한국   대만   중국   일본 
Affaire Elizabeth Canning ? Wikipedia Aller au contenu

Affaire Elizabeth Canning

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.
Elizabeth Canning
Elizabeth Canning sur une gravure d'environ 1820.
Biographie
Naissance
Deces
Activite

Elizabeth Canning , nee le et decedee en , est une servante anglaise qui a ete au centre d'une affaire judiciaire qui compte parmi les plus celebres debats criminels du XVIII e  siecle en Angleterre . Elle aurait ete enlevee et retenue contre son gre dans un grenier a foin, avant de s'en echapper apres environ un mois de captivite. Des personnes soupconnees d'etre ses agresseurs sont jugees et reconnues coupables, mais ensuite liberees a la lumiere d'elements nouveaux. Elizabeth Canning, reconnue coupable de parjure , est condamnee a la deportation penale .

Elizabeth Canning disparait le pendant presque un mois. Lorsqu'elle revient chez sa mere, qui demeure dans la Cite de Londres , elle est amaigrie et dans un ≪ etat deplorable ≫ . Apres avoir ete questionnee par des amis et des voisins, elle est interrogee par le conseiller municipal , qui emet alors un mandat d'arrestation contre Susannah Wells, la proprietaire de la maison dans laquelle Elizabeth Canning a ete sequestree. Elle se joint ensuite a un groupe de voisins et d'amis qui se dirigent vers la maison de Susannah Wells dans Enfield Wash , ou elle identifie Mary Squires comme l'un de ses ravisseurs. Magistrat local et ecrivain connu a l'epoque, Henry Fielding s'implique dans l'affaire et prend parti pour Elizabeth Canning. D'autres arrestations suivent et plusieurs depositions sont enregistrees. Susannah Wells et Mary Squires sont declarees coupables ; Mary Squires est inculpee de vol , crime passible de la peine de mort.

Le juge de premiere instance et lord-maire de Londres Crisp Gascoyne , mecontent du verdict, entame ses investigations. Il rencontre des temoins qui declarent que Mary Squires et sa famille n'ont pas pu enlever Elizabeth Canning, et interroge plusieurs temoins a charge, dont certains se retractent. Le lord-maire ordonne l'arrestation d'Elizabeth Canning, qui est alors jugee coupable de parjure . Mary Squires est relaxee, tandis qu'Elizabeth Canning est condamnee a un mois d'emprisonnement et a sept annees de deportation penale.

L'affaire Canning fait s'opposer violemment deux groupes, les Canningites (≪ pro-Canning ≫) et les Egyptians (≪ pro-Squires ≫) [ 1 ] . Pendant et apres le proces, Crisp Gascoyne est injurie en public et agresse en pleine rue, tandis que les medias interesses par l'affaire menent une guerre des mots feroce sur le sort des jeunes femmes de chambre. Elizabeth Canning meurt en 1773 a Wethersfield dans le Connecticut , mais le mystere de sa disparition reste irresolu.

Histoire [ modifier | modifier le code ]

Contexte [ modifier | modifier le code ]

Elizabeth Canning, l'ainee des cinq enfants de William et Elizabeth Canning, nait le dans la Cite de Londres . Son pere est menuisier et la famille demeure dans un deux-pieces a Aldermanbury Postern [ note 1 ] a Londres [ 2 ] , [ 3 ] .

Le pere meurt en 1751, laissant quatre enfants et une veuve enceinte du cinquieme, une petite fille [ 4 ] . Mrs Canning, a quarante-cinq ans, est aimee et respectee dans le voisinage, mais n'a que peu de ressources. Apres le deces de son mari, elle se retire avec les quatre freres et sœurs d'Elizabeth dans la piece arriere du deux-pieces pour pouvoir loger James Lord, l'apprenti, dans la piece avant [ 4 ] .

L'education d'Elizabeth a ete limitee a quelques mois d'apprentissage dans une ecole d'ecriture. Depuis qu'elle a quinze ou seize ans, elle travaille comme servante dans la maison de John Wintlebury, un tavernier , qui la considere comme une fille honnete mais timide. A partir d' , elle vit au domicile d'Edward Lyon, un menuisier voisin de sa mere, qui partage la meme opinion que Wintlebury sur son caractere [ 3 ] , [ 5 ] . A dix-huit ans, elle est decrite comme une jeune fille potelee qui mesure 5  pieds (soit 1,50  m ), au visage marque par la variole , avec un long nez droit et des yeux ecartes [ 6 ] .

Disparition [ modifier | modifier le code ]

Elizabeth Canning disparait le . Ne travaillant pas ce jour-la, elle passe du temps avec sa famille, envisageant d'aller faire des courses avec sa mere apres avoir rendu visite a sa tante et a son oncle, Alice et Thomas Colley, mais elle change d'avis et reste avec eux pendant la soiree [ 7 ] . Elle reprend le chemin d'Aldermanbury vers 21 heures, accompagnee de sa tante et son oncle pendant les deux premiers tiers du trajet entre leur domicile et chez elle [ 8 ] .

Comme elle ne se presente pas chez Edward Lyon comme prevu, son employeur, inquiet, se rend deux fois a la maison de la mere d'Elizabeth pour s'informer. La mere envoie ses trois autres enfants la chercher a Moorfields [ 9 ] , tandis que James Lord se rend chez les Colley, qui lui disent avoir quitte Elizabeth pres de l'eglise d'Aldgate, dans Houndsditch [ note 2 ] , vers 21  h  30 [ 10 ] . La mere d'Elizabeth se rend aussi chez les Colley le lendemain matin, mais n'apprend rien de plus. On demande aux voisins s'ils savent ou peut se trouver Elizabeth, en vain. Tandis que les semaines passent, sa mere fouille les environs et la parentele inspecte la ville. Une annonce est publiee dans les journaux et des prieres sont recitees a haute voix dans les temples et les eglises. Excepte la mention du cri d'une femme en provenance d'un coche couvert le 1 er janvier, aucun indice n'est trouve, aucune information pertinente apportee [ 9 ] , [ 11 ] .

Reapparition [ modifier | modifier le code ]

Elizabeth reapparait vers 22 heures le . En voyant sa fille, disparue depuis quasiment un mois, sa mere s'evanouit. Quand elle reprend ses esprits, elle envoie James Lord, l'apprenti menuisier, chercher les voisins. En quelques minutes, la maison est remplie de monde. Elizabeth est decrite comme etant dans un ≪ etat deplorable ≫ [ 12 ]  : le visage et les mains noirs de crasse, la tete entouree d'un chiffon sale tache du sang d'une oreille blessee, elle est juste vetue d'une chemise , d'une jaquette et d'un jupon [ 13 ] .

Elizabeth raconte qu'elle a ete attaquee par deux hommes pres du Bethlem Royal Hospital . Ils l'ont a-demi deshabillee, volee, puis frappee a la tempe. Elle a alors perdu conscience. Elle a repris connaissance ≪ sur une grande route, pres d'un cours d'eau, en compagnie des deux hommes qui [l]'avaient enlevee ≫ [ 14 ] . Elle a ete contrainte de marcher jusqu'a une maison, ou une vieille femme lui a demande si ≪ elle [allait suivre] leurs pas ≫ (c'est-a-dire se livrer a la prostitution). Elizabeth Canning a refuse et la femme a coupe son corset , l'a giflee puis poussee dans l'escalier qui mene aux combles. Elle est demeuree dans ce grenier plusieurs semaines, sans voir personne, a peine nourrie de pain et d'eau. Les vetements qu'elle porte, elle les a trouves dans la cheminee du grenier. Elle est finalement parvenue a s'enfuir, apres avoir arrache quelques montants de bois d'une fenetre, avant d'entamer une marche de cinq heures pour rejoindre la maison familiale [ 15 ] . Elizabeth se souvenait avoir entendu prononcer un nom, quelque chose comme ≪ Wills ou Wells ≫ et, comme elle avait vu par la fenetre un cocher qu'elle avait reconnu, elle pensait avoir ete emprisonnee dans une maison situee sur Hertford Road . En se fondant sur ces indices, John Wintlebury et un journalier, Robert Scarrat, jugent qu'il ne peut s'agir que de la maison de ≪ Mere ≫ Susannah Wells, qui se trouve a environ 10 miles (16  km ), sur Enfield Wash [ 15 ] , [ 16 ] .

Des le lendemain elle est examinee par un apothicaire qui la trouve si faible qu'il peut ≪ a peine entendre ce qu'elle dit ≫ [ 17 ]  ; son pouls est tres bas, elle a des sueurs froides. Comme ses fonctions digestives sont completement bloquees, il tente de lui faire avaler un purgatif, mais elle le vomit. Il parvient finalement a la retablir en lui faisant subir plusieurs clysteres . Le le London Daily Advertiser annonce la reapparition d'Elizabeth et publie ses explications (y compris l'hypothese qu'elle a ete detenue dans la maison de Susannah Wells) [ note 3 ] . Le meme jour, Elizabeth est emmenee par ses amis et des voisins a l'Hotel de ville de la City, le Guildhall pour porter plainte aupres de l' Alderman ( magistrat municipal ) Thomas Chitty, afin d'obtenir un mandat d'arret contre Susannah Wells [ 18 ] .

Accusations contre les ≪ tortionnaires ≫ d'Elizabeth [ modifier | modifier le code ]

Enfield Wash [ modifier | modifier le code ]

Plan général de la propriété, plan de l'étage et petit dessin de la maison
Plan de la maison de Susanna Wells, paru dans le London Magazine en 1754.

Chitty, apres avoir ecoute la deposition [ note 4 ] , emet le mandat d'arret. Elizabeth est encore tres faible, le premier medecin qui l'a vue, le docteur John Eaton, craint meme qu'elle ne meure, mais ses partisans prennent le risque de la faire sortir de chez elle pour qu'elle reconnaisse la piece dans laquelle elle a ete retenue et identifie ses ravisseurs pour obtenir justice [ 20 ] . Le 1 er fevrier, ils l'emmenent donc a Enfield Wash . Wintlebury, Scarrat et Joseph Adamson (un voisin qui connait Elizabeth depuis l'enfance) sont a cheval. Les autres doivent venir dans deux vehicules, une voiture de louage pour les hommes et une chaise pour Elizabeth et sa mere. Les trois cavaliers, les premiers a arriver, rejoignent William White, l'adjudant porteur du mandat et ses hommes qui attendent au Sun and Woolpack l'arrivee de Susannah Wells [ 20 ] . La demeure de cette derniere possede plusieurs dependances : en plus de ses parties residentielles, elle comprend une ebenisterie , une boucherie et un cabaret . Un vieil homme y garde des animaux et accueille occasionnellement des locataires. Susannah Wells est doublement veuve ; son premier mari, Mr Howit, etait charpentier et le second, Abraham Wells, a ete pendu pour vol. Elle a elle-meme ete condamnee en 1736 pour parjure . La fille de son premier mari, Sarah Howit, est revenu vivre chez sa mere depuis deux ans, apres avoir ete probablement domestique pendant cinq ou six ans. Le frere de Sarah Howit, charpentier comme son pere, marie et pere de deux jeunes enfants, habite a quelques centaines de metres. Une autre fille, de son second mari, Elizabeth Long, agee de vingt-deux ans, veuve elle aussi, vit tout pres [ 21 ] .

Quand Susannah Wells apparait, vers 9 heures, les officiers de police encerclent la maison et interpellent toutes les personnes qui s'y trouvent : une vieille femme nommee Mary Squires, ses enfants (un fils et deux filles), Susannah Wells, Virtue Hall, et une personne qu'ils pensent etre la fille de Susannah Wells. En perquisitionnant, William White decouvre une jeune femme dans le grenier, Judith Natus, qu'il envoie rejoindre les autres, comptant aussi l'interroger [ 22 ] . Cependant, il est intrigue car cette piece ne correspond pas tout a fait a la description initiale d'Elizabeth. Il ne trouve pas non plus de traces au sol sous la fenetre nord, ni d'indice qu'on ait brise ou arrache des pieces de bois a la fenetre pour sortir.

Le vehicule de louage enfin la [ note 5 ] , tout le monde entre inspecter la maison, se disant aussi etonnes que le gardien de la paix de l'absence visible de preuve d'une detention [ 23 ] . La chaise amenant Elizabeth Canning, sa mere et deux autres personnes, arrivant a son tour, Elizabeth est conduite dans la maison par Adamson. Elle reconnait alors en Mary Squires la femme qui a coupe son corset et indique que la fille de Mary Squires et Virtue Hall etaient la lorsque c'est arrive. Elizabeth monte ensuite a l'etage et reconnait dans le galetas la piece dans laquelle elle a ete retenue, bien qu'il contienne plus de foin que dans son souvenir [ 24 ] . En regardant plus attentivement, on constate que l'encadrement de la fenetre a ete refait recemment, visiblement tres peu de temps avant l'arrivee de la police [ 25 ] . Les preuves sont accablantes pour les accuses. Ils sont conduits au juge de paix le plus proche, Merry Tyshemaker, qui interroge d'abord Elizabeth, puis les personnes arretees dans la maison Wells. Mary Squires et Susannah Wells sont sommees de se justifier, la premiere pour l'effacement des traces du passage d'Elizabeth Canning, la seconde pour ≪ tenir une maison de debauche ≫ . George Squires et Virtue Hall, qui nient une quelconque implication dans l'enlevement, sont liberes. Elizabeth Canning et ses amis sont autorises a rentrer chez eux [ 26 ] .

Investigations de Henry Fielding [ modifier | modifier le code ]

Portrait monochrome, de profil, d'un homme âgé, portant une longue perruque
Henry Fielding mene l'enquete sur les accusations d'Elizabeth Canning.

Dans le droit anglais du XVIII e  siecle, une agression , bien que ce soit, de loin, la forme de violence la plus souvent portee en justice, n'est pas consideree comme relevant d'une atteinte a l' ordre public , mais seulement d'une action civile entre deux parties en litige . Ainsi, si elle porte plainte, il incombera a Elizabeth Canning d'entreprendre les poursuites contre les personnes qu'elle accuse d'enlevement et de se charger aussi de toute l'enquete sur le crime suppose. C'est une demarche particulierement couteuse en temps et en argent, sans aucune garantie de succes. Or les Canning sont loin d'etre riches, Elizabeth aura donc besoin du soutien financier de ses amis et voisins pour porter plainte [ 27 ] . En outre, la justice prefere generalement une conciliation a l'amiable entre les parties a une confrontation au tribunal . Aussi, bien que l'etat dans lequel Elizabeth est retournee chez elle le soit le fait le plus reprehensible aux yeux de ses amis, c'est la disparition du corset ? et sa valeur, assez elevee, puisqu'elle est evaluee a 10 shillings ? qui est l'aspect le plus prometteur de l'affaire. Le vol etant passible de la peine de mort, il rend la plainte pour enlevement plus digne d'interet pour la justice [ 17 ] .

Tandis qu'Elizabeth Canning continue a etre suivie medicalement, ses defenseurs, essentiellement des hommes, preparent le proces contre Mary Squires et Susannah Wells. Ils prennent notamment des conseils juridiques aupres d'un avocat , Maitre Salt, qui leur suggere de consulter le magistrat Henry Fielding [ note 6 ] . Fielding, alors age de 45 ans, a des penchants pour l' alcool et un etat de sante vacillant. Depuis qu'il a pris ses fonctions, quatre annees auparavant, comme juge de paix dans le Middlesex et a Westminster , il s'est interesse ? avec une energie qualifiee de ≪ volcanique ≫ ? aux affaires criminelles. En , il a publie Amelia , histoire d'une jeune femme poussee au vice et a la folie par un mari violent. Bien que la critique du livre ait ete mauvaise, Fielding pense que son experience en criminologie peut lui permettre de comprendre les noirceurs dans lesquelles l'esprit humain peut s'enfoncer [ 28 ] .

Quand Maitre Salt evoque le cas d'Elizabeth Canning devant Henry Fielding, la curiosite de l'ecrivain-magistrat prend le dessus [ note 7 ] . Il accepte de recueillir le temoignage sous serment d'Elizabeth des le lendemain. Bien qu'il ne soit pas predispose a croire ce que raconte une servante, il est impressionne par la modestie et les bonnes manieres de la jeune femme, et emet un mandat d'arret contre tous les occupants de la maison Wells : ≪ ils pourraient comparaitre devant moi, [et] devraient donner des gages de bonne conduite [ 30 ]  ≫ . Virtue Hall et Judith Natus sont interpellees, mais George Squires, ses sœurs et la fille des Wells, Sarah Howit, ont quitte la maison et sont en fuite [ 31 ] , [ 32 ] , [ 33 ] .

Premiers echos dans la presse [ modifier | modifier le code ]

Le London Daily Advertiser , dont les bureaux sont sur Grub Street , relaie l'affaire le 10 fevrier , la faisant rapidement passer au premier plan :

≪  The house of that notorious woman well known by the name of Mother Wells, between Enfield Wash and Waltham Cross, was immediately suspected; and from many Circumstances appears to be the dismal Prison of the unhappy sufferer, whose melancholy Situation since her miraculous Escape is worthy of Compassion and Charitable contributions of all public-spirited people, and anyone who has any regard for the Safety of their Children and Relations, who are equally liable to the same inhuman and cruel Usage… all these circumstances being duly considered, it is not doubted but a Subscription or Contribution will soon be raised, to enable the Persons who have undertaken to detect this notorious Gang to prosecute their good Intentions with the utmost Vigour, as such a nest of Villains is of the greatest Danger to the Safety of his Majesty's good Subjects [ 34 ] .  ≫

≪ La maison d'une femme de mauvaise reputation bien connue sous le nom de Mere Wells, entre Enfield Wash et Waltham Cross , a immediatement ete suspectee ; et de nombreuses circonstances tendent a penser que cette maison a ete la triste prison d'une malheureuse victime, dont la situation depuis sa miraculeuse evasion est digne de compassion et de contributions charitables de la part de toute personne animee de civisme, et de quiconque a souci de la securite d'enfants et de proches qui seraient livres a la meme situation inhumaine et cruelle… toutes ces circonstances etant dument prises en consideration, nul doute qu'une souscription ou contribution sera prochainement demandee, pour permettre aux personnes qui ont entrepris de retrouver ce gang notoire de poursuivre leurs beaux desseins avec la plus grande vigueur, etant donne qu'un nid de scelerats est le pire danger pour la securite des bons sujets de sa Majeste. ≫

Le meme jour, les partisans d'Elizabeth Canning invitent a faire des dons au travers du pamphlet Case of Elizabeth Canning , imprime de facon independante en vue d'accroitre le soutien pour la poursuite des ravisseurs. Dans cette brochure, Susannah Wells est qualifiee de ≪ femme monstrueuse ≫ . Une version modifiee qui parait une semaine plus tard dans le Public Advertiser , revele qu'Elizabeth Canning a souffert d'une attaque apres avoir ete frappee a la tete. Mary Squires est traitee de ≪ vieille Gitane ≫ , qui ≪ a vole a la jeune-fille son corset ; puis l'a enfermee, dans un etat de denuement des plus miserables, parce qu'elle ne voulait pas devenir une prostituee, dans une vieille arriere-salle ou un grenier ≫ [ note 8 ] , [ 36 ] . Bien que Mary Squires soit souvent mentionnee comme gitane , cette identification a ete, de temps a autre, remise en cause. Judith Moore la decrit ≪ brune, grande, mais courbee, une vieille femme, d'un age entre soixante et quatre-vingts ans, parfois presentee comme exceptionnellement gentille ≫ , ajoutant que ≪ toutes les descriptions convergent sur le fait qu'elle etait vraiment tres laide, avec un nez tres large et une levre inferieure enflee et defiguree par un scrofule [ 37 ]  ≫ .

Une deposition redigee de la main des partisans d'Elizabeth Canning, en vue de son proces, rapporte aussi l'histoire d'un ouvrier nomme Barrison qui raconte que sa fille, une nuit de 1752, avait demande a rester chez les Wells mais elle n'avait pas d'argent. Susannah Wells l'aurait alors hebergee et nourrie sans la faire payer, mais l'aurait ensuite presentee a ≪ un gentleman avec un gilet lace ≫ qui l'aurait apparemment prise pour une prostituee. La jeune fille, ayant refuse ses avances, a ete enfermee dans la piece a l'etage, avant d'etre delivree le lendemain matin par un ami qui avait entendu ses appels au secours. Les propos de Barrison, rapportes de seconde main, sont toutefois impossibles a prouver [ 38 ] , [ 39 ] .

Pendant cette periode, le public soutient largement Elizabeth Canning. Elle est en effet presentee comme une jeune domestique de 18 ans, menacee par le milieu de la prostitution et retenue captive par une mechante vieille Gitane, avant de s'echapper, amaigrie et emaciee, pour retourner chez sa mere aimante. C'est l'histoire generalement acceptee par le grand public et la gentry [ 40 ] .

Aveux de Virtue Hall [ modifier | modifier le code ]

≪ Mrs Wells s'est exprimee avec tout l'art et l'innocence affectee de ces mechantes personnes miserables, qui ont deliberement et methodiquement appris les methodes permettant d'echapper a la justice ; et la vieille gitane se conduit comme une personne traditionnellement et de facon hereditaire versee dans l'art de la fourbe Egypte antique, offrant les plus religieuses protestations pour clamer son innocence ; meme si on l'a ensuite entendu dire, Putain de jeune Pute ! ≫ [ 41 ]
Compte rendu des protestations d'innocence de Susannah Wells,
16 fevrier 1753

Bien que Henry Fielding se dise fier de son equite en matiere de rendu de la justice, peu importe le statut social du temoin, il soumet Virtue Hall a un interrogatoire en repetant certaines questions et, frustre de voir que Hall apporte des reponses contradictoires, il la menace d'emprisonnement [ 32 ] , [ 42 ] . Ces menaces ont l'effet desire, car le , Virtue Hall avoue que John Squires (le fils de Mary) et un autre homme ont emmene Elizabeth Canning au domicile des Wells, tot dans la matinee du 2 janvier . Une fois arrivee au domicile des Wells, la vieille gitane a attaque Elizabeth et l'a force a monter l’escalier pour entrer dans une piece, dans laquelle la jeune femme est restee jusqu'a son evasion. Virtue Hall indique aussi que Fortune Natus et sa femme Judith n’ont pas quitte le domicile des Wells pendant plusieurs semaines, et qu'ils ont emmenage dans la piece-prison d'Elizabeth pour faire croire qu'ils y residaient depuis janvier [ 43 ] .

Les temoignages de Virtue Hall et d'Elizabeth Canning se recoupent desormais parfaitement, et Henry Fielding fixe alors son attention sur Judith Natus. Elle indique qu'elle et son mari ont dormi dans la piece au domicile des Wells depuis janvier, mais Fielding croit qu'elle ment et l'incite a reecrire ses declarations. Pendant ce temps, Virtue Hall est internee a la prison de Gatehouse de Westminster , bien qu'elle soit accusee d'aucun crime. Fielding quitte Londres pour une courte periode et y revient pour auditionner Mary Squires, Susannah Wells et les autres protagonistes accuses dans l'affaire [ 44 ] . Squires et Wells nient avoir connaissance de quoi que ce soit concernant Elizabeth Canning et ses aventures, et protestent energiquement en clamant leur innocence [ 41 ] .

L'histoire, telle qu'elle parait dans le London Daily Advertiser , a d'ores et deja suscite l'interet du grand public. Henry Fielding a quitte Londres, croyant qu'il en avait termine : ≪ [J'ai] produit les efforts que je croyais necessaires de consacrer a cette affaire [ trad 1 ]  ≫ . A son retour, cependant, il apprend que plusieurs ≪ nobles Lords ≫ ont tente de le contacter durant sa breve absence [ 45 ] . Le , une recompense est offerte pour la capture et la declaration de culpabilite de John Squires et de son acolyte anonyme, et il est dresse une liste des endroits ou les dons peuvent etre recoltes, afin qu'ils ≪ soient appliques a l'exercice de l'Accusation, ou donnes a la pauvre fille comme une recompense pour sa vertu, et les miseres qu'elle a vecues ≫ . Une version embellie de l'histoire est ensuite envoyee a la presse [ note 9 ] , [ 44 ] . George Squires n'est pas retrouve [ 44 ] .

Proces de Mary Squires et de Susannah Wells [ modifier | modifier le code ]

Deroulement [ modifier | modifier le code ]

Mary Squires, accusee d'agression et de vol, et Susannah Wells, sachant ce qu'a fait sa complice, sont jugees le 21 fevrier au Session House du Old Bailey . Le lord-maire de Londres Sir Crisp Gascoyne et un comite de juges president la cour, et le proces est suivi avec interet par plusieurs observateurs [ note 10 ] . L'accusation de vol est tres serieuse ; si Mary Squires est condamnee pour le vol du corset d'Elizabeth Canning, elle sera pendue a Tyburn Tree [ 46 ] .

Une importante foule se masse aux abords de l'immeuble et Elizabeth Canning est acclamee lorsqu'elle arrive [ 46 ] . A l'interieur, elle temoigne qu'elle a ete emmenee par deux hommes a la ≪ maison des Wells ≫ vers 4 heures le 2 janvier . Dans la cuisine, Mary Squires etait assise sur une chaise [ 47 ] et lui a demande si ≪ elle [allait suivre] leurs pas ≫. Lorsqu'Elizabeth Canning a refuse, Mary Squires a coupe son corset, l'a gifle puis alors poussee dans un escalier qui menait a une piece sombre [ 48 ] . Elizabeth affirme de plus qu'elle n'a rien vu de particulier dans la piece jusqu'a ce que le Soleil se leve : ≪ il y avait un foyer et une grille qui le protegeait, aucun lit ni chalit, rien que du foin pour m'etendre dessus ; il y avait un pichet noir presque plein d'eau et environ 24 morceaux de pain […] environ le quart d'une miche [ trad 2 ]  ≫ [ 49 ] . Elizabeth Canning affirme devant la Cour qu'elle a enleve quelques pieces de bois d'une fenetre au nord du logement, s'est glissee a l'exterieur et a saute sur la terre meuble plus bas. Elle a emprunte un sentier derriere la maison, marche a travers des champs et, quand elle a trouve une route, s'est dirigee vers Londres. Lorsqu'on lui demande si elle a vu ou parle a quelqu'un pendant sa fuite, elle repond que non et dit s'etre tenue a l'ecart de peur de rencontrer quelqu'un de la maison [ 50 ] . William Davy contre-interroge Elizabeth sur ses souvenirs des evenements a la maison. Lorsqu'il lui demande pourquoi elle ne s'est pas enfuie plus tot, elle replique : ≪ Je croyais qu'ils me laisseraient partir. [La fuite] ne m'est jamais venue a l'esprit avant ce [lundi] matin [ trad 3 ]  ≫ . Mary Squires, qui marmonnait a voix basse sur le banc des accuses, s'ecrie alors : ≪ Je n'ai jamais vu ce temoin de ma vie avant ce jour [voici] trois semaines [ trad 4 ]  ≫ [ 51 ] .

Gravure d'une femme âgée aux traits épais, au nez et aux lèvres proéminents.
Un portrait de Mary Squires tel que publie dans The Newgate Calendar au XIX e  siecle.

Le prochain temoin a la barre, Virtue Hall, raconte presque la meme chose que lors de sa deposition faite devant Henry Fielding. Mary Squires l'interrompt et demande : ≪ Quel jour la jeune femme s'est-elle faite voler ? ≫ La cour repond : ≪ Elle dit le matin du 2 janvier ≫ et Mary Squires replique alors : ≪ Je vous en suis reconnaissante, car je suis aussi innocente que l'enfant a naitre [ trad 5 ]  ≫ . Susannah Wells en profite pour demander combien de temps Mary Squires et sa famille sont supposes etre demeures a la maison. Virtue Hall repond : ≪ Pendant six ou sept semaines en tout ; ils y etaient depuis 15 jours avant que la jeune femme n'y soit amenee [ trad 6 ]  ≫ [ 52 ] . Comme plusieurs autres personnes, Thomas Colley et la mere d'Elizabeth Canning temoignent aussi. L'ancien employeur d'Elizabeth, John Wintlebury, explique a la cour comment il a deduit que la maison ou etait detenue la servante est celle des Wells. Mary Myers et James Lord jurent aussi avoir entendu Elizabeth dire ≪ Wills ou Wells ≫ . Robert Scarrat, un ancien domestique qui avait travaille dans la region d'Edmonton a Londres et visite la maison des Wells a quelques reprises, jure aussi avoir entendu ces mots [ 53 ] .

Meme s'ils ont recu un subpoena pour se presenter devant la cour, ni Fortune ni Judith Natus ne se presentent a la barre, l’avocat responsable expliquant plus tard que la foule a l'exterieur a pu intimider plusieurs temoins [ 54 ] . Les voisins de Susannah Wells ont ete repousses par la foule, tout comme sa fille et son demi-frere, rapidement reconnus et bloques. Trois temoins trouves au Dorset par George Squires temoignent en faveur de sa mere, etant passes parmi la foule sans etre reconnus [ 55 ] , [ 56 ] . Le premier, John Gibbons, affirme que Mary Squires lui a rendu visite a son domicile d' Abbotsbury ≪ avec des mouchoirs, des linons , des mousselines et des tissus a carreaux, pour les vendre en ville [ trad 7 ]  ≫ du 1 er au 9 janvier . Son temoignage est corrobore par son voisin, William Clarke. Le dernier temoin de George Squires, Thomas Greville, indique qu'il a loge Mary Squires, sa sœur et son frere le 14 janvier a Coombe, ou ils ont vendu ≪ mouchoirs, tissus a carreaux et des choses semblables ≫ [ 57 ] . Cette deposition est contredite par John Iniser, un poissonnier vivant pres de Waltham Cross et de Theobalds House . Iniser affirme connaitre Mary Squires de vue et l'avoir apercue dire la bonne fortune dans les environs de la maison des Wells, trois semaines avant son arrestation. Susannah Wells, dont les temoins n'ont pu franchir le barrage constitue par la foule a l'exterieur, est seulement capable de prononcer deux phrases pour sa defense. Elle affirme qu'elle n'a jamais vu Elizabeth Canning avant le 1 er  fevrier [ 57 ] et que ≪ de la meme facon que Squires, je ne l'ai vue que huit jours avant que nous ne soyons arretes ≫ [ 58 ] . Selon un rapport du proces dans le London Daily Advertiser , lorsque les trois temoins ont quitte l'immeuble, la foule ≪ les a battus, leur a donne des coups de pied et les a maltraites avant qu'ils ne parviennent a s'enfuir [ trad 8 ]  ≫ [ 59 ] .

Le verdict [ modifier | modifier le code ]

Dans les tribunaux anglais du XVIII e  siecle, les temoins qui occupent une fonction sont, selon Douglas Hay, ≪ tres importants et souvent sollicites... pour attester du caractere, les mots de l'homme qui possede des biens sont les plus ecoutes. Les juges respectent la parole des employeurs, des fermiers et des voisins gentlemen , pas celles de simples voisins ou amis [ trad 9 ]  ≫ [ 60 ] . Le jury, apparemment peu impressionne par les preuves de la defense, declare les deux defendeurs coupables. Les accuses entendent leur sentence le 26 fevrier . Susannah Wells est condamnee a etre marquee au fer sur sa main et a passer six mois en prison [ 61 ] . Mary Squires est condamnee a la pendaison pour le vol du corset d'Elizabeth Canning [ 58 ] . A partir de , des pamphlets a propos de l'histoire d'Elizabeth Canning circulent dans les cafes de Londres. Beaucoup de Londoniens sont indignes des traitements qu'a fait subir Mary Squires a Elizabeth Canning, et cette indignation est amplifiee lorsque Little Jemmy, ≪ un pauvre homme qui marche avec un baton dans les rues [ trad 10 ]  ≫ , est soi-disant vole et frappe par cinq gitans . Elizabeth Canning est celebree par le peuple et la noblesse, plusieurs nobles lui ayant meme verse de l'argent, ce qui lui permet d'emmenager dans un meilleur logement, a savoir la maison d'un Mr Marshall, fromager a Aldermanbury [ 62 ] .

Suites de l'affaire [ modifier | modifier le code ]

Investigations de Crisp Gascoyne [ modifier | modifier le code ]

La photo monochrome montre un anglais habillé en tenue d'apparat du XVIIIe siècle et portant une perruque.
Sir Crisp Gascoyne est convaincu que la justice a echoue.

Le verdict est conteste par plusieurs personnalites. Sir Crisp Gascoyne et quelques collegues du tribunal jugent l'histoire d'Elizabeth Canning peu credible. Gascoyne est degoute par l'attitude des partisans de Canning qui, se tenant a l'exterieur de la cour, ont empeche des personnes de temoigner, et eprouve une sympathie marquee envers Mary Squires qu'il surnomme ≪ la pauvre creature ≫ [ note 11 ] . Age de 52 ans, Gascoyne a commence comme brasseur dans la rue Houndsditch a Londres avant d'epouser la fille d'un riche medecin. A la brasserie, il a gravi les echelons pour finalement occuper le poste de maitre-brasseur, puis a servi comme echevin de Vintry Ward et comme sherif de la Cite de Londres . Il a ete anobli apres avoir adresse une petition au roi. Il soutient les orphelins de la ville et est connu pour sa bienveillance dans l' Essex , ou il detient plusieurs grandes proprietes [ 63 ] .

Crisp Gascoyne commence a enqueter de facon privee puis ecrit au pasteur anglican d'Abbotsville, James Harris. Il ne croit pas que les trois temoins qui en proviennent voyageraient d'aussi loin pour ≪ se parjurer au nom de ce miserable objet [ trad 11 ]  ≫ [ 62 ] . Le pasteur peut confirmer le temoignage de Gibbons et propose meme de nouveaux temoins qui affirment avoir vu Mary Squires dans la region [ 64 ] . Gascoyne croit aussi que quelques partisans d'Elizabeth Canning doutent de la veracite de son histoire et font collusion car ils ont une rancune envers lui ; selon lui, le proces est aussi une forme d'attaque politique contre un officier public et il refuse de laisser passer une telle offense [ 65 ] . Son desir de faire justice est a la fois alimente par sa compassion pour Mary Squires et par son indignation face a ce qu'il decrit comme la tromperie de son accusatrice, Elizabeth Canning. Son attitude est aussi influencee par les mœurs de l'epoque. Il juge que les comportements des partisans de Canning sont inappropries pour des gens de leur rang social, et est plus impressionne par l'assurance d'Alderman Chitty et du pasteur Harris qui, comme gentlemen et defenseurs du bien public, lui semblent plus dignes de confiance [ 66 ] .

Le juge Gundry, collegue de Crisp Gascoyne au tribunal, ecrit au undersheriff du Dorset . Ce dernier, qui connait John Gibbons et William Clarke, ecrit en retour qu' ≪ ils n'auraient pas temoigne si ce n'etait pas vrai ≫ . Clarke aurait peut-etre vecu une relation avec Lucy Squires et affirme etre demeure avec Mary Squires a Ridgeway. Quinze personnalites d'Abbotsbury, dont un marguiller , des Overseers of the Poor [ note 12 ] , un instituteur et un tithingman , jurent avoir vu Mary Squires dans le Dorset en janvier et affirment que les trois temoins sont des personnes dignes de confiance. Six autres hommes d'Abbotsbury ont marche 20 miles pour signer un affidavit qui corrobore les dires des voisins [ 67 ] .

Henry Fielding et Crisp Gascoyne ont tous deux redige des pamphlets a propos de l'affaire, chacun contredisant l'autre, mais c'est le temoignage de Virtue Hall, essentiel a la poursuite judiciaire contre Mary Squires et Susannah Wells, qui devient le point central des investigations de Gascoyne. Hall a temoigne devant Henry Fielding sous la menace d'etre emprisonnee et quand l'ecrivain John Hill a entendu par hasard d'un magistrat qu'elle avait exprime des remords, Hill a pressenti qu'il pouvait marquer des points [ 68 ] . Hill, un remarquable ecrivain qui tient un editorial dans un journal renomme, s'est dispute a plusieurs reprises avec differents notables, dont Fielding. Ce dernier a mis fin a l'une des disputes en ecrivant dans le Covent Garden Journal que ≪ cette colline [ hill en anglais] etait une derisoire colline de crottes [ dunghill ], qui avait ete nivelee en etant recouverte de saletes [ trad 12 ]  ≫ [ 69 ] .

John Hill communique ses informations a Crisp Gascoyne, lequel envoie chercher la jeune femme. A ce moment, Virtue Hall se trouve dans un Poultry Compter , petite prison sous la responsabilite d'un sherif. Accompagnee de plusieurs partisans d'Elizabeth Canning, ses reponses sont d'abord evasives [ 70 ] , mais une fois seule face a Gascoyne, elle admet qu'elle s'est parjuree [ 68 ] . Hall est questionnee a nouveau le 7 mars a la fois par des partisans et par Gascoyne. Quand on lui demande pourquoi elle a menti a la cour, elle replique : ≪ Quand j'etais en presence de Fielding, j'ai dit en premier la verite, mais on m'a dit que ce n'etait pas la verite. J'etais terrifiee et on menacait de m'envoyer a Newgate en me poursuivant comme une criminelle, a moins que je ne dise la verite [ trad 13 ]  ≫ [ 71 ] . L'un des partisans lui demande alors si elle dit la verite, mais ses reponses ne sont pas concluantes et, maintenant qu'elle s'est confessee et a renie la plupart des affirmations precedentes, les deux parties commencent a la voir comme un handicap [ 72 ] .

Accusations de parjure contre Elizabeth [ modifier | modifier le code ]

Manœuvres de Crisp Gascoyne [ modifier | modifier le code ]

Le pasteur Harris envoie plusieurs de ses ouailles a Londres pour temoigner devant Crisp Gascoyne. A Newgate le 9 mars , le lord-maire interroge aussi Susannah Wells, laquelle confirme la nouvelle version des faits de Virtue Hall [ 73 ] . Il interroge ensuite plusieurs personnes les 12 et 13 mars , dont Fortune et Judith Natus, et un temoin qui pourrait jeter le doute sur le temoignage de John Iniser. Gascoyne interroge aussi George et Lucy Squires sur leurs voyages au debut de l'annee 1753. George est incapable de se souvenir de tous les endroits qu'ils ont visites, Gascoyne l'envoie alors dans le Dorset pour l'aider a se rappeler [ 56 ] . Gascoyne rencontre Elizabeth Long (la fille des Wells), qui n'avait pu temoigner en faveur de sa mere a cause de la foule et, le 23 mars , trois des temoins en faveur d'Elizabeth Canning expriment leurs doutes a Gascoyne a propos de l'histoire de la jeune servante [ 74 ] . Un autre temoin, qui jure avoir vu Mary Squires a Abbotsbury en janvier, est aussi interroge deux jours plus tard. Gascoyne lui ordonne de rendre visite a Mary Squires a la prison de Newgate , ou les deux se reconnaissent immediatement [ 75 ] .

En parallele, John Myles, qui a remplace Salt comme conseiller judiciaire des Canningites (ceux en faveur de Canning), rassemble des temoins qui peuvent affirmer avoir vu Mary Squires pres d’ Enfield Wash . L'un dit qu'il a vu deux hommes trainer une femme vers Enfield Wash au debut de janvier ; d'autres qu'ils ont vu ≪ un pauvre et miserable gueux [ trad 14 ]  ≫ se diriger vers Londres le . Il trouve egalement des temoins qui affirment avoir vu Mary Squires en decembre et en janvier a Enfield Wash [ 76 ] . De facon detournee, Crisp Gascoyne apprend que Myles mene des investigations. Ce dernier a demande l'opinion d'un certain John Cooper de Salisbury a propos des sept temoins qui pretendent avoir vu Mary Squires a Coombe. Cooper a ecrit en retour, affirmant la bonne personnalite de Thomas Greville (qui avait temoigne en faveur des Squires lors du proces), mais il fait aussi parvenir la meme information a Gascoyne, lui offrant egalement son soutien [ 77 ] .

Gascoyne est maintenant convaincu qu'Elizabeth Canning n'a pas dit la verite. Il croit qu'en janvier Mary Squires a vraisemblablement voyage dans le Dorset, dans le comte d'Hampshire puis a Londres , et ne se trouvait donc pas a Enfield Wash pour kidnapper Elizabeth Canning [ 78 ] . Le 13 mars , il ordonne l'arrestation de Canning pour parjure [ 73 ] .

Conflits [ modifier | modifier le code ]

La presse s'empare alors de l'affaire. Les ecrits des journalistes et des editeurs de la Grub Street rendent les opinions plus tranchees et renforcent les anciens stereotypes a propos des ≪ gitans malicieux et une pauvre fille innocente qui a refuse de perdre sa vertu [ trad 15 ]  ≫ [ 3 ] . Les Canningites attisent les sentiments contre les gitans en diffusant des pamphlets et des publicites, l'une de celles-ci surnommant Crisp Gascoyne, devenu impopulaire, ≪ le Roi des Gitans ≫ [ 79 ] . Des rapports commencent a circuler a propos de sinistres allees et venues ; l'un indique que des hommes a dos de cheval menacent de bruler toutes les maisons et toutes les granges des alentours si Mary Squires est pendue [ 80 ] .

Portrait d'un homme en longue perruque et insignes royaux (décorations, manteau d'hermine).
Le roi George II suspendra l'execution de la peine de Mary Squires, suivie plus tard d'un pardon.

L'honnetete d'Elizabeth Canning et la facon dont Henry Fielding a traite le dossier ont ete tres critiquees par The London Daily Advertiser quelques jours plus tot [ 81 ] . Le jour ou Crisp Gascoyne a ordonne l'arrestation d'Elizabeth Canning, une annonce parait dans le Public Advertiser , demandant a ses lecteurs de ≪ retenir leur jugement dans le cas de la femme gitane jusqu'a ce qu'un expose complet des faits, presentement redige par M. Fielding, soit publie [ trad 16 ]  ≫ . Fielding a appris l'interrogatoire de Virtue Hall par Crisp Gascoyne et a fait amener Elizabeth Canning a son domicile de Bow Street pour ≪ obtenir d'elle la verite et l'amener a se confesser si elle est coupable [ trad 17 ]  ≫ . Satisfait du compte rendu d'Elizabeth et peu concerne par Hall [ 82 ] , sa critique des partisans de Mary Squires parait sous le titre A Clear Statement of the Case of Elizabeth Canning (≪  Une declaration claire de l'affaire Elizabeth Canning  ≫), dans laquelle il affirme que la jeune servante est vertueuse et attaque en meme temps ceux qui refusent de la croire. Les copies du document s'ecoulent si vite qu'une autre impression est commandee deux jours plus tard. John Hill percoit A Clear Statement comme une attaque frontale envers Gascoyne [ 83 ] et attaque Fielding dans The Story of Elizabeth Canning Considered (≪  Considerations sur l'histoire d'Elizabeth Canning  ≫), le ridiculisant en ecrivant des commentaires tel que ≪ Qui etes-vous, Monsieur, pour dicter au gouvernement [ce qu'il doit faire] ? Retirez-vous en vous-meme et tenez votre rang [ trad 18 ]  ≫ [ 84 ] . A partir de ce moment, Fielding cesse de prendre part a l'affaire [ 85 ] , croyant que les partisans d'Elizabeth Canning le percoivent comme un obstacle [ 86 ] .

Au XVIII e  siecle, environ la moitie des condamnes a mort ne sont pas envoyes a la potence, mais en prison ou a l'un des bagnes dans les colonies britanniques. Le pardon n'est pas habituel mais il est possible de contourner la decision d'une cour en adressant une petition au roi [ 60 ] . Meme si Crisp Gascoyne eprouve quelques doutes envers les temoins qu'il a interroges, il ecrit neanmoins a George II pour lui demander le pardon de Mary Squires. Le 10 avril 1753, le roi ordonne que l'execution de la peine de mort soit suspendue pendant six semaines, le temps que des preuves soient envoyees au Lord chancelier Lord Hardwicke ainsi qu'a l’ attorney et solliciteur-general [ 87 ] . Mary Squires recoit son pardon le 30 mai 1753 [ 88 ] . Susannah Wells doit cependant faire son temps a la Newgate Prison , et elle est relachee le 21 aout [ 3 ] .

Proces des hommes d'Abbotsbury [ modifier | modifier le code ]

Alors que les esprits s'echauffent a cause du pardon obtenu par Mary Squires, John Myles prepare la defense d'Elizabeth Canning. Le 20 avril , il se trouve a Dorchester dans le Dorset avec un mandat d'arrestation contre Gibbons, Clark et Greville, les trois hommes d'Abbotsbury qui ont temoigne en faveur de Mary Squires. Accompagne d'un petit contingent d'hommes armes, il arrete Gibbons et Clarke a l'auberge du coin et les ramene a Dorchester. Son mandat est cependant mal redige et le juge ordonne la liberation de Gibbons. Clarke est amene a Londres ou il est interroge par Myles, qui le retient deux jours dans sa maison, mais le cordonnier refuse de cooperer. Libere sous caution , il retourne a Abbotsbury [ 89 ] .

Les trois hommes sont accuses de ≪ parjure deliberement corrompu [ trad 19 ]  ≫ et sont juges le 6 septembre 1753 au Old Bailey . En tant que lord-maire de Londres, Crisp Gascoyne s'exclut de lui-meme du tribunal de peur de biaiser le jugement. Les defendeurs sont representes par William Davy, lequel a auparavant defendu Mary Squires et Susannah Wells. Plus de 100 personnes sont presentes pour temoigner en leur faveur, mais ni Elizabeth Canning ni ses partisans ne sont presents. Myles n'est pas paye par ses clients, et envoie plutot son frere Thomas chercher un clerc pour remettre a la cour une serie d'ordonnances, une tactique de retardement. Les Canningites ignorent que Gascoyne s'est retire du dossier et craignent que celui-ci publie des preuves embarrassantes si Elizabeth apparait au tribunal. Ils tiennent aussi leurs temoins eloignes du tribunal : seule une voisine de la mere d'Elizabeth est presente. Gibbons, Clark et Greville sont declares innocents et relaches [ 90 ] .

Elizabeth Canning ne s'est pas montree en public depuis un long moment et est declaree hors-la-loi. Lorsqu'un nouveau lord-maire est appointe en , elle ne reapparait pas non plus. C'est seulement lors des sessions de du Old Bailey qu'elle se presente aux autorites [ 91 ] .

Proces d'Elizabeth Canning [ modifier | modifier le code ]

≪ Messieurs, la prisonniere est accusee de l'un des pires crimes haineux ; une tentative, en se parjurant de facon volontaire et pervertie, de prendre la vie d'une innocente, et avec aggravation. Dans le noir catalogue des delits, je n'en connais aucun aussi sombre. C'est la perversion des lois de son pays selon le pire des buts ; c'est retirer l'epee des mains de la Justice pour repandre le sang innocent [ trad 20 ] , [ 92 ] . ≫

? Edward Willes, extrait du discours preliminaire

Le proces d'Elizabeth Canning est d'une duree peu habituelle pour l'epoque : il commence le lundi 29 avril 1754 au Old Bailey et continue les 1 er  mai, 3 et 4 mai, les 6 et 7 mai , pour se terminer le 8 mai . Lors de la selection du jury , la couronne a rejete 17 jures potentiels alors que la defense en a rejete trois et a ete incapable de s'opposer au choix du president du jury qui, semble-t-il, a publiquement qualifie Elizabeth Canning ≪ de C.....E DE MENTEUSE, de TRICHEUSE ou d'IMPOSTEURE [ trad 21 ]  ≫ . La presidence du tribunal est assuree par deux juges et le nouveau lord-maire Thomas Rawlinson [ 91 ] . Elizabeth Canning est representee par trois attorneys  : George Nares, John Morton et un Mr Williams. Les procureurs sont Bamber Gascoyne (le fils de Gascoyne), Edward Willes et William Davy [ 93 ] . Apres que l'accusation a ete lue a voix haute par le Clerk of Arraigns , un commis de la cour, Bamber Gascoyne raconte l'histoire d'Elizabeth Canning a propos de ses supposes enlevement et emprisonnement [ 92 ] . Ensuite, Davy attaque la version des faits d'Elizabeth Canning et raconte comment Mary Squires et sa famille ont voyage en Angleterre pour vendre des produits de contrebande. Il remet de nouvelles preuves qui appuient l'alibi de Mary Squires et jettent un doute sur la description qu'a faite Elizabeth Canning de sa prison, avant de la questionner sur le compte rendu de son evasion. Il conclut en discutant de l'abjuration de Virtue Hall [ 94 ] . Le prochain a parler, Willes, montre des supposees contradictions entre les differents comptes rendus d'Elizabeth Canning pour expliquer sa disparition [ 95 ] .

Une esquisse du grenier qui montre une botte de foin, quelques objets sur le mur à la gauche et une fenêtre au fond.
Un dessin d'epoque montre le grenier dans lequel Elizabeth Canning aurait ete detenue.

La defense d'Elizabeth Canning debute par le discours d'ouverture de Williams et Morton, ce dernier insistant sur sa flagrante malchance d'etre sujette pour une deuxieme fois a une telle souffrance : une premiere fois lors de ses poursuites contre ses assaillants et une seconde fois en etant punie pour l'avoir fait. Il complimente le jury et se moque des allegations de Davy [ 96 ] . Morton profite aussi de la reticence des procureurs d'appeler a la barre Virtue Hall [ 97 ] . Il met en evidence le peu probable talent d'Elizabeth Canning de pouvoir tromper ses partisans et argumente contre les doleances des procureurs a propos de la description du grenier par Canning. Nares se concentre sur les problemes potentiels qui decoulent d'une poursuite judiciaire pour parjure, insinuant que les victimes d'un crime seront moins tentees de poursuivre en justice leurs assaillants par peur d'etre poursuivies elles-memes [ 98 ] .

Morton questionne ensuite George Squires, qui ne peut se rappeler avec certitude le chemin qu'ils ont emprunte dans le Sud de l'Angleterre a l'epoque ou Elizabeth Canning est portee disparue [ 99 ] . Sa sœur Lucy n'est pas appelee a la barre car elle est vue comme ≪ plus stupide que son frere et n'a pas voyage depuis leur arrivee a Enfield Wash [ trad 22 ]  ≫ . Robert Willis, qui a accompagne Mary Squires pour determiner le chemin emprunte par la famille gitane, est aussi appele a la barre, mais ses declarations sont jugees irrecevables, car ressemblant a des oui-dire. Tout comme lors du proces de Mary Squires et de Susannah Wells, la fiabilite des temoins des procureurs depend largement de leur personnalite [ 100 ] . Trois hommes de Litton Cheney temoignent qu'ils ont vu la famille Squires entrer dans le village le 30 decembre . Les trois hommes d'Abbotsbury sont alors appeles a la barre et font leur temoignage [ 101 ] . La premiere journee, 39 temoins de la couronne passent a la barre, la plupart confirmant brievement l'alibi de la famille Squires [ 102 ] .

≪ Plusieurs personnes qui ont participe a une emeute a Old Bailey ont ete emprisonnees a Newgate . Le greffier de la cour William Moreton recommande a toute personne qui a subi des desagrements de respecter la dignite de la cour de justice, de maintenir cette dignite et que la magistrature de cette cour ne doit pas etre traitee de facon a reduire l'importance du pouvoir civil. Lorsque la cour a ajourne ses debats, il y avait une foule si imposante, qui menacait Sir Crisp Gascoyne aux portes du tribunal, que le sherif Chitty, aide de plusieurs connetables , l'a escorte jusqu'au Royal Exchange [ trad 23 ] , [ 103 ] . ≫

? Whitehall Evening Post ou London Intelligencer , mardi 30 avril 1754

A la fin du premier jour, la foule a l'exterieur du tribunal, qui s'attend a un court proces et a un verdict de non-culpabilite, voit apparaitre non pas la jeune servante, mais Crisp Gascoyne. Furieux, les gens lui lancent de la boue et des pierres, et Gascoyne trouve refuge dans une auberge proche. La foule retourne alors a l'immeuble du Old Bailey et escorte Elizabeth Canning qui s'en eloigne [ 104 ] . Le 1 er mai , l'audience reprend en se penchant sur l'attaque qu'a subie Crisp Gascoyne. Un garde lui est assigne et l'un des membres du jury, un Canningite , fait des excuses. Plus tard dans la journee, les Canningites publient un avis demandant a la foule de ne pas s'immiscer dans les affaires de la cour [ 105 ] . Alderman Thomas Chitty, apres avoir jure de dire la verite, raconte sa premiere rencontre avec Elizabeth Canning le 31 janvier 1753 [ 106 ] . Davy questionne plusieurs temoins, lesquels s'attardent sur les contradictions du temoignage d'Elizabeth lorsqu'elle a decrit sa prison. L'un montre son degout envers le temoignage de Virtue Hall contre Mary Squires [ 107 ] . Avec d'autres temoins, dont Sarah Howit, Fortune et Judith Natus attestent qu'Elizabeth n'a jamais ete dans le grenier avant le 1 er fevrier et que c'est en fait Howit et Virtue Hall qui se trouvaient dans le grenier en janvier [ note 13 ] , [ 108 ] . La fin de la seance est encore assombrie par la foule qui attend a l'exterieur : Gascoyne est escorte par des connetables [ 109 ] .

Le vendredi, d'autres temoins de la couronne, 60 en tout, defilent a la barre. La defense interroge plusieurs des temoins presents lors de la premiere recherche a la maison des Wells. L'oncle d'Elizabeth Canning, Thomas Colley, est contre-interroge a propos de ce qu'a mange sa niece lors de sa visite du jour de l'an, la couronne tentant de demontrer qu'elle aurait pu ou non survivre un mois en se nourrissant de la miche qu'elle a affirme avoir mange [ 110 ] . Le troisieme jour du proces, la mere d'Elizabeth apparait a la barre. L'une des lignes de la defense est d'insinuer que sa fille est trop stupide pour avoir invente son enlevement, mais contre-interrogee par Davy, sa mere montre qu'Elizabeth est capable d'ecrire ≪ un peu ≫ . Selon Davy, cela demontre qu'elle n'est pas stupide [ 111 ] . Robert Scarrat est ensuite questionne et admet qu'il se trouvait a la maison des Wells avant qu'Elizabeth Canning ne disparaisse. Deux voisins attestent de son ≪ etat deplorable ≫ . Son employeur est aussi interroge, ainsi que son apothicaire , qui croit qu'Elizabeth Canning aurait pu survivre avec une cruche d'eau et la miche qu'elle affirme avoir recue [ 112 ] . La defense replique en faisant temoigner trois personnes, chacune croyant avoir rencontre ≪ un pauvre et miserable gueux ≫ a la fin de janvier, au moment ou elle affirme s'etre enfuie [ 113 ] .

À droite, une jeune femme en habits de servante debout à la barre, face à une pièce remplie d'hommes en perruque.
Dessin d'epoque montrant Elizabeth Canning lors de son proces.

Le 6 mai , d'autres temoins de la couronne sont appeles a la barre. Devant Mary Squires et sa famille, plusieurs voisins des Wells insistent sur le fait qu'ils ont, au debut de 1753, vu la vieille gitane pres de chez eux. D'autres temoins declarent l'avoir vue a d'autres endroits pres d’ Enfield Wash , dont une femme qui jure l'avoir vue le Old Christmas Day [ note 14 ] . Le systeme de reperage des dates britanniques est passe en du calendrier julien au calendrier gregorien et la femme n'est pas capable de determiner le jour exact au cours duquel elle pretend avoir vu Mary Squires. Elle n'est pas la seule : plusieurs autres temoins de la defense sont incapables de calculer correctement les nouvelles dates, necessitant une correction de 11 jours. D'autres sont analphabetes et eprouvent aussi des difficultes. La cour entend egalement trois autres temoins venus expres pour jeter le discredit sur le temoignage des Natus [ 115 ] .

Le dernier jour du proces est accapare par Davy, qui fait venir d'autres temoins de la couronne et s'attarde a demolir le temoignage de ceux qui affirment avoir vu Mary Squires a Enfield Wash en janvier [ 116 ] . Il resume la position des procureurs en disant au jury qu'Elizabeth Canning est coupable du crime ≪ le plus detestable et impie qu'un cœur humain peut concevoir [ trad 24 ]  ≫ . Le greffier de la cour William Moreton resume la position de la defense et demande au jury si Elizabeth Canning a repondu de facon satisfaisante aux accusations. De plus, il s'interroge sur le fait qu'elle aurait pu survivre pendant environ un mois avec ≪ pas plus qu'un quart de miche et un pichet d'eau ≫ [ 117 ] .

Verdict, repercussions et vie ulterieure [ modifier | modifier le code ]

Apres deux heures de deliberations, le jury declare Elizabeth Canning ≪ coupable de parjure, mais pas [de facon] premeditee ou corrompue [ trad 25 ]  ≫ . Le greffier refuse ce verdict estimant qu'il est partial, le jury prend alors 20 minutes supplementaires pour la declarer ≪ coupable de parjure premedite et corrompu [ trad 26 ]  ≫ [ 118 ] . Crisp Gascoyne n'est pas present lorsque le verdict est prononce : il lui a ete conseille de partir plus tot de facon a eviter des problemes hors de la cour. La defense demande un nouveau proces, en vain [ 119 ] . Elizabeth Canning, detenue a la prison de Newgate , est condamnee le 30 mai [ note 15 ] , par neuf voix contre huit, a un mois de prison et a sept ans de deportation penale [ 120 ] . Selon les State Trials , Elizabeth Canning ≪ souhaitait que [les jures] soient en sa faveur ; elle n'avait pas l'intention de prendre la vie de la gitane. Elle ne s'etait que defendue et souhaitait qu'on la considere comme malchanceuse [ trad 27 ]  ≫ [ 121 ] .

Sur le dessin, plusieurs comédiens se tiennent sur la scène en entourant une petite bouteille.
The Conjurers , piece de theatre de Lady Fanny Killigrew (1753). Les personnages d'Elizabeth Canning, Henry Fielding, Crisp Gascoyne, John Hill et Mary Squires partagent la scene avec The Bottle Conjuror , un comedien pretendument capable de se glisser a l'interieur d'une bouteille de vin vide [ 122 ] .

Le verdict ne permet pas d'adoucir la ferocite des debats. Les transcriptions du proces sont tres populaires et des portraits de la jeune servante sont exposes dans les vitrines des boutiques [ 123 ] . Une prime est offerte a quiconque peut aider a trouver qui a attaque Crisp Gascoyne. La presse ecrite de la Grub Street s'interesse plus particulierement aux retombees de l'affaire. La Gazeteer est remplie de lettres satiriques signees sous les pseudonymes d'Aristarchus ( Aristarque ), de Tacitus ( Tacite ) et de T. Trueman, Esq. (M. Homme Honnete, Esquire ). Nikodemus ( Nicodeme ), un Canningite , fait remarquer que sans gitane, ≪ qu'arriverait-il a notre jeune noblesse et a notre jeune gentry s'il n'y avait pas de catins qui leur procuraient du plaisir ? [ trad 28 ]  ≫ Ceux qui ont pris le parti de Mary Squires ne sont pas les seuls a subir des attaques ; John Hill a ecrit une courte chanson celebrant son role et celui de Gascoyne dans l'affaire. Des images d'Elizabeth Canning dans le grenier, son corsage detache et revelant ses fesses, sont diffusees. Une autre image montre Susannah Wells et Mary Squires se tenant sur un balai magique , allusion a la sorcellerie [ 124 ] .

Pendant le proces, Crisp Gascoyne demande un mandat pour sieger au parlement britannique, mais arrive dernier lors du depouillement du scrutin [ 125 ] . Pour justifier ses gestes contre Elizabeth Canning, il redige An Address to the Liverymen of the City of London, from Sir Crisp Gascoyne (≪  Un appel aux bons serviteurs de la Cite de Londres, de Sir Crisp Gascoyne  ≫). Il subit des attaques litteraires et physiques, et recoit meme des menaces de mort [ 3 ] . Les Canningites publient plusieurs repliques aux ecrits de Gascoyne, dont A liveryman's reply to Sir Crisp Gascoyne's address (≪  Une replique des bons serviteurs a l'appel de Sir Crisp Gascoyne ) et A refutation of Sir Crisp Gascoyne's of his conduct in the cases of Elizabeth Canning and Mary Squires (≪  Une refutation de Sir Crisp Gascoyne pour sa conduite dans les affaires d'Elizabeth Canning et de Mary Squires  ≫) [ 126 ] , ce dernier montrant le proces comme la culmination d'une vendetta de Gascoyne contre Elizabeth Canning [ 127 ] .

Il est rapporte qu'Elizabeth Canning, detenue a la prison de Newgate, frequente des methodistes , ce qui lui donne mauvaise reputation. Le jour de l'apparition du rapport, des billets rediges a la main circulent : ils affirment que le recteur de l'eglise St Mary Magdalen lui a rendu visite et est satisfait de savoir qu'elle est toujours membre de l' Eglise d'Angleterre . Parmi ses visiteurs se trouve le juge Ledinard, qui a aide a amener Virtue Hall a Crisp Gascoyne. Il demande a Elizabeth Canning de se confesser, mais elle replique ≪ J'ai dit toute la verite en cour, et rien d'autre que la verite. Je prefere ne pas repondre a aucune question, a moins que ce ne soit en cour [ trad 29 ]  ≫ .

Malgre des appels a la clemence, elle est embarquee a bord du navire pour prisonniers Tryal a destination de l' Amerique britannique . A la suite de plusieurs menaces de la part de l'equipage, elle est embarquee sur le Myrtilla en [ 128 ] . Arrivee a Wethersfield au Connecticut , elle est prise en charge par des Canningites qui la menent au reverend Elisha Williams, ou elle est traitee comme un membre de la famille. Williams meurt en 1755 et Elizabeth Canning epouse John Treat le 24 novembre 1756, dont elle prend le nom de famille. Son fils, Joseph Canning Treat, nait en et sa fille Elizabeth, en . Elle met au monde deux autres enfants, John et Salmon, et decede subitement en [ 129 ] .

Perceptions de l'affaire [ modifier | modifier le code ]

L'histoire d'Elizabeth Canning a fascine l' Angleterre georgienne . Lors de son proces, peu d'attention est portee sur l'offre de prostitution pretendument exprimee par Mary Squires. Selon Judith Moore, l'affaire a ouvertement pose la question de la chastete d'Elizabeth, tout en posant secretement la question si une telle affaire avait un quelconque interet a cause du rang de Canning [ 130 ] . Kristina Straub compare cette affaire au debat plus general sur la sexualite des servantes feminines ; Elizabeth Canning peut etre soit ≪ une innocente jeune fille attaquee par des hors-la-loi brutaux [ trad 30 ]  ≫ , soit ≪ une rusee manipulatrice du systeme judiciaire qui profite des innocents spectateurs pour echapper aux consequences de ses mefaits sexuels [ trad 31 ]  ≫ . The Case of Elizabeth Canning Fairly Stated postule qu'Elizabeth Canning a subi l'emprisonnement pour proteger sa vertu ou a menti pour cacher ≪ ses affaires criminelles [faites] dans le Noir [ trad 32 ]  ≫ . Straub considere que le debat ne tournait pas qu'autour de la culpabilite ou de l'innocence d'Elizabeth Canning mais aussi sur ≪ les types d'identite sexuelle associes aux femmes de son rang [ trad 33 ]  ≫ [ 131 ] .

L'opposition partisane des Canningites et des Egyptians [ 1 ] a fait de l'affaire Elizabeth Canning l'un des mysteres criminels les plus connus de l'Angleterre du XVIII e  siecle [ 132 ] . Plusieurs annees durant, le proces est en vedette dans The Newgate Calendar et le Malefactor's Registers [ 133 ] . L'ouvrage de Ramsay A Letter to the Right Honourable the Earl of ? Concerning the Affair of Elizabeth Canning (≪  Une lettre au Juste et Honorable Earl de ? a propos de l'affaire Elizabeth Canning  ≫) sert d'inspiration a Voltaire pour son Histoire d'Elisabeth Canning, et de Jean Calas (1762), lequel partage l'opinion de Ramsay que Canning a disparu pour cacher une grossesse [ 3 ] , [ 134 ] . Le proces est revu en 1820 par James Caulfield, qui raconte a nouveau l'histoire en faisant plusieurs erreurs notables [ note 16 ] . Pendant les XIX e et XX e  siecles, plusieurs auteurs publient leur interpretation de l'affaire [ 136 ] . L'essai de Caulfield est suivi en 1852 par Elizabeth Canning de John Paget qui resume le mieux l'affaire : ≪ En verite, peut-etre, la plus complete et la plus mysterieuse enigme judiciaire connue [ trad 34 ]  ≫ [ 137 ] .

Le proces d'Elizabeth Canning se distingue par l'incapacite des procureurs de trouver quelque preuve que ce soit que la jeune servante s'est trouvee ailleurs que dans la maison des Wells [ 138 ] . Le lieu ou s'est trouve Elizabeth Canning en demeure encore inconnu au XXI e  siecle. De facon similaire, beaucoup de mysteres planent sur les allees et venues des Squires lorsqu'ils ont voyage dans le Dorset au debut de 1753. L'ecrivain F. J. Harvey Darton les soupconne d'etre une famille de contrebandiers : pour lui, il est significatif qu'ils sont passes par Eggardon, lieu ou Isaac Gulliver sevissait (cependant, Gulliver etait un enfant a cette epoque) [ 139 ] . L'ecrivain du XVIII e  siecle Allan Ramsay a affirme que l'histoire avancee initialement par Elizabeth Canning est ≪ extremement stupide ≫ et fausse. Il considere que le manque de details dans son temoignage est peu surprenant pour un esprit rationnel [ 140 ] . L'ecrivain americain Lillian Bueno McCue suppose qu'Elizabeth Canning etait amnesique et que son ancien employe, John Wintlebury, est a blamer pour son emprisonnement a la maison des Wells. Treherne juge cette theorie comme peu credible [ 141 ]  : il specule qu'Elizabeth Canning etait certainement a Enfield Wash mais n'etait pas emprisonnee dans la maison des Wells. Il suggere que Robert Scaratt a conseille a Elizabeth Canning d'inventer une detention a la maison des Wells, ce leurre ayant permis de detourner les soupcons d'une probable grossesse non desiree dont il aurait ete responsable. Treherne suggere aussi qu'Elizabeth Canning a souffert d'amnesie partielle et qu'elle peut avoir menti de facon involontaire lors du proces de Mary Squires et de Susannah Wells [ 142 ] . Il qualifie Canning de ≪ premier objet mediatique [ trad 35 ]  ≫ [ 123 ] . Bien que quelques auteurs aient adopte la meme position que Fielding ou Hill, qui a pris parti dans l'affaire, la plupart des auteurs posterieurs croient qu'Elizabeth Canning n'a pas dit la verite [ 143 ] . Moore, en revanche, pense qu'elle est probablement innocente, jugeant que les contradictions entre les temoignages d'Elizabeth Canning et de Mary Squires sont des omissions et des modifications comprehensibles, tout en soulignant le desir des hommes au pouvoir de poursuivre leurs propres buts, souvent au detriment des autres [ 144 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

Citations originales [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) ≪  ended all the trouble which I thought it necessary for me to give myself in this affair  ≫
  2. (en) ≪  there was a fire-place and a grate in it, no bed nor bedstead, nothing but hay to lie upon; there was a black pitcher not quite full of water, and about twenty-four pieces of bread ... about a quartern loaf  ≫
  3. (en) ≪  Because I thought they might let me out; it never came into my head till that [Monday] morning  ≫
  4. (en) ≪  I never saw that witness in my lifetime till this day three weeks  ≫
  5. (en) ≪  I return thanks for telling me, for I am as innocent as the child unborn  ≫
  6. (en) ≪  They were there six or seven weeks in all; they had been there about a fortnight before the young woman was brought in  ≫
  7. (en) ≪  with handkerchiefs, lawns, muslins, and checks, to sell about town  ≫
  8. (en) ≪  beat them, kicked them rolled them in the Kennel and otherwise misused them before they suffered them to get from them  ≫
  9. (en) ≪  extremely important, and very frequently used ... in character testimony too, the word of a man of property had the greatest weight. Judges respected the evidence of employers, farmers and neighboring gentlemen, not mere neighbors and friends  ≫
  10. (en) ≪  a poor man who cries sticks about the streets  ≫
  11. (en) ≪  to foreswear themselves on behalf of this miserable object  ≫
  12. (en) ≪  this hill was only a paltry dunghill, and had long before been levelled with the dirt  ≫
  13. (en) ≪  when I was at Mr Fielding's I at first spoke the truth, but was told it was not the truth. I was terrified and threatened to be sent to Newgate, and prosecuted as a felon, unless I should speak the truth  ≫
  14. (en) ≪  a miserable poor wretch  ≫
  15. (en) ≪  wicked Gypsies and a poor innocent girl refusing to yield her honour  ≫
  16. (en) ≪  to suspend their judgement in the Case of the Gypsy Woman till a full State of the whole, which is now being prepared by Mr. Fielding, is published  ≫
  17. (en) ≪  sift the truth out of her, and to bring her to confession if she was guilty  ≫
  18. (en) ≪  Who Sir, are you, that are thus dictating unto the Government? Retire into yourself and know your station  ≫
  19. (en) ≪  wilful corrupt perjury  ≫
  20. (en) ≪  Gentlemen, the prisoner stands indicted of one of the most heinous crimes; an endeavour, by wilful and corrupt foreswearing herself, to take away the life of a guiltless person; and with aggravation, in the black catalogue of offences, I know not one of a deeper dye. It is a perversion of the laws of her country to the worst of purposes; it is wrestling the sword out of the hands of justice to shed innocent blood  ≫
  21. (en) ≪  a LYING B??H, a CHEAT, or an IMPOSTER  ≫
  22. (en) ≪  rather more stupid than her brother, and has not been on the road since their coming to Enfield Wash  ≫
  23. (en) ≪  Several persons were taken into custody that made a riot at the Old Bailey Gate and were committed to Newgate. William Moreton Esq recorder, recommended to all persons who were concerned in the most pathetic manner, to consider the dignity of the Court of Justice, the necessity of keeping up that dignity, and that the magistracy of this court should not be treated in such a manner as to lessen the weight of the Civil Power. After the court adjourned there was so great a mob at the gate of the Session-House threatening Sir Crisp Gascoyne, that Mr. Sheriff Chitty, with a number of Constables, escorted him as far as the Royal-Exchange  ≫
  24. (en) ≪  the most impious and detestable [crime] the human heart can conceive  ≫
  25. (en) ≪  Guilty of perjury, but not wilful and corrupt  ≫
  26. (en) ≪  Guilty of Wilful and Corrupt Perjury  ≫
  27. (en) ≪  hoped they would be favourable to her; that she had no intent of swearing the gypsey's life away; and that what had been done, was only defending herself; and desired to be considered unfortunate  ≫
  28. (en) ≪  what would become of your young nobility and gentry, if there were no bawds to procure young girls of pleasure for them?  ≫
  29. (en) ≪  I have said the whole truth in court, and nothing but the truth; and I don't choose to answer any questions, unless it be in court again  ≫
  30. (en) ≪  childlike innocent, victimized  [ sic ] by brutally criminal outlaws  ≫
  31. (en) ≪  a wily manipulator of the justice system who uses innocent bystanders to escape the consequences of her own sexual misdeeds  ≫
  32. (en) ≪  her own criminal Transactions in the Dark  ≫
  33. (en) ≪  the kinds of sexual identity that were attributable to women of her position in the social order  ≫
  34. (en) ≪  in truth, perhaps, the most complete and most inexplicable Judicial Puzzle on record  ≫
  35. (en) ≪  the first media product  ≫

Notes [ modifier | modifier le code ]

  1. Il s'agit d'une extension du quartier modeste d'Aldermanbury, aujourd'hui disparu, qui s'etendait entre le mur de Londres et Fore Street .
  2. Houndsditch est le nom d'une rue du vieux Londres, sur l'emplacement d'un ancien fosse ( ditch ) longeant le mur romain, lieu de depot d'immondices, en particulier les chiens morts ( hounds ).
  3. Ces informations ont probablement ete transmises la veille par Winterbury et d'autres personnes presentes le soir du 29, quand elle est revenue chez sa mere [ 18 ] .
  4. Il n'a, semble-t-il, pris que quelques notes personnelles ce jour-la, la minute de cette audition qui a dure environ une heure, non contresignee par Elizabeth, ayant ete redigee apres le 1 er fevrier [ 19 ] .
  5. Dans le vehicule ont pris place Edward Lyon, accompagne de trois orfevres d'une entreprise pour laquelle il travaillait, Gawen Nash, Edward Aldridge et John Hague [ 22 ] .
  6. Le juge de paix requis en cette affaire est le grand ecrivain anglais Henry Fielding , l'auteur, entre autres, de Joseph Andrews (1742) et de Histoire de Tom Jones, enfant trouve (1749).
  7. Fielding a d'abord hesite ; fatigue, il souhaitait prendre des vacances [ 29 ] .
  8. Susannah Wells a aussi ete presentee comme une proxenete , bien que les preuves a ce sujet ne soient pas etablies. Treherne decrit Virtue Hall comme ≪ la petite prostituee effrayee ≫ [ 35 ] .
  9. Selon l'auteur Judith Moore, l'envoi a ete fait par John Myles (qui a remplace Salt en tant que conseiller judiciaire des Canningites ).
  10. Les minutes du proces sont redigees par Thomas Gurney, mais le nom des avocats n'est pas connu.
  11. Il a plus tard affirme que les autres membres du tribunal partageaient son opinion.
  12. Officiers mandates, les Overseers of the Poor s'occupent des pauvres de leur region dans le cadre des Poor Laws .
  13. Sarah Howit et Virtue Hall ont apparemment converse avec des jardiniers qui travaillaient a l'exterieur de la maison pendant cette periode. Ces jardiniers font partie des autres temoins, mais leur nom est omis par souci de concision.
  14. Le Old Christmas Day est un jour fete le 6 janvier en Angleterre [ 114 ] .
  15. Moore 1994 inscrit le 13 mai aux pages 161-162 et 30 mai a la page 166.
  16. Par exemple, Caulfield affirme qu'Elizabeth Canning est devenue une enseignante et a epouse un quaker [ 135 ] .

References [ modifier | modifier le code ]

  1. a et b La famille Squires est d'origine gitane . En anglais, ≪ gitan ≫ se dit ≪  gypsy  ≫ , qui vient du mot ≪  egyptian  ≫  : ≪ egyptien ≫ (≪  Gypsy  ≫ dans le dictionnaire Webster . Page consulte le 16 novembre 2012).
  2. Lang 1905 , p.  2
  3. a b c d e et f (en) Angus Fraser , ≪  Canning, Elizabeth (1734?1773)  ≫, Oxford Dictionary of National Biography , Oxford University Press,‎ ( DOI   10.1093/ref:odnb/4555 , lire en ligne , consulte le ) (frais de consultation requis)
  4. a et b Moore 1994 , p.  24
  5. Lang 1905 , p.  3
  6. Treherne 1989 , p.  2.
  7. Moore 1994 , p.  27
  8. Moore 1994 , p.  28
  9. a et b Treherne 1989 , p.  10
  10. Moore 1994 , p.  33
  11. Lang 1905 , p.  4?5
  12. Moore 1994 , p.  13
  13. Treherne 1989 , p.  11
  14. Moore 1994 , p.  29
  15. a et b Treherne 1989 , p.  12
  16. Moore 1994 , p.  42?43
  17. a et b Moore 1994 , p.  51
  18. a et b , Moore 1994 , p.  51?52
  19. Moore 1994 , p.  52
  20. a et b Moore 1994 , p.  56
  21. Moore 1994 , p.  36?37
  22. a et b Moore 1994 , p.  57
  23. Moore 1994 , p.  58
  24. Moore 1994 , p.  59?60
  25. Treherne 1989 , p.  15
  26. Moore 1994 , p.  62?63
  27. Moore 1994 , p.  50
  28. Treherne 1989 , p.  16?17
  29. Treherne 1989 , p.  17
  30. Treherne 1989 , p.  19
  31. Moore 1994 , p.  64?65
  32. a et b Battestin et Battestin 1993 , p.  572
  33. Bertelsen 2000 , p.  105
  34. (en) ≪  London  ≫, London Daily Advertiser ,‎
  35. Treherne 1989
  36. Treherne 1989 , p.  20
  37. Moore 1994 , p.  39?40
  38. Moore 1994 , p.  37?38
  39. Bertelsen 2000 , p.  103
  40. Bertelsen 2000 , p.  103 et 105
  41. a et b Moore 1994 , p.  72
  42. Moore 1994 , p.  98
  43. Moore 1994 , p.  67?69
  44. a b et c Moore 1994 , p.  71
  45. Treherne 1989 , p.  22
  46. a et b Treherne 1989 , p.  29
  47. Moore 1994 , p.  61
  48. Moore 1994 , p.  33?34
  49. Moore 1994 , p.  41
  50. Moore 1994 , p.  46
  51. Treherne 1989 , p.  31?32
  52. Moore 1994 , p.  75
  53. Moore 1994 , p.  43?44
  54. Moore 1994 , p.  73
  55. Treherne 1989 , p.  34
  56. a et b Moore 1994 , p.  94
  57. a et b Moore 1994 , p.  75?76
  58. a et b Treherne 1989 , p.  36
  59. (en) ≪  London  ≫, British Newspapers 1600-1900, 23 fevrier 1753 ( n o  611) (consulte le ) (frais de consultation requis)
  60. a et b Hay et Fitzgerald 1980 , p.  8
  61. Moore 1994 , p.  77
  62. a et b Treherne 1989 , p.  38?39
  63. Treherne 1989 , p.  28?29
  64. Moore 1994 , p.  87?88
  65. Moore 1994 , p.  90?91
  66. Moore 1994 , p.  93
  67. Treherne 1989 , p.  40?41
  68. a et b Moore 1994 , p.  100?101
  69. Treherne 1989 , p.  42
  70. Treherne 1989 , p.  42?43
  71. Treherne 1989 , p.  44
  72. Moore 1994 , p.  102?103
  73. a et b Bertelsen 2000 , p.  106
  74. Treherne 1989 , p.  50?52
  75. Moore 1994 , p.  92
  76. Treherne 1989 , p.  48?50
  77. Treherne 1989 , p.  52?53
  78. Treherne 1989 , p.  54?64
  79. Treherne 1989 , p.  47?48
  80. Treherne 1989 , p.  69
  81. Bertelsen 2000 , p.  104
  82. Treherne 1989 , p.  46
  83. Moore 1994 , p.  110
  84. Treherne 1989 , p.  67?72
  85. Battestin et Battestin 1993 , p.  574
  86. Moore 1994 , p.  111
  87. Moore 1994 , p.  96?97
  88. Moore 1994 , p.  103
  89. Treherne 1989 , p.  65?66
  90. Treherne 1989 , p.  84?86
  91. a et b Treherne 1989 , p.  86
  92. a et b Treherne 1989 , p.  87
  93. Moore 1994 , p.  134?135
  94. Moore 1994 , p.  136?141
  95. Moore 1994 , p.  142
  96. Moore 1994 , p.  148?149
  97. Moore 1994 , p.  104
  98. Moore 1994 , p.  151?153
  99. Moore 1994 , p.  140
  100. Moore 1994 , p.  94?96
  101. Treherne 1989 , p.  90
  102. Moore 1994 , p.  143
  103. (en) ≪  (inconnu)  ≫, Whitehall Evening Post ou London Intelligencer , n o  1282,‎
  104. Treherne 1989 , p.  94?95
  105. Moore 1994 , p.  145
  106. Treherne 1989 , p.  99?100
  107. Treherne 1989 , p.  100?103
  108. Moore 1994 , p.  115 et 147
  109. Moore 1994 , p.  146
  110. Treherne 1989 , p.  108?109
  111. Moore 1994 , p.  149?151
  112. Treherne 1989 , p.  112?114
  113. Moore 1994 , p.  46?50
  114. (en) Alan Williams, ≪  Old Christmas Day  ≫, (consulte le )
  115. Treherne 1989 , p.  116?122
  116. Treherne 1989 , p.  122?123
  117. Moore 1994 , p.  156?157
  118. Moore 1994 , p.  158
  119. Moore 1994 , p.  161?162
  120. (en) ≪  Old Bailey Proceedings supplementary material, Elizabeth Canning, 30th May 1754.  ≫, oldbaileyonline.org , oldbaileyonline.org,‎ ( lire en ligne , consulte le )
  121. Moore 1994 , p.  163
  122. Treherne 1989 , p.  plates
  123. a et b Treherne 1989 , p.  158
  124. Treherne 1989 , p.  127?129
  125. Treherne 1989 , p.  97
  126. Treherne 1989 , p.  129
  127. Moore 1994 , p.  186
  128. Treherne 1989 , p.  131?134
  129. Treherne 1989 , p.  149?155
  130. Moore 1994 , p.  235
  131. Straub 2009 , p.  67
  132. Treherne 1989 , p.  125
  133. Straub 2009 , p.  66?67
  134. Treherne 1989 , p.  141
  135. Moore 1994 , p.  195
  136. Moore 1994 , p.  195?225
  137. Paget 1876 , p.  9
  138. Moore 1994 , p.  164
  139. Moore 1994 , p.  210?213
  140. Moore 1994 , p.  35
  141. Treherne 1989 , p.  139?140
  142. Treherne 1989 , p.  144?148
  143. Moore 1994 , p.  233?234
  144. Moore 1994 , p.  256?262

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilise comme source pour la redaction de cet article.

  • (en) Canning's Magazine: or, A review of the whole evidence for, or against E. Canning, and M. Squires , ( lire en ligne )
  • (en) Martin C. Battestin et Ruthe R. Battestin , Henry Fielding: A Life , Routledge, ( ISBN   0-415-09715-0 , presentation en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Lance Bertelsen , Henry Fielding at Work: Magistrate, businessman, writer , Palgrave Macmillan , ( ISBN   0-312-23336-1 , presentation en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Douglas Hay et Mike Fitzgerald ( dir. ), Crime and Society , Routledge, ( ISBN   0-203-47878-9 , presentation en ligne ) , ≪ Part 1: History ≫ .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Andrew Lang , Historical Mysteries , Londres, Smith, Elder & Co, ( lire en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Judith Moore , The Appearance of Truth: The Story of Elizabeth Canning and Eighteenth-Century Narrative , New Jersey, Associated University Presses Inc, ( ISBN   0-87413-494-3 ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) John Paget , Judicial Puzzles, Gathered From the State Trials , San Francisco, Sumner Whitney & Co., ( lire en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Allan Ramsay , The Investigator: Containing the following tracts: I. On ridicule. II. On Elizabeth Canning. III. On naturalization. IV. On taste , A Millar in the Strand, ( lire en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Kristina Straub , Domestic Affairs: Intimacy, eroticism, and violence between servants and masters in eighteenth-century Britain , Johns Hopkins University Press, ( ISBN   0-8018-9049-7 , presentation en ligne ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) John Treherne , The Elizabeth Canning Enigma , Londres, Jonathan Cape, ( ISBN   0-224-02630-5 ) .   Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Barrett Rich Wellington , The Mystery of Elizabeth Canning as Found in the Testimony of the Old Bailey Trials and Other Records , J. R. Peck, ( presentation en ligne )

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]