Le
, la
republique de Venise
est vaincue a
Agnadel
, non loin de
Milan
, par la coalition de pays regroupes dans la
Ligue de Cambrai
, a savoir le pape
Jules
II
, le roi de France
Louis
XII
, l'empereur d'Allemagne
Maximilien
I
er
et le roi d'Aragon
Ferdinand
.
Cette ligue de circonstance est une peripetie parmi d'autres dans les
guerres d'Italie
.
L'initiateur de la ligue est le Pape
Jules
II
lui-meme. Il a pris les armes pour defendre les
Etats pontificaux
menaces de dislocation. Des 1504, il a soumis la
Romagne
et conquis
Bologne
et
Perouse
.
Mais il ne tarde pas a se heurter a
Venise
. La Serenissime Republique pretend en effet etendre ses possessions de Terre ferme et conquerir la Romagne.
C'est ainsi que le
, le pape
Jules
II
constitue la ligue de
Cambrai
.
Le
, l'armee francaise menee par
Louis
XII
quitte Milan et s'enfonce en territoire venitien. Pour entraver sa progression, Venise leve une armee de mercenaires commandee par les cousins Orsini,
Bartolomeo d'Alviano
et Niccolo di Pitigliano, qu'elle stationne devant
Bergame
. Les Orsini ont recu l'ordre d'eviter toute confrontation directe et de s'en tenir a des demonstrations et des escarmouches pour harceler l'ennemi.
Pourtant, le
,
Louis
XII
, a la tete de 30 000 hommes dont 6 000 Suisses et 2 000 cavaliers, fait traverser a son armee l'
Adda
a hauteur de
Cassano d'Adda
. Alviano et Pitigliano, dont l'armee, de force egale
[
2
]
, campe sous les remparts de
Treviglio
, hesitent sur l'attitude a tenir : Alviano est partisan d'enfreindre les consignes des doges et d'attaquer de front l'envahisseur ; mais finalement ils se decident a decrocher sur le
Po
afin de tenir des positions plus solides.
Le
, alors qu'il faisait marche vers le sud, Alviano se heurte a un detachement francais commande par
Charles d'Amboise
, qui stationnait ses troupes autour du village d'Agnadel. Alviano range son armee, environ 8 000 hommes, en ordre de bataille, sur un coteau surplombant un vignoble. Les Venitiens engagent l'action et se heurtent a l'avant-garde francaise.
Chaumont-d'Amboise
repond par une charge de cavalerie, puis fait monter les piquiers suisses a l'assaut, mais ses troupes sont ralenties dans l'ascension de la colline par le franchissement d'un fosse de drainage et par la pluie. Dans ces conditions, les positions venitiennes soutiennent le premier choc.
Lorsque Pitigliano, qui est deja plusieurs kilometres au sud, recoit un message d'Alviano l'appelant a la rescousse, il fait repondre qu'il vaut mieux interrompre la bataille, et quant a lui, poursuit sa marche vers le sud.
Dans l'intervalle, le gros de l'armee francaise, dirige par
Louis
XII
, arrive a Agnadel et encercle Alviano et son armee. Les bataillons francais et venitiens se combattent dans une terrible melee, sans pouvoir presque se reconnaitre, et dans un tel tumulte que les ordres sont a peine entendus par les soldats. Le roi Louis ayant fait disposer son artillerie dans les broussailles, hors de la vue des ennemis, la fit tirer, eclaircissant les rangs venitiens. Il fit ensuite donner ses gens d'armes, mettant en fuite les forces ennemies.
Les Francais, notamment le
chevalier Bayard
, s'illustrent aux cotes de leurs allies. La cavalerie venitienne s'enfuit, puis en l'espace de trois heures, l'armee venitienne est detruite et compte 4 000 morts, cependant qu'
Alviano
, blesse
[
3
]
, est fait prisonnier.
Bien que Pitigliano eut evite d'engager les troupes ennemies, l'issue de la bataille lui fut connue dans la soiree, et au matin la moitie de ses troupes avait deserte. Confronte a l'avance inexorable de l'armee francaise, il precipite sa retraite sur
Trevise
et Venise, laissant le roi de France prendre possession de toute la Lombardie. La victoire francaise met la republique de
Venise
a la merci d'une invasion, voire d'une disparition.
Machiavel
a pu dire de cette bataille qu'en un jour, les Venitiens avaient perdu ce qu'ils avaient mis 800 ans a arracher
[
4
]
.
Mais le pape
Jules
II
renverse les alliances et se retourne contre les Francais. Avec le
doge de Venise
et le roi d'
Espagne
, il cree cette fois une
Sainte Ligue
contre le roi
Louis
XII
.
- ↑
A Global Chronology of Conflict: From the Ancient World to the Modern Middle East, Vol. II, ed. Spencer C. Tucker, ABC-CLIO, 2010", 479 p.
- ↑
Dictionnaire historique des sieges et bataille
, Vol. 1.
- ↑
Durant le combat, Bartolomeo d'Alviano fut renverse de son cheval et recut un coup de lance qui lui fit perdre un œil.
- ↑
Cf.
Nicolas
Machiavel
,
Le Prince
, ≪ Chap. 12 ≫
; allusion reprise dans le
Discours sur la premiere decade de Tite-Live
, livre I, chap 6.
Sur les autres projets Wikimedia :
- Florence
Alazard
,
≪ Une defaite qui concurrence une victoire : Agnadel 1509 ≫
, dans
Jean-Marie Le Gall
(dir.),
La defaite a la Renaissance
, Geneve,
Droz
,
coll.
≪ Cahiers d'Humanisme et Renaissance ≫ (
n
o
128),
, 374
p.
(
ISBN
978-2-6000-1967-5
)
,
p.
261-276
.
- Florence
Alazard
(
pref.
Patrick Boucheron
),
La bataille oubliee : Agnadel, 1509 :
Louis
XII
contre les Venitiens
, Rennes,
Presses universitaires de Rennes
,
coll.
≪ Histoire ≫,
, 320
p.
(
ISBN
978-2-7535-5133-6
,
presentation en ligne
)
.
Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
: