Gorilla beringei beringei

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.
(Redirige depuis Gorille des montagnes )

Gorilla beringei beringei ou Gorille des montagnes est une des deux sous-especes du Gorille de l'Est ( Gorilla beringei ). Present dans la region des Grands Lacs Africains , il est en danger d'extinction [ 1 ] .

Description [ modifier | modifier le code ]

Le gorille des montagnes ( Gorilla beringei beringei ) mesure entre 1,40 et 2  m . Les males pesent entre 140 et 300  kg et les femelles entre 70 et 110  kg .

C'est un animal d'une taille impressionnante, mais il est cependant sociable et pacifique. Les gorilles de montagne vivent en familles polygames, et chaque famille est guidee par un male a dos argente : c'est le male du groupe, qui est cense proteger toute la famille contre les dangers eventuels. Quand le dos argente meurt, un autre gorille assez age pour supporter cette tache le remplace ; sinon le groupe se dissout. Dans ce dernier cas, les femelles vont rejoindre d'autres groupes et d'autres males.

Regard de Gorilla beringei beringei , du groupe Titus, au Rwanda .

Les gorilles des montagnes sont des herbivores qui mangent des lobelies geantes, des bambous , plantes les plus presentes dans les forets de montagne [ 2 ] mais aussi des celeris sauvages, des orties geantes, des chardons, des senecons, des fleurs, de l'ecorce de vernonias [ 3 ] … Ils ont besoin d'une vegetation dense pour se nourrir : jusqu'a 38  kg par jour pour les males et 25  kg pour les femelles.

Ils vivent dans la region des Grands Lacs Africains , c’est-a-dire dans l'est de la republique democratique du Congo (RDC), en Ouganda et au Rwanda .

Quelques parcs nationaux forment un reseau transfrontalier de protection : le PN de Mgahinga (Ouganda) , le Parc national des Volcans (Rwanda) et le Parc national des Virunga en RDC ainsi que dans le PN de la foret impenetrable de Bwindi (Ouganda) . La population du parc de Kahuzi Biega , bien que tres proche, appartient a la sous-espece des gorilles de l'Est ( Gorilla beringei graueri ).

Habituation des gorilles a l'Homme [ modifier | modifier le code ]

Lorsque l’on parle de groupes de gorilles, il est important de faire une distinction entre les groupes qui sont habitues a la presence humaine et ceux qui ne le sont pas. L’ habituation d’un groupe de gorilles a la presence humaine est necessaire pour rendre ces individus accessibles aux chercheurs et aux touristes. Pour ce faire, il faut qu’il y ait une familiarisation graduelle qui est realisee par le contact quotidien de professionnels avec le groupe de gorilles, un processus qui peut prendre jusqu’a 24 mois [ 4 ] . Ces contacts neutres repetes servent a reduire la peur des individus envers les humains et ultimement, leur permettre d’ignorer la presence humaine. Le processus de l’habituation permet donc d’approcher davantage les individus, parce qu’ils ne s’enfuient pas et tolerent la presence humaine, facilitant l’etude de leur comportement. Cependant, ce n’est pas un processus sans risque pour les individus, de par l’exposition a des maladies, l’exposition aux predateurs et aux changements des comportements sociaux [ 5 ] .

Population [ modifier | modifier le code ]

Distribution des differentes especes et sous-especes de gorilles en Afrique . Le gorille de montagne (en bleu) est reparti en deux populations distinctes. Au nord, le parc national impenetrable de Bwindi en Ouganda . Un peu plus au sud, dans le massif des Virunga en Republique Democratique du Congo et au Rwanda .

En 2018, selon l' Union internationale pour la conservation de la nature , la population totale des gorilles de montagne atteindrait 1 004 individus contre 880 en 2010 [ 6 ] et 680 en 2008 [ 7 ] .

Historique de la population des Virunga [ modifier | modifier le code ]

Le premier recensement de la population de gorilles de montagne dans les Virunga (regroupant les parcs nationaux de Mgahinga, le parc national des Volcans et le parc national des Virunga, respectivement en Ouganda , au Rwanda et en republique Democratique du Congo ) a ete realise au debut des annees 1970. Il faisait etat d’environ 274 individus , ce qui en categorisait la population comme etant stable ou dans un leger declin. Jusqu’en 1990, la croissance de la population etait consideree faible avec un taux de croissance total de 3 %. Cette hausse etait attribuable aux baisses des perturbations humaines et aux efforts de conservation et d’education. Dans les annees 1990, le taux de croissance a diminue en raison d’une degradation de la qualite de l’habitat et de l’interruption des patrouilles associees a des instabilites politiques dans la region [ 8 ] . Il n’y a heureusement pas eu de declins majeurs des effectifs pendant cette periode, puisque l’inventaire realise en 2003 faisait etat d’une population entre 359 et 395 gorilles aux Virunga, soit une augmentation de 0,9 a 1,8 % sur dix ans. Cette augmentation peut cependant etre attribuee a la forte croissance d’un large groupe au sein duquel se retrouvent plusieurs males. Ce groupe est situe dans un habitat de qualite et surtout est habitue aux humains dans le cadre de la recherche. Des groupes habitues aux humains pour les activites touristiques auraient quant a eux presente de hauts taux de mortalite [ 8 ] .

Le recensement de 2010 a fait etat d’une population de gorilles dans les Virunga d’environ 480 individus . Ils sont repartis de la facon suivante : 349 individus dans des groupes habitues aux humains et 101 individus dans des groupes non habitues, en plus des males solitaires et jeunes qui n’auraient pas ete identifies. Cet inventaire est le premier a avoir utilise des analyses genetiques pour realiser les estimations. Le taux de croissance relatif aux effectifs de 2003 se chiffre a 3,7 % par annee, ou 26 % sur toute la periode. Tout comme pour les cinq recensements precedents, la croissance est plus importante dans les groupes qui ont ete habitues aux humains que dans ceux qui n’y ont pas ete habitues. On a observe une croissance respective de 4,7 et de 0,9 % [ 9 ] . Les resultats du recensement de 2010 viennent donc renforcer la theorie selon laquelle les effectifs des populations de gorille du massif des Virunga sont sous la capacite de support du milieu . Pour une population de gorilles, la proportion de jeunes peut etre un indicateur de la bonne sante. Dans les groupes habitues aux humains, cette proportion est de 40 %, ce qui en fait des groupes en bonne sante [ 9 ] .

Estimation de la taille de la population Annee du recensement Auteurs
274 1971-1973 Harcourt et Groom (1972) [ 10 ] , Groom (1973) [ 11 ]
268 1976-1978 Weber et Vedder (1983) [ 12 ]
254 1981 Aveling et Harcourt (1984) [ 13 ]
293 1986 Vedder et Aveling (1986) [ 8 ]
324 1989 Sholley (1991) [ 8 ]
359-395 2000 Kalpers et al. (2003) [ 8 ]
480 2010 Gray (2013) [ 9 ]

Historique de la population du parc de Bwindi [ modifier | modifier le code ]

Le Parc National Impenetrable de Bwindi , en Ouganda, abrite une des deux populations de la sous-espece Gorilla beringei beringei . La petite taille de la foret au sein du parc et la pression des populations qui l’avoisinent presentent des defis aux gestionnaires du parc. En 1997, le premier recensement complet estimait une population totale de 300 individus . L’inventaire de 2002 estimait une population de 320 individus , soit une hausse de 6,7 % par rapport a 1997. Leur patron de distribution demontre une correlation negative entre le niveau de perturbations humaines et le nombre de groupes de gorilles par secteur du parc [ 14 ] .

Le recensement de 2006 au parc de Bwindi faisait etat d’environ 336 individus , mais des analyses genetiques ont reduit cette estimation a 302 individus [ 15 ] . Dans le dernier inventaire du parc de Bwindi en 2011, l’utilisation d’un double balayage sur le terrain et d’analyses genetiques a permis d’estimer la population totale du parc a environ 430 individus . Le double balayage sur le terrain a permis d’estimer qu’environ le tiers des gorilles etait manque a chacune des visites. La population serait separee entre environ 260 individus qui ne sont pas habitues aux humains et environ 165 qui le sont. La grande augmentation du nombre de gorilles par rapport a 2006 serait probablement associee a la plus grande identification des individus qu’a une reelle augmentation du taux de croissance, qui est d’environ 2 % dans les groupes habitues a la presence humaine [ 16 ] .

La population des gorilles de montagne au parc de Bwindi affiche un taux reproductif plus faible que celle des Virunga. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la population s’approche de la limite de support du milieu, ou bien parce que les gorilles de Bwindi ont un rythme de vie plus lent, celui-ci etant dicte par un regime alimentaire comportant plus de fruits. Cela avait aussi ete demontre pour d’autres especes de primates et autres sous-especes de gorilles [ 17 ] .

Estimation de la taille de la population Annee du recensement Auteurs
300 1997 McNeilage et al. (2001) [ 18 ]
320 2002 McNeilage et al. (2006) [ 14 ]
302 2006 Guschanski, (2008) [ 15 ]
430 2011 Roy et al. (2014) [ 16 ]

Menaces [ modifier | modifier le code ]

Le gorille des montagnes, le gorille des plaines orientales et le gorille de la riviere Cross sont 3 des 16 especes de primates d'Afrique qui ont ete incluses entre 2000 et 2020 dans la liste des 25 especes de primates les plus menacees au monde  : le gorille des montagnes est present dans la liste des 25 primates les plus menaces de la planete de 2000, 2002 et 2004.

Silverback (gorille male dominant) du groupe Ntambara, au Rwanda , dans une attitude de repos caracteristique des dos argentes.

Perte d'habitat et pression anthropique [ modifier | modifier le code ]

Les regions qui bordent les parcs nationaux du massif des Virunga et du parc de Bwindi dans lesquels sont trouves les gorilles de montagne se retrouvent parmi les regions rurales les plus densement peuplees d’Afrique. En 2003, la densite se chiffrait autour de 400 a 600 personnes par km 2 [ 8 ] . Il y a donc eu une pression tres forte sur l’habitat du gorille, ce qui peut avoir une incidence directe sur la conservation. Les deux populations ont donc en commun le fait de subir comme pression la perte d’habitat. Dans le passe, au parc de Bwindi, des activites minieres et forestieres etaient notamment au cœur de la problematique de perte d’habitat. De plus, meme la creation du parc national n’a pas tout a fait empeche la realisation de ces activites [ 17 ] , [ 19 ] .

En raison de la problematique du partage de l’habitat entre les humains pour des activites economiques humaines et les gorilles dans leur habitat naturel, il est possible qu’il y ait des conflits pour le partage de l’espace et des ressources. D’un cote, les parcs nationaux peuvent en effet freiner le developpement de communautes rurales en manque d’espace, mais d’un autre cote, ne limitent pas le deplacement des humains et animaux puisque les frontieres sont fluides. Plus particulierement, les gorilles peuvent causer des dommages dans les champs agricoles, entre autres lors des saisons seches, alors que la ressource alimentaire se rarefie. Ces intrusions sont la cause de pertes financieres dans des zones ou la possibilite d’accumuler des fonds est limitee, ce qui cause des problemes pour les communautes locales [ 20 ] .

Par la suite, les gorilles de montagne sont la cible de braconnage, meme s’ils ne sont pas chasses pour leur viande. Ils sont souvent des prises accidentelles ou accessoires dans la chasse aux antilopes, par exemple. De plus, les pieges qui sont installes pour plusieurs especes peuvent s’averer letaux pour les gorilles [ 17 ] .

Maladies [ modifier | modifier le code ]

L’interet marque que suscite le gorille de montagne, tant sur le plan du tourisme que dans le domaine de la recherche, peut avoir de graves incidences sur la sante des individus, car en etant rapproches des humains dans l’ arbre phylogenetique , les primates et les hominoides sont particulierement sensibles aux transmissions de maladies humaines [ 21 ] . De plus, dans une petite population, chaque individu a une grande valeur genetique, ce qui fait en sorte que le spectre de maladies et d’epidemies grave est un probleme important dans la conservation des gorilles. La proximite qu’ont les touristes, le personnel de recherche et les membres des populations locales avec les gorilles augmente les risques de transmission. Le betail peut egalement etre une source potentielle de maladies pour les gorilles. Il existe deux moyens de transmission principaux de maladies des humains vers les primates :

Il a ete montre que plus une population de gorilles partage son habitat avec les humains et les animaux domestiques, plus ils sont sujets a abriter des bacteries E.Coli genetiquement semblables a celles qui sont retrouvees chez ces derniers. Cette transmission n’est pas reservee aux groupes de gorilles qui sont habitues a la presence humaine, puisque des groupes non habitues sont egalement colonises par des bacteries resistantes, ce qui implique que la transmission par voie indirecte est bel et bien un vecteur de maladies. La cohabitation entre les gorilles habitues et les humains est donc liee a cette transmission, puisque les antibiotiques ne sont que tres rarement administres aux gorilles [ 22 ] .

Les autres causes de mortalite importante chez les gorilles de montagne comprennent les traumas (incluant infanticides et agressions par des gorilles ou des humains) qui comptent pour environ 40 % des deces rapportes par le Mountain Gorilla Veterinary Project [ 23 ] (MGVP). Les causes inconnues (17 %) s’ajoutent aux maladies respiratoires (24 %) dans la liste des causes les plus importantes de mortalite [ 24 ] .

Cranfield a dresse en 2008 une liste de methodes de reduction des transmissions [ 24 ]  :

Trois jeunes gorilles de montagne de 2 ans du groupe Mubare en Ouganda

Pour le contact par transmission de particules :

  • le port de masques.

Pour les contacts physiques avec individus infectes :

  • l’application stricte des regles de conduite.

Pour les contacts indirects, par exemple avec le sol ou des surfaces contaminees :

  • precautions lors de l’hygiene personnelle ;
  • personnel necessaire et qualifie seulement dans l’habitat.

Pour la transmission par voie fecale-orale :

  • l’enfouissement des selles ;
  • l’institution d’un systeme d’hygiene personnelle pour la sortie des matieres fecales de l’environnement naturel.

Pour la transmission indirecte, comme celle mediee par les insectes.

  • utiliser des insecticides lors de la presence dans l’habitat.

Instabilite politique [ modifier | modifier le code ]

Dans les montagnes des Virunga, il a ete estime qu’entre 12 et 17 individus auraient ete tues entre 1992 et 2000 en raison d’activite militaire. Cela represente environ 5 % de la population de la region lors du recensement de 1989, avant le debut des conflits. L’importance du bouche-a-oreille dans cette region a fait en sorte que les autorites des differents parcs ont pu avoir connaissance de la mort de ces gorilles, mais le chiffre pourrait etre legerement superieur a celui declare [ 8 ] .

Si la mort d’un male dominant peut de prime abord sembler moins dommageable pour la croissance de la population que la perte d’une femelle reproductrice, ce n’est pas necessairement le cas. En effet, la mort d’un male dominant enclenche une serie de changements sociaux pendant lesquels le groupe dudit male peut soit se separer soit se preparer a l’arrivee d’un nouveau male dominant. Dans tous les cas, le nouveau male dominant peut commettre des infanticides pour que les femelles ovulent plus rapidement que si le jeune avait survecu [ 8 ] . C’est donc dans cette optique que la perte de quelques individus peut etre dommageable a long terme et que les effets pourraient encore se faire sentir aujourd’hui [ 17 ] . Aux fins de comparaison, les populations de gorilles appartenant a la sous-espece Gorilla beringei graueri ont davantage souffert de l’instabilite politique que leurs proches cousins des Virunga. En effet, les populations du parc national de Kahuzi-Biega en Republique Democratique du Congo auraient chute de 245 a 130 individus entre 1996 et 2000 [ 8 ] .

Mesures de conservation [ modifier | modifier le code ]

Gorille de montagne du groupe Mubare en Ouganda.

Il existe deux types de classes lorsque vient le temps de distinguer les mesures de conservation . Il y a les mesures dites conventionnelles, qui comprennent l’application des lois et reglements ainsi que le developpement de projets communautaires. Toutes ces initiatives ont pour but de reduire l’impact negatif de la presence humaine sur une espece, un habitat ou un ecosysteme. L’autre classe de mesures, regroupee sous le terme de conservation extreme, comprend des actions dont le but est d’accroitre les effets positifs des humains sur les individus d’une population ou d’une espece en danger. Ces actions peuvent etre des soins veterinaires, ou un suivi regulier des individus [ 19 ] .

Dans le cas des gorilles de montagne, la conservation aux Virunga se fait selon ces deux categories. Sur le terrain, il y a plus de 50 employes par 100  km 2 , ce qui est plus de vingt fois superieur a la moyenne mondiale des parcs nationaux. Le role de ces employes est entre autres de s’occuper du retrait de pieges potentiellement dangereux pour les gorilles. 1 500 pieges seraient ainsi enleves par annee. D’ailleurs, des gardes suivent les groupes de gorilles habitues aux humains durant les heures d’ensoleillement. La conservation extreme est surtout dirigee vers le suivi de la sante des gorilles et le traitement des maladies. Aux Virunga, le suivi extreme sur le plan medical aurait une tres grande influence sur les taux de croissance des populations habituees. En effet, ces populations demontreraient une croissance six fois superieure a celle des groupes non habitues, et de cette difference, 40 % pourrait etre attribuee aux soins medicaux. Pour la conservation des gorilles, il se pourrait que l’augmentation du taux de survie soit plus importante que l’augmentation du taux de fertilite, en raison son impact superieur sur la croissance des populations. C’est une des raisons qui favorise la continuite des programmes de conservation extreme [ 19 ] . Pour qu’il y ait une optimisation des efforts de conservation pour le gorille de montagne, un melange de conservation conventionnelle et extreme devrait etre deploye [ 19 ] . Le recensement de 2013 vient confirmer cette affirmation puisque les populations sont en croissance a la suite d’une application des deux methodes de conservation [ 9 ] .

Solutions [ modifier | modifier le code ]

Pour reduire la mortalite des gorilles directement causee par les humains, il pourrait etre necessaire de mettre sur pied davantage de patrouilles, particulierement pour les groupes qui ne sont pas suivis ni habitues a la presence humaine. Pour minimiser les probabilites de transmission de maladies des humains vers les gorilles, les differentes regles de conduite devraient etre renforcees, et des controles devraient etre appliques [ 19 ] . Plusieurs strategies permettent de reduire le risque de transmission des maladies. D’abord, les humains ne devraient pas faire leurs besoins ni rien jeter en foret, en plus de se laver les mains avant et apres leur sejour. Le port des masques pourrait reduire le taux de transmission de maladies par voie respiratoire, qui sont une importante cause de mortalite chez les gorilles. Ce sont des simples mesures qui peuvent potentiellement ameliorer la sante des gorilles et aider les efforts de conservation [ 22 ] . Les interventions medicales sur des groupes de gorilles habitues aux humains pourraient permettre des augmentations de 40 % du taux de croissance de la population en comparaison aux groupes qui ne sont pas suivis sur le plan medical [ 21 ] . Il est cependant important que des groupes restent non habitues aux humains dans la nature, pour minimiser la probabilite de transmission de maladies et parce que les mesures de conservation extreme pourraient modifier les comportements et favoriser la survie des individus les plus faibles [ 19 ] .

En ce qui concerne le parc de Bwindi, des signes tendent a demontrer que la population pourrait approcher de la limite qui peut etre supportee par le milieu. Ainsi, une des solutions pour que la population puisse continuer de croitre serait d’augmenter l’aire du parc, notamment dans la partie est. Cette section abritait des gorilles jusque dans les annees 1980, mais ils ont tous ete chasses et les gorilles n’y sont pas retournes depuis [ 17 ] .

La taille du parc des Virunga est petite, ce qui facilite le controle et les patrouilles. Les communautes locales reconnaissent la valeur economique du tourisme des gorilles de montagnes et meme pendant les conflits armes, des groupes ont demontre la volonte de proteger cette espece. Les mesures de conservation adoptees dans les annees 1970 ont eu un effet sur les attitudes des citoyens, qui ont pu beneficier du soutien constant de plusieurs organisations internationales [ 8 ] .

Le tourisme exerce egalement un role vital de support a la conservation en financant les employes du parc et en engendrant des retombees economiques pour les communautes adjacentes, qui ont en retour un incitatif de plus pour la conservation du gorille de montagne [ 17 ] . Les employes des parcs nationaux peuvent contribuer aux efforts scientifiques mis en place pour l’etude des gorilles en recoltant des donnees. Tout en necessitant un investissement en formation, cela permet de mener a bien le suivi des populations et de maximiser les benefices de l’habituation des gorilles aux fins touristiques notamment [ 17 ] .

Ecotourisme [ modifier | modifier le code ]

Gorille de montagne du groupe de Suza au Rwanda.
Femelle dans le parc national des volcans, Rwanda.

L’interet marque que les humains portent aux especes en danger, particulierement les especes charismatiques comme le gorille de montagne, est reflete par l’augmentation de la demande et de l’offre dans le domaine du tourisme naturel et de l’ecotourisme. Cette incitation au tourisme d’espece en danger d’extinction peut etre expliquee par le desir d’observer ces populations dans la nature avant une possible extinction [ 25 ] . Le tourisme nature peut etre une source de revenus importante pour la conservation de la biodiversite, en plus de jouer un role educatif. Des politiques de partage de revenus font beneficier les programmes de conservation et les communautes locales. Craig Stanford, directeur du Jane Goodall Research Center [ 26 ] et professeur de sciences biologiques a la University of Southern California affirme que pour lui, l’ecotourisme est considere comme le sauveur de l’espece [ 27 ] .

Le Rwanda et l’Ouganda ont fait du tourisme des gorilles de montagne une activite haut de gamme. Cependant, la plus grande part du profit du tourisme des gorilles dans les Virunga n’est pas generee au niveau local [ 28 ] .

Les touristes ont un certain nombre de regles a respecter lors de leur presence dans les parcs nationaux abritant les gorilles :

  • ils doivent declarer toute maladie ou inconfort ;
  • ils doivent garder une distance minimale de 5 a 7  m  ;
  • ils doivent enterrer leurs feces ;
  • ils ne peuvent que passer une heure en presence des gorilles et le nombre de touristes par groupe ne devrait pas depasser huit individus.

Les touristes ne respecteraient pas tout a fait toutes les regles, alors qu’ils passeraient en moyenne 15 minutes par heure a moins de 5  m des gorilles. Cependant, cette regle est difficile a appliquer, les individus au sein d’un groupe de gorilles etant souvent disperses, et certains d’entre eux pouvant meme amorcer le rapprochement. Le nombre croissant de touristes par groupe peut egalement etre responsable de rapprochements, en raison de l’espace qui manque et la difficulte d’observation des gorilles dans des environnements denses. Le point le plus proche entre les visiteurs et les gorilles par visite serait a moins de 3  m en moyenne. Il n’y aurait pas de relations entre la proximite des touristes en fonction du guide qui accompagne, ni de lien entre la proximite des touristes et le pourboire accorde au guide [ 29 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) J R Hickey, A Basabose, K V Gilardi, D Greer, S Nampindo, M M Robbins et T S Stoinski, ≪  Mountain Gorilla  ≫, sur www.iucnredlist.org , UICN , (consulte le )
  2. Jean-Jacques Petter ( pref.  Yves Coppens, ill.  Francois Desbordes), Primates , Nathan, , 256  p. ( ISBN   978-2-09-260543-1 ) , Gorilles pages 226 et 227
  3. Jean-Jacques Petter ( pref.  Yves Coppens, ill.  Francois Desbordes), Primates , Nathan, , 256  p. ( ISBN   978-2-09-260543-1 ) , Les gorilles de montagne, Entretien avec Andre Lucas par Arlette Petter et Elisabeth Pages-Feuillade pages 232 a 239
  4. Michael H. Woodford , Thomas M. Butynski et William B. Karesh , ≪  Habituating the great apes: the disease risks  ≫, Oryx , vol.  36, n o  2,‎ , p.  153?160 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605302000224 , lire en ligne , consulte le ) .
  5. (en) Joanna M. Setchell et Deborah J. Curtis , Field and Laboratory Methods in Primatology : A Practical Guide , Cambridge University Press, , 343  p. ( ISBN   978-0-521-52628-9 , lire en ligne ) .
  6. ≪  La population des gorilles de montagne depasse les 1 000 individus  ≫, sur Le Monde , (consulte le ) .
  7. ≪  Biodiversite : hausse de la population de baleines et de gorilles  ≫, sur Le Monde , (consulte le ) .
  8. a b c d e f g h i et j Jose Kalpers , Elizabeth A. Williamson , Martha M. Robbins et Alastair McNeilage , ≪  Gorillas in the crossfire: population dynamics of the Virunga mountain gorillas over the past three decades  ≫, Oryx , vol.  37, n o  3,‎ , p.  326?337 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605303000589 , lire en ligne , consulte le )
  9. a b c et d Maryke Gray , Justin Roy , Linda Vigilant et Katie Fawcett , ≪  Genetic census reveals increased but uneven growth of a critically endangered mountain gorilla population  ≫, Biological Conservation , vol.  158,‎ , p.  230?238 ( DOI   10.1016/j.biocon.2012.09.018 , lire en ligne , consulte le ) .
  10. A. H. Harcourt et A. F. G. Groom , ≪  Gorilla Census  ≫, Oryx , vol.  11, n o  5,‎ , p.  355?363 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605300010401 , lire en ligne , consulte le ) .
  11. A. F. G. Groom , ≪  Squeezing Out the Mountain Gorilla  ≫, Oryx , vol.  12, n o  2,‎ , p.  207?215 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605300011558 , lire en ligne , consulte le ) .
  12. A. W. Weber et A. Vedder , ≪  Population dynamics of the virunga gorillas: 1959?1978  ≫, Biological Conservation , vol.  26, n o  4,‎ , p.  341?366 ( DOI   10.1016/0006-3207(83)90096-4 , lire en ligne , consulte le ) .
  13. Conrad Aveling et Alexander H. Harcourt , ≪  A census of the Virunga gorillas  ≫, Oryx , vol.  18, n o  1,‎ , p.  8?13 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605300018524 , lire en ligne , consulte le ) .
  14. a et b Alastair McNeilage , Martha M. Robbins , Maryke Gray et William Olupot , ≪  Census of the mountain gorilla Gorilla beringei beringei population in Bwindi Impenetrable National Park, Uganda  ≫, Oryx , vol.  40, n o  4,‎ , p.  419?427 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605306001311 , lire en ligne , consulte le ) .
  15. a et b Katerina Guschanski , Linda Vigilant , Alastair McNeilage et Maryke Gray , ≪  Counting elusive animals: Comparing field and genetic census of the entire mountain gorilla population of Bwindi Impenetrable National Park, Uganda  ≫, Biological Conservation , vol.  142, n o  2,‎ , p.  290?300 ( DOI   10.1016/j.biocon.2008.10.024 , lire en ligne , consulte le ) .
  16. a et b Justin Roy , Linda Vigilant , Maryke Gray et Edward Wright , ≪  Challenges in the use of genetic mark-recapture to estimate the population size of Bwindi mountain gorillas (Gorilla beringei beringei)  ≫, Biological Conservation , vol.  180,‎ , p.  249?261 ( DOI   10.1016/j.biocon.2014.10.011 , lire en ligne , consulte le ) .
  17. a b c d e f et g Martha M Robbins , Maryke Gray , Edwin Kagoda et Andrew M Robbins , ≪  Population dynamics of the Bwindi mountain gorillas  ≫, Biological Conservation , vol.  142, n o  12,‎ , p.  2886?2895 ( DOI   10.1016/j.biocon.2009.07.010 , lire en ligne , consulte le )
  18. Alastair McNeilage , Andrew J. Plumptre , Andrew Brock-Doyle et Amy Vedder , ≪  Bwindi Impenetrable National Park, Uganda: gorilla census 1997  ≫, Oryx , vol.  35, n o  1,‎ , p.  39?47 ( ISSN   1365-3008 , DOI   10.1046/j.1365-3008.2001.00154.x , lire en ligne , consulte le ) .
  19. a b c d e et f Martha M. Robbins , Markye Gray , Katie A. Fawcett et Felicia B. Nutter , ≪  Extreme Conservation Leads to Recovery of the Virunga Mountain Gorillas  ≫, PLOS ONE , vol.  6, n o  6,‎ , e19788 ( ISSN   1932-6203 , PMID   21687709 , PMCID   3110611 , DOI   10.1371/journal.pone.0019788 , lire en ligne , consulte le )
  20. S. C. Tsakem , M. Tchamba et R. B. Weladji , ≪  Les gorilles du Parc National de Lobeke (Cameroun): interactions avec les populations locales et implications pour la conservation  ≫, International Journal of Biological and Chemical Sciences , vol.  9, n o  1,‎ , p.  270?280 ( ISSN   1997-342X , DOI   10.4314/ijbcs.v9i1.24 , lire en ligne , consulte le ) .
  21. a b et c (en) Rhiannon Schultz , ≪  Killer Conservation: the implications of disease on gorilla conservation  ≫, BioRisk , vol.  11,‎ , p.  1?11 ( ISSN   1313-2652 , DOI   10.3897/biorisk.11.9941 , lire en ligne , consulte le )
  22. a et b (en) Innocent B. Rwego , Gilbert Isabirye-Basuta , Thomas R. Gillespie et Tony L. Goldberg , ≪  Gastrointestinal Bacterial Transmission among Humans, Mountain Gorillas, and Livestock in Bwindi Impenetrable National Park, Uganda  ≫, Conservation Biology , vol.  22, n o  6,‎ , p.  1600?1607 ( ISSN   1523-1739 , DOI   10.1111/j.1523-1739.2008.01018.x , lire en ligne , consulte le )
  23. Mountain Gorilla Veterinary Project .
  24. a et b (en) Michael R. Cranfield , ≪  Mountain gorilla research: the risk of disease transmission relative to the benefit from the perspective of ecosystem health  ≫, American Journal of Primatology , vol.  70, n o  8,‎ , p.  751?754 ( ISSN   1098-2345 , DOI   10.1002/ajp.20564 , lire en ligne , consulte le )
  25. (en) Rhiannon Schultz , ≪  Killer Conservation: the implications of disease on gorilla conservation  ≫, BioRisk , vol.  11,‎ , p.  1?11 ( ISSN   1313-2652 , DOI   10.3897/biorisk.11.9941 , lire en ligne , consulte le ) .
  26. (en) ≪  Jane Goodall Research Center  ≫, sur dornsife.usc.edu .
  27. (en) ≪  Can Ecotourism Save the Great Apes? - Harvard University Press Blog  ≫, sur harvardpress.typepad.com (consulte le ) .
  28. (en) Miko Maekawa , Annette Lanjouw , Eugene Rutagarama et Douglas Sharp , ≪  Mountain gorilla tourism generating wealth and peace in post-conflict Rwanda  ≫, Natural Resources Forum   (en) , vol.  37, n o  2,‎ , p.  127?137 ( ISSN   1477-8947 , DOI   10.1111/1477-8947.12020 , lire en ligne , consulte le ) .
  29. (en) Chris Sandbrook et Stuart Semple , ≪  The rules and the reality of mountain gorilla Gorilla beringei beringei tracking: how close do tourists get?  ≫, Oryx   (en) , vol.  40, n o  4,‎ , p.  428?433 ( ISSN   1365-3008 et 0030-6053 , DOI   10.1017/S0030605306001323 , lire en ligne , consulte le ) .

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Sur les autres projets Wikimedia :

References taxonomiques [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]