L'
anesthesie-reanimation
est la branche de la
medecine
qui se consacre a :
- l'
anesthesie
(ou anesthesiologie au Canada) et a la reanimation : prise en charge peri-operatoire (avant, pendant et apres l'
operation chirurgicale
) des patients. Cette prise en charge globale repose sur une evaluation pre-operatoire. Lors de l'intervention, l'anesthesiste va prevenir la douleur par l'utilisation d'antalgiques, eventuellement sedater le malade (pour eviter toute memorisation) a l'aide d'hypnotiques et dans certains cas relacher l'ensemble de ses muscles a l'aide de curares. Il s'agit alors d'une
anesthesie generale
. Tout cela n'est possible que sous un controle continu des grandes fonctions vitales.
l'anesthesie (loco)regionale consiste a n'endormir qu'une partie du corps (bras, jambe, region sous ombilicale) pour permettre chez un patient eveille de realiser une intervention chirurgicale limitee a la region bloquee (anesthesiee).
L'analgesie peridurale, realisee par un medecin anesthesiste reanimateur, permet de reduire les douleurs lors de l'accouchement.
- la
reanimation
: prise en charge des patients presentant ou susceptibles de presenter une ou plusieurs defaillances viscerales aigues mettant directement en jeu le pronostic vital.
Le medecin specialise dans cette discipline a la qualification de
medecin anesthesiste-reanimateur
.
Dans certains pays dont la
France
et les
Etats-Unis
, il existe une specialisation de la profession d'
infirmier
en anesthesie (mais pas en reanimation): l'
infirmier anesthesiste diplome d'Etat
ou IADE.
en France la specialite est aussi implique dans la medecine perioperatoire (prise en charge des patients avant, pendant et apres l'intervention).
Au
Quebec
, l’
inhalotherapeute
est un des professionnels reconnus au sein de l’equipe d’anesthesie-reanimation.
Lors des interventions chirurgicales, le confort du patient et le bon deroulement de l'operation sont assures de facon optimale grace a l'anesthesie. Cette specialite a pris son essor au milieu du
XIX
e
siecle
, et ce sont d'abord les
dentistes
et les
obstetriciens
qui, s'emparant de decouvertes de la
chimie
, soulagerent efficacement leurs contemporains.
L'anesthesie est un etat d'insensibilite, plus ou moins importante, a la douleur. Une perte de sensibilite ? qui apparait spontanement dans certaines maladies, notamment neurologiques ? peut etre artificiellement provoquee par des substances chimiques (anesthesiques) ou des techniques, telles que l'
acupuncture
, pour diminuer ou supprimer la douleur lors d'actes medicaux douloureux. On parle alors d'anesthesie therapeutique, et elle peut etre generale, regionale ou locale.
Pendant des siecles, les medecins ont eu recours, selon les civilisations, a des anesthesiques derives de l'
opium
et de l'
alcool
, ou encore aux pressions directes, ou a l'action du froid sur les
nerfs
. Les
chinois
, par exemple, employaient le
haschisch
, et les
incas
frictionnaient la peau du patient avec un extrait de feuilles de
coca
. Toutes ces methodes etaient trop peu efficaces pour qu'une operation puisse se prolonger sans douleur ni etat de choc. Au debut du
XIX
e
siecle
, le taux de mortalite postoperatoire etait enorme : 100 % pour une
trepanation
, et 10 % pour la simple
amputation
d'un
doigt
.
L'essor de l'anesthesie est lie a l'amelioration des techniques chirurgicales par les chirurgiens
britanniques
du
XIX
e
siecle. Le
protoxyde d'azote
, ou ≪ gaz hilarant ≫, est la premiere substance dont les pouvoirs anesthesiants ont ete reconnus, cela grace aux travaux du chimiste anglais
Humphry Davy
et de son etudiant
Michael Faraday
, en
1799
. Longtemps considere comme un divertissement, il ne sera utilise comme anesthesique qu'en
1844
par le dentiste
americain
Horace Wells
qui se fait extraire une dent par son etudiant,
John M. Riggs
.
De la meme facon, l'
ether
, decouvert en
1818
par Michael Faraday, ne sera utilise que beaucoup plus tard, en
1846
, par le dentiste americain
William Morton
. L'ether, de plus en plus utilise en Amerique, est tres vite adopte en
Europe
. D'abord en Grande-Bretagne, ou est realisee la premiere amputation sous ether, puis en
France
, en
1847
, alors qu'un des chirurgiens francais les plus reputes,
Alfred Velpeau
, avait declare, huit ans plus tot, que la chirurgie sans douleur etait inconcevable.
L'ether laisse ensuite place a un nouveau produit, plus volatil et plus agreable, le
chloroforme
. C'est un obstetricien d'
Edimbourg
,
James Young Simpson
, qui publie, le
, le compte-rendu d'un accouchement reussi sous chloroforme. Ce produit fut tres en vogue, surtout apres que la
reine Victoria
l'eut experimente avec succes pour la naissance de son septieme enfant, le
prince Leopold
, en 1853.
En
1829
, le chirurgien
Jules Cloquet
effectue l'ablation d'une tumeur sous sommeil
magnetique
au cours de laquelle la patiente ne manifeste aucun signe de douleur
[
1
]
.
On notera les travaux des medecins anglais
John Elliotson
(
Surgical operations in the mesmeric state without pain
- 1843) et
James Esdaile
(
Mesmerism in India and its practical applications in surgery and medecine
- 1846) et du medecin ecossais
James Braid
(
Hypnose ou Traite du sommeil nerveux, considere dans ses relations avec le magnetisme animal
- 1883).
Le
a l'
hopital Necker
, les chirurgiens
Eugene Azam
,
Paul Broca
et Eugene Follin pratiquent l'operation d'une tumeur anale sous anesthesie
hypnotique
selon la methode de
James Braid
. L'operation, tres douloureuse par nature, se passe sans que la patiente ne donne aucun signe de douleur. Le chirurgien
Alfred Velpeau
rend compte de cette intervention devant l'
Academie des sciences
le
.
L'hypnose, en tant que technique anesthesique est ensuite tombee dans l'oubli pendant pres d'un siecle en raison de l'avenement de l'anesthesie chimique. Dans les annees 1990, les neuro-sciences et la neuro-imagerie permettent de mieux comprendre les phenomenes hypnotiques. C'est le retour de l'hypnose en anesthesie. L'anesthesie beneficiant alors de l'evolution que l'hypnose a suivi dans les milieux psychiatriques, notamment sous l'influence d'Erickson.
Actuellement, en France, chaque annee de nombreux anesthesistes, medecins et infirmieres se forment a l'hypnose. Il n'est plus question de remplacer l'anesthesie generale par l'hypnose mais d'utiliser des techniques hypnotiques pour realiser des actes courts, peu douloureux comme la pose d'une perfusion, les peridurales, les anesthesies loco-regionales des membres, les explorations digestives ou gynecologiques… On peut aussi realiser des actes associes a des anesthesies locales, possibles au niveau technique mais qui seraient inconfortables sans hypnose (ablation de la thyroide, chirurgie esthetique…).
Enfin l'apprentissage de l'hypnose apprend a mieux communiquer, notamment en prenant en compte l'etat de conscience parfois spontanement modifie des patients
D'autres anesthesiques font leur apparition; a la fin du siecle, la
cocaine
est la premiere substance utilisee en anesthesie locale. Au debut du
XX
e
siecle
, les techniques et les appareillages se perfectionnent. Les anesthesies, moins toxiques, peuvent maintenant se prolonger, ce qui ouvre le champ a des actes operatoires jusqu'alors impossibles. Apres la
Seconde Guerre mondiale
, l'anesthesie devient une discipline medicale autonome, a laquelle est adjointe la
reanimation
.
Si la douleur est maitrisee, le choc que subit tout organisme opere est toujours present. Il s'agit non seulement d'endormir le patient, mais aussi de le surveiller avant, pendant et apres l'operation et d'etre a meme de le reanimer a la moindre complication. Les connaissances en anesthesie et en reanimation se sont tellement developpees que ces deux domaines sont devenus deux specialites a part entiere.
L'objectif de l'anesthesie generale est double : eviter la douleur et proteger l'opere des perturbations physiologiques induites par l'acte chirurgical. Le patient subit trois phases successives:
- suppression de la sensibilite a la douleur, ou
analgesie
;
- sommeil, ou narcose;
- abolition des
reflexes
et relachement musculaire facilitant le travail du chirurgien.
Lorsque l'anesthesie cesse d'agir, le patient repasse par la deuxieme puis par la premiere phase; enfin, il reprend conscience et ne se souvient de rien. Cette
amnesie
postoperatoire est en partie due a la premedication precedant l'intervention.
Les techniques d'anesthesie generale les plus employees sont l'inhalation et l'
injection par voie intraveineuse
. Le recours a la voie
rectale
ou a l'
hypnose
est tres rare, surtout en France.
On utilise des substances gazeuses generalement melangees a l'
oxygene
. Outre le protoxyde d'azote, qui est associe a des medicaments et permet d'en diminuer la quantite tout en conservant leurs effets anesthesiants, on utilise des gaz halogenes plus puissants, tel l'
halothane
, l’
isoflurane
mais surtout le
desflurane
et le
sevoflurane
.
Les respirateurs modernes permettent de recuperer tout ou partie du gaz expire (qui contient encore des gaz anesthesiques). Il faut alors ajouter un dispositif d'epuration et un appareil pour controler la concentration des gaz, ce qui permet de diminuer la pollution du bloc operatoire et le cout. On parle alors de circuit a bas debit de gaz frais.
L'anesthesie par injection intraveineuse necessite l'administration de drogues hypnotiques. La plus utilisee actuellement le
propofol
.
Certaines substances sont administrees pour preparer le patient a l'anesthesie, en le decontractant ou en diminuant, de facon temporaire, sa sensibilite. C'est le role de la
premedication
. Celle-ci peut etre administree soit par voie orale soit par voie rectale (frequent en pediatrie).
A la difference de l'anesthesie generale, les anesthesies regionales et
locale
n'interessent que la partie ou la region du corps a operer. Le patient reste conscient et se souvient de tout ; il peut meme converser avec le chirurgien et son equipe et ne ressent aucune douleur. Les produits utilises sont essentiellement des derives de
cocaine
, sans effet
psychotrope
.
Techniques d'anesthesie regionale et locale
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Les techniques varient suivant le territoire a anesthesier et son importance. On a recours soit au refroidissement local, qui diminue l'activite tissulaire et permet certaines amputations, soit au badigeonnage ou a la pulverisation sur une muqueuse (anesthesie de surface), soit a l'injection d'une solution anesthesique. Selon l'importance de l'operation envisagee, l'injection se fait au niveau de la peau (anesthesie locale), d'un gros tronc nerveux correspondant a tout ou partie d'un membre (anesthesie locoregionale), ou de la moelle epiniere agissant sur le bas du corps a partir du nombril (anesthesie locoregionale centrale rachianesthesie, anesthesie peridurale ou ces 2 techniques combinees peri-rachi sequentielle). Dans ce dernier cas, les deux techniques de plus en plus utilisees sont la rachianesthesie et la peridurale.
La rachianesthesie s'applique au systeme nerveux central. On injecte l'anesthesique dans le liquide cephalo-rachidien, au contact meme des racines des nerfs rachidiens. Il en resulte la paralysie et l'insensibilite totale des territoires innerves, en general au-dessous du nombril. Selon la region de la moelle epiniere infiltree, cette technique porte differents noms. On a recours a la rachianesthesie en chirurgie orthopedique, urologique, gyneco-obstetricale ou digestive.
Elle est utilisee en alternative a l'anesthesie generale, soit lorsque celle-ci est jugee plus dangereuse ou inadequate, soit lorsque la chirurgie ne la justifie pas.
Elle possede neanmoins ses propres contre-indications, limites et complications, et son utilisation doit etre soigneusement reflechie.
On peut choisir cette technique, lors de l'accouchement, pour diminuer les douleurs dues aux contractions. A l'aide d'un catheter introduit entre les vertebres lombaires, un anesthesique local est administre, insensibilisant la partie inferieure du corps.
Une anesthesie peridurale peut egalement etre utilisee en chirurgie, soit seule, par exemple lors d'une
cesarienne
, soit combinee avec une anesthesie generale. Elle permet ainsi d'ameliorer l'analgesie post-operatoire et pourrait ameliorer la rehabilitation post-operatoire.
Selon le niveau de l'intervention, une anesthesie peridurale peut etre realisee au niveau lombaire, thoracique, voire cervical.
L'anesthesie ainsi obtenue peut etre prolongee pendant plusieurs jours en poursuivant l'administration d'un anesthesique local a faible concentration. Cette technique permet de diminuer les douleurs postoperatoires et de faciliter la kinesitherapie.
La sensibilite, et en particulier la perception de la douleur, nait de l'excitation de terminaisons nerveuses situees dans la peau ou dans les organes: il en resulte une onde electrique, l'influx nerveux, qui va etre conduite le long d'une chaine de neurones vers les nerfs, la moelle epiniere et le cerveau, ou se realise ≪la prise de conscience≫. La conduction est assuree par la membrane de la cellule nerveuse. L'anesthesie medicale consiste a bloquer l'influx en un point de son parcours sans porter atteinte aux fonctions vegetatives automatiques.
Un anesthesique comme la cocaine stabilise les constituants de la membrane, alors que leur fluidite est indispensable a la propagation de l'influx d'une extremite a l'autre du neurone. Dans l'anesthesie de surface, la conduction est temporairement abolie des le recepteur situe dans la peau.
Les gaz inhales et les hypnotiques, vehicules par voie sanguine, agissent sur les neurones du cerveau ; mais a cause de la complexite du systeme nerveux central, leur mode d'action est hypothetique. Les nombreuses theories se rejoignent sur le fait que la propagation de l'influx d'un neurone a l'autre serait reversiblement alteree.
La recherche du mode d'action de la morphine a permis la decouverte, dans les membranes des neurones de la moelle epiniere et du cerveau, de recepteurs specifiques de sa molecule, bien qu'elle ne soit pas naturellement presente dans l'organisme. Certains neurones liberent des molecules semblables a celle de la morphine, les endorphines (celles du cerveau etant les enkephalines), dont le role est, sans effet d'accoutumance, de reduire la perception douloureuse.
Les analgesiques diminuent ou suppriment la douleur. La morphine, longtemps utilisee pour diminuer la douleur, a ete remplacee avantageusement par des analogues de synthese beaucoup plus puissants et plus faciles a manier : sufentanil, alfentanil, remifentanil. Tous les morphiniques ont l'inconvenient de provoquer une depression respiratoire, et donc de necessiter la plupart du temps un controle de la ventilation.
En abaissant l'activite du systeme nerveux, les neuroplegiques inhibent la reaction a l'agression chirurgicale et diminuent ainsi l'etat de choc. Les neuroleptiques sont de moins en moins utilises.
Les curarisants agissent en bloquant la transmission de l'influx nerveux jusqu'aux muscles, ce qui provoque un relachement musculaire facilitant l’
intubation tracheale
et l'acte chirurgical. Leur utilisation exige le controle de la ventilation, car ils induisent egalement la paralysie des muscles respiratoires.
Avant toute intervention, le patient est soumis a un examen preoperatoire de facon que l'anesthesiste choisisse le ou les anesthesiques les plus compatibles avec son etat de sante : cette consultation a ete rendue obligatoire par un decret de 1994 pour toute procedure ou geste chirurgical
programme
, elle doit avoir lieu au moins 48 heures avant la realisation de l'acte qui motive l'anesthesie, et ne se substitue pas a la visite pre anesthesique qui, elle, doit avoir lieu dans les "heures qui precedent" cet acte. Les
urgences chirurgicales
ne sont pas concernees par cette consultation.
L'anesthesie est rendue moins agressive par l'administration d'un sedatif qui diminue la tension psychique. On commence en general par endormir le patient, a jeun depuis au moins six heures, en lui administrant un
barbiturique
ou du
propofol
par voie intraveineuse, puis le relais est pris par un
gaz anesthesiant
qui maintient le sommeil. A cette association sont joints un
analgesique
et eventuellement un
curarisant
.
Dans tous les cas, le patient est assiste par un dispositif de ventilation artificielle pendant l'operation et en periode postoperatoire. Comme la majorite des medicaments deprime les centres nerveux de la ventilation (jusqu'a l'arret) et de la deglutition, le patient est tres souvent intube : une sonde placee dans la trachee est reliee a un respirateur automatique qui fournit l'oxygene et elimine le dioxyde de carbone.
Les questions posees, pour la societe, la medecine et l'anesthesie, se situent donc autour du theme de l'acceptabilite des risques. Le risque, est la potentialite de survenue inattendue d'un evenement non desire ou redoute. A ce risque-evenement viennent se greffer intimement trois notions complementaires : sa gravite, sa probabilite et sa perception. Le niveau d'acceptabilite d'un risque doit etre determine en fonction d'une part des souhaits des patients subissant ces risques et apportant par leur assurance les ressources necessaires, d'autre part des professionnels, jugeant de la faisabilite d'une telle maitrise.
D'apres une enquete de l'Institut national de la sante et de la recherche medicale (INSERM) realisee en 1982. Cela represente 4 500 accidents et 1 300 morts par an. Toutefois l'anesthesie generale presente aujourd'hui peu de risques: sur 8 millions d’anesthesies pratiquees en France en 1996 le risque anesthesique actuel serait de l'ordre d'un deces pour 20 000 actes, toutes classes ASA confondues, et de 2 a 6 deces par million d'actes pour les patients bien portants. Des accidents peuvent survenir pendant l'anesthesie, notamment l’infarctus, l'arret cardiaque, l'arret respiratoire, l’accident vasculaire cerebral ; d'autres surviennent au cours du reveil et donnent lieu a des complications infectieuses, a une insuffisance renale postoperatoire,
etc.
Le niveau de risque global actuel est comparable a celui couru lors d'une annee de conduite automobile. Cependant, le risque automobile, domaine si particulier de conflit entre l'exigence legitime d'une garantie collective de protection et un moyen de transport (ou un plaisir) ou s'affirme si fortement la liberte individuelle, peut-il etre retenu comme etalon ? Un risque calque sur celui de l'aviation civile, actuellement d'un accident pour 8 millions de vols, soit un accident sur un vol quotidien tous les 21 000 ans, semble demesure. En effet, ce risque est tres different et a la particularite d'etre a la fois plus perceptible, plus spectaculaire et dote de moyens financiers incomparablement superieurs.
Une enquete francaise ≪ Mortalite 2002 ≫ est en cours.
L'hemorragie operatoire ? sa prevention ou son traitement ? constitue l'un des soucis majeurs des anesthesistes et des reanimateurs. Avant l'operation, on peut prelever au patient du sang qui lui sera restitue durant l'intervention (autotransfusion preoperatoire ou transfusion autologue programmee au centre de transfusion). On peut diminuer le saignement en abaissant artificiellement la pression arterielle durant l'operation ou bien recuperer le sang perdu et le transfuser au fur et a mesure de l'intervention (autotransfusion per-operatoire par Cell Saver). Une complication rarissime liee aux gaz halogenes: l'
hyperthermie maligne
.
Ainsi, la salle d'operation est devenue une zone de soins intensifs, caracterisee par une assistance medicale permanente de l'anesthesiste et de l'infirmier anesthesite (IADE). Un bilan fonctionnel des divers systemes physiologiques (cardio-vasculaire, respiratoire, urinaire, endocrinien,
etc.
) est effectue, et l'on attenue par une aide medicamenteuse leurs alterations eventuelles.
Surveillance continue et reanimation trouvent leur developpement le plus important dans la periode postoperatoire en salle de surveillance post-interventionnelle ou en service de soins intensifs-reanimation chirurgicale si necessaire. Des la phase de reveil, elles consistent, par de nombreux moyens d'investigations (radiographies, examens biologiques, biochimiques et immunologiques), a prendre en charge toutes les fonctions vitales defaillantes et a permettre au patient de passer dans de bonnes conditions le cap des perturbations aigues.
Complications liees aux anesthesies regionale et locale :
Des complications peuvent survenir et provoquer, dans le cas de la rachianesthesie et de l'anesthesie peridurale, une chute de la pression sanguine. L'anesthesie de contact a la cocaine peut provoquer un etat syncopal, en general benin, ou l'apparition d'un choc.
D'autres techniques, en general encore peu utilisees (sauf l'acupuncture dont l'usage est tres repandu en Chine), repondent essentiellement au besoin d'eviter l'administration de drogues.
L'
hypnose
est applicable pour differents types d'interventions chirurgicales. Dans un article publie en
1967
, le psychiatre americain
Milton Erickson
fait reference a des actes chirurgicaux majeurs, comme des
cholecystectomies
, realises sur des sujets en transe somnambulique et n'ayant recu aucune medication
[
2
]
.
En France, les travaux de
Leon Chertok
ont illustre l'utilisation de l'anesthesie par l'hypnose pour de petites operations chirurgicales ainsi que par des dentistes
[
3
]
.
En Belgique, au
Centre hospitalier universitaire de Liege
, des chirurgiens pratiquent, depuis 1992, l'hypnosedation (technique qui associe une anesthesie locale, une sedation intraveineuse faiblement dosee et l'hypnose) pour des interventions legeres, comme l'excision de ganglions, ou des interventions plus compliquees, comme des liftings complets du visage; deja 1 100 operations ont ete ainsi realisees a
Liege
. Cette technique d'
hypnosedation
fut utilisee pour une operation de la
thyroide
de la
reine Fabiola
en
[
4
]
.
Combinee a l'anesthesie medicamenteuse, l'anesthesie electrique est parfois utilisee en chirurgie. Elle consiste a soumettre le cerveau a l'action d'un courant electrique de tres faible intensite. Les douleurs lors d'un accouchement peuvent egalement etre abolies, dans 30 % a 70 % des cas, par le passage d'un courant electrique transmis par des electrodes placees sur la peau, de part et d'autre du rachis.
Par l'implantation d'aiguilles en certains points du corps, alors excites, on provoque une analgesie de la partie du corps en rapport avec ces points. On a experimente ces techniques, d'origine chinoise, pour supprimer les douleurs de l'accouchement, ainsi que dans des operations sur le thorax et en chirurgie dentaire, mais leur succes n'est pas toujours garanti.
Le biofeedback est une technique d'autocontrole, sur des fonctions physiologiques involontaires, fondee sur le conditionnement. Le patient apprend a controler les effets de l'agression, ou stress, dont la douleur, en diminuant l'intensite des signaux visuels ou sonores qu'un ordinateur lui envoie et qui traduisent son etat. Il est essentiellement utilise dans le traitement de troubles psychosomatiques telles certaines migraines.
Utilisee dans la preparation a l'accouchement; la sophrologie tend aussi a faire prendre conscience au sujet de ses possibilites mentales pour maitriser les sensations douloureuses.
La neurostimulation consiste a stimuler des fibres nerveuses, liberatrices de neuromediateurs, qui activeraient un systeme naturel de reduction de la perception douloureuse. Elle semble etre une methode d'avenir permettant d'eviter le recours aux drogues anesthesiantes et leurs corteges d'inconvenients.
Il n'en reste pas moins que la perception de la douleur est relative suivant les individus et que la composante psychologique joue un role important.
Parmi les activites des anesthesistes-reanimateurs, l'anesthesie est historiquement la principale, commune aux differentes modalites d'exercice professionnel, public ou prive.
- consultations
- anesthesie
- analgesie post-operatoire
- Medecine Peri-operatoire
- reanimation
- ↑
≪ Ablation d'un cancer du sein pendant un sommeil magnetique ≫,
Archives generales de Medecine
, tome XX, mai 1829, p. 131.
- ↑
Milton H. Erickson, ≪ Nouvelle etude experimentale sur l'hypnose : realites hypnotiques et non-hypnotiques ≫,
The American journal of clinical hypnosis
, Octobre 1967, 10, p. 87-135
- ↑
Leon Chertok et Didier Michaux,
Le corps et la raison
, 1990 (film).
- ↑
Marc Bechet, ≪
La reine Fabiola operee de la thyroide
≫,
La Derniere Heure
,
(consulte le
)
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