Samuel Taylor Coleridge
, ne a
Ottery St Mary
(
Devon
) le
et mort a
Highgate
dans la banlieue de
Londres
le
, est un
poete
et
critique
britannique
.
Samuel Taylor Coleridge est le plus jeune des treize enfants du pasteur John Coleridge, qui exerce egalement a Ottery Saint Mary la fonction de maitre d'ecole. Le jeune Samuel est un enfant delicat, d'un caractere a la fois impulsif et renferme. Petit dernier choye par ses parents, il doit subir la jalousie de certains de ses freres. A la suite d'une dispute avec l'un d'eux, il s'enfuit de la maison, a l'age de cinq ou six ans, et passe la nuit dehors. On le retrouve transi le lendemain. Il trouve egalement refuge a la bibliotheque locale, ce qui lui permet de decouvrir tres tot sa passion pour la
litterature
.
Il fait ses premieres etudes a l'ecole que dirige son pere, mais il n'a pas encore dix ans que celui-ci decede, laissant sa famille dans une situation tres precaire. Il est alors heberge quelques semaines a Londres chez un oncle, puis est admis a Christ's Hospital, pension de bienfaisance de Londres, fondee au
XVI
e
siecle, destinee specialement aux orphelins, et connue pour sa discipline severe et sa nourriture mediocre. Entoure de ces vieux murs et souffrant de la nostalgie de la maison maternelle, la vie lui serait insupportable sans quelques camarades sympathiques, tel
Charles Lamb
avec qui il se lie d'une fervente amitie. De plus il est rarement autorise a rejoindre la maison familiale durant les vacances, les relations avec sa mere etant extremement difficiles, tandis qu'il idealise son defunt pere. Ce manque d'affection durant son enfance le marquera profondement a l'age adulte.
En
1791
, age de 18 ans, il obtient, venant de
Christ's Hospital
, une place gratuite a
Jesus College
, a l'
universite de Cambridge
. Il y fait la connaissance de mouvements politiques et religieux radicaux, et commence a abuser de l'
alcool
et du
laudanum
pour calmer ses troubles psychiques. Toutefois, en 1792, il obtient une medaille d'or (Browne Gold Medal) en prix de la meilleure ode grecque. Mais malgre son interet pour l'antiquite en general, et la langue grecque en particulier, son temperament enthousiaste l'entraine vers d'autres voies. C'est la grande epoque de la
Revolution francaise
, et il est conquis par la mystique revolutionnaire. Il n'est pas le seul, et les evenements que connait alors la France enflamment les cœurs de beaucoup de ces etudiants.
Cependant ses ressources sont modestes, et les dettes s'accumulent. Aussi un jour, par souci d'argent ou pour un probleme de cœur, ecoutant son demon familier, il s'enfuit brusquement de Cambridge, sans prevenir personne. Il se rend a Londres, et s'engage dans un
regiment de dragons
sous un nom d'emprunt : Silas Titus Comberbach. Un officier, s'etant apercu par hasard que cette recrue avait une excellente connaissance du latin, le prend comme ordonnance, et l'amene regulierement en ville avec lui. Au bout de quelque temps, il est reconnu, et ses amis et ses freres parviennent a le faire rayer de l'armee et accepter de nouveau a Cambridge, bien qu'il n'ait jusqu'alors obtenu aucun diplome.
Dans le courant de 1794, il fait connaissance avec le poete
Robert Southey
, et sent s'eveiller en lui la vocation de poete. Les deux jeunes gens deviennent amis, et, en
, decident d'ecrire en collaboration un drame historique intitule la
Chute de Robespierre
, qui restera inacheve. En
1795
, il ouvre un cours public sur l'histoire de la
Revolution francaise
, dont il est toujours enthousiaste ; il a meme un instant l'idee d'aller, avec Southey et un autre poete nomme
Robert Lowell
, etablir chez les
Illinois
, en
Amerique
, une republique egalitaire utopique, qu'il appelle
pantisocratie
; ce projet avorte rapidement.
En
1795
, Coleridge et Southey epousent chacun l'une des sœurs Emma et Sarah Fricker. Le mariage de Coleridge, decide uniquement par les contraintes sociales, ne sera pas heureux. Peu a peu il se distanciera de sa femme, sans que cela n'aboutisse toutefois a un divorce formel, Sarah Fricker y etant fermement opposee. Ils auront cependant quatre enfants, dont l'ecrivaine et traductrice
Sara Coleridge
. En
1796
, Southey part pour le
Portugal
avec son oncle. Coleridge decide de rester en
Grande-Bretagne
, a
Bristol
. Il publie alors son premier recueil de poemes
Poems on various subjects
. Il se met aussi a ecrire des
Adresses au peuple
, discours qui font assez de bruit ; puis il redige le
Watchman
(
La Sentinelle
), recueil hebdomadaire qui cesse de paraitre des le
10
e
numero. Abandonnant alors la politique pour la poesie, il fait paraitre sa tragedie
Osorio
, composee sur les conseils de
Sheridan
, et rebaptisee plus tard
Le Remords
.
La meme annee, il rencontre
William Wordsworth
, avec qui il se lie d'une amitie telle que, lorsqu'il s'installe a Nether Stowey, dans le comte de
Somerset
, Wordsworth et sa sœur
Dorothy Wordsworth
viennent habiter pres de lui, a
Alfoxden
. La compagnie de Wordsworth, les promenades quotidiennes et les longues conversations de deux amis sont pour Coleridge un stimulant precieux, et c'est sans doute la periode la plus feconde de sa vie. En
1798
, ils publient un recueil commun,
Lyrical Ballads
(
Ballades lyriques
), manifeste de la poesie
romantique
, qui contient la premiere version du celebre poeme
Rime of the Ancient mariner
(
La Complainte du vieux marin
). Vers cette epoque, il se met a l'
opium
, toujours pour calmer la douleur de ses maladies et de ses troubles psychiques. C'est apres un reve du a l'opium qu'il ecrit le poeme
Kubla Khan
. C'est egalement durant ces annees qu'il commence son grand poeme medieval,
Christabel
, et redige
Frost at Midnight
(
Gel a minuit
) et
The Nightingale
(
Le Rossignol
).
Deux admirateurs, les freres
Josiah
et
Thomas Wedgwood
lui offrent une subvention de 150 livres par an, qu'il accepte et qui lui permet d'aller en
Allemagne
avec
Wordsworth
a l'automne
1798
. La, pendant 14 mois, il s'interesse a la pensee de
Kant
, de
Schlegel
, de
Lessing
et de
Schelling
. Il puise dans les chants des
Minnesanger
et dans les legendes locales le sujet de nouvelles œuvres. Il apprend l'
allemand
en
autodidacte
, et traduit le poeme
Wallenstein
de
Schiller
a son retour en
Grande-Bretagne
, en
1800
. Il va s'installer alors a
Greta Hall
, dans le
Pays des Lacs
(
Lake District
of Cumberland
), pour etre pres de
Grasmere
, ou vit Wordsworth. C'est cette circonstance qui leur vaut, avec Southey, d'etre appeles les
Poetes des Lacs
(
the Lake Poets
) ou les
Lakistes
. C'est aussi a cette epoque qu'il rencontre Sara Hutchinson, sœur de la future femme de
William Wordsworth
, qui sera le grand amour de sa vie sans que cette passion se concretise jamais, les sentiments de Sara Hutchinson a l'egard de Coleridge demeurant ambigus. Coleridge lui consacrera de nombreux poemes, dont le plus celebre est
Love
.
Depuis son retour d'Allemagne, ses opinions ont change de facon surprenante ; en politique, de
jacobin
, il est devenu
royaliste
; en religion, de
rationaliste
, il est devenu un fervent croyant du mystere de la
Trinite
. Aussi, il combat avec violence la
Revolution francaise
qu'il avait d'abord exaltee. Pour vivre, il accepte la direction du
Morning-Post
, dans les colonnes duquel il soutient la politique du gouvernement. Il en est recompense par le titre de poete de la Cour et par une riche pension. Il passe neuf mois a
Malte
en tant que secretaire du gouverneur, sir
Alexander Ball
, puis il visite l'
Italie
avant de revenir a Londres et a
Bristol
reprendre le metier d'homme de lettres et de conferencier. Une conference sur
Shakespeare
est particulierement remarquee.
En
1816
, alors que sa dependance a l'
opium
a encore augmente, il devient pensionnaire du medecin James Gillman, a
Highgate
dans la banlieue nord de Londres. C'est la qu'il achevera sa grande œuvre de prose, la
Biographia Literaria
, mi-biographie, mi-recueil de critique litteraire. Il y meurt en
1834
.
En 2018, son cercueil a ete retrouve dans une ancienne cave a vin incorporee dans une crypte de l’eglise St Michael
[
3
]
.
Le
Dictionnaire Bouillet
au
XIX
e
siecle affirme que le merite de Coleridge comme poete est d'avoir proteste contre les lieux communs et la litterature factice de son temps, d'avoir consulte la nature, d'avoir ramene l'attention sur le
Moyen Age
et suscite
Byron
. Coleridge brillait par l'esprit : un des grands cafes de
Londres
lui versait des appointements pour qu'il y tint conversation.
- La Chute de Robespierre
[
4
]
(
1794
)
- Osorio
(
1797
), remanie sous le titre de
Remords
(
1816
)
- Les Piccolomini et la mort de Wallenstein
d'apres Schiller (
1799
-
1800
)
- Zapolya
(
1817
)
- Notebooks
(
1794
a
1826
) journal personnel dont un extrait a ete publie :
Notebooks
(
trad.
de l'anglais par Laili Dor et Melisande Fitzimons), Paris,
Allia
,
, 64
p.
(
ISBN
2-84485-022-7
)
- Omniana ou Horae Otiosiores
(
1812
)
- Le Manuel de l'homme d'Etat
(
1816
)
- Biographia literaria
(
1817
)
- L'Ami
(
The Friend
) (
1818
)
- Essai sur le Promethee d'
Eschyle
(
1825
)
- Sur la formation d'un caractere viril
(
1825
)
- Sur la constitution de l'Eglise et de l'Etat
(
1830
)
- Propos de table
, Allia, reed. trad. fr. 2018
Une edition complete de ses
Œuvres
a ete publiee en 13 volumes in-8 (
1849
-
1852
).
- The Rime of the Ancient Mariner
: chanson du groupe de
heavy metal
britannique
Iron Maiden
(album
Powerslave
sorti en
chez EMI). D'une duree de 13 minutes et 37 secondes, cette chanson resume l'histoire ecrite par Coleridge et reprend notamment rigoureusement en l'etat les strophes 8 et 9 de la seconde partie du poeme. C'est la seconde chanson la plus longue du groupe a ce jour. Le bassiste, compositeur et parolier du groupe,
Steve Harris
, a declare admirer l'œuvre de Coleridge.
- Xanadu
: la chanson du groupe canadien
Rush
(album
A Farewell to Kings
sorti en 1977) reprend, avec quelques transformations, les premiers vers du poeme Kubla Khan.
- Retour a Xanadu
: dans la bande dessinee de
Don Rosa
,
Picsou
et ses neveux partent a la recherche de
Xanadu
, ou se trouverait le mythique tresor de
Genghis Khan
. Le poeme de Coleridge
Kubla Khan
est d’ailleurs cite par Riri, Fifi et Loulou.
Sur les autres projets Wikimedia :
- Louis Gabriel Michaud
,
Biographie universelle ancienne et moderne
(35 vol., 1773-1858)
- Pierre Larousse
,
Grand Dictionnaire universel du
XIX
e
siecle
(15 vol., 1863-1890)
- Marie-Nicolas Bouillet
et
Alexis Chassang
(dir.), ≪ Samuel Taylor Coleridge ≫ dans
Dictionnaire universel d’histoire et de geographie
,
(
lire sur Wikisource
)
- Augustin Cabanes
,
Grands nevropathes
,
t.
3, Paris,
Albin Michel
,
, 382
p.
(
lire en ligne
)
, ≪ Coleridge ≫,
p.
123-141
- Bernard Delvaille
,
Coleridge
, Paris,
Editions Seghers
,
coll.
Ecrivains d'hier et d'aujourd'hui,
n
o
12,
1963
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