Ministere de l'Education du peuple et de la Propagande du Reich

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Ministere de l'Education du peuple et de la Propagande du Reich
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Le siege du ministere a la Wilhelmplatz, en 1937.
Situation
Creation
Dissolution
Type Gouvernement du Reich
Siege Ordenspalais , 9 Wilhelmplatz , Berlin-Mitte
Coordonnees 52° 30′ 47″ N, 13° 23′ 04″ E
Langue Allemand
Organisation
Effectifs 2 000 (en 1939)
Ministre Joseph Goebbels
Werner Naumann

Le ministere de l’Education du peuple et de la Propagande du Reich ( Reichsministerium fur Volksaufklarung und Propaganda , RMVP, ou tout simplement Propagandaministerium ) etait un ministere du Reich allemand cree le par le regime nazi pour Joseph Goebbels  ; il avait pour mission de controler l’ensemble du secteur culturel et des medias et de les mettre au service de la propagande nazie . Goebbels etait egalement depuis 1930 charge de la propagande du parti nazi . Les locaux du ministere se trouvaient a la Wilhelmplatz en Berlin-Mitte .

Organisation [ modifier | modifier le code ]

Goebbels en 1937, dans son bureau de ministre, avec le secretaire d'Etat Walther Funk ( de dos ) et son assistant Karl Hanke ( au telephone ).

Les services du ministere croissent d'annee en annee. Alors qu'en 1933 ils comptent cinq departements et 350 employes , en 1939 , il y a 2 000 employes repartis au sein de dix-sept departements. Entre 1933 et 1941, le budget du ministere passe de 14 millions a 187 millions de marks. Trois secretaires d'Etat sont subordonnes au ministre Joseph Goebbels :

Werner Naumann succede brievement a Goebbels comme ministre apres sa nomination comme chancelier.

Politique menee par le ministere [ modifier | modifier le code ]

Propagande de guerre [ modifier | modifier le code ]

Alors qu'il analyse l' invasion de l'Union sovietique comme un retour aux sources pour le national-socialisme [ 1 ] , Goebbels assigne au ministere dont il a la charge la mission de demasquer le complot anglo-russe contre le Reich, mis en evidence par les declarations de Churchill a l'annonce de la rupture unilaterale par le Reich du pacte de 1939 , declaration de soutien a l'URSS [ 2 ] .

En effet, les livrets de propagande distribues aux responsables locaux du NSDAP pour la propagande renouent avec la figure du Judeo-bolchevik , un temps placee en retrait [ 3 ] . Insistant sur l'origine juive de certains hommes d'Etat sovietiques, Maxime Litvinov , Lazare Kaganovitch , les services du ministere presentent la guerre d'agression contre l'Union sovietique comme une guerre preventive [ 4 ]  : en effet, chassee du Reich, la ≪ juiverie mondiale ≫, incarnee par la ≪ ploutocratie anglo-saxonne ≫ et le ≪ capitalisme d'Etat ≫ sovietique, tenterait de le reconquerir depuis l'etranger [ 5 ] . Dans le meme ordre d'idees, des brochures insistent sur les veritables buts des Juifs dans le conflit : la domination mondiale, par la destruction de la civilisation. Cet objectif serait soigneusement cache dans le marxisme et le communisme, mais demasque par les membres du NSDAP [ 6 ] . Dans le courant du mois de juillet 1941 sont ainsi publiees des photos de massacres pretendument commis par des policiers sovietiques, accompagnes de commentaires antisemites [ 6 ] .

Jusqu'a la defaite de Stalingrad , le ministere mene une politique d'edition de communiques de victoires, ce qui cause un choc important lors de l'annonce de cette defaite [ 7 ] .

Un role dans la politique antisemite [ modifier | modifier le code ]

Durant la guerre , le ministere propose aux Allemands dans le cadre d'un ≪ recit ≫ coherent, une lecture antisemite de l'evolution du conflit [ 8 ] .

En effet, a partir de 1943, les organes de propagande du Reich instillent l'idee que la tenacite, et les succes, des Allies sont la preuve irrefutable de l'existence d'un complot juif international dirige contre le Reich et ses allies europeens [ 8 ] . Ainsi, les conferences alliees du debut de l'annee 1943 sont-elles analysees par la presse nazie comme des ≪ bouffees de haine juive ≫, a l'instigation des conseillers juifs de Roosevelt et Churchill [ 9 ] .

Architecture du batiment [ modifier | modifier le code ]

L'Ordenspalais vers l'an 1780.

Le batiment principal du ministere se trouvait a l'angle nord de la Wilhelmplatz et de la Wilhelmstraße . A l'origine, il s'agit d'un palais de style baroque dont la construction a commence en 1737 . Il doit servir de residence a Karl Ludwig Truchsess von Waldburg , major general de l' Armee prussienne , qui est toutefois decede l'annee suivante. Sur ordre du roi Frederic-Guillaume I er , la construction a ete achevee pour en faire le siege du grand bailliage de Brandebourg portant le nom d’ Ordenspalais .

Apres la dissolution de l'ordre, le batiment a ete transforme en style neo-classique selon les plans de Friedrich August Stuler , pour y accueillir en 1829 la residence du prince Charles de Prusse . Il devient desormais le Prinz-Karl-Palais et se trouve au n o  8/9, avec la nouvelle numerotation. Stuler construit aussi d'autres hotels particuliers a la Wilhelmstraße. En 1853, les membres de l'Ordre de Saint-Jean retabli y ont elu Charles de Prusse leur nouveau Maitre. Apres le deces du prince en 1883 , le palais devient le residence de son fils Frederic Charles de Prusse (1828?1885) et de son petit-fils Frederic-Leopold de Prusse (1865?1931). Il est agrandi au debut du XX e  siecle et est amenage de nouveaux balcons. Apres la revolution allemande de 1918-1919 et au terme d'un long conflit juridique opposant la maison de Hohenzollern a l' Etat libre de Prusse , le palais abritait des bureaux de differents departements du ministere des Affaires etrangeres [ 10 ] et du service de presse du gouvernement du Reich .

La facade est du ministere, en 1939.

L'edifice devient en le ministere de l'Education du peuple et de la Propagande du Reich. Il est reamenage et reconfigure, si bien qu'il ne reste pas grand-chose du palais de Stuler. En 1936, l'architecte Karl Reichle presente un plan d'agrandissement de l'aile est jusqu'a la Mauerstraße, ou se trouve desormais l'entree principale. L’historienne Anna-Maria Sigmund decrit les batiments de l’ architecture nazie  : le palais est situe ≪ au milieu d'un parc magnifique, ou, comme de grandes obligations de representation l’attendaient, il [Goebbels] effectua des transformations pour un montant de 3,2 millions de reichsmarks. La decoration interieure venait en grande partie de musees et de reserves nationales. La couleur dominante du bureau etait le rouge. Quant a la maitresse de maison [Magda Goebbels], elle recut du cristal, de la porcelaine, des verres et du linge pour plusieurs centaines de personnes. L’Etat paya le tout ≫ [ 11 ] . Le batiment compte une salle de projection cinematographique [ 12 ] . ≪ Le bureau de Goebbels etait installe dans une enorme piece du ministere, qui occupait un vieux palais d'ou etait parti, autrefois, Frederic le Grand quand il entreprit la guerre de Sept ans. Le portail etait flanque de deux lions dores, dormants ≫ [ 13 ] .

Le palais historique est detruit par le bombardement de Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale . Des parties des annexes ulterieures subsistent de nos jours et sont integrees aujourd'hui au ministere federal du Travail , apres des amenagements poursuivis entre 1997 et 2001 .

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Jeffrey Herf ( trad.  de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), L'Ennemi juif : la propagande nazie, 1939-1945 , Paris, Calmann-Levy , coll.  ≪ Memorial de la Shoah : histoire ≫, , 349  p. ( ISBN   978-2-7021-4220-2 , OCLC   762893927 ) .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Jeffrey Herf 2011 , p.  92.
  2. Jeffrey Herf 2011 , p.  93.
  3. Jeffrey Herf 2011 , p.  95.
  4. Jeffrey Herf 2011 , p.  97.
  5. Jeffrey Herf 2011 , p.  98.
  6. a et b Jeffrey Herf 2011 , p.  99.
  7. Jeffrey Herf 2011 , p.  172.
  8. a et b Jeffrey Herf 2011 , p.  195.
  9. Jeffrey Herf 2011 , p.  176.
  10. Le ministere des Affaires etrangeres s'installe desormais au n o  61 de la Wilhelmstraße , a l'angle sud de la Wilhelmplatz ( n o  1)
  11. Anna Maria Sigmund, Les femmes du III e Reich , 2004, p.  130.
  12. Veit Harlan, Le cinema allemand selon Goebbels , France-Empire, 1974, page 57.
  13. Veit Harlan, Le cinema allemand selon Goebbels , France-Empire, 1974, page 129.

Liens externes [ modifier | modifier le code ]