlieues, notamment via l’image des ≪ jeunes de cite ≫. Cette meme image, adaptee au cinema, caricature et reduit l’identite de ces personnes en les enfermant dans une attitude unique ou le developpement psychologique de ces derniers est souvent absent (Chemartin et Dulac 2005 [ 22 ] ). D’ailleurs, ces films marquent aussi un effacement des origines des acteurs, puisqu’ils sont appeles a incarner des roles stigmatises, etant principalement soumis a des problemes de delinquances, de pauvrete, de violences, de chomage ou de confrontation avec la classe dominante (Hargreaves 2003 [ 23 ] ). Alors, la diversite ethnique dans les films condamne les personnages a subir un systeme d’inegalites et de dysfonctionnement, faisant partie d’une couche sociale economiquement inferieure (Hargreaves 2003 [ 23 ] ).

Litterature [ modifier | modifier le code ]

La litterature s'est emparee du theme de la banlieue des le XIX e  siecle. Par exemple, Hector Malot dans ses romans pour Patrick [ 24 ] decrit une banlieue encore largement rurale, positivee par rapport aux bas-fonds de Paris intra-muros et a la pollution qui y regne. Francois Coppee evoque quant a lui la banlieue ainsi :

≪ J'adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs lepreux, ou quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers des longtemps demolis. ≫

Le poete Jacques Prevert consacre dans son recueil Paroles tout un (long) poeme a la ville d' Aubervilliers [ 25 ] .

La litterature francophone est depuis quelques annees soucieuses de recuperer les themes lies a l' immigration et a l' integration et œuvre vers l'emergence d'une conscience et d'une identite de l' afropeanite . Les auteurs les plus representatifs de ce courant sont pour le moment Leonora Miano , Calixthe Beyala , Abd al Malik , ,  etc.

Dans le cadre des concentrations sociales ? et non ethnique ? sous forme de ghettos sociaux , Daniel S. Larange releve la formation d'une religiosite altermondialiste rejetant le modele du neoliberalisme et participant a la vitalite d’un islam des banlieues multiethnique, qu’il denomme ≪  religioCite  ≫. Pour cela, il s’appuie sur la lecture des auteurs afropeens qui denoncent les carences du gouvernement et des promesses illusoires de la democratie [ 26 ] . Alors que le desenchantement et la constitution des democraties ont assure la montee de la secularisation des societes en parallele avec leur laicisation , l’inertie sociale, l’incapacite des democraties a resoudre les crises economiques tout en maintenant une politique d'immigration , l’echec de la laicite pour maintenir une morale republicaine respectueuse des traditions favorisent le rapprochement des ≪ maux sociaux ≫ avec les ≪ mots religieux ≫.

Cinema [ modifier | modifier le code ]

  • Pour la France, voir Categorie:Film sur la banlieue francaise

Musique [ modifier | modifier le code ]

Les premieres chansons francaises a evoquer explicitement la banlieue remontent aux annees 1930 [ 27 ] , avec des chansons comme La Zone par Frehel (1933), Aux quatre coins de la banlieue par Damia (1936), Ma banlieue par Reda Caire (1937), Banlieue par Robert Lamoureux (1953). Ces chanteurs donnent alors une image hedoniste, recreative et ensoleillee, pour ne pas dire bucolique, de la banlieue.

Un chanteur comme Leo Ferre mentionne a plusieurs reprises les banlieues populaires et proletaires de Paris dans ses chansons pour les opposer a la ville-centre, jugee implicitement bourgeoise et conservatrice. Un chanteur comme Renaud donne a son tour de la banlieue une image renouvelee, a la fois urbaine, delinquante et tapageuse, a travers les thematiques de la ≪ zone ≫ et du ≪ loubard ≫, faisant le lien [ 28 ] vers le rap francais , qui emerge au milieu des annees 1980 et fait de la banlieue un de ses themes centraux, nombre de ses representants en etant originaires.

L’album The Suburbs (2010) du groupe montrealais Arcade Fire evoque le quotidien dans les banlieues residentielles americaines et la mentalite qui en decoule.

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. ≪  La banlieue au risque des definitions  ≫, sur geoconfluence.ens-lyon.fr , .
  2. Anselus de Garlanda , Hugo Strabo , Gislebertus de Garlanda & Guido , ≪ Exemplar varie episcopi juxta claustrum canonicorum ≫, Paris , [s.d.].
    In Petit pastoral de Notre-Dame de Paris , liv.  II Regum , n o  XII, A. n. , ca. 1330.
    Ed. B. Guerard , H. Geraud , J. Marion & A. Deloye , Collection des cartulaires de France , t.  IV , Cartulaire de l'eglise Notre-Dame de Paris , II Parvum pastorale , p.  253 , Coll. Documents inedits de l'histoire de France publies par ordre du Gouvernement et par les soins du Ministere de l’Instruction publique , Imprimerie du Crapelet , Paris, 1850.
  3. Il faut recuser l’etymologie aujourd’hui courante et seduisante, mais fautive, qui associe la banlieue au bannissement. Banlieue et bannissement renvoient a deux notions differentes. Le bannissement est un autre derive du terme ≪ ban ≫ ? ≪ etre au ban de ≫, ou ≪ etre en rupture de ban ≫ ? et non pas au mot ≪ banlieue ≫. Le bannissement etait bien une mesure de portee generale ; ainsi peut-on lire dans le Dictionnaire universel d’Antoine Furetiere ( t.  1 , 1690) : ≪ Il a ete banni de la ville et de sa banlieue, c’est-a-dire des environs. ≫ Sur ces questions, voir Alain Faure et Jean-Charles Depaule ( dir. ), ≪  Un faubourg, des banlieues, ou la declinaison du rejet  ≫, Les mots de la stigmatisation urbaine , Editions Unesco / Maison des sciences de l'homme,‎ , p.  8?39 ( lire en ligne ) .
  4. Thierry Paquot et Herve Vieillard-Baron ( dir. ), ≪  Banlieue, un singulier pluriel  ≫, Banlieue, une anthologie , Presses polytechniques et universitaires romandes ,‎ , p.  1?2 .
  5. Alain Rey , ≪  Institut d’urbanisme  ≫ ( Archive.org ? Wikiwix ? Archive.is ? Google ? Que faire ? ) .
  6. Michel Gresillon , Banlieue , p.  103 .
  7. La senatrice Brigitte Gros , dans un livre celebre ( Quatre heures de transport par jour ) evoquait en 1970 le calvaire quotidien de ses administres :

    ≪ Le train etait bonde de banlieusards, epuises par leur journee de travail. ≫

    Le , le journal Le Monde titrait ≪ Les tribulations quotidiennes des banlieusards ≫.
  8. Isabelle Rabault-Maziere , ≪  Chemin de fer, croissance suburbaine et migrations de travail : l'exemple parisien au XIX e  siecle  ≫, Histoire urbaine , vol.  3/2004, n o  11,‎ , p.  9-30 ( ISSN   1628-0482 , lire en ligne ) .
  9. a b c d et e Herve Vieillard-Baron, Les Banlieues , Hachette Superieur .
  10. ≪  Filmer les grands ensembles  ≫, documentaire en ligne sur les representations audiovisuelles des grands-ensembles, CHS (CNRS / Paris1), 2015
  11. Thomas Guenole, Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? , Lormont, Le Bord de l'Eau, , 214  p. ( ISBN   978-2-35687-417-7 ) , p.  13-16 .
  12. Henri Lefebvre , Le Droit a la ville… , Paris, Editions Anthropos, coll.  ≪ Societe et urbanisme ≫, .
  13. Prevot Victor, ≪  L'urbanisation des Pays-Bas  ≫, L'information geographique, volume 29, n o  2, 1965, p.   47-59 ,‎ .
  14. ouvrage collectif, La Chine et les Chinois de la diaspora , Paris, SEDES-CNED, , p.  129 .
  15. Voir sur ohp.univ-paris1.fr .
  16. Sylvie Brunel , Nourrir le monde n'est pas une gageure. Quoique… , p.  9. Article publie dans L'Economie politique , n o  43, juillet 2009.
  17. Eric Hobsbawm , L'ere des empires. 1875-1914 , Pluriel, 2012, p. 218.
  18. Philippe Genestier , ≪  Eloge du ghetto, stereotypes et termes repoussoirs de la pensee urbanistique  ≫, Villes en Parallele , vol.  15, n o  1,‎ , p.  312?329 ( DOI   10.3406/vilpa.1990.1090 , lire en ligne , consulte le )
  19. a et b Manuel Boucher , ≪ Rap, ≪ peur de la jeunesse ≫ et ingeniosite creatrice: ≫ , dans La jeunesse comme ressource , Eres, ( ISBN   978-2-86586-913-8 , DOI   10.3917/eres.vulbe.2001.01.0151 , lire en ligne ) , p.  151?168
  20. Michel Kokoreff , ≪  Ghettos et marginalite urbaine  ≫, Revue francaise de sociologie , vol.  Vol. 50, n o  3,‎ , p.  553?572 ( ISSN   0035-2969 , DOI   10.3917/rfs.503.0553 , lire en ligne , consulte le )
  21. Eric Marliere , ≪  Les ≪ jeunes de cite ≫: Territoires et pratiques culturelles  ≫, Ethnologie francaise , vol.  Vol. 38, n o  4,‎ , p.  711?721 ( ISSN   0046-2616 , DOI   10.3917/ethn.084.0711 , lire en ligne , consulte le )
  22. Pierre Chemartin et Nicolas Dulac , ≪  La femme et le type : le stereotype comme vecteur narratif dans le cinema des attractions  ≫, Cinemas : revue d'etudes cinematographiques / Cinemas: Journal of Film Studies , vol.  16, n o  1,‎ , p.  139?161 ( ISSN   1181-6945 et 1705-6500 , DOI   10.7202/013054ar , lire en ligne , consulte le )
  23. a et b Alec G. Hargreaves , ≪  La representation cinematographique de l’ethnicite en France : stigmatisation, reconnaissance et banalisation  ≫, Questions de communication , n o  4,‎ , p.  127?139 ( ISSN   1633-5961 , DOI   10.4000/questionsdecommunication.4890 , lire en ligne , consulte le )
  24. Sans Famille (1878) et En Famille (1893) en etant les meilleurs exemples. Cet auteur fait par ailleurs le meme constat avec la ville de Londres a la meme epoque.
  25. Prevert ecrit egalement les commentaires du film Aubervilliers (1945), realise par Eli Lotar .
  26. Daniel S. Larange, ≪  Une foi n’est pas coutume… Des problemes sociaux a la question religieuse chez les ecrivaines camerounaises sur Seine  ≫, Revue roumaine d’etudes francophones , n o  4,‎ , p.  119-139 .
  27. Andre Bernard (direction artistique), ≪  La banlieue 1931-1953 ? Anthologie  ≫, Fremeaux & associes (consulte le ) .
  28. Des rappeurs tels que Doc Gyneco , MC Jean Gab'1 ou Disiz la Peste ont participe a un album-hommage a Renaud, revendiquant son influence. Cf Xavier de Larminat , ≪  Renaud rappeur avant l’heure ?  ≫ ( Archive.org ? Wikiwix ? Archive.is ? Google ? Que faire ? ) , sur abcdrduson.com , .

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Generalite [ modifier | modifier le code ]

Sociologie et histoire [ modifier | modifier le code ]

  • Cecile Asanuma-Brice, Un siecle de banlieue japonaise. Au paroxysme de la societe de consommation. Ed° Metispresses, 206 p., ( ISBN   978-2-94-0563-43-2 )
  • Rachid Sakji , Chroniques d’une cite ordinaire : la vie d’un enfant dans une cite de la banlieue havraise , l’Harmattan , .
  • Adil Jazouli , Une saison en banlieue : Courants et prospectives dans les quartiers populaires , Plon, .
  • Collectif (Compte rendu d’un programme de recherche menee sur sept sites en procedure Developpement Social des Quartiers ou en convention de quartier du X e  Plan, et fonde sur deux types d’approches : d’une part, l’analyse de donnees objectives sur les conditions de vie ; d’autre part, l’etude des representations collectives et des perceptions individuelles.), Aux marges de la ville, au cœur de la societe : ces quartiers dont on parle , L’Aube , .
  • Liane Mozere et al. , Intelligence des banlieues , L’Aube,
    Diverses contributions pour analyser les pratiques habitantes en se demarquant des approches habituelles qui mettent en avant les conflits, les dysfonctionnements, voire l’ anomie supposes regner sans partage dans les quartiers dits, selon les cas, defavorises, ≪ sensibles ≫ ou ≪ difficiles ≫.
  • David Lepoutre , Cœur de banlieue : codes, rites et langages ,   ed. , .
  • Jacques Donzelot , Quand la ville se defait : une politique face a la crise des banlieues ,   ed. , .
  • Loic Wacquant , Parias urbains : ghetto, banlieues, Etat , La Decouverte, .
  • Sylvie Tissot , L’Etat et les quartiers ,   ed. , .
  • Yves Bodard , Banlieues, de l’emeute a l’espoir , Regain de lecture , .
  • Jean-Marc Stebe , La crise des banlieues : Sociologie des banlieues sensibles , PUF, .
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Histoire des banlieues francaises [ modifier | modifier le code ]
  • Michel Bochaca, La Banlieue de Bordeaux : Formation d’une juridiction municipale suburbaine (vers 1250- vers 1550) , Paris, L’harmattan, .
  • Jean Bastie , La Croissance de la banlieue parisienne , Paris, Presses universitaires de France , , 624  p. .
  • John M. Merriman , Aux marges de la ville : Faubourgs et banlieues en France 1815-1870 , Paris,   ed. , , 399  p. .
  • Jean-Paul Brunet, Saint-Denis, la ville rouge : socialisme et communisme en banlieue ouvriere, 1890-1939 , Paris, Hachette, , 462  p. .
  • Annie Fourcaut ( dir. ), Un siecle de banlieue parisienne (1859-1964) : Guide de recherche , Paris, l’ Harmattan , ( 1 re   ed. 1992), 317  p. .
  • Annie Fourcaut , La Banlieue en morceaux. La crise des lotissements defectueux en France dans l’entre-deux-guerres , Grane, Creaphis, , 339  p. .
  • Alain Faure ( dir. ) et Jean-Charles Depaule, ≪  Sur l’histoire du mot banlieue et de ses usages en France  ≫, Les Mots de la stigmatisation urbaine , Editions Unesco / Maison des sciences de l’homme ≪ Un faubourg, des banlieues ou la declinaison du rejet ≫,‎ , p.  8-39 ( lire en ligne ) .

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

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